Full text of "Le parler populaire des Canadiens français, ou, Lexique des canadianismes, acadianismes, anglicismes, américanismes, mots anglais les plus en usage au sein des familles canadiennes et acadiennes française ..." (2024)

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2 i U d'/ef OTTAWA 39003001162600 y^ LE ji^p PARLER POPULAIRE DES CANADIENS FRANÇAIS ou L E.XI QUE DES canadianisme;s, sô-cadianismes, angi^icismes, américanismes MOTS ANGLAIS I,ES" PI<US EN-USA.gè AU^SEIN DES FAMILLES CANADIENNES ET ÂCADIENNES EKANÇAISES COMPRENANT ENVIRON 15,000 MOTS ET EXPRESSIONS AVEC DE NOMBREUX EXEMPLES POUR MIEUX FAIRE COMPRENDRE LA PORTÉE DE CHAQUE MOT OU EXPRESSION PAR N.-E. DIONNE, M. D., LL. D. Bibliothécaire de la Législature de la Province de Québec Professeur d'archéologie à l'Université Laval Membre de la Société Royale du Canada AVEC PRÉFACE PAR M. Raoul de la GRASSERIK Docteur en droit, juge au Tribunal civil de Nantes, Inui-eat de l'Institut de France, auteur de plusieurs ouvrages sur la linguistique française 9 QUÉBEC NEW YORK J.-P. GARNEAU, Libraire ' G.-E. STECHERT & Co 6, rue de la Fabrique 129-133: Ouest, 20e rue Agent pour le Canada Agei^ts pour les Etats-Unis jTJÉBEC L AFI^ A L^^îin&ivS^^^X , Imprimeurs ^i<^.80Sl b . :' ( CANADIANA ^'taviensis Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Universityof Ottawa http://www.archive.org/details/leparlerpopulaiOOdion PREFACE 'est avec raison qu'après s'être longtemps livré uniquement à l'étude des langues, on a enfin abordé celle des. diYers_parlers d'un même langage, des argots, des patois, du langage populaire, soit dans son voca- bulaire, soit dans sa grammaire et sa stylis- tique, soit enfin dans son folk-lore. Cette discipline nou- velle, malgré ses immenses progrès, n'en est encore qu'à ses débuts, mais elle mérite d'être encouragée, car non seulement elle couronne les recherches de la linguistique, mais elle jette un coup d'œil profond sur la psychologie humaine la plus latente, celle de l'âme du peuple, non seulement dans ses traits essentiels et communs, mais avec toutes les modifications que les races, le sol, le milieu phy- sique ou intellectuel lui ont fait subir. L'intérêt est plus grand encore lorsqu'il s'agit pour nous, non d'une simple province, mais d'une partie de la France, détachée de la mère patrie, à une époque déjà lointaine, par des circonstan- ces fatales, mais que l'affection et un indestructible souvenir unissent encore à travers l'Atlantique : nous avons nom- mé le Canada. Aussi l'ouvrage de M. Dionne, l'auteur estimé de plu- sieurs livres importants, dont l'un nous a déjà fourni l'excellente biographie très documentée de Samuel Cham- plain, le fondateur du Canada français, est-il bien venu et apparaît à son heure, en nous donnant un dictionnaire, aussi VIII PREFACE complet que possible, du parler populaire des Canadiens français, assez développé et illustré par de très nombreux exemples, pour intéresser, non seulement les Français du Canada, mais aussi leurs frères fidèles, les Français, savants ou non, de France ; car on ne retrouve pas seulement dans cette œuvre des éléments précieux pour la science du langage, mais aussi la remembrance de nos patois et de nos façons de concevoir et de dire, usités depuis longtemps en plusieurs de nos provinces, notamment dans la Bretagne et la Normandie, et au prononcé de certains de ces mots, nous sentons résonner en nous l'écho sympathique de ceux qui nous ont bercés nous-mêmes dans l'enfance, que nos paysans emploient toujours, et qui font qu'à travers les mers nous croyons retrouver le même clocher. La méthode suivie par l'auteur est propre à nous éclairer ; car il ne se borne pas à une sèche nomenclature, mais il illustre presque tous les mots par des exemples, qui non seulement nous font comprendre, mais indiquent aussi la portée exacte et nous donnent la sensation de l'expression. Cela est nécessaire, surtout quand il s'agit d'un langage populaire, car souvent le mot n'y est pas employé d'une manière générale, mais seulement dans telle ou telle locution d'une façon indivisible, ou tout au moins, il ne possède que là une saveur complète. Puis, il en résulte un argument, la justification de ce que le mot est réellement usité, que toute création ou emploi subjectif est écarté, et que nous avons bien affaire au langage vivant et circulant. Comme dans les parlers du même genre, le parler popu- laire canadien présente des caractéristiques qui ressortent de l'ouvrage publié, et dont nous allons esquisser les plus saillantes. C'est d'abord et avant tout, le penchant du peuple à matérialiser, pour les rendre plus sensibles, les idées ab- straites ou intellectuelles. Il le fait sans doute, et là est PRKFACE IX 1 son défaut, parce qu'il s'élève difficilement ou ne peut se [ maintenir longtemps à certaines hauteurs de l'idée, aux- quelles son éducation ne l'a pas préparé ; mais il le fait encore sous l'empire d'un instinct tout autre : celui de sensibiliser ce qui est trop purement rationnel et cérébral, le cœur devant ainsi y trouver sa place, et non seulement le cœur lui-même, mais tout ce qui lui sert d'introducteur : l'ouïe, la vue surtout ; il ne suffit pas de désigner les objets, il faut les voir, les entendre, parfois les palper, mais surtout les voir. On sait que la langue française se compose de deux couches superposées, le fonds naturel, celui des mots d'origine populaire, formés spontanément, par usure d'abord, par nouvelle intégration ensuite, du latin, et celui des mots d'origine savante et artificielle, tirés à nouveau du latin par un emprunt postérieur volontaire. Le peuple ne comprend guère ces derniers, et comme il exprime ses idées sans leur secours, il faut qu'il se forme dans ce but un vocabulaire spécial. Il y parvient en employant des images, partout des images. Celles-ci doivent forcément être empruntées au monde matériel et visible. Elles ont un immense avan- tage, celui de donner au langage une naïveté, une fraîcheur qu'on chercherait vainement dans le parler plus élevé, et aussi une vivacité de couleurs, enfin une émotion constante et latente que le langage littéraire n'obtient par une autre voie que lorsqu'il monte à une très grande hauteur. Quel- quefois, cependant, ces images peuvent trop descendre, et même simuler le dénigrement en abaissant les idées intel- lectuelles ; mais si cela se produit souvent dans nos argots, il est juste de dire que dans le canadien cela est beaucoup plus rare. Les exemples de cette tendance que nous avons indiquée sont très nombreux. Ruse est un terme intellectuel, au lieu de dire les ruses^ on dira donc les afiiits^ image empruntée à la chasse. Au lieu du mot com^node^ on emploiera une X PRÉFACE circonlocution cette fois, mais combien plus sensible et énergique : à main. Travailler beaucoup, c'est abattre de\ l'ouvrage. S'attacher fortement à quelqu'un, c'est s'achien- neter. Subitement devient à coup^ c'est-à-dire d'un seul coup. Loiîi^ c'est à désamain^ c'est-à-dire qui n'est plus à la portée de la main. Amadouer^ chercher à concilier quelqu'un, c'est V affiler^ de même qu'on affile, en promenant doucement sur la main, d'où cette expression: «pour le convaincre, il faut d'abord V affiler )k Saisir, c'est agrafer ou agricher. Payer, c'est s'allonger, cela marque bien l'efïort moral et parfois matériel que cause un paiement. Voici le mot amancher, tout matériel, il va signifier, avec le manche, bien des choses pour lesquelles nous avons des mots divers et abstraits : ajuster, arranger, habiller, même donner 7in coîip, ou tromper. Adoucir a un sens moral, voici son image sensible et matérielle un peu abaissée: amollir. Battre, c'est aplatir ; cette fois on aperçoit l'homme battu dans la position que les coups lui ont donnée. Beau- coup était autrefois dans la langue latine une image \ maintenant cette image s'est plus affaiblie, le Canadien la ressuscite par à plein. De même, l'idée avec force se rend par d'' aplomb. Au lieu de fournir les preuves, mots tous de raison, voici le mot amener ; amener les preuves, combien plus énergique, on les voit arriver. Injurier, c'est abîmer. Faire des propositions, c'est approcher. Se tirer d^embarraSy c'est s'' arracher. Le repos, c'est V arrêt, matériel et visible : arrêtez de parler. Ce qui est simplement enmiyeux pour nous est assommant pour le peuple, on voit tomber alors sous le coup de l'ennui. Tout près, cela s'aperçoit sans doute déjà, mais à ras, cela se voit bien davantage, et c'est plus près encore, on rase l'objet. La dépe?ise de travail, c'est une attelée, de même w^fl/r/V^r quelqu'un, c'est V atteler ; le voilà attaché comme un bœuf ou un cheval, on le voit ainsi, on ne le pense plus seulement. Une joule est une PREFACE XI avalanche^ on sent qu'elle se précipite de loin. Appicyer^ c'est accoter. Même, lorsque le mot était déjà matériel, on l'abaisse encore pour avoir une image plus saisissante. S'^ accroupir devient s'' accouver^ tacher devient abi7ner. C'est là sans doute, en tout pays, la source la plus abon- dante du parler populaire ; il en est de même au Canada, aussi insistons-nous sur ce point. L'idée intellectuelle se trouve partout immatérialisée, et si elle l'est déjà, elle descend encore. Dans tous les cas, c'est au moyen d'une image sensible que l'on s'exprime. Le glossaire de M. Dionne en fournit des exemples incessants. Citons encore les plus frappants. Crier fort ^ c'est beugler^ de même que parler s'exprime par chanter. Une petite quantité^ c'est îin brin ; caduc signifie triste., et cailler c'est s^endor^nir ; en effet le sang alors se fige, pour ainsi dire, dans les veines. La bouche n'est plus qu'une boîte, le tableaîi qu'un cadre, et la montre qu'un cadran. Le bruit devient bien terrible, c'est un carnage. Un substantif, bœuf, se convertit en adjectif énergique, dans 2in effet bœuf. Outrager devient blasphémer, et être impatient, bouillir. La colère bleue est la plus terrible, plus, sans doute, que si elle n'était que rouge. Le diable apparaît bien plus réel, si on l'appelle bourreau. Conter des mensonges, c'est bourrer. Etre ins2ipportable devient visible par cette expression n'' avoir pas de bout, de même que bête au bout, c'est être tout à fait bête. Quelquefois l'explication semble plus lointaine. Pourquoi une attaque de folie est-elle une branche de folie ? pourquoi fêter s'ap. pelle-t-il brosser f On comprend que s"* approcher d'uncbif*" qu'on cherche soit brûler, cela se dit aussi en France dans les petit* jeux de salon. Le mobilier est bien un butin, surtout pour ceux qui ont économisé pour l'acheter pièce à pièce. Le casque signifie tête, tottpet, l'image est bien naturelle. Le char semble très prétentieux, car le langage populaire n'élève pas ainsi les expressions, sans qu'il y ait X PREFACE circonlocution cette fois, mais combien plus sensible et énergique : à main. Travailler beaucoup, c'est abattre de\ <5 l'ouvrage. S'attacher fortement à quelqu'un, c'est s'achien- ' neter. Subitement devient à coup^ c'est-à-dire d'un seul coup. Loi7i^ c'est à désamain^ c'est-à-dire qui n'est plus à la portée de la main. Amadouer., chercher à concilier quelqu'un, c'est V affiler^ de même qu'on affile, en promenant doucement sur la main, d'où cette expression : v pour le convaincre, il faut d'abord V affiler ». Saisir^ c'est agrafer ou agricher. Payer., c'est s'allonger., cela marque bien l'effort moral et parfois matériel que cause un paiement. Voici le mot amancher., tout matériel, il va signifier, avec le yjianche., bien des choses pour lesquelles nous avons des mots divers et abstraits : ajuster., arranger., habiller., même donner U7i coîip., ou tromper. Adoucir a un sens moral, voici son image sensible et matérielle un peu abaissée : amollir. Battre., c'est aplatir ; cette fois on aperçoit l'homme battu dans la position que les coups lui ont donnée. Beau- coup était autrefois dans la langue latine une image ; maintenant cette image s'est plus affaiblie, le Canadien la ressuscite par à plein. De même, l'idée avec force se rend par d'' aplomb. Au lieu de fournir les preuves., mots tous de raison, voici le mot amener ; amener les preuves, combien plus énergique, on les voit arriver. Injurier., c'est abîmer. Faire des propositions., c'est approcher. Se tirer d'embarras., c'est s'' arracher. Le repos., c'est V arrêt., matériel et visible : arrêtez de parler. Ce qui est simplement eiinuyeux pour nous est assomma7it pour le peuple, on voit tomber alors sous le coup de l'ennui. Tout près., cela s'aperçoit sans doute déjà, mais à ras., cela se voit bien davantage, et c'est plus près encore, on rase l'objet. La dépense de travail^ c'est une attelée., de même ;;/«//'r?Vé'r quelqu'un, c'est V atteler ; le voilà attaché comme un bœuf ou un cheval, on le voit ainsi, on ne le pense plus seulement. L^ne joule est une PREFACE XI avalanche^ on sent qu'elle se précipite de loin. Apptiyer^ c'est accoter. Même, lorsque le mot était déjà matériel, on l'abaisse encore pour avoir une image plus saisissante. S^accroiipïr devient s' accouver^ tacher devient abîmer. C'est là sans doute, en tout pays, la source la plus abon- dante du parler populaire ; il en est de même au Canada, aussi insistons-nous sur ce point. L'idée intellectuelle se trouve partout immatérialisée, et si elle l'est déjà, elle descend encore. Dans tous les cas, c'est au moyen d'une image sensible que l'on s'exprime. Le glossaire de M. Dionne en fournit des exemples incessants. Citons encore les plus frappants. Crier fort ^ c'est beugler^ de même que parler s'exprime par chanter. Une petite quantité^ c'est un brin ; caduc signifie triste^ et cailler c'est s^e7idormir ; en effet le sang alors se fige, pour ainsi dire, dans les veines. La bouche n'est plus qu'une boite.^ le tableau qu'un cadre ^ et la montre qu'un cadran. Le brtiit devient bien terrible, c'est un carnage. Un substantif, bœuf se convertit en adjectif énergique, dans toi effet bœuf. Outrager devient blasphémer., et être impatient^ bouillir. La colère bleue est la plus terrible, plus, sans doute, que si elle n'était que rouge. Le diable apparaît bien plus réel, si on l'appelle bourreau. Conter des mensonges^ c'est bourrer. Etre insupportable devient visible par cette expression it' avoir pas de bout^ de même que bête aii bout^ c'est être tout à fait bête. Quelquefois l'explication semble plus lointaine. Pourquoi une attaque de folie est-elle une branche de folie ? pourquoi fêter s'ap. pelle-t-il brosser ? On comprend que s'' approcher d'un objr*" qu'on cherche soit brûler^ cela se dit aussi en France dans les petit* jeux de salon. Le mobilier est bien un butin^ surtout pour ceux qui ont économisé pour l'acheter pièce à pièce. Le casque signifie tête^ toupet., l'image est bien naturelle. Le char semble très prétentieux, car le langage populaire n'élève pas ainsi les expressions, sans qu'il y ait XII PRKFACË ironie, cela s'applique à un wagon ^ à un tram de chemin de fer^ à un tramway. Au contraire, on abaisse lorsqu'on donne le nom de charretier au cocher^ de charrieme7it^ à la course^ de charrier^ à aller trop vite^ renvoyer .^ ou que Xd^ fenê- tre devient un simple châssis^ comme si elle avait perdu ses vitres. Le tapage est si fort qu'il devient un carillon., ce qui fait image pour les oreilles. Certains mots prennent à la fois une foule de sens : caler^ c'est enfoncer., devenir ckative., perdre de Pargent^ tandis qu'en français, c'est céder., avoir peur. Parfois c'est un sens étymologique qui se trouve restitué : casuel^ z'ç.st fragile., de même camper ç.s\. jeter par terre. Chaud., c'est cher., c'est aussi lui peu ivre. La double analo- gie est facile à saisir. Ce qui est trop cher brûle la main indigente qui veut y toucher. En passant ainsi du matériel à l'intellectuel, il s'opère souvent des déviations remarqua- bles. Ch'etif a signifié d'abord en français captif., du latin captivus ; il a maintenant le sens de faible de corps ; en Canada, il passe au sens de méchant. De même, chavirer prend celui de devenir fou., car l'intelligence fait naufrage. Le circuit obtient le sens de pièce de terre qu'il ne possède pas en français. Comme interversion totale de la significa- tion, citons : coqui7i^ employé dans le sens de gentif chouette da.ns célni d^ amie : ma ôelle chouette. Le chien comparaît à son tour pour fournir des comparaisons vigou- reuses, il devient l'adverbe beaucoup.- un mal de chien., une faim de chien., bête en chiett (très bête), avoir du chiefi dans le corps ; la pauvre bête ne se plaint pas d'être mise ainsi à contribution par l'argot. Le mot clair passe du physique au moral, lorsqu'il signifie libéré. Au plus tôt., c'est aie plus coupant ; iiisinuer., c'est couler ; iisé., c'est co- lonne. Au lieu à^interdire sa porte, on la condamne. La jambe animée descend au rang de compas., simple instru- ment. La poitrine devient un simple coffre. La peau PREFACE XIII n'est rien de plus qu'une couenne. Claquer forme image pour rendre bien des idées diverses : courir^ travailler vite, tromper, frapper ; en quantité, c'est à pleijie clôture. Telle est la force de l'analogie et des images ; ce fut ici un puissant facteur. Un autre mode de matérialisation très curieux consiste à employer des prépositions ou des conjonctions exprimant le lieu, pour remplacer des verbes de sens immatériel et provenant de la couche savante. En français on dit pré- valoir, le patois canadien dira avoir le desstis ; il remplace excepté par la locution à part de ; celle-ci, en effet, tombe sous la vue. La proposition : l'enfant est à terre, devient l'enfant est à bas. Dans cet emploi, la préposition après est d'un grand usage ; au lieu de il me poursuit toujours, on dira: il est toujours après moi; au lieu de escaladons le mur, montons après le mur. On dira encore : il est après travailler, il est après manger. 1,'adverbe arrière remplace le substantif retard, en vertu du même instinct : il a de V arrière, au lieu de 'il a du retard. Parfois la particule n'est pas matérialisée, mais on la décompose en la rapprochant de sa signification primitive, on la retrempe, pour ainsi dire. Parce que signifiait bien par le motij que ; mais on en avait perdu l'analyse, en prononçant cette con- jonction d'un trait ; le patois la redivise, inconsciemment sans doute, mais énergiquement, en disant à cause que, de même ; afin devient à seule fin, de même encore pîiisqtte devient cCabord que, d'^abord que tu le veux. La pré- position chez possède dans notre langue une certaine élégance, elle est moins naturelle, et le peuple dira aller au médecin, comme il dit à soir nous irons. La prépo- sition de marque dans la langue une relation savante, celle du génitif, le patois la remplace par à, lequel a mieux conservé l'emploi local, il dira : le chapeau à Pierre. Le besoin d'images a fait emprunter certains mots tech- XIV PREFACE niques de tel ou tel métier, notamment à la marine. Ne rien faire ^ c'est être à V ancre ; le dommage de toutes sortes, c'est V avarie ; on dit amarrer ses souliers, au lieu de les attacher; s'' habiller^ c'est s^agrèier ; les engins de pêche, les outils, l'attelage, enfin une personne désagréable, tout cela c'est des agrès. Ce même instinct porte toujours à analyser les mots d'origine savante, à les morceler en plusieurs, ces derniers sensibles, et à se servir dans ce but de termes couramment employés. Nous en avons déjà des exemples en français dans les verbes aller^ faire, etc., mais en patois ce sera plus fréquent. Nous disons, par exemple : il est vieux., il est très vieux ; pour tout cela le parler populaire canadien emploiera le mot âge., et dira il est e7i âge., il est à bout d^âge. Le mot cœur figurera à son tour. L'adjectif tout est trop abstrait. Au lieu de tout le four., toute Vannée., on dira à cœur de jour., à cœur d'' année. Le mot air remplira à son tour un pareil rôle ; on dira être en air., pour être en verve ; avoir de Pair., pour se tro?nper; perdre son air, pour perdre son aplomb. Le verbe faire entre dans les locutions suivantes, où il sert à résoudre et à dislo- quer un verbe unique abstrait. C'est ainsi que l'on dit faire sott affaire., pour s'' enrichir; faire P affaire à quelqu'un, pour le punir ; les affaires., pour les effets d'' habillement. De même, le verbe aller : aller sur la soixantaine ; s^en aller., pour 7nourir ; st faire aller., pour se presser. Au point de vue psychologique, les phénomènes que nous venons d'indiquer ont une grande importance. D'autres n'en possèdent pas une égale, mais ils ont cet effet de don- ner à un patois une sorte de goût de terroir, en variant soit les prépositions employées, soit les préfixes ou les suffixes qui dérivent des mots. L'oreille est un peu surprise d'abord et n'y sent qu'une faute ; mais ensuite elle découvre que le mot, dont le sens étymologique s'était émoussé, y trouve PREFACE XV un nouveau ragoût. Citons seulement quelques exemples. Voici la préposition avec^ usitée là où le français emploie Par^ de^ dans^ envers^ de même^ sans^ et l'on dit : je vais partir avec les chars ; que faire avec cela ? je suis quitte avec lui ; il est resté coi, et moi avec; partir avec pas le sou. Il en est de même des suffixes que le langage populaire substitue à ceux du langage commun et qui peuvent ne pas donner une expression plus vive, mais qui le modifient et le rajeunissent. C'est ainsi que l'on peut comparer abatis et abalages^ abordage et abordade^ accablement et acca- blation^ acharnement et acharnation^ admissible et admet- table. De même, les préfixes sont substitués à d'autres, ou ajoutés, ou supprimés. On peut comparer dans ce sens : aconnaître^ au lieu de connaître ; alentir^ au lieu de ralentir; amonter^ au lieu de 7nonter ; amorphose^ au lieu de métamor- phose ; aventio7t^ au lieu de invention. La nuance est indé- finissable, mais elle est certaine ; au lieu de mots prévus d'avance et indifférents, on a l'avantage de la surprise. IMais un procédé qui doit fixer particulièrement notre attention, est un emploi de ce que Ronsard et du Belley appelaient le provigneinent et qu'ils essayaient de mettre en honneur. On sait qu'en français, tous les verbes ne font pas souche d'adjectifs et de substantifs correspondants, ni à son tour, le substantif, de verbes ; sauf le cas des parasynthétiques assez nombreux, il faut, si l'on veut mettre dans la forme sub- stantive un mot d'action, souvent recourir de nouveau à la source latine, qui donne un vocable éloigné du premier ; par exemple, le verbe boire ne produit pas boivable.^ ni même buvable., mais potable. Est-ce bien logique que des sens analogues emploient des mots tout à fait différents ? Lors de la Renaissance, on avait pensé que non, et qu'il valait mieux recourir au vieux fonds français et le ioÀro. provigner^ comme l'on fait de la vigne, c'est-à-dire lui faire pousser XVI PREFACE des rejetons d'eux-mêmes. C'est ce que, sans système et par instinct, fait la langue populaire, notamment celle des Cana- diens. C'est ainsi que à^ accommoder^ on fait accommoda- tion ; de baiide^ s^abander (aller en bande), à'^aller^ allable^ (capable d'aller) et allant (bien disposé). Le mot afinexe est savant, on créera plus simplement allonge. La cotitume provigne le joli mot à'^accojitjimajice. Se laisser surpren- dre par la miit^ longue et lourde périphrase, cède la place à ce mot pittoresque dans sa concision, s''annînter. U' appa- rence devient V apercevance. Pareil donne appareiller^ dans le sens ai' égaler et de comparer. L'idée sîij'et à appel^ n'est plus périphrastique, on ne recule pas devant le mot appelable., pas plus que devant le mot arregardable^ pour qui mérite d''être regardé. Le substantif argent donne l'ad- jectif argenté^ dans le sens de riche ; c'est plus saisissant. Couvrir en ardoises^ c'est ardoiser. Une grande quantité., c'est une battée. Un mot fort pittoresque, c'est l'adverbe chevalement^ tiré de cheval^ pour exprimer tej-riblement. Les exemples de ce procédé abondent, il est des plus heu- reux. Au verbe boire^ en français, correspond le substantif ivrogne^ la correspondance n'est pas tout à fait exacte. Grâce au procédé de provignement, le parler canadien est plus parfait, en créant buveron. Une autre expression très pittoresque, rentrant dans le même procédé, c'est celle de chatter pour aimer., dérivé de chat. A remarquer aussi chérajtt^ dérivé de cher., et signifiant cehci qui exige un prix trop élevé. ^J aurore boréale est un clairon., dérivé de clair., et Vhomme de cœur s'indique énergiquement par l'adjectif cœur eux., que rien ne remplace chez nous, car courageux n'a pas la même signification exacte. Cabaner^ de cabane^ signifie habiller chaudement^ et cornailler veut dire lutter comme le font les animaux à coups de cornes. On peut citer encore comme construits d'après le même plan : con- tefiancer^ pour appuyer ; consommages., pour déchets de PREFACE XVII viande ; coy^iprenage^ pour eiitente ; comprenouère^ pour intelligence^ et combien d'autres ! Noterons-nous qu'il existe bon nombre de mots archaï- ques qui ont disparu, ou presque, du français? Non, car on le devine, les premiers colons du Canada les ont apportés de France, à une époque où il en existait encore des vestiges. On s'attend,en raison de la situation politique et de l'histoire, à rencontrer beaucoup d'anglicismes. Il y en a, en effet, et de fort reconnaissables, le texte les indique par une astéris- que ; mais ils ont été à peine défigurés, ils ne sont pas fondus et gardent leur physionomie anglaise. L'auteur fait d'ailleurs observer avec raison que plusieurs d'entre eux ont eu une singulière odyssée. Ils étaient venus de France en Angle- terre avec les Normands, de là ils furent importés en Amérique, puis prêtés par les Anglais d'outre-mer aux Canadiens ; on peut dire qu'ils ont fait retour, par exemple : bargain^ marché ; bacon^ lard. Mais tous ne sont pas dans ce cas. Il y a des mots bien saxons, ou ayant adopté un sens nouveau dans l'emploi anglais. On peut citer : «/?, à l'arrière ; braiji^ le cerveau ; barroom^ buvette ; average^ la moyenne ; accomplissem*nt^ qualités ; apologie^ excuse ; applicant^ candidat ; appoinieme7it^ rendez-vous ; appraiser^ évaluer ; a7iticiper^ prévoir ; bachelier^ célibataire ; badlo- qiie^ malechance ; acte^ loi ; affecter^ influencer, et beaucoup d'autres dont le glossaire donne une liste abondante, et dont la plus grand nombre a conservé la forme anglaise, notam- ment : beaver^ castor ; bed^ lit ; best^ le meilleur ; better^ parier ; black-hole (trou-noir), cachot ; bj'andy, cognac ; broker^ courtier ; btiyi^ brioche ; business^ affaire ; cake^ gâteau ; cash^ argent comptant ; cheap^ bon marché ; checker^ enregistrer ; clairance^ quittance ; clairer^ débarrasser ; cleaner^ nettoyer; coat^ habit. Le point de vue phonétique offre à son tour ses particu- larités. Il faut remarquer la fréquence de la voyelle a. XVIII PRKFACE qu'on substitue presque normalement à IV : «, pour elle^ (a va aller), couvarte^ vardir^ avarse^ airrhes^ ala7i^ alarte^ aynant^ pour V aimant^ anielette^ apothèque. Une des con- sonnes sur deux se supprime au milieu du mot abre pour arbre. Enfin, les consonnes modifiées : agurir pour ahurir., aiduille pour aiguille., amiquiè pour amitié. Comme par- tout ailleurs à la campagne, le vocalisme est plus ouvert et le mot tend à s'abréger. Telle est, dans son ensemble, la physionomie du parler populaire des Canadiens français, que nous présente M. Dionne dans son très intéressant ouvrage. Il faut ajouter à ces traits principaux ce fait général que parmi ces mots il en existe un grand nombre, soit qui ne servent plus dans la langue française actuelle, soit dont le sens a été détourné. Dans la première catégorie on peut citer : achaler^ pour importuner; chouler., pour exciter les chiens ; catiché^ pour efféminé ; copper., pour payer ; escousse., pour espace de temps ; esquinter., pour fatiguer. C'est là le fonds tout à fait propre et dialectal. Il est assez riche et, après le sémantiste, intéresse à son tour le linguiste. Quelques- uns de ces mots sont en usage sur le continent dans le parler populaire, d'autres sont tout à fait propres au Canadien. Nous ne pouvons nous empêcher de citer : baucher., courir vite, travailler vite ; bazir., disparaître ; de becco., de trop peu ; berlander^ flâner ; bisquer., faire endêver., contrarier ; bretter., fureter ; bringue., fille nonchalante ; cabas, tapage ; cabochon., tête ; cani., moisi ; chalin., éclair de chaleur ; chaloir., se soucier (vieux français) ; charla7ider., ennuyer ; chiâler., pleurnicher ; chouenne., mensonge ; cotir., pourrir, dépérir ; couette., petite queue, touffe, etc. Dans la seconde catégorie, voici chrétien., qui prend le sens d'homme (comparer le roumain crastians)., ainsi que catho- lique dans le sens d'honnête; chaud., pour ivre; char., pour wagon ; caboche., pour bourgeon ; créature., pour femme ; PREFACE XIX espérer^ pour attendre. Un mot a eu une singulière fortune : chenu.^ dérivé, croit-on, du latin camis^ blanc ; il signifie en français excellent^ fort^ riche^ et au contraire, en cana- dien, misérable. On voit que l'étude du canadien-français apporte une contribution précieuse à celle des patois et des parlers popu- laires français. Il y a là une branche qui s'est détachée des autres et qui a ensuite évolué à part ; cependant on peut admirer la persistance chez elle des mots et des caractéris- tiques emportés de notre continent, et reconnaître encore à ce trait le Canadien fidèle à son origine. Nous devons savoir gré à plus d'un titre au savant auteur de oet ouvrage d'avoir recueilli avec soin et un grand dis- cernement, et d'avoir fixé désormais dans un véritable monument le vocabulaire du Canadien français. Raoul de la Grasserie. / OUVRAGES MIS A PROFIT Les ouvrages, dout suit la liste, sont les seuls que l'au- teur de ce Lexique a consultés. Tous ne lui ont pas été profitables au même degré. Il va de soi que les glossaires canadiens préparés par Gingras, Manseau, l'abbé Caron, Dunn, Clapin et Rinfret, pour ne citer que les principaux, ont plus servi à l'auteur que les dictionnaires publiés en France. Le Bulletin du Parler-Français lui a été beau- coup plus utile que les glossaires de Borel, de Favre, de Moisy, de Jaubert et autres de provenance française, bien que ceux-ci aient été mis à contribution par l'auteur dans ses études comparatives. Quoi qu'il en soit, l'auteur exprime toute sa reconnais- sance aux auteurs de tous ces ouvrages de linguistique, quels qu'ils soient, et plus particulièrement à W. Clapin et aux lexicographes du Bulletin. Que ces messieurs, qui savent ce qu'il en coûte de labeurs pour mener un diction- naire à bonne fin, ne soient pas trop sévères à son égard, et ne lui tiennent pas rigueur parce qu'il a puisé un peu largement dans leur fonds. Ils comprennent qu'il est bien difficile, sinon impossible, de faire un pareil ouvrage sans s'inspirer des devanciers. L'auteur,;du reste, n'ambitionne rien de plus que d'apporter son humble contribution à l'œuvre si généreusem*nt entreprise par la Société du Parler-Français, qui est d'épurer notre langage en le débar- rassant des trop nombreuses scories qui le déparent ou le défigurent. Cette œuvre est possible, et elle se fera, sans XXII OUVRAGES MIS A PROFIT aucun doute, pour peu que les hommes instruits la pren- nent à cœur, et donnent le bon exemple, en parlant correc- tement le français ; et ils le pourraient faire, s'ils vou- laient s'en donner la peine. On trouvera dans ce lexique un certain nombre de mots et d'expressions qui ont actuellement cours en France, tout aussi librement qu'en Canada. Ces mots sont généralement tirés du parler populaire et familier. On en retrouve quel- ques-uns dans Larousse, mais rarement dans le dictionnaire de l'x\cadémie. Si l'auteur a tenu à les faire figurer dans son lexique, c'est dans le but de prouver que le langage du peuple canadien ne diffère que très peu du langage français. Quant aux canadianismes et acadianismes proprement dits, on pourra facilement s'assurer qu'ils ont, pour la plu- part, une origine française : normande, saintongeaise, angevine et percheronne. Ceci s'explique aisément, car n'oublions pas que nos ancêtres aussi, pour le plus grand nombre, sont originaires de la Normandie, de la Saintonge, de l'Anjou et du Perche. Donc, tel père, tel parler. Rien de plus naturel et de plus logique. Ce qui l'est moins, c*est l'intrusion des anglicismes et des mots anglais dans nos^ conversations. C'est à ceux-là que nous devons faire la guerre, une guerre à mort, sans trêve ni merci. Que nous adoptions quelques anglicismes, un tout petit nombre, parce que nous en avons absolument besoin, passe! Mais soyons prudents, parce qu'il pourrait arriver un jour que notre langage populaire ne serait plus compréhensible, ni pour les Français ni pour les Anglais. L'auteur manquerait gravement à son devoir s'il n'adres- sait pas ses plus sincères remerciements à M. Raoul de la Grasserie, qui a bienveillamment consenti à faire la préface de son Lexique. On verra, en la lisant, combien il a eu la main heureuse en s'adressant à l'éminent juge nantais. Oui, mieux que lui, même en France, eût pu débrouiller tous OUVRAGES MIS A PROFIT XXIII les mystères de notre parler, et eu tirer des conclusions aussi nettes et aussi justes? Tous les Canadiens français qui s'occupent de linguistique, sauront reconnaître et appré- cier le mérite de son œuvre. BoREL. — Dictionnaire des termes du Vieux François oti Trésor des Recherches et Antiquités Gauloises et Françaises. BuiES. — Anglicismes et Canadianismes. Bur.ivETiN d2i Parler-Fra,nçais au Ca?iada. De 1902 à 1908. [B. P. F.] Caron. — Petit Vocabulaire à Vjisage des Cayiadiens- Français. C ASSELL. — Neiu French-English a?id English-French Dictionary . C1.APIN. — Dictionnaire Canadieri- Français 021 Lexique-Glos- saire des mots, etc. [Cl.] De GaspÊ. — Mémoires. De GaspÉ. — Les A?iciens Canadiens. Dk la GrassERIE. — Etude scientifique sur r Argot et le Parler Populaire. Dictionnaire des Barbarismes et des Solécismes les plus ordi- naires en ce pays, avec le mot propre ou leur signification. Montréal, 1855. DiONNE (C.-K.) — Les Oiseaux de la Province de Qîiébcc. DuNN. — Glossaire Franco- Canadien et Vocabjilaire de Inoculions vicieîises usitées au Canada. Edêi^ESTANd et DuMÊRiL. — Dictionnaire du Patois Normand. Faucher de Saint-Maurice. — Notes sur la Formatiofi du Fra7ico-Nor?nand et de P Anglo-Saxon. Favre. — Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de V Aunis. Favre. — Dictionnaire de la Prononciation Française. FuRETiÈRE. — Dictionnaire universel. Gingras. — Maruiel des expressions vicieuses les plus fréqzientes. XXIV OUVRAGES MIS A PROFIT GODEFROY. — Lexique de V Ancien Français. Hatzfeld et Darmesteter. — Dictionnaire général de la Langue Française du cotnmencenieni du XI Llle siècle jusqu'à nos jours. Huguet. — Petit Glossaire des Classiques Français du XVIIe siècle. JauberT, — Glossaire dît Centre de la France. Joret. — Flore populaire de la Normandie. lyACURNE DE Sainte-Pai.i,AYE. — Dictionnaire historique de V Ancien Langage Français jusqu'à Louis XIV. Larousse. — Grand Dictionnaire universel. Larousse ili^ustriî. — Nouveaic dictionnaire encyclopédique. LusiGNAN. — Fautes à corriger, Manseau. — DictioJinaire des Locutions vicieuses dii Canada. Martin. — Origine et explication de 200 Locutions et Proverbes. MÉLANGES sur les langties, dialectes et patois. Paris, 1831. Mémorial des Vicissitudes et des Progrès de la Langiie Fran- çaise en Canada. MÉNAGE. — Dictionnaire. MoiSY. — Dictionnaire du Patois Normayid. MoiSY. — Dictionnaire comparatif anglo-normayid . MoNTPETiT. — Les Poissons d'eau douce. Provancher. — La Flore Canadienne. Recueil des expressions vicieuses et des Anglicismes les plus fréquents. Rinfret. — Dictionnaire de nos fautes contre la Langue Fran- çaise. Timmermans. — Dictionnaire étymologique. [Tiui.] Un Curé de Campagne. — Botanique médicale au presbytère. Verrier et Onillon. — Glossaire Etymologique et Historique des Patois et des Parlers de V Ayijou. LE PARLER POPULAIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS A. — Elle. Ex. A va aller se promener chez ses parents. — Ce. Ex. A soir, nous irons au concert. — De. Ex. Voici le chapeau à Pierre. — E. Ex. Couverte, vardir, alarte, avarse. — Chez. Ex. Aller au médecin, au prêtre. Abajoue, n. f. Bajoue, partie de la tête d'un animal qui s'étend depuis l'œil jusqu'à la mâchoire. Abander, v. a. — Réunir en groupe un certain nombre d'individus. — Soulever une assemblée en l'ameutant contre soi. Abander, (s'), v. pr. Se réunir en groupe, en bande. Ex. Ne Vabande pas avec ces mauvais garnements, c.-à.-d., ne te mêle pas à eux, à leurs jeux. Abandonner, v. a. Cesser. Ex. Y oX abandonné à^ iyxm.çx . A bas, loc. A terre. Ex. E' enfant est à bas, il vient de tomber de sa chaise. Dans le vieux français on écrivait abas pour signi- fier eti bas, ici-bas. 2 LE PARLER POPULAIRE Abatages, n. m. pi. Abatis, tête, cou, ailerons, pattes de volaille. Abatteux d'ouvrage, loc. Individu qui taille beaucoup de besogne en un temps donné. En Normandie on dit un homme d' abat, qui travaille vite et beaucoup. Abattre, v. a. Faire, exécuter. Ex. Voici un ouvrier qui abat beaucoup d'ouvrage dans une journée. Allusion à ceux qui abat- tent du bois. A beîle heure, loc. adv. Tardivement, après l'heure voulue. Ex. Tu arrives à belle heure, toi ; pourquoi avoir tant retardé ? Abîmer, v. a. — Salir, tacher. Ex. Prenez garde à.' abhner mon habit. En Bretagne, abîmer comporte une signification identique. — Injurier. Ex. Je me suis fait abîmer par ce gars-là. — Abîmer l'eau, faire eau. Ex. Ma chaloupe abhne l'eau. Abîmer (s'), v. pron. Se blesser. Ex. Il s'est abîmé les doigts en travaillant au jardin. Able. La plupart des terminaisons en able se prononcent comme si la lettre / n'existait pas. Ex. agréabe, aimabe, capabe, Aboiteau, n. c. Mot de provenance acadienne, qui signifie digue. Nous trouvons dans Eittré, (vol. suppl.) « Aboteau, barrage, obstacle mis au cours de l'eau dans la Saintonge. Etymo- logie : a et bot qui signifie une digue, suivant le glossaire Aunisien." La Saintonge, paj-s natal de Samuel Champlain, fondateur de Québec, a fourni à l'émigration française en Acadie un bon nombre de ses enfants. F. Godefroy, dans son Lexique de l'ancien français, cite le verbe aboiter qui signifiait tromper. Tromper la mer ou un fleuve au moyen d'une digue, ne serait pas après tout si mal ; de là, pour- rait-on dire, un aboiteau. Le mot Saintongeois est aboteau, petit batardeau fait pour retenir l'eau ; à.'abotare de bas DES CANADIENS-FRAXÇAIS 3 latinité. Du Cange lui donne un sens juridique : abolum, abotamentum . A bonne heure, loc. adv. De bonne heure. Ex. Viens donc aussi à bonne heure que tu pourras. Abord, n. m. — Grande réunion d' individus arrivant tous ensemble au même lieu. — Moment, court espace de temps. Ex. Il commence à tonner, ce ne sera qu'un aboyd. Abord (d') que, loc. Puisque : Ex. D'abord que tu le veux, je me rends. Abordade, n. m. — Abordage. Aborder, v. a. — Approcher. Ex. Aborde ici que je te parle. — Heurter par accident. Ex Sa voiture a abordé Xa mienne au coin de la rue Couillard. Abouler, v. n. — Aboutir, finir. Ex. Aboule et finissons-en. — Payer une dette. Ex. Je vais le presser tellement qu'il finira par abonder. About, n. m. — Extrémité d'un terrain confinant au terrain d'un autre, dans le sens de la longueur. — Planche de labour à l'extrémité d'un champ. Autrefois le mot habout signifiait fond de terre abandonné à un créancier et désigné par ses tenants et aboutissants, dans la coutume de Lille. Abouter, v. a, — Joindre par le bout deux choses susceptibles d'être adap- tées l'une à l'autre. — Confiner. Ex. Ma terre aboute à celle de Mathieu. — Faire un about. — Disposer une planche de labour à l'extrémité d'un champ. Aboutir, v. n. — Finir. Ex. Aboutis donc, tu retardes mon ouvrage. — Réussir. Ex. Cette affaire a abouti heureusem*nt. 4 LE PARLER POPULAIRE — Avoir le dessus, prévaloir. Ex. Son opinion n'aboutira pas plus aujourd'hui qu'autrefois. A brasse=corps, loc. adv. A bras-le-corps, Ex. Allons, les enfants, vous allez colleter, prenez -vous à brasse-corps. Abre, âbre, n. m. Arbre. Ce mot est d'origine normande : « Pour l'amour du buisson va la brebis à V abre. » — Proverbe du XV^ siècle, cité par Leroux de Linc}'. (^Prov. français, t. I, p. 97.) Abrier, v. a. — Abriter. Se dit surtout du fait de couvrir une personne couchée et qui veut se mettre à l'abri du froid ou de l'air. Dans le sens propre, abiier signifie se mettre à couvert sous un arbre. (Lac. de S. Pallaye.) — Excuser. Ex. Ne cherche pas à l'ai^^'^V;' (ou ra(5;77/(?r), il est certainement coupable. Abrier (s'). ^'- P^- — S'envelopper, se couvrir, se mettre à l'abri. Abriller, v. a.— V. Abrier. Abriiler (s'). "^'- pr. — V. S' abrier. Abroué, n. m. Abreuvoir, mare d'eau. Ex. Va mener le cheval à l'a<5rf7«<?. * Abuser, v. a. — Injurier, dire des paroles dures. Ex. C'est un polisson qui m'a abusé. (Angl.) * Abutment, (m a.) Culée, arc-boutant, but, borne, contre-fiche. Acadien, enne, adj. Nom donné à tout Français né dans les Provinces Mariti- mes, bien que l'ancienne Acadie ne comprît que la Nouvelle-Ecosse actuelle. Il se rencontre encore un bon nombre de familles acadiennes dans la Province de Québec. Acagnardi, part. pas. — Bourru et misanthrope. Acagnardir (s'), v. pr. Devenir pares.seux, bourru, d'humeur acariâtre, misanthrope. L'Acad. dit s' acagnarder , se plaire dans la solitude. A cause que, loc. Parce que. Ex. Je suis allé me promener à cause çu'il fai- sait beau. DES CANADIENS-FRANÇAIS Accablation, n. f. Accablement. Ex. Ces enfants sont insupportables, ils mettent tout à feu et à sang ; quelle accablation ! Accalmir (s'), v, prou. Se calmer. Ex. Le temps commence à s' accalmir. Accaparer (s'), v. a. Accaparer. Ex. Il est défendu de 5' afm/>ar^r le bien d' autrui. Accent, n. m. Action, ardeur, en parlant d'un cheval. Ex. Mon cheval a un bel accent. Acceptance, n. f. Acceptation. Accommodation, n. f. — Confort. Ce steamer manque d' accommodation . — Traiîi d' accommodation, train spécial pour accommoder les voyageurs d'une région restreinte. — Billet d' accommodatio7i, billet de complaisance, qui permet au vo\'ageur de se promener gratuitement. Accomparager, v. a. Comparer. * Accomplissem*nts, m. pi. (Angl.) Talents, qualités, connaissances en général. Accord, n. m. Réconciliation. Ex. Pourquoi vous chicaner, il faudra ensuite que vous fassiez V accord. Accordant, adj. Conciliant, facile en affaires. Accords, n. m. pi. Accordailles, fiançailles. Accoster, v. a. S'approcher de quelqu'un pour lui parler. Ex. Quel ennu- yeux, il accoste tout chacun sur la rue. Accoter, v. n. — Appuyer, soutenir. Ex. Cet homme jouit de hautes influences, il est bien accoté. — Egaler. Ex. Cet individu a du talent, il est difficile à accoter. 6 LE PAKLER POPULAIRE — Accoter une poiie, la rendre stable au moA'en d'un meuble, d'un morceau de bois, d'une pierre. Accoter (s'), v. pr. — S'appuj-er sur un mur, un meuble, etc., de façon à se trou- ver à l'aise et à rester en place pendant un certain temps. — S' accoter V estomac, bien manger. Accotouer, n. c. — Dossier de chaise. Accoupler, v. a. Attacher, en parlant des wagons de chemins de fer. Accoupleur, n. m. — Homme d'équipe. Accoutumance, n. f. — Habitude. — Caprice, fantaisie. Ex. Ces enfants sont remplis d'ar<r<?z^- tumances. Ce mot qui, d'après Vaugelas, était déjà vieilli au xvii^ siècle, est resté. Nous le trouvons dans Marot, La Fontaine, Montaigne, Amyot et La Rochefoucauld, de même que dans la dernière édition du Dictionnaire de l'xlcadémie. Accouver (s'), v. pron. S'accroupir, comme la poule qui couve. Accrapoutir, v. a. — Ecraser. Ex. Je vais t' accrapoutir comme une punaise. — Accroupir. Ex. Regarde Pierre, il est tout accrapouti dans son banc. Accreire, v. a. — Accroire. Ex. Tu ne me feras pas accreire cela. Ce mot vient du roman. En berrichon, accreire ; en wallon, acreure; en provençal, acreire. — S'en faire accreire, se donner de l'importance. Expression vieillie qui, d'après Hatzfeld, veut dire gagner du crédit, de l'autorité. Accrochât, n. c. Crochet ou patère qui sert à suspendre un chapeau, un habit, etc. Accrocheter, v. a. — Accrocher. Accrochoir, n. m. — Même sens qu'accrochât. Accrochouer, u. m. — Accrochoir. DES CANADIENS-FRANÇAIS 7 Accroupiller (s), v. pron. S'accroupir. Ex. Accroupille-XxÀ par terre. Acculer, v. a. Eculer. Ex. Ses souliers sont acculés. Acculoire, n. f. Avaloire, pièce du harnais qui, fixée au brancard, descend derrière les cuisses du cheval de timon, pour retenir la voiture dans une descente. A celle fin que, loc. Afin que. Ex. Je vais aller vous voir à celle fin que vous me rendiez mes livres. Acertainer, v. a. Certifier. Mot vieilli, et dont l'usage semble disparu ici. Achalage, n. f. — Ennui, embarras. Achalant, adj. Fatigant. Ex. Il fait un temps achalant. — Un individu achalant. Achaler, v. a — Blaguer, tromper. Ex. Cet homme s'est fait a^/z^/^r dans cette affaire. — Importuner. Ex. Va-t'en donc, tu m'achales. — Exciter le feu. Ex. Cours donc achaler le poêle. — Fatiguer, incommoder. Ex. Il fait un temps qui m'achale au point de me rendre malade. Achalerie, n. f. — Ennui, fatigue. Achargnement, n. m. — Acharnement. Achargner, v. a. — Acharner. Achargner (s'). — S'acharner. Acharnation, n. f. Acharnement. Ex. Cet homme aime ses enfants, c'est une véritable acharnatio?i qu'il a pour eux. Acharnement, n. m. Attachement. Ex. Ma mère avait beaucoup à' acharnement pour ses enfants. Achesser, v. a. Assécher. Ex. Mes habits sont mouillés, il faut les faire achesser au soleil. 8 LE PARLER POPULAIRE Acheter, v. n. Devenir père d'un enfant. Ex. Les cloches sonnent un baptême, sais-tu qui vient d' acheter? Achienneté, e, adj. Expression acadienne pour marquer l'attachement ou mieux V achar?ienieni. Ex. Cet enfant est achienneté à sa mère. Achiffe, n. f.— Affiche. Achigan, n. m. — Poisson que la science a rangé dans l'espèce des microp- tères Dolomiens. Ainsi appelé, parce qu'il est très com- mun dans la rivière Achigan. — Manger un achigan, ne pas faire de points au jeu de whist. Achiquette, n. f. — Se dit du bois que l'on corde sous forme d'échiquier, c'est-à-dire en plusieurs carrés. — Plancher en achiquette, parquet posé par carrés. A clair (tout), loc. Distinctement. Ex. Je l'ai entendu tout à clair. Acmoder, v. a. Accommoder. Ex. Acmoder du poisson. A cœur d'année, loc. adv. Toute Tannée. Ex. Il me faut endurer ce paresseux-là à cœur d' année. A cœur de jour, loc. adv. Toute la journée, du matin ju.squ'au soir. Ex. Travailler à cœur de jour. A cœur jeun, loc. adv. ' A jeun. Ex. T.e docteur me fait prendre ses ôohis à cœur je^in. A compte (en), loc. adv. A compte. Ex. J'ai reçu dix piastres C7i à compte On peut dire : J'ai reçu un acompte de dix piastres, ou dix piastres à compte. Aconnaitre, v. a. Connaître. Ex. Pierre est revenu des Etats ; il a eu de la misère à se faire aconnaitre. Acouillau, acoyau, n. m. Coyau, pièce de bois posée sur la base des chevrons et l'angle DES CANADIENS-FRANÇAIS 9 du mur, de manière à dépasser la saillie de l'entablement et à former l'avance de l'égoût du toit. A coup, d'à coup, loc. Subitement. Ex. Le vent s'est élevé d'à coup. Acoustique, n. f. Récepteur. Cylindre évasé qu'on appuie sur l'oreille pour téléphoner. Acquéreuse, n. f. Acquéreur. Ce féminin a été rejeté par l'Académie. Acquêt, n. m. Gain, profit, chance. Ex. Tu as autant à: acquêt de ne pas te mêler de cette affaire. Mot vieilli, mais français. Acte, n. m, Loi. Les Actes sont le journal où sont consignés des actes : les Actes du parlement anglais, les Actes des Apôtres. D'après le B. P. F., acte pour loi est très approprié. * Acter, V. n. Tenir un rôle de théâtre. Ex. Ce Monsieur acte à la perfec- tion. (Angl.) Autrefois acter s^ disait pour dater les actes. A désamain, loc. Qui n'est pas à la main. Ex. J'irais bien me loger à Saint- Roch, mais c'est trop à désamain. A dire le vrai, loc. A vrai dire, pour parler franchement. Ex. A dire le vrai, c'est une grosse besogne que de faire un dictionnaire. Admettable, adj.— Admissible. Admission, n. f. Aveu. Ex. Le prisonnier a fait \ admission de son crime. Adon, n. m. — Effet du hasard, de la chance. Ex. Quel adon ! Que je SC suis chanceux ! Adoyi voulait dire autrefois don, préseyit. — Habileté, talent. Ex. C'est un homme qui a de V adon pour faire de belles choses, des petit* chefs-d'œuvre. Adonner, v. a. et n. — Etre favorable. Ex. La marée «^c??iw^, allons à la pêche. — Jouer une carte de même couleur. Ex. J'ai joué du cœur, adonjie. lO LE PARLER POPULAIRE Adonner (s')» v. p. — Convenir. Ex. Cet indWiàn Vadonne-t-'û, ioi"? — Effet du hasard. Ex Je m.' adonnais à passer par chez vous, quand tu m'as appelé. — S'accorder, marcher en harmonie. Ex. Ces deux cousins s' adonnent bien ensemble. * Adresser, v. a. Porter la parole devant uue assemblée. (Angl.) Adret, te, adj. Adroit. Ex. Ce menuisier est adret, ce médecin est adret. S'entend non seulement de la dextérité du manœuvre, mais aussi du savoir et de l'intelligeuce. Adroisse, n. f.— Adres.se. Affaire, u. f. — Faire son affaire, s'enrichir. Ex. Ce marchand fait son. affaire. — Faire V affaire à quelqu'un, le punir, le mettre à la raison. Ex. Si cet individu revient ici, je lui ferai son affaire. — Etre d affaire, être habile en affaires. — Avoir affaiie à quelqu'un. Ex. Si tu ne me payes pas, tu auras affaire à moi. — Pas d' affaire, non, je ne veux pas. Affaires, n. f. pi. — Effets, lingerie. Ex. Déménage au plus tôt toutes tes aff'aircs. — Faire ses affaires, aller à la garde-robe. Affecté, e, adj. — Prétentieux, vaniteux. * Affecter, v. a. Influencer. Ex. Rien ne saurait affecter mon vote à la Chambre, ni promesses, ni menaces, etc. (Angl.) Afficolant, adj. — Inutile, nuisible. (Expr. acadienne) Afficots, Affiquiots, n. m. Affiquet, ajustement de femme. Ex. Cette femme a mis tous ses aff,cots, c-à.-d. qu'elle affiche toutes ses parures, colliers, bracelets, épingles, etc. Affidavid, n. m. Afîidavit, déclaration avec serment faite devant uue autorité. DES CANADIENS-FRANÇAIS II Affiler, v. a. et n. — Tailler en pointe, aiguiser. Ex. Mon crayon est mala^/é. — Amadouer. Ex. Pour le convaincre, il faut d'abord Varier. — Se préparer. Ex. Affile-\.o\ pour partir bientôt. — Aligner, mettre à la file. Affirmative (dans 1'). ^oc. — Affirmativement. Ex. Quelle réponse ferez-vous? Je répondrai dans V affirmative , cela vaudra beaucoup mieux. Affligé, e, adj. — Malade. Ex. Une personne affligée des yeux, des oreilles. Affranclier, v. a. — Hongrer, procédé qui vient delà Hongrie. Affranchir, v. a. — Châtrer, hongrer. — Greffer. — Civiliser les nations sauvages, les tirer de la barbarie. Affranchisseur, n. m. — Châtreur de bestiaux. Affronter, v. a. — Tromper impudemment. — Aborder de front, rencontrer face à face. Affûtage, n. m. — Tir à l'affût. Affûteur, n. m. — Tireur à l'affût. Affûts, n. pi. Ruses, dissimulation. Ex. Vos affûts me laissent absolu- ment froid, je saurai m'y soustraire. Afistoler, v. a Arranger, se parer, se mettre beau, rafistoler. — Enjôler. — Raccommoder. — Remettre à neuf. Ex. Afistoler un vieil habit. * Aft. (m. a.) — A l'arrière. (Terme de marine.) Agacer, v. a. — Produire sur les dents une sensation désagréable prove- nant de la saveur aigre ou acide. Ex. L'alun agace les dents. — Emousser une scie. * Agate, (Angl.) Parisienne ou Sédanaise. 5^2 points. (T. d'impr.) 12 LE PARLER POPULAIRE Age, n. f. Age, n. m. Kx. Nous sommes tous deux de la même âge. Age (à bout d')» loc. Très vieux. Ex. Etre rendu à bout d'âge. Age (être en), loc. — Avoir atteint la majorité, l'âge de vingt et un ans. Ex. Maintenant que tu es en âge, tu vas jeûner pendant le ca/ême. Age (hors d'), loc. Très vieux. Se dit surtout des animaux. Ex. Mon che- val blanc est hors d' âge, ménageons-le. Agent, n. m. — Agent de station, chef de gare. — Agent de télégraphe, télégraphiste. — Age7it des Terres de la Coiiroiine, officier préposé à la vente des terres. — Ageiit des passagers, employé préposé au service des voya- geurs. Ageter, v. a. — Acheter. Ageteur, euse, n. m. et adj. — Acheteur. Agets, ajets, n. m. pi. L,es agets sont les douze jours qui commencent avec la Noël pour finir aux Rois ; la température de chacun d'eux sert de pronostic pour les douze mois de l'année qui va com- mencer. Ainsi Noël, c'est janvier, le 26 décembre, février, etc., etc. M. Rivard signale, dans le B. P. F. (v. 2. p. 39-41), que le mot aget s'emploie différemment dans certaines parties de la province de Québec : présage, pronostic, dans la région de St-Hyacinthe ; êtres d'une maison, dans la région du Saguenay et dans le comté de Charlevoix ; comble de la viesure, dans le comté de Dorchester. Aget veut dire habitude, manière d'être. On dit ajeu à Caen, et agi dans le patois de Provence. Age ver, v. a. — Achever. Ex. Cette femme est belle agevée. Agir (en), loc. En user. Ex. Il faudra que tu en agisses bien avec cet DES CANADIENS-FRANÇAIS 13 homme-là, c'est-à-dire que tu t'en serves de manière à le satisfaire. Agoïen, enne, n. m. et f. Acadien. Ex. Ce doit être un agoïen de Madawaska, il parle pas comme tout le monde. Agoniser, v. a. Accabler d'injures, agonir. Ex. C'est une mauvaise langue, il m'a agonisé de bêtises. Agoucer, v. a. Exciter, irriter. Ex. N' agoiice pas le chien, il est malin. Agoucer paraît être une corruption à.' agacer. Agrafe, n. f. — Fermoir d'un livre, d'un porte-monnaie. Agrafer, v. c. — Saisir au passage et retenir. Ex. Cet importun m' a. agrafé, c'est-à-dire, il m'a retenu en s' accrochant à mon bras. — Orthographier. Ex. Un homme qui agrafe mal. Agrains, u- m. pi. Criblures, résidu de ce qui est passé au crible. Agrayer, v. a. Gréer, garnir un bâtiment, un mât," de voiles, poulies, cor- dages. Agréient, n. m. Ingrédient, ce qui entre dans la composition d'un médica- ment, d'une boisson. Agrément, n. m. Plaisir, joie. Ex. Nous avons eu beaucoup de plaisir, sans compter V agrément. Vaugelas avait condamné ce mot qui de son temps, s'écrivait agrec7nent. Agrès, u. m. Engins de pêche. — Outils. — Personne désagréable. — Attelage d'un cheval. Agréyer, v. a.— (V. Agrayer). Agréyer (s'), v. pr. — S'habiller en vue d'une promenade. Agréyer (se faire), loc. — Se faire donner des coups violents. Agréiable, adj.— Agréable 14 LE PARLER POPULAIRE Agrîcher, v. a, — Saisir, mettre les crocs sur une proie quel- conque. Agripper, v. a. — Prendre avidement, accrocher. (Fr. fam.) Agripper (s'), v. pr. — S'agrifFer, s'attacher avec les griffes. Agrouer (s'), v. pr. — S'accroupir. Aguette (d'), loc. En tapinois. Ex. Cette femme marche d'^^?^^'//^. Le vieux français nous a laissé le mot agait, guet, veille, et aguaiter, guetter. Aguettes (aux), loc. Aux aguets. Ex. Notre servante est toujours oaix aguettes pour renifler nos paroles. Agurir, v. a.— Ahurir, ennuyer, troubler. Agurissem*nt, n. m.— Ahurissem*nt. Ahan, n. m. Effort qui essouffle le travailleur, le bûcheur. Aider à quelqu'un. Aider quelqu'un, le secourir, l'assister. Aider à quelq^i' un signifie contribuer à son travail. Aiduille, n. f. — Aiguille. Ex. Une aiduille à laine. Aiduillée, n. f. — Aiguillée. Ex. Une aiduillée de fil. Aigle pêcheur, n. m. — Balbuzard (faucon) de la Caroline. Aigrefin, n. m. — Etre faible, de complexion délicate. Aigrettes, n. f. pi. — Fétu.s du chanvre ou de lin. Aiguillettes (en), loc. En pièces. Ex. En voulant réparer un meuble, je l'ai mis en aigîiiliettes. Aillère, ti. f. — CËillère, dent canine de la mâchoire supérieure. — CEillère, visière. Aillis, n. m — Taillis, broussailles. Aïol, n. m. — Aïeul. Ain, n. m. — Haim hameçon. Air, n. f. S'emploie souvent au féminin, mais à tort. Ex. L'air est fine ce matin, il fait un froid de loup. — Jouer une belle air de piano. DES CANADIENS FRANÇAIS I5 Air, n, m. — Erre, allure, train, vitesse. Ex. Si tu veux sauter plus haut, prend plus d'air. — Arrhes. Ex. Je lui ai donné une piastre d'air. — Souffle. Ex. Impossible d'aller >^n chaloupe aujourd'hui, il n'y a pas un air de vent. — Etre en air, erre disposé, être en veine. Ex. Je suis en air de travailler ce matin. - — Se doyiner des airs, affecter certaines prétentions. — Vivre de l'air du temps, vivre de rien ou de peu de chose. — Monter e7i Pair, monter haut. — Etre en F air, être très gai. — Avoir de l'air, se tromper. Ex. Quelle heure est-il? Il est deux heures. T' en as de T air .' il est quatre heures. — Don?ier un air d'aller, donner un élan. — Perdre so?i air, perdre son aplomb. '^ — Faire de Pair, laisser passer l'air extérieur. Ex. Une croisée c]\nfait de l'air. — Prendre Pair, laisser passer l'air de l'intérieur à l'exté- rieur. Ex. Une pompe qui /r<?«^ /'rtfV. — ^zw> ^^/a/^ji" a/>5, ressembler vaguement. Ex. L'enfant a de faux airs de sa mère. Airer, v. a. Aérer, ventiler. Ex. Aire le salon comme il faut. Airrhes, n. f. p. Arrhes, argent donné à l'avance pour assurer l'exécution d'un marché. Airs, n. m. pi. Etres, aîtres. Ex. Je connais tous les airs de cette maison, c'est-à-dire la disposition des diverses parties d'une maison. Ajambée, n. f. — Enjambée. Ajamber, v. a. — Enjamber. Ajouter à quelqu'un. Ex. Je lui ajoutai, pour j'ajoutai à ce que je lui ai dit. Al, aile, pron. pers. f. Elle, devant une vo3'elle o-\ une h muette. Ex. Aile est allée à la messe. ou u V l6 LE PARLER POPULAIRE Alalime, adv. et adj. — Unanimement. Ex. Notre candidat a été élu alalime. — Unanime. Ex. Etes-vous alalimes pour régler cette question ? Alan, n. m.— Elan. Alarte, adj. f.— Alerte. * Alderman, {al-deur-viaiie). — (M. a.) Conseiller municipal. Alener, v. a. et n. — Anneler, mettre un anneau dans le groin d'un cochon. — Agneler. Alentir, v. a. Ralentir. Molière a employé alentir. Alentir (s'), ^'- pr.— Se ralentir. Alentour, adv. Autour. Ex. Qu'as- tu à rôder alentour de moi ? Il ne faut pas confondre autour avec alentour, dit la grammaire. Alentours (dans les), loc. Environ. Ex. Mon père a dans les alentours de cinquante ans. Algonquin, n. m. — Personne d'apparence bizarre, mal vêtue. — Langage incompréhensible. Ex. Qu'est-ce que tu bara- gouines? Parles-tu V alg07iquin ? Ali, e, adj. Pâte mal cuite. Ex. Ce pain est mal cuit, il est ali. A lieur de, loc. adv. Au lieu de. Ex. Je lui ai recommandé d'aller aux vêpres, a lieur de cela, il est allé au Nickel. Alimal, alimaux, n. m. Animal, animaux. Alise, n. f. — Bourdaine. Alitré, e, adj. Avivé, légèrement enflammé. Ex. Cet enfant a les joues alitrées * AU aboard al-a-bôrde (m. a.) En voiture ! En voiture ! DES CANADIENS-FRANÇAIS 17 Allable, adj. Action d'aller. Ex. Les chemins sont dans un état terrible, ce n'est pas allable. Allant, part. pr. du verbe aller. Bien ou mal disposé à marcher. Ex. Mon cheval n'est pas allant, aujourd'hui. Allant à dire, loc. De nature à laisser croire ou entendre. Ex. Il s'est servi d'une expression allant à dire que j'avais faussé la vérité. Allébore, n. m. — Ellébore. Allège, adj. Eège, à vide, non chargé. Ex. Ma voiture est allège, embar- que tes valises. Allégeance, n. f. — Allégeance. Allégir, V. a. Alléger. Ex. Depuis la dernière fois que je me suis pesé, j'ai allêgi de dix livres. Allégir (s'), V. pron. — Diminuer son fardeau. — Se soulager. Ex. Je lui ai dit ma façon de penser, cela m'a beaucoup allêgi, car j'en avais gros sur le cœur. Allégué, n. m. Allégation. Employé substantivement, le mot allégué a rencontré beaucoup d'adversaires, parce qu'il n'est pas reconnu par l'Académie et qu'il ne se rencontre pas dans les dictionnaires, à l'exception de Eittré. L'usage que nous en faisons en Canada a rendu ce mot presque indispen- sable, et allégué restera. Allemagne, n. c. — Ecole d' Allemagne, école normale. — Argent d'Allemagne. Ex. Cette cuiller est en argent d' Allemagne ; métal qui vient d'Allemagne. Aller, V. n. Ce mot s'emploie dans différentes acceptions : — Ex. Aller sur la soixantaine, avoir dépassé cinquante- neuf ans. — Aller ati prêtre, requérir ses services. 2 l8 LE PARLER POPULAIRE — Aller le train de la blanche, très doucement. — Aller pianwie-piamme, aller petit train. — Aller an contraire, contester, contredire. — Y aller, commencer. Ex. Allons-y, mon cher, l'ouvrage commande. — Aller de trian, de biais. Aller (à), loc. Où aller. Ex. J'ai encore deux places à aller. Aller (s'en), v. pr. — Arriver. Ex. Il s'eji va midi. Etre à l'article de la mort. Ex. Je t'assure que notre malade s'eii va. Aller (se faire), loc. Expédier vite une affaire, un ouvrage quelconque. Ex. Si tu veux réussir, tu as besoin de io: faire aller. Expression populaire emploj-ée, en France, pour signifier berner. Aller d'venir. En sens opposé. Ex. Mon mal part du cou et vient finir dans le bas du dos, frotte-moi avec du liniment aller d'venir. — Course rapide. Ex. J'arrive du marché, je n'ai fait qu'aller d've?iir. ^ AUey, (m. a). — Bille en verre de couleur, boulet. * AU fours, al jôrze (m. a.) — Impériale. (T. de jeu de cartes). Allonge, u. f. Annexe, prolongement apporté à une maison. Ex. Ma maison fait face à la rue Hébert, mais j'ai fait construire une allonge sur la rue Laval. Allonger (s'), v. pr. — Paj-er. Ex. Il a bien fallu qu'il s' allongeât de cinquante piastres. — Se coucher, s'étendre de tout son long. Ex. N'ayant pas de lit pour m'y coucher, je me suis allojigé par terre. Allouance, n. f. — Concession. Ex. Tu me feras bien une petite allouance de cinq par cent. — Réserve, espace de terrain réservé pour les chemins. DES CANADIENS-FRANÇAIS IQ Allumé, adj. Légèrement pris de vin. En France, la même expression s'emploie pour dire être abreuvé. Allumer, v. n. Se reposer. Ex. Pierre, entre donc allumer, nous allons rire. Le mot pipe est évidemment sous-entendu, mais comme la question peut être aussi bien adressée à un pas- sant qui ne fume jamais, le sens de se reposernons paraît le plus rationnel. Allure, n. f. — Démarche. Ex. Voici une personne de belle allure. — Bon sens, entrain. Ex. Cette chanson n'a pas à'alhire, cette danse a beaucoup à' allure. Almenach, n. m. Almanach. Alorsse, adv. — Alors. Alouette branle^queue, n. f. — -Maubèche tachetée. Alouette des prés, n. f. — Maubèche à poitrine cendrée. Alouette pipi, n. f. — Farlouse de la Louisiane. Alouette solitaire, n. f. — Chevalier solitaire. Alphabette, n. f. — Alphabet, n. m. Alsphate, n. m. — Asphalte. Altérage, n. m. — Atterrage, rive glacée d'une rivière. Altère, n. f. — Artère. Alton (fil d'). n. m. Fil de laiton. Autrefois lalon ou leto7i se disait. Alumelle, n. f. — Lame d'un canif, d'un couteau. — Surplis sans manche. Aluminum, n. m. — Aluminium. A maille et à corde, loc. — A bout de ressources. Ex. Ce pauvre diable est rendu à maille et à corde. Clapin cite l'expression à mâts cordes parmi les canadianismes, pour signifier la même chose. — Péniblement. Ex. Travailler à maille et à corde. A main, loc. — Commode, à la main. Amalgamation, n. f. — Fusion, union. 20 LE PARLER POPULAIRE Amalgamer, v. a. Unir, fondre ensemble. Ex. Ces deux compagnies de chemin de fer vont être amalgamées. Amancher, v. a. et n. — Ajuster, mettre en ordre. Ex. Cette femme est bien mal amanchée. — Arranger. Ex. C'est une affaire qui a été mal amanchée. — Tromper. Ex. Ce gars-là m'a amanchêàë. la belle façon. — Emmancher, mettre un manche. — Donner, flanquer. Ex. Baptiste m'a amanché un coup de poing qui m'a fait voir trente-six chandelles. — Aboucher. Ex. Aviaiicher des tuyaux. Amancher (s'), v. pr. — S'habiller. Ex. Il fait un temps de chien, je ne sais vraiment comment \rC amancher. — Prendre ses mesures. Ex. Je vais m' amancher de telle façon qu'il n'aura pas le dernier mot. — S'emmancher. Ex. Je te dis que ça s'amanche pas de même. Amanchure, n. f. — Manière dont une personne ou une chose sont terminées. Ex. Comme tu est mal habillé ! quelle amanchure ? — Affaire mal arrangée et incompréhensible. — Ouvrage mal fait. Amant, n. m. — Aimant. Ex. Voici de la pierre à! amant. Amarinades, n. f. — Marinades, conserves au vinaigre. Amarinages, n. f. — Marinades. Amariner. v. a. — Mettre des légumes en conserves. — Semoncer. Ex. Je me suis fait amarhier par mon père, qui était de mauvaise humeur. Amarrer, v. a. et n. — Attacher. Ex. Amarrer ses souUers. — Arrêter. Ex. Il y a assez longtemps que nous travail- lons, amarrons. — Joindre les deux bouts. Ex. A force d'économie, j'ai fini par amarrer. DES CANADIENS- FRANÇAIS 21 — Avoir égalité de votes. Ex. Nos deux candidats ont amarré, ils ont reçu chacun 2250 votes. Dans le principe, amarrer signifiait préparer un navire pour la mer, et plus tard arranger, mettre en ordre. Amassis, n. m. — Ramassis, amas. A matin, loc. Ce matin. Ex. Crois-tu qu'il fait beau, à matin. Ambiber, v. a. — Imbiber. Ambîne, n. f. Eien fait de branches flexibles qui relie les bâtons d'un traîneau. Ambitieux, euse, adj. — Orgueilleux. Ambition, n. f. — Orgueil. — Rivaliser. Ex. Ils sont tous deux à V ambition, c'est à qui en fera le plus. — Persévérer, être courageux. Ex. C'est un homme qui travaille à.^ ambition, aussi réussit-il. Ambitionner (s'), v. pr. S'entêter, s'efforcer plus que de raison. Ex. Plus je tra- vaille, plus je xTi aynbitionne pour finir plus vite. Amblette, n. f. — Hart tordue pour lier les piquets de clôture. — Carcan de bois qui sert à attacher les bêtes à cornes dans rétable. Ambre, n. m. — Amble. Ambrer, v. n. — Ambler, aller l'amble. Ambreur, n. m. — Ambleur, cheval qui va l'amble. Ame en peine, n. f. Individu qui promène son chagrin un peu partout. Amelette, n. f. — Omelette. Amen. Jusqu'à amen, jusqu'à épuisem*nt. Ex. Je lui ai chanté pouilles jusqii'à amen. Atnen est un mot hébreu. Amendement (en). Comme amendement. Ex. Ex. Nous proposons e?i amen- dement à la motion, les mots qui suivent. 22 LE PARLER POPULAIRE Amener, v. a. Produire. Ex. Puisque tu prétends cela, anùne tes preuves. Américain, n. m. et f. — Citoyen, citoyenne des Etats-Unis. Américanisation, n. f. Acte légal qui rend quelqu'un citoyen de la république des Etats-Unis. Américaniser, v. n. Se faire naturaliser citoj^en de la grande république des Etats-Unis. Amérique, n. f. Pour les Canadiens-Français en général, l'Amérique se con- fond avec les Etats-Unis. Partir pour l'Amérique, c'est traverser la ligne frontière entre le Canada et les E.-U. Ames (les), n. f. pi. Les âmes détenues dans le purgatoire. Ex. Je promets, si je réussis, de faire dire une messe pour les âmes. Ames (les bonnes), n. f. pi. — Les âmes du purgatoire. Amet, n. m. — Lumière, balise, point de repère, jalon. Ameuiller, v. n. — Se dit d'une vache très avancée dans sa gestation. — Arriver au but, finir. Ex. Ameuille donc, termine ton ouvrage. Ami, n. m. — Amis comme cocho?is, amis inséparables, par allusion au cochon de saint Antoine. — Il n'y a pas à dire mon bel ami, inutile d'hésiter. Amiauler, v. a. —Amadouer. Amicablement, adv. — Amiablemeut. Amiqué, n. f. — Amitié. Amlette, n. f. Omelette. Ex. Manger des amlettes au lard. Amollir (s'), v. pr. S'adoucir. Ex. Le temps s' amollit, le froid achève. Ammunition, n. f. Munition de chasse ou de guerre. Amont, adv. — Contre. Ex. Ne grimpe pas amo?it la clôture. DES CANADIENS-FRANÇAIS 23 — Parmi. Ex. Il était amont les autres gars. — Au milieu. Ex. J'ai trouvé un nid d'oiseau amont le blé. Amont (d'). loc. Auprès de. Ex. Veux-tu bien t'ôter à! amont moi ? Amonter (s') v. pr. Monter. Ex. Votre billet s^amo7ite à cinquante piastres. Amorphosé, v. p. Métamorphosé, absorbé dans ses pensées au point d'être comme immobilisé. Ex. Remue-toi donc, es-tu a;«£>;^^t75/? Amouneter, v. a. Admonester. Expression plutôt acadienne, signifiant cal- tner. Amour, n. m. — Tomber en amour, devenir amoureux. — Etre eri amoiir, être amoureux. — Faire Va^nour, faire la cour à une personn^Mu sexe. — Pomme d'amour, pomme d'api. Ampas, n. m. Appât. — Entraves. Liens fixés aux pieds d'un cheval pour gêner sa marche. Lampas. Engorgement de la membrane qui tapisse le palais des jeunes chevaux. Ampâter, v, a. — Amorcer, garnir d'une amorce. Ampouille, n. f. — Ampoule. Ampouler, v. a. — Produire des ampoules, des boursouflures. Amusard, adj. et n. Homme loquace, qui prend du plaisir à perdre son temps et à faire perdre le temps des autres, un musard. Amusem*nt, n. f. Amusem*nt, n. m. Ex. C'est une belle amusem*nt. Amuser (s') v. a. — S'arrêter en route. Ex. Amusons-nous point, le temps presse. — Amuser le temps, perdre le temps en niaiseries. Amuseux, adj. — Amuseur, enjôleur. 24 LE PARLER POPULAIRE — Musard, négligent. Amusouère, n. m. — Amusoire, mo^-en d'amuser. Anales, n. f. pi. Annales. Ex. Je suis abonné aux Anales de la Bonne Sainte-Anne. Anbandon, n. m. — Abandon. Anbandonner, v. a. — Abandonner. Ancanter, v. a. Appuyer, donner une position plus stable et plus confortable. Ex. Ne bouge pas, nous allons M ancanter avec des oreillers» Ancanter (s') v. pr. Se donner une position plus ou moins déclive dans un lit ou un fauteuil. Anchet, n. m. — Appât. — Ver de terre. Ancre (à I') loc. Ne rien faire. Ex. Pierre a perdu sa place, le voilà de nouveau à V aiicre. Ancre de perle, n. m, Nacre de perle. Ex. Un chapelet en ayicre de perle a été perdu dans cette église. Prière de le remettre au bedeau. Ancrer, v. n. — S'asseoir pour longtemps. Andille, n. f. — Anguille. Andouille, n. f. — Individu mou, sans ossature. Ex. Va travailler, espèce Ôl andouille . — Dépe7ideux d' andouilles , v. Dépendeux. Ane, n. m. — Faire r â7ie pour avoir de Pavoitie, feindre d'ignorer une chose pour se la faire redire. — Agir de bonne foi conivie un âiie qui pèie, avec la meil- leure foi du monde. Ange, n. m. — Papillon de nuit. Ange cornu, n. m. Individu, qui sous des apparences angéliques, mérite la défiance. DES CANADIENS- FRANÇAIS 25 * Angel's cake endjele kêke (m. a.) — Gâteau des anges. Angelu, n. m. — Angélus. Angencement, u. m.— Agencement. Angencer, v. a. — Agencer. Angenouiller (s'), v. pr. — S'agenouiller. Anges (gâteau des), n. m. Gâteau léger, très sucré, sous forme d'anneau. Anglaise, u. f. Jouer à l'anglaise (Terme de jeu de balle). Frapper la balle d'une façon particulière et très élégante. Ex. Cet écolier a une belle aiiglaise. Anglification, n. f. Fait de devenir anglais. Ex. Il est souvent question au Canada de V anglificatio7i de la race française. Anglifier (s'), v. pr. S'angliciser. Ex. Les Canadiens- Français n'ont pas l'air décidés de s' anglifier de sitôt. Anguine=brûle, n. f. Cache-tampon. Jeu d'enfants où l'on cache un mouchoir roulé en tampon, que l'un des joueurs doit chercher et dont il frappe, lorsqu'il l'a trouvé, ceux qu'il peut at- teindre. Anguille de roche, n. f. — Ammodyte d'Amérique. Animau, n. m. — Animal. Anis sauvage, n. m. Aralie à fleurs en grappe. Racine aussi grosse que le bras, recommandée comme ingrédient dans la petite bière d'épinette. Anmorcer, v. a. — Amorcer. Anmorphoser, v. a. Métamorphoser. V. Amorphosé. Anmouracher (s'), v. pr.— S'amouracher. Anneau, n. m. Rond, coulant. Ex. Passe-moi donc mon anyieau de ser- viette. Année de la grande noirceur. Il y eut plusieurs noirceurs en Canada, mais la plus célèbre 26 LE PARLER POPULAIRE remonte à l'année 1785 (15 octobre). Ex. Un tel est venu au monde l'année de la grande noirceur. Année du grand choléra. Année 1832, qui vit mourir en quatre mois plus de 3500 personnes. Année du grand dérangement. Année 1755, ^^i a été témoin de la dispersion de nos frères de l'Acadie en terre étrangère. Année du siège. Année 1759. Nos ancêtres faisaient remonter à cette année- là une foule de choses et d'objets antiques. Année fiscale, n. f. Exercice financier qui embrasse une période de douze mois. Dans la Province de Québec, l'année fiscale commence le i" jour de juillet. Années (les bonnes), n. f pi. Dicton populaire, qui veut qu'autrefois les récoltes étaient plus abondantes que celles d'aujourd'hui. Alors c'était l'âge d'or, les bonnes an^iées. Annexion, n. f. Incorporation des Canadiens au peuple de la république des Etats-Unis. Annexionniste, n. m. Partisan de l'annexion du Canada aux Etats-Unis. Annoncer, v. n. Bien paraître. Ex. Cet enfant arinonce bien. Annuiter (s'), v. pron. ■ Se laisser surprendre par la nuit. Expression déjà démodée en France au XVII^ siècle. A noir, loc. Entièrement, complètement. Ex. Nous avons vendu nos gants à noir. J'ai claire à Jioir toute cette marmaille. Anouillère, adj. Se dit d'une vache, lorsqu'elle continue de donner du lait sans avoir de veau. Dans la Vendée, on dit noliere. Nous disons aussi ayioyère, ennay'ère. Anpât, n. m.— Appât. DES CANADIENS-FRANÇAIS 27 Anpâter, v. a. — Appâter. Anpauvrir, v. a. — Appauvrir. Anpauvrir (s'), v. pr. S'appauvrir, perdre sa fortune ou sa santé. Anse, n. m. — Anse, n. f, Ansillon, n. m. Espèce de col de cornue par où l'anguille fait son chemin pour aller s'emprisonner dans un coffre de bois. Antéchrit, n. m. — Antéchrist. * Anticipation, n. f, (Angl.) — Attente. * Anticiper, v. a. (Angl.) — Prévoir. Ex. y anticipe des embarras sans nombre. — Empiéter. Ex. W a7iticipons pas sur nos revenus. — Espérer. Ex. Y ayiticipe un grand succès dans cette affaire. * Antimacassar, n. m. (Angl.) Dossier ou voile de fauteuil. Antiquités, n. f. Antiquailles, vieux objets de plus ou moins de valeur. Anvaler, v. a. — Avaler. * Anxieux, adj. (Angl.) Désireux. Ex. Je suis anxieux d'aller vous voir. Aouène, n. f. — Avoine. Août, n, m. Nous entendons souvent dire a-oût pour oût. Faute de pro- nonciation. Aparcevance, n. f. • — Apparence. Ex. La récolte a une belle aparcevance, — Action d'apercevoir. Ex. La première aparcevance que j'en ai eue, ce fut à l'Auditorium. Aparcevoir, v. a. — Apercevoir. Aparçu, n. m. — Aperçu. Aparément, adv. Apparemment. Apart, n. m. Réserve. Ex. Je ferai un apart de cinq piastres pour toi seulement. 28 LE PARLER POPULAIRE A part de, loc. adv. Excepté, à part. Ex. Personne ne viendra au lac, à pari de Jean, de toi et de moi. Apartement, adv. Apertement, au juste. Ex. Je ne sais pas apartement s'il viendra. Apçon, n. m. — Hameçon. Apetisser, v. a. — Rapetisser. A pic, loc. Susceptible. Ex. Cette femme est à pic, il faut s'en défier. Aplatir, v. a. — Battre, donner une très forte leçon. Aplatir (s'), v. pron. S'abaisser, s'humilier. Ex. S aplatir devant les grands de la terre. A plein, loc. adv. Beaucoup. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à l'assem- blée ? Il }'• en avait à plein. Aplomb, n. m. — Avec force. Ex. Je lui ai porté un coup aplomb. — Perdre son aplomb, se laisser aller au découragement. — Prendre son aplomb, reprendre ses sens, sortir d'un état de faiblesse. Aplomber (s'), v. pr. — Se mettre d'aplomb. Ex. S' aplomber sur sa chaise. — Prendre ses précautions. A poil, loc. A cru. Ex. Je suis allé à cheval, mais j'étais à poil. Apola, n. f. — Ragoût d'alouettes. Mot sauvage. Apologie, n. f . — Faire des apologies, faire excuse. Apothèque, n. f. — Hypothèque. Apothéquer, v. a. — Hypothéquer. Apothicaire, n. m. Pharmacien. Ex. C'est un compte à' apothicaire que vous m'avez fait, c'est-à-dire, un compte sur lequel il y aurait beaucoup à rabattre. Appareiller, v. a. et n. — Préparer, habiller. Ex. Marguerite, appareille le petit pour sortir. DES CANADIENS-FRANÇAIS 29 — Egaler, Ex. Cet homme est difficile à appareiller. — Dresser. Ex. Marie, appareille la table pour le dîner. — Apparier. Ex. Appareiller une paire de bas, de gants. — Comparer. Ex. Il n'y a pas moyen de mieux appareiller ce gros homme qu'à une barrique. Appareiller (s'). ^'- pron. Se préparer à partir. Ex. Ma femme, appareillons-nous pour le bal du Gouverneur. Apparence (d'). loc. Vraisemblablement, selon les apparences. Apparence que, loc. D'après l'apparence. Ex. Appare^ice <\Vi\\ va faire beau ; il va faire mauvais, apparence. Appartement, n. m. Pièce. Ex. J'ai une maison à louer ; il y a cinq appar- tements, je puis ne vous en louer qu'un seul. Appelable, adj. Sujet à appel, en terme de jurisprudence. Ce mot ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie, ni dans plusieurs autres grands dictionnaires, cependant le B. P. F, dit qu'il est français (III, p. 30). Appeler, v. a. — Convoquer. — Donner. Ex. Monsieur, Jean m'appelle des noms. Appelle (qui s'), ^oc. En règle, bien défini. Ex. Pierre a reçu une raclée qui s' appelle. . . Appétit, n. m. Désir de posséder. Ex. Cet homme est prêt à tout sacri- fier pour Y appétit de quelques piastres. * Applicant, n. m. Candidat, solliciteur. Ex. Il y a au moins vingt-cinq appiicafits à la charge de gardien de nuit. (Angl. ) * Application (faire), loc. Faire une demande. Ex. Je vais faire application pour obtenir la place de messager. (Angl.) Appliquant e, adj. — Qui exige beaucoup d'application. 30 LE PARLER POPULAIRE * Appliquer, v. n. — Faire une demande d'emploi. (Angl.) Appoint, n. c. — L'heure favorable. Ex. Je suis las d'attendre ses a/»/»^z>i/y. — Avantage. Ex. C'est un grand appobit que la réussite de cette affaire. * Appointement, n. m, — Rendez-vous. Ex. J'ai un appointemejit avec le ministre des terres pour deux heures. (Angl.) — Nomination. Ex. J'ai reçu mon appointement à raison de cent piastres par mois. — Commodité. Ex. Attendre les appointemoits de Pierre et de Jacques. * Appointer, v. a. (Angl.) — Nommer. Ex. Le docteur Isambart a été appointé coroner. — Fixer un rendez-vous. Ex. Je lui ai appointé un jour et une heure pour une entrevue. Apport, n. m. — Etre à son apport, être à son compte. * Appraiser, v. a. — Evaluer, , estimer. (Angl.) * Appraiseur, n. m. — Estimateur. (Angl.) Approbation, (en) loc. A l'essai, sous condition. "Ex. J'ai acheté un chapeau eyt approbation. Approchants (dans les), loc. Approximativement. Ext Cet animal pèse dans les appro- chants de trois cents livres. Approche, (faire 1') Sonder le cœur d'une jeune fille. Ex. Pierre a l'intention de se marier, il vient de fai}e l'approche de ma sœur Adèle. Approcher, v. a. Faire des propositions. Ex. Au sujet de ce que je t'ai communiqué, as-tu approché ton frère. Appropir, v. a. — Rendre propre. * Appropriation, n. f. Argent, crédit voté par les corporations ou les gouverne- ments. Ex. Nous serons payés à même les appropriations. de l'année courante. (Angl.) DES CANADIENS-FRANÇAIS 3t * Approprier, v. a. — Affecter à un certain usage. (Angl.) Appui de chaise, n. m. Tringle en bois fixée au mur pour le protéger contre le frottement des chaises. Apre ! int. — Juron sans conséquence. Après, prép. — Poursuivre. Ex. Il est toujours après moi. — A. Kx. On est après travailler. — L,e long de. Ex. Montons après le mur. — Sur. Ex. Vous avez de la peinture apr'ès votre habit. Accotons-nous après la clôture. — Par derrière. Ex. Ferme la porte après toi. — Présence. Ex. Attends après moi. — Occupation. Ex. Il est apr'ès manger. Bossuet et Racine ont écrit : Je suis après à conclure. Pen- dant qu'on était après à me saigner. Après vient-il d& pressas, serré contre, ou du 'sanscrit para, en arrière, et param, ensuite ? Après (d'), loc. Selon. Ex. D' après moi, il fera beau demain. Après (en), loc. — Ensuite. Ex. Ceux-là viendront bien en après. Après (par), loc. Enstyte, après. Expression française, mais bien vieillie. Apse, n. m. Asthme. Ex. Je souffre de Vapse depuis deux ans. A pu près, loc. adv. — A peu près, environ. A quat'pattissem*nt, n. m. Le fait d'être à quatre pattes devant les pouvoirs publics, a fait naître ce barbarisme qui n'a pas d'égal dans la langue, à l'exception peut-être du mot struggleforlifcr dont les Canadiens-Français ne sont pas responsables. Aquer, v. a. — Amorcer un hameçon. Aquette, n. m. — Hoquet. — Acquêt. Aragan, n. m. — V. Ouragan. 32 LE PARLER POPULAIRE Araignée, n. f. — Avoir une araigyiêe aii plafond, n'être pas sain d'esprit. Expression correspondante à la locution latine musca in cerebro citée par Du Cange. — Saxifrage sarmenteux. Plante de serres ou d'apparte- ments, cultivée dans un pot suspendu. A ras, loc. adv. Tout près. Ex. Mon verre est plein à ras le bord. — Coupe cette tige à ras terre. — J'ai coupé la queue de mon chien tout à ras je t'en prie. Arbe, n. m. — Arbre. Arboutant, n. m. — Terrain qui aboutit à un autre. — Propriétaire du terrain. — Aboutissant d'une terre. Arbre de vie, n. m. Cèdre blanc, ou thuja d'Occident ; se trouve dans la région du lac Saint-Jean, et sert à la fabrication du bardeau. Arcades, n. f.-;— Galeries de côté dans une église. Arcajou, n. m. Acajou. Ex. Tous mes meubles sont en bois à' arcajou. Arce, n. f. — v. Arse. Arche, n. f. Arc de triomphe, Ex. C'est demain la procession du Saint- Sacrement ; on a construit deux arches sur la rue St-Jean. Archette, n. f. — Archet. Archibête, adj. Très bête. Ex. Pierre est bête, mais Jean est archibête. Archidiocès'e, n. m. — Diocèse à la tête duquel se trouve un archevêque. — Province ecclésiastique sous la juridiction d'un arche- vêque. Arcompter, v. a. — Recompter, compter de nouveau. Arçon, n. m. — Garçon. Ex. Viens ici, mon petit arçon. Ardille, n. f. — Argile. Au moyen âge on disait â!r(ûfrî7/(f, am//<f. Ardilleux, n. m. et adj. — Argileux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 33 — Orgelet, petite tumeur inflammatoire qui se forme au bord des paupières, en forme de grain d'orge. — Orgueilleux. Ardoiser, v. a. — Couvrir en ardoise. Arèche, n. f. — Arête de poisson. Ex. J'étouffe, j'ai avalé une arèche. — Pièce du parement d'un quai. ■ Aregnée, n. f. — Araignée. A revoir, loc. — Au revoir. Arganeau, n. m. Organeau, anneau de fer où l'on attache un câble. Argardable, adj. — Qui mérite d'être regardé. Argardant, part. — Regardant. Argarder, v. a. — Regarder. Argent, n. m. — Jcnier à V argent^ risquer de l'argent au jeu-. — Argent de papier, papier monnaie. — Argent dur, monnaie d'argent. Argent, n. f. Argent, n. m. Ex. Est-ce de la bonne argeiit que vous avez là ? Argent mignon, n. m. — Argent que l'on garde au coffre. Argenté, adj. Riche. Ex. C'est un homme à l'aise, je t'assure qu'il est argeyitê. Argenteries, n. f. pi. Argenterie. Ex. Je fais encan, et je vendrai toutes mes argenteries. Louise, frotte donc nos argenteries. Argents, n. m. pi. Argent, fonds, deniers. Ex. Il vit à même les argents du public. Argot, n. m. — Ergot. Ex. Joseph est monté sur ses argots, il devient difficile de lui parler. Argot et ergot se disaient également bien au XVI* siècle. — Ergot de seigle. Argoté, adj. — Ergoté. Ex. Un coq bien ar^(7/<?. 34 LE PARLER POPULAIRE Arguer, v. n. — Argumenter, plaider. Arias, arrias, n. m. — Embarras, contrariété. Ex. Mes enfants me causent bien du arias. — Attirail. Ex. Emporte tous tes arias avec toi. — Tumulte. Ex. Entends-tu le tapage des enfants ? Quel arias épouvantable ! ^ En France anas s'emploie bien dans le sens de tracas. Ex. Que d'ajias ! Le vieux français disait arie. Aridelle, n. f. — Ridelle. * Arlepape, n. m. (Angl.) — Hornpipe, danse écossaise. "^ Arlepatte, n. m. (Angl.) Autre corruption du mot anglais hornpipe, danse très en vogue autrefois parmi nos Canadiens. Arlevée, n. f. — Relevée. Ex. J'ai travaillé toute V arlevêe. Arlovée, n. f. — V. Arlevée. Armanach, n. m. — xVlmanach. Armette germain, adj. Issu de germain. Corruption de maître germain, cousin germain. Armière, n. f. — Ormière. Armise, n. f. — Remise. Armoire montante, n. f. Monte-plats ou monte-charge hissant les plats de la cuisine à la salle à manger. Armoniaque, n. f. Ammoniaque. Ménage dit : (f L'usage veut qu'on dise ar/«^- niac, les Italiens disent de même armojiiaco. Richelet disait, en 1680, sel armoniac.^^ (Observ. sur la langue française.) Arouser, v. a. — Arroser. Arousoir, n. m. — Arrosoir. Arouter, v. a. — Routiner, former par la routine. Arouter (s'), v. pr. — S'accoutumer, s'habituer. Aroutiner, v. a. — Accoutumer, habituer. Aroutiner (s'), v. pr. S'habituer, prendre l'habitude de quelque chose. DES CANADIENS-FRANÇAIS 35 Arpentage, n. m. Levée des plans. Ex. Pierre va faire Vàrpeniage de ma terre. Arpenteur, n. m. Arpenteuse, chenille des phalènes dite géomètre. Ces che- nilles dépourvues de pattes au milieu du corps, ne mar- chent qu'en se rapprochant les extrémités de manière à se recourber le corps en forme d'un U renversé. Arrache=braquettes, n. m. Petit instrument en fer servant à arracher les broquettes. Arracher (en), loc. Eprouver de grandes difficultés. Ex. Les nouveaux colons ont une grosse besogne à remplir, je te prie de croire qu'ils €71 arrachent. Arracher (s'), v. pr. Se tirer d'embarras. Ex. Il travaille tellement, qu'il finira par s^ arracher. Arracher (se faire). Se faire enlever de force. Ex. Je me suis fait arracher pour accepter son invitation. Arracher (se m'). Disputer la présence. Ex. On m'invite de droite et de gauche, enfin on se m'arrache. Arracheur de dents, n. m. — Menteur. Arracheux bon=temps. — Roger Bon-Temps. V. ce mot. Arrachis, n. m. — Arbre arraché. — Partie de forêt dont les arbres ont été dévastés par un ouragan. — Branchages emplo3'és comme bois de chauffa*ge par les fabricants de sucre d'érable. Arrainement, n. m. Mise en accusation, au terme de la cour criminelle. Vieux mot français introduit, comme bien d'autres, dans la pro- cédure anglaise au temps de la conquête de l'Angleterre par les Normands. En le refrancisant, nous ne faisons que prendre notre bien, notre butin, comme disaient 36 LE PARLER POPULAIRE les Normands, et comme nous disons nous-mêmes. Le verbe araisnier, cité par Godefroy, est un ancien mot qui signifiait adresser la parole, accuser, assigner. C'est bien l'origine du mot anglais arraignmeni. On avait dans le même temps le mot araisnement, action d'adresser la parole. Arrangeant, adj. De composition facile. Ex. Un homme bien arrangeant. Arrangement, n. m. — Conciliation. Ex. C'est un homme à' arrangemeyit. — Arrangement d'hiver, d'été, service d'hiver, d'été sur les voies ferrées. Arranger, v. a. — Réparer. Ex. Fais donc arranger ton habit. — Mettre quelqu'un à sa place. Ex. Il s'est fait arranger de la belle façon. Arranger (s'), v. pr. — Se parer, s'habiller pour sortir. Ex. Arrange-toi de ton mieux pour aller à l'église. — Se tirer d'embarras. Ex. A rrafige-toi comme tu pourras, je n'}^ peux plus rien. Arrangeur, n. m. Ouvrier qui répare. Ex. Voilà V arrange2ir de parapluies qui passe, faisons-le entrer. Nous disons aussi, un arran- geur d'horloges, de montres. Arraroute.— Arrow-root. (Angl.) Arrestation, n. f. Arrêt. Ex. Le juge a lancé un mandat à.' arrestatio7i. Arrêt, n. m. Repos. Ex. Cet homme n'a pas à.' arrêt, il remue toujours. Arrêter, v. n. — Attendre. Ex. Arrête, je ne serai pas absent bien longtemps. — Cesser. Ex. Arrête de me chanter poidlles. Arricot, n. m. — Pruche. Expression acadienne. Arriérages, n. m. pi. Arrérages. DES CANADIENS-FRANÇAIS 37 Arrière, n. m. Retard. Ex. Ma montre prend de V arrière. Ce locataire a de V arrière sur son loyer. Arrimer, v. a. — Arranger, réparer, Ex. Arri7ne-vao\ donc le toupet, que j'aie l'air de quelque chose. — Battre, malmener. Ex. Je me suis fait arrimer pro- prement, — Habiller, accoutrer. Ex. Mon tailleur m'a arrimé de son mieux. — Avancer, se hâter. Arrimer (s'), v. pr. — S'habiller. Ex. Arrima?! s -nous de notre mieux avant de partir. — Se placer, s'installer. Ex. Les sièges sont remplis, tâchons de nous arrimer autrement. — Se mettre d'accord. Ex. Nos deux amis finiront par s'arrimer, ils ont trop de bon sens. Arisée, n. f. Risée. V. ce mot. Le cheval qui se lance avec vitesse, poussé par son conducteur, prend alors une arisée. Risée se dit plutôt Q^Vi' arisée, mot cité par Clapin. Arriver, v. n. — Obtenir une belle position. Ex. Cet homme est enfin arrivé à force de travail. — Concorder. Ex. J'ai vérifié les deux comptes, mais ça n'arrive pas. Arriver avec quelqu'un.— L'égaler, lui tenir tête. Arroser, v. a. — Arroser un marché, boire en le concluant. Arroser (s'), v. pr. — S'arroser la lueite, le gosier, boire. * Arrow=root, arorout. (m. a.) Fécule comestible tirée des racines de la marante, du cur- cuma, etc. Mot usité en France. Arse, n. f. — Espace, place. Ex. Veux-tu me donner plus d'arji?? — Il n'y a pas à' arse à se mettre. — Faites de V arse, là-bas. Arsoir, adv. — Hier soir. Marot a écrit hersoir. 38 LE PARLER POPULAIRE Artichcux, n. m. — Bardane. Artifailles, n, f. pi. — Afficôts. V. ce mot, Artisse, u. m. — Artiste. Arupiaux, n. m. pi, — En,'piaux, oreillons. Arvenir, v. n. — Revenir. As de pique, n. m, — Propre à rien. — Etre planté qiielque part comme 2i7i as de piqîie, se tenir debout de manière à gêner son voisin. A seule fin. Afin. Ex. Je t'ai fait demander à seule fin que tu règles ton compte. Asile, n. m. Hospice d'aliénés. Ex. Cet homme est fou, mettez-le à l'asile. C'est un craqnê, il est mûr pour V asile. Asparge, n. f. — Asperge. Aspargès, n. m. — Aspergés. Aspect, n. m. Apparence. Ex. Les récoltes ont un bel aspect. * Aspersions, n. f. pi. Attaques malicieuses, diffamation. (Angl.) Assaiye, n. m. Essai. Ex. Nous allons te mettre à V assaiye. Assayer, v. a. — Essayer. * Assaut, n. m. — Voie de faits. (Angl.) Assavoir, v. et conj. — Savoir. Ex. Je vous écris pour vous faire assavoir de mes nouvelles. — Savoir. Ex. Ils étaient deux, assavoir Jacques et Jean. Molière s'est servi de ce mot dans son Tartufe: " Le bal et la grand'bande, assavoir deux musettes. " Assemblée, n. f. Faufilage. Ex. Fais donc une assemblée pour que je puisse terminer ma couture. Assembler, v. a. Faufiler, faire une fausse couture à longs points. DES CANADIENS-FRANÇAIS 39 Assermentation, n. f. — Prestation du serment. — Action d'assermenter quelqu'un. Assermenter, v. a. Attester par serment. Ex. Son témoignage a-t-il été asser- 7nentê ? Assesseur, n. m. — Estimateur ofi&ciel. Asseyer, v. a. — Essayer. Assez, adv. — Tellement. Ex. Ai-je été assez bonasse que je l'ai cru sur parole ? — Assez bon. Ex. Michel est assez poète. Assinabe, n. f. Grosse pierre employée par les sauvages pour retenir au fond de l'eau un filet, une seine. Assination, n. f. Assignation. Ex. Nous allons jouer aux cartes, mais pas à.' assination, s'il vous plaît. Assiner, v. n. Tricher au moj-en de signes. Ex. Nous allons jouer au quatre-sept, mais il est défendu ^ assiner. Assir, V. a. — Asseoir. Ex. Tais-toi ou je vais t'assir. Assir (s'). V. p. S'asseoir. Ce mot est fort en vogue. Ronsard a dit : «Assi- sons-nons sur cette molle couche. « Assistance, n. f. Présence. Ex. Je suis allé à la conférence du juge Routhier, V assis fa?ice de mille personnes rendues pour l'écouter, lui fait honneur. Assistant, n. m. — Adjoint. Ex. Je vais de ce pas chez V assistant-commis- saire des terres. — Assistant-bibliothécaire , sous-bibliothécaire. Assister (s'), v. pr. — S'asseoir. Ex. Assistez-vous, monsieur. Associé, n. m. — Compagnon, ami. Associer avec, v. a. S'associer avec. ,) 40 LK PARLKR POPULAIRE Assommant, adj. Accablant. Ex. Cet orsiteur donne des raisons assommantes. Assommer, v. a. Abattre l'esprit. Kx. T^a perte de sa fortune l'a assommé. Assouer, v. a. Actionner, intenter un procès. Expression acadienne. Assumer, v. a. — Prendre charge. Ex. Il a assumé ma dette. Astérique, n. m. Astérisque, signe typographique en forme d'étoile * pour indiquer un renvoi, une lacune, etc. Astheure, loc. adv. A cette heure, maintenant, à l'heure présente. La Roche- foucauld, l'homme aux maximes, a écrit : Pour ne vous pas mentir, je me suis fort tourmenté qu'il serait bon d'être assuré asteure de ces affaires que d'attendre davan- tage (Lettres, 24.) La Boétie écrivait astheure. Mon- taigne a écrit asture. Astination, n. f. — Obstination. Astiner, v. n. — Obstiner. Ex. J'astine pas. Astiner (s'), v. pr. — S'opiniâtrer à vouloir faire une chose. Atoca, n. m. — Canneberge à gros fruits. Atosset, n. m. Nom sauvage d'un poisson que l'on trouve dans les eaux du lac Saint-Jean. Atout, n. m. Agréments, qualités extérieures, attraits. Ex. Voilà une femme qui a beaucoup d'atout. En Normandie, le mot adous signifie ornements, parures. A tout de reste, loc. adv. Quand même, de toutes ses forces. Ex. Il veut cela à tout de reste. A toute, loc. adv. — Aussi bien que possible. A toute éreinte, loc. adv. De toutes ses forces. Ex. Travailler à toute éreinte. Attache, n. f. — Attachement, affection. Boileau et Racine se sont servi de ce mot pour exprimer la même idée. DES CANADIENS-FRANÇAIS 4I — Lien. Ex. Mets des attaches à ton chapeau. Attaque, n. f. — Jouer à V attaque. V. Tague. Attaquer, v. a. Meurtrir, dans un état voisin de la corruption. Ex. Cette pomme est attaquée, mets-la de côté. Attation, n. f. Attention. Ex. Je te dis que le feu d'artifice durant les fêtes de Champlain a été beau, attation ! Attelage, n. m. Harnais. Ex. Mets V attelage sur le dos du cheval. Attelée, n. f. Forte dépense de travail. Ex. Puisqu'il y a tant à faire, donnons une bonne attelée. Atteler, v. a. — Mettre le harnais au dos du cheval. Ex. Baptiste, attelle la grise sur le quat' roues ? — Assujétir quelqu'un, le maîtriser. Ex. En voici un que y attellerai au premier jour. — Mettre dans une impasse, dans de mauvais draps. Attelles (dans les), n. f. pi. — Traîner une existence pénible. Ex. Il est dans les attelles. — Faire un grand effort. Ex. Il va falloir tirer dans les attelles, la besogne est raide. * Attendre pour quelqu'un. Attendre après quelqu'un. (Angl.) Attends bien (f). Tu me comprends. Attifiaux, n. m. pi. — Attifets. Attigner, v. n. Forcer beaucoup. Attikkameg, n. m. Poisson blanc. Nom d'une ancienne tribu sauvage canton- née sur la rivière Saint-Maurice. Attirer, v. n. Faire suppurer. Ex. Sur ton clou (furoncle), mets un cata- plasme de graine de lin, ça attire bien. 42 LE PARLER POPULAIRE Attisée, n. f. Un bon feu. Ex. Il commence à faire froid, nous allons faire une petite attisée. Attorney, n. m. Procureur chargé de représenter une partie en justice. Vieux mot français atome. I^^'atorné, à Compiègne, est un magistrat élu pour trois ans à la Saint- Jean-Baptiste. Attraper, v. a. — Atteindre: Ex. J'ai a/Z^-a// mon but. — Déshonorer. Au, art. — L,e. Ex. Nous pa.rtirons au premier de mai. — De. Ex. Une salade an poulet. — Du. Ex. Voici le livre au père Lemoine. Aubarge, n. f.— Auberge. Aubargiste, n. m.— Aubergiste. Aubel, n. m. Aubier. Aubel se disait jadis. Aucun, adj. — Tout, n'importe quel. Aucun temps (en), loc. adv. En tout temps. Ex. Tu pourras venir en aucun temps. Aucun autre, loc. adv. — Tout autre. Audience, n. f.— Auditoire. * Auditer, v. a. — Vérifier les comptes. (Angl.) * Auditeur, n. m. Celui qui vérifie, examine les comptes. (Angl. ) * Audition, n. f. — Vérification des comptes. (Angl.) Auge, n. m.— Auge, n. f. Augmentation, n. f. — Partie de paroisse nouvellement an- nexée. Ex. 'Li' augmentation de Somerset. Augurer, v, n. — Avoir belle ou mauvaise apparence. Ex. Cette affaire augure mal. Auieu de, loc. adv. — Au lieu de. Aujord'hui, adv. — Aujourd'hui. Au Jour d'aujourd'hui, loc. adv. Aujourd'hui même. Ce mot se décompose en quatre autres, dont deux, jour et hui ont la même signification. DES CANADIENS-FRANÇAIS 43 Aumône, n. f. Aumône. Ex. Faire Vajimone aux pauvres qui passent. Aunage, n. m. — Aunaie, lieu planté d'aunes. — Branche d'aune. Auparavant, adv. Avant. Nous devons nous habiller chaudement auparavayit que de nous mettre en route. Auparavant moi, loc. — Avant moi. Au ras. V. A ras. On peut dire aie ras de l'eaji, de manière à être de niveau avec la surface de l'eau. Auripiaux, n. m. pi. — Oreillons. Aussi. . . comme, loc. adv. Aussi. . . que. Ex. Il est aiissi instruit ccnmne toi. Autant comme, loc. adv. Autant que. Ex. J'exigerai azifa?ii com??ie vous. Autant comme autant, loc. adv. Tant et plus. Ex. Je l'ai réprimandé aidant comme autant, et rien n'y fait. Autant (en) que, loc. adv. Autant que, en tant que. Ex. En aidant que je m'en sou- viens, c'est vrai. Autant dire, loc. On peut dire, pour ainsi dire. Ex. Autayd dire que ma fortune est compromise. Aute, adj. Autre. Ex. C'est une aide paire de manches. On trouve aide dans l'ancien français. Authentiquer, v. a. — Rendre authentique. Mot vieilli. Aux environs, loc. Près de. Ex. Il est aux environs de quatre heures. Avachi, n. m. — Paresseux. Avachir, v. u.— Rendre lâche, paresseux. Avachir (s'), v. pr. — Devenir lâche. Avalanche, n. f. Troupe, ribambelle. Ex. Une avalanche d'enfants à in- 44 LE PARLER POPULAIRE struire. — As-tu vu sortir les écoliers du séminaire ? Quelle avalanche ? Avalange, n. f. Avalanche. Avance (à T). loc. adv. / D'avance, par anticipation. Ex. Je vais te payer ^ /'az^a;?^^. Avance (d'), adv. — Vif, prompt à la besogne. Ex. Cet homme n'est pas (T avance. — Des patates A' avance. V. Patates. Avancé, n. m. Allégation, assertion. Ex. Je vais répondre à tous ses avancés. Avancer, v. a. — Approcher. Ex. Avance donc cette chaise pour que je m'y asseoie. — Commencer à se corrompre. Ex. Ce bifstek est pas mal avayicê. Avancer à quelqu'un. Fournir des fonds. Ex. Avance-vaoï donc cinq piastres, j'en ai un grand besoin. Avances, n. f. — Racontars. Ex. Je n'ai que faire de tes avarices, cela ne prend pas. — Arrhes. Si tu veux que je corrige tes épreuves, donne- moi des avances. Avant, adv. et n. — Profondément. Ex. Creuse avant, si tu veux trouver de l'or. — Aller trop vite. Ex. Ma montre prend de V avant. Avant (venir de 1'). Briguer les suffrages. Ex. As-tu entendu dire que notre ami vient de V avayit pour les Communes. Avant (en), loc. — Briller. Ex. Cet élève est en avant de sa classe. — Prévoir, savoir par avance. Ex. Un tel est eyi avant de son temps. DES CANADIENS- FRANÇAIS 45 Avant (par), loc. Avant. Ex. Il est venu par avant moi. Avant-z=hier, loc. adv. — Avant-hier. Avarde, adj. f. Avare. Ex. Cette femme est avarde. Avaricieux, euse, adj. Avare qui lésine sur tout. Avarie, n. f. — Malheur, dommages. Ex. Si nous n'avons pas à' avarie^ nous serons bientôt prêts à partir. — Besoin imprévu. Ex. En tout cas A' avarie, emportons nos parapluies. Avarse, n. f. Averse. Ex. Il tombe une avarse à boire debout. Avé, prép. — Avec. Ex. Viens az^/ moi. Avec, prép. — Par. Ex. Je vais partir avec les chars. — De. Ex. Que faire «zj^c cela ? — Dans. Ex. Je n'ai rien à voir avec cela. — Envers. Ex. Je suis quitte avec lui. — De même. Ex. Il est resté coi, et moi avec. — Partir avec pas le sou, sans argent. Aveindre, v. a. Atteindre difficilement. Ex. Cet objet est très élevé, tout de même je vais essayer de V aveindre. Aveindu, p. p. Aveint. Ex. Ee docteur a eu de la misère à m' arracher une grosse dent malade, finalement il l'a aveindue. Aveine, n. f. — Avoine. Avenant, adj. part. Advenant. Ex. Avenant le jour où tu voudras me voir, je serai là. Avenante (à I'). loc. adv. — A l'avenant. Avenir, v. n. — Convenir. Ex. Cet habit lui af^Vw/. A venir jusqu'à, loc. adv. Jusqu'à. Ex. Il s'est bien comporté à venir jusqu' au jour d' aujourd^ hui. 46 I.E PARLER POPULAIRE Avention, n. f. — A merveille, Ex. Cet orateur parle comme une avention. — Dextérité. Ex. Voilà un enfant qui ira loin, il est plein à^ aventions. Aventionner, v. a. Inventer. Ex. Cet ouvrier est très habile, il ne cesse pas à^ aventionner quelque nouvelle machine. Aventionner (s'), v. pr. Se mettre dans l'idée. Ex. Aventionne-toi pas que tu puisses me blaguer, je connais tes trucs. Avents (les), n. m. p. L' Avent. Ex. Voilà les Aveyits qui arrivent, l'hiver va com- mencer. En France, on dit les avents des grands prédica- teurs. Aventurer (s'), v. pr. Aller loin. Ex. J'arrive du lac à la Galette, je me suis même aventicré un peu plus loin. Avérage, n. m. Borne mo3^enne, vraie et admise. Ex. Ma terre m'a rap- porté depuis trois ans trois cents minots de blé en avêragc. Averdingle, n. f. — Avatie. — Insulte, affront. Avéré, adj. Avéré, reconnu vrai. Ex. C'est un fait av^ré que nous sommes en temps d'élection. Avertisation, n. f. — Avertissem*nt. Aveuc, préî?.— Avec. Aviron, n. n. Pagaie. E' aviron est une rame d'embarcation ; la pagaie se manie s^ns qu'on l'appuie à l'embarcation. Avis, n. m.— M'est avis, je suis à! avis. * Aviser, v. a. — Conseiller. Ex. Je vous aviserais de ne pas présenter cette loi devant les Chambres. (Angl.) — Regarder. Ex. Examine sérieusem*nt ton affaire, avise- la de près. DES CAXADIENS-FRAXÇAIS 47 * Aviseur, n. m. — Conseiller. (Angl.) Avisse, n* f. — Vis. Avisser, v. a. — Visser. Avocasser, v. a. Défendre, appuyer une théorie. Le mot avocasser était l'une des expressions favorites de Sir George-Etienne Cartier. Nous trouvons dans Godefro}' le mot avocassage pour signifier l'art de plaider, la profession d'avocat, et avocacion, plaidoyer, office d'avocat. L'Académie a admis avocasserie, en 1877, et avocasser est français et signifie exercer obscurément la profession d'avocat. Avoine, n. f. Paire manger de V avoine à quelqu'un, le fait d'un jeune homme qui courtise une jeune fille avec plus d'avantage que tout autre. Avoir, V. aux. S'emploie dans une foule de locutions assez typiques. — Avoir le bras long, faire sentir son influence très au loin. — Avoir du sable dans les yeitx, s'endormir, c'est l'homme au sable qui passe. — Avoir du paiii sur la planche, avoir de l'argent de côté. — Avoir du chieji, être brave, courageux. — Avoir des mots, se disputer. — Avoir mal aiix cheveux, avoir la migraine le lendemain d'une noce. — Avoir V estomac dans les talons, avoir une grande faim. — Avoir les côtes sur le long, être paresseux. — N'avoir pas inventé la poudre , être imbécile. — N' avoir pas inventé les bouto7is à quatre trous, même sens. — N avoir pas la langiie dans sa poche, parler beaucoup. Avons (j'), V. aux. ,Nous avons, j'ai. Expression très en vogue chez les Aca- diens. Avons ? V. aux. Avez-vous ? Dans la farce de Pathelin, nous lisons : Avons mal aux dents, maistre Pierre ? 48 LE PARLER POPULAIRE Avri, n. s— Avril. Avril (poisson d*)- Courir le poisson d'avril, c'est aller à la recherche d'une chose qui n'existe pas. Ayau, n. m. — Noyau. Ayère, n. f, — CEillère, dent. — CEillère, visière. Azur, n. m. — Azur, Ex. Bleu comme Vâzur. Babiche, n. f. Lanière étroite de cuir, de peau d'anguille, etc. Ex. Four- nir quelqu'un de cuir et de babiche. Babicher, V. a. — Corriger. Ex. Cet écolier s'est fait babicher sérieuse- ment par son maître. — Dire des paroles dures. Babine, n. f. — Avoir la babine dépendue, pleurer. Babines (ruine=), n. f. Petit instrument de musique à bouche dont se servent les enfants pour s'amuser plutôt que pour en tirer des sons harmonieux. Il s'en trouve cependant qui parviennent à en tirer des airs connus. Bâbord, n. m. Courir de bord et bâbord, de bord à bâbord, aller d'un côté et de l'autre. Babouin, e, n. et adj. — Enfant turbulent. DES CANADIENS-FRANÇAIS 49 * Baboune, n. f. (Angl.) Personne munie de lèvres épaisses, avec toutes les apparences de l'idiotie. Du mot anglais baboon, babouin. Bac, bacq, n. m. Auge, petite cuvette. Son diminutif baquet est aussi fran- çais ; vient de l'allemand back, qui signifie toute espèce de vase. * Bachelier, n. m. Garçon à marier. Ex. Il y aura à Québec, le i8 du mois courant, un grand bal donné par les bacheliers de cette ville. Traduction du mot anglais batchelor. Bâcher, v. a. Travailler sans soin. Ex. Cet ouvrier bâche tout ce qu'il entreprend. Bâcheur. n. m. — Celui qui bâche de l'ouvrage. Bachot, n. m. — Bateau de rebut. '^ Back=board,— <^^r^<?, (m. a.) Attelle avec dossière pour protéger la poitrine. * Back=door, — dore, (m. a.) — Porte de derrière. * Backgammon, — gavimeime, (m. a.) Trictrac, jeu qui se joue avec des dames et des dés, sur un tableau divisé en deux compartiments. * Back=store, n. m., (m. a.) Arrière-magasin, arrière-boutique. Bacon, — bêk-oime, (n. m.) Viande de porc fumée et salée. On disait autrefois en France baconer pour saler. Bacon n' est donc pas un mot emprunté à la langue anglaise. Notre manière de le pro- noncer lui donne l'apparence anglaise. Bacul, n. m. Barre de travers que l'on met en avant d'une charrue ou d'une voiture, qui forme une croupière aux bêtes de trait. Vient de baadus, bâton. * Badge, n. f., (m. a.) — Insigne. * Badloque, n. f. (Angl.) Malchance, infortune. Ex. Je suis dans la badloqtie. De l'anglais bad luck. 4 50 LE PARLER POPULAIRE * Badloqué, e, adj. TAngl.) Malchancheux. Ex. Il n'y a personne de plus badloqué que moi. * Bâdrage, n. m. (Angl.) Ennui, tracas. De l'anglais 3c'//i^r, ennui. * Bâdrant, adj. (Angl.) — Ennuyeux, assommant. * Bâdrement. n. m. (Angl.) — Même sens que hâdrage, * Bàdrer, v. a. (Angl.) Ennuyer. Ex. Ne viens pas me bâdrer. * Bâdrerie, n. f. (Angl.) Même sens que bâdrement et bâdrage. * Bâdreux, euse, n. et adj. (Angl.) Ennu3-eux, importun. Ex. Il 5' a toujours quelque ^aûfr,f2^;t: qui vient me faire perdre mon temps. Bafouiîler, v. n. Bredouiller, parler comme si on avait la bouche pleine. Expression française, mais familière. Backer, v. n. — V. Baquer. Bâfrer, v. pron. Manger goulûment et avec excès. * Bagage (chambre à), n. f. Consigne. De l'anglais hagage-room. * Bagage (char à), n. m. Fourgon. De l'anglais haggage-car. * Bagamenne, n. m. Trictrac. Corruption de l'anglais backgammon. Bagatelle, n. f. Trou-madame. — Jeu qui consiste à faire passer de petites boules d'ivoire dans des arcades numérotées. Bagne ! Onomatopée en parlant d'une affaire soudaine. Ex. Bagne! il est tombé à plein ventre par terre. Bagosse, n. m. Mauvais whiskey, préparé en cachette. Etoffe de poil de bœuf tissée sur de la laine. — Chose commune en général. (B. P. F.) Bagnère, n. f .— Bannière. DES CANADIENS-FRANÇAIS 5I Bagou, n. m. Verbiage, bavardage effronté. Ce mot n'est pas reconnu par l'Académie. Bagoulard, n. m. Bavard, un homme qui parle beaucoup pour ne dire que des sornettes. Ne se trouve pas dans le Dict. de l'Acad. Bagouler, v. n. Bavarder, parler à tort et à travers. * Bague d'engagement, n. f. — Anneau de fiançailles. Baguette, n. f. et int. — Interjection d'usage fréquent. Ex. Bagiœîic ! que c'est beau ! — Jalon, (terme d'arpentage). Baguetter, v. a. Poser des baguettes. Oudin et Cotgrave donnent à baguetter le sens àe. frapper avec tcne baguette. Baguettes de tambour, n. f. pi. — Jambes frêles. Baille, n. f. Petite cuve employée dans l'industrie du ^z^m<?r ou fabricant de suc7-e d' érable. Bailler, v. a. Donner. Ex. Baille-nioi cette morue. Expression plutôt acadienne. Bâille, n. m. Bâillement. Ex. J'étais présent quand il est mort, j'ai vu son dernier bâille. Bâiller, v. n. Bayer. Ex. Il est là qui bâille aux corneilles. Bâillette, n. f. Bâillement. Ex. Tu t'endors, mon enfant, tu commences à faire des petites bâillettes. Bailli, n. m. Huissier. Ce mot était en vogue autrefois, et l'on pronon- çait bailli. Bain, n. m. Baignoire. Ex. Va donc chercher le bain pour le nettoyer, Baisage, n. m. — Action de se faire duper, tromper en affaires. 52 IvE PARI.ER POPULAIRE Baise=la=piastre, n. m. Avare, mesquin. Ex. C'est un dur baise-la-piastre, il peut tondre sur un œuf. / Baiser, v. n. / — Duper, attraper. Ex'. Il s'est fait baiser dans son affaire. — Baiser les portes, sortir, être chassé de la classe, du collège. Baissant, n. m. Reflux, jusant. Ex. I^ous irons nous baigner au commen- cement du baissant. Bai.ssière, n. f. Enfoncement dans une ^erre labourée ; l'eau des pluies y est retenue. Bal, n. m. — Faire le hal, faire beaucoup de tapage. Bal à gueule, n. m. Réunion où l'on danse sans musique, au son de la voix, seulement. Bal à l'huile, n. m. Réunion où il ne se fait d'autre dépense que l'huile qui sert à éclairer la salle. Balader (se), v. p. Marcher en affectant un certain air d'importance. Ex. Voici madame la Pompadour qui passe, se balade-t-elle un peu? Baladeuse, n. f. Femme ou fille qui se balade à travers les rues. Balai (petit), u. m. Vergette. Les Montagnais de Tadoussac appelaient le Père jésuite La Brosse la Grande Vergette : le Père avait dû les inspirer lui-même à propos de cette appellation. Balan, n. m. — Hésiter, être en suspens. Ex. Je suis en balati si j'irai passer l'été à la campagne. — Manque de solidité. — Balancement. Ex. Le balayi de la branche l'a fait tomber de l'arbre. Balancille, n. f.— Balançoire. Balanciller, v. n.— Se balancer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 53 Balancine, n. f. — Balançoire, siège suspendu entre deux cordes et sur lequel on se balance. — Bascule, longue pièce de bois mise en équilibre sur un point d'appui, et sur laquelle se balancent deux personnes placées aux deux bouts. Balanciner, v. n. — Se balancer. Balanner (se), v, pron. Aller et venir pour se faire voir. Balcon, n. m. Berceau entouré de verdure. Espèce de tonnelle. Balestron, n. m. Perche qui sert à tendre la voile dans une embarcation. Balet, balette, n. m. — Branche de cèdre ou d'épinette dont on fait les balais. — Aller au balette, aller couper des branches dans les bois pour en fabriquer des balais. Figutêment, aller au diable. Ex. Va-t-en au balette, au plus vite. — Foii comme balette, stupide. — Cheveux taillés e?i balet, coupés en carré et un peu long sur la nuque. Balier, v. a. Balayer. Ex. Marie, balte \z. place, c'est-à-dire le parquet. Le Dict. de Trévoux dit : «Il ne faut point se ser\-ir de ce mot.)) Cependant il a toujours été emploj^é, et il l'est encore à Amiens ainsi qu'au Canada. Balieux, euse, n. et adj. — Balayeur, balayeuse. Balise, n. f. — Petit arbre tiré des forêts. — Erables, sapins, épinettes qui servent à orner les chemins ou les rues à l'occasion de fêtes publiques. — Petit* arbres plantés dans la neige pour guider les voya- geurs. Baliser, v. a. — Poser des balises le long des chemins et des rues pour une fête nationale, ou pour l'arrivée d'un évêque en tournée pastorale. 54 I.E PARLER POPULAIRE — Indiquer le chemin à suivre en hiver au moyen de balises plantées dans la neige ou dans la glace. Baliures, n. f . pi. — Balayures, ordures ramassées avec le balai. * Ballast, n. m. (m. a.) — Sable ou pierre concassées qui servent à empierrer les chemins. — Lest d'un navire. * Ballaster, v. a. (Augl.) Poser des pierres concassées, du sable, du gravier sur les voies ferrées pour maintenir les traverses soHdes. Balle, n. f. — Partir raide comine une balle, partir très vite. Balleux, euse, adj. Personne qui fréquente assidûment les bals. Ballon, n. m. — Vaste jupon bouffant, crinoline. ^ Balloune, n. f . — Bulle de savon. Mot anglais, balloon. Balusse, n. f. Balustre, (n. m.) Ex. Allez vous agenouiller à la bahisse. S'emploie souvent au féminin, bien que balustre soit mas- culin. Balustre, n. f. Balustrade, rangée de balustres unis par une tablette. Bambocher, v. n. Faire une vie de débauche, de ripaille. L'Académie ne connaît pas le verbe ba?nbocher, mais bien bamboche, batnbo- chade et bambocheur. Bambocheur, n. et adj. — Qui bamboche. Banc, n. m. — Magistrature. Ex. L'avocat Désy a été appelé à monter sur le bayic. — Cour de justice. Ex. Le banc est au complet. Le petit banc. — Gradin, tabouret, escabeau. Banc de brume, n. m. — Brouillard. Banc de neige, n. m. Amoncellement de neige occasionné par le vent qui, soule- vant la neige, la transporte comme de la poudre : d'où le mot poudrerie. V. ce mot. DES CANADIENS- FRANÇAIS 55 Banc>==lit, n. m. Meuble à double usage. Fermé le jour il sert de siège pour s'asseoir ; ouvert la nuit, on y couche comme dans un lit, Le mot anglais bed, d'usage fréquent, sert bien à distin- guer le banc-lit de tout autre meuble. Bandage, n. m. Embatage, posage d'une bande de fer qui serre une roue pour la tenir en état. Bande, n. f. Corps de musique, de musiciens. Quelques-uns récriminent contre l'emploi du mot bande dans ce sens. Molière a dit : « la bande des musiciens.» Ce mot a dû être importé de France en Angleterre, comme l'a prétendu Blain de Saint- Aubin dans V Opinion Publique. Le même ajoute -que ce mot a été emprunté par les Français aux Italiens. Il paraît certain que bande, dans le sens de corps de musi- que, est du bon français, mais, comme le mot a vieilli, il vaut peut-être mieux dire corps de musique, comme on dit aujourd'hui en France. — Bandage herniaire. — Avoir de la ba?ide, se dit d'un bâtiment qui penche d'un côté. — Prendre de la ba?ide, même sens. Bandelière, n. f , — Bandoulière. Bander, v. a. — Armer, Ex. Ton fusil est-il bajidê, fais attention ? — Raidir. Ex. Bande bien serrée la corde de ton arbalète. * Bandeur, n. m. (Angl.) Moulinet ou bâton sur lequel on passe une corde pour la serrer en tordant. De l'anglais binder. Bangl int,— Coup, Pif! Paf ! Pan! V, Bagne. * Bank=note, 7iôte, (m, a.) Billet de banque. * Banne, n, f. Bande, Ex. Il y aura de la bamie, ce soir, sur la terrasse Dufferin. De l'anglais <5â:;/ûf, Banneau, n. m, — Charrette garnie de planches dont on se sert pour trans- LE PARLER POPUI^AIRE porter le charbon, les détritus de la rue et des caves. Diminutif de banne. — Sellette carrée des harnais de travail. Banque, n. f. — Crête d'un fossé, d'un canal. Ne vient pas de l'anglais hank, quoique les deux mots comportent la même signifi- cation. — Tire-lire des enfants. Banqueroute, n. f. — B. ho7inête, qui ne nuit pas à la réputation du failli. — B . frauduleuse , punie par la loi. Le mot banqueroute signifie faillite et, en France, ne com- porte pas de divisions. * Banqueter, v. a. Donner un banquet. Ex. Nous allons banqueter notre nou- veau maire. (Angl.) Banqueter signifie prendre part à un banquet. Banqueteur, n. m. Celui qui aime à fréquenter les banquets. Ce mot était admis jadis. Baptême, n. m. — Voiture qui transporte à l'église ou qui en ramène le parrain, la marraine et l'enfant. Ex. As-tu vu passer le beau baptê^ne ? — Juroa fréquent. Ex. Baptême, que tu m'embêtes ! Baptêmer, v. n. — Baptiser. — Blasphémer. Baptêmeux, n. m. — Oui blasphème à tout propos. Baptiser, v. a. — Donner des sobriquets. — Jeter de l'eau à la figure. — Couper le lait avec de l'eau. Baptiste, n. m. Nom donné à tout Canadien-Français. Ex. Paie, Baptiste ! Baquer, v. a. et n. — Reculer, céder, lâcher. Ex. Nous allons nous entendre DES CANADIENS-FRANÇAIS 57 pour tâcher d'arriver au pouvoir, mais ne baque pas. — Aider. Ex. Je vais te baguer, si tu veux me prendre avec toi pour mener cette affaire à bonne fin. Baquet n'est pas un anglicisme, comme on l'a écrit. On l'emploie encore dans l' arrondissem*nt de Valognes(France) comme ici pour signifier plier, céder. Backer était français autrefois et signifiait reculer, céder. On a écrit que ce mot vient de l'islandais bagaz qui veut dire être empêché, être changé de position. Baqueur, n. m. — Celui qui aide quelqu'un dans une opération financière ou autre. — Celui qui recule devant les difficultés. * Bar, n. f. (m. a.) — Comptoir de restaurant, de buvette. Ex. Tu me rejoin- dras à la bar du Frontenac. — Bar, n. m. En France, le mot bar est masculin et s'em- ploie dans le même sens qu'ici. Baranguer, v. n. Parler à tort et à travers. Expression très usitée autrefois dans la région de Montréal. Barattée, n. f. Contenu d'une baratte, avant ou après la confection du beurre. Ex. J'ai à faire une grosse barattée de beurre. En France, une barattée désigne le liquide qui reste au fond de la baratte quand le beurre en a été extrait. Barauder, v, a. et n. — Aller et venir en tous sens. Ex. Les chemins sont glis- sants, la voiture baraude beaucoup. — Fureter un peu partout, sans s'arrêter nulle part. Ex. Qu'est-ce que tu baraudes dans le grenier? — Remuer un objet massif sur son centre ou de côté, pour le changer de place. — Flâner, se promener sans but arrêté. Ex, J'ai baratidé dans les rues toute l'après-midi. Barauder (se), v. pr. — Se promener sans but arrêté. 58 I«E PARl,fîR POPULAIRE — Marcher en se dandinant. Baraudeux, euse, n. — Baraudeur, euse, qui aime à flâner. Barbe de Capucin, n. f. Nigelle de Damas, appelée aussi Cheveux de Vénus. Plante d'ornement. Barbeau, n. m. — Larve d'œstrides, Ex. Mon cheval est malade, il a des barbeaux. — Barbeau de cuisine, le kokerlac, appelé caffard en France. — Tache d'encre, pâté. — Poisson dont se sert le pêcheur de morue. Barbeau=volant, n. m Hanneton. Barbis, n. f. Brebis. Ex. C'est la barbis du Bon-Dieu que celui-là. Barbette, n. f. — Poisson, genre des silures, qui ne diffère de la barbue que par sa queue qui est carrée au lieu d'être fourchue. — Tasse de lait dans laquelle on a mis tremper du pain. Barbouiller, v. a. Donner des nausées. Ex. Ce fricot me barbouille le cœur, chaque fois que j'en mange. Barbouiller (se), v. pr. Se gâter. Ex. Ee temps se barbouille, nous aurons de la pluie bientôt. Barbue, n f. Poisson de nos rivières, de la famille des Siluroïdes. Ees savants l'appellent V Idalarus Jiigricans. Bardasser, v. n. — V. Berdasser. Bardasserie, u- f. — V. Berdasserie. Bardasseux, n. et adj. — V. Berdasseux. Bardassier, n. et adj. — V. Berdassier. Bardatter, v. a. — Couvrir de bardeaux. — Poser des bardeaux. (B. P. F.) Bardeau, n. m. — Casse de fonte, casseau; réserve dans laquelle on dépose DES CANADIENS-FRANÇAIS 59 les caractères d'imprimerie inutiles à raison de leur multi- plicité. — Béret d'universitaire. — // lui mayique tin bardeau, il a l'esprit faible. Bardi=barda, loc. adv. V. Berdi-barda. Bardoiser, v. a. — Couvrir de bardeaux. Bardoller, v. a. Couvrir de bardeaux, dans le langage des Acadiens. Barène, n. f. Marelle, jeu consistant à sauter à cloche-pied dans un rec- tangle tracé sur le sol et partagé en diverses cases, en pous- sant d'une case dans l'autre une pierre, un palet. Barer, v. a. Donner. Ex. Veux-tu me barer quinze centins pour mon porte-monnaie ? Bargagner, v. n.— Commercer, trafiquer. Bargagneux, n. et adj . — Qui se livre à toute espèce de négoces. Bargaine, n. m. Marché. Ex. Je viens de faire un beau bargaine. Bargui- gne, vieux mot français, signifiait commerce, marché. On trouve bargaïnne. Bargainer, v. a. et n. — Commercer, trafiquer, faire du bargaine en général. — Echanger. Ex. Veux-tu bargainer ta montre avec la mienne ? Bargou, n. m. — Gruau. Barguigner, v. n. — Hésiter, se décider difficilement. Ex. Il n'y a pas d^bat- guig7ier, il faut que tu me remettes l'argent que je t'ai prêté, — Marchander. Moi j'achète sans barguigner. Bar-keeper, kipeur, (m. a.) — Cabaretier. Barlan, n. m. Brelan. Ex. Jouons ce soir au barlaîi de pommes. Barley, n. m. Orge mondé ou perlé. Ex. Ce pain est fait de barley. 6o LE PARLER POPUI.AIRE Barley n'est pas la traduction anglaise d'orge perlé. C'est un mot français par lui-même ; on le trouve dans l'ancien langage français. Barline, n, f . — V. Berline. Barloque, n. f . — Breloque. Ex. Une vieille barloque. Barlot, n. m. — V. Berlot. Barlue, n. f. — Berlue. Barnèche, n, f. — Barnache, oie marine, à bec court et menu. Barniques, n. f. pi. — V. Berniques. Barouche, n, f. — Voiture de famille, participant à la fois du caractère du carrosse et de la malle-poste. — Vieille voiture. — Toute chose vieille, liors de service. Barouette, n. f. — Brouette. Barouettée, n. f. — Brouettée. Barrabas à la Passion. Etre coiuiîi comme Barrabas à la Passion, être connu de tout le monde. Dicton conservé par le patois normand. * Barrack, (m. a.) — Caserne. Barre à tonnerre, n. f. — Paratonnerre. Barre du cou, n. f. Cou. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, je vais te casser la barre dzi cou. Barre du Jour, n. f. Point du jour. Allusion au pâle sillage qui paraît à l'hori- zon, aux premiers feux de l'aurore. Barreau, n. m. Trictrac. Ex. Maintenant que nous sommes tannés de jouer aux dames, faisons une couple de*parties àe barreau. Barreauter, v. a. — Poser des barreaux. Barreautin, n. m. Petit barreau, diminutif de barreau. Barreaux qui unissent la rampe aux degrés d'un escalier de bois. * Bar=room, {roum) (m. a.) — Buvette, estaminet. Barres (jouer aux), loc. Jeu de course pour enfants. DES CANADIENS-FRANÇAIS 6l Barré, adj. Tacheté, bigarré. Ex. Voilà une belle vacbe barrée. D'où le nom de barrette donné souvent aux vaches barrées. * Barrenn'se, n. f. — V. Barène. Ex. Jouer à la barremVse. Barrer, v. a. Fermer à clef, au moyen d'une serrure ou d'un cadenas. Ex. Barre la porte, barre la valise, barre la commode, etc. Barrettée, n. f. Le contenu d'une barrette. Dans certaines églises de cam- pagne, on faisait autrefois la collecte au moyen d'une barrette. Barrique, n. f. — Ivrogne invétéré, dont l'haleine rappelle l'odeur qui s'é- chappe d'une barrique vide de liqueur forte. — Plein comme une barrique, ivre. Barrure, n. f. Carré où l'on attache les chevaux et les vaches dans les écuries. Bas, n. m. Pas, le seuil. Ex. L,e bas de la porte est tout usé, il faudra y voir. Bas=côté, n. m. Appentis, petit bâtiment adossé contre un grand. Bas=de=soie, n. m. — Sobriquet donné aux Irlandais. Bas=percé, n. m. — Dépensier, qui n'a jamais le sou. Bas (descendre en), loc. — Aller dans un étage inférieur. Ex. Desceyids en bas me chercher mon chapeau. — Aller dans le bas du fleuve. Ex. Vas-tu desceyidre e7i bas dans le courant de l'été ? Bascule (donner la), loc. Jeu d'enfants qui consiste à saisir la victime désignée d'a- vance et à lui frapper le dos sur un mur autant de fois qu'elle a d'années révolues. C'est une manière de célé- brer les anniversaires de naissance parmi nos collégiens. Basculer, v. a. — Renverser un véhicule mobile sur son axe. 62 LE PARLER POPULAIRE — Se faire rouler d'un côté ou d'un autre au milieu d'une foule remuante. * Baseball, n. m. bêse-bâle, (m. a.) Balle aux champs. Ex. Le jeu de baseball est très en vogue par le temps qui court. * Basem*nt, n. m. besetriente, (m. a.) Soubassem*nt, sous-sol. Basir, v. n. — Disparaître, être perdu. * Basse=carte, n. f. Corruption de V z.n^'SiÀs post-car d, carte-postale. Bassine, n. f. Urinai, vase à col relevé où les malades urinent. Bassinée, n. f. Contenu d'une bassine. Bastinguer, v. a. — Battre. Bastonais, n. m. Bostonais, citoj'en de la ville de Boston. Sous le régime français les Bastonais, c'est-à-dire les Anglais de la Nou- velle-Angleterre, étaient fort redoutés de nos Canadiens. * Bat, batte, n. m. (m. a.) — Crosse, battoir, bâton, maillet. Bataclan, n. m. Attirail, ameublement. Ex. Prends ton bataclan et quitte ma maison. Batacta7i, d'après Timmermans, voudrait dire moulin faisant claquer son traquet, dit batacle, d'où par méta- phore, train, remue-ménage, branlebas. * Batch, n. f. (m. a.) — Fournée, tas. Batèche. — Juron très répandu dans le peuple. Bâtiments, n. m. pi. Ecuries, granges. Ex. Cours vite aux bâtiments atteler la grise. Bâtir, V. a. Construire pour l'usage de quelqu'un. Ex. C'est l'entre- preneur Earoche qui va bâtir monsieur Earochelle. Bâtir, V. n. — Fortement charpenté. Ex. Cet homme est bien bâti, il doit être fort comme un cheval. DES CANADIENS-FRANÇAIS 63 — Prendre de l'embonpoint. Ex. As-tu rencontré Henri, il commence à bâtir. Bâtir (se), v. pron. Construire une maison, une résidence. Ex. M. le curé va se bâtir pour se mettre chez lui quand il abandonnera sa cure. Bâtisse, n. f. Bâtiment, édifice. Ex. Les bâtisses du parlement viennent de passer au feu. Bâtisse (jouer à la), loc. Jeu de carte très en vogue chez les tout petit* enfants. Ils se bâtissent en or, en argent, etc., etc. Batiste, n. f. Lustrine. La batiste est une toile très fine, d'un tissu très serré ; elle diffère de la lustrine, tissu de coton employé pour la doublure des vêtements. Bat=Ie=diable, n. m. Individu plein de ressources et dangereux de toute façon. Bâton=b!eu, n. m. — Connétable, suisse. Bâton=de=crême, n. m. — Bâton de sucre. Bâton (tour du), u. m. Tour de bâton, profit illicite. D'après Borel, cette expres- sion serait formée de bas et to}i, parce que lorsqu'on veut faire un gain injuste on ne le dit qu'à voix basse (d'un bas ton) à l'oreille des personnes qu'on met dans ses inté- rêts. Battable, adj. Qui peut être surpassé en valeur, en qualité. Ex. Voici un ^as qui n'est pas hattable. Batte=feu, n. m. — Briquet. — Individu remuant. Batterie, n. f. Partie d'une grange où l'on bat les grains, les céréales au moyen du fléau. Batteur=de=faux, u. m. Oiseau qui, à l'époque de la fenaison, fait entendre un chant 64 LK PARLER POPULAIRE comparable au son que retire le faucheur de sa faux en l'aiguisant. Battée, n. f. — Grande quantité. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à l'assemblée? Oui, il y en avait une battée. — Chaudronnée. Ex. Je viens de terminer une battée de savon, de sucre. — Airée, nombre de gerbes qui peuvent être battues d'une seule fois. Batteux, n. m. — Machine pour battre le blé. Battois, n. m. Battoir, instrument avec lequel on bat le linge. Battoué, n. m. — Battoir. Battouète, n. m. — Battoir. Battre, v. a. — Remuer. Ex. Empêche donc la porte de battre au vent. — Battre à plate couture, remporter une victoire complète. — Battre la campag?ie, délirer, déraisonner : jeu de phrase pour battre la canipa7ie, carillo7iner. — Battre le blé, égrener les épis en les frappant. — Battre covime blé, battre sans se lasser. — Battre quatre as, ne pouvoir être surpassé. — Battre la coinète, même sens. — Le diable bat sa femme, le soleil luit à travers un ciel plu- vieux. Battre (se), v. pron. — Se battre la gueule, se dit d'un individu qui discourt lon- guement et à tue-tête. On devrait dire se battre de gueule, — Se battre les flancs, cherche à se donner du courage. Battu, part. pas. de battre. — Etre malade. Ex. Cet homme est battu du rhumatisme. — Etre surpassé en qualité. Ex. Ici l'on vend des huîtres qui ne sont pas battues^ Batture, n. f. — Rivage laissé à découvert à la marée basse. Ex. La batture aux loups-marins. — Glace formée sur les rives du fleuve. DES CANADIENS-FRANÇAIS 65 Bauche, n. f. — Course très vive. Ex. Mon cheval a fait dix lieues d'une seule bauche. — Travail rapide, dans un temps limité. — Course entre hommes. Ex. Veux-tu tirer une bauche avec moi. Baucher, v. n. — Courir vite. Ex. Nos chevaux ont lutté de vitesse, je t'assure que ça bauchait. — Travailler vite. — Courir pour s'amuser. Ex. Veux-tu que nous bauchions tous deux ? Baudet, n. m. Lit de sangle. Ex. De mon temps, au collège, nous couchions sur des baudets. Baume, n. m. Pimprenelle, plante aromatique qui croît sur le bord des chemins. Baume du Canada, n. m. Baumier de Giléad; c'est la gomme de sapin, dont on faisait autrefois une térébenthine en usage dans la peinture et le vernis. Bavaloise, n. f. Pont de culotte, dite à la bavaloise ou bavaroise. Ce mot indiquerait que la mode en a été empruntée à la Bavière. Bavaroise se dit également. Bavardement, n. m.— Bavardage. Bavassage, n. m. — Bavardage. Bavassem*nt, n. m. — Bavardage. Ex. Encore une affaire qui va soulever des bavassemeîits à n'en plus finir. — Propos désobligeants. Bavasser, v. n. — Bavarder. Ex. Quel homme dangereux ? Il bavasse à la grande journée. — Dénoncer, faire des rapports. Ex. Cet écolier passe son temps à bavasser au maître. 5 66 LE PARLER POPULAIRE Bavasserie, n. f. — Bavarderie. — Rapport, dénonciation. Bavasseux, euse, n. et adj. — Bavard, qui aime à parler. — Rapporteur. Baver sur quelqu'un, loc. — Dire du mal de quelqu'un. Bavures, n. f. pi. — Bave, matières vomies. * Bay rhum, n, m., hê-rome, (m. a.) lyOtion alcoolique pour les cheveux. * Bay=window, (m. a.) — V. Bow-window. Bazir, v. n. — Disparaître. Expression acadienne. * Beam, Mme, (m. a.) — Poutre. * Bean, bhie, (m. a.) Haricot. Ex. Aimes-tu les bea7is, toi ? Oui, les bea7ts au lard. * Beater, bîier, v. a. (Angl.) — Surpasser, l'emporter. V. Biter, Béatis, n. m. pi. Béatilles. Petit* morceaux de viande, rejetés dans l'apprêt des mets, et dont tire parti une économie bien entendue. Beauté (une), n. f. — Beaucoup mieux. Ex. Pierre écrit utie beauté mieux que Jean. — Un grand nombre. Ex. Y avait-il beaucoup de monde au concert ? Il y en avait iine beaicté. * Beaver, n. m., biveiir. (Angl.) Chapeau de castor, haut de forme. Bébelle, n. f. — Jouets d'enfants. Ex. Voici le jour de l'an qui approche, nous allons visiter un magasin de bêbelles. — Histoires. Ex. Ne me fais pas de bêbelles. Bébelleries, n. f. pi. — Jouets d'enfant. Bec, n. m. Gibier. Expression usitée par les chasseurs pour déplorer l'absence du gibier. Ex. Pas un bec aujourd'hui. — Donner un bec, un baiser. DES CANADIENS- FRANÇAIS 67 — Taire son bec, cesser de parler. — Se rincer le bec, le gosier. — Cela m'a passé devant le bec, cela m'a été refusé, j'ai man- qué l'occasion. — Un chapeau à bec, chapeau fermé. — S'affiler le bec pour parler, se préparer à faire un discours. — Faire le gros bec, montrer de la répugnance à faire une chose. — Tomber le bec à Peau, rater une affaire. — Avoir du bec, de la jasette. — Avoir le bec carré, avoir de la difficulté à parler, à raison du froid qui a raidi les muscles de la mâchoire. Bec de corneille, n. m. Petite moule comestible, de forme allongée, et dont la coquille ressemble au bec de la corneille, d'où son nom. Becco (de), adv. De trop peu, de moins qu'il ne faut. Ex. Voici un bas de becco, dépareillé. I,ocution très usitée dans le comté de Kamouraska ; vient du Perche. On entend dire souvent de bécoite, et heccotte, un bas bécotte. Bec=fin, n. m. Personne qui fait la grimace sur tous les mets qu'on lui sert. Bec=sucré, n. m. — Bouche mielleuse. — Personne qui aime beaucoup le sucre. Bêché, adj. — Eclos. Ex. Mes poulets sont X.qms b'èchés. Bêcher, v. a. — Becqueter. Bèchetêe, n. f. — Le contenu d'une bêche. Bêcher, v. n. Tomber la tête la première. Ex. Prends garde de béc/ieron courant trop vite. * Bécouite, n. m. (Angl.) — De l'anglais buckwheat, sarrasin. Becquer, v. a. — Becqueter. Ex. Becque-mo\, mon petit. Bec=scie, n. m. — Harle d'Amérique. * Bed, n. m., (m. a.) Banc-lit. Ex. Toi, tu coucheras ce soir dans le bed. V. Banc-lit. 68 LE PARLER POPULAIRE Béda, n. m. — Cochon mâle. Expression acadienne. Bédainer, v. n. — Bedonner, prendre du ventre. Bedonner, v. n. — Prendre du ventre. Français familier. Bédame, bindame. Mais. Ex. Aimes-tu cela ? Bindame, ça dépend. Bédane, n. m. Bec-d'âne, outil tranchant de charron, de menuisier, pour creuser des mortaises. * Bedder, v. a, (Angl.) — Poser. Ex. Bedder Vi^o. \\\.rQ.. — Asseoir, fixer. Ex. Bedder une pierre sur son lit de mortier. (B. P. F.) Bedeau, n. m. — Faire quelque chose en bedeau, travailler avec soin. — Le trou du bedeau, la fosse dans un cimetière. * Bee, bi, n. m. (m. a.) Corvée. Ex. Faisons un bee pour éplucher du blé d'Inde. Béguer, v. a. — Bégaj-er. Bégueux, n. m. et adj. — Bégayeux. Beigne, n. m. — Beignet. Beignet, adj. et n. Benêt, homme peu intelligent. Ex. Les ^«jf^i^/^ de Sainte- Rose. Sobriquet tombé en désuétude. Belle (en), loc. — Avoir e7i belle, avoir beau jeu, être situé favorablement pour faire une chose. Ex. Tu as e7i belle, sauve-toi. — Prendre son en belle, saisir l'occasion favorable. Ex. Je saurai bien prendre mon en belle, quand l'occasion se pré- sentera. Nous disons encore attendre son e?i belle, pour signifier la même chose. M. Chauveau, dans les Notes qui suivent ses Légendes, écrit : « Embellie est un terme de marine, c'est un changement favorable dans le temps, dans l'at- mosphère ; on profite d'une embellie pour mettre à la voile. De là peut-être l'avoir embelle ou avoir embelle.» II est plus rationnel de croire que, dans le cas présent, belle est substitué à beau, avoir belle pour avoir beau. DES CANADIENS-FRANÇAIS 69 Belle (avoir) loc. — Avoir beau. Belle (faire la), loc. Enfant que l'on fait tenir debout avant qu'il ait appris à marcher. Se dit aussi d'un chien que l'on fait asseoir sur son train de derrière. Belle (paru), loc. Echappé belle. Ex. 1q.V 21 paru belle. Belle=Angélique, n. f. Plante aromatique cultivée dans nos jardins. Belle heure, loc. Longtemps. Ex. Il y a belle heure que je suis arrivé. Belle heure (à), loc. Heure indue. Ex. Tu arrives à belle heure, toi. Béloné, n. m. — Gros saucisson. Beluet, n. m. — Bluet. Belzamine, n. f . — Balsamine. Ben, adv. Bien, Ex. Nous sommes ben ici, restons-y. Bénane, n. f . — Banane. Bénifice, n. m. — Bénéfice. Béniquer, n. m. — Bénitier, Bénissoué, n. m. Goupillon. Ex. M. le curé nous a bénis avec son ^/«m^z^/. Ber, bers, n. m. Berceau. Quelques-uns ont cru que le mot ber était une corruption de l'anglais bar. Le D' Devron a écrit dans les Comptes rendus de l'Athénée Louisianais (janvier 1888), que ce mot est usité en Louisiane dans le sens de berceau, et il cite les Mémoires de la Mère Tranchepain, l'une des premières religieuses ursulines fixées à la Nouvelle-Or- léans, pour faire voir qu'elle a été importée de France. Le docteur écrit ber et non pas bers. Cependant on trouve bers dans le Roman de la Rose pour signifier berceau. Berçante, n. f. — Berceuse. Berceau, n. m. — Partie d'une charretée de foin, du fond de la charrette à la hauteur des ridelles. 70 LE PARLER POPULAIRE — Tonnelle en verdure. Ex, Allons nous mettre à l'ombre dans le berceau^ au fond du jardin. Berceuse, n. f. Chaise berceuse. Ex. La berceuse de ma grand' mère. Berdas, n. m. — Nettoyage, ménage de maison. Ex. As-tu fait ton berdas, ce matin ? — Bruit, tapage. Ex. Quel berdas est ça ! j'aila tête cassée. — Série confuse. Ex. J'ai fait des berdas de rêves la nuit dernière Ee mot berdas, d'après M. de Gerville, veut dire bavardage. Il existait pendant les anciens Etats de Rennes une société où se réunissaient tous les nobles des deux sexes pour causer et parler politique, d'où est venu le mot berdasse. Berdassem*nt, n. m. — Bruit ennuyeux. Berdasser, v. a. et n. — Faire le ménage. Ex. J'ai une servante qui n'est bonne qu'à berdasser, elle ne sait pas faire la cuisine. — Vaquer à des travaux de peu d'importance. Ex. Quand tu auras fini de berdasser, nous nous mettrons à l'ouvrage. — Se faire secouer. Ex. J'arrive de Lorette, je me suis fait berdasser dans des chemins affreux. — Inquiéter, tracasser. Ex. J'ai quelque chose qui me berdasse. — Disputer. Ex. Si je peux lui mettre la main sur le corps, je vas le berdasser à mon goût. — Faire du bruit. Ex. Achève donc de berdasser, tu me fatigues. Berdasserie, n. f. V. Berdassem*nt. Berdasseux, adj. et n. V. Berdassier. Berdassier, n. et adj. — Celui qui fait plus de bruit que de besogne. — Celui qui fait toute espèce de métiers. — Celui qui se mêle des affaires des autres. — Chicanier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 7I Berdi-Berda, n. m. — Grand bruit. Ex. Quel berdi-berda ! On ne se comprend plus. — Désordre. Ex. J'ai eu beau chercher dans ma valise, je ne trouve rien, c'est un berdi-berda où une chatte perdrait ses petit*. Berdouiller, v. a. Bredouiller. Ex. Qu'est-ce que tu berdouiller là ? Bergamaux, n. m. pi. Lisières d'écorces de bouleau. Berlan, n. m. — Brelan. Berlander, v. n. — Flâner, fainéanter. Ex. Qu'est-ce que tu berlandçs là ? — Dire des balivernes. Ex. Berlander du matin au soir, — Hésiter. Ex. Il n'y a pas à berlander, il faut s' exécuter. Berlandeux, n. et adj. — Fainéant. — Indécis. Berline, n. f. Voiture propre aux boulangers pour transporter leurs pains. Berloque, n. f. Breloque. S'entend ordinairement d'une montre de peu de valeur. Berlot, n. m. — Voiture d'hiver plus légère que la carriole. Berniques, n. f. pi. — Lunettes, besicles. Berouette, n. f . — Brouette. Bérouettée, n. f. — Brouettée, la charge d'une brouette. Bertelles, n. f. pi. — Bretelles. Bésique, n. m. Bésigue, jeu de cartes qui se joue à deux, trois ou quatre joueurs, avec deux, trois ou quatre jeux de trente-deux cartes. Besoin (de), loc. Besoin. Ex. Prête-moi ton canif, j'en ai de besoin. Besoin (pour son), loc. Pour son usage. Ex. C'est vrai que j'ai beaucoup de papier, mais j'en zx pour mo7i besoin seulement. 72 LE PARLER POPULAIRE Besson, ne, n. et adj. Jumeau, jumelle. Le Dict. de l'Académie dit que ce mot a vieilli, mais il s'emploie toujours, en France comme en Canada, * Best, adj. (m. a.) Le meilleur. Ex, Nous sommes quatre bons joueurs, mais c'est toi, Louis, qui est le ôesL Bestage, n. m. — Habitude de bester. Bester, v. n. Avoir beaucoup d' affection pour une personne du même sexe que soi. (B. P. F.) Besteux, adj, — Qui a l'habitude de bester. Bêtas, bêtasse, adj. Bête, imbécile. Ex. Un gros déias. Bêtassem*nt, adv. — Bêtement. Bête, n. f, — Bêie comme ses pieds, très bête. — Bêie à ma?iger de V herbe, très bête. — Bête à coucher dehors, sot. — Une bonne bête^ un bonasse. — Bête comme tm chou, imbécile. — Rester bête, éprouver une surprise qui donne un air bête. — Faire la bête, simuler le manque d'intelligence. Bêtement, adv. Très, beaucoup. Ex. Je me suis coupé bêtement. Bête puante, n. f. Moufette. C'est l'enfant du diable mentionné par nos pre- miers missionnaires. Bétille, n. f . — Béquille. Bêtise, n. f. — Sottise. Ex. Ne faisipas la bêtise d'aller sur l'eau par un temps pareil. — Insulte. Ex. Il m'a chanté un tas de bêtises. Bêtiser, v. n. — Dire des bêtises. Bêtiseux, n. et adj. Homme qui tient des propos plutôt malséants. Bétôt, adv. — Bientôt. Ex. Tu viendras bétôt. DES CANADIENS-FRANÇAIS 73 Bette, n. f. Betterave. Ex. Des bettes à vache, des bettes rouges. * Better, v. a. (Angl.) Parier, gager. Ex. Je bette avec toi cinq piastres contre une. Beu, n. m. Bœuf. Ex. Des souliers de <5f?^. Ma foi de (^^z^. Beugler, v. n. Chanter très fort. Ex. Nous avons un chantre à l'église qui chante bien, mais il beugle beaucoup trop. Beurdas, n. m. — Berdas. V. ce mot. Beurdasser, v. n. — Berdasser. * Beurneur, n. m. (Angl.) — Brûleur, bec de lampe. . Beurre de mai, n. m. Beurre fabriqué en mai. Ce beurre aurait, dit-on, la pro- priété de guérir les plaies, les ulcères. En France, on prépare ce beurre avec du sel, on l' étend sur un morceau de toile qui prend alors le nom de toile de mai, et que l'on conserve toute l'année. La même coutume existe ici. Beurrée, u. f. Tranche de pain recouverte de beurre, de confitures, etc. Ex. Une beurrée de beurre (pléonasme), une beurrée de confitures (impropre). Beurrer, v. a. — Flatter. Ex. Tu n'as pas besoin de vouloir me beurrer^ tu n'obtiendras rien de moi. — Tacher. Ex. J'ai tout le visage beurré de sirop. — Etendre sur un corps quelconque une substance grasse. Ex. Beurrerai la graisse ou du beurre sur du pain. Beurrerie, n. f. — Fabrique de beurre. Beurrette, n. f. — Petite beurrée. Biais (sur le), loc. adv. En biais, d'une manière oblique. Ex. Tu poseras cette étoffe sur le biais. Bibelot, n. m. Amas confus d'objets réunis ensemble. Ex. Quel tas de bibelots ? Débarasse-moi de cela au plus vite. 74 LE PARLER POPULAIRE Bibelotage, n. m. Action d'amasser des bibelots. Ex. Cesse donc de faire du bibelotage, tu t'encombres inutilement. Bibite, n. f. — Insectes et petit* animaux de rang inférieur. Ex. Cette maison fourmille de bibites. Avoir des bibites dans les cheveux. — Froid. Ex. J'ai la bihite aux doigts. — Individu suspect. Ex. Je t'assure que c'est une vilaine bibite que ce garçon. Biblothécaire, n. m. — Bibliothécaire. Biblothèque, n. f . — Bibliothèque. Bic en blanc (de), loc. adv. — De but en blanc. Bicher, v. a. — Embrasser, Bicler, v. a. — Regarder du coin de l'œil. Bicleux, euse, n. — Qui bicle. * Bicouite, (Angl.) — De l'anglais ^z.^r^ze'^^a/, sarrasin. Bidette, n. m. — Flandrin. Bien, adv. et n. — Correct sous tous rapports. Ex. Tu connais Moïse, n'est-ce pas que c'est un homme bien ? — Juste. Ex. L'horloge est-elle hie7i ? Bière (petite), n. f. Chose de peu de valeur. Ex. Ce gars ne vaut pas grand' - chose, en somme c'est de \2i petite bïère. * Bifsteck, n. m. (Angl.) Bifteck, Tranche de bœuf grillée ou cuite à la poêle, Biger, v, a. — Embrasser, baiser. (B. P. F.) * Bigne ! bagne I Pif, paf ; onomotapée exprimant un bruit éclatant. Bang est anglais. Bigre, n. m. Bougre. Ex. Quel bigre d'enfant ! il mérite le fouet. Bigre / c'est sérieux ! Bigrement, adv. Bougrement, extrêmement. Ex. Cet homme est bigrement fort. DES CANADIENS- FRANÇAIS 75 Bijouetter, v. a. — Biseauter. Ex, Nous mettrons des vitres bijouettées à la porte. — Bécheveter, mettre tête-bêche. Bijouettre, v. a. — Bécheveter. (B. P. F.) Bileux, euse, adj. — BiHeux. Bill, n. m. — Projet de loi. Ex. J'ai un bill à présenter à la chambre. — Compte, note. Ex. Prépare ton bill, si tu veux être payé. — Billet de banque. Ex. Un bill de cinquante piastres. — Affiche, pancarte. Ex. Poster un bill. — Menu, bill of fare. — Connaissem*nt, bill oj lading. — Acte d'accusation, true bill. — Lettre de change, bill of exchange. — Billet à vue, bill al sight. Bille de billard, n. f. — Tête chauve. Bille de bois, n. f. — Bûche de bois. * Biller, v. a. (Angl.) Poser un bulletin d'expédition. Ex. Voulez-vous biller ma valise pour Cacouna ? — Facturer. Ex. Biller des caisses de marchandises. Billet promissoire, n. m. — Billet à terme. Billotte, n. m. — Billot. — Bille, pièce de bois rond d'une longueur régulière, qui sert à hacher la viande. — Etre prêt à viettre son cou sur le billotte, être sûr d'une chose au point de risquer sa tête. Bin, adv. — Bien. Biner, v. n. Lâcher prise, renoncer à une affaire. Bîndame oui, bindame non. Expression qui indique une grande hésitation à répondre à une question. Ex. As-tu fait cela ? Bindame oui, bindame non. 76 LE PARLER POPULAIRE Binette, n. f. Tête, visage. Ex. Quelle drôle de binette ? Binet était un perruquier célèbre au XVII* siècle. Binheureux, adj, — Bienheureux. Bisc-^en^'Coin (de), adv. De travers, de biais. Ex. Ne me regarde pas de bisc-e7i-coin. En France on trouve bisacoin, bicacoin, en zigzag. Biorque, n. m. — Couac. V. ce mot. Birgitté, e, adj, Brigitte. Ex. Un chapelet birgiltc. Biscotin, n. m. — Petit biscuit. Biscuit de matelot, n. m. — Biscuit de mer. Biscuit (faire le), loc. Réduire à l'impuissance. Ex. Laisse-moi, je vais \m. faire S071 bisaiit en pas grand temps. * Bisdille, n. f. Maldonne. Corruption du mot anglais misdeal. V. Misdille. Bisque, n. f. Farine de blé délayée avec de l'eau, et mangée cuite, forme un plat très peu appétissant. Il y a, en France, une bis- qiie qui est un potage fait avec du coulis d' écrevisses. Bisque en coin (de), loc. — D'un coin à l'autre. Bisquer, v. a. — Faire endèver. Bistringue, n. f. Bastringue. Ex. Danser la bistringue. * Bit, n. f., (m. a.) Morceau, peu. Ex. Tu veux du pain, tu n'en auras pas une hit. * Biter, v. a. (Angl.) Surpasser. Ex. Hein, mon cher, cela te bite. * Bitters, — tezirsse, n. m., (m. a.) Bitter. Ex. Je viens de prendre un bon bitters. * Black=ball, n. m., (m. a.) Cirage en boule ou en boîte. Nous disons aussi blatk-bol. * Black and tan, aiind-tanne, (m. a.) Chien à peau noire et brune. Ex. Que voilà un beau petit black and tan ! DES CANADIENS-FRANÇAIS 77 Blackbouler, v. a. — Rouler. Ex. Cet individu s'est fait blackbouler comme il méritait. — Bloquer. Bx. Je me suis fait blackhotUer à mon examen de terme par le docteur Sanguinet. * Black eye, aïe, (m. a.) CEil poché. Ex. Tu as le tour des yeux noirs, as-tu reçu une hlack eye f * Blackguard, hlaggarde, (m. a.) — Polisson, voyou. * Black=hole, hôle, (m. a.) Cachot, Ex. Coucher au hlack-Iiole. * BIack=moon, tnoiine, n. f., (m. a.) A l'anglaise (T. de jeu de balle). Cet écolier a une belle black-7noo7i. Blague, n. f. Bavardage de fanfaron. Ex. Ce que tu me dis là, ça sent la blague. L'origine semble venir du fait que la blague des fumeurs a souvent l'air d'une bourse bien garnie. Cepen- dant elle ne renferme que du tabac. Blaguer le service, loc. — Ne pas s'occuper d'une affaire, bien qu'on s'en soit chargé. — Fausser la vérité. Blanc, n. m. — Document qui renferme des phrases imprimées et des parties non imprimées qu'il faut remplir à la plume. Ex. Bla7ic de billet, hla7ic de chèque. (Angl.) — Mettre du hlanc, augmenter le nombre des interlignes,, (terme d'imprimerie). Blanc de cirusse, n. m. — Blanc de céruse. Blanc d'Espagne, n. m. — Craie. Blanc-mange, n. m. — Blanc-manger. Blanchissoir, n. m. Espèce de pinceau dont on se sert pour blanchir les murs des maisons et des granges avec de la chaux. Blanchissoué, n. m. — Blanchissoir. * Blank, (m. a.) — Formule en blanc. 78 LE PARLER POPULAIRE Blasphémer, v. a. Outrager. Ex. Ce misérable m'a blasphémé. Blé d'Inde, n. m. — Maïs. Ex. Un épi de hlé d' Inde. — Réprimande sévère. Ex. Je lui ai fait manger un bon blé d'Inde. — Affront, insulte. Biémichon, n. m. — Petit garçon très pâle. Bleu, n. m. et adj. — Ecchymose. — Indigo. Ex. Veux-tu passer ce linge au bleu. — Partisan d'une fraction politique dite des bleus, des con- servateurs. — Flambé, coulé. Ex. Notre ancien maire est coulé, il est bleu comme la poule à Simon. — Terrible. Ex. Jean a eu une colère bleue. Pierre a eu une peur bleue. Bleuet, n. m. — Bluet. Bleusir, v. a. — Bleuir, faire devenir bleu. Bleuvir, v. a. — Bleuir. * Blind, blaÏ7in'de, (m. a.) — Abat-jour, persienne. Blinder, v. n. Protéger. Ex. Je suis blindé contre toutes les attaques qui pourraient m' être adressées. * Blizzard, n. m. (m. a.) Forte tempête de vent et de neige. Bloc, n. m. — Pâté, îlot. Ex. Un bloc de maisons. — Glaçon. Ex. Un bloc de glace. * Blocade, n. f. (Angl.) — Action de bloquer. Blond, adj. Bai-clair. Ex. Mon cheval est d'un beau bloyid. As-tu rencontré le blo7id à François Laroute ? Blonde, n. f. Jeune fille courtisée. Ex. Ce soir je vais aller voir ma blonde. Ce mot s'emploie sans distinction de la couleur des cheveux ou de la peau de la jeune fille. Il existe une DES CANADIENS-FRANÇAIS 79 chanson où, après avoir fait le portrait d'une brune, l'amoureux ajoute qu'il en fera une blonde. Blondet, adj . — Diminutif de blond. Blondiner, v. n. — Blondir. * Blood, n. m. [hleude'), (m. a.) Homme courageux, sur lequel on peut compter. Ex. Qu'est- ce que tu penses d'un tel? Un tel, mais c'est un vrai blood. Bloquer, v. a. et n. — Enrayer. Ex. Nous étions à deux milles de la ville, lorsqu'une de nos roues a bloqué. — Subir un échec. Ex. Imagine-toi donc que je viens de bloquer mon examen de baccalauréat. — Arrêter par la neige. Ex. Un train bloqtiê. — Se dit du fait de remplacer provisoirement une lettre pour éviter le parcourement. Nos imprimeurs se servent égale- ment du mot virer. * Blotting, n. m. (m. a.) — Papier buvard. * Bloumersses, n. m. pi. (Angl.) — Pantalons de femmes et d'enfants durant la saison d'hiver. Blouse, n. f. — Veston, pardessus. — Réprimande. * Blue bock, n. m. {blou bouc^, (m. a.) lyivre bleu, qui contient les documents parlementaires. Le mot bleu vient de ce qu'en Angleterre, les livres qui con- tiennent les documents diplomatiques portent une cou- verture bleue. * Blue nose, {blou nôse'), (m. a.) Habitant des Provinces Maritimes d'origine anglaise ou écossaise. Bluet, n. m. Airelle du Canada. Fruit à confitures très commun dans la Province de Québec. La croquette et la pomme de terre sont deux variétés d'airelle. V. ces mots. * Bluff, n. m., bloff, (m. a.) — Parole ou action propre à intimider ou à provoquer l' illusion. 8o LE PARLER POPULAIRE — Poker. Ex. Jouons au hluff. * Bluffer, V. a. (Angl.) — Illusionner. * Bluff eur, n. m. (Angl.) — Qui bluffe. Bob (passer au), loc. Infliger une leçon sévère. Le mot anglais hoh dans cette locution, signifie coup, tape. * Bodkin, {hode-kine), n. m., (m. a.) Pointe. Outil dont se servent les imprimeurs pour la cor- rection. Bœuf, empl. adj. Complet, parfait. Ex. Il a eu un succès bœuf. Bœuf de garde, n. m. Taureau. Expression acadienne. Bœuf de soupe, n. m. — Bouilli. Bogane, n. f. — Ruisseau, flaque d'eau. Boile, n. f . — Cuveau pour laver le linge. Bois, n. m. Corps. Ex. C'est un monsieur qui porte bien son bois. — De quel bois cet Jiomme se chauffe-t-il? Quelle e.spèce d'homme est-ce ? Bois (aller au), loc. Aller chercher du bois dans la forêt. Ex. Mon père est parti ce matin pour aller au bois, il reviendra rien qu'à soir. Bois barré, n. m. — Erable jaspé, appelé aussi bois noir. Bois blanc, n. m. Tilleul d'Amérique. Le bois blanc désigne d'une manière générale tous les bois à fibre blanche, comme le tremble, le peuplier, etc. Bois=Brûlé, n. m. Métis de sauvage et de blanc, habitant le Nord-Ouest du Canada. Bois debout, n. m. Terre boisée. Ex. Je viens d'acheter une terre en bois debout. Bois de calumet, n. m. Cornouiller à feuilles arrondies. Les sauvages se servent de DES CANADIENS- FRANÇAIS 8l la tige pour faire des tuj-aux de calumet, après en avoir enlevé la moelle. Bois de Calvaire, n. m. Bois précieux. Ex. Cet individu n'est certainement pas du bois de Calvaire, c'est-à-dire qu'il est loin d'être un hom- me de valeur. Bois de corde, n. m. Bois de chauffa*ge. Ex. J'ai acheté tout mon lois de corde, j'en ai pour l'hiver. Autrefois, en France, pour mesurer le bois, on plantait quatre pieux en formant un carré de huit pieds de côté ; et comme les dimensions de cette mesure se prenaient avec une corde, on appela corde la quantité de bois qu'elle pouvait contenir, bois de corde, le bois de chauffa*ge qui se débitait à la dite mesure. Telle est l'origine de l'expression hois de corde. Bois de fer, n. m. Bois très dur dont on se sert pour faire des essieux, des outils. On le rencontre au Cap Tourmente, près de Québec. Bois de lune, n. m. — Arbustes coupés la nuit, dans les bois autour de Québec, par des maraudeurs. — Se chaiiffer avee du bois de haie, avec du bois volé durant la nuit. Bois de Mai, n. m. Aubépine commune, utilisée pour les haies. On l'appelle encore Epine blanche. Bois de Malte, n. m. Aulne blanche. Bois de plomb, n. m. Appelé aussi bois-cuir. Arbrisseau commun dans Nicolet. Bois des Iles, n. m. Bois de Campêche, employé pour teindre en rouge. Bois d'orignal, n. m. — Viorne. Bois de poêle, n. m. — Bois de chauffa*ge. Bois franc, n. m. — Bois dur, y compris l'érable, l'orme, le merisier, le noyer, etc. 6 82 tE PARLER POPULAIRE — Bois des arbres à feuilles caduques. Bois francs, n. m. pi. — Forêts de bois durs. — Région appelée aussi Cantons de r Est, où le bois franc est en abondance. Bois mou, n. m. — Bois blanc, tendre, léger, comme l'épinette, le sapin, etc. — Bois des arbres à feuilles persistantes. Boisage, n. m. — Boiserie. Boisées, n. f. pi. Arborescences qui se forment sur les vitres congelées à l'intérieur des habitations. Boisson, n. f. — Liqueur forte. Ex. C'est un ivrogne, il prend de la boisson à cœnr de jour. — Etre en hoisson, être pris de boisson. Boisson forte, n. f. Boisson enivrante, qui n'est pas le vin, ni la bière, ni même les élixirs. Boisure, n. f. — Boiserie. Boitasser, v. n. — Boiter légèrement. Boîte, n f. — Bouche. Ex. Veux-tu fermer ta 6£?z/(? .^ — Banc des jurés. Ex. Les douze -po-Xiis jurés étaient dans leur boîte. — Banc des accusés. — Banc des témoins. — Etui. Ex. Boîte de pipe. — Chenil. Ex. Boîte à chiens. — Avertisseur. Ex. Boîte d'alarme. — Panier. Ex. Boîte à ouvrage. — Case. Ex. Boîte postale. — Caisse. Ex. Boîte d'horloge. Boiter tout bas, loc. — Boiter beaucoup. Boiteux d'ermite, n. m. Boiteux. Ex. « Oii vas-tu, boiteux d'ermite ? n Souvenir de Girofle Girofla. DES CANADIENS-FRANÇAIS 83 Boitte, n. f. — V. Bouette. Boitter, v. a. Amorcer. Ex. Nous allons hoitter nos hameçons. Boiture, n. f. — Boiterie, claudication d'un animal. — Boitement, action de boiter. Bol, n. f. ^^.^ — Bol, n. m. Ex. Une hol à lait. — Bol à thé, tasse à thé. — Bol à lait, écuelle. — Cuvette. Bolée, u. f. — Contenu d'un bol. * Bôlt, boite, (m. a.) — Boulon, course. * Boiter, V. a. (Angl.) — Abandonner son poste. Ex. Mon député a boité sur la question Riel. — Se hâter, courir, travailler vite. * Bôlteur, adj. (Angl.) Député qui lâche ses amis politiques sur une question vitale. Ex. Ne me parlez pas de Sam MaClure, c'est un hôlteiir Bolus, n. f. Pilule. E. Un docteur à holus. Bombarde, n. f. — Guimbarde. Bombarder, v. a. Faire une réputation. Ex. On l'a bombardé grand homme sans trop de raison. Bombe, n. f. — Bouilloire. Ee corps de la bouilloire ressemble assez à une bombe, et le bec à celui d'un canard. U est naturel qu'à Québec, ville militaire — que les bombes n'ont pas épargnée — on ait été frappé de la première ressemblance. Dans la région de Montréal, on dit ra7zarâf pour bouilloire. — Bonde d'un tonneau. Bombée, n. f. Le contenu d'une bombe. Ex. Une bombée d'eau bouillante. * Bôme, n. m. (Angl.) Estacade flottante. 84 LE PARLER POPULAIRE * Bommer, v. n. (Angl.) — Flâner. Ex. Cesse donc de bommer, tu perds ton temps. — Faire la vie. Ex. Si tu contiiiues à hommer^ tu vas rui- ner ta santé. — Faire un usage immodéré de liqueurs fortes. * Bommeur, n. m. (Angl.) — Flâneur. — Viveur. — Buveur de spiritueux. Bon, adj. et n. m. — Fort, robuste, vigoureux. Ex. C'est un bon homme. — Avantages, réduction de prix. Ex. Si tu acceptes mon marché, je te ferai du hon. Bon pour, loc. Solvable. Ex. Jean me doit deux cents piastres, mais il est bon pour. Bon (plus), adj. — Meilleur. Bondance. — Interjection pour exprimer l'étonnement. Bon=Dieu, n. m. — Dieu, l'Etre Suprême. — Papillon de nuit. — La Brebis dîc Bon-Dieu, personne douce et patiente. — Manger le Bon-Dieu, être très dévot. — Rendu devant le Bon- Dieu, àSs^2iXVi. Ex. Dis-moi ce que tu as fait de ta belle canne à pommeau d'or. — Ne m'en parle pas, elle est rendue devant le Bon-Dieu. Bonguienne. — Interjection pour exprimer la surprise. Bonheurement, adv. — Par bonheur, heureusem*nt. Bonhomme, n, m. — Vieillard, père de famille affligé de vieillesse. Ex. Voilà le honhomme Latulippe qui passe, c'est un bon bonhomme. — Bouillon-blanc. — Petit bonhomm,e vit encore. Jeu de société. En pronon- çant ces mots, on se passe un petit morceau de papier enflammé, ou une allumette, et celui ou celle dans la main de qui le feu s'éteint, doit donner un gage. Ce même jeu a commencé par s'appeler souffler le charbon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 85 Bonhomme de chemin, n. m. Tranquillement. Ex. Aller son petit bonhomme de chemin. Bonjour, int. et n. m. — Exclamation. Ex. Bonjour! qu'il fait beau ! — Individu quelconque. Ex. Ces bonjours-là m'embêtent. — Simple comme bonjour, de facile compréhension. Bon sang. — Vraiment, en vérité. Ex. Bon sang de la vie. Bon sens (sans), loc. adv. Beaucoup. Ex. Il y a du poisson sans bon sens dans les trois petit* lacs, nous en avons pris une cochonnerie. Bonne, n. et adj. — Employé elliptiquement pour bon, dans le but d'expri- mer sa satisfaction. Ex. Comme de bo7ine. — Petit bateau à fond plat. — Bon. Ex. Cette fleur sent ho7ine. Bonnefemme, n. f. Vieille femme. Exprime l'idée de chef de famille plutôt sur l'âge. * Boomerang, n. m., (m. a.) Sorte de fronde dont se servent les enfants pour tuer les oiseaux. Bonnement, adv. Au juste, précisément. Ex. Je ne sais pas bonnement si je t'ai informé de cela. Bonnes (être dans ses), loc. De bonne humeur. Rabelais a dit : « Notre maistre est en ses bonnes, Nous ferons tantôt une bonne chière, Tout ira par escuelles. » Bonnet, n. m. — Avoir la tête près du bonnet, être prompt à se mettre en colère. — Triste comme un bonnet de nuit, bien triste. — Jeter son bonyiet par-dess2is les moulins, ne plus garder de retenue. — Bonnet blanc, blanc bonyiet, la même chose. Bonnet carré, n. m. — Barrette, bonnet de prêtre. 86 LE FARINER POPULAIRE Bonneter, v. a. Flatter. Ex. A quoi sert d'aller le honneter, tu n'obtien- dras rien de plus. Bonnette, n. m. — Bonnet. Bonté, n. f, — Exclamation. Ex. Bonté, que voilà du bon thé ! — Bo7iié diviiie, même sens. Bonté divine ! J'ai cassé ma terrine. Divine bonté ! ]\Ia terrine est cassée. Bonus, n. m. Gratification offerte à des employés en sus de leur salaire. Ex. Penses- tu que nous aurons un honus au jour de l'an. * Booby, houbé (m. a.) Booby-price, prix accordé au jeu de euchre à celui qui arrive bon dernier. Booby veut dire nigaud. Bord, n. m. — Côté. Ex. Je vais me promener sur la rue, viens-tu de mon bord ? — Bas-côté d'une maison. — ■ De part en part. Ex. J'ai traversé la rivière de bord en bord. — Dans. Ex. Embarquons à bord du train. — Ouvriers de bord, débardeurs. Bord et bâbord, loc. De tous côtés. Ex. Jean court de hord et bâbord. Bordage, n m. Bord d'une rivière en hiver, quand la glace forme comme une bordure. Bordas, n. m. — V. Berdas. Bordasser, v. n. — V. Berdasser. Bordasserie, n. f. — V. Berdasserie. Bordasseux, n. et adj. — V. Berdasseux. Bordassier, n. et adj. — V. Berdassier. Bordée, n. f. — Chute. Ex. Nous allons avoir une grosse bordée de neige. DES CANADIENS-FRANÇAIS 87 — Série. Ex. J'ai reçu une hordêe de coups de canne. Border, v. a. — Ourler. Bordi=bordas, n. m. —V. Berdi-berdas. Bordouiller, v. a. — Bredouiller. Bordure, n. f. Passem*nterie qui sert à border un vêtement. Borgnesse, adj. — Femme borgne. * Borneur, n. m. (Angl). Bec-de-lampe. Boss, n. m. Maître, bourgeois, patron, chef d'usine, directeur, proprié- taire. Bosse, n. f. Enivrement. Ex. Il s'est flanqué une bosse numéro un. Coup. Ex. Je lui ai flanqué ^<tsbosses à tout casser. — Portefeuille. Bosser, v. a. Bossuer. Ex. J'ai bossé mon castor en entrant dans le ba- teau. — Conduire, diriger des travaux. (Angl). Bosser, (se), v. pron. Se bosseler. Ex. Mon chapeau 5*^5/ (^i755<? en tombant. Bossuse, n. f. et adj. Bossue. Ex. Cette femme est bossuse. Se dit surtout dans la région de Montréal. Botte, n. f. Tomber en botte, arriver à la ruine, se briser, s'ébarouir. Ex. Tout tombe en botte chez nous depuis que j'en suis parti. La tinette de beurre menace de tomber en botte. Botter, V. n. — Accumuler de la neige ou de la boue aux pieds du cheval. Ex. Ee cheval botte. — Rogner des pièces de bois. (Angl.) — Adhérer, coller à la chaussure. Ex. La neige botte. Botteur, n. m. (Angl.) — • Celui qui rogne des pièces de bois. Bottes malouines. n. f. pi. Bottes à récuj-ère. Souvenir de Saint-Malo. 88 LE PARLER POPULAIRE Bottes sauvages, n. f. pi. — Bottes molles, sans semelles. Boucan, n. m. — Petite cabane où l'on fait boucaner la viande. — Mauvais lieu. — Morceau de bois placé en arrière du chaudron à sucre pour protéger le feu contre le vent. Boucane, n. f. — Fumée. Ex. I^a maison est remplie de boiicane, c'est le tuj-au qui a besoin d'être vidé. — Vapeur d'eau. Ex. Vois-tu la boucane là-bas, c'est un bateau qui arrive d'Angleterre. Boucane (être à la), loc. Etre suspendu sous l'impulsion d' une personne assise à l'ex- trémité d'une balançoire spéciale tenue en équilibre sur un pivot et qui s'abaisse alternativement d'un côté en s'é- levant de l'autre. Boucaner, v. n. Fumer. Ex. Ea cheminée boucane. Boucanerie, n. f. Etablissem*nt où l'on expose des viandes ou des poissons pour les faire fumer. Boucaneux, adj. — Brumeux. Boucanière, n. f. — Boucan. Boucaud, adj. — Bouscaud. Boucharde, n. f. — Outil d'acier à l'usage des tailleurs de pierre. — Marteau dentelé et brételé, à l'usage des mêmes. Bouché (être), loc. Etre imbécile. Ex. Cet individu est bouché par les deux bouts. Bouchefroutte, n. m. Diable. Ex. As-tu rencontré Bouchefroutte ? Expression dont on se sert lorsqu'on s'adresse à une personne de mau- vaise humeur. Boucher, v. a. — Réduire à quia par des paroles dures. Ex. Il a voulu m'insulter, mais je te l'ai bouché proprement. DES CANADIENS-FRANÇAIS 89 — Faire taire, fermer la bouche. Ex. Si tu ne te tais pas, je vais te boucher. Boucher un trou, loc. Donner un acompte sur une dette. Boucherie (faire), loc. Tuer un bœuf ou un porc, l'épiler, l'ouvrir, le dépecer. Ex. Maintenant que les froids sont commencés, nous allons faire boucherie. Bouche=trou, n. m. Qui remplit une lacune. Ex. C'est un gas qui n'est bon qu'à servir de bouche-trou. Bouchon (mettre un), loc. Faire taire. Ex. Si tu ne te fermes pas le bec, je vais te ■mettre un bouchon. Bouchonner, v. a. Faire son ouvrage à moitié. Ex. Cet individu bouchonne tout ce qu'il fait. Bouchure, n. f. Clôture. Mot usité sur l'île du Prince. Edouard. Boucle, n. f. Nœud. Ex. Fais donc une boiicle à ma cravate. Boucler, v. n. — Se dit de la mer montante lorsqu'elle entoure des rochers ou des îlots qu'on peut atteindre à pied sec, à marée basse. Ex. Voilà l'heure où la mer boucle. — Conclure. Ex. Notre affaire n'est pas encore bouclée. Boucoup, adv. Beaucoup. Ex. J'ai houcoup à faire pour arriver à la fin de mon dictionnaire. Bouctouches, n. f. pi. Huîtres récoltées à Bouctouche, dans le Nouveau-Brunswick. Boudin (faire du,) loc. Bouder. Ex. Mon petit, cesse donc de faire du boudin. Boudinerie, n. f. — Viande hachée, boudin. * Boudlage, n. m. (Angl.) Commission ou revenu extraordinaire que l'on obtient par des procédés illicites. 90 LE PARLER POPULAIRE * Boudle, n. m. (Angl.) Pot-de-vin accordé à un personnage influent dans le but de faire réussir une affaire, d'obtenir un contrat. * Boudier, v. n. (Angl.) — Faire du boudlage. * Boudleur, n. m. (Angl.) Entremetteur qui fait accorder un contrat moj'ennant un pot-de-vin fixé d'avance et qui ne doit pas apparaître au contrat. Boudrier, n. m. — Baudrier, Bouer (se,) v. pr. — Se crotter. Bouette, n. f. — Mélange de son et d'eau donné en pâtuje aux animaux de la ferme. Dans le Perche, cette expression ne s'ap- plique qu'à la mangeaille des pourceaux. Le vrai sens de houette est appât pour la pêche de la morue. — Boue. Ex. Marcher dans la boueite. — Neige fondante. — Neige accumulée en masses molles à la surface des rivières. Bouetter, v. a. Donner un repas de bouette aux gros animaux. Bouffée, n. f. — Accès. Ex. Pierre travaille par bouffées. Bouffer de rire, loc. Pouffer. Cependant, on dit bien bouffer de colère. Bouffie, n f. — Bulle. Ex, Une bouffie de savon. — Boursouflure. Ex. Il s'est brûlé, il a de grosses bouffies. Bouffre, n. m. et interj. Bougre. Ex. Quel boiffre d'enfant ! Si je te poigne, mon petit boiffre, tu te feras arranger. Bouffrèse, n. f. Bougresse. Ex. Oh ! la bouffrèse de femme, elle devient de plus en plus insupportable. Boufiole, n. f. — Ampoule, cloche, boursouflure. — Bulle d'air ou de vapeur, sur les liquides en ébullition ou en fermentation. (B. P. F.) DES CANADIENS- FRANÇAIS 9I Bouger (ne pas), loc. Se détromper. Ex. Bougez pas, l'ami, vous êtes à côté de la coche. Bougon, n. m. — Bout d'homme. — Pipe dont le tuyau est très court. Bougonner, v. n. Gronder entre ses dents. Mot français vieilli, qui, en patois / normand, signifie travailler mal, chiffonner. Bougonneux, n. et adj. — Qui bougonne à tout propos. Bougrant, adj. Ennuyeux, fâcheux. Ex. C'est-y pas hougrant que de se voir pris dans cette sale affaire ! Bougre=à=bougre (être), loc. — A couteaux-tirés. (B. P. F.) Bougrement, adv. Beaucoup, très. Ex. C'est bougreme7it ennuyeux que ce temps de pluie. Bougrer, v. a. — Jeter. Ex. Bougre-moi ça à l'eau. — Donner. Ex. Je vais te bougrer une tape. Bougre-moï la paix. Bougre-moi patience. Bougrer (se), v. pron. Se moquer. Ex. Je me bougre pas mal de toi, Bougrèse, n. f. — Bougresse. — Grand, fort, sérieux. Ex. J'ai une bougrèse d'envie de te flanquer une gnole. Bougrine, n. f. Vêtement de dessus sans forme particulière. Ex. Qu'est-ce que tu as de l'air, avec cette vieille hougrine sur le dos ! Bouille, 3" pers. s. ind. prés. Bout. Ex. ly' eau ^^i^z7/é à gros bouillons dans la (i^^w<$^. Bouillie, n. f. — Bouillie pour les chats, travail inutile, peine sans profit. — Bouillie sans sel, mets mal apprêté, — Ramener la peaii par-dessus la bojiillie, donner des argu- ments qui ont été plusieurs fois répétés. 92 LE PARLER POPULAIRE Bouillir, v. n. Etre affecté par l'impatience. Ex. Pendant qu'il parlait, je bouillais. Bouilloire, n. f , — Chaudière à vapeur. Bouillon blanc, n. m. Molène commune dont les fleurs teignent en jaune. Boujour, n. m. — Bonjour. Boulâcrer, v. a. Bousculer. Ex. Je n'ai pas envie de me faire boulâcrer plus longtemps. — Exécuter un ouvrage sans soin. — Bousiller. Boulâcreux (euse), n. et adj. Celui ou celle qui boulâcre. Boulanger, v. a. Presser avec la main ou avec les coudes. Ex. Se faire boulan- ger \ç. dos, la poitrine au milieu d'une foule de personnes. Boulant, adj. Enneigé. Ex. Les chemins sont boulants, aujourd'hui. Boule, n. f. — Tête. Ex. Perds-tu la boule f — Positton de fortune. Ex. Il a une belle boule en mains. Boule=de=cire, n. f. — Symphorine à grappes. Boule=de=neige, n. f. — Viorne stérile. — - Faire houle-de-neige, profiter, s'accroître. Ex. Le peu d'argent que j'ai fiinira par faire boule-de-neige. Bouleau blanc, n. m. — Bouleau à papier. Bouleau rouge, n. m. — Bouleau à feuilles de peuplier. Bouler, v. a. — Rouler en boule. Vient du mot débouler. — Maltraiter. * Boulezaille, n. f. (Angl.) Bonbon en forme d'œil de bœuf. De l'anglais hulV s eye. Boulettes, n. f. pi. Sottises. Ex. Cet écolier n'est bon qu'à faire des houlettes. Boulin, n. m. — Tronçon d'arbre employé pour le clôturage. DES CANADIENS-FRANÇAIS 93 Boulinant, adj. Synonyme de boulant, enneigé. Ex. Les chemins sont hou- linayits, la neige est très légère et très molle. Boulotte, n. f. Doigt de gant ou linge que l'on met à un doigt malade, appelé par les enfants catiche. L,es Acadiens emploient encore le mot doyon pour signifier la même chose. — Voir ce mot. * Boume, n. m. Valeur factice et exagérée. Ex. Nous allons être témoins d'un boume dans les chemins de fer, dans les banques. (Américanisme) . * Boumer, v. n. Donner une valeur factice et exagérée à des actions de com- pagnies industrielles et autres. (Amer.) Bouque, n. f. — Boucle. Bouquer, v. n. — Montrer de l'humeur. Bouquet, n. m. — Fleur, plante cultivée pour sa fleur. Ex, Je vais semer beaucoup de bouquets ce printemps. — Tête d'arbre, de sapin ou d'épinette plantée au faîte d'une maison dont la charpente vient d'être posée. Bouquette (avoir, tenir le), loc. L'emporter sur les autres par son adresse, sa beauté ou toute autre qualité. Ex. Ces trois sœurs sont très jolies filles, mais l'aînée tient le bouquette. Elles ont bien chanté toutes trois, hier soir, mais c' est mademoiselle Domisol qui a eu le bouqïiette. Bouquineux, adj. — Bouquineur. Boura, n. m. — Borax. Bouragan, n. m. — Bouracan. Bourbassière, n. f. — Bourbier. Bourdaine, n. f. — Alise. Baie du bourdainier. Viorne nue. — Courir la bourdaine, aller en bande, garçons et filles, cueil- lir des fruits. Bourdainier, n. m. — Alisier. 94 LE PARLER POPULAIRE Bourdalou, n. m. — Vase de nuit. Bourde, adj. Gravé. Ex. Mes bottines sont en cuir bourde, c'est-à-dire à grains plus ou moins soulevés. Dans le vieux français, bourde voulait dire embourbé. Bourdignons, n. m. pi. — V. Bourguignons. Bourgeois, n. m. — Caractères d'imprimerie de neuf points. — Homme riche, censé vivre de ses rentes. Ex. Le voilà devenu un gros bourgeois, il est bien chanceux. Bourgeoiserie, n. f. Bourgeoisie. Bourgeronner, v. n. Bourgeonner, pousser des bourgeons. Ex. Un nez tout bourgeronné. Bourgot, n. m. — Porte-voix à coquille. On appelle hurgau une grosse coquille dont on tire une nacre grossière. — Trompette droite, qui sert à donner des signaux. — Au- trefois lorsque le service de la poste se faisait par des pos- tillons qui parcouraient nos campagnes, ils étaient munis de bourgots de fer-blanc. Bourgotter, v. n. — Parler ou crier dans un porte-voix. — Sonner de la trompette. Bourguignons, n. m. pi. — Mottes de terre durcies par la gelée. — Morceaux de glace pris d'un pain. Bourlette, n. f. — Ciboulette. Bournichon, n. m. — Petit homme. Bourrasse, n. f. — Bourrasque. Bourrasser, v. a. — Bousculer, brusquer. Ex. Cesse donc de bourrasser tes petites sœurs. — Faire des reproches. Bourrasseux, adj. Homme d' une humeur difficile qui brusque tout le monde. DES CANADIENS-FRANÇAIS 95 Bourreau, n. m. — Diable. Ex. Que le bourreau t'emporte ! J'ai eu une peur du bourreau. — Payer e?i bourreau, ■^zye.x d'avance. Bon moyen, paraît- il, pour être mal servi. Bourreau d'ouvrage, n. m. — Homme qui travaille beaucoup. Bourreau des arbres, n. m. Célastre du Canada. Plante grimpante qui s'enroule si étroitement autour des arbres qu'elle les fait périr. Bourrée, n. f. — Travail forcé et rapide. Ex. Il va falloir donner une dure bourrée, si nous voulons finir d'entrer notre avoine ! — Réprimande, mercuriale. Ex. Je lui ai donné une bour- rée dont il ne perdra pas le souvenir. — Beaucoup, grande quantité. Ex. Une bourrée de coups, de monde. — Accès. Ex. Pierre travaille bien, mais toujours par bourrée. Bourrelet de gomme, n. m. Morceau de gomme durcie que l'on détache des épinettes et que les enfants mâchent avec plaisir. Bourrer, v. a. Conter des blagues. Ex. Je l'ai bourré dans les grands prix, il a paru croire tout ce que je lui ai dit. Bourreur, n. m. Ouvrier qui rembourre les sofas, les chaises. Bourrichon, n. m. Petit bonhomme. Ex. Sauve-toi, mon petit bourricJwJt. Vient de burrichon, roitelet, dans le patois du Mans et de l'Anjou. Bourriers, n. m. pi. Balaj^ures, ordures. Ce mot vient de bourriers, pailles qui se mêlent dans le blé battu ; du latin burra, employé par Ausone pour signifier des riens. Par extension, ordures, mot usité en Bretagne. Bourrique, n. f. — Ignorant. 96 LE PARLER POPULAIRE — Catholique comme une bourrique, catholique à gros grains. Bourrolle, n. f. Espèce de boîte à forme d'amphore sans anse, ouverte aux deux bouts, dont l'un, le petit, débouche dans un coffre où l'anguille va se prendre, et l'autre, le grand, est le réci- pient de l'anguille qui s'}' introduit pour être rejetée dans le coffre par le courant. La bourrolle est fabriquée au mo3'en de petites harts bien entrelacées et très étroitement serrées les unes contre les autres. Bourrure, n. f. — Bourrage. Ex. Ea bourrure du harnais est finie, il va nous en falloir un autre. — Rembourrement. Ex. C'est un bon homme pour travail- ler à la bourrure. Bourse, n. f, ' Crête-de-coq, dont les feuilles teignent en jaune.* Boursiller, v. n. — Economiser. Ex. Pour arriver à joindre les deux bouts^ il vous faudra boursiller plus que de raison. . Boursoufle, n. f. Boursouflure. Ex. J'ai une grosse boursoufle sur le bras, c'est un bourdon qui m'a piqué. Bouscailler, v. a. — Bousculer. Bouscaner, v. a. — Bousculer. Bouscaud, n. m. — Lourdaud, homme gros, trapu. Ex. C'est un gros ^(Tms - ca7id. — Butor, grossier. • Bœuf ou vache sans cornes. — Courtaud. Bouscuîage, n. m, — x\ction de bousculer. Bousiat, n. m. — Homme malpropre. Bousillage, n. m. Ouvrage mal fait. Ex. Quel bousillage / Bousiller, v. a. et n. — Remplir les interstices entre les pièces de bois des pans, avec de la bouse. DES CANADIENS- FRANÇAIS 97 — Corriger, arranger, mettre en bon ordre. — Travailler vite et mal. Bouskey, n. m. — Whiskey marchand. Boussole (perdre la), loc. — Devenir fou. Bout, n. m. Mot emploj'é dans différentes acceptions, que les dictionnai- res ne mentionnent pas toujours. — Bout-ci bo7it-là, en désordre, pêle-mêle. — U?i bout de ieîiips, un certain temps. — Un petit bout de tejnps, un court espace de temps. — Prendre quel qu' U7i par le bo?i bout, savoir arriver auprès de lui. — Mettre les deux bouts ensemble, joindre les deux bouts, ne pas s'endetter. — Tourner un obiet bout pour botit, changer sa situation d'une façon opposée. — Au bout la fin y sera, il faudra bien que cela finisse un jour. — Ati bout le bout, quand ce sera fini, on n'en parlera plus. — C est le bout du monde, c'est la fin. — Cet enfant n' a pas debout, il est insupportable et incorri- gible, d'une façon inexprimable. — Bête a2i bout, absolument bête. — De bout en bout, d'un bout à l'autre. — Etre rendu au bout, être épuisé. — Il y a 7171 bout à tout, toute chose a une fin. Bout=de=canot n. m. Chacun des deux rameurs qui se placent aux deux bouts d'un canot d'écorce pour le diriger. Boute=feu, n. m. Boute-en-train, celui qui met en gaieté tous ceux avec les- quels il se trouve. Bouteille, n. f. — Burette. Ex. L,a bouteille à l'huile, au vinaigre. — Flacon. Ex. La bouteille d'odeur, de parfum. — Vin, liqueurs. Ex. Ce garçon caresse un peu trop'[la bouteille. 7 98 LE PARLER POPULAIRE Bouteillée, n. f, — Le contenu d'une bouteille. Bouteiller, v. a. — Mettre en bouteilles. Bouteiilerie, n. f. Vieux mot français signifiant échansonnerie, ou mieux boutil- lerie, redevance en grains. Ex. Saint-Denis de la Bau- ieillerie, paroisse du comté de Kamouraska. Boutique, n. f. Maison mal tenue. Ex. Quelle sale boutique/ Bouton, n. m. — Fruit de l'aigremoine qui s'attache à la laine des moutons en automne et s'enlève très difl6cilement. — Petite inflammation commune aux serins à une certaine époque de l'année. Bouton d'or, n. m. Renoncule à fleurs jaunes dont nos campagnes regorgent. Bouton, rdernier). A bout de ressources. Ex. Pierre est rendu au dernier bouton, il est ruiné. Boutte, n. m. — Bout. * Bow=window, n, m., (wi7i7ido), (m. a.) Fenêtre en saillie, en rotonde. Boxer, v. a. — Emprisonner. Boxon, n. m. — Mauvais lieu. Boyard, boïard, n. m. — Civière à porter le bois, la pierre, etc. Boyau, n. m. — Avoir toujours un boyau de vide, avoir toujours faim. — Les boyatix me crioit, avoir des borborj'gmes. — Avoir des boyazix de p'ère, éprouver de la tendresse pour .ses enfants. * Bracket, brakete, (m. a.) Petite console, applique, étagère. Braguet, breguet, brayet, n. m. —Caleçon de laine. Braguette, n. f. Fente de devant d'une culotte. En France, on appelle cu- lottes à braguette celles qui n'ont pas de pont. En Bretagne, bragez a la même signification. Braî, n. m. — Poix des cordonniers. DES CANADIENS-FRANÇAIS 99 * Braid, bréde, (m, a.) — Soutache, passem*nterie. * Braider, v. a. (Ang.) — Poser du braid. Brâillade, n. f. — Action générale de brailler. Brâiliage, n. m. — Même sens que brâillade. Braillard, e, adj. — Qui braille, qui pleure. Ex. Un enfant braillard. — Qui implore du patronage auprès des gouvernements. Braillard de la Madeleine, loc. Expression appliquée aux enfants qui pleurent à tout pro- pos. Par allusion aux gémissem*nts proférés dans les environs de la rivière Madeleine, suivant une légende populaire rapportée par l'abbé Ferland. Brailler, v. n. — Pleurer. * Brain, braine, (m. a.) Cerveau. Ex. Celui-là, je l'ai sur le brain, il me fatigue. * Braker, brêquer. (Angl.) — Serrer les freins dans un train de chemin de fer. — Réprimer quelqu'un. * Brakes, bréques, (m. a.) — Freins. * Brakesman, bréke' s 77ianne (m. a.) — Serre-frein. Brancard, n. m. — Morceau de sucre d'érable à forme carrée. Ex. Un brancard de sucre. — Cartes qui restent sur le tapis après la donne aux joueurs. Ex. Qu'as-tu besoin de regarder dans le brayicard f Branche, n. f. — Division. Ex. Va au département des terres, branche des arpentages. — Attaque. Ex. Jean a eu une branche de folie ; Joseph a une bra7iche de fièvre. — Ami. Ex. Bonjour, ma vieille brariche. Branché, adj. Diplômé, porteur de certificat. Ex. Un pilote branché. Brancher (se), v. pr. Brancher. Ex. Les petit* oiseaux commencent à se brancher. Branchu (canard), n. m. Canard sauvage^rggj^^tyuable par la beauté de son plumage. 'UoiverGÎTàT' CANADIANA ^^taviensis lOO LE PARLER POPULAIRE Brandiller, v. a. Brandir. Ex. Ne brandille pas ainsi ce bâton. Brandy, n. m., branndé. — Cognac. Vieux mot français qui signifiait allumé, en- flammé. « Et le feu soit si brandy. )) (D'Argentré, Cou- tume de Bretagne, p. 1051). — Danse. Ex. Nous allons danser un brandy. Branle, n. m. — Tapage. Ex. Mener un branle terrible. — Ni foutre ni branle, absolument rien. Branler, v. a. — Branler dans le ma7iche, hésiter. Branlette, n. f. Oscillation de la tête. Ex. Ce vieillard commence à avoir la branlette. Braque, n. m. — Imbécile. Ex. Il est fou comme braqice. Braquer, v. a. — Abandonner. Ex. Il m' a. braqué là.. Braquer, (se) v. pr. Se fixer, Ex. Il s'est ((^ra^cY/ sur une chaise, et il s'y est installé. Braquette, n. f. — Broquette. — Petite console, applique. (Angl.) Braquettèr, v, a. — Poser des broquettes. Bras, n. m. — Avoir le bras long, être influent. — Par dessus bras, bras dessus bras dessous — Bras d'escalier, rampe. — Aimer gros comme le bras, aimer beaucoup. — Frapper à bout de bras, du bout du bras. Brasse, n. f. — Travailler à la brasse, journée de brasse, corvée de bras. Brasse=corps (à), loc. adv. A bras le corps. Ex. Se prendre à brasse-corps pour lutter de force et d'agilité. Brassée, n. f. Ribambelle d'enfants. Ex. Voilà Victoire qui pa=se avec sa brassée. DES CANADIENS-FRANÇAIS lOI Brasseur, n. m. Phoque du Groenland qui entre dans le fleuve Saint- Lau- rent en hiver. Brassage, n. m. Action de secouer, d'agiter quelque chose. Brasse, n. f. Main, au jeu de cartes. Ex. A qui la brasse ? Brassée, n. f. Chaudronnée. Ex. Une brassée de savon, de sirop, de sucre. Brâssem*nt, n. m — Remuement, brassage. Brasser, v. a. — Mêler. Ex. Allons, brasse les cartes. — Disputer. Ex. Je viens de me faire brasser de la belle façon. Je me suis fait brasser le corps. Brasseur, adj. — Celui qui, aux cartes, tient la donne. Braver, v. n. Faire le brave. Ex. Il fait cela pour braver. Braverie, n. f. — Bravade. Braye, n. f. — Broie ou macque. Instrument pour broyer le lin et le chanvre, composé de deux bois retenus par une de leurs extrémités, et s' enclavant l'une dans l'autre à la manière d'une mortaise. — Femme qui marchande sans acheter. Ex. Voilà encore une braye qui vient nous ennuyer avec ses marchandages. Brayer, v. a. — Broyer. Ex. C'est aujourd'hui que nous allons brayer le lin. — Aller d'un magasin à l'autre sans faire d'achat. Brayeur, adj. — Celui qui braye. * Brécer, v. n. (Angl.) Poser un bandage de fer sur la coque à l'intérieur d'un vais- seau. Brèche, n. f. — Dent perdue. Ex. Cet enfant a plusieurs br'èches dans la bouche. 102 LE PARLER POPULAIRE — Brèche-dent. Ex. Cette femme serait plus jolie, si elle n' était ôrècke. Bréché, adj. — Ebréché. Ex. Mon couteau est tout bréchê. Bredasser, v. a. — V. Berdasser. Bredasserie, n. f. — V. Berdasserie. Bredassier, adj. — V. Berdassier. Bref, n. m. Mandat, ordonnance, ordre. Ex. Bref àç. sommation, bref d'exécution, <5r^' d'arrestation. Brégade, n. f. — Brigade, Brelander, v. a. — Raconter les choses à sa façon. Brelingant, n. m. Mot cité par Lacurne de Sainte-Palla^-e, que nous retrou- vons en pleine vigueur dans le comté de Kamouraska. Employé par les mères de famille pour inviter leurs en- fants à prendre des positions plus décentes. Breloque, n. f. — Vieille montre. Brenante, (à la), loc. — A la brune. * Bréque, n. m. (Angl.) — Frein. * Bréquer, v. a. (Angl.) — Serrer les freins. Bretter, v. n. — Fureter. Ex. Veux-tu me dire ce que tu breties là ? — Perdre son temps à des bagatelles. — Faucher. (Expression acadienne). D'après Oudin, bret- ter s\.<gmï^Qxt jouer ou faire des armes. Bretteux, adj. — Qui furette. — Qui perd son temps. Ex. Avance donc à quelque chose, espèce de bretteux f — Faucheur. Breumasser, v. n. — Brumasser. Breume, n. f. — Brume. Breunante, n. f . — Brune. Breune, n. f. — Brune. Bréviaire, n. m. — Dire son bréviaire, lire son bréviaire. * Brevier, brevière, (m. a.) Petit texte, 8 points (T. d'impr.) DES CANADIENS-FRANÇAIS IO3 * Brick, (m. a.) — Brave garçon. Ex. Toi, tu es un brick, donne-moi la main. — Brick bâtard, toute espèce de voiture sans caractère par- ticulier, démodée et vieillie. Bricoles, n. f. pi. — Bretelles de pantalons. En France, la bricole est une bande de cuir qui se met aux sabots au-dessus du cou-de- pied. Brigade, n. f. Troupe de gens réunis ensemble. Ex. Y avait-il beaucoup de personnes qui marchaient dans la procession? — Oui, il y en avait une brigade. * Brigade du feu. n. f. — Corps des pompiers. (Angl. ) Brigand, n. m. — Enfant terrible. Brimbale, n. f. — Perche en bascule pour tirer l'eau du puits. — Crémaillère. Brimbalement, n. m. — Bruit, désordre. Brin, n. m. — Peu, petite quantité. Ex. Tu n'en auras pas un brin. — Grain. Ex. Un brin de pluie. — Bran. Ex. Du brin de scie. Brindezingues, n. f. pi. Pris de boisson. Ex. En voilà encore un qui est dans les briiidezingues . * Brinn'che, n. f. Bien-aimée, préférée. Ex. Celle-là est ma brinn'che. Bringue, n. f. — Fille nonchalante. Ex. C'est une grande bringue. — Pièces. Ex. Mettre un objet en briyigues. Bringuer. — S'amuser, courir, gambader. * Briquade, n. f. (Angl.) — Briqueterie. * Briquaille, n. f. (Angl.) — Briqueterie. Brique, n. f. — Morceau taillé en carré. Ex. Une briqîie de lard, de la brique à couteaux. I04 I,E PARLER POPULAIRE — Brique rêfradaire, brique à feu. (Angl.) — Aller à la brique, aller travailler dans les briqueteries. (Angl.) Briqueler, v. a. — Briqueter. * Briqueleur, n. m. (Angl.) Briqueteur, ouvrier et marchand. * Briquer, v. a. (Angl.) Briqueter, paver, garnir de briques, Briquerie, n. f. Briqueterie. Briquerie se disait autrefois pour exprimer la même chose. Brisable, adj . — Fragile. Brise, n. f. Partir tout d'u7ie brise, partir à la course. Brise=fer, n. m. — Qui brise tout ce qu'il touche. — Qui use beaucoup, usurier. Ex. Cet enfant ne peut rien conserv^er, c'est un brise- fer. Brisse, n. f. — Brisque. Ex. Jouer à la brisse. Broc, n. m. — Fourche en fer à quatre cornes. Broche, n. f. — Aiguille. Ex. Apporte-moi mes broehes pour que j'a- chève de tricoter mes bas. — Bois pour enfiler le poisson que l'on prend à la ligne. — Fil de fer. Ex. Clôture en broche. — Epingle. Ex. Broche à cheveux. — Je7i de b?-oches, cinq aiguilles. Broche (faire de la), loc. — Faire l'amour. Broche (travailler à la), loc. — Exécuter à la hâte. Brocher, v. n. — Faire l'amour. Brochet, n. m. Bréchet. Ex. Il n'a pas épais de lard sur le brochet. Le bréchet est la partie saillante en avant du sternum des oiseaux. Brochetée, n. f. — Brochette. Ex. J'ai pris une belle brochetée de poissons. — •■ Fourchée, la quantité de foin ou de paille que l'on enlève DES CANADIENS-FRANÇAIS 105 avec un broc. Ex. Prends ila fourche et envoie-moi une brochetée de foin. — Grande quantité. Brodure, n. f. — Broderie. * Broker, n. m., brôkeur, (m. a.) — Courtier. Bronches, n. f. pi. Bronchite. Ex. Es-tu encore taalade, moi j'ai les bronches. Bronchique, adj. Atteint de bronchite. Ex. Pierre est malade, je crois qu'il est bronchique. Bronze, n. m. Bronche. Ex. lyouis a une maladie de bronze. Broque, n. m. — Tire-fiente, fourche à fumier. Brosse, n. f. — Fête. Ex. Notre ami vient de sortir d'une brosse qui s'appelle. — Preiidre une brosse, faire la fête. Brosser, v. a. — Fêter. Ex. Cesse donc de brosser. — Brosser le chien, faire la fête. — Battre. Brosser (se), v. pron. — Se battre. — Se brosser le ventre, se passer de tout. Brosseur, n. m. Celui qui fait souvent des brosses, qui boit à intervalles assez réguliers beaucoup de liqueurs enivrantes, et qui recom- mence au moment où on le croirait corrigé de sa manie, un dipsomane enfin. Brou, n. f. — Ecume, mousse. Ex. P'tit Pierre vient de tomber de son mal, il a la brou à la bouche. — Bave à la gueule des animaux. — Savonnure. Ex. Voilà du savon qui fait une belle brou. Brouasser, v. n. — Bruiner. Brouch'ter, v. a. — Travailler à la hâte et sans précaution. Brouch'teux, euse, n. et adj. — Qui brouch'te. ïo6 LK PARLER POPULAIRE Brouch'te=brouch'te, adv, Ex. Cet ouvrier travaille brouch' te-brouch' te, c'est-à-dire, il travaille sans soin et hâtivement. Brouillasser. — Bruiner. Brouille, n. m. Brouille, n. f. Ex, Il va y avoir du brouille dans cette dis- cussion. Brouillon, adj. Fougueux. Ex. J'ai un cheval qui est pas mal brouillon. Brousse=poil (à), loc. A rebrousse-poil. Ex. Ce gas-là n'est pas facile à mener, il faut toujours le prendre à brousse-poil. Brouscailler, v. a. — Brusquer. Brûlade, n. f. — Brûlement, action de brûler. Brûlé, n. m. Forêt, ou bois ou région rasée par le feu. Ex. La paroisse du Grand-j5r^//. Brûle=gueuîe, n. m. — Pipe à tuyau très court. Brûler, v. a. — Dépasser. Ex. Il m'a brûlé le long de la route. — S'approcher d'un objet caché que l'on cherche. Ex. Tu ^?^/(e5, c'est-à-dire tu t'approches. (Terme de jeu.) Brûlette, n. f. Ciboulette, ail civette. * Brûleur, n. m. (Angl.) — Bec-de-lampe. Brûlot, n. m. Espèce de cousin qui brûle la peau en la touchant de son dard. Genre simule. Brûlure, n. f. Ex. Ce mets est excellent pour la brûlure, c'est-à-dire qu'il est absolument bon. Brumasser, v. n. — Bruiner. Brun, adj. et n. f. — Bai brun. Ex. Un cheval brun. — Brune. Ex. Se promener à la brun, Brunante (à la), loc. A la brune. Cette expression n'est pas française, mais DES CANADIENS-FRANÇAIS I07 pourrait l'être sans inconvénient. Faucher de St-Mau- rice en a fait le titre d'un de ses ouvrages. Brusquailler, v. a. — Brusquer. Brusse, adj. — Brusque. Bubule, n. m. — Feu. (Langage enfantin.) Bubusse, n. m. Lait donné aux petit* enfants. Ex. Prends ton bubîisse, mon petit. Bue en blanc (de), loc. — De but en blanc. Bûchage, n. m. — Débitage du bois en bûches. — Coupe du bois, abattis. Bûche, n. f. Stupide. Ex. C'est une bâche, il ne comprend rien, il a la tête dure. Bûcher, v. a. Travailler fort. Ex. L'ouvrage est ardu, mais je vais bû- cher assez fort que j'en viendrai bien à bout. Bûcheux, n. et adj. — Bûcheur, travailleur. — Bûcheron. * Buck=board, n. m., beuke borde, (m. a.) — Barouche. * Buckwheat, n. m., beukouit, (m. a.) — Sarrasin, blé noir. * Buggy, n. m., beugghé, (m. a.) — Phaéton. * Bugle, bioîig'l, (m. a.) — Cor de chasse. * Bull's eye, n. f., (m. a.) — V. Boulezaille. * Bully, boidlé, (m. a.) — Fier-à-bras. Ex, Un ^z^/y d'élection. * Bun, n. f., bofme, (m. a.) — Brioche. Bureau, n. m. — Commode. — Etablissem*nt public. Ex. Bureau de santé, bureau d'hygiène. * Business, biznesse, (.m. a.) Rond en affaires. Ex. J'aime à faire des affaires avec ce marchand, il est business. * Bus, beuce (m. a.) Abréviation de omnibus, voiture publique qui transporte les I08 LE PARLER POPULAIRE voyageurs hors delà ville, et s'arrête en route au gré de chacun. * Bustle, n. m. beussl, (m. a.) Tournure. Ex, Madame a mis son bustle. * Busy body, bizzé bodé, (m. a.) Officieux. Ex. Ce n'est qu'un busy body. Buteux, euse, adj . — Qui bute. Ex. Un cheval buteux. Butin, n. m. — Marchandises. — Mobilier. Ex. Quand je déménagerai, je ne négligerai rien de mon butin. — Einge et vêtements. Ex. Emporte tout le butin que tu as à te mettre sur le dos. — Bonne personne. Ex. Cette fille-là, c'est du butin. Butte (une), n. f. Beaucoup, en quantité. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à l'assemblée? Oui, il y en avait une butte. * Buttercup, beutteurkeupe {m. a.) — Bouton d'or. Butteux, euse, adj. Couvert de buttes. Ex. Ee chemin est dev^enu butteux depuis les dernières gelées. Button, n. m. Petite colline. Ex. La paroisse du Butto?i. Buvable, adj. Potable. Ex. Cette eau-là n'est pas buvable. Buvasser, v. n. — Boire sans cesse. Buvasserie, n. f. — Action de boire outre mesure. Buvasseux, adj. — Qui est dans l'habitude de boire. Buveron, n. m. - Biberon. Ex. Cet enfant de deux ans est encore au b'uveroyi. — Ivrogne. Ex. Çà, c'est un bon buveron. DES CANADIENS- FRANÇAIS IO9 Ça, pron. — II. Ex. Ça gèle fort ce matin. — Celui-ci, celui-là, cette personne. Ex. Ça parle sans savoir ce que ça dit. C'est ça qui est farceur. — Cela, cette chose-là. Ex. Ça m'embête gros. — Ça y est-il? Ça y est. En es-tu? — Oui, c'est convenu. — Il a de ça, il a de la fortune. — Quoique ça, malgré cela. * Cab, n. m., (m. a.) Cabriolet de place, à deux ou quatre roues. Le véritable cab est conduit par un cocher qui a son siège en arrière. Quelqu'un faisait remarquer la forme extraordinaire de ce véhicule importé d'Angleterre en France. Un plaisant répondit: «C'est afin que de l'intérieur le supérieur ne puisse voir le postérieur de son inférieur placé à l'exté- rieur. » Cabalable, adj. Qui peut être cabale. Ex. Il y a sept bleus dans cette pa- roisse qui ne sont pas cabalables. Cabalage, n. m. Cabale. Ex. Dans la paroisse de Beaumont, il n'y a pas de cabalage possible. Cabale, n. f. Propagande eu vue d'une élection quelconque, politique, municipale, etc. Cabaler, v. a. et n. — Solliciter des votes en faveur d'un candidat briguant les IIO LE PARLER POPULAIRE suffrages d'une communauté électorale. Ex. A force de le cabaler, j'ai réussi à le faire voter pour mon candidat. — Travailler à obtenir des suffrages, faire de la propagande d'une manière générale. Ex. J'ai tellement cabale dans ma paroisse, que j'ai pu obtenir une majorité pour notre candidat. Cabane, n. f. Etal de bouclier, de fruitier, de regrattier. Cabane à morue, n. f. Petite construction en bois placée sur la glace des rivières où le pêcheur s'installe pour pêcher la petite morue. Cabane à sucre, n. f. Maisonnette érigée au milieu d'une sucrerie pour y fabri- quer le sucre d'érable, tout en s'y mettant à l'abri. D'où l'expression tire de caba^ie, assez souvent employée par les amateurs. Cabane, adj. — Enfoncé. Ex. Il a 'les yeux cabanes. Cabaneau, n. m. Petite armoire pratiquée dans un mur sous l'escalier de service ou sous le rebord d'une fenêtre, de manière à ce qu'on ne l'aperçoive même pas. Cabaner, v. n. — Habiller chaudement. Ex. Aie le soin de te tenir la tête et le cou bien cabaîiés, car il fait une tempête. — S'arrêter en route pour se mettre à l'abri. Cabaner (se), v. pron. — S'installer chez soi. Ex. Je vais quitter mon bureau à quatre heures, et puis j'irai me cabaner chez moi jusqu'à demain matin. — Devenir casanier. Ex. Plus je vieillis, plus je cherche à me cabaner. — S'assombrir. Ex. Le temps se cabayie, nous allons avoir quelque orage. Cabanes, n. f . pi. — Latrines. Cabarouet, n. m. — Haquet. Long camion qui sert à transporter les barils, les grosses caisses, le truck des Anglais. DES CANADIENS-FRANÇAIS III — Cabriolet, Petite voiture à deux roues, suspendue sur des baguettes de bois, ou sur des ressorts, et à un siège, ou encore une voiture à deux roues, avec quatre poteaux, comme nous en voyons sur nos marchés. Cabas, n. m. Bruit, fracas, tapage. Ex. Allons, les enfants, ne faites pas tant de cabas ? En France, ce mot veut dire trotnpe7'ie, ou s'applique à un meuble lourd et grossier. Dans l'An- jou, c'est un manteau. Cabasser, v. n. — Faire du cabas, du bruit. — Fatiguer, abattre. Ex. Cette fille me paraît bien cabassêe. — Secouer fortement. Ex. Je me suis fait terriblement cabasser dans la voiture à Marois. Cabinet, n. m. Chambre à coucher, à la campagne. Ex. Monsieur, passez dans le cabinet du fond, c'est là votre chambre à coucher. Nous prononçons souvent cabiiiette. Câblegramme, n. m. — Câblogramme. Caboche, n. f. — Capsule de certaines plantes. Ex. Une caboche àç: pavot. — Tête. Ex. Je me suis sonné la caboche en tombant. Cabochon, n. m. — Caboche, tête. Ex. Ce que je te dis là, fourre-moi ça dans ton cabochon. — Bosses, proéminences quelconques. — Nœud de bois, loupe. — Ouvrier maladroit. — Imbécile. Cabousse, n. f. — Appartement ou pièce attenante à un édifice, servant de dépense. Caca, n. m. et adj. — Immondice de toute nature. Ex. Ne touche pas à cela, c'est du caca. — Immangeable. Ex. Ne mets pas cela dans ta bouche, c'est caca. 112 LE PARLER POPULAIRE — Méchant. Ex. C'est caca ce que tu as fait là, mon petit. Cacasser, v. n. — Croasser. — Caqueter, en parlant de la poule. — Bavarder. Cache, n. f. Cachette, ou lieu secret connu seulement des trappeurs du Xord-Ouest. Dans ces caches, ils déposaient ce qu'ils possédaient de plus précieux. Cache la BeIle=Bergère. Jeu de société qui consite à se passer de l'un à l'autre un bijou ou un objet que l'un des joueurs, placé au centre, doit saisir au passage. La personne prise en possession du bijou doit payer un gage. Cache=mainettes, n. f. Tablier muni de poches dans lesquelles les femmes peuvent introduire leurs mains tout entières. Cache petit=pot. Jeu d'enfant, oii il est question de trouver un objet caché dans la main de l'un des joueurs réunis en cercle. Le chercheur est debout, au centre. Cacher, v. a. — Mettre des couvertures sur une personne couchée pour la mettre à l'abri du froid. — Cacher les fautes de quelqu'un. Cacheter, v. a. Jeter des couvertures sur quelqu'un pour le protéger contre le froid. Cachette, n. f. Cache-cache, jeu d'enfants, dans lequel tous les joueurs se cachent, à l'exception d'un seul, qui cherche à découvrir les cachettes des autres. Cachette (à la), loc. adv. En cachette. Ex. Lire des romans à la cachette du maître.- Tu as fait cela à la cacJiette de moi. Cadran, n. m. Montre. Ex. Ton cndrayi est dérangé. DES CANADIENS-FRANÇAIS 113 Cadre, n. m. Tableau, dessin, gravure encadrés. Ex. Voici un beau cadre. Métonymie, le contenant employé au lieu du contenu. Se dit très souvent en France. Caduc (la), n. f. L'aqueduc. Ex. Va donc voir si la caduc marche. Caduc, adj. Triste, abattu. Ex. Cette femme est bien caduque depuis que son mari est mort. Cafière, n. f. Cafetière, vase qui sert à faire ou à verser le café. Cage, n. f. — Train de bois, composé de billots liés ensemble pour former un radeau. — Planches ou madriers mis en pile et croisés à angles droits avec de nombreux interstices, pour être séchés au soleil. Cageage, n. m. Tous les travaux particuliers à la mise en train des billots en flotte. Cager, v. a. — Former une cage avec des billots liés les uns aux autres pour en permettre le transport. — Empiler des planches ou des madriers pour les faire sécher au grand air et au soleil. Cageu, n. m. Pièces de bois attachées les unes aux autres et mises en flotte pour être transportées d'un lieu à un autre. Ce mot peut venir de cajeutes, vieux mot français employé pour dési- gner les Uts de vaisseaux ; du hollandais kajuit. Cageur, n. m. — Employé sur une cage. Cagouette, n. m. — Gorge. V. Gagouette. Cahot, n. m. Ce mot, qui est français, s'emploie surtout pour marquer les inégalités qui se produisent dans nos chemins d'hiver par les amoncellements de neige. On le trouve dans la fameuse chanson : . . .C'est la faute à Papineau Si nous avons des cahots. 114 ^® PARLER POPULAIRE Caille, adj. Mélange de blanc et de noir. Ex. Marie, va tirer la grande vache caille. Thérèse a les yeux cailles. Cailler, v. n. Se laisser aller au sommeil. Ex. Mon petit Jean, tu t'en- dors, tu commences à cailler. En Anjou, caille se dit pour sommeil profond. Cailles, n. f. pi. Caillebottes, masse de lait caillé. Ex. Vivre aux cailles et aux patates. Caillette, n. f. Nom fréquemment donné aux vaches de couleur caille. Cailloud'chouc, n. m. — Caoutchouc. Caisser, v. a. Encaisser, mettre en caisse. Ex. Caisser des livres. Caisson, n. m. Tête. Ex. Se faire sauter le caisso7i avec un pistolet. * Cake, kéke, (m. a.) — Gâteau. Ex. X^njohnny cake. Calâbre, n. m. — Cadavre. Calamel, n. m. — Calomel. Calant, adj. Qui cale, enfonce. Ex. Les chemins sont calants. * Calculer, v. n. (Angl.) Présumer. Ex. Je calcule partir la semaine qui vient. Calèche, n. f. — Cabriolet à ressorts, à deux roues, suspendu sur deux bandes de cuir, à coffre gondolé, encore en usage à Qué- bec. — Diarrhée. Ex. Avoir la calèche. Caléchée, n. f. Calèche remplie de voyageurs, de promeneurs. Calemberdaine, n. f. —Calembredaine. Calenas, n. m.— Cadenas. Calenderier, n. m. — Calendrier. Caler, v. n. et a. — Ruiner. Ex. Ce marchand est calé à tout jamais. — Enfoncer. Ex. Ea terre est molle ici, ça ccUe. DES CANADIENS- FRANÇAIS II 5 — Devenir chauve. Ex. Tu cales bien de bonne heure, toi, tu as la tête comme un genou. — Perdre de l'argent. Ex. J'ai ca/é gros d'argent dans ma dernière spéculation. En France, ca/er signifie avoir peur. Ex. Tu caleras quand il faudra te battre. Caler peut venir de cale, calotte Brantôme parle de la cale ecclésiastique, béguin ou coiffe de soie que les hommes portaient sous le chaperon (camail). Calfatage, n. m. — Calfatage. Calfeter, v. a. — Calfater. Calfeteux, n. m. — Qui exerce le métier de calfat. Caliberdas, Bruit, tapage. Ex. Mon Dieu ! quel caliberdas ! Caliborgnfe, adj. — Louche, borgne. Califourcnon, n. m. — Fourche des jambes. Califourni^, n. f. — Californie. Calimaçon, n. m. Colimaçon. Ex. Calimaçon borgne, montre-moi tes cornes, Cali-Mailla, n. m. Colin- Maillard. Ex. Courir le Cali- Mailla. Le Colin- Mail- lard cherche à saisir un joueur, et, lorsqu'il le tient, il doit deviner son nom. S'il nomme le joueur qu'il a pris, ce dernier devient Colin-Maillard. Calice, n. m. — Calice. Câlina, n. f. Espèce de bonnet rond, noué sous le menton, dont nos Canadiennes se servaient beaucoup dans le temps passé. La mode semble en vouloir disparaître. Calmir, v. n. Faire le calme. Ex. La mer va calmir, ensuite nous parti- rons pour l'île aux Corneilles. Calmir (se), v. pron. Se calmer. Ex. Il finira par se calmir avec le temps. Calotte, n. f. — Ronce odorante, appelée aussi cap, casquette, capzichcru, framboise. — Casquette. Ex. Les écoliers du séminaire sont obligés de porter la calotte de drap bleu avec nervure blanche. Il6 LE PARLER POPULAIRE Calumet, n. m. — Toute pipe de bois, ou dont le tuyau est en bois ou en roseau. — Homme de très petite taille. Caluron, n. m. Petite casquette qui ne recouvre que le sommet de la tête. Câlus, n. m, — Cal, calus. * Calvette, n. f. (Angl.) Ponceau. De l'anglais culvert. Calvine, n, m. Calville. Ex. Des pommes de Calvine. Calville est un petit village de Normandie, et la pomme Calville est par- ticulière à la Normandie. Le nom a été apporté de France, mais la pomme nous est étrangère. Camail, n. m. Capeline particulière aux jeunes enfants et qu'ils portent durant l'été. Cambuse, n. f. — Poêle rustique. Camelotine, n. f. Etoffe de laine très lustrée, en vogue autrefois. Camomine, n. f. Camomille. Ex. Une bonne tisane de camojnine pour la migraine. Camp, n. m. — Habitation primitive élevée dans les bois pour y loger les bûcherons, les voyageurs. Il 5^ a les camps temporaires et les camps permanents. Se prononce cavipe. — Ficher le camp, se sauver, déserter. — Sacrer le camp, même sens. Camp=Iit, n. m. Lit de camp, préparé au moyen de branches d'arbres recou- vertes de peaux de carriole. Campe, n. m. — Camp. Camper, v. n. — S'installer dans un camp, près d'un lac ordinairement, pour faire la chasse ou la pêche. — Jeter. Ex. Son cheval l'a campé par terre. DES CANADIENS-FRANÇAIS II7 — Appliquer. Ex. Je lui ai campé une bonne claque. Canâiller, v. n. — Se livrer à la canaillerie. Canaoua, n. m. Sobriquet donné aux sauvages en général. Ex. Les Ca- 7iaouas de Ristigouche. Canaouiche, n. m, Sobriquet donné aux sauvages. Ex. Bonjour, canaouiche / Canard, n. m. — Bouilloire. V. Bombe. Canard branchu, n. m. — Canard huppé. Canard gris, n. m. — Canard pilet. Canayen, enne, n. etadj. Canadien, enne. Ex. Ees Canayens sont pas des fous, par- tiront pas sans prendre un coup. Cancanage, n. m. Cancan, médisance que l'on colporte. Cancanement, n. m. — Cancan. Cancaner, v. n. Bavarder, médire. Cancan est du français académique, mais pas ca7ica7ier. Cancaneux, adj. Cancanier, qui a l'habitude de faire des cancans. * Cancellation, n. f. (Angl.) Action de canceller, de contremander, de résilier, d'annuler, de biffer. * Canceller, v. a. (Angl.) — Contremander. Ex. Ca?iccller une commande de livres. — Résilier. Ex. Canceller un bail. — Annuler. Ex. Cayiceller une loi. — Biffer. Ex. Canceller une disposition de la loi. Cancre, n. m. Paresseux incorrigible. Se dit aussi bien d'un homme fait que d'un écolier. Cancreté, n. f. Ee fait d'être cancre. Ex. C'est la cancreté même. * Candy, ca?in'dé, (m. a.) Bonbon. Ex. Un enfant qui se nourrit de caiidy. Caneçon, n. m. — Caleçon, avec permutation entre /et n. Il8 I,E PARI.ER POPULAIRE Cani, n. m. Moisi. Ex. Cette viande a une forte odeur de cani; voici du pain qui a goût de ca7ii. Canir, v. n. — Se gâter par l'humidité. Canisse, n. f. Canistre. Bidon de fer-blanc pour y mettre le pétrole et toutes les huiles, les vernis, etc. Canissure, n. f. — Chancissure. Canitude, n. f. Canicule. Ex. Nous resterons à la campagne durant les canitudes. Canne, n. f. — Cruche. — Vivre la canne à la main, être assez riche pour pouvoir s'exempter de travailler. Canne de roche, n. f . — Canard histrion. Cannée, n. f. — L,e contenu d'une canne, d'une cruche. Cannelier, n. m. Instrument en bois à double montant, troué à intervalles égaux. Cannelle, n. f. — Fuseau, bobine. Canner, v. a. — Donner des coups de canne. Cannevette, n. f . — Plateau à liqueurs. * Cannuck, ka^inoque, (m. a.) Nom donné aux Canadiens-Français par les Anglais. * Canon, cano7ine, (m. a.) Gros canon, 48 points. (Terme d'impr.) Canon, n. m. — Verre. Ex. Viens prendre un petit canon chez I^ambert. — Fessier. Canonner, v. n. — Rejeter des gaz avec bruit. Canot, n. m. Sorte de chapeau de femme, appelé aussi chapeau de mate- lot. Canoterie, n. f. Cote de la Canoterie, nom donné à une côte qui fait com- muniquer la partie basse de Québec avec la partie haute. DES CANADIENS-FRANÇAIS '21 Autrefois il fallait la descendre pour prend. destinés à faire la traversée de la rivière Saint-ChâîTil^^^^- Cant, n. m. Côté, la partie la plus étroite d'une pièce de bois, d'un bloc de pierre de taille. Ex. Mettre un bloc de pierre sur le cant^ une maison bâtie en madriers sur le cant. Canter, v. a. — Pencher. Ex. Un mur qui cante. Le vieux français disait eschanteler pour exprimer la même idée. — Mettre sur le côté. Ex. Canter un meuble pour pouvoir le passer par une porte étroite. Canton, n. m. — Voisinage. Ex. Nous demeurons dans le cayiton. — Township. Ex. Les Cantons de l'Est. * Canvasser, v. a. (Angl.) — Cabaler. Caoutchouquer, v. a. Couvrir de caoutchouc. Cap, n. m. — Capsule de fusil. — Ronce. — Casquette. * Cap, (night) na:ite, (m. a.) Consommation prise avant de se mettre au lit. Ex. Pre- nons un 7iight-cap et allons nous coucher. Capable, adj. — Fort, musculeux. Ex. Si tu veux te battre, je t'assure que je suis aussi capable que toi. — Instruit. Ex. Cet écolier a fini ses études, il est très capable. — Dans la possibilité. Ex. Je ne suis pas capable d'aller glisser. * Capacité (en sa), loc. (Angl.) En sa qualité. Ex. Agir eji sa capacité de président, de secrétaire. Cape, n. f. — Câpre. Le fruit se met en conserves dans le vinaigre pour lui donner du piquant. Il8 Li{ PARLER POPULAIRE Cani, n. m. _,x. Chemin des Capes, entre Saint- Joachim et la Moisie Saint-Paul. Capharnaùm, n. m. Maison spacieuse habitée par plusieurs ménages, où l'ordre et la propreté font souvent défaut. * Capiâsser, v. a. (Angl.) Signifier un capias, mandat d'arrestation d'une personne en- dettée qui manifeste son intention de quitter la province. Capiche, n. f. — Coiffure de femme qui recouvre les épaules. Capillaire, n. f. La plus belle de nos fougères dont on fait un excellent sirop pour le rhume. Les botanistes l'appellent adiante pédalé. Capine, n. f. —Capeline. * Capital politique. (Angl.) Exploitation d'une question au point de vue et au profit d'un parti. Ex. Faire du capital politique en faveur des conservateurs. Capot, n. m. — Capote. Ex. Un capot d'écolier, un capot bleu, un capot d'habitant. — Pardessus de fourrure. Ex. Un capot de poil, un capot de chat, d'astrakan, de seal, de castor piqué. Capot (faire). Rester capot. Fai7-e capot veut dire faire toutes les levées, au jeu de cartes. Ici, c'est le contraire. Capoter, v. a. Mettre le capot sur le dos d'un autre. Capoter (se), v. prou. Mettre son capot. Même sens que s'encapoter. Capuche, n. f. — Bonnet de nuit à l'usage du sexe. — Sage-femme. Capuchon, n. m. — V. Calotte. Capuchonner (se), v. pron. Mettre son capuchon. Caque, n. m. Caca. Ex. Faire son caque, dans le langage enfantin. Caracolage, n. m. — Action de marcher en caracolant. DES CANADIENS-FRANÇAIS 121 Caracoler, v. n. Avoir une direction tortueuse. Ex. Un chemin qui caracole. Caractère, n. m. I^ettre de recommandation. Ex. Voulez-vous me faire la charité, voici mon caractère, lisez-le. Un caractère se disait autrefois de la manière d'écrire, et aussi pour les lettres ou figures que quelques-uns croyaient avoir une certaine vertu en conséquence d'un pacte fait avec le diable. Caractère seul, loc. » Homme triste, fuyant la compagnie du monde. Carafée, n. f. Le contenu entier d'une carafe. Ex. Une carafée d'eau, de cognac. Caraquettes, n. f. pi. Huîtres pêchées à Caraquet, sur le littoral de l'Atlantique, dans le Nouveau-Brunswick. Caravane, n. f. Bande. Ex. Voyager en caravayie, glisser en caravane. Carcajou, n. m. Glouton, petit animal de nos forêts, mentionné par LaHontan. On l'appelle encore le diable des bois, et les sauvages le con- naissent sous le nom de quaquasut. Carcan, n. m. — Collier en bois que l'on met au cou des animaux de ferme pour les empêcher de sauter les clôtures. • — Décharné. Ex. Maigre comme un carcan. Carcaner, v. a. — Mettre le carcan. Carcasse, n. f . — Personne très maigre. Carcul, n. m. — Calcul. Carculer, v. a. — Calculer. Cardures, n. f. pi. Retirons, laine restée dans le peigne, après le peignage. Carême, n. m. — Face de carême, figure très pâle. Carillon, n. m. Bruit, tapage. Ex. Quel carilloyi faites-vous là, mes petit* enfants ? 122 LK PARI,ER POPUI^AIRE Carisé, n. m. Flanelle croisée très épaisse et très forte. Ex. Des ca/ieçons de carisé. Carnage, n. m. — Bruit, fracas. Ex. Quel carnage est çà? Cessez, les enfants, de vous chamailler. — Dégât. Ex. Le tonnerre a fait du carnage cette nuit. Carnas, n. m. — Cadenas. Carottage, n. m. Action de carotter, de tromper, d'escroquer. Carotte-à-Moreau, n. f. Ciguë. Sa racine ressemble beaucoup à la carotte rouge. Poison violent. Carotte, n. f. Mensonge. Ex. Pousser une carotte. Carotter, v. a. Voler, obtenir de l'argent sous de faux prétextes. Carouge commandeur, n. m. — Etourneau à ailes rouges. Carpe de France, n. f. Cette carpe est nommée par les botanistes maxostôme doré, cousin germain de la carpe. Carpiche, n. f. Culbute. Ex. Il a pris une carpiche en descendant l'escalier de la petite rue Champlain, il a failli s'assommer. Carrage, n. m. Enjeu. Ex. Le carrage est défendu à ce jeu-là. Carré, u. m. Place publique. Ex. Le carré'^igex, à Montréal. En Nor- mandie on dit ^carreau, d'où l' expression /^/^r 5?^r le car- reau. Carreau, n. m. — Imposte, partie fixe ou non qui surmonte la partie mobile d'une porte, d'une croisée. — Soupirail. Ex. Les rats entrent par le carreau de la cave. — Carré, morceau carré. Ex. Un carreau de lard. Carreautage, n. m. Action de diviser une étoffe par carreaux. DES CANADIENS- FRANÇAIS I23 Carreauté, adj. Divisé en petit* carreaux. Ex. Avez-vous de l'indienne carreaïdêe noir et blanc ? Carrette, n. f. Cadre de bois sur lequel les pêcheurs enroulent les lignes destinées à tirer de l'eau le poisson après l'avoir harponné. Carrer (se), v. pron. Mettre un enjeu, au jeu de cartes, au brelan. Carriole, n. f. Traîneau d'hiver. Ex. Attèle la grise à la carrzc?/i?/ n'oublie pas la peau de carriole. Carriolée, n. f. — Une carriole remplie de voyageurs. — L'ensemble des personnes que contient une carriole. * Carte complimentaire, n. f. — Carte de faveur. (Angl.) * Carte=poste, n. f. — Carte postale. (Angl.) Cartes (tirer aux), loc. — Tirer les cartes. Carteron, n. m. — Carton. Ex. Une boîte en carteron. Casarner, v. a. — Caserner. Caserner, (se) v. pr. Se renfermer chez soi. Ex. Quand vient l'hiver, j'ai tou- jours envie de me caseryier. Casernier, n. et adj. — Casanier, qui aime à rester chez soi. * Cash, cache, (m. a.) — Comptant. Ex. Moi, je paye cash. — Caissier. Ex. J'ai affaire au cash. Casque, n. m. — Gros casqîie, homme important. — Arrayiger le casque à qiielqu''u7i, le morigéner. — Avoir du casque, avoir du toupet. — Lever le casque à qzcelqu'uji, lui dire ses vérités. — Se faire serrer le casque, se faire taper. — En avoir plein son casque, être rendu au bout de sa pa- tience. — Cela va lui prendre le casque, cela va le forcer sérieuse- ment. — Mauvais plaisant. Ex. T'es pas fou, le casqtie ! 124 l'Ë PARIvER POPUIAIRB Casquette, n. f , — Ronce odorante. Voir Calotte. Cassable, adj. Qui peut être cassé. L'Académie ne reconnaît pas ce mot. Cassage, n. m. Ne se dit que des minerais. Ici, nous étendons ce mot à toute action de casser, verre, porcelaine, etc. Casse, n. m. Casque. Ex. Prends ton casse et va-t-en. V. Casque. Casseau, n. m. — V. Cassot. Casse-=glace, n. m. — Brise-glace. Casse=poitrine, n, m. — Boisson forte. Casser, v. a. — Fendre. Ex. Cours me casser un peu de bois pour allu- mer le poêle. — Renverser. Ex. J'ai tiré au poignet avec Arthur, et je l'ai cassé. — Avoir du succès à tout casser, beaucoup de succès. — Se casser le nez sur la porte, se voir refuser la porte. — Casser sa pipe, rater son affaire. Casserille, n. m. — Quadrille. Casserole, n. f. Cendrier. Ex. Marie, vide donc la casserole du poêle. Casserolée, n. f. — I^e contenu d'une casserole. Cassette, u. f. Boîte de merceries à l'usage des colporteurs, des marchands ambulants. Ex. Tiens, tu sais bien que monsieur Damour, si riche aujourd'hui, a commencé par porter la cassette. Cassis, n. m. Cassis, Gadelle 7ioire. Ex. De la gelée de cassis. Cassot, n. m. — Estomac. Ex. Avoir le cassot plein. — Boîte en écorce de bouleau, dont se servent les fabricants de sucre d'érable pour mettre la tire. On l'utilise, en outre, pour la cueillette des petit* fruits, des fraises, des framboises, etc. En France, le cassot est une caisse à compartiments où l'on trie les chiffons pour la fabrication du papier. DKS CANADIENS-FRANÇAIS I25 — Soulever le cassot, morigéner. Castille, n. m. — Savon de Castille, savon importé de France. — Hache de castille, hache d'acier. De l'anglais cast steel. Castonade, n. f. Cassonade. Ménage, dans ses observations sur la langue française, dit : « Le grand usage est castonade, et non pas cassonade qui est pourtant le véritable mot. De casson, cassoiuiade. Je dirais donc castonade, mais sans blesser cassonade. » Castor, n. m. — Ricin. Ex. Huile de castor. (Angl.) Castor OU. — Parti politico-religieux. Ex. Je te dis, moi, qu'il y a encore des castors. — Chapeau de haute forme. Ex. Tu as l'air de quelque chose avec ton castor. Castor errant, n. m. Castor isolé des siens que le chasseur capture facilement. Castor (petit), n. m. Petit insecte qui pullule sur les mares d'eau et qui passe pour très venimeux. Castoriser (se), v. pron. Avoir une tendance de plus en plus prononcée vers le casto- risme. Castorisme, n. m. Parti des castors, qui a pris naissance en 1886, et dont le programme consistait dans l'application des principes ultramontains dans la vie publique comme dans la vie privée. * Cast Steel, castile, (m. a.) Acier fondu. Ex. Une faux en cast steel. Casuel, adj. — Volage. Ex. Cette personne est pas mal casuelle. (De Gaspé, Mémoires). — Fragile. Ex. Cette verrerie est casuelle. — Délicat, faible. Ex. Ma femme n'a pas grand santé, elle est casuelle. 126 LE PARLER POPULAIRE Catalogne, n. f. — Crêpe au lard. (Taché, For. et Voy.). Ex. Marie, huche ton père pour venir manger des catalogues. — Lisière de tapis fabriqué avec des bandes étroites de laine ou de coton au moyen d' une machine dite métier. Oudin dit qu'il y avait jadis des couvertures de laine blanche qui portaient ce nom, parce qu'elles venaient de Catalogne. Cataplamme, n. m. — Cataplasme. Cataplasse, n. m. — Cataplasme. Catapleume, n. m. Cataplasme. L<e verbe cataplamer existait jadis et signifiait faire un cataplasme. Cataplume, n. m. — Cataplasme. Catchime, n. m. — Catéchisme. Cateau, cataut, n. f. Catherine. Ex. Joséphineest habillée comme Ca/(?«z/, c'est- à-dire sans goût, quoique avec beaucoup de fanfreluches. Nous disons également : Elle est a??ia?ickée comme Cateau. Catéchime, n. m. — Catéchisme. Catéchisse, n. m. — Catéchisme. Catéreux, adj. — Homme d'humeur inégale. Caterre, n. m. — Catarrhe. Ex. Je crois que j'ai le. caterre. Catherine=serrée, n. f. Femme à l'étroit dans ses vêtements. Ex. Regarde Cathe- rine-serrée qui passe. Catherinette, n. f. — Mûrette ou ronce du Canada. Catholique, adj. Honnête, respectable. Ex. Ce n'est pas catholique ce que tu viens de faire. Catiche, n. f. Doigt de gant ou simplement un linge qui enveloppe un doigt malade. Diminutif de Cataut. Catichette, n. f. — V. Mainette. Catichonner, v. a. Habiller sans goût. Ex. Cette mère caticho7ine ses enfants, est-elle ridicule ? DES CANADIENS-FRANÇAIS 12/ Catichonner (se), v. pron. S'habiller sans goût. Ex. Une fille qui passe son temps à se catichonner. Catin, n. f. — Poupée. Ex. Monsieur, avez-vous des caiins à vendre ? — Sans doute. Passez par ici, la femme aux catiyis ? Dimi- nutif de Catherine. — Doigtier, fourreau en forme de doigt de gant, dont on recouvre un doigt malade. Catiner, v. n. Jouer à la poupée, fabriquer des poupées avec du vieux linge. Cati nette, n. m. Petit garçon efféminé qui se plaît à catiner. Catineux, n. et adj. Petit garçon qui joue à la poupée avec ses soeurs. Catsup, catseiipe^ (m. a.) Sauce de champignons, de tomates, etc. Caucus, n. m. Réunion intime des partisans d'un groupe de politiciens. (Américanisme. ) Cause (à), loc. conj. Pourquoi. Ex. Tu me refuses d'aller là-bas, dis donc, à cause f Cause que (à), loc. conj. Parce que Ex. J'ai fait cela à cause gne j'ai voulu. Cause que (d'à), loc. conj. Pourquoi. Ex. D^à cause que tu m'en veux ? Causer, v. n. Causer à g7ielqu'u7i, causer avec quelqu'un. Ex. Nous lui causerons de notre affaire. Causette, n. f. Courte conversation. Ex. Entre donc, l'ami, nous allons faire un bout de causette. Caustique, n. m. Carbonate de potasse, et en général toute substance causti- que. Ex. Vous allez laver le plancher avec du caustique. 128 LE PARLER POPULAIRE Caution, n. m. Caution, n. f. Ex. Prête-moi donc cent piastres, j'ai un bon caution à te donner. * Cauxer, v. a, (Angl.) Cajoler, enjôler. De l'anglais io coax, amadouer. Cavalier, n. m. Amoureux qui fait la cour à une jeune fille. Ex. En voilà une qui n'est pas chanceuse, elle a déjà eu trois cavaliers, et elle ne se marie pas plus vite que les autres. Cavée, n. f. Creux, fosse, vallée. On dit encore cavée en Normandie pour signifier une fosse. Cav'reau, n. m. — Caveau. On employait autrefois les mots cavearot et cavercan. — Cave à légumes." — Chapelle funéraire érigée dans un cimetière. Cayen, ne, n. et adj. Acadien. Ex. Les Caycns de la Gaspésie. Cazagot, n. m. Boîte en écorce où les femmes des sauvages déposent leur petit enfant pour le transporter sur leur dos au cours de leurs pérégrinations. Cèdre blanc, n. m. — Thuj^a d'Occident. Cèdre rouge, n. m. — Genévrier de Virginie. Cédrière, n. f. Forêt de cèdres. Ex. Nous allons couper du balaitte dans la cédri'ère. Ceinture fléchée, n. m. Ceinture longue et large, aux couleurs voyantes et variées, fabriquée autrefois par les sauvages seulement. Ceinture, n. f. Un chemin de fer de cei7iiîire, un chemin de fer circulaire. Ceinturer, v. a. Entourer avec une corde. Ex. Ceintuj-er une valise. Celle (la), pron. Celle. Ex. C'est la celle que je connais. DES CANADIENS-FRANÇAIS I29 Cellesse (la).— Celle. Cémiquière, n. m. — Cimetière. Cémitière, n. m. — Cimetière. Cendrouillonne, n. f. — Servante malpropre, Cenelle, n. f. Fruit de l'aubépine. I^' Académie a écrit senelle, mais en renvoyant à Cenelle qu'elle a omis de reproduire. Cenellier, n. m. — Aubépine. Cenille, n. f . — Chenille. Cent, ceiuiH, n. f. , (m. a.) Centin. Ex. Je n'ai pas la cent, je n'ai pas c^te cent. Centin, n. m. Traduction de l'anglais ce7it, centième partie de la piastre. Centume, n. m.— Centuple. (B. P. F.) Cerceau, n. m. Petit berceau de fer et d'osier en forme de tonnelle qui em- pêche les draps de lit de toucher à un membre malade. Cercle, n. m. Cerne. Ex. Es-tu malade, tu as un grand cercle autour des yeux. As-tu vu le cercle qu'il y a autour de la lune ? Cercle de quart, n. m. — Cercle de baril, de tonneau. Cérémonie (être de), loc. Agir en qualité de parrain et de marraine dans un baptême. Ex. Pierre et sa femme sont de cérémonie chez les Beaufils. Cérimonie, n. f. Cérémonie. Ex. Pas de cérimonie, Monsieur, entrez. Cérimonieux, adj. — Cérémonieux. Cérimonitieux, euse, adj. Très cérémonieux. Cerise, n. f. Verre de vin. Ex. Entrons chez Boisdon, nous allons prendre une cerise. Cerise à grappes, n. f. — Cerise de Virginie. Cerise à grappier, n. f. — Cerisier à grappes. Cerise de France, n. f . — Cerise. Cerner, v. a. Culotter. Ex. Ta pipe est bien cernée. 9 130 IM PARIvER POPULAIRE Certifida, n. m. Assa fœtida, résine antispasmodique et d'une odeur fétide, employée par les chasseurs comme appât. Ceule, pron. — Celle. Causes (les), pron. Ceux. Ex. Les censés qui sont pour, levez la main. Chacoter, v. a. — Fatiguer l'esprit, donner à réfléchir. Ex. Cette affaire me chacote gros. — Réprimander vertement. Chacun (un). — Chacun. Ex. Q\x' 7i7i chacu7i donne son opi- nion l'un après l'autre. Chadron, n. m. — Chaudron. — Echarde. Chadronnée, n. f. — Chaudronnée. Chadronnet, n. m. — Chardonneret. Chagriner, (se) v. pron. S'assombrir. Ex. Il fera mauvais tantôt, le temps se cha- grine. Chaîner, v. n. S'enfuir rapidement. Ex. Nous avons été poursuivis par des voleurs, et nous avons pris la fuite, je t'assure que ça chahiait. Chair de cuir, n. f. Partie molle d'un cuir tanné. Employée journellement pour arrêter les hémorrhagies externes. Chaise, n. f. — Chaire. Ex. M. le curé est monté dans sa chaise. — Etre assis entre deux chaises, expression qui définit bien la position d'un homme qui, pour avoir couru deux lièvres à la fois, n'en a saisi aucun. Chaland, n. m. — Embarcation à fond plat. Chalin, n. m. — Eclair de chaleur. En Normandie, câliner veut dire faire des éclairs de chaleur. Cotgrave définit chaïine un tonnerre peu bruyant au com- mencement du jour. DES CANADIENS- FRANÇAIS I3I Châlit, n. m. — Bois de lit. Challe, n. f . — Semonce. (Cl.) Challer, v. a. — Semoncer, réprimander. Chaloir, v. imp. Se soucier. Ex. Il m'en chant. Chaloupée, n. f. — La charge d'une chaloupe. Chaloupier. — Qui conduit une chaloupe. Chamborder, v. a. Border, entourer. Ex. J'ai fait chamborder mon hangar. Chamaillerie, n. f. Querelle, dispute, bataille. Chambrai, n. m. Cambrai, toile de lin, blanche, fine, qu'on fabriquait à Cam- brai. Chambranler, v. n. Chanceler, aller d'un chambranle à l'autre. Ex. Pierre n'est pas ferme sur ses pieds, il chambranle. — Branler, osciller. Ex. Un meuble qui chambraiile quand on le remue. Chambre, n. f. — Salon. Ex. Passez, Monsieur, dans la chambre, dans la grande chambre. — Avoir des chambres à louer, être un peu fou. Chambre (grande), n. f. — Salon. Chambré, adj. Lamelle. Ex. La glace est chambrée. (B. P. F.) Champlure, n. f. Chantepleure, robinet quelconque. Chançard, adj. Chanceux, homme que la chance poursuit. Chance, n. f. Billet de loterie. Ex. Moi, j'ai six cha?ices, j'ai acheté six billets. — Coup de chayice. V. Coup de chance. Chancre, n. m. — Cancer. Ex. Un chayicre à la bouche. — Manger comme tin chancre, beaucoup. 132 IrE PARLER POPULAIRE ly'on disait autrefois boire en chancre, boire avec excès. (Du Tillet, Hist. de la fête des Foux.) Chancreux, euse, adj. Cancéreux. Ex. Une plaie chancreuse. Chandelle, n. f. — Avoir des chayidelles au nez, avoir le nez morveux. — Ne pas viangcr de chayideUes, se tirer du grand. Ex. C'est un gas qui ne viange pas de chandelles, car la mèche l'écœure. Chandelles (en), loc. — Glace à demi désagrégée sous l'action de la chaleur et de la pluie. — Aiguilles de glace qui pendent des toits des maisons, à la façon des stalactites. (B. P. F.) Chandonnet, n. m. — Chardonneret. Change, n. m. et f. — Monnaie d'une pièce. Ex. As-tu de la change pour une piastre ? — Habits de rechange. Ex. Je n'ai plus de change, la laveuse ne m'a pas apporté mon linge. — De la change, du change. Change pour change, loc. Troc pour troc. Ex. As-tu une montre à cha?iger'i si tu veux, je chaîigerai la mienne pour la tienne, change pour change. Changeaillage, n. m. — Action d'échanger de menusobjets. Changeailler, v. a. — Echanger de menus objets. Changer (se), v. pron. Changer d'habits. Ex. C'est aujourd'hui dimanche, ilfaut se chayiger. Changeur de chevaux, n. m. Qui fait profession d'échanger des chevaux pour en tirer du profit. Chanquier, n. m. — Sentier, chemin très étroit formé dans les bois par un long usage. — Chantier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 133 Chanteau, n. m. Patin. Ex. Le chanteau de ma chaise berceuse est usé. Chanter, v. a. — Imiter le chant. Ex. La poule qui chante le coq, c'est- à-dire, qui imite le chant du coq. — Raconter. Ex. Qu'est-ce que tu me cha?ites là ? Chanter le coq, loc. Chanter victoire. Ex. Cesse de chanter le coq, je te ferai bientôt rabattre le caquet. Chanteux, adj. Chanteur, Ex. Louis est un beau chanteux. Chantier, n. m. — Exploitation d'une forêt. — Quartier où se réunissent les travailleurs. — Cabane. — Sentier. Chape, n. f. — Châle. — Semonce. Ex. Il s'est fait lever une chape en règle. Chapeau, n. m. Maladie de la peau sous forme de croûtes qui forment sur le crâne des enfants une espèce de chapeau. Chapeau (passer le), loc. Faire une collecte. Chapelain, n. m. Aumônier. Ex. M. le Chapelain des Ursulines. Chap'lette, n. m. — Rouler le chap' letie, dire souvent son chapelet, — Claque-chap' lette. V. ce mot. Chapelinat. n. m. — Aumônerie. Chapelouse, n. f. Chenille. En Normandie, carpeleuse oi charpeleuse stô\SQ.nt. Du latin caro pilosa, chair velue. Chapitre, n. m. Réprimande. Ex. As-tu eu ton chapitre de Monsieur St- Cyr, moi, j'ai eu le mien. Corneille s'est servi de ce mot. Chapitrer est français. 134 I<E PARLER POPULAIRE Chaque, pron. Chacun. Ex. Mes ouvriers me coûtent deux piastres par jour chaque. Chaqueune, pron. f. —Chacune. Char, n. f, — Char, u. m. Ex. Voyz%Q.xàiZ.ns,\^s, petites chars. Char, n. m. — Voiture de chemins de fer, wagon. Ex. Embarquons dans les chars, changeons de char, les chars sont chargés de monde. — Gare. Ex. Y a-t-il loin d'ici aux chars f — Train de chemin de fer. Ex. Tu connais Baptiste, ce n'est pas les chars. Dis-moi donc l'heure des chars. J'ai un cheval qui marche comme les chars. J'ai eu le mal- heur de manquer les chars. — Tramway, char urbain. Ex, Les petit* chars marcheat- ils aujourd'hui ? — Char à bagage, fourgon. — Char à bois, à charbon. Char de Vénus, n. m. — Aconit Napel. Charabia, n. m. Langage bizarre, incompréhensible. Ce mot, d'après Pier- quin de Gembloux, vient de Skarakiad, ville d'Ara- bie, qui donna son nom aux Sarrasins. Charabia se trouve dans Larousse. Charader, v. a. Houspiller. (De Gaspé, Mémoires, p. 135.) Charbon, n. m. — Huile de cha7'bon, pétrole. — Charbon dur, houille maigre. — Charbon mou, houille grasse. Charbonner, v. a. Charger un bateau ou un steamer de charbon. Charbonnier, n. m. Bâtiment qui transporte du charbon. Larousse cite char- bon7iier dans ce sens. Charcher, v a. Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu charches là ? DES CANADISNS-FRANÇAIS 135 Chardonnet, n. m. Chardonneret. Marot dit chardonnet. Chardron, n. m. — Chardon. — Un chardron sec, une personne inabordable. Chardronnet, n. m. — Chardonneret. * Charge, n. f. (Angl.) — Plaidoirie, réquisitoire. — Allocution du juge faisant le résumé de la cause. — Etre à charge, être fatigant, ennuyeux. Chargeage, n. m. — Action de charger. Chargeant, adj. part. Indigeste. Ex. J'ai dîné au dinde, c'est chargeant. * Charger, v. a. (Angl.) — Haranguer, charger le jury. — Mettre au débit. Ex. Vous chargerez ces deux piastres sur mon compte. — Réclamer. Ex. Il m'a chargé dix piastres pour sa consulte. Chargner, n. m. — Charnier. V. ce mot. Chargnère, n. f. — Charnière. Chariot, n. m. — Corbillard. — Espèce de banquette roulante, à siège troué au centre, et où l'on place debout un enfant qui est à la veille de marcher. Charlander, v. — Ennuyer, importuner. — Chala?ider se disait jadis. Charlanter. — V. Charlander. Charlimagne. Corruption de Charly vian, expression usitée pour engager les travailleurs qui doivent soulever un lourd fardeau, à faire un effort commun. Ex. Chante le charlimagne, ça va nous aider à mieux travailler. Chariot, n m. Diable. Ex. Mes mitaines sont raides comme la peau du vieux Chariot. 136 I,E PARLER POPUI<AIRE Charme, n. m. Se porter comme un charme^ avoir une excellente santé. C'est charte qui se disait jadis. Ex. Cet enfant profite comme une charte (chanvre) . Charme (d'un), loc. D'un tour de main. Ex. C'a été fait d'u?i charme. Charnel, adj. — Consanguin. Ex. C'est mon oncle charnel. Charnier, n. m. — Caveau où l'on dépose les membres d'une même famille. — Caveau à l'usage de tous les défunts durant l'hiver. Au printemps, les cercueils sont enterrés dans des fosses par- ticulières. Charnière, n. f . — Charnier. Charpenquer, n. m. — Charpentier. Charpente à tête. Charpente grossière faite de bois rond ajusté aux angles au moyen de simples entailles. Charpiller, v. a. — Mettre en charpie, écharpiller. Charpir, v. a. Déchirer, mettre en charpie. Ex. Charpir de la laine. Chârrequer, n. m. — Charretier. Charretier, n. m. — Cocher de place. — Conducteur de voiture en général, quelle que soit sa forme ou son usage. Chârriable, adj. Qui peut être charrié. Vieux terme de coutumes, qui désignait un vassal obligé envers son seigneur à fournir des charrois. Chârriement, n. m. — Course. Ex. Ecoute, mon enfant, cesse tes chârriements d'un quai à l'autre. — Action de transporter des objets, des meubles, d'un lieu à un autre. Charrier, v. a. — Aller très vite. Ex. Ce charretier a un bon cheval, il nous a charriés jusqu'à Eorette eu pas grand temps. DES CANADIENS-FRANÇAIS I37 — Renvoyer, chasser. Ex. Veux-tu t'en aller, misérable? charrie d'ici. — Avoir la diarrhée. Bx. J'ai pris une bonne dose d'huile de castor^ c'est ça qui fait charrier. Chârrieux, n m. Charrieur, qui charrie. Ex. Un chârrieux d'eau, de bois, de neige, de charbon. Chârroyable, Qui peut être charrié. Chârroyage, n. m. — Charriage, action de charrier. Charrue, n. f. — Chasse-neige. — Mot souvent employé pour exprimer le mécontentement. Ex. Charrue! il y a toujours quelque mauvaise affaire qui me tombe ainsi sur les bras. * Chartine, n. f. — De l'anglais shirting. V. ce mot. Chasse -femme, n. f. — Sage-femme. Chasse=gaierie, n. f . — Danse des sorciers ou des loups-garous. Chasse-paillasse ! Expression dont on se sert pour faire le vide autour de soi, quand on est entouré d'enfants. * Chasse^panne, n. f. — Marmite. De l'anglais .ya2^^<?^a«. Chassepareille, n. f. Salsepareille. Ex. Du baume de chcLssepareille qui guérit de tous maux. * Chasse-pinte, (Angl.) — Casserole. De l'anglais saiccepayi. Châssis, n. m. — Fenêtre. Le châssis est l'encadrement, la fenêtre est l'ouverture pratiquée dans le mur pour obtenir de l'air et de la lumière. — Encadrement de la charpente d'une maison, d'un hangar. Châssis doubles, n. m. pi. — Fenêtre extérieure, pour garantir du froid en hiver. — Verres de besicles, et par extension, les besicles elles- mêmes. Chat, n. m. — Ami particulier. — Pas un chat, personne. Ex. Y avait-il beaucoup de 138 LE PARLER POPULAIRE monde an comité d'archéologie? A l'exception du prési- dent et du secrétaire, il n'y avait /^z^ tm chat. — Avoir u?i chai dans la gorge, être enrhumé. Chat (capot de), n. m. Pardessus eu fourrures, confectionné avec des peaux de chat sauvage. Chat sauvage, n. m. — Raton ordinaire. Château, n. m. — Chanteau. Ex. C'est à mon tour de donner le pain bénit, j'ai eu le châieaii aujourd'hui ! — Patin de chaise berceuse. Château branlant, n. m. Meuble qui menace ruine. Ex. Mets-moi la hache dans ce châicau branlani, c'est bon pour le poêle. Chatonner, v. n. Marcher eu titubant. Ex. Cet enfant commence à chaton- ner, c'est-à-dire marche comme les petit* chats. Expres- sion d'origine acadienne. Vieux mot français cité par Godefroy, qui signifiait, en son temps, marcher à quatre pattes comme un chai. Chatouilleux, adj. — Délicat. Ex. Je m'aperçois que lorsqu'on parle d'argent, tu deviens chatouilleux. — Douteux. Ex. Cette affaire est chatouilleuse. Chatte (jouer à la), loc. Jouer au chat. V. Attaque, Tague, Taque. Chatter, v. n. — Aimer un confrère plus que tous les autres. Expression de collégien. Dans le principe, chatter signifiait être friand, manger des friajidises . — Draguer avec une chatte ou grappin dépourvu d'oreilles. Chatterie, n. f. Action de chatter. Ex. Les chatteries sont expressément défendues dans tous nos collèges. Chatteux, n. et adj. Qui chatte. Ex. Je vous avertis dès le commencement de DES CANADIENS-FRANÇAIS 139 l'année que les ^/ja/Z^^;»: passeront mal leur temps avec moi. Chaud, adj. — A moitié ivre. Ex. Tiens, voilà José qui est encore chaud. — Cher. Voilà une affaire qui m'a coûté chaud. — Vivement discuté. Ex. Les élections provinciales auront lieu bientôt, je crois que ce sera chaud. — Avoir chaud ^ avoir honte. — N' être pas chaud pour quelqu'un ou quelqiie chose, n'être pas très bien disposé. Ex. Je ne suis pas chaud pour les nationalistes. Chaudet, n. f. — Buveur un peu lancé. Chaudière, n. f. — Piano qui n'est pas d'accord. — Seau. Ex. Va chercher la chaudière aux eaux sales. — Vase de fer-blanc qui sert à puiser l'eau, à traire les vaches. Chaudiérée, n. f. — Le contenu d'une chaudière. Chaudronne, n. f. Chaudron. Ex. Une chaudromie pour faire la soupe. Chaudronnée, n. f. — Contenu d'une chaudronne. Chaufaud, n. m. — Plate-forme en forme d'échafaud construite sur le rivage de manière à favoriser l'accès des vaisseaux qui y dépo- sent le poisson que les pêcheurs viennent de prendre. — Chevalets où l'on dépose le poisson. Chauffaille, n. f. — Action de chauffer très fort. Chauffé, n. m. Echauffé, odeur causée par une forte chaleur ou par la fer- mentation. Ex. Ça sent le chauffé. Chauffer, v. a. et n. — Fermenter. Ex. La bière commence à chauffer dans le baril. — Porter un haut de forme. Ex. Tu as mis ton tuj^au, tu chauffes. — Chauffer le foicr, boire des liqueurs fortes. Chaufferie, n. f. Chambre où l'on fait sécher le bois, le linge. I40 LE PARLER POPULAIRE Chauguère, n. f . — Chaudière. Chauguèrée, n. f. — Chaudiérée. V. ce mot. Chaumer, v. a. Chauler, passer le blé à l'eau de chaux avant de le semer ; ainsi des œufs. Ex. Des œufs chaumes. Chausser, v. a. Convenir. Ex, Si cela te chausse, tant pis. Chaussette, n. f . — Pantoufle. Chausson, n. m. — Individu mal dégrossi, rustre, ignorant et mal vêtu. — Chaussette, demi-bas. Chaulasse, adj. — A moitié ivre. (B. P. F.) Chavirer, v. n. — Devenir fou, avoir la tête à l'envers. Chayère, n. f . — Chaudière. Chayérée, n. f. — Chaudiérée. V. ce mot. Ch', pr. pers. — Je. Ex. C/i 'suis embêté. * Cheap, ishîpe, (m. a.) A bon marché. Ex. C'est réellement cheap. Chèche, adj. Sec, sèche. Ex. Du linge ch'èche, une serviette chèche. Chécher, v. a. et n. Sécher. Ex. Ea lessive chiche, commence à chécher. Chècheresse, n, f . — Sécheresse. * Check, (m. a.) — Chèque. Ex. Un check de cent piastres. — Bulletin de bagage. Ex. Mettre un r^^^yè sur une valise. — Etiquette. Ex. Poser un check sur une pièce de flanelle. — Fausse rêne. Ex. Un check de bride. — Frein. Ex. Mettre un check à quelqu'un. — Poussée (au jeu). Donner un r/^^c/è à quelqu'un. (B. P. F.) * Checkage, (Angl.) — Etiquetage. Ex. Cheekage d'un stock de marchandises. — Enrênement. Ex. Checkage d'un cheval. — Pointage. Ex. Le checkage d'un compte. — Enregistrement. Ex. Ee checkage du bagage. — Poussée (au jeu). Ex. Le checkage n'est pas permis. — (B. P. F.) DES CANADIENS-FRANÇAIS I4I * Checker, (Angl.) — Enregistrer, Ex. Checker du bagage. — Etiqueter. Ex. Checker des marchandises. — Enrêner. Ex. Checker un cheval. — Arrêter, calmer. Ex. Od'f/èé'r quelqu'un. — Vérifier. Ex. Checker un compte, une facture. — Pointer. Ex. Checker une liste électorale. — Surveiller. Ex. Checker quelqu'un. — Pousser de l'épaule (au jeu). — (B. P. F.) * Checkeur, n. m. (Angl.) — Celui, qui, le jour du scrutin, soit pour une élection municipale, soit pour une élection politique, se tient à la porte du bureau de votation (poil), pour pointer les noms des électeurs. — Vérificateur. Ex. Un checkeur de listes électorales. — Facteur de gare. Ex. Un checkeur des boîtes, valises, arrivées en gare. Chèfre, n. m. — Chef. Chèfrerie, n. f. Fonction et privilèges propres au chef d'un parti. Chemin, n. m. — Ecartement que l'on donne aux dents d'une scie. — Aller S071 petit bonhomme de chemi?i, faire son chemin loj'alement. — Ne pas y aller par quatre chemijis, aller droit au but. — Etre dans le chemin, dans la misère. Chemin couvert, n. m. Corridor qui va du presbytère ou de la sacristie à l'église. Chemin (maître), n. m. Chemin principal par où l'on transporte le bois, du camp à la jetée, dans nos chantiers. Chemin de sortie. — Chemin qui communique au maître chemin. Chemin du roi, n. m. — Grand chemin. Chemin passant, n. m. — Chemin régulièrement suivi. Chemine, n. f. Chemin. Ex. Dans la concession où je reste, il n'y a ni chemin ni cheynine, c'est-à-dire aucun chemin. 142 LE PARLER POPULAIRE Chemise, n. f. — Changer d'idées comme de chemise, changer souvent. — Teiiir plus à sa peau qu'à sa chefnise, s'occuper plutôt de soi que des autres. — Se promejier en queue de chemise, en déshabillé. Chemise de Notre=Dame. Clochettes ou liseron des haies. Terme de botanique. Chemise fine, n. f . — Chemise de toile ou de coton blanc. Chenail, n. m. Chenal. Ex. Le chenail du nord, du sud du fleuve Saint- Laurent. Chenâiller, v. n. — Courir, aller à la course. Chenille à poil,— V. Chapelouse. Chenilles, n. f. pi. Maladie des vaches et des moutons. Lar\'es d'œstrides. Cheniquer, v. n. Abandonner la partie par couardise. Ex. Veux-tu faire encore une partie ? Tu refuses, tu chcniques. On a beaucoup ergoté sur l'origine de ce mot. Est-elle française, anglaise, allemande, hollandaise ? En hollan- dais, slikken, qui se rapproche un peu de cheniquer, veut dire avaler, et slock, goutte. D'après Timmermans, slikken signifierait sayigloter, éprouver tin spasyjie de la glotte. En allemand schnitt veut dire coupure, rognure, schnitzcr, sculpteur, et aussi faute, bévue. L'étymologie anglaise semble plus rationnelle. Est-elle acceptable ? ^L Rivard, dans le Bulleti^i du Parler Français (vol. i, p. 146), nous apporte le mot sneak, prononcé shncak par une certaine classe d'Irlandais. Comme ce verbe signifie s'en aller furtivetJient, se sauver, il donne assez bien l'idée de cheni- quer. Mais on est en droit de se demander comment il se fait que le mot cheyiiqueux se rencontre aussi en France, puisque Timmermans le cite pour désigner un buveur d'alcool. Il faudrait donc s'en tenir à l'origine hollan- daise. Cheniqueux, n. m. Qui chenique. En France, ce mot signifie buveur d'alcool. DES CANADIENS-FRANÇAIS 143 Chenu, adj. — Mesquin, de qualité inférieure. Ex. C'est che7iu, cela ne vaut pas grand chose, c'est mesquin. En France, chmu signifie tout le contraire, c'est bon comme le chêne, d'où chenu semble venir. * Chéper. (Angl.) De l'anglais shape. Ex. Cet individu est curieusem*nt chépé, a une drôle de mine. Chérant, adj. -c^ at i Qui exige un prix trop élevé de ses clients. Ex. M. le docteur, vous êtes un peu chérant. Cherche. — C'est à savoir. Cherchement, n. m. Action de chercher. Chercher, v. a. .., • — Chercher des midis à quatorze heures, avoir des idées im- possibles, — Chercher le soleil en plein midi, chercher une chose qui crève les yeux. Chère=épice, n. m. Marchand qui vend cher sa marchandise. Ees epices venant de l'Inde coûtaient très cher autrefois. Chérité, n. f. Charité. Ex. Voulez-vous me faire la chérîté pour 1 amour du Bon-Dieu. Chesse, adj.— Sec, sèche. Che&ser, v. a. et n. — Sécher. Chesseresse, u. f. Sécheresse. Ex. Si la chesseresse continue, tout va périr. Chétiment, adv. — Chétivement. Chétit, adj. Chétif. Ex. Un enfant chétit. — Méchant. Ex. Sors d'ici, mon petit chétit. — Malade. Ex. L'enfant de Baptiste est malade depuis huit jours, il est bien chétit. Chétiver, v. n. — Devenir chétif, maladif. * Cheurtine, n. f. — De l'anglais shirting. V. ce mot. 144 I-E PARLER POPULAIRE Cheux, prép. — Chez. Ex. Cheux nous. — I^a famille, la paroisse, la maison. Les gens de cheux nous sont tous faits comme ça. Cheux nous sont tous malades de la grippe. Cheval, n. m. — Séchoir. — Avoir une fahn de cheval, une grosse faim. — Cheval à cheval, manche à manche. — Cheval fendu, cheval fondu, jeu où un certain nombre d' enfants étant courbés à la suite des uns des autres, leurs camarades sautent sur leur dos. — Mes chevals, mes chevaux. Expression acadienne. — 3Io?i chevau, mon cheval. Expression acadienne. — En Anjou, on dit aller à chevau, à dos d'chevau. Cheval d'ivrogne, n. m. Cheval endurant et de piteuse mine. Cheval de quêteux, n. m. Mauvaise rosse, qui s'arrête de lui-même à toutes les portes. Chevalement, adv. Terriblement. Ex. Il faut être chevalement bête pour avoir battu cet enfant. Chevalet, n. m. — Chèvre ou ixe. Chevaucher, v. n. Se croiser. Ex. Les lunes chevauchent. Chevêche, n. f. — Chouette du Canada. Chevelure de noyés, n. f . — Algues marines. Cheveu, n. m. — Spiral. Ex. Le cheveu d'une montre. — Tête. Ex. As-tu mal aux cheveux ? Expression qui s'applique à un individu qui, au lendemain d'une noce, se lève avec un gros mal de tête. — Cela vient comtne un cheveu sur la soicpe, sans à propos. — Avoir les cheveux fâchés, embroussaillés. * Chéver, v. a. (Angl.) — Prêter à des taux usuraires. * Chéveur, (Angl.) Celui qui prête à usure. DES CANADIENS- FRANÇAIS I45 Cheville, n. f. — Individu que l'on place au milieu d'autres pour l'obliger à travailler. — U71 iroti, 2cne cheville ; atitmit de troîis, autant de chevilles ^ avoir réponse à tout. Cheviller, v. a. Mettre. Ex. Cheville-ioi cela dans le coco bien à serre. Chèvre, n. f. — Chevalet pour supporter une cloche avant qu'elle soit placée dans un clocher. — Chevalet pour supporter du linge mouillé. Chevreuil, u. m. — Cerf d'Amérique. Chevreux, n. m. — Chevreuil. Cheyère, n. f . — Chaudière. Cheyérée, n. f. — Le contenu d'une chaudière. Chez (par), loc. — Chez. Ex. 'P^LSSo.-à.onc par chez nous. Chez soi (un), loc. Appartement ou domicile à soi. Ex. Un petit chez soi vaut mieux qu'un grand chez les autres. Chiâler, v. n. Pleurnicher. Ex. Cet enfant a chiâlé toute la nuit. Ex- pression acadienne. Vient du normand quia^der pour chiau- ler, chiailler. Une quiaulée, en normand, est une ribam- belle de petit* pleureurs. Chiâleux, adj. Enfant qui est dans l'habitude de chiâler. Chic, adj. — Bien fait, remarquable, d'un bel effet. Ex. Voilà un homme chic. C'est chic. Chicailler, v. a. — Déchiqueter. (B. P. F.) Chicailler (se), v. pron. — Se chicaner. Chicaneux, n. et adj. — Chicaneur. Chicanier, n. et adj. — Chicaneur. Chicher, v. n. — Etre mesquin. Chicherie, n. f. Mesquinerie. Ex. Cet individu est d'une chicherie sans nom. 10 146 LE PARLER POPULAIRE Chiard, n. m. Bœuf bouilli dans de l'eau avec des pommes de terre, oignons, sel, poivre, et le moins de beurre possible. Mets très connu des collégiens et pas toujours apprécié à sa valetur. Chiarge, n. m. — Cierge. Chiben, n. m. — Topinambour. Mot usité chez les Acadiens. Chicoter, v. a. — Contester sur des puérilités. — Donner à songer. Ex. Cette affaire me chicote. Chicoteux, adj. — Ennuyeux, tracassier. Chien, n. m. — Avoir dît chien, une tournure provoquante. — Se regarder comme des chiens de faïence, comme des chiens en porcelaine de Chine, qui se regardent sans bouger. — Mayiger à so?i chie?i de soûl, beaucoup. — Mordu d^un chien ou d^une chienne, pas de différence. — Une faim de chie?i, faim canine, - — Garder un chie^i de sa chienne, garder rancune. — U71 tnal de chie?i, une grande peine. — Etre accoutumé à faire qqch. comme un chien à aller nu-tète , avoir une longue habitude. — Avoir du chien dans le corps, avoir le courage de faire les cent coups. — Etre chien, être avare. — Cest chien, c'est contrariant. — Son chien est mort, il est ruiné. — Il fait un temps de chien, mauvais temps. — Il fait un temps à ?ie pas mettre les chiens dehors, très mau- vais. — Tourner en jcîi de chien, tourner mal. — En chien, beaucoup. Ex. Bête e7i chien. — Les chiens en lèvent la queue, c'est ridicule au point que même les chiens s'en aperçoivent et expriment leur ma- nière de voir. Et si le ridicule est poussé jusqu'à son comble, on ajoute : Et ils ne la rabattront phis. Chien de France, n. m. Avoir le 7icz froid comme uîi chie7i de France, très froid. DES CANADIENS-FRANÇAIS 147 Chien de poche, n. m. Enfant qui s'attache à ses parents et les suit partout, comme le chien qui suit son maître sans jamais se lasser. Chien=fou, n. m. Homme enragé, fâché et dangereux comme un chien enragé. Chiendent, n. m. — Froment rampant. — Difficulté. Ex. Il y a du chiendent là-dedans. Chienne, n. f. — Habit long et d'usage journalier. — Voiture formée de planches posées sur quatre roues. — Siège dans les chantiers. (Taché, For. et Voy.) — Avoir la chiemie sur le dos, être paresseux. — Promettre îin chien de sa chienne, promettre de se venger, — Une chienne d'habitude, une mauvaise habitude. Chiennetée, n. f. — Chiennée. Chienneter, v. n. — Chienner. Chiette, n. f. — Lieux d'aisances. Chiotte, n. f. — Latrines. Chiffon, n. m. Nom donné à une jeune fille. Ex. Mon petit chiffo7i. Chigner, v. n. — Echiner. Ex. Il y en a qui ne chigyient pas à l'ouvrage. — Pleurnicher. Ex. Des enfants qui f/^/■^;^^;^/ à tous propos. Chigneux, adj. — Pleurnicheur. Chignon, n. m. — Quignon. Ex. Un chignori de pain. — Tête, cerveau. Ex. Tâche de te fourrer cela dans le chignon. Chignon du cou. Derrière de la tête. Ex. Je l'ai pris par le chigjioji du cou et je l'ai couché par terre. Chimaigre, n. m. — Maigre et chétif. Chimères, n. f. pi. — Idées noires, chagrins, inquiétudes. Chiper, v. a. Voler avec adresse. Ex. Il m'a chipé mon canif. Chipotée, n. f. — En abondance, en quantité. 148 1,13, PARLER POPULAIRE Chipoter, v. n. S'occuper à des riens, à des travaux de peu d'importance. Chipoterie, n. f. — Bagatelles, niaiseries. — Objets confus, désordre. Chipoteux, n. m. Chipotier, qui travaille avec lenteur, qui chicane lorsqu'il marchande. Chipouterie, n. f. — V. Chipoterie. Chipoutis, n. m. — Chair à pâté. Chique, n. f. — Propos désagréable. Ex. Nous avons passé le temps à nous faire manger des chiques. , — Répartie offensante. Ex. Je lui ai envoyé une chique. — Maladie sur les chevaux. Larves d'œstrides. — Poser sa chiq^ie, se taire. — Cela 7ie vaut pas une chique, ne vaut rien. — Bout de chique, petit individu. Chiquée, n. f. Ce qui constitue une chique. Ex. As-tu une chiquée de tabac^^à me passer. Chiquement, adv. Admirablement. Ex. Cette robe est chiquement faite. Chiquette, n. f. Petite chique. Chiqueux, n. m. Qui est dans l'habitude de chiquer. * Chire, n. f. (Angl.) — Embardée. Ex. Pierre n'est rien que bon à prendre des chires. — Course de vaisseau, de voiture, d'animal ou d'un homme qui glisse sur la glace ou sur un terrain humide. — Fuite. Ex. Mon voleur a eu peur, et il a pris une chire, * Chirer, v. n. (Angl.) — Embarder. Ex. Notre vaisseau a chiré sur son ancre. — Glisser hors de sa voie. — Aller vite. DES CANADIENS-FRANÇAIS 149 * Chireux, n. et adj. (Angl.) Qui va à droite ou à gauche, sans pouvoir marcher dans le droit chemin. Chitit, adj. — Chétif. Chiure, n. f. Petite tache noire produite par des excréments. Ex. Des chiures de mouches. Chlori de chaux, n. m. Chlorure de chaux. Chlorure de chaux, n. f. Chlorure de chaux, n. m. Ex. Un bon désinfectant, c'est de la chlorure de chaux. Choc, n. m. Prise de bec. Ex. Nous avons eu un choc ensemble. Chofa, n. m. — Sofa. Choisi, adj. De bonne qualité. Ex. Voici du beurre choisi. Choisir, v. a. — Choisir son monde ^ manifester des préférences pour certai- nes personnes. — Choisir à la main, trier avec soin. Ex. Des œufs choisis à la 171 ain. Choléra, n. m. Diarrhée abondante. Ex. Le docteur m'a fait prendre un remède qui m'a donné le choléra. Choléra du pays, n. m. Choléra analogue au choléra asiatique, avec des sj^mptômes beaucoup moins graves. Chonge, n. m. — Songe. Chonger, v. n. — Songer. * Chop, tshope, (m. a.) — Côtelette. Choquer la gueule, loc. — Offenser. Chose, n. m. — Personne dont le nom ne revient pas. Ex. Ecoute-moi, Chose, ne fais pas cela ? — Un pas gra7id chose, un homme dont on ne s' occupe guère. — Pre?idre qiiéq' chose, prendre un verre de vin. I50 LB PARLER POPULAIRE Chose (rester tout), loc. Interdit, interloqué. Ex. Quand je lui ai rappelé cette affaire d'argent, il est resté tout chose. Chosier, n. m. Jolie expression fort usitée autrefois, surtout dans le district de Montréal. « Il y a bien des choses dans un f^<7«Vr)) pour dire qu'il y a une multitude de choses qui existent et dont on ne se doute pas. Le chosier, c'est Vuniversitas reru77i des Romains. Le mot est du vieux français, qui signifiait arbre qui porte des choses, comme Madame de la Sablière disait du bon La Fontaine qu'il était un fablier. Chou, n. m, — Terme d'amitié, donné aux petit* enfants. Ex. Mon choîi ! viens ici, mon petit chou. — Pomme de chou, v. ce mot. Chouayen, n. m. Bureaucrate, ami du gouvernement. Ainsi désignait-on de 1800 à 1837 les amis du pouvoir. Ce nom se trouve dans quelques chansons politiques du temps. En le reprodui- sant, les puristes modernes lui ont substitué le mot Chouan. C'est à tort. Chouayen n'est pas une altération de Chouan. Ce nom fut donné à une partie du faubourg Saint- Louis, en l'honneur du fort Chouagen ou Oswégo, pris par les Français sur les Anglais. Les pauvres gens qui l'habi- taient alors, votaient pour le gouvernement. Le nom Chouayen ou Chouéyen est aujourd'hui donné à un certain nombre de cultivateurs de la Jeune-Lorette. On les appelle encore les Canoyis de Lorette. Chouche, n. f. — Souche. Chouenne, n. f. — Blague, mensonge vulgaire. Chouenner, v. n. — Dire des blagues. Chouenneux, adj .— Blagueur. Chouette, n. f. — Amie. Ex. Ma belle chouette. — Digne d'admiration. Ex. Cela est chouette. Chouler, v. a. — Exciter. Ex. Ne va pas chouler le chien après moi. DES CANADIENS-FRANÇAIS I5I — Bafouer. Chouqu'ser, v. a. — Pousser deux chiens à se battre. Chousse, n. f. — Souche. Choutiam, n. m. — Chou de Siam, chou-navet. Choux gras (jeter ses), loc. Jeter des choses qui peuvent encore être utiles. Ex. Ce n'est pas lui qui /(?//<? ses choux gras, il est trop ménager. Chréquien, n. m. — Chrétien. — Marcher sur le chréquie7t, marcher à peau nue. Bn France on dit marcher sur la chrétienté, sur la chrétienneié. Chrétien, n. m. — Homme en général. Ex. Il n'y a pas de chrétien capable de soulever cette pierre. — Parler chrétien, parler français de manière à être compris. * Christmas, n. m. krissmeuss, (m. a.) Noël. Ex. Que vas-tu me donner pour mon Christmas ? Chuilie, n. f. — Cheville. Chuiller, v. a. — Cheviller. Chuinée, n. f . — Cheminée. * Chum, n. m. tsheume, (m. a.) Ami, camarade. Ex. Celui-ci est mon chum. Chute de neige, n. f. — Tombée de neige. Chuter, v. n. — Tomber, faire une chute. Ci, adv. Aujourd'hui. Ex. N'oublie pas de venir me voir entre ci et demain. Il y a encore un mois entre ci et Pâques. Ciarge, n. m. — Cierge. Cigailler, v. a. — Rudoyer un cheval en tirant sur la rêne en tous sens. V. Zigailler. — Couper maladroitement un objet. Cigailleur, adj. — Qui cigaille. — Qui taquine, importune. Cigale, n. f. — Cigare. Cigane, n. f. — Cigare. 152 I<K PARLER POPULAIRE Cigare, n, m. — Cigare. Cigarette, n. m. Cigarette, n. f , Ex. Veux-tu fumer un cigarette ? Cigonner, v. a, — Taquiner, scier. Ex. Achève de me cigonner ? — Attiser le feu. Ex. Cigonyie donc le poêle, on gèle. V. Zigonner. Cileri, n. m. — Céleri. Cimiquière, n. m. — Cimetière. Cimitière, n. m. — Cimetière. Cinglée, n. f. Volée, coups de fouet. Cinmiquière, n. m. — Cimetière. Cinquante, adj. Une foule. Ex. Il se fourre cinquante choses dans le chi- gno7i. Cinq cents, n. m. Diable. Ex. Il fait une tempête du cinq ce7it. J'ai un mal de dents du ciîiq cent. Il a une peur de moi du ciyiq cent. Il y a du cinq cent dans tout cela. Voilà un enfant qui fait ses cinq cents volontés. Cintième, n. et adj Cinquième. Les vieux manuscrits ayant supprimé la lettre q, on a formé cinti'èmc comme on a fait septi'ème, huiti'ème. Cintre, n. m. About, planche de labour, ou sillon perpendiculaire aux autres au bout d'un champ. Vient de chi?itre, mot men- tionné par Borel et par Lacurne de Sainte-Pallaye. Cintrer, v. n. Faire le cintre. D'après Jaubert, chaintrer c'est tirer une ligne avec le soc de la charrue. * Cipaille, n. m. (Angl.) Ragoût composé de viande et de petit* carrés de pâte. C'est le mot anglais sea-pie francisé. * Cipâre, n. m. (Angl.) — Cipaille. V. ce mot. Circonstances (sous les), loc. Dans les circonstances, dans le cas présent. DES CANADIENS-FRANÇAIS 153 Circuit, n. m. Pièce de terre. Ex. Aujourd'hui nous allons labourer le circuit. Circulaire, n. m. — Imperméable à l'usage des femmes. — Ample manteau d'hiver, doublé en fourrure, et porté seulement par les femmes. Circulation, n. f. Tirage. Ex. Une gazette qui a une circuIatio?i considérable. Circuler, v. a. Faire circuler. Ex. Cirailer un document pour y faire apposer des signatiures. Cire, n. f. ^ Chassie, petite sécrétion jaunâtre qui se concrète au bord des paupières, ou dans le coin des orbites. Ex. Mon enfant a les yeux pleins de cire tous le matins. Cirer ses bottes, loc. Se préparer à mourir en recevant l' extrême-onction. Tu peux cirer tes bottes, le docteur l'a dit. Cireux, adj. Chassieux. Ex. Mon enfant a toujours les j'eux cireux. Ciroter, v. n. Devenir chassieux. Ex. Les yeux lui cirotent toujours. Ciroteux, adj. Chassieux. Ex. Avoir les yeux ciroteux. Cirurgien, n. m. Chirurgien. Cisai liage, n. m. Action de cisailler, de couper sans soin du linge, du papier. Cisailler, v. a. — Couper sans cérémonie avec des ciseaux. Ex. Cisailler du papier, de l'étoffe. - — Conduire un cheval en tirant d'un côté et de l'autre sur les rênes. Ex. Cisailler la gueule du cheval avec les cordeaux. — Taquiner, ennuyer. — Scier, irriter. Ex. Mon col de chemise me cisaille le cou. 154 LB PARLER POPULAIRE Ciseau (crier), loc. Dans le temps de le dire. Il est mort bien vite, il n'a pas eu le temps de crier ciseau. J'ai fait cela en criant ciseau. Ciseau à dents, n. m. Outil d'acier à l'usage des tailleurs de pierre. V. Boucharde. Ciseau à fret, n. m. Gros ciseau à deux biseaux, dont la lame qui est mousse, sert surtout à pratiquer l'ouverture des caisses et autres parties clouées. Cité de temps, loc. Intervalle de temps dont la durée est très longue ou peut être incalculable d'avance. Ex. Je l'ai attendu une cité de temps. Citoyen, n. m. Homme considéré pour son honnêteté, sa valeur morale et même pour sa fortune. Ex. Ça, c'est un citoyen. Citronnelle, n. f. Petite courge de forme bien arrondie qui se confit dans le sucre. Citrouillère, n. f. — Compote de citrouille. Civilien, n. m. Civil, bourgeois. Ex. Je viens de rencontrer un ofiScier habillé en civilieti. * Clabord, n. m. (Augl.) — Planche destinée au lambrissage extérieur des maisons, par le système dit à clin. — lyambris à clin. — Clous à bardeaux. * Claborder, v. a. et n. (Angl.) — Lambrisser à clin. * Claim, dénie, (m. a.) — Titre. Clair, adj. — Libéré, libre. Ex. Il n'est pas clair de son affaire. Me voilà clair de la douane. Cette planche est claire de nœuds. — Jour. Ex. II commence à faire clair vers quatre heures. Clair (tout à), loc. Distinctement. Ex. Je l'ai entendu toid à clair. DES CANADIENS- FRANÇAIS 155 * Claîrance, n. f. (Angl.) — Congé. Ex. C'était un mauvais serviteur, je lui ai donné sa daira?ice. — Décharge. Ex. Le procès de Lafleur est terminé, le juge lui a donné sa clairance. — Quittance. Ex. Maintenant que tu es payé, donne-moi une clairance. — Acquit. Ex. Mon vaisseau va partir demain, j'ai obtenu une clairance. — Défrichement. Ex. Nous commençons à faire, de la terre, il y a par-ci par-là de bonnes clairances. (B. P. F.) Clairaud, adj. — De nuance claire. Ex. Cette étoffe est clairaude. — Clair, Ex. I,a soupe est clairaude. — Clairsemé. Ex. Les oignons sont c/az>aM<& cette année. Claircir, v. n. — Devenir clair. Ex. Le temps commence à claireir. — Rendre clair. Ex. Veux-tu claireir le poêle ? * Clairer, v. a. (Angl.) — Débarrasser. Ex. Clairez le chemin, la chambre, la place, la table. — Absoudre, décharger. Ex. Le juge a claire le prisonnier. — Congédier. Ex. Je viens de clairer ma servante. — Déblayer. Ex. Le chemin était plein de bois mort, je l'ai fait clairer. — Faire un profit. Ex. Dans cette affaire j'ai claire cin- quante piastres. — Acquitter. Ex. Louis me devait encore quelques pias- tres, je l'ai claire. — Se tirer d'affaire. Ex. La chose était pas mal compli- quée, je m'en suis claire assez bien. — S'éclaircir. Ex. Le temps se claire. — Franchir. Ex. J'ai claire la barrière d'un saut. — Sortir d'un mauvais pas. (B. P. F.) — Clairer la bâtisse, sortir, s'en aller. Claireur, adj. Celui qui déblaye les chemins et fait métier de clairer \t\io\s, 156 m PARLER POPULAIRE afin de permettre aux bûcherons de travailler plus à l'aise. Clairifier, v. a, — Clarifier. Clairinette, n. f . — Clarinette. Clairon, n. m. — Aurore boréale. — Eclaircie de beau temps entre deux orages. Ex. Il y a de beaux clairons dans le nord. — Gomme à couleur très claire trouvée sur les écorces d'é- pinette et recherchée. V. Bourlet. Clairon du roi (le). Jeu de société où l'on chante : Il a passé par ici, le clairon dic roi, Mesdames ; il passe, il est passé, le clairon du roi joli. Clairté, n. f. Clarté, lueur. Rabelais et Régnier ont écrit clairté. Clajeux, n. m. — Iris versicolore. * Clam, (m. a.) — Mollusque. Clanche, adj. Affamé, qui a les flancs creux faute d'alimentation. Clapet, n. m. Petite hache pour abattre les jeunes arbres. Clapotage, n. m. — Agitation légère de l'eau, de la boue avec les mains ou les pieds. — Commérage. Ex. Quel clapotage pour si peu de chose ? Clapotement, n. m. Mouvement de la vague agitée par le vent. Clapoter, v. n. — Agiter l'eau, la boue, marcher dans des flaques d'eau. — Parler à tort et à travers. Ex. Qu'est-ce que tu clapotes encore ? — Rapporter tout ce qui se passe sans rien définir. Clapoteux, adj. — Un indiscret bavard. — Un homme de tous métiers. Claque, n. f. — Chaussure de caoutchouc qui se met pardessus la chaus- DES CANADIENS-FRANÇAIS 157 sure ordinaire pour se garantir de la boue, de l'humidité, du froid, de la neige. — Soufflet. Ex. Je lui ai flanqué cinq ou six dagues ^ax la tête qu'il en a vu trente-six chandelles. Claque=chapelet, n. m.— Bigot. Claque=whiskey, n. m. — Ivrogne. Claqué, e, adj. Couvert partiellement en caoutchouc. Ex. Des chaussures claquées, chaussures d'hiver dont la semelle est en caout- chouc. Claquer, v. a. et n. — Courir. — Travailler vite. Ex. Il a claqué son ouvrage en un fien de temps. — Tromper. Ex. Je me suis fait claquer dans cette affaire-là. — Coûter. Ex. Il en claquera,s\ je ne réussis pas. — Mettre des claques. Ex. Es-tu bien claqué? — Taper. Ex. Il m'a claqué par la tête, j'en ai vu des chandelles. — Se faire claquer la giceule, parler beaucoup. — Se faire claquer la langue, produire un clappement de langue. — Claquer un soffwie, dormir. — Claquer le coup, boire des liqueurs fortes. Claqueux, adj. - Délicieux, de très bonne qualité. Claret, n. m. Clairet, vin de Bordeaux. Ex. Boire du claret à la place d'eau. Clas, n. m. — Glas. En Saintonge et en Anjou, on dit clas. Classe, n. f. Qualité. Ex. Nous ne vendons que de l'étoffe de première classe. Clavigraphe, n. m. Dactylographe, machine à écrire. Ce mot, de création cana- dienne, n'a pas fait fortune. Cependant on s'en sert encore en Canada. Clavigraphie, n. f. — Art du dactylographe. 158 LE PARLER POPULAIRE * Cleaner, v. a., cliner. (Angl.) — Nettoyer. V. Cliner. * Cleaneur, n. m. (Angl.) — Laveur de voitures. Clef (à la), loc. A soi. Ex. Il y a de l'argent à la clef, il fait donc bon de se mêler de cette affaire. En musique, la clef indique la note. J'ai quinze enfants à la clef. Clencher, v. a. et n. Agiter la clenche pour faire ouvrir une porte. Clenchette de fusil, n. f — Détente de fusil. Clerc avocat, n. m. — Etudiant en droit. Clerc de poli, n. m. — GrefiBer du bureau de votation. Clerc médecin, n. m. — Etudiant en médecine. ■* Cléricale (erreur), n. f. (Angl.) Erreur de plume, faute de copiste. Traduction de l'anglais clérical error. Cléricature, n. f. Etude d'une profession. Ex. J'ai fait ma cléricature sous le docteur Lafrance. Cliché, n. f. Diarrhée. Vient du mot clichard, sobriquet donné aux habitants de Bayeux, parce que, suivant une vieille tradi- tion, pour les punir d'avoir chassé saint Gerbold, leur évêque, Dieu les affligea de lienteries et d'hémorrhoïdes. Clicher, v. n. — Avoir la diarrhée. Clinclan, n. m. — Clinquant. Clins d'z'yeux, n. m. pi. — Clins d'yeux. Cliner, v. a. — Cligner. Ex. Cette femme cline des yeux. — Nettoyer. Ex. C/m«?r un poêle, un chaudron. De l'an- glais to clean. Clinquant, n. m. — Mica. * Cliper, V. a. (Angl.) Tondre, couper les cheveux tout près du crâne. Ex. Je viens de faire cliper mon cheval. Se faire cliper la tête, * Clipeur, n. m. (Angl.) Tondeuse, instrument pour cliper. Cliquart, n. m. — Qui appartient à une clique. DES CANADIENS- FRANÇAIS I59 Clique, n. f. — Bande d'individus. Ex. Ils étaient une grosse clique. — Partisan d'une cause ou ami fidèle. Ex, L,a clique à Séuécal. Cloche, n. f. Filets de morve qui pendent au nez des enfants, et prennent tantôt la forme de chandelles, tantôt celle de cloches. V. Chandelle. Cloche d'eau, n. f. Phlyctène, ampoule formée par de la sérosité. Cloche (grosse), n. f, I,e père de famille. Ex. Avant de décider cette affaire, nous allons consulter la grosse cloche. Cloche à vache, n. f. Clarine, sonnette qui pend au cou des animaux pour les empêcher de s'égarer quand ils paissent dans les bois. Clocher, v. n. — Se déranger. Ex. Sa santé et ses affaires clochent. — Produire des phlyctènes sur la peau. Cloque, n. f. Pardessus d'hiver. Ce mot n'est pas un anglicisme, comme on le pourrait croire. Froissart s'en est servi. «Sur ton dos jette ta cloque.» C'était alors une espèce d'habille- ment arrondi comme une cloche, et qu'on appelait cloche ou cloque. Clore, V. n. Faire de la clôture. Ex. Tu vas emplir la charrette de pieux, de piquets, de harts, et nous irons clore l'arpent du sorouet. Clos, n. m. Lieu de pâturage. Ex. Pierre, va mettre les vaches au c/c?^. Clos à bois, n. m. — Chantier. Close, n. f. Clôture, fin d'une retraite, d'une neuvaine. * Closet, n. f., (m. a ) — Latrines. — Garde-robe, armoire. l6o LE PARLER POPULAIRE * Closeter, v. a. (Angl.) Enfermer dans un cabinet, prendre en particulier. Clôturage, n. m. — Action de clôturer. Clôture, n. f. — Etre sur la clôture, être dans l'indécision sur le choix d'un parti. — A pleine clôture, en quantité. Ex. Le blé est à pleùie clôture. — Sauter par-dessus la clôture, faire faux bond, manquer à un engagement. Clôture d'embarras, n. f. Clôture faite de branches d'arbres. Clou, n. m. — Petite quantité de boisson alcooHque que l'on ajoute à une eau gazeuse ou fermentée. — Furoncle. Clouer, V. a. — Clore. Ex. Clouer le bec d'un grand bavard. Clouéson, n. m. — Cloison. Clouésonner, v. a. Diviser par des cloisons. C'mandement, n. m. — Commandement. C'mander, v. a. Commander. Ex. Pourrais-tu m' aider à porter ce fardeau^ sans te c'viayiderf C'mencement, n. m. Commencement. Ex. Il y a un c^mencement partout. C'mencer, v. a. Commencer. Ex. Cmence, toi? Non, c'mence, toi. C'ment, adv. — Comment. C'mode, adj. Commode. Ex. En voilà un qui est pas c 'mode à manœuvrer. C'modité, n. f. — Commodité. C'modités, n. f . pi. — Commodités. V. ce mot. Co, n. m. — Coq. Ex. Allons voir battre les cos f * Coat, côte, n. m., (m. a.) — Habit, veston. — Frock coat, redingote. DES CANADIENS-FRANÇAIS l6l Coben, adv. Combien, Ex. Coben y avait-il de personnes à la confé- rence ? — Je sais pas cobe7i. Cobi, e, adj. Bossue. Ex. Un chapeau (T^i^z. En Anjou, ^^7^2 se dit d'un fruit meurtri. Cocasser, v. n. — Colporter des nouvelles fraîches. — Tenir des propos cocasses. — Chanter, après avoir pondu, en parlant de la poule. Ex. C'est la potde qui cocasse qui a pond. Cocassier, n, m. — V. Coquassier. Coche, n. f. — Forte somme d'argent. Ex. Je viens de finir mon pro- cès, j'ai dû paj-er une grosse coche à mon avocat. — Cote. Ex. Tu es à côté de la coche. Coche rendrait tout aussi bien l'idée que cote, si on s'en rapporte à l'origine de l'expression. On faisait des coches sur un morceau de bois fendu en deux dont chacun des intéressés gardait une moitié pour marquer la quantité de fournitures que l' on achetait chez le boulangeret le boucher. — Faire U7ie coche mal taillée, commettre une bourde. — Faire une coche à la fortune de quelqu'un, la diminuer dans une certaine mesure. Cochon, n. m. — Homme vil, méprisable, ladre. — Saigyier le cochon, tirer de la liqueur d'un fût. Cochons (petit*), n. m. pi. Sarracénie, nom donné par le D' Sarrasin à cette plante de nos savanes, très recommandée contre la petite vérole. Cochonnaille, n. f. Viande de cochon, charcuterie. Ex. Acheter de la cochoti- naille au marché Montcalm. Cochonnement, adv. Malproprement. Ex. Travailler cochonnement. Cochonner, v. a. Mal travailler. Ex. Cet ouvrier cocho7i?ie tout ce qu'il touche. II l62 LE PARLER POPULAIRE Cochonnerie, n. f. — Saleté. Ex. J'ai un tas de cochonneries dans les yeux. — Grande quantité, surabondance. Ex. Penses-tu que nous aurons des prunes, cet automne ? — Nous en aurons une cochonnerie. * co*ck=tail, télé, n. m. (m. a.) Eau-de-vie, sucre, amers et eau qui, mélangés, forment un breuvage apéritif. Ex, Allons prendre un co*ck-tail chez Laforce. Coco, n. m. et adj. — Œuf. V. Coquaud. — Estomac. Ex. S'en est-il fourré dans le coco, de cette bonne galette. — Tête. Ex. Cet homme a le coco fêlé. J'ai une idée sur le coco qui me tarabuste. — Chapeau de feutre dur. — Nigaud. Ex. A-t-il l'air coco, celui-là. Cocombe, n. m. Concombre. Ex. Hé ! la mère, y a-t-il ben des cocombes c't'année? — Pour une année qu'il y apas de cocombes, il y a à&a cocombes, mais pour une année qu'il y a des cocombes, il y a pas de cocombes. Cocote, n. f. — Bourgeon. Ex. Des cocotes de pin, d'épinette. J'ai une sœur qui fait des cadres avec des cocotes. — Poule, dans le langage enfantin. Cocotier, n. m. Coquetier, petit ustensile dans lequel on place l'œuf que l'on mange à la coque. * C. O. D., (m. a.) Cash on delivery, paiement contre livraison. * Code, n. m. (Angi.) — Berceau. V. Cot et Cote. Co d'Inde, n. m. — Coq d'Inde. Ex. Pourquoi viens-tu rouge comme un co d'Inde f — Imbécile. Ex. Tu n'es qu'un gros co d'Inde. * Coercion, n. f. (Angl.) — Coercition. I DES CANADIENS-FRANÇAIS 163 Cœur, u. m. — Dhier par cœur, se passer de dîner. — Donner du cœur au ventre, du courage. — Avoir le cœur où les poules ont Vœu/, ne pas avoir de cœur. — Donner un coup de cœur, faire un effort sérieux. — Avoir le cœur malade, avoir mal au cœur. — Se dégraisser le cœtir, se remettre l'estomac en changeant d'alimentation. — Avoir le cœur sur la main, être très généreux, très hospi- talier. — Porter au cœur, éprouver une douleur qui affecte le sys- tème et porte à l'évanouissem*nt. Ex. Je me suis coupé un doigt avec mon canif, ça m'a porté au cœur. En Anjou, porter au cœur signifie ravigoter. — A cœtir d' armée. V. A cœur d'année. — A cœur de jour. V. A cœur de jour. — A cœxir jetin. V. A cœur jeun. Cœur de poule, n. m. — Personne très sensible à la douleur. Cœur d'or, n. m. Homme généreux, rempli de toutes les qualités imaginables. Cœureux, adj. — Un homme de cœur, affectueux. — Généreux, ardent, vaillant. En Anjou, on dit un vin cœureux pour un vin qui a du corps. * Coffer=dam, coffeur, n. m., (m. a.) Batardeau, digue provisoire établie pour mettre à sec un endroit où l'on veut bâtir. Coffre, n. m. — Poitrine. Ex. Malgré mon âge, j'ai encore le coffre solide. — Avoir de Vargcyit au coffre, avoir des économies. Coffrer, v. n. — Travailler. Ex. Ce bois est vert, il va coffrer, — Etre étanche. Cognement, n. m. Action de cogner avec un outil, un objet quelconque. 164 I<E PARLER POPULAIRE Cogner, v. a. et n. — Frapper. Ex. Va ouvrir la porte, ça cogne. — Battre. Ex. I,e cœur me cogne fort. — Cogner des clous, des piquets, dormir assis, la tête oscillant de tous côtés. — Il en cog7iera si je ne réussis pas, je réussirai à tout prix, quelque effort qu'il soit requis. Coiffer, v. a. — Etre né coiffé, avoir toutes les chances. — Se faire coiffer, se faire dire ses vérités. Coin, n. m. — Maigre comme U7i coin, très maigre. Cointer, v. a. — Mettre un coin, coincer. Coix, n. f. — Croix. Col, n. m. — Faux col. Ex. J'ai un col trop raide, il me gêne le cou. — Manteau. Ex. Mets ton col pour sortir, il ne fait pas chaud. Colas=filIette, n. m. Homme efféminé, qui s'occupe des travaux propres aux petites filles. * Cold=cream, côld-crîme, n. m., (m. a.) Onguent d'eau de rose. Coléreux, adj. — Toujours prêt à se fâcher. Français vieilli. Colidor, n. m. Corridor. Ex. Les colidors du séminaire. CoIi=MaiUa, n. m. — Colin- Maillard. V. Cali-Mailla. Colique, n. f. — Aimer comme la colique de son ventre, aimer bien peu. — Cela passera com,me tine colique, cela ne durera pas. Colique cordée, n. f. Obstruction de l'intestin par lui-même, d'après un préjugé populaire. Collage, n. m. — Mesurage du bois. (Angl.) — Action de mettre au rebut du mauvais bois. (Angl.) — Action de se coller au flanc des autres. Collant, adj. part. — V. Colleux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 165 * Collatéral, e, adj. (Angl.) Supplémentaire. Ex. Nous leur donnerons une garantie collatérale. Colle, n. f. — Rebut. Ex. Du bois de c^//^. (Angl.) — Blague. Ex. Faire de la colle à tout propos. * Collecter, v. a. (Angl.) Percevoir, faire rentrer ses fonds, recueillir des aumônes. Ex. Je n'aime pas à me faire collecter trop souvent. * Collecteur, n. m. (Angl.) Qui sollicite pour un autre le paiement d'une dette. Ex. Encore un collecteur ! Vous repasserez lundi prochain, et je vous dirai quand revenir, mon ami. * Collection, n. f. (Angl.) — Perception, recouvrement de dettes. Ex. L,a collection ne va pas, l'argent est rare. Collège, n. m. Collège. Ex. Dans mon petit temps, nous écrivions collège avec un accent aigu. Tout change en ce monde, 'et sou- vent s'aggrave. Coller, V. a. et n. — Chercher à faire accroire une chose invraisemblable. Ex. Il m'en a collé une bonne. — Mesurer. Ex. Coller des plançons (Angl.) — Infliger. Ex. Ce misérable s'est fait coller deux jours de prison. — Mettre de côté le mauvais bois, le bois de colle. (Angl.) — Donner des marques d'amitié. Ex. J'ai deux petit* garçons qui aiment ça, coller. Coller (se), v. pr. — Se fixer sur place et ne plus bouger. Ex. Pourquoi es- tu toujours à te coller sur cette chaise ? — S'approcher de trop près, de manière à gêner le mouve- ment. Ex. Cesse donc de te coller amo?it moi, tu me fatigues. Collerette, n. f. Pèlerine. Ex. Je vais mettre ma collerette en fourrure. l66 LE PARLER POPULAIRE Collet, n. m. — Faux-col. — E71 avoir dans le collet, avoir bu assez pour se mettre gaillard. — En avoir plciyi S07i collet, avoir trop bu. — Avoir le collet eji roiie, être guindé. Colletailler, v. n. Se colleter, lutter dans le but de déplo3'^er sa force et son adresse. CoUeteur, euse, n. m. et f. Qui collette. En France ce mot s'applique à celui qui tend des collets, au braconnier. * Colleur, n. m. (Angl.) Mesureur de bois. De l'anglais cîiller. Colleux, n. et. adj. — Ennuyeux, qai ne lâche plus. Collier, n. m. — Prendre le collier de misère, se mettre au travail. — Tirer dayis le collier, faire un travail pénible. Collouer, v. a. — Clouer. Côlon, n. m. Colon. Ex. Un côlon du lac Saint-Jean. Colonie, n. f. Attroupement, rassemblement. Ex. Le bonhomme Noël du magasin Paquet est arrivé, il fallait voir la colonie d'enfants qui le suivaient dans les rues. Colombien (pain), n. m. Petit pain de forme allongée dont la confection remonte à l'année 1893, lors du quatre-centième anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Coloué, n. m. — Couloir, passoire. * Coltâr, n. m. (Angl.) Coaltar, goudron extrait de la houille. Ex. Du coltâr pour goudronner les toits. * Coltârer, v. a. (Angl.) Couvrir de coltâr. Ex. Coltârer les toits des maisons. * Colvette, n. f. (Angl.) Ponceau, dallot. De l'anglais culvert. DES CANADIENS-FRANÇAIS 167 Comarce, n. m. — Commerce. Combat, n. m. Borborj^gme, bruit produit par le déplacement des gaz intes- tinaux. Ex. La soupe aux pois m'occasionne bien des combats. Combaturer, v. a. —Combattre. (B. P. F.) Comben, adv. — Combien. Combien, adv. Comment. Ex. Combien est notre ami Pierre ? Combien que, loc. adv. Combien. Ex. Combieyi que ça coûte ? Combien qtie je te dois ? * Combine, n. m. et f. (Angl.) Trust, cartel. Ex. Cette maison ne fait pas partie de la combine du pétrole. * Combiner (se), v. pron. — Exécuter en commun. (Angl.) Comblance, n. f. — Surcroît. Comble (un,) n. m. Le comble du ridicule, de la bêtise, de la folie, et ainsi de suite. Ex. Pierre offre son ours aux électeurs du comté de Québec, c'est im comble. Louis vient d'être nommé sous-chef du département des terres, c'est 2cn comble. Comète, n. f. Battre la comète, dépasser l'imagination. Ex. Ça bat la comète, cette histoire-là. Quelle comète ? On ne le dit pas. Toute espèce de comète sans doute. Cométique, n. m. Traîneau tiré par les chiens du Labrador. Commandable, adj. Qui peut être commandé. Ex, Ces ouvriers ne sont pas C07nmandables. Comme, conj. et adv. — Que. Ex. Je joue aussi bien comme Louis. — En qualité de. Ex. Mon père a été choisi comme candi- dat à l'élection prochaine. — En même temps. Ex, Je suis arrivé comme lui, vers neuf heures. I68 I,E PARLER POPULAIRE Comme çà, loc. expl. Ex. Il m'a dit, comim ça, que rien ne presse de partir. Enlevons comme ça, et le sens reste le même. Comme c'est que, loc. adv. Comment, de quelle manière. Ex. Dis-moi donc comme c'est que tu t'}^ prends pour avoir d'aussi belles patates ? Comme ci comme çà, loc. — Ni bien ni mal. Ex. Comment te portes-tu ? — Comme ci comtne çà. — De qualité difficile à définir. Ex. Comment trouves-tu ce vin-là? — Comme ci co7nme çà. Comme de ben entendu, loc. — Comme cela est évident. Comme de bonne, loc. adv. Sans doute, assurément. Ex. Aimes-tu beaucoup le sucre d'érable ? Comme de bo7i7ie. Comme de bonne raison, loc. Assurément. Ex. Si tu veux m'en croire, nous allons nous payer une petite fête aux huitres. — Co?nme de bo7i7ie raiso?i. Comme de faite, loc. adv. — En réalité, en effet. Comme de Juste, loc. adv. Sans aucun doute. Ex. Trouves-tu que c'est raisonnable de ne pas aller au bureau un jour de congé ? — Comme de Juste. Comme de raison, loc. adv. Sans doute. Ex. As- tu vu Jacques Cartier aux Pageants ? Comme de raison. Comme de plus belle, loc. Sans relâche. Ex. \\va.o\x\\\^ cojnme de plus belle. Comme d'icitte à demain, loc. adv. Locution pour exprimer une longueur de temps. Ex. Un discours long comme d^icitte à de?nain. Comme dit la chanson, loc. Quelle chanson ? Aucune en particulier. Ex. Un chien regarde bien un évêque, com?ne dit la chaiison. Comme dit l'anglais, loc. Suivant l'expression consacrée par la langue anglaise. Ex. Comme on fait son lit on se couche, co77ime dit Va7iglais^ as y ou make yoiir bed, so yoîi 77iust lie. DES CANADIENS-FRANÇAIS 169 Comme je te pousse, loc. Misérablement, péniblement. Ex. Ça marche comme je te pousse. Comme manière de, loc. adv. Une manière de. Ex. Il avait comme mayiière de chapeau sur la tête. Comme on dit, loc. Locution très souvent employée comme suit : Je dirai comme on dit, et puis on ajoute un proverbe quelconque, ou une sentence passée en proverbe : Ex. Je dirai comme o?i dit : chacun son métier, les vaches seront bien gardées, ou encore : Il y a plus de mariés que de contents, etc. Comme par charité, loc. Sans soin ni égard. Ex. J'ai fait mes emplettes au magasin de la Dernière- Mode, et on m'a servi comme par charité. Comme pour l'amour de Dieu, loc. — Comme par faveur. Comme pour mourir, loc. Avec instance. Ex. Je l'ai s\yi^'^X\k. comme pour mourir ^o. me remettre mon argent. Comme qui, loc. — A peu près comme. Ex. C'est comme qui dirait une espèce de fou. — Comme si l'on. Ex. C'est co7nme gui tirerait un fusil chargé à poudre pour tuer un lièvre. Comme tout, loc. adv. Beaucoup. Ex. Il est bête co7n?ne tout. Comment, adv. Combien. Ex. Comtneîit avez-vous de crayons dans votre poche ? Comment voulez-vous povu: ce piano ? Comment-ce que, loc. Comment. Ex. Comme7it-ce que vous faites pour n'être jamais malade ? Comment que, adv. Combien. Ex. Conuneyit que ça coûte pour aller à Québec ? Commerce, n. m. — Désordre, tapage. Ex. Ces enfants mènent un commerce d'enfer. lyo LE PARI,ER POPUI^AIRE — Juron. Ex. Apre commerce ! — Troc, Ex. Un enfant qui fait des commerces avec ses petit* camarades. Commerceau, n. m. Petit commerce. Commercer, v. a. Troquer, échanger pour autre chose. Ex. Un enfant qui commerce tous ses bibelots, ses crayons, ses plumes, etc. Commérer, v. n. — Faire des commérages. Ex. Cette personne passe tout son temps à cotnmérer. — Etre commère dans un baptême. Commeune, adj. f. Commune. Ex. L'argent est pas comnietcne par le temps qui court- Commichon, n. m. Commis inexpérimenté. Ex. Au magasin de Simon, il y a un tas de commichons qni vous servent comme par charité. Commignon, n. f. — Communion. Commissaire, n. m. — Commissaire du havre, fonctionnaire chargé de l'admi- nistration du pilotage et des travaux des havres de villes. — Covimissaire des iiicendies, officier enquêteur sur les causes des incendies. — Commissaire d'écoles, fonctionnaire élu par les citoyens, qui voit au fonctionnement des écoles de sa municipalité. — Co7?imissaire de la Cour Supérieure, fonctionnaire de la dite Cour. — Co77imissaire des petites causes, tribunal de juridiction inférieure. — Commissaire pour V érection des paroisses, fonctionnaire chargé de régler les affaires relatives à l'érection des pa- roisses, à la construction des églises, etc. — Commissaire de VAgriadture, des Travaux publics, de la Colo7iisatio7i, des Terres de laCouro7i7ie, Ministre de l'Agri- culture, des Travaux publics, de la Colonisation, des Ter- res de la Couronne. (B. P. F.) DES CANADIENS- FRANÇAIS 17 1 Commission, n. f. — Course que l'on fait pour rendre ser\'ice. Ex. Quand nous étions jeunes, en faisions-nous de ces coymnissions pour tout le monde ? — Emplette. Commission scolaire, n. f. Corporation des commissaires ou des sj-ndics d'écoles. Commugnon, n. f. — Communion. Communs, n. m. pi. — Latrines. Commussion, n. f. — Commission. Commussion scolaire, n. f . — Commission scolaire. Compag^née, n. f. — Compagnie, réunion de plusieurs personnes dans un salon. Ex. Bonjour, la compagnée. — Epouse, fiancée. — Ex. Dansez, monsieur, avec votre C07npag7iée. Comparage, n. m. — Compérage. Comparager, v. a. — Comparer. Comparaison (sans), loc. Sans vouloir exagérer. Ex. Tu as un beau chapeau, mais le mien est encore plus beau, sans comparaiso7i. Comparition, n. f. — Comparution. Compas, n. m. Jambes. Ex. Allonge le compas, nous avons une longue marche à faire. Compâssieux, adj. Compatissant. Ex. Cette femme est bien compâssieuse. Compeau, n. m. — Pièce de terre. Compérage, n. m. — Fête de la famille à l'occasion d'un baptême. — Le parrain, la marraine, le père et celle qui porte l'en- fant. En France, le compérage est le lien spirituel du parrain et de la marraine, avec le père et la mère de l'enfant. Compère-compagnon, n. m. Compère et compagnon. Ex. En voilà deux qui sont com- P'ères-conipag7io7is , un peu trop. 172 I,E PARLER POPUI^AIRK * Compéter, v. n. (Angl.) — Faire concurrence. * Compétiter, v. n. (Angl.) — Même sens que compéter. * Compétition, n. f. (Angl.) Concurrence, rivalité dans les opérations commerciales. * Complétion, n. f. (Angl.) — Accomplissem*nt. * Complimentaire, adj. (Angl.) — Billet complimefitaire, billet de faveur, — A titre complimentaire, à titre de faveur. Com pli mentaux, adj . — Complimenteur. * Compliments de la saison, n. m. pi. Souhaits de Noël et du Jour de l'An. Ex. Je vous envoie ma carte avec les cotnpliments de la saison. (Angl.) Comportement, n. m. Conduite. Ex. Cet écolier a un bon cotnportement. En France ce mot veut dire bonne saiité. Comportement du temps. Manière d'être de la température. Ex. Nous irons peut- être pêcher demain, ça dépendra du comportement du temps. Composition, n. f. Alliage de métaux peu précieux. Ex. Cette cuiller n'est pas en argent, elle est en composition. Compote (tomber en), loc. — Perdre connaissance, tomber en syncope. — Tomber en ruine. Comprenable, adj. Compréhensible. Comprenage, n. m. — Entente. * Comprendre, v. a. Entendre dire. Ex. Je compre?ids que vous avez de l'ar- gent à prêter. (Angl.) To under stand. Comprenette, n. f. Compréhension. Ex. Mon enfant fait des progrès, il com- mence à avoir de la comprenette. Comprenouère, n. f. Intelligence, esprit. Ex. C'est un gars qui a de la compre- 7iouère. DES CANADIENS-FRANÇAIS 173 Comprenure, n. f. Compréhension, intelligence. Ex. Avoir pas 'mal de com- pre?iîcre. Compris, prép. Y compris. Ex. J'ai tout acheté, compris le piano. Comptant (son), loc. Son soûl. Ex. Rire so7i comptant. Compte, n. m. En avoir pour son compte, être à l'article de la mort, ou encore, avoir reçu des coups au point de ne pouvoir plus recommencer la bataille. Ex. Paul et Jacques se sont battus comme des chiens, mais Paul eyi a cic pour son cotupte. — Faire le compte, suffire. Ex. Voici encore trois piastres et demie, ça fait-y le compte ? Compter, v. n. — Croire. Ex. Je compte que tu ne me feras pas défaut. — Sa7is compter que, en outre. Ex, Je dois aller au théâtre ce soir, sans compter que j'ai plusieurs personnes à voir. Conçarter (se), v. pron. — Se concerter. * Concerne, n. f. (Angl.) Etablissem*nt, société de commerce. De l'anglais concern. Concession, n f. Partie de paroisse éloignée de l'église et du fleuve. Ex. As- tu déjà été dans les concessions de Saint-Pascal ? Concourir, v. n. Partager l'opinion, au barreau et dans les délibérations du Parlement. C'est du français légal. Cette expression pourrait être adoptée tout aussi bien qu'une foule d'ex- pressions parlementaires anglaises que la presse française a, pour bien dire, stéréotj'pées et qui envahissent rapidement le dictionnaire de l'Académie. Ce mot, du reste, est d'origine latine et n'a rien d'anglo-saxon. Il existe dans la langue française dans plusieurs autres acceptions : converger vers un même point de l'espace; contribuer avec d'autres à un même résultat ; être sur les rangs en même temps que d'autres pour prétendre à quelque chose, un prix, une nomination. 174 L^ PARLER POPULAIRE Condamner, v. n. — Fermer. Ex. J'ai condamné ma maison pour l'été. — Déclarer hors de service. Ex. Cette maison a été con- damnée par r architecte. Ce pont a été condamné par l'in- génieur. Condition, n. f. Acheter soîis conditio?i, acheter à condition, sous réserve de pouvoir rendre au marchand. Conducteur, n. m. — Chef de train. Ex. Demande au conducteur si le train est eîi temps. — Chef de tramwaj', celui qui perçoit les billets. — Chef du wagon-poste, conducteur de malles. — Maître de cérémonie, conducteur du deuil. Conduire (se), v. pron. Se rendre quelque part, se transporter d'nn lieu à un autre, aller, marcher. Ex. Je suis capable de me conduire jus- qu'au bout de la ville, bien qu'il n'y ait pas de lumière. Je vois pas bien clair, mais je suis capable de me conduire. Conduisable, adj. — Qui peut être conduit. Confi, adj. — Confit, e. Ex. Des prunes £"^;z/z^5. Confidentellement, adv. — Confidentiellement. Confirmer, v. a. Donner un soufflet. Ex. Je sais pas ce qui me retient de te confirmer. Confiteur, n. m. — Courte -pointe, édredon. Confiture, n. f. Mettre qtielqtie chose en confiture, en bouillie, en compote. Conformité à (en), loc. En conformité de. Ex. En conformité à la loi de juillet. Confortable, n. m. — Courte-pointe, édredon. Conforteur, n. m. (Angl.) Courte-pointe, édredon. De V anglais co?fi/orter. Confusion, n. f. — Convulsion. Ex. Mon enfant est tombé en confusioyi. — Grande quantité. Confusionner, — Faire rougir, rendre confus. DES CANADIENS-FRANÇAIS I75 Congit, n. m. Condit, substance ou fruit confit dans du sucre cristallisé. Congress, n. f. pi. (Angl.) Chaussures, bottines dont l'entrée est demi élastique. Conjoint, adj. (Angl.) — Mixte. Ex. Les deux orateurs de la Chambre prési- dent de droit le comité coiijoint de la bibliothèque. — Collectif. Ex. M. le curé a lu, dimanche, une lettre con- joi7ite de nos évêques. — Commun. Ex. L'action conjointe de nos législateurs. — Réuni. Ex. Les efforts conjomts de tous nos amis nous feront arriver au pouvoir. De l'anglais coîijoint. Conjointement, adv. — Egalement. Conjonction, n. f. Congestion. Ex. Il est mort d'une conjonction de poumo7is. Connaissant, adj. part. Savant. Ex. Mon enfant est pas mal C07i7iaissa7it, il sait lire, écrire et compter. Connectable, n. m. — Connétable. Connecter, v. a. et n. (Angl.) — Raccorder des trains. Ex. Le Pacifique co7mecte avec le chemin des Piles, un peu avant d'arriver aux Trois-Ri- vières. — Joindre, réunir les deux bouts d'un tuyau, d'un fil élec- trique. * Connestache, n. m. (Angl.j Corn-starch, amidon de maïs. Connétable, n. m. — Commissaire de haute police, suisse, homme chargé de faire la police dans l'église. Connexion, n. f. (Angl.) — Raccordement entre deux trains. — Action de réunir des tuyaux. — Communication dans le ser\àce téléphonique. Ex. Vou- lez-vous me donner la co7i?iexio7i avec le numéro un- neuf- zéro- huit. Consarver, v. a. — Conserver. 176 LE PARLER POPULAIRE Conscience, n. f. — E71 conscience y en vérité. — Ma coîiscieme ! Ma grande conscience ! Ma conscieiue du bon Dieu ! Appel à la conscience pour afi&rmer la vérité de ce que l'on dit. — Estomac. Ex. J'ai tout mon dîner sur la conscience. Conseiner=de=ville, n. m. Echevin. Ex. Autrefois, il y avait à Québec des échevins et des conseillers-de-ville ; aujourd'hui, il n'y a plus que des échevins, les conseillers-de-ville ont vécu. Conseilleux, adj. Qui donne des conseils. Ex. Grand conseilleux ^\S\.payeux. Consent, adj. — Consentant. Consentant, e, adj. Qui agrée, consent. Ex. Consentez-vous à venir avec moi ? — Oui, je suis consentant. En terme de jurisprudence co7isenta?it s'emploie. Ex. Les parties consentantes. Consentir à quelqu'un, v. n. Consentir. Ex. ]e\m ai consenti unhiMet pro?nissoire. Conséquence (de), loc. Important. Ex. C'est un homme de conséqxience. Cette affaire est de conséqiience. Conséquent, adj. Important. Ex. Cette affaire est conséquente. Conserve (de), loc. — En conserve. Ex. Des fruits de co7iserve. — De réserve. Ex. Des légumes de conserve. Considération (sous), loc. En considération. Ex. Je vais mettre votre demande sous considération. Consistance (sans), loc. Inconséquent, manque de logique dans les idées. Ex. C'est un individu saiis consistance. Consistant, adj. ~ Conséquent. (Angl.) Consister, v. n. Cela ne co?isiste en rie}i, cela n'a aucune importance. DES CANADIENS-FRANÇAIS 177 Consommage, n. m. — Déchets de viande, graisse, soupe, que l'on fait bouillir ou consommer pour en fabriquer le savon dit du pays. — Action de consommer les déchets de viande. Consotnptif, ive, n. m. f. Phtisique, co?isompHf n' esi pas français. Consomption, n. f. et adj. — Phtisie. On peut dire : la phtisie amène toujours la consomption, c'est-à-dire le dépérissem*nt progressif. — Phtisique. Ex. Mon cousin est consomption. * Conspiration, n. f. Complicité. Ex. Il a été condamné à deux ans de péniten- cier pour conspiration de faux. (Angl.) * Constable, n. m., (m. a.) — Connétable, officier de police. * Constituant, n. m. Electeur, commettant. (Angl.) Consulte, n. f. Consultation. Ex. Ee docteur Lalancette charge deux piastres pour une consulte. Contable, adj. Qui peut être raconté. Ex. Des histoires comme celle-là, ça n'est pas contable. Conte, u. m. A son conte, d'après ce qu'il raconte. Ex. A so7i co7ite, c'est Pierre qui est dans le tort. Conte, de conte, prép. — Contre. Ex. Je suis fâché conte lui. — Près de. Ex. Approche-toi de conte moi. * Contemplation, (en). En perspective. Ex. J'ai plusieurs projets de loi en contem- plation (Angl.) * Contempler, v. a. — Projeter. (Angl.) Contenancer, v. a. Appuyer, soutenir. Ex. 6(?;z/^;za«<:^r quelqu'un en l'encou- rageant de son mieux. Content, e, adj. Faire contcjit, donner des signes de contentement en se frap- 12 178 LE PARLER POPULAIRE pant les deux mains. Ex. Fais ton co7iient, mon petit. Langage maternel. Conter, v. a. — Dire à quelqu'un son fait. Ex. Je vais lui co?iter ça. — Conter des contes, raconter des histoires, des légendes, etc. Conter et raconter, loc. Conter à plusieurs reprises. Ex. A quoi sert de conter et raconter toutes ces histoires-là ? Conterbande, n. f. — Contrebande. Conterbandier, n. m. — Contrebandier. Conterbarrer, v. a. — V. Contrebarrer. Conterbarrer (se), v. pron. —V. Contrebarrer (se). Contecœur (à), loc. — A contrecœur. Ex. Travailler à contecœur. Conterdiction, n. f. Contradiction. Ex. Un tel, c'est la <:^«/é'r^zV/z^7ï en personne. Conterdire, v. a. Contredire. Ex. Cofiterdis-moi pas, c'est inutile. Conterdit, n. m. Contredit. Ex. Nous avons eu un petit conterdit ensemble. Conterfaire, v. a. — Contrefaire. Contestation d'élection, n. f. Procès intenté en vue de faire invalider une élection. Conteste, n. f. — Protestation. — Chicane, querelle. Conteur de contes, n. m. Individu qui, dans nos campagnes, fait une spécialité de ra- conter des histoires, légendes, etc, devant une assemblée quelquefois assez nombreuse. Conteux, adj. — Conteur. Ex. Un coyiteux de menteries. Contiendre (se), v. pron. Contenir. Ex. J'ai pas été capable de me contiendre plus longtemps. * Contingents, n. m. pi. (Angl.) Dépenses imprévues. Ex. Vous mettrez cette somme au chapitre des contingents. DES CANADIENS-FRANÇAIS I79 Continu (un). Sans interruption. Ex. Il a parlé u?i continu pendant deux heures. Continuel (un), n. m. Sans relâche. Ex. Il pleut un continuel. * Contracter, v. a. et n. Entreprendre. Ex. Ces deux entrepreneurs vont contracter pour construire ma maison ; un autre a contracté ma grange. (Angl.) * Contracteur, n. m. (Angl.) — Entrepreneur. Contrat, n. m. — Marché à forfait. Contre, prép. — Auprès de. Ex. Asseyez-vous contre moi. — Ne pas aller contre , ne pas contredire. — Il n^y a pas à aller contre, c'est sûr. — Avoir contre so7i cœur, avoir à contre-cœur. Contre (de), loc. adv. Contre. Ex. Ne te monte pas de contre lui ! Contre=à=contre, loc. adv. — Côte à côte. Contre=à=côte, loc. adv. — Côte à côte. Contrebarrer, v. a. Contrecarrer. Ex. Tu passes ton temps à me contrebarrer, à quoi bon, en vérité ? Contrebarrer (se), v. pron. — Se contrecarrer, se contredire. Contre bon sens, n. m. Contresens. Ex. Tu vois bien que c'est un co?itre bonse^is. Contrebouter, v. a. — Contredire. Contrée, n. f. Petite étendue de terrain. Ex. Sur ma terre, il y a des mauvaises co7itrées où rien ne pousse. Contrefait, e, adj. Bouleversé. Ex. As-tu du chagrin, tu as la figure toute contrefaite. Contre-porte, n. f. Porte extérieure qui se ferme automatiquement. Contretenir, v. a. — Retenir, empêcher d'agir. Contretenir (se), v. pron. — Se retenir, se modérer, se réprimer. l8o LE PARLER POPULAIRE Contrevention, n. f. — Coutravention. Contrôlable, adj. — Qui peut être contrôlé, assujetti. * Contrôle, n. m. (Angl.) — Direction. Ex. Je vais bientôt prendre le contrôle du magasin. — Dépendance. Ex. Ce département échappe au contrôle du gouvernement. — Influence. Ex. M. X. exerce un fort co7itrôle sur la banque des ouvriers. — Empire. Ex. Avoir du contrôle sur soi-même. — Autorité. Ex. Je ne puis exercer aucun rc^^/r^/<? sur mon fils aîné. — Sous contrôle, maîtrisé. Ex. E' incendie n'a pu être sons contrôle qu'après trois heures de dégât. * Contrôler, v. a. Maîtriser, exercer de l'influence, de l'autorité, de l'empire, commander, gouverner, etc. (Angl.) Controvarse, n f. — Controverse. — Prêcher la controvarse, contredire sans à propos, pour le plaisir de la chose. Convenir, v. a. Fixer. Ex. Convenir d'un jour pour se rencontrer. Convention, n. f. Réunion. Ex. Les élèves de Rhétorique de 1888 auront une convention en 1908. Conventum, n. m. Réunion d'élèves sortis du collège. Ex. Le conventum des élèves de la rhétorique de 1878. * Conviction, n. L Condamnation, rapport de culpabilité. (Angl.) Conviendre, v. a. — Convenir. Convint, part. pas. Convenu. Ex. Nous sommes convi7its de nous réunir demain. Convoiter, v. n. — Convoler. Copérage, n m. — Compérage, baptême. DES CANADIENS- FRANÇAIS l8l Copère, n. m. — Compère. Copiage, n. m. — Plagiat. — Copie. Ex. J'ai beaucoup de copiage à faire. — Imitation. Copie, n. f. Exemplaire. Ex. Je vous enverrai dix copies de mon der- nier ouvrage. Copier, v. a. Plagier. Ex. Monsieur, Chose a copié son devoir sur celui de Machine. Copieux, adj. — Qui copie, copieur. — Elève qui copie ses devoirs sur ceux de ses confrères, ou dans les livres. Coppe, n. f. Sou. Ex. Je n'ai pas c'te coppe. Ça ne vaut pas wno^ coppe. Copper, V. n. Payer. E. Allons, l'ami, coppe au plus vite. Coq, n. m. — Faire nn coq, ne pas faire la moitié des points, au jeu de whist. — Faire so?i coq, faire le fanfaron. Ex. Tu n'as pas besoin de tant faire ton coq, tu n'es pas si drôle. Coq d'Inde, n. m. Homme stupide. Il existe en français deux mots seulement qui se terminent par la lettre q, cinq et coq. On prononçait autrefois co d'inde. Et la chanson de Boufflers : Or de ces nids, de ces coqs, de ces lacs. L'amour a formé Ni-co-las. Coq (petit), n. m. Jeune homme qui aide aux ouvriers. Ex. Par ici, petit coq, aide-moi à lever ce madrier. Coq=l'œil, n. m. — Loucheur. Coq=nigaud (en), adv. — Incognito. Voyager é'Tz coq-nigatid. Coque, n. f. — Moule, moiicle. l82 LE PARLER POPULAIRE Coquecigrue, n. m. Drôle de pistolet, un original. D'après l'Académie, ce mot signifierait baliverne. Coq=en=pâte, n. m. • — Homme retiré dans son fromage. — Lourdaud. Coquassier, n. m. Qui élève des coqs. En France, c'est un marchand de volailles. Coquaud, n. m. CEuf de poule. Comme ce mot dérive de coque, il est pré- férable d'écrire coquaud et non coco. Coquerelle, n. f. — Blatte germanique. — Homme aux cheveux roux. En France, coquerelle est le nom donné aux noisettes dans leur capsule verte et réunies par trois. Il y a un insecte assez semblable à la blatte qui se rencontre dans les Antilles et que les Anglais appellent co*ckroaches. C'est, peut-être, l'origine de notre coque7-elle. Il ne serait pas surprenant de rencontrer ce mot dans les colonies ou dans quelque province française. (( Coquerelle, femme qui garde les chanoinesses de Remiremont depuis r extrême-onction jusqu'à leur enterrement.» {Mé- moires de la Houssaye, t. I., p. 9.) Coquerico, n. m. Cocorico. Onomatopée imitant le chant du coq. * Coquerie, n. f. (Angl.) Cuisine. Vient de l'anglais cookery Coqueron, n. m. Petite armoire dérobée, destinée à recevoir toute espèce de vêtements et de chaussures. Coquin, e, adj. Gentil. Ex. Cet enfant est bien coquin. Coquiner, v. n. Manquer d'honnêteté. Ex. Coqîiiyie pas avec moi, je suis honnête. DES CANADIENS-FRANÇAIS 183 Corbigeau, n, m. Courlis de la baie d'Hudson. D'après Cotgrave, ce serait le cormoran. Corde, n. f. — Se 7nettre la corde au cou, trop s'engager. — Filer sa corde, faire de mauvaises actions qui finalement mènent à la potence. — Toucher la grosse corde, parler d'une chose qui doit faire du bruit, ou toucher vivement celui à qui on parle. (Fur.) Corde à linge, n. f. Corde tendue qui sert à suspendre le linge, cordeau. Corde de pendu, n. f. Corde qui porte chance. Ex. Toi, tu as toutes les chances, as-tu de la corde de peiidii dans ta poche? Cordeau, n, m. Guide. Ex. Tire donc sur le cordeau à ta droite, tu vois bien que le cheval marche à côté du chemin. Cordé, adj. — Filandreux. Ex. Des navets, des raves, des carottes ri??-^//^. — Colique cordée. V. ce mot. Cordée, n. f. — Pile. Ex. Une cordée de bois. — Cordeau. Ex. Une cordée de linge. Cordelle (traîner à la), loc. — Hâler un canot dans les rapides au moyen d'une corde. — Amarre tirée par un cheval. Corder, v. a. et n. — Empiler, mesurer du bois à la corde. — S'empiler, se corder. Ex. Voilà du bois qui corde mal. Corderoi, n. m. — Velours de coton à côtes. Cordeur, n. m. — Qui corde le bois. Cordon, n. m. — Mesure de bois, la quatrième partie d'une corde. — Chemin de séparation au bout des terres. — Tirer sur le cordoîi, être très économe. Cordon de S. Antoine. Eczéma à la surface du corps, tout autour de la taille, zona. 184 I.E PARLER POPULAIRE Corduroî, n. m. — V. Corderoi. Corgnère, n. f . — Cornière. Cornâiller, v, a. et n. — Lutter vivement. Ex. Ça va cornâiller^ la lutte va être chaude. — Donner des coups de cornes à droite et à gauche. — Se donner des coups de cornes. En Saintonge, cornâiller veut dire essayer ses cornes. Cornâiller (se), v. pron. — Lutter ensemble comme deux bêtes à cornes. — Se donner des coups de cornes. — S'obscurcir. Ex. Le temps se cornâille. Cornas, n. m. — Cadenas. Corne de çarf, n. f. — Ammoniaque. Corne de £.eigle, n. f. Ergot de seigle, production végétale parasitale sous forme d'éperon ou de corne sur les épis de quelques graminées, comme le blé et le seigle. Corner, v. a. et n. — Donner des coups de cornes. Ex. Cette vache a manqué me corner. — Corner les oreilles, corner aux oreilles. Cornet d'encre, n. m.— Encrier. Cornetée d'encre, n. f. Encrier plein d'encre. Corniche, n. f. — Tablette de cheminée. — Avoir du pain sur la corniche, avoir des économies. Cornichon, n. m. — Niais, imbécile. — Concombre d'Amérique. — Ergot de seigle. V. Corne de seigle. Cornière, n. f. Coin, angle. Ex. Enlever une cornière d'un objet. En- ployé adjectivement, cornier, corni'ère, ce mot est français, Coronel, n. m. — Colonel. Corporal, u. m. — Caporal. DES CANADIENS- FRANÇAIS 185 Corporation, n. f. — Municipalité. Ex. Je m'en vas payer les taxes de la corporation. (Augl.) — Mine, apparence. Ex. Pour un homme malade, tu as une jolie corporation. — Conseil de ville. Ex. Le gros Jean est employé à la corporation. ( Angl . ) Corporé, adj . — Taillé, bien découplé. Corporence, n. f. — Corpulence. — Taille. Ex. Cet homme est bien bâti, il a une bonne corporence. Marot a employé corporence. Il mourut veau par desplaisance, Qui fut dommage à plus de neuf. Car on dit (vu sa corporance) Que c'eust été un maistre bœuf. Corporent, adj. —Corpulent. Corporeux, adj. — Corpulent. Corps, n. m. — Gilet. Ex. Voilà l'hiver, tu vas mettre tes corps de laine. Madame de Sévigné a écrit : Il faut lui mettre un petit corps un peu dur qui lui tienne la taille. Cadavre. Ex, Le service funèbre va commencer bientôt, voici le corps qui passe. — Corsage. Corps, n. m. Corps. Ex. Avoir mal dans le corps. — Avoir le corps dérangé, avoir la diarrhée. Corps mort, n. m. Arbre abattu par la tempête ou par suite de vétusté. Correct, adj. — Exact. Ex. Mon compte est-il correct f ■ — Entendu. Ex. J'espère que tu viendras au comité d'ar- chéologie ce soir. — C'est correct, j'irai. Correctable, n. m. — Connétable. l86 LE PARLER POPULAIRE Correspondre (se), v. pron. Se corrompre, Correyer, v. a. — Corroyer. Correyeur, n. m. Corroyeur. Corrigeable, adj. — Corrigible. Corroie, n. f. Courroie. Ex. Des souliers à corroie. Corson, n. m. — Cresson. Corté, e, adj. Bien habillé. Ex. Une fille cortée. V. Recorté. Corton, n. m. — Creton, rillon. Ex. Je n'ai jamais pu oublier nos cortons de collège, t'en souviens-tu, Philippe? — Croton. Ex. Huile de corton. Corvée, n. f. Travail fait en commun pour aider quelqu'un dans un moment d'infortune ou pour d'autres fins utiles et pres- santes. Cossade, n. f . — Busard des marais. Cosse, n. f. Cosse. Ex. Une cosse de pois, de fèves. Cossin, n. m. — Coussin. — Homme impropre au travail. * Costarde, n. f. (Angl.) Flan. — De l'anglais <r«^/ari/. * Cot, n. m., (m. a) — Berceau suspendu, petit lit d'enfant. * Cotation, n. f. (Angl.) Cote, part que l'on doit pa5'er d'une dépense, d'un impôt. Ex. Les cotations de la Bourse. * Cote, n. m., (m. a.) — Berceau suspendu. — Eit de camp. Côte, n. f. — Ne pas en avoir épais sur la côte, être d'une grande mai- greur. — Avoir les côtes sur le long, être paresseux. Etant donnée sa conformité physique plus qu'étrange, l'individu ainsi afîligé n'est pas susceptible de se remuer rapidement. DES CANADIENS-FRANÇAIS 187 Côte du nord, n. f. — La rive nord du fleuve vSaint-Ivaurent. Côte du sud, n. f. — La rive sud du fleuve. Côtelettes, n. f. pi. — Favoris. Côtereux, adj. — Catarrheux. Côteux, adj . — Région où il y a beaucoup de côtes. Côteyer, v. a. — Côtoyer. Cotil, n,. m. — Coutil. Ex. Un sac en cotil. Cotille, n. f. — Coquille. Cotir, V. a. et n. — Pourrir. Ex. Nous ne ferons rien de bon avec ce bois, il est trop coti. — Dépérir. Ex. La maladie m'a coti. En France, cotir se dit des fruits. Ex. La grêle a coti ies pommes. Signifie aussi cra:^z^^r. Ex. Fais fc?/z> tes doigts. Cotisations, n. f. pi. Taxes municipales. Ex. Voici le temps de payer ses cotisa- tions. Cotiser, v. a. Estimer la valeur d'une propriété foncière, en vue de la taxe municipale. Cotiseur, n. m. — Estimateur. Coton, n. m. — Tige, trognon. Ex. Un coton de chou, de patates. — Râpe. Ex. Un coton de blé d'Inde. — Nervure. Ex. Un coton de tabac. — Queue d'animal. — Vieux cheval. — Etre an coto?t, personne dont la santé va eu diminuant, et au figuré, celle dont la réputation est compromise. — Filer nn tnaiivais coto?i, avoir du mal à se tirer d'affaire. Cotonnage, n. m. — Cotonnade. Coton jaune, n. m. — Coton écru. Cotonner, v. n. — Usé. Ex. Mon habit est cotonnê. — Avoir mauvaise apparence. Ex. Quelle mine as-tu, ce matin, tu me parais bien cotonnê. Cotonnier, n. m. — Asclépiade de Cornuti. I88 LE PARLER POPULAIRE Cotoyeux, adj. — Montagneux. * Cottage, (m. a.) — Maison de campagne. Cou blanc, n. m. — Pluvier à collier, semipalmé. Couac, n. m. — Fausse note. — Homme aux longues jambes. — Charlatan, (Angl.) quack. — Oiseau de mer, dont la chair n'est guère mangeable. Couchage, n. m. — Action de se coucher. Couche, n. f. — Avoir la couche épaisse, n'être pas dégrossi. — Porter eyicore la couche, être trop jeune pour avoir autant de prétentions. — En avoir U7ie couche, sous-entendu de bêtise. Coucher, v. a. E?ivoyer coucher, envoyer promener. Ex. Veux-tu aller te coucher, tu m'ennuies gros. Coucher (se), v. pron. Prendre une position favorable au sommeil. Ex. Il y a des écoliers qui se couchefit sur leurs pupitres, ce sont de beaux paresseux. Coucher dehors, loc. — Se dit des choses inanimées, qu'on a laissées dehors, qu'on ne met pas à l'abri. Ex. Cette voiture a couché dehors ; je n'ai pas rapporté ma pioche, elle a couché dehors. — Etre bête à coucher dehors, à l'instar des animaux qui sont laissés sans abri durant la nuit. Coucherie, n. f. — Hôtellerie. Couchettée, n. f. — Couchette remplie d'enfants. Cou-croche, n. m. Nom vulgaire donné à certaines courges. Coude, V. a. — Coudre. Ex. Un dé à coude. Coude (lever le), loc. — Boire des spiritueux. Coudon ! Ecoute donc. Ex. C(3?^^t?;z, m'as-tu bien compris ? Coudre, n. m. — Coudrier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 189 — Coutre, fer tranchant de la charrue. Coudre, v. a. — Coudre le bec, réduire au silence. Coudrette, n. f. — Petit coudrier. Coudu, part. pass. — Cousu. Couëffe, n. f . — Coiiïe. Couenne, n. f. . — Gazon. Ex. La terre est prise en coiienne. — Peau. Ex. Un individu qui a la coueyine épaisse. Se dit au figuré. — Chaiiffer la cotien7ie à gîielqu'îin, lui donner une forte réprimande. Co2ca7ine et coue7i7ie se disent en Normandie pour gazon. En Anjou, une coueiine est une fainéante. Couenner, v. a. Poser de la couenne, du gazon, sur le sol dénudé. Couette, n. f. — Touffe. Ex. Coupez-moi cette cotictte de cheveux. — Petite queue. — Se faire pre7idre la couette, se faire morigéner. — Se faire couper la couette, subir un grand affront. Autrefois l'on portait la couette dans la province de Québec. Couetter, v. a. Disposer sous forme de couettes. Ex. Avoir les cheveux collettes. Couetteux, adj. Qui se prend en couettes. Ex. Des cheveux couetteux. Couillon, n. et adj. Poltron, lâche. Ex. Tas de coiiillons que vous êtes ! Couillonnade, n. f. — Lâcheté, traîtrise. Couillonnage, n. m. — Action de couillonner. Couillonner, v. a. — Tromper, trahir. Coulant, e. adj. Glissant. Ex. Le trottoir est coulant après cette pluie de trois jours. Coulée, n. f. — Eau ou sève d'érable recueillie en un seul jour par les fabricants de sucre. IÇO LE PARLER POPULAIRE — Ravin. — Coulée de lessive, l'action de faire la lessive. Couler, V. n. et a. — Glisser sur un terrain gras ou humide. Ex. Mon pied a coulé, j'ai failli tomber, — Ruiner. Ex. Ce marchand est coulé à tout jamais. — Insinuer. Ex. Je lui ai coulé ça dans le tuyau de l'oreille, — Se la collier douce, faire joyeuse vie. Couler (faire), loc. Mettre en marche la fabrication du sucre d'érable. Couleuré, e, adj. Coloré. Ex. Cet enfant est trop couleuré. Couleurer, v. a. — Colorer, donner des couleurs. Couleuve, n. f. — Couleuvre. Ex. Du raisin de couleuve. Coulombage, n. m. — Colombage. Coulouer, n. m. — Couloir. Coup, n. m. — Verre de liqueurs fortes. Ex. Cet homme ne se fait pas prier pour prendre un coup. — Claquer le coup, boire plus souvent qu'à son tour. — Faire les cent coups, faire tous les mauvais coups possi- bles. — Avoir un coup, être légèrement ivre. Ex. Etais-tu ivre l'autre soir quand je t' ai rencontré ? Non, j'avais VMcoup, — Avoir pris un coup de trop, avoir trop bu, au point de s'enivrer. — Prendre un coup, trop boire. Ex. Vois Chose, il a encore pris un coup, c'est plus fort que lui. — De ce coup-là, de ce cotip-ci, cette fois. Ex. De ce coup-là, il va se tuer. Coup (du), loc. A l'instant même. Ex. Du coup, te voilà pincé. Coup (un), n. m. Une fois. Ex. Un coup Noël arrivée, nous partirons. Coup que (un), loc. conj. Dès que. Ex. Un coup que tu auras fini tes histoires, tu auras la bonté de m' écouter. DES CANADIENS-FRANÇAIS I9I Coup d'eau, n. m. — Maladie surv^enant après avoir bu trop d'eau. Ex. Un cheval malade d'un coup d'eau. — Masse d'eau arrivant à la fois à la suite de grandes pluies. Coup de chance, loc. adv. Heureusem*nt. Ex. Coup de cha?ice que tu sois venu me tirer de l'eau, car j'allais me noyer. Coup de cochon, n. m. — Action lâche et déloyale. Coup de fion, n. m. Dernière main donnée à la toilette. Coup de main, n. m. — Aide passagère. Coup de marteau, n. m. — Grain de folie. Coup de patte, n. m. Critique acerbe. Ex. C'est un homme charitable, mais il n'oublie pas son petit coup de patte de temps en temps. Coup de poche, n. m. — Action vile. Coup de torchon, n. m. — Bataille, rixe. Coup d'or, n. m. — Excellente affaire. Coup du midi, n. m. Heure du midi. Ex. Tu viendras me prendre sur le cotip du juidi. Coupable, adj. Qui peut être coupé. Ex. Cette viande-là n'est pas co/^/a3/^, elle est dure comme du cheval, ce doit être de la vache enragée. * Coupable (plaider). (Angl.) Avouer sa culpabilité. Ex. Des quatre criminels qui ont comparu à la cour du banc du roi, deux ont plaidé coupable. Coupâillage, n. m. Découpage de linge, de papier. Ex. Veux-tu cesser tes coîipâi liages, vilain garnement. Coupâiller, v. a. — Couper en menus morceaux. — Couper maladroitement et sans ordre. Coupant, adj. — Mordant. — Habile en affaires. 192 LK PARI.:eR POPULAIRE Coupant (au plus), loc. adv. Au plus tôt. Kx. Va me chercher ma canne au plus cou- pant, file au plus coupant. Coupâsser, v. a. Faire des petit* ouvrages en coupant sans trop de soin. Coupe, n. f. — Entaille faite au pied d'un arbre par le bûcheron. — Tranchée de chemin de fer. — Couple. Ex. Une coupe de jours. — Etendue de bois coupé. Coupe=feu, u. m. Porte de fer qui enlève toute communication entre deux pièces. Couper, V. a. — Découper. Ex. Couper la viande. — Rogner. Ex. Couper les gages d'un serviteur. — Affranchir, hongrer. ^ — Clore. Ex. Il s'est fait couper le sifflet. — Coîiper son eau, boire à petites gorgées. — Couper la figure, se dit d'un vent très froid qui frappe la figure avec violence. — Couper par, prendre un raccourci. Ex. Tu couperas par là, si tu veux arriver plus vite. Couper (se), v. pron. — Se contredire dans ses propres paroles. Ex. Vous venez de vous couper, mon ami, surveillez vos paroles, — Crotter ses chaussures en marchant dans des immondices. Ex. Regarde à tes pieds, si tu ne veux pas te couper. Couple de jours, n. f. Deux jours. Ex. Je vous reverrai dans une couple de Jours, Coupler, V. a. — Accoupler. Ex. Coupler des bas. Couplet, n. m. Partie du collier qui fixe le timon au harnais. Ex. Des cordes de couplets. * Couque, n. m. (Angl.) — Cuisinier. De l'anglais <:c(7-^. * Couquerie, n. f. Cuisine. Ex. Faire la couquerie. De l'anglais cookery. DES CANADIEXS-FRANÇAIS I93 Cour (homme de), n. m. — Qui a la surveillance des cours. Courâillage, n. m. — Action de courâiller. Courâiller, v. n. — Courir de tous côtés. — Mener une mauvaise vie. Courâilieur, n. m. — Débauché. Courâilleux, n. m. — Mendiant de mauvaise mine. — Homme débauché. Courant, n. m, — Coulant, tige frêle qui s'allonge en coulant sur le sol. — (Dict. Littré.) — Plante grimpante en général. Courante, n. f. — Diarrhée, cours de ventre. Coureur, n. m. Espèce d'esturgeon à nez très aplati. Coureur des bois, n. m. — Chasseur, trappeur. Coureux, adj. — Personne aux mœurs dissolues. — Agile, qui peut courir vite. Coureux de chemin, n. m. — Chemineau. — Individu qui vagabonde à droite et à gauche. Couriace, adj. — Coriace. Courir, v. a. et n. — Pousser. Ex. Pourquoi cours-txi ton cheval à pleine vitesse ? — Faire la tournée. Ex. Nous allons courir les érables, cet après-midi. — Courir à travers. Ex. C'est un garçon qui n'est bon qu'à courir les champs. — Prendre part à un concours hippique. Ex. Vas-tu courir ton trotteur aux prochaines courses. — Courir sur, s'avancer vers. — Courir après ses cinquante a7is, arriver à cet âge. Courpion, n. m. Croupion. Ex. J'ai mal au cojirpion. 13 194 LE PARLER POPULAIRE Courriette, n. f. Petit morceau en forme de lanière. Ex. Se faire enlever une courriette de peau par un clou. Cours de banc. — Cours d'études suivi sans succès. Course, n. f. — Ti7'er une course, courir, lutter de vitesse. — Faire une cou?-se sur une bayique, demander un rembourse- sem*nt de ses fonds. Courson, n. m. — Cresson. Court, adj. Le court et le long, tous les détails. Ex. Je te raconterai le court et le lo7ig de cette affaire, par temps perdu. Court (être de), loc. Etre à court d'argent. Ex. Prête-moi donc cinq piastres. — Impossible, je suis trop de court. * Court plaster, n. m. plasteur, (m. a.) — Taffetas gommé. Courtes- pattes, n. m. pi. Individu à jambes courtes. Ex. Voici un courtes-pattes qui s'en vient. Courtin, n. m. — Veste à manches. CourvalHne, n. f. Dépuratif composé de racines de patience, de salsepareille, de chiendent et de dent-de-lion, additionnées de sulfate de magnésie. Courvée, n. f. — Corvée, tâche pénible. — Corvée, travail collectif. Cousable, adj. — Qui peut être cousu. Couserai (Je), futur du verbe coudre. — Je coudrai. Cousin, n. m. Gâteau à forme particulière qui fait partie des pains bénits. Coûtage, n. m. — Coût, frais. Coûtageux, adj. — Coûteux. — Gênant. Coûtance, n.f. Gêne. Ex. Ce n'est pas la coûtarue qui me fait agir ainsi. DES CANADIENS-FRANÇAIS 195 Coûtant, adj . — Qui coûte à faire. Coutchou, n. m. — Caoutchouc. Coutchouc, n. m. — Caoutchouc. Coûte qui coûte, loc. — Coûte que coûte. Couteau, n. m. — Boisson alcoolique mise dans un verre d'eau gazeuse ou d'eau. Ex. Coupe ton eau avec un petit couteati. — Homme retors. — C est un petit couteau, c'est un homme de peu de valeur. — Etre à couteaux tirés, être ennemi. Couteau à poisson, n. m. —Truelle. Coûtément, n. m. Prix d'une chose, dépense à faire. Ex. Tout cela, ce sont des coûténients pour rien. Coûter, v. n. — Coûter les yeux de la tête, coûter très cher. — Coûter chaud, même sens. Ex. Tu veux acheter du stock de la Caisse d'Economie, je t'avertis que ça va te coûter chaud. Coûte- pied, n. m. Coup-de-pied. Ex. Si tu me donnes un coute-pied, je te le rendrai. Couture, n. f. — Tout ce qu'il faut pour coudre. Ex. Emporte ta f^w/wr*? avec toi. — Rabattre les coutiires, plaisanterie qui consiste à presser sur les coutures d'un habit neuf, pour en marquer l'étrenne. Amusem*nt de collégiens. Couvarcle, n. m. — Couvercle. Couvarte, n. f. Couverte. Ex. Une couvarte de laine, une couvarte à cheval. Couvarture, n. f. — Couverture. Couvé, e, adj. — Couvi. Ex. Un œuf couvé. Couvert, n. m. — Couvercle. Ex. Un couvert de plat, de chaudron. — Couverture. Ex. Un couvert de livre, de boîte, de mai- sou. 196 LE PARLER POPULAIRE — Boîtier. Ex. Le f^z^'^r/ d'une montre. Ex. J'ai acheté une montre coiivcrte, c'est-à-dire à double boîtier. — Doiuicr à coiivert, loger. Couverte, n. f. — Couverture. Ex. Une couverte de lit. Couvre=pieds, n.m. — Courte-pointe, couverture de lit piquée. Couyau, n. m. Co3^au, pièce de bois qui porte sur l'extrémité inférieure des chevrons, de manière à dépasser la saillie de l'entable- ment pour former l'avance de l'égout du toit. Couyon, n. m. — V. Couillon. Couyonnade, n. f. — V. Couillonnade. Couyonner, v. a. — V. Couillonner. Crabe, int. — Crabe de chien ! Crabe de diable ! Crabe ! Crac, n. m. — Faire un crac, embrasser une personne en lui entourant le cou de ses bras. Expression qui s'applique plutôt aux jeunes enfants. Ex. Crac, minouche. — Un instant. Ex. J'ai fait cela dans un crac. Cracher, v. n. — Payer bon gré mal gré. Ex. Je finirai par le faire cra- cher. — C'est son père tout craché, c'est son portrait ressemblant. — Ne pas cracher dedans, ne pas dédaigner les liqueurs fortes. — Cracher des trente sous, cracher un rhume. — Cracher blanc, avoir soif. — Cracher sur son prochain, le mépriser. — Cracher la vérité, avouer, rendre le secret. — Ne pas cracher sur, ne pas dédaigner. Ex. Je ne crache pas sur les petit* profits que j'ai faits à la bourse. Crachoué, n. m. — Crachoir. Crachouè, n. m. — Crachoir. * Cracknel, (m. a.) Craquelin, biscuit au maïs, à bords dentelés et recourbés. * Crakers, n. m. pi., (m. a.) — Biscuit. — Craquelin. DES CANADIENS-FRANÇAIS I97 * Crâde, n. f. (Angl.) Multitude de personnes. De l'anglais crowd. Crainte, u. f. — Crai7ite de, crainte que, de crainte que. Ex. Dans son testament, il a tout donné à sa femme, crai?ite que ses en- fants se chicanent. — E71 crainte, craintivement. Ex. Il fait tout e7i crainte. Craion, n. m. — Craj'on. Craire, v. a. Croire. Ex. Jamais je vous crairai. V. Creire. Crâlée, n. f. — Foule. Cramaillère, n. f. — Crémaillère. Crampe, n. m. — Crampon. Cramper, v. a. — Cramponner. Ex. Notre poêle est cassé, il faudra le faire cramper. — Se faire cramper, tromper. — Cramper des payitalons, leur donner le pli avec un fer à repasser. Cramper (se), v. pron. — Se cramponner, s'accrocher à quelqu'un. Crampon, n. m. — Grappin. Cramponner (se), v. pron. — Se dit d'un cheval qui se blesse avec les crampons de ses fers. — Se donner une entorse. — Se rétrécir, se contracter, se plisser. Ex. Une étoffe qui se cra^nponnc. Cran, n. m. — Rocher stratifié ou à fleur de terre qui borde le rivage du fleuve Saint-Laurent. Ex. Courir d'un ^ra;/ à l'autre, au risque de se casser le cou. — Côté. Ex. Mettre son chapeau sur le cran de la tête. * Crank, {crangke) m. a. Vif, gaillard, volage. Cranque, n. f. Crampe. Ex. J'ai des cranqiies dans le mollet. igS LE PARLER POPULAIRE Crapaud, n. m. Avoir les mains comme des crapauds, avoir les mains enflées par le froid. Crape, interj. Juron, Ex. Crape de chien ! Crape chien ! Crapet, n. m. — Enfant malin qu'on ne peut prendre plutôt par un bout que par l'autre. — Crapet jaune, poisson moins répandu dans la Province de Québec que le crapet vert. Dans la région de Montréal on l'appelle crapet noir. Crapin, n. m. — Crapaud, gamin. Crapotte, n. m. Crapaud. Ex. Faire un saut de crapotte. Crapouille, n. f. — Crapule. Crapoussin, n. m. — Homme de très petite taille, mal tourné. Craquant, n. m. — V. Croquant. Craque, n. m. — Instrument dont se servent les blanchisseuses pour gau- frer la toile ou la dentelle. — Bruit produit par des bottes en marchant. Ex. M. notre professeur a du craque dans ses bottes ! — Oui, mon enfant, mais j'aime mieux avoir du craque dans mes bottes que dans ma tête. Craque, n. f. — Crevasse. Ex. Une craque dans un mur. — Fente. Ex. Cette planche a une craque. — Dérangement du cerveau. Ex. Cet homme a une craque à la tête. Craquer, v. a. et n. — Crevasser. Ex. Ees murs de la ville sont craqués partout. ■ — Fendre. Ex. Sur cent planches, il y en a au moins vingt qui sont craquées. — Fendiller. Ex. Après cette grande sécheresse, la terre est toute craquée. — Craqueler. Ex. Il fait tellement chaud dans le salon, que nos peintures ont fini par craquer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 199 — Tuyauter. Ex, Il faudra que ces dentelles soient cra- quées. — Etre craqué aprh quelqu'un, avoir une amitié particulière pour lui. Craquignole, n. m. — V. Croquecignole. Crasse, u. f. Homme malhonnête. Ex. C'est une maudite crasse. Il m'a joué un tour de crasse. Crasser, v. n. — Etre malhonnête en affaires, Crasser (se), v. pron. S'assombrir. Ex. \^ç.\.ç.\x\.'ç?> se crasse. Crasserie, n. f. — Canaillerie, coquinerie. Crasseux, n. et adj. — Malhonnête en affaires. Crassin, n. m. — Crasse durcie. Crassiner, v. n. — Bruiner. Cravasse, n. f . — Crevasse. Cravasser, v. n. — Crevasser. Cravasson, n. m. — V. Crevasson. Crayon de mine, Cra^'on de mine de plomb ou plombagine. Crayon de plomb, n, m. Crayon de plombagine ou de graphite. Crayonner, v. a. Ecrire en tous sens avec un crayon. Ex. Mon petit frère a crayonné mon devoir. * Crazy work, crézé wcurke, (m. a.) Ouvrage fait avec des retailles de drap, de soie. Cré, adj. AhréviaXion àe sacré. Ex, Cr/ nom d'un chien ! cré raille noms ! Cré mille bombes ! Cré mâtin ! Créature, n. f. Femme. Ex. Je vais me promener aux Etats, j'amène ma créatîire avec moi. Je me suis souvent demandé, disait M, Chauveau, si les sermons sur les dangers de s'attacher trop fortement aux créatures ne formaient pas l'origine de cette expression bien canadienne. M. Chauveau se trom- pait, car le mot créature •powr fefnme se dit en Normandie. 200 LE PARLER POPULAIRE Créchard, n. m. ^ui vit aux dépens du gouvernement ; celui-ci est la crèclie. Crèche, n. f. Service civil en général. Tout fonctionnaire est censé man- ger à la crèche gouvernementale. Ex. Vivre à la crèche^ manger à la crèche. Crédit, n. m. — U71 bon crédit, un homme qui paie bien. — U71 mauvais crédit, celui qui paie mal. Ex. Ne lui avance rien, c'est un mauvais crédit. Créiature, n. f. Créature, femme en général. Ne se prend jamais en mau- vaise part. Ex. C'est ma créiature, c'est-à-dire ma fem- me légitime. Créié, interj. — Juron très populaire. Creire, v. a. Croire. Ex. C'est à creire que je vais consentir à te donner mon argent. J'te cré ! Cré-moé ou cré-moé pas, je te dis qu'il y a un revenant qui apparaît toutes les nuits au cimitière. Crémage, n. m. — Action de crémer. Cré mâtin, interj. Bégaiement pour sacré ! Crémer, v. a. Couvrir un gâteau de sucre. Crémerie, n. f. Etablissem*nt où l'on fabrique le beurre. Ex. Avez- vous du beurre de cr'ènierie à me vendre. Eu France, la o'tmerie est l'endroit où l'on vend le beurre. * Crémeur, n. m., (Angl). Mouton de Perse. Ex. Un capot en crémeur. Crémeuse, n. f. Ecrémeuse. Ex. Du beurre de crémeuse. Crémone, n. f. Cravate de laine tricotée pour mettre autour du cou, en hiver. En France, la crémone est une espagnolete pour fermer les croisées. DES CANADIENS-FRANÇAIS 20I Créon, n. m. Crayon. L,acombe donne créon pour crayon. Crêpe, n. f. — Virer U7ie crêpe, au jeu de brisque celui qui gagne cinq brisques s'empare du talon et le tourne à l'envers ; alors il a gagné la partie. Se dit encore de celui qui glisse et tombe de tout son long. — Jouer à la crêpe, jouer à la brisque. Crétique, n. f. — Critique. Crétiquer, v. a. — Critiquer. Créton, n. m. Creton, rillon, peau croustillante qui reste dans la graisse quand on la fait fondre. Creume, n. f . — Crème. Creumer, v. n. — Crémer. Creuve=faim, n. m. — Mendiant. Creux, n. m. et adj. — Sourd. Ex. Une voix creuse. — Faire son creux, son trou. — N' être pas da7is le plus creux , n'être pas au bout de ses peines. — Sonyier le creux, sonner creux. — Tousser creux, avoir une toux profonde. Creuyabe, adj . — Croyable. Crevasson, n. m. — Homme de peu de valeur. Crève=faim, n. m. — Pauvre, mendiant. Crevé, adj. — Hernie. — Fat. Ex. Un petit crevé. Crever, v. a. — Crever la faim, mourir de faim. — Crever la soif, mourir de soif. Crever (se), v. pron. Contracter une hernie. Crever (se faire). Se faire mourir. Ex. Il se fait crever à force de travailler. Crevure, n. f. — Hernie. 202 LE PARLER POPULAIRE Crève=z=yeux, n. m. — Asperge. — Coléoptère. Créyable, adj. — Croyable. Créyance, n. f. — Croyance. Créyant, adj. — Croyant. Cri, n. m. — Personne irascible. Ex. Cet enfant est méchant comme un cri. — Criée. Ex. Tu feras le cri à la porte de l'église que j'ai perdu ma vache. Cri (aller). — Aller quérir. Ex. Va cri mon chapeau. Criage, n. m. — Criaillerie. Criâillage, n. m. — Criaillerie. Criâilieux, n. et adj. — Criailleur. Cribe, n. m. — Crible. Crible, n. m. — Tarare, instrument qui sert à vanner le blé et à nettoyer le grain. — Brette, petit train de bois flotté. Cric, n. m. Enfant maussade. Ex. Etre méchant comme un cric. Cric=crac, n. m. — Crécelle. * Cricket, crikete, (m. a.) — Jeu de balle à la crosse. Crier, v. n. — Gronder, gourmander. — Annoncer à la criée. — Faire une chose e?i criant Jack ou e?i criant ciseau, c'est-à- dire faire très vite. — Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton, crier à pleins poumons. Crieur, n. m — Audiencier. Crieux, adj. — Criard. Crignasse, n. f. — Chevelure épaisse et en désordre. Crigne, n. f. — Crinière. Ex. Tu prendras le cheval par la crigne et tu me l'amèneras. DES CANADIENS-FRANÇAIS 203 . — Chevelure. Kx. Je l'ai pris par la crigne et je l'ai cou- ché par terre. Crignière, n. f. — Crinière. Crin, n. m. Avoir les oreilles dans le cri7t, être sur ses gardes. Crincrin, n. m. — Violon. Crion, n. m. — Crayon. Crique, n. f. — Dent d'enfant. Ex. Montre tes petites cr/^z^^^ à maman. — Petite rivière. — Fissure dans un rocher. Criquet, n. m. — Enfant agité. — Grillon domestique. Crir, V. a. — Chercher, quérir. Cristi, Juron. Critiqueux, n. et adj . — Critiqueur. Criyon, n. m. — Crayon. Cro, cros, n. m. — Vieille dent ébréchée. — Barbe. Ex. Je me laisse pousser les cros. En Norman- die on se sert du mot barbacro pour désigner de grandes moustaches, barbe en forme de crochet. Croche, adj. — Faux. Ex. Cet homme a des idées croches. — De travers. Ex. Il a V^sçrit croche. — Avec certitude. Ex. Je te l'ai fourré dedans un peu croche. Crochet, n. m. — Tire-bouton, crochet qui sert à boutonner des souliers, des gants. — Tirer ati crochet, se prendre d'un doigt, généralement le médium, avec le doigt d'un autre pour lutter de force. Crochir, v. a. — Courber, rendre croche. Crochu, adj. Bancroche. Ex. C'est un garçon bien mal planté, il est tout crochu. 204 LE PARLER POPULAIRE * Crocket, n. m. (Angl.) Mail ; jeu qui consiste à pousser une boule avec le mail, ou petit maillet en bois, de forme cylindrique. Croire (se) quelqu'un, loc. Avoir confiance en soi. Croisaillâge, n. m. — Croisem*nt en tous sens. Croisâiller, v, a. — Disposer en croix nombreuses. Croisâiller (se), v. pr. — Se rencontrer de près sur la route. Croisée, n. f. Bois disposé en croix aux deux extrémités d'une cordée pour l'empêcher de débouler. Croiser, v. n. Etre assez bien pourvu de provisions, de blé, d'avoine, etc., pour pouvoir attendre jusqu'après la nouvelle récolte. Ex. J'ai encore beaucoup de blé, j'espère que je vais croiser facilement. Croiser (se), v. pron. Faire le signe de la croix. Se disait à Québec au commen- cement du dix-neuvième siècle. Croison, n. m. — Cloison. Croisonner, v. a. — Cloisonner. Croix, n. f. Personne assommante, pas endurable. Ex. Encore ma croix qui arrive. Croix de Saint=Louis, — Plante qui croît à travers les blés. — Ce n'est pas de la croix de Saint-Louis, cet homme ne vaut pas grand' chose, il ne ressemble aucunement aux chevaliers porteurs de cette croix. Sous le régime fran- çais, ce genre de décoration était très en vogue, même parmi les Canadiens. Croquant, n. m. Cartilage ou autres parties d'un animal qui résiste à la dent. Croquecignole, n. m. Croquignole, sorte de pâtisserie, ainsi nommée parce qu'elle imite assez la forme que prennent les doigts lorsqu'on veut donner une croquignole ou chiquenaude sur le nez. DES CANADIENS-FRANÇAIS 205 Dans la région de Montréal, on dit beig?ie pour croqui- gnole. Beigne est une corruption de beignet, qui est une tout autre espèce de pâtisserie. En France, la pâtisserie qui se rapproche le plus du croquignole, s'appelle casse- rauseau. Croquée, n. f. Dentée. Ex. Prendre une croquée amont un morceau de sucre. Croquette, n. f. — Variété d'airelle (bluet). * Croqueurse, n. m. pi., (Angl.) — Crackers. Croquignole, n. m. — V. Croquecignole. * Crossing, n. f., (m. a.) Croisière. Ex. Prends garde à ton cheval quand on arriî'era à la Crossing, parce qu'il peut passer un train. Crotte, n. f. — Faire petite crotte, vivre péniblement. — Avoir la crotte au nez, avoir des sécrétions nasales durcies. Crotteux, adj. Plein de crottes. Ex. Cet enfant a le nez crotteux. Crotton, n m. Petit enfant chéri. Ex. Viens m' embrasser, mon cher crotton. Croupion (à), loc. adv. A croupetons, position d'une personne accroupie. Ex. Etre à croupio7i sur une chaise. Croupis, V. n. Demeurer longtemps dans un même endroit. Ex. Ne me laisse pas croupir là. Crouston, n. m Croûton, l'extrémité du pain où il y a le plus de croûte. Croûte, n. f. — Neige durcie à la surface. Ex. Marcher sur la croûte. — Ecorce des arbres. Ex. Se chauffer avec des croûtes. — Casser une croûte, manger, faire un repas. — Avoir bieyi des croûtes à manger avant d'arriver au succh^ n'être pas près d'arriver. Croûtes, V. n. — Durcir. Ex. Vn sol (iwi croûte. 206 I.E PARLER POPUIvAIRE * Crow-bar, bâr, (m. a.) — Pince, levier. * Crowd, craude, (m. a.) — Foule, rassemblement. V. Crâde. Cru, adj. Humide. Ex. Le temps est cru, nous allons avoir de la pluie. Cruchetée, n. f . — Cruchée. Ex. Une cruchetée de lait. Cruchon, n. m. — Imbécile. Cruel, adj. Enfant difiScile à élever parce qu'il pleure, et ne dort pas. Ex. Une mère de famille qui n'a que des enfants cruels. C'te, adj. Cet, cette. Ex. C/^ demande ! c '/'enfant, c '/'armoire. C'tella, adj. f . — Celle-là. C'tici, adj. — Celui-ci. C'tilà, Celui-là. Molière a dit : Il faut tirer l' échelle après cetî-là, Cuer, V. a. — Tuer, éteindre. Ex. Cuer le feu, la chandelle. Cuiller à pot, n. m. Grande cuiller pour servir la soupe. Cuir à patente, n. m. Cuir verni. Ex. T>QS>\iO\.\.^sà& cuir à patente. Cuire, v. a. et n. — Faire cuire le pain dans le four. Ex. Aujourd'hui, nous allons cuire, il fait mauvais. — Se faire surchauffer. Ex. Arrêtez de chauffer le poêle, nous cuisons. Cuisage, n. m. — Cuisson. Cuisine, n. f. Mets. Ex. Nous allons faire de la bonne cuisine. Cuissière, n. f. L'une des jambes du pantalon qui recouvre la cuisse. Cuite, n. f. — Excès de boisson. Ex. Prendre une cuite. Culasse, n. f. Arrière-train. Ex. Je l'ai pris par la culasse, et l'ai jeté par terre. Culot, n. m Partie du pantalon qui entoure les cuisses. Ex. Je l'ai saisi par le culot. DES CANADIENS-FRANÇAIS 207 Culotte, n. f. — Pantalon. — Porter la culotte^ se dit d'une femme qui est la maîtresse de tout dans un ménage. Culotteux, adj. — Qui culotte les pipes. Culotton, n. m. — Enfant qui commence à porter des culottes. Cumulard, n. m. Fonctionnaire qui exerce simultanément plusieurs emplois. Cure-pipe, n. m. Petit instrument pour vider les pipes et les écurer. * Currant, heurrante^ (m. a.) — Raisin de Corinthe. * Cut, keute, (m. a.) — Gravure, vignette. Cuvette, n. f . — Petite cuve, cuveau. Cuvotte, n. f. — Cuveau, baquet. Cuyer, v. a. Cueillir. Ex. Allons fw>r/- des prunes. Rabelais a dit ^mï/- laite pour cueillette. Cyprès, n. m. — Pin gris, pin de rocher. D'abord que, loc. adv. — Puisque. Ex. D'abord que tu veux bien m' écouter. Du moment que. Ex. D 'abord que tu seras présent, nous serons plus à l'aise. Dague, daye, n. f. Emporte-pièce, outil dont la tranche forme exactement le contour de la pièce à découper, Daguer, dayer, v. a. — Découper avec la dague. 208 LE PARLER POPULAIRE Dagueur, dayeur, n. m. Ouvrier employé dans les manufactures de chaussures. D'aguette, loc. Avec précaution. Ex. Cette femme marche toujours d'a- guette, sans faire de bruit ; en réalité elle craint d'éveiller la curiosité des autres. Dalle, n f. — Evier. — Chéneau, conduit de bois ou de métal, qui reçoit les eaux des toits pour les diriger vers le tuyau de descente (dalleau). — Conduit alimentaire de la bouche à l'estomac. Ex. Allons nous rincer la dalle. Dalleau, dallot, n. m. — Conduit en ferblanc, en zinc, en tôle, en bois par où s'é- coule l'eau des toits, et qui lui est arrivée par la dalle. — Doigt de gant ou linge, qui sert à envelopper un doigt malade. — Ivrogne, buveur. Dalmatique, n. f. Chemise. Ex. Ce soir, comme il fait chaud, je vais me mettre au lit en dahnatique. Damage, n. m. Dommage. Ex. Beau damage. Nous trouvons damage dans la chanson de Roland. Damageable, adj. —Dommageable. Damas, n. m. Prunes de Damas, prunes violettes, de grosseur moyenne et très succulentes, récoltées sur la côte de Beaupré, et sur l'île d'Orléans. Dame, n. f. — Femme. Ex. Votre dame est bien, j'espère. — Barrage, digue. — Cage en bois servant de quai. Ex. A la baie Saint- Paul, il y a, en plein fleuve, une dame de difficile abord. — Grosse dame, dame riche et de haut ton. — Dame ! interjection. DES CANADIENS-FRANÇAIS 209 Damnation ! Juron assez fréquent, prononcé dans un moment de colère ou de douleur. Damné, e, adj. Mauvais. Ex. Voilà une damnée affaire qui me casse les bras. * Dampeur, n. m. (Angl.) Clef de tuyau de poêle, registre de cheminée. Dandeliner (se), v. pron. — Se dandiner. * Dandy, da7iii'dé, (m. a.) — Elégant. Dangereux, euse, adj. — Probable. Ex. C'est pas dayigereiix qu'il fasse mauvais. — Imprudent, étourdi. Ex. Cet enfant est dangereux, il faut y faire attention. Dangereux, adj. — Dangereux. Dans, prép. — Sur. Ex. Grimpe dajis l'arbre. — Par. Ex. Je suis capable de paj-er cinq chelins dans le louis. — A peu près. Ex. C'est un homme ^«;/^ votre taille, dans votre âge. — A. Ex. Aller au marché un panier dans le bras. Dans (par), loc. prép. Dans. Ex. Tu passeras /ar dans le chemin Gomin. Dans la lune (être), loc. Etre très distrait. Ex. A quoi pensez-vous donc, êtes-vous dans la lune ? Dans le criminel, loc. D'une façon exagérée. Ex. Vendre cher dans le crùninel. Dans le fil, loc. Avec beaucoup d'habileté. Ex. Cet ouvrage a été iaitdafis le fil. Dans le sac (être), Régler, terminer. Ex. Notre affaire est dans /^ 5«<:, tapons-là. Dans les, loc. prép. Environ. Ex. Cette maison m'a coûté dans les cinq mille piastres. 14 2IO LE PARLER POPULAIRE Dans les à peu près, loc. prép. A peu près. Ex. Il doit avoir quatre-vingts ou da?is les à peu près. Dans les environs, loc. prép. A peu près. Ex. Ma maison vaut dans les efiviroîis de cinq mille piastres. Dans les grands prix, loc. prép. Autant qu'il y a moj^en. Il s'est fait blaguer da7is les grands prix. Dans le temps de le dire, loc. En le disant. Ex, J'ai appris ma leçon dans le temps de le dire. Dans mon opinion, loc. prép. D'après moi. Ex. Dans ino7i opinion, il mouillera avant que le soleil se couche. Dans par, loc. prép. Par. Ex. Si tu veux dire comme moi, nous partagerons dans par la moitié. Dans un rien de temps, loc. En moins de rien. Ex. J'ai fait mon ouvrage dans un rien de temps. Danse, n. f. Soirée où Ton danse. Ex. Vas-tu à la danse, ce soir, chez Boulé ? Danse câllée, n. f. Danse pendant laquelle quelqu'un appelle les figures. Ce quelqu'un est désigné sous le nom de câlleur. (Angl.) Danse carrée, n. f. — Quadrille, lancier. Danse ronde, u. f. Danse en rond, cotillon. Danse vive, n. f. Valse, polka. Ex. Les danses vives sont tout simplement tolérées, elles ne sont pas permises. Danser, v. n. — Danser à la corde, sauter en faisant passer sous ses pieds une corde qu'on tourne. — Danser plus vite que le violo7i, aller trop vite en besogne. DES CANADIENS- FRANÇAIS 211 D'apparence, loc. Selon les apparences. Ex. Il fera beau avant le coucher du soleil, d'apparence. D'apparence que, loc. adv. — Apparemment. D'arculons, loc. adv. — A reculons. De raculons, loc. adv. — A reculons. De reculons, loc. adv. — A reculons. Darder (se), v. pron. Se jeter sur. Ex. Il s'est dardé sur Pierre pour le frapper. Donne l'idée d'un dard lancé avec force et qui pénètre dans les chairs. Dardeur, n. m. — Celui qui darde le poisson avec la nigogue. Dargnier, adj. et n. — Dernier né. Ex. Lej petit dargnier^ chez nous, s'appelle Benjamin. — Dernier. — Eyi dargnier, en dernier lieu. Ex. Quand même tu arriverais C7i dargnier^ ça ne fait rien. Dargnièrement, adv. Dernièrement. Ex. J'ai appris cela tout dargnièrement. * Darner, v. a. (Angl.) Repriser, raccommoder, ravauder. De l'anglais /c? ^ar;z. Darnier, adj. — Dernier, Ex. Le damier de la classe. Darrière, adv. Derrière. Ex. Passe par darrière la voiture. Moi, je n'ai pas de porte de darrière, je dis tout ce que je pense. Darte, n. f. — Dartre. Darteux, adj. — Dartreux. * Dash, dach, n. m., (m. a.) — Trait, filet (terme d'imprimerie). — Em dash. — Trait de la largeur d'un m. Date (en) de, loc. A la date de. Ex. Je suis à peu près certain que Montréal a été fondé en date de 1642. * Date (up=to=), eiipe-tou-dête, m. a. De mode récente, dans les derniers goûts. Ex. Le magasin Morgan est up-to-date. 212 LE PARLER POPULAIRE D'avance, loc. — Prompt, expéditif. Ex. J'emploie beaucoup d'ouvriers, sur le nombre il en est peu qui soient d^ avance. — Hâtif. Ex. J'ai récolté cent minots de patates d' avance. D'avant, loc. Auparavant. Ex. Viens me voir à Noël? — Non, j'irai la semaine d'avant. D'avant que, loc. adv. — Avant que. Davantage, adv. Une plus grande quantité, plus. Ex. As-tu assez de pièces de dix cents ? — Non, j'en voudrais davaiitage. * Day=book, dé-bouc, (m. a.) — Brouillard, livre de commerce. D'ci et là, loc. adv. D'un côté et de l'autre. Ex. Il va ^V/V/ /à sans trop savoir où. D'dans, adv. et prép. — De. Ex. Débarque d'dans la voiture. — Dans. Ex. Embarque d'dans les chars. — Dedans. Ex. Je me suis fait fourrer d' dans de la belle façon. De, prép. — A. Ex. Je suis prêt de m'en aller. — A la place de. Ex. Si j'étais de toi, je m'en irais. — Un. Ex. Il ne pourra avoir de serv'iteur comme celui-là. — Au prix de. Ex. Il est bien différent de ce qu'il était autrefois. — Depuis. Ex. Il est malade û^^la semaine dernière. — Dans. Ex. Pierre est bien-affligé des 3'eux. * Dead lock, ded, (m. a.) Arrêt forcé, impasse. Ex. Les affaires vont très mal, nous sommes en plein dead-lock. Débâcle, n. f • Diarrhée considérable après une forte constipation. Débagagement, n. m. Déménagement. Ex. Les dêbagagements à Québec se font du i" au 3 mai. Débagager, v. a. — Déménager, enlever son bagage pour le transporter ail- DES CANADIENS-FRANÇAIS 213 leurs. Ex. Charretier, comment me chargez-vons pour me débagager f — Déraisonner. Ex. Le vieux commence à débagager. Cotgrave cite débagager pour serrer, mettre en paquets. Débagoulard, n. m. —Bavard de bas étage. Débagouler, v. n. Bavarder, parler avec passion de choses fastidieuses. Déballé (nouveau), n. m. Nouvellement arrivé, comme si l'individu était venu enve- loppé dans une toile d'emballage. Ex. Encore un nou- veau déballé entré au département des terres de la cou- ronne. Déballer (se), v. pron. — Se décider à agir. Débaptiser, v. a. Changer de nom de baptême. Débarbouiller, v. a. — Battre. Débarbouiller (se), v. pron. — Se tirer d'embarras. Ex. Débarbouille-to\ comme tu pourras, moi je m'en lave les mains. S'éclaircir. Ex, l^e l&mçs sç^ débarbouille v\i&. Débarquement, n. m. —Débarcadère. Débarquer, v. a. , , • — Descendre d'un lieu élevé. Ex. Débarque de la voiture, nous sommes trop de monde. — Oter. Ex. Débarque-X^ de là, ou je vais le débarquer. — Descendre en général. Ex. Débargîie de sur mes genoux. — Cesser de s'appuyer. Ex. Débarque de sur moi, tu me gênes dans mes mouvements. — Cesser d'occuper une position. Ex. Tu vas débarquer de ta place, si tu continues à te mal conduire. Débarras, n. m. — Clairière. Endroit où l'on relègue tout objet embarras- sant. — Diarrhée. Débarrasser, v. a. Abattre des arbres. Ex. Nous allons construire dans cette partie du bocage, il faudra commencer par débarrasser. 214 LE PARLER POPULAIRE Débârrer, v. a. Ouvrir une porte, un meuble fermé à clef. Ex. Voici mon trousseau de clefs, débârre tous les meubles et toutes les portes qui ont été fermés à clef avant notre départ. * Debater, débéteîir, (m. a.) Orateur parlementaire, argumentateur. Débattement, n. m. — Palpitation, battement du cœur. Débattre (se), v. pron. Battre. Le cœur me débat comme s'il voulait me sortir du corps. Débaucher, v. n. Lancer, partir. Ex. Une fois débauché, il n'j' a plus moyen de l'arrêter, celui-là. _;j^* Débenture, n. f. (Angl.) Titre ou obligation émise par un gouvernement, une corpo- ration municipale. De besoin, loc. Besoin. Ex. Voulez-vous acheter des livres? — Merci, j'en ai pas de besoin. Débiffer, v. n. Perdre sa bonne mine, son apparence de santé. Ex. Comme tu es débiffé ce matin, as-tu couché sur les ravalements ? Débine, n. f. — Misère, pauvreté, gêne. Ex. La débine me poursuit depuis quelque temps. - — Binette. Débiner, v. a. — Médire, dénigrer. Ex. Qu'as-tu à tant débiner sur le compte de ton prochain ? — Perdre contenance. Débiscaillé, adj. — Bouleversé de figure. D'oii viens-tu, comme tu es débiscaillé, ce matin ? — Brisé, déformé. Ex. Un chapeau débiscaillé. Débitage, n. m. — Action de dépecer. — Action de fendre le bois. DES CANADIENS-FRANÇAIS 215 Débiter, v. a. — Dépecer. Ex. Es- tu bon potir débiter un bœuf? — Fendre. Ex. Débiter une corde de bois. Débiteur, adj. — Dépeceur, fendeur de bois. Débloquer, v. a. Mettre un convoi de chemin de fer en état de s'avancer, après avoir enlevé la neige qui l'arrêtait. Ex. Enfin les chars, retenus à Saint-Charles depuis deux jours par une tempête de neige, sont débloqués. Déboire, v. n. — Vomir. Débord, n. m. — Diarrhée considérable, Débordage, n. m. — Saillie. Débordé, e, adj. Un lit débordé, un lit dont les couvertures sont pendantes. Débotter (se), v. pron. — Oter ses bottes. Débouche, u. m. — Débouché. Débouler, v. n. et a. — Rouler de haut en bas. Ex. L'enfant vient de débouler l'escalier, il a dégringolé de tout son long. En France, ce mot veut dire s'enfuir au plus vite, courir comme une boule qu'on lance. — Devenir mère, en parlant de la femme. Débouliner, v. n. — Dégringoler. Déboulis, n. m. — Avalanche de neige, provenant des toits ou des roches, qui culbutent du sommet ou du flanc d'un cap ou d'une montagne. — Eboulis. Ex. Un déboulis de pierres. — Eboulement, chute de ce qui s'éboule. Débourgeonner, v. a. Enlever les bourgeons de l'arbre. Débourrer, v. a. — Vider la pipe du tabac qu'elle contient. — Travailler à former l'intelligence. Débourrer (se), v. pron. Croître en intelligence. Ex. Notre petit Jean commence à se débourrer, la maîtresse d'école est contente de lui. 2l6 LE PARLER POPULAIRE Débouter, v. a. Doubler un cap, en terme de marine. (Cl.) Déboutonner, (se), v. pron. — Faire preuve de générosité dans une circonstance spé- ciale. — Dire tout ce qu'on pense. Ex. Si je perds patience, je finirai un bon jour par me déboutonner. Débrager (se), v. pron. — S'agiter, se démener. Débraqueter, v. a. Enlever les broquettes. Ex. Débraqueter un tapis. Débrayer, v. n. — Trop parler. Débrette, n. f. — Gros repas, fête de famille. Débricoler, v. a. — Enlever la bricole. Débricoler (se), v. pron. — Oter ses bretelles. Débringué, e, adj. Qui a une tournure négligée, nonchalante. Débris, n. m. pi. Abatis. Ex. Un débris de veau. Débriscaillé, adj. part. — Débiscaillé. V. ce mot. Débrousser, v. a. Enlever les branchages (brousse) des vigneaux. Décacher, v. a. — Enlever les couvertures d'un lit. Décacher (se), v. pr. — Se désabrier. V. ce mot. Décaler, v. n. — Enlever l'écale d'une noix. ■ — Enlever le brou d'une noix, d'une noisette. Décalotter, v. a. Décoiffer, ôter le chapeau, le casque, la casquette. Décalotter (se), v. pron. — Se décoiffer. Décampe, n. f. Allure, dégaine. Ex. En voici un qui a une curieuse dccajnpe. Décaniiler, v. n. Déménager, déguerpir, fuir comme un chien ; du latin canis, chien. Décanter, v. a. Changer de position un objet mis sur le cajit. V. Cant. DES CANADIENS-FRANÇAIS 217 Décapoter, v. a. — Enlever le capot ou le pardessus. — Dépecer la baleine. Décapoter (se), v. pron. Oter soi-même son capot. Ex. Décapotez-vous, vous allez avoir trop chaud. Décapuchonner, v. a. — Enlever le capuchon. Décapuchonner (se), v. pron. — Oter son capuchon. Décarcaner, v. a. — Oter le carcan. Décarêmer (se), v. pron. Faire un repas copieux après quelques jours de privations. Ex. Il y a assez longtemps que nous mangeons de la mo- rue, décarêmons-nous avec du jambon. Décarrer, v. a. Enlever à quelqu'un sa carre. (T. de jeu.) Déceinturer, v. a. — Oter la ceinture, déceindre. Déceinturer (se), v. pron. Oter sa ceinture. Ex. Déceinturez-vous , afin que vous res- piriez plus à l'aise. De cela (à part), loc adv. A part cela. Ex. A pa7't de cela, qu'as-tu à me dire ? De ce que, loc. Comme, à quel point. Ex. Je ne suis pas capable de te dire de ce qtie mon père est fâché contre moi. De delà, loc. adv. De là. Ex. Ote-toi de delà que je m'y mette ? Décerner, v. a. — Cerner, entourer de toutes parts. Décesser, v. n. Cesser. Ex. Il ne décesse pas dem'eunuyer. Déchafauder, v. a. — Enlever un échafaud. Déchagriner, v. a. — Consoler. Déchagriner (se), v. pr. — Se consoler. Déchaîné, adj. part. Homme en furie. Ex. Cet homme est un véritable déchaîné, il est capable de tuer. De chance que, loc. adv. — Heureusem*nt que. Déchanger (sej, v. pron. — Changer d'habit. 2l8 LE PARLER POPULAIRE Décharge, n. f. Ruisseau ou rivière dans laquelle se déversent les eaux d'un lac, d'un étang. Ex. La Grande Décharge du lac Saint- Jean, dans la rivière Saguenay. Déchargeage, n. m. — Déchargement. * Décharger, v. a. Congédier, retirer à quelqu'un sa charge. Ex. Je suis obligé de partir de Québec, mon patron vient de me décharger. (Angl.) Décharger (se), v. pron. Décharger sa bile, Ex. A la prochaine occasion, je me déchargerai sur lui. Dèche, n. f. Gêne, misère. Ex. De ce temps-ci, je suis dans la dèche, inutile de me parler de souscription. Déchesser, v. a. — Dessécher. Décheter, v. a. — Repousser, mépriser. Décheviller, v. a. — Oter la cheville. Déchicoter, v. a. — Déchiqueter. Déchiffrer, v. a. Défricher. Déchoquer (se), v. pron. Se défâcher. Ex. Tu te choques, tu n'auras plus qu'à te déchoquer. Décimale, n. f. Volée de coups. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, je te donnerai une bonne décimale. Décirer, v. a. — Enlever la cire des oreilles, des yeux. Decit et d'ià, loc. — Ici et là. Déclaquer (se), v. pron. Oter ses claques. Ex. Déclaque-to\, tu as fini tes sorties pour ce soir. Déclarer faillite. — Se déclarer en faillite. Déclaver, v. a. Enlever l'anneau qui sert à enclaver un animal. Déclencher, v. a. — Enlever la clenchette d'une porte. Déclin, (en), loc. — A clin. Ex. 'Lo.mhrissex e7i décli?i. Décloquer, v. a. — Enlever la cloque, le pardessus d'hiver. DES CANADIENS-FRANÇAIS 219 Décloquer (se), v. pron. — Oter sa cloque. Décolérer (se), v. pron. — Se défâcher. Décoller, v. a. et n. — Congédier. Ex. Allons, fiche-moi la paix, sinon je te décolle d'ici. Décolle, ou je vais me fâcher ? — Courir à une grande vitesse. Ex. Je viens de rencon- trer un cheval à l'épouvante, je t'assure que ça décollait.. DécoIIouer, v. a. — Déclouer. Décompte, n. m. Revision. Ex. L'élection est finie, les candidats ont pres- que le même nombre de votes, il va falloir faire le décompte. Décompter, v. a. et n. — Compter les bulletins de vote après une élection. — Perdre la raison. — Condamné à mourir. Ex. Mon frère Thomas est bien malade, le docteur l'a décompté. Déconçarter, v. a. — Déconcerter. De conte, prép. — Contre, à côté de. Décoppé, adj. — Sans argent, sans la coppe. Décorder, v. a. — Défaire une corde. Décorer, v. n. — Enlever les cors au pied. Décoter, v. a. et n. — Faire en sorte que celui qui est accoté change de posi- tion. — Changer de position. Découde, v. a. — Découdre. Découdre (en), loc. Grabuge. Ex. Il va eii déco^idre, si je n'arrive pas à mon. but, il y aura du train, du grabuge, on en entendra parler. Découèffer, v. a. — Décoiffer, enlever son chapeau. Découleurer, v. a. — Décolorer. Découper, v. a. Trancher. Ex. Cette couleur bleuâtre découpe très bien sur le jaune. Découserai, fut. de découdre. Découdrai. Ex. Il en décousera, si je n'arrive pas à temps. 220 LE PARLER POPULAIRE Découvarte, n. f. — Découverte. Découvert, n. m. — Abatis d'arbres. — Chemin tracé à travers la forêt. Découvrir, v. a. Découvrir saint Pierre pour couvrir sai?it Paul, dérober à l'un pour donner à l'autre. Décrasser (se), v. pron. Se mettre au beau, en parlant de la température. Ex. Le temps commence à se décrasser. Décravater (se), v. pron. — Oter sa cravate. Décrocher (se), v. pron. — Se décrocher la palette de V estomac, se casser l'appendice xj'phoïde ou la pointe du sternum. — Avoir l 'estomac décroché, avoir contracté une maladie des voies digestives qui ruine la constitution. Décrocheter, v. a. — Décrocher. Décroits, n. m. pi. — Ecroits. Déculotter, v. a. — Donner une verte semonce. — Tromper dans un marché. — Exposer en public les opinions d'un individu. Dedans, adv. — Dans. Ex. Va dedans ma chambre. — Do7i7icr dedans, tromper. — Etre dedans, se mettre dedans, être en perte. Ex. Il s'est mis dedans pour une forte somme. — Se faire fourrer dedans, se faire blaguer. — Ne pas cracher dedans, ne pas dédaigner le petit verre. — Mettre les animajix dedans, les envo5'er à l'étable. Dedans (en) de, loc. adv. En moins de. Ex. Son cheval fait son mille en dedans de trois minutes. De dedans. — De. Ex. Sors de dedans le salon. De de. — De. Ex. Je viens d'arriver ^^ ^^ «r//^^ lui. De devant, — D'avant. Ex. Le dimanche de devant Noël. DES CANADIENS FRANÇAIS 221 — D'auparavant. Ex. Il est mort daus la semaine de devant. Dédire (se), v. pron. — Perdre sa bonne mine. Ex. Cette femme, si élégante autrefois, s'est beaucoup dédit depuis un an. — Ne pas arriver dans la mesure que l'on pouvait espérer. Ex. Les récoltes avaient belle apparence, mais le blé s'est beaucoup dédit. De d'Ia, loc. adv. — De là. Ex. Ote-toi de d' là. — De cet endroit. Ex. François dit qu'il est de la paroisse de Saint-Pierre, toi, es-tu de d 'là ? Dédoubler, v. a. — Doubler. Ex. Dédoubler un cap, un coin de rue. Dédoubler (se), v. pron. — Redoubler d'efforts D'ein. Dans un. Ex. J'ai fait mon ouvrage d^eiti rien de temps. D'eine. — D'une. Ex. Nous avons fait dix lieues d'eine seule bourrée. — Dans une. Ex. Mets les patates d'eine poche. Défâcher (se), v. pron. Se remettre en bonne humeur après s'être fâché. Défaçonner, v. a. — Faire perdre contenance. Défaire, v. a. — Ramener plus ou moins à l'état primitif. Ex. Défaire du beurre, l'agiter au point de lui donner la consistance de crème. Défaire (se), v. pron. — Oter ses habits extérieurs. Ex. Défaites-vous et venez prendre le dîner avec moi. — S'agiter ferme, se donner beaucoup de mal. Défaisable, adj. Qui peut se défaire. Ex. Ce nœud-là n'est pas défaisable. Défaite, n. f. — Prétexte, excuse. Ex. Ça, c'est encore une défaite de ta part. 222 LE PARLER POPULAIRE — Echiffes, vieux linge échiffé, cardé et tissé. (B. P. F.) * Défalcataire. (Angl.) — Concussionnaire. * Défalcation. (Angl.) — Concussion. Défaîîer (se), v. pron. — Se découvrir le cou. Défarger, v. a. — Désentraver. Défaut, n. m. — Faute. Ex. Tomber en i/ff/a?//. Défaut d'une côte, n. m. Endroit oii le chemin commence à s'élever ou à s'abaisser. Défendre (se), v. pron. — Cesser de jouer. Ex. Je ne joue plus, je m'en défends. — Se dêfeyidre de son corps et de son sang, protester forte- ment de son innocence. Défendu, adj. Impossible. Ex. Je ne puis travailler plus de quatorze heu- res par jour, celam'est défendu. (Par qui ? on ne le dit pas.) Déficile, adj. — Difficile. Défiger (se), v. pron. Prendre de l'aplomb, de la vigueur. Ex. Cet enfant com- mence à se défiger ^ sa timidité s'en va peu à peu. Défini, te, adj. Défunt. Ex. Mon défini père qui est mort. Défoncé, adj. part, et n. m. — N'avoir plus de fonds en banque. Ex, Demande-moi pas d'argent, je suis défoncé. — Manger comme un défoncé, manger avec excès. Défoncer, v. a. — Enfoncer. Ex. Ne défo7ice pas la porte avec tes poings. — Se défoncer. Ex. Les chemins défoncent ce matin. * Défranchisation, (Angl.) Condamnation d'un électeur à la perte de ses droits politi- ques ou civils. * Défranchiser, v. a. (Angl.) Enlever à un électeur ses droits politiques ou civils. Défrayer (se), v. pron. — Se divertir. Défricher, v. a. — Déchiffrer. Défriper, v. a. Défaire les plis d'un vêtement chijffonné, d'un linge fripé. DES CAXADIEXS-FRAXÇAIS 223 Défroque, n. f. Habits en général. Ex. Ote ta défroque, et entre au salon. Défroquer (se), v. pron. — Oter sa froc. — Se dévêtir. Ex. Défroqiiez-vous, nous allons nous met- tre à table. Défunt, défunte, n. m. et f. Le défunt, la défunte, se disent pour le père ou la mère défunts. Ex. Ce pauvre définit, a-t-il souffert avant de mourir. Ce chapeau-là appartenait à la défujite. Défuntisé, adj. — Décédé. Ex. Mon père et ma mère sont défuntisés de- puis longtemps. — Détruit, disparu à tout jamais. Ex. Tu te souviens 'de mon beau chapeau de castor, tu sauras qu'il est défuntisé, le vent l'a emporté dans le fleuve. Dégainde, n. f. — Dégaine. Ex. Une belle dégainde. Dégaine, n. f. Attitude, façon de se tenir. Ex. Un tel a une drôle de dégaine. Dégeancer v. a. Détruire, désengeancer. Nous finirons pourtant par nous dégeancer des mouches. Dégeler (se), v. pron. Se dégourdir. Ex. L'enfant commence à se dégeler, il parle, il s'amuse comme les autres enfants. Dégendrer, v. a. Détruire. Ex. Tâche donc de dégendrer les punaises de ma couchette. Dégêner, v. a. — Mettre à l'aise. Dégêner (se), v, pron. Prendre de l'aplomb, sortir de l'état de gêne. Ex. Dégênez- vous, Monsieur, faites comme si vous étiez chez vous. Dégèrer, v. a. Digérer. Ex. Docteur, je dégère mal. Déglacer, v. a. — Enlever la glace, la froideur. Déglacer (se), v. pron. — Se donner de l'aplomb. 224 l'E PARLER POPULAIRE Degnier, u. m. Denier. Ex. Le degnier de vSaint-Pierre. Dégniasier, v. a. Déniaiser. Ex. D'où viens-tu, tu n'es pas encore of/^w/aw/.^ Dégniaiser (se), v. pron. Acquérir de l'intelligence en vieillissant. Dégobi liage, n. m. Verbiage. Ex. As-tu entendu le discours de cet orateur ? Quel dégobillage ? Dégobiller, v. n. — Parler mal. Ex. C'est un bavard qui ne cesse de dégo- biller sur mon compte. — Vomir abondamment, rejeter ce que l'on a gobé. Dégoiser, v. n. — Parler mal avec force et volubilité. Dégommer, v. a. — Dessoûler. — Fatiguer, épuiser. — Travailler à donner à quelqu'un l'expérience qui lui man- que due à son manque d'intelligence. (B. P. F.) Dégonfler, v. a. Percer à jour l'orgueil ou la vanité d'un individu. Dégorger, v. a. Forcer à payer une forte somme. Ex. Je lui ferai bien dé- gorger les cinq mille piastres qu'il me doit. Dégosiller, v. n. Etouffer. Vieux mot français qui signifie égorger. Dégoter, v. a. — Chasser, perdre sa place. Expression très ancienne, même en Canada. Elle est française, d'après le Courrier de Vaugelas. On la trouve dans la correspondance de Vol- taire, dans lyittré, mais non pas dans le Dictionnaire de l'Académie. — Dégoiser. Dégouailler, v. n. — Déblatérer. Dégoubiller, v. n. — Dégobiller. Dégouquière, n. f. — Gouttière. Dégourmer (se). — Jeter sa gourme. DES CANADIENS-FRANÇAIS 225 Dégoût, n. m. Avoir le dégoût, se dit d'une femme mariée incapable de prendre des aliments sans les vomir aussitôt. Dégoûtation, n. f . — Qui cause du dégoût. Dégoûté, adj. Difficile. Ex. J'aime beaucoup les huîtres, les pâtés de foie gras aux truffes. — Tu n'es pas dégoûté ! Dégouttière, n. f. Gouttière. Ex, Prends garde aux dégouttières, tu vas abî- 7ncr tes hardes. Dégrader, v. a. et n. — Dépasser. Ex. Veux-tu te laisser dégrader ? Sinon va plus vite. — Etre arrêté sur la route. Ex. Je n'ai pu arriver à l'heure, j'ai été dégradé ^2ir la neige. — Entraîner par le vent, les courants. (Se dit d'une cha- loupe). Dégrader (se), v. pron. Tomber par morceaux. Ex. Le mortier se dégrade d'après la maison. Dégraisser, v. a. Voler. Ex. Il s'est fait dégraisser de la belle façon par des voleurs. Dégraisser (se), v. pron. Se mettre au beau. Ex. Le temps se dégraisse. Dégras, n. m. — Rebut. Ex. Jette-moi cela au dégras, ça ne vaut plus rien. — Déchets. Dans l'ancien français, dégras signifiait j'oie, plaisir, bom- bayicc. Dégreyer, v. a. — Dégarnir. Ex. Marie, dégreye la table, le dîner est fini, — Enlever les habits. Ex. Dégreyer les enfants. Dégreyer (se), v. pron. — Se dévêtir. Ex. Dégreyez-vous, Monsieur, vous êtes le bienvenu chez moi. 15 226 LE PARLER POPULAIRE — Se défaire peu à peu de ses meubles. Ex. Pierre descend la côte, il se dégreyc peu à peu de son ménage. Dégriller, v. a. — Enlever le hâle sur la peau. Dégrimoner, v. u. — Médire, déblatérer. Dégrimoner (se), v. pron. Se défendre avec vivacité, se débattre vivement. Dégripper (se), v. pron. — Guérir de la grippe. Ex. Enfin me voilà dêgrippê, après quinze jours de maladie. — Se tirer d'affaires. Dégroûler, v. n. Dégringoler, descendre rapidement d'un arbre. Déguarpir, v. a. et n. — Déguerpir. Dégueuler, v. n. — Bavarder. — Vomir à pleine bouche. Dégueuleur, n. m. — Bavard de bas étage. Déhaler, v a. — Tirer d'embarras. Ex. Déhaler quelqu'un d'une mau- vaise affaire. — Tirer. Ex. Déhaler une jambe enfoncée dans la neige dans la boue. Déhaler (se), v. pron. Se tirer d'embarras. Ex. Déhale-toi comme tu pourras. Déhancher (se), v. pron. Se donner un tour de reins. Dehors, adv. — Marcher dehors, sortir. Ex. Azor, marche dehors. Dehors, adv. Dehors. Ex. To\, sors dehors au phcs coupajit. Dehors (en) de, loc adv. Hors de. Ex. Je travaille e7i dehors des heures de bu- reau, afin de réparer le temps perdu. — En sus de. Ex. Je travaille e7i dehors de mes heures de bureau, quoique je n'y sois pas obligé. — En cachette. Ex. Moi, je ne fais rien en dehors de mon associé. DES CANADIENS- FRANÇAIS 227 Déjà, adv. D'ailleurs. Ex. Vous n'êtes pas déjà si drôle. Déjeter, v. a. Rejeter, mépriser. Ex. Etre dêjetê du public. Déjener, d'jeûner, v. n. — Déjeuner. Déjeun=ner, v. n. — Déjeuner. Déjeviller, v. a. — Oter la cheville, décheviller. Déjointer, v. a. — Déjoindre. Ex. Déjointe tes doigts, ta pri- ère est finie. Déjointer (se), v. pron. Dé joindre, disloquer. Ex. Je me suis déjointé le pouce en jouant. Déjouquer, v. a. et n. Faire sortir du juchoir, déjucher. Déjuiller, v. a. — Enlever la cheville, décheviller. Délabre (en), n. m. — Délabré, en ruine. Délacer, v. a. — Délacer. Délibéré, adj. — Disposé, décidé à faire une chose. — Débarrassé, libre de toute occupation. Ex. Quand tu seras délibéré, tu viendras me voir. Délibérer, v. a. — Donner la liberté, libérer. Délibérer (se), v. pron. — Se libérer. Délicatesses, n. f. pi. Friandises. Ex. N'abuse pas des délicatesses, tu vas te bri- ser l'estomac. Délicat, e, adj. Difficile à nourrir. Ex. Cette personne est bien délicate, elle ne mange de rien. Délicatesse (en), loc. — Dans une position délicate. Ex. Je suis en délicatesse avec mon vieil ami. Délécher (se), v. pron. Se passer la langue sur les lèvres avec délectation, après avoir bu une liqueur excellente, ou après avoir mangé un bon mets. Délier, v. a. — Délayer. Ex. Délier de la peinture. 228 LE PARLER POPULAIRE Déligner, v. a. Ligner, désigner par un trait. Ex. Toi, Baptiste, tu vas déligner la planche, c'est-à-dire marquer par un trait au crayon la partie qui doit être enlevée par la hache, la scie ou l'égohine. * Délivrer, v. a. (Angl.) — Délivrer un discours, prononcer. * Déloquer, v. a. (Angl). Desserrer une forme. (Terme d'imprimerie.) Délurer, v. a. — Déniaiser. Délurer (se), v. pron. — Prendre de l'aplomb, de l'expérience. Demage, d'mage, n. m. — Dommage. Démailler, v. n. Echapper des mailles d'un filet. Ex. Le poisson démaille souvent. Démaller, v. a. — Ouvrir une malle. Ex. Démaller un sac de poste. — Assortir les lettres dans un bureau de poste. Démancher, v. a. — Luxer, disloquer. Ex. J'ai un bras démanché. — Dénouer. Ex. Cette corde est difficile à démancher. Démancher (se), v. pron. — Se mettre vigoureusem*nt à l'ouvrage. Ex. Pierre s'est mis à la besogne avec ardeur, évidemment il se démanche. — S'agaillardir. — Se dévêtir. Ex. Démanchez-vous au plus vite, nous allons dîner. — Se luxer un membre. Ex. Se démancher un bras, une jambe. Démanchure, n. f. — Dislocation d'un os. Demande, n. f. Faire la grande demande, demander une fille en mariage. Demande (belle), n. f. Demande inutile. Ex. C'te belle demande ! La belle demande ! Demande (à), loc adv. — Au fur et à mesure. Ex. Si tu as besoin d'argent, tu en auras à demande, tant que tu en voudras, mais de- mande-le. DES CANADIENS-FRANÇAIS 229 — En abondance, au gré de la personne. Ex. Comme tu n'es pas économe, je t'enverrai de l'argent, mais seulement à demande. Demander, v. a. — Demander des questions, poser. Ex. Ne me demande pas de questions, je ne te répondrai point. _ Demander après quelqu'un, s'informer de quelqu'un avec espoir de le rencontrer. — Faire dejnaîider quelqu'un, le faire venir. — Demander pour tme soirée, inviter. — Demander à ce que, demander que. Démangeaison, n. f. Grande envie. Ex. Avoir une grande démangeaison de parler. Démanger, v. n. ., . . Avoir une forte envie. Ex. La main me démange, j ai envie de te frapper. La langue me démange, j ' ai envie de parler. Démarcher, v. n. • , f Marcher d'une façon inusitée, comme un enfant qui n est pas sûr de ses jambes. Démarrer, v. a. et n. — Défaire, détacher. Ex. Démarre mes souliers. — Partir, s'en aller. Ex. Il ne démarre pas de là. Démêler, v. a. — Mélanger en délayant. Ex. Démêler de la fleur avec de l'eau. — Mettre les cheveux en ordre au moyen d'un démêloir. Démêler (se), v. pron. Se peigner au moyen d'un démêloir. — Se tirer d'embarras. Déméliorer. v. a. — Détériorer. Démélouer, n. m. — Démêloir. Démembrer (se), v. pron. S'agiter les bras d'une manière exagérée durant la marche. Démenable, adj. Qui est susceptible d'être guidé. Ex. Cet homme n'est pas démenable. 230 LE PARLER POPULAIRE Déménager, v. a. Perdre la raison. Ex. Chez ce vieux-là, c'est la raison qui démêriage. — Jeter à la porte. Ex. Tu ne paies pas ton loyer, déménage, et tout de suite. Démence (en), loc. En décrépitude, en ruines. Ex. Cette maison est <?w û?'/w<?«<:(?. Déménuer, v. a. et n. — Diminuer. Déménution, n. f. —Diminution. Demeurance, n. f . — Demeure. Demeurant (le), n. m. Le reste, ce qui reste. Demeure (à), loc. — Bien fait, solidement. Ex. Cet ouvrage est fait à de- meure. — Tout à fait, absolument. Ex. Pierre est bête à demeure. Demeure (en), loc. En position. Ex. Je ne suis pas en demeure de faire cela. Bossuet a dit : Je n'étais pas en demeure de ce côté-là, pour en retard. Demiard, n. m. Mesure de liquides équivalant à une deœi-chopine. En roman, il y a le mot detnion qui y correspond. Demi=lune, n. f . — Table demi-ronde. Demi=voix (à), loc. —A mi-voix. Demoiselle, n. f. — Libellule. — Fille. Ex. Comment se porte votre demoiselle f — Grosse demoiselle, demoiselle dvi grand monde, de qualité. — Demoiselle à la mode, même sens. Démon, n. m. — Génie. Ex. C'est un bon démon qui m'a soufflé cette idée. — Etre en démon, fâché, irrité. Démonne, n. f. — Femme maligne. Démontant, adj. Décourageant. Ex. Il pleut toujours, c'est démontant. DES CANADIENS-FRANÇAIS 23 1 Démonter (se), v. pron. Se décourager. Ex. Inutile de se démonter pour si peu de chose. * Demurrage, (m. a.) Surestarie. Nombre de jours en plus des estaries donnant droit à une indemnité pour le fréteur. Estarie est le laps de temps stipulé pour le déchargement d'un navire de commerce. Dénarfer, v. a. Anglaiser, enlever à un cheval les muscles abaisseurs de la queue, pour qu'elle se tienne dans une position horizontale. D'en face, loc. En face. Ex. Je viens de louer la maison d'eiiface. Dénicher, v. a. — Faire sortir du lit. Dénicheter, v. a. — Dénicher. Dénicheux, n. et adj. — Dénicheur. Denner, v. a. Donner. Ex. Deyine-vaox donc la main, denneAvà une place dans ta voiture. Dénouable, adj. — Qui peut être dénoué. D'en par, loc. prép. A partir de. Ex. D'e7i par ce jour, je cesse de te considérer comme mon ami. D'en par ici, loc. adv. Par ici, ici. Ex. Tournons d'en par ici. D'en par où, loc adv. Où. Ex. D' €71 par où m'arrêterai-je de marcher ? D'en par là, loc. adv. Par là, là. Ex. V\n\ssons-&n. d'cfi par là. Dent, n. f. — Honnête jusque da?is les dents, très honnête. — Avoir la gale aux dents, avoir toujours faim. En France on dit n'avoir pas la gale aux dents pour signifier la même chose. — Avoir U7ie dent co?itre quelqu'îi7i, avoir de la ranciine. — Mo7itrer les grosses dents, parler sévèrement. Dent de cheval, n. f. — Grain de maïs durci. 232 LE PARLER POPULAIRE Dent de chien, n. f. Dent censée devoir pousser chez les enfants qui se refusent de faire extraire leurs dents. Si une dent tombe d'elle- même, le premier chien qui passe l'avalera, et alors la dent perdue sera remplacée par une dent de chien. Dent de l'œil, n. f . — CEillère. Denté, e, adj. Kndenté. Ex. Une personne mal dentée, c'est pas beau. Dentelé, part. pass. Garni de dents. Ex. En voici un qui est bien dentelé, il a des dents plein la bouche. Dentisse, n. m. Dentiste. Ex. I^e docteur Linguet est un bon dentisse, il vous anache les dents en criant ciseau. * Dentisterie, (Angl.) — Art du dentiste. Dénué, part. pass. Dépourvu d'esprit. Ex. Jean n'est pas bête, je t'assure qu'il n'est pas dénué autant qu'on le dit. Déouacher, v. a. Débucher, faire sortir l'ours ou le castor de sa tannière. Dépaler (se), v. pr. Se mettre à l'œuvre avec beaucoup d'entrain. Ex. Enfin, il s'est dépalé, il travaille comme un nègre. Ce mot doit se dire d'un navire entraîné hors de sa route par les vents ou les courants. Dépareillé, adj. part. — Qui n'a pas d'égal. Ex. J'ai un remède dépareillé pour la migraine. — Déparié. Ex. Un bas dépa^xillé. Déparler, v. n. — Délirer, dire des choses insensées. Ex. Ce fiévreux déparle, c'est grave. — Ecorcher les mots. Ex. Qu'as-tu à «^t^ar/^r? S'emploie en France pour dire d'un individu qu'il discontinue de parler. Département, n. m. — Comptoir. Ex. Le département des tailleurs. DES CANADIENS-FRANÇAIS 233 — Rayon. Ex. Le département des modistes. Dépasser, v a. Désenfiler. Ex. Mon fil est dépassé. * Dépêche des affaires, n. f . Expédition. Ex. Nous allons avoir une session pour la dépêche des affaires. (Angl.) Dépeindre, v. a. Peindre, dessiner. Ex. C'est un bon peintre que Charles, il dépeint les oiseaux à merveille. Dépeinturer, v. a. — Enlever la peinture. Dépendeux d'andouilles, n. m. Homme de très haute taille et dégingandé, niais. Cette lo- cution vient de ce que, chez les charcutiers, les andouilles sont ordinairement accrochées assez haut. Commune dans les environs de Montréal. * Dépendre sur quelqu'un, loc. Compter sur. Ex. Puis- je dépendre sur toi pour ce mon- tant-là ? (Angl). Dépenillé, adj. — Dépenaillé, en loques. Dépeniller, v. a. — Effilocher, échiffer. Dépense, n. f. Consommation. Ex. J'ai fait assez de beurre pour ma dépense de l'hiver. Dépense (de), loc. — Dépensier. Ex. J'ai un garçon de dépense, c'est un tisurier. — Coûteux. Ex. J'ai une servante de dépense, il y a du gas- pille quelque part. Dépenser, v. a. Consommer, en parlant de la nourriture du bétail. Ex. Les chevaux dépeyisent beaucoup d'avoine durant l'hiver. Dépester, v. a. Débarrasser. Ex. Enfin, nous sommes dépestés des ma- ringouins. Dépigeonné, v. a. — Délivré d'un prétendu sort. Depis, d'pis, prép. Depuis. Ex. Depis quand es-tu marié ? 234 LE PARLER POPULAIRE Dépitaillé (se), v, pron. Se démener, se donner beaucoup de peine. Dépiter, v, n. Décider. Ex. Es- tu dépité enfin ? la besogne ne manque pas. Dépiter (se), v. pron. Se démener, Ex. Tu as beau te dépiter, tu as tort. Déplacer (se), v. pron. Fréquenter des personnes qui tiennent un rang inférieur. Déplanter, v. a. — Prendre la place. Ex. Antoine a réussi à me déplanter là où j'étais si bien installé. — Tuer. Ex. J'ai tiré cet oiseau à une grande distance, je l'ai dêplayité tout de même. — Faire tomber, jeter par terre. Déplet, e, adj. — Vif, alerte. — De belle taille. Dépleumer, v. a. — Déplumer, ôter les plumes. Déplomber, v. a. — Faire perdre à une chose son aplomb. — Déplanter. — Surplomber. — Gratter l'intérieur des tripes, pour la confection de la sau- cisse ou du boudin (B. P. F.) Déplomber (se), v. pron. Se donner la diarrhée. Ex. Si tu manges trop de tire, tu vas te déplomber. Dépoitrailler (se), v. pron. vSe découvrir la poitrine, être mal habillé, sans tenue. Déposer, v. a. Déposer de l'argent à la caisse, à la banque. Ex Où dépo- scs-\.\x ? Je dépose à la Banque Nationale. Dépôt, n. m. — Gare, station de chemin de fer. Ex. Y a-t-il bien loin pour aller au dépôt ? — Endroit, chambre où l'on dépose les objets destinés aux DES CANADIENS-FRANÇAIS 235 élèves des couvents. Kx. Va aux Ursulines, tu jetteras ce paquet au dépôt. Dépouillant (en), loc. — En talus. Ex. Un terrain qui va en dêpouilla^it, en pente. — Obliquement. Ex. Ce chemin va en dépouillant, descend obliquement. — Se dit d'une voiture qui glisse sur une pente. — Se dit de tout objet qui frappe une surface sous un grand angle d'incidence. (B. P. F) Dépouille, n. f. — Vêtement. Ex. Emporte ta dépouille. — Rage. Ex. Il fait une vraie dépouille de vent. Dépourvu, adj. part. Dépourvu d'esprit. Ex. Cet homme n'est pas très futé; ce- pendant il n'est pas complètement dépourvu. Déprendre (se), v. pron. Se tirer d'affaire. Ex. Déprends-toi comme tu pourras, tu as des ressources. De profundi. De profundis. Ex. Nous allons dire un de profundi ^vlx la défunte. Depu, prép. Depuis. Ex. Depu le temps que je te chante cela, ça ne- sert à rien. Député, n. m. — Sous-chef, suppléant. — Député-ministre, sous-chef de département. — Député-shérif, shérif suppléant. — Député-pr otonotaire, protonotaire suppléant. — Député-régistrateiir, régistrateur suppléant. * Déqualification, n. (Angl.) Perte de ses droits politiques. * Déqualifier, v. a. (Angl.) Faire perdre à quelqu'un ses droits politiques. Ex. Notre député vient d'être déqualifié pour sept ans. De quand, adv. Quand. Ex. Z?f ^z^a«^ tu seras pour venir, tu m'écriras. 236 LE PARLER POPULAIRE D'équerre, loc. N'être pas d'équerre, être de mauvaise humeur. De qui, loc. — Qui. Ex. De qui t'a parlé contre moi ? De quoi, n. m. — MoN-ens, ressources. C'est un individu qui a de quoi, on dit même qu'il est très riche. — Cause, raison. Ex. Je vous remercie de votre cadeau. — Il n'y a pas de quoi. De quoi que. — Qu'est-ce que ? Ex. De quoi qu'il est question ? Dérail, n. m. Substances grasses qui entourent le péritoine et les viscères abdominaux. Ex. Quand nous aurons fini d'enlever le dérail, nous ferons nos cortons. Dérailement, n. m. — Déraillement. Dérailer, v. n. — Dérailler, sortir de la bonne voie. Ex. Les chars sont dérailés à Saint-Charles. — Déraisonner. Ex. Ce pauvre enfant est mûr pour l'asile, il dérailc à tous propos. Dérailler, v. n. — Enlever le gras du péritoine et des viscères de l'abdomen du gros bétail. — Déraisonner, divaguer. Ex. C'est une espèce de fou que ce garçon-là, il déraille à tout instant. Déralingué, adj. En loques, en grand désordre. Ex. D'où viens-tu, petit cou- reux de chemins ? vois tes habits, ils sont déralingués. Terme de marine, qui signifie dégarnir de ralingues (une voile). Dérangement, n. m. — Maladie particulière au sexe. — Dispersion des Acadiens en 1755, l'année du grand dérayi- genient. Déranger (se), v. pron. — S'enivrer. Ex. Tu bois trop, mon cher, tu es presque constamment dérangé. DES CANADIENS-FRANÇAIS 237 — Interrompre son travail. Ex. Ne vous df/raw^^^- pas, con- tinuez votre ouvrage. Déraper, v. a. et n. — Se sauver à la hâte. Ex. Je réussirai bien à le faire déraper de là. — Arracher, détacher l'ancre du fond, afin de permettre au navire de marcher. Déraquer, v. a. — Sortir de l'ornière. (B, P. F.) Dérélingué, e, adj. — V. Déralingué. Dérêner, v. a. lyâcher les rênes. Ex. Dérêne ton cheval, si tu veux qu'il reste tranquille. Dergnier, adj. — Dernier. Dérhumer (se), v. n. — Se désenrhumer. De rien, loc. Cela ne compte pas. Ex. Je te remercie de ton obligeance. — De rien. Dernier des derniers (le), n. m. Homme de la pire espèce. Ex. C'est un homme vil, voleur, menteur, ivrogne, enfin c'est le dernier des derniers. Dérocher, v. a. Enlever les pierres, les roches dans un champ. Dérougir, v. n. — Ne pas cesser de boire des liqueurs enivrantes. — Etre toujours en colère. Dérouiller (se), v. pron. — Enlever du gosier les glaires qui le gênent. — Reprendre l'ouvrage avec plus d'habileté ou d'adresse. Dérouter, v. n. — Faire perdre l'habitude. Ex. Ça me dérotite de changer mes heures de travail. Dérouter (se), v. pron. Se déshabituer. Ex, A force de faire de la paresse, tu fini- ras par te dérouter complètement de l'ouvrage. * Derrick, (m. a.) — Grue, mât de charge. — Martinet. 238 LE PARLER POPULAIRE Derrière, n. m. , prép. et adv. — Le derrière de V église, le bas de l'église. — Se lever le derrière le premier, se lever de mauvaise tu- meur. Des, art. De. Ex. Ce sont là des braves gens. Dés, art. — Des. Ex. Dés hommes, dés enfants. Désabrier, v. a. — Oter les couvertures, découvrir. Désabrier (se), v. pron. — Oter ses propres couvertures. Désacclimater (se), v. pron. — Se déshabituer à vivre dans un lieu où l'on se croyait ac- climaté. Les Français qui viennent s'établir au Canada s'acclimatent très aisément, mais après douze ou quinze ans, ils paraissent se désacclimater. Désaccrocher, v. a. Décrocher. Mot cité par Cotgrave. Désagraffer, v. a. — Dégrafer. Désagréiable, adj . — Désagréable. Désagriabe, adj. — Désagréable. Désairer, adj. Qui se perd à travers les pièces d' une maison dont on ignore les êtres. (B. P. F.) Désamain, adj. — De diflScile accès. Désamain (à), loc. adv. Qui n'est pas à portée de la main. Ex. Rapproche cette petite table près de mon pupitre ; comme elle est mainte- nant, elle est trop à désamain. Désamancher, v. a. — Démancher. V. ce mot. Désamancher (se), v. pron. — Se tirer d'embarras. Désâmer, v. a. — Faire mourrir. — Exténué, à bout de forces. — Détruire, mettre en pièces. Ex. Désâmer un jouet. (B. P. F.) Désancanter, v. a. Relever quelqu'un d'une position oblique. Désanmârer, v. a. — Démarrer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 239 De sans, loc. Locution pour marquer l'oubli ou le manque d'une chose sur laquelle on a droit de compter. Ex. Je lui avais recom- mandé de m' apporter une boite de marchandises de la ville, et il est revenu de sans. Expression usitée en Normandie et citée par Moisy. Désapareillé, adj. part. — Déparié. Ex. Mes bas sont tous dêsapareillês. — Qui n'a pas son égal. Ex. J'ai à mon service un servi- teur désapareillé. Désarber, v. a. — Redresser (une faux) (B. P. F.) Désargenté, adj. p. — Etre à court d'argent. Désarranger, v. a. — Déranger, changer de place. Désarter, v. n. — Défricher, abattre le bois dans les forêts. — Déserter. Ex. Un écolier qui désarte du collège. Désattacher, v. a. — Détacher. Désatteler, v. a. et n. — Dételer. — Cesser tout travail (figur. ) Désavenant, adj. — Pas agréable, pas avenant. Désavisser, v. a. — Dévisser. Descendable, adj. Qui peut être descendu. Ex, Cette valise est trop pesante, elle n'est pas descc7idablc dans un escalier. Descendre, v. a. Aller en aval du fleuve Saint-Laurent. Ex. Descendre de Québec à Cacouna, de Cacouna à Matane. Désembourber, v. a. Tirer d'un tas de neige le cheval embourbé. Désembourbé (se), v. pron. Se tirer d'un embarras causé par un amoncellement de neige. Désemmancher, v. a. — Enlever la manche d'un habit. Désemmancher (se), v. pron. Enlever ses habits extérieurs. Désempailler, v. a. — Dépailler, dégarnir de sa paille. Désempaqueter, v. a. — Dépaqueter. 240 LE PARLER POPULAIRE Désempester, v. a. Enlever les mauvaises odeurs. Ex, Désevipester une cham- bre de malade. Désempêtrer, v. a, — Dépêtrer, délivrer. Désempigeonner, v. a. — Enlever un sort. Désempiler, v. a, — Enlever les pièces de bois mises en pile. Désencadrer, v. a. — Enlever le cadre d'un tableau. Désencaisser, v. a. — Décaisser, tirer d'une caisse. Désencanter, v. a. — Décanter. V. ce mot. Désencapoter, v. a. — Oter son capot. Désencapoter (se), v. a. — Se débarrasser de son capot, Désencarcaner, v. a. — Oter le carcan. Désencercler, v. a. — Décercler, oter les cercles. Désenclaquer (se), v. pron. — Oter ses claques. Désencorner, v. a. — Décorner. Désencrasser, v. a. — Décrasser. V. ce mot. Désendetter (se), v. pron. S'acquitter de ses dettes. Ex. Je me désendette un peu tous les ans. Désendiabler, v. a. — Défâcher. Désenfarger, v. a. Désentraver, ôter les enfarges à un animal. Désenfarger (se), v. pron. Se débarrasser d'un embarras physique. Désenfourner, v, a, Défourner, tirer du four. Ex, Désenfourjie?- une cuite de pain. Désengager, v. a. — Dégager. Désenganter, v. a. — Oter les gants. Désenganter (se), v. pron. —Oter ses gants. Désengendrer, v. a. — Détruire. V. Dégendrer. Désengerber, v. a. — Défaire une gerbe. Désengraisser, v. n. — Perdre sa graisse, maigrir. Désengrener (se), v. pron. Se débarrasser. Ex. Il se dêsengrène de ses mauvaises habitudes. Désenlaidir (se), v. pron. — Devenir moins laid. DES CANADIENS-FRANÇAIS 24I Désenneiger, v. a. — Enlever la neige. Désenrager, v. a. Remettre quelqu'un eu son humeur naturelle. Désenrouler, v. a. — Dérouler. Désentasser, v. a. — Détasser. Désenterrer, v. a. — Déterrer, exhumer. Désentortiller, v. a. — Détortiller. Désentourer, v. a. — Changer de milieu. Désentourer (se), v. pr. Faire le vide autour de soi. Désenvelopper, v. a. — Développer. Désergoter, v. a. — Enlever les ongles d'un porc. Déserrer, v. a. — Déserter. Désert, n. m. — Essarts, lieux défrichés. — Vide. Ex. Faire le désert autour de soi. Déserter, v. a. — Essarter, défricher. Déserteux, adj. — Déserteur. Déshabiller, v. a. Dire à quelqu'un toutes ses vérités. Ex. Il s'est fait désha- biller, c'est-à-dire qu'il s'est fait dire ses vérités sans en oublier aucune, afin de mettre à nu tous les mauvais côtés de l'individu. Déshabiller (se), v. pron. Oter son paletot, son pardessus, son chapeau. Ex. Désha- billez-vous, Monsieur, nous allons faire la partie de cartes. Désigner, v. a. — Dessiner. Désoblier, v. a. — Oublier. Désolé au, loc. Désolé. Ex. Je suis a^i désolé de cette affaire épineuse, qui m' arrive comme un coup de tonnerre. Désorceler, v. a. — Désensorceler. Désordre, adj . — Sans ordre. Ex. Cette personne est désordre. Désosser (se), v. pron. Ouvrir une articulation. Ex. Se désosser le bras, la jambe. Désoublier, v. a. — Oublier. Désouler, v. a. — Tirer quelqu'un de l'état d'ivresse. 16 242 LE PARLER POPULAIRE Désouler (se), v. pron. Revenir à son état normal après l'ivresse. * Despatcheur, n. m. (Angl.) Expéditeur de train, sur les chemins de fer. * De spère, loc. (Angl.) Chose dont on peut disposer. Ex. As-tu quelques piastres de spire f Dessarte, n. f.— Desserte. Dessein (sans), loc. adv. Sans plan arrêté. Le D' J.-C. Taché a écrit dans sa Légende de Cadieîix : «Sans dessein est la traduction d'une expres- sion sauvage qui veut dire sans plan arrêté, sans souci, sans soin, sa7is but particulier, sans signification, y^ L'ex- pression paraît assez dans le génie de la langue et dans le. caractère du langage canadien, pour qu'elle s'explique sans recourir à une traduction du sauvage. Dessoler, v. a. — Enlever les fondations d'une maison. Dessour, prép. Par-dessous. Ex. L'enfant est caché dessour le lit. Dessous, n. et prép. — Dessous de plat, garde-nappe. — Dessous la table, sous la table. — Prendre quelqu'un par-dessous le bras, marcher bras dessus bras dessous. Dessous (en), loc. adv. — En aval. Ex. Rimouski est en-dessous de Québec. — H3q)ocrite, sournois. Ex. Cette personne me fait l'effet d'être en dessous. — Etre en dessous dans U7ie affaire, y perdre de l'argent. — Ei?-e en dessous dans ses affaires, marcher vers la ruine complète. — Aller en dessous, marcher vers la ruine. Dessur, adv. — Dessus. Ex. Ote-toi dessur moi. — Sur. Ex. Grimpe dessîir le cheval. Dessus, n. m. et adv. — Sur. Ex. Monte dessus la chaise. DES CANADIENS-FRANÇAIS 243 — Preyidre le dessus, améliorer son sort matériellement et moralement. — Dessus de fauteuil, voile de fauteuil. — Dessîcs de plat, couvre-plat. — Dessus d'oreiller, taie d'oreiller. Dessus (en), loc. adv. — En amont. Ex. Montréal est e7i dessus de Québec. — En voie de prospérité, au-dessus de ses affaires. Ex. Ce marchand est eji dessus dans ses affaires. — Avoir l'avantage. Ex. J'ai changé mon cheval, j'ai en outre donné cinquante piastres de retour, tout de même je suis efi dessus. * Destitution, n. f. (Angl.) — Misère, dénuement, privation. Détail (au), loc En détail. Ex. C'est un marchand qui vend au détail. Détailleur, n. et adj. Détaillant. Ex. Un marchand détailleur, qui vend en détail. Détamer, v. a. Perdre son étamine par un long usage. Ex. Nos casseroles sont toutes détamées. Détarauder, v. a. — Enlever le taraud. Détarder, v. n. — Retarder. Détargetter, v. a. — Soulever la targette. Détasser, v. a. Mettre plus d'espace. Ex. Détasser le foin, les gerbes. Détasser (se), v. pr. Faire de l'espace. Ex. Détassojis-nous, si nous voulons être plus à l'aise dans nos mouvements. * Détectif, n. m. (Angl.) Agent de police secrète habillé en civil. En anglais, détective. Dételer, v. a. — Abandonner son ouvrage. Ex. Dételons, il commence à faire noir. — S'enfuir, décamper. — Mourir. Ex. Ce pauvre malade a enfin fini par dételer. — Faire banqueroute. Ex. Si les affaires continuent à mal aller, je détellerai. 244 LE PARLER POPULAIRE Dételer (se), v. pron. — Se dévêtir, se dégarnir d'habits. — Se mettre à l'ouvrage résolument et travailler ferme. Détendre, v. a. — Enlever du linge tendu à une corde. Ex. Détendre des ser\àettes, des chemises. — Défaire une pêche à anguilles, à poisson en général. Déterrer, v. a. Tirer de la neige. Ex. Déterre la pelle qui est quelque part dans le banc de neige. Déteurdre, v. a. — Détordre. Ex. Détenrdre xnie coràe. Déteurdre (se), v. pron. Se tordre. Ex. Il s'est détciird les reins, le corps. Déteurse, n. f.— Entorse. Détiédir, v. n. — Refroidir, rendre tiède. Détieindre, v. a. —Détenir. Détorse, n. f. Entorse. Ex. Je me suis donné une détorse en débarquant de voiture. Détour, n. m. Tour, moment. Ex. A quelque bon détour, j'irai vous faire une visite. Détraqué, n. et adj. Fou, névrosé. Ex. C'est un détraqué de la pire espèce. Détraquer, v. n. Avoir l'esprit dérangé. Ex. Il est de plus en plus évident que ce vieux-là détraque. Détraquer (se), v. pron. Se démantibuler. Ex. Mes meubles vieillissent, plusieurs se détraquent. Détremper, v. a. Délayer. Ex. Allons, Justine, détrempe de la farine pour nous faire des crêpes. Détruiment, n. m. — Détriment. Détruire (se), v. pr. — Se siiicider, s'ôter la vie. Dette, n. f. Créance. Ex. Une dette privilégiée. DES CANADIENS-FRANÇAIS 245 Deuce, adj. Deux. Ex. Comptons nos piastres eiîsemble : îine, deuce, troisse. Deuel, n. m. — Duel. Deuil (en), loc. — Avoir les ongles en deuil, non écurés. Deux, adj. — Se fendre, se mettre e7i deux, faire un grand effort, proba- blement moindre que lorsque l'on sç^fend en quatre. — Marcher en deux, marcher en prenant une position très courbée. Dévaler, v. n. — Descendre. Expression acadienne. Dévaliser, v. a. Enlever le contenu. Ex. Des voleurs ont, la nuit dernière, dévalisé les troncs de l'église de Eimoilou Devant, n. adv. et prép. — Auparavant. — Avant. Ex. Z^^t'a^z/ mon mariage. Z?dri'a;?Me consentir à cet arrangement. — Vent devant, vent contraire. — J''ai un peu d^arge7it devant moi, en ma possession. — S'en aller les pieds devajit, mourir. — Prend7-e le devant, prendre les devants. Devant de chemise, n. m. — Plastron. Devant que de, loc. Avant de. Ex. Devayit que de venir, tu m'avertiras. Devantière, n. f. — Tablier de femme. — Devant d'un édifice. Devanture, n. f. — Devant, partie antérieure d'une personne ou d'une chose. Ex. Mon enfant, tu as sali ta devanture. La dcvantiirc d'une maison. — Propriété de grève qui confine à la terre d'un cultivateur. Ex. Veux-tu me louer ta deva^iture, pour y tendre une pêche ? Dévargondé, adj. part. — Dévergondé. 246 LE PARLER POPULAIRE Dévelouteré, adj. part. Ex. Avoir les boyaux dévelouterés, avoir la muqueuse intes- tinale enflammée, rugueuse. D'venir, v. n, — Venir. Ex. D'où ce que tu (T viens, petit coureux de chemins ? — Arriver justement. Ex. As-tu été faire ma commission? — Oui, j'en deviens. Devers, prép. Vers. Ex. J'irai vous voir devers la Toussaint. Déviander, v. a. — Enlever la viande d'un os. Dévider, v. a. — Dévider soti peloto7i, son chapelet, dévider toute la série des choses qu'on a à dire. Dévidoir, n. m. Homme loquace, qui parle avec une grande volubilité. Ex. Cet orateur parle comme une machine, c'est un véritable dévidoir. Dévidois, n. m. — Dévidoir. Dévidoué, n. m. — Dévidoir. Devinade, n. f. — Devise, énigme, charade. Devinaille, n. f. — Devise. Devine, n. f . — Devise. Devinette, n. f. — Enigme. Dévirage, n. m. — Détour d'un chemin. — Action d'aller et revenir dans une direction opposée. Dévirer, v. a. — Détourner. Ex. Il ne dévire pas les yeux de dessus son livre de messe. — Changer de direction. Ex. Nous dévirerons au coin de la rue du Trésor. — ^Mettre sens dessus dessous. Ex. Z^/zvV^;- une pierre, une pièce de bois. — Revenir sur ses pas. Quand tu seras rendu au parlement, tu dévireras, et tu me rencontreras ici même. — Retourner. Ex. Dévire tes poches à l'envers. DES CANADIENS-FRANÇAIS 247 — Renverser. Ex. Nous nous sommes pris à brasse-corps^ et je l'ai déviré en deux temps et trois mouvements. Dévirer (se), v. pron. — Se retourner. Ex. Dévire- toi d'abord, pour voir si ton habit te fait bien. — Se renverser eu luttant. Déviron, n. m. — Détour. Dévisager, v. a. ■*'"' — Envisager. Ex. Qu'as-tu à me dévisager de pareille façon ? — Répugner. Ex. Cet individu mejiâvisage, j'en ai peur. Dévisager (se), v. pron. — Se battre. Devoir (en), loc. — De service. Ex. Je suis en devoir ce matin, je ne pourrai pas m 'absenter. — En faction. Ex. Je suis efi devoir comme sentinelle à la porte Saint-Iyouis. — En train de. Ex, Je suis eji devoir de travailler à mon dictionnaire. Dévoration, n. f. — Désir. Ex. Quelle est tout d'un coup cette dévoratioii d'aller te promener? — Démangeaison. Ex. Qu'est-ce que j'ai sur la tête depuis deux jours? c'est une vraie dévoration. Dévorer, v. a. Dire des paroles dures. Ex. Prends garde de me dévorer, avec ta manière de dire les choses. — Démanger. Ex. J'ai une puce qui me dévore le dos. Dévorer (se), v. pron. Se briser l'épiderme avec les ongles. Ex. J'ai une puce entre les deux épaules, je me dévore à force de me gratter. Dévôtieux, adj. Qui inspire la dévotion. Ex. Crois- tu que la chapelle du Sacré-Cœur est dévôtieuse ! De vrai, loc. adv. Tout de bon. Ex. Dis-tu ça pour de vrai ? * Déwasher. (Angl.) — Enlever les rondelles (îe'^.y//^/'). 248 I,E PARLER POPULAIRE D'heure (être), loc. Le temps est arrivé. Dia, in t. Cri pour faire aller les chevaux à gauche. En Bretagne, c'est pour les faire aller à droite. Dia, mot grec, signifie à travei'Sy de côté. Nous prononçons guia. Diablant, adj. Contrariant, embêtant. Ex. C'est bien diablant, il faut que je paie les dettes de mon frère. Diable, n. m. — Petit véhicule basculant sur deux roues, qui sert à char- ger et décharger des bagages, des marchandises. Ceux qui le traînent, tirent évidemment le diable par la queue, et comme ce métier n'a jamais dû être bien lucratif, peut- être est-ce lui qui a donné lieu à la locution tirer le diable par la queue, c'est-à-dire être dans un état voisin de la misère. — Etre en diable, être furieux. — Parler au diable, être dangereux, — Se vendre au diable, se tirer aux cheveux. — Aller au diable au vert, s'en aller très loin. Eu France, on dit aller aii diable Vaîcvert. — Avoir le diable au corps, être malin, rusé. — C 'est le diable à faire, c'est une chose bien difficile à faire. — Que le diable t'emporte, va-t-eu. — Le diable s'c7i mêle, tout conspire contre mon affaire. — Il y a du diable là-dedans, il y a du mystérieux et du mauvais. — Le diable et ses morts. Ex. Il n'y avait pas de monde le diable et ses morts, c'est-à-dire pas beaucoup de personnes. — Faire le diable à quatre, faire beaucoup de bruit. — Envoyer au diable, à tous les diables, congédier vivement. — Le diable bat sa femme, il pleut et il fait soleil en même temps. — Le diable est aux vaches, il y a du malheur ou du dom- mage, l'affaire ne va pas bien. — Le diable n'est pas pire, le diable n'agit pas autrement. DES CAXADIENS-FRAXÇAIS 249 — Méchant comme sept fois le diable, impossible d'être plus mécliant. — Loger le diable dans sa bourse, être dans la misère. — Que le diable 7)i avipiie (m'ampute), que le diable m'em- porte. — Pas diable, pas extraordinaire. Ex. Du viuqui n'est /a.y diable. Diable (bon), n. m. Une assez bonne personne. Ex. C'est un bo7i diable, ne lui faisons pas de mal. Diable d'homme, n. m. — Homme rusé, subtil. Diable incarné, n. m. Méchant. Ex. C'est le diable incarné que cet animal-là. Diable (mauvais), — Très méchant homme. Diable (pauvre), n, m. Misérable. Ex. Eâche-le, c^ pauvre diable. Diable (petit), n. m. — Enfant espiègle. Diable (un), loc adv. En quantité. Ex. Il y a, cette année, des pommes un diable. Diable (que le), loc. Beaucoup. Ex. Ce monsieur mauge que le diable. Diablement, adv. Beaucoup. Ex. Louis est diablemoit embêté. Diâbler, v. a. Endiabler. Ex. Ne me fais pas diâbler de la sorte. * Diamond, daïa-meunde, (m. a.) Diamant, 3 points. (T. d'imp.) * Dickey, di-ké, (m. a.) — Chemisette, plastron. Dicter, v. a. Rédiger. Ex. Moi je ne suis pas capable de dicter une lettre comme il faut. Différence, n. f. Différend. Ex. Si tu veux, nous allons partager la a'?ir//-^;z<:^ d 'en par la moitié. Différencer, v. a. —Différencier. * Difficultés (enj, loc. Dans une grande gêne. Ex. Notre fournisseur est en diffi- 250 LE PARLER POPULAIRE cultes depuis ce matin. De l'anglais to be in difficiilties, être gêné en afiFaires. Difformer, v. a. Déformer. Ex. Tu as difforme ton chapeau. Digérable, adj . — Facile à digérer. Digession, n. f. — Digestion. Dimanche, n. m. Faire ses beaux dimanches de qnelquc chose, c'est-à-dire con- server soigneusem*nt quelque chose pour s'en servir dans les circonstances solennelles. Diminuer, v. n. S'en aller vers la tombe. Ex. Notre malade diminue vite. Dinde, n. m. — Personne peu intelligente. Ex. Les dindes de la Malbaie. Sobriquet qui n'a plus sa raison d'être. — Dinde, n. f. Ex. A Noël, nous mangerons un beau gros dinde. Le mot dinde, pris au masculin, semble vouloir s'imposer aujourd'hui. L'Académie réglera le litige. Dindon, n. m. Homme borné. Ex. C'est un %xos dindon. Dindonne, n. f. Femme d'une intelligence bien médiocre. Ex. C'est une grosse dindo7ine. Dîner avec, loc. Manger. Ex. J'ai dhié avec un homard, aujourd'hui ven- dredi. Dîner par cœur. — Se passer de dîner. Dint, n. f . — Dent. Dire, v. a. — Plaire. Ex. J'ai voulu envo^-er Pierre aux Pageants^ mais ça ne le lui disait pas. — Ecouter. Ex. Dis donc, qu'est-ce que tu me veux ? — Cela 7ie me dit rien, cela ne me tente pas. — Si le cœur voiis e?i dit, si cela vous plaît. — Je ne te dis que cela, le reste serait superflu. — Dire du contraire, contredire. — Il n^y a pas à dire, malgré tout. DES CANADIENS-FRANÇAIS 251 Dire (pour), loc. — Pour ainsi dire. Ex. As-tu pris de l'argent dans mon porte-monnaie ? — Presque pas, pour dire. — Pour parler. Ex. Ce que je te dis, c'est rien (\\xç.pour dire. * Directoire, (Angl.) — Almanach des adresses. * Directory, ie7iré, {m. a.) — Almanach des adresses. Disable, adj. Qui peut être dit sans blesser la morale. Ex. Il m'a raconté des choses qui ne sont pas disables. * Discarter, v. n. (Angl.) — Ecarter. De l'anglais /^ û'^'far^.. Discompte, n. m. Escompte, Le mot discompte est français, mais vieilli. Discompter, v. a. — Escompter. Disconnecter, v. a. — Enlever la connection. Discrétionnaire, adj. Loisible. Ex. Il sera discréiio7inaire au directeur de faire comme il l'entendra. * Discrimination (sans), loc. (Angl.) A la légère. Ex. C'est agir sans discriminatio7i que de jouer à la Bourse avec l'argent de ses clients. Dis donc ! Interpellation pour attirer l'attention. Ex. Dis donc ^o^'ç.s\.- ce que tu me chantes-là ? Diseur, n. et adj. Raconteur. Ex. C'est un beau diseur que ce Français qui a donné une lecture à l' Institut-Canadien. Disez, 2e pers. pi. indic. prés, de dire. Dites. Ex. Qu'est-ce que vous disez-\2, ? * Disgrâce, n. f. Honte. Ex. C'est une véritable disgrâce que la conduite de ce garçon. (Angl.) * Disgracieux, adj. — Honteux. (Angl.) Disputer, v. n. Gronder, réprimander. Ex. Ce vieux passe tout son temps à disputer, il gronde toute la journée belle et longue. Disputer (se), v. pron. Se quereller, se chicaner. Ex. Crois-tu en bonne vérité 252 LE PARLER POPULAIRE que je vas me disputer avec toi pour uue blague comme celle-là ? Disputeux, euse, adj. Chicanier, grondeur. Ex. Vieux disputeux que vous êtes, allez vous serrer ? Disqualification, n. f . — V. Déqualification. Disqualifier, v. a. — V. Déqualifier. * Dissatisfaction, u. f. (Angl.) — Dissentiment. Dissiper (se), v. pron. — S'amuser. Dittel, adv. Même chose, le ditto des Anglais. Il paraît assez probable que ce mot dittel, dans le langage acadien, est le mot ditto transformé par les Acadiens dans leurs différentes migra- tions. Divorce, n. m. — Chicane. Ex. As-tu entendu les chiens hier au soir ? c'était un divorce en règle. — En colère. Ex. Je suis en divorce ce matin, j'ai passé une triste nuit. Dix, n. m. Jeu. Variété de whist, oii il importe surtout de sauver le dix d'atout, lequel compte dix points. L,a partie est de 21 points. * D'jammer, v. a. (Angl.) AiTêter par suite de resserrement ou de pression. Ex. Les billots sont d'jaî7i7nés, la roue de cette voiture est d'jammêe. De l'anglais /£>/«;«. D'jaque, n. m. et adj. Individu à taille élancée. Ex. Voici un grand ^'/«^z/if. Vient tout probablement du Xi\o\.Jack ; peut-être aussi ào. jaque, juste-au-corps autrefois très porté. D'nii=carënie, n. f. Mi-carême. Ex. Dans quinze jours, ce sera lad'mi carême. Document, n. m. Personne qui fait montre de connaissances inattendues et même étonnantes pour son âge et sa position. Ex. Sais- tu que ce gas là, c'est un document f DES CANADIENS-FRANÇAIS 253 Dodicher, v. a, — Bercer un enfant dans ses bras. — Flatter. Ex. Je n'ai pas besoin d'être dodichê pour faire ce que je dois faire, je suis trop vieux maintenant. Dodiner (se), v. prou. — Se dandiner, se balancer. Doigt, n. m. — Ne pas faire œuvre de ses dix doigts, ne pas travailler du tout. — Se faire cogner sur les doigts, réprimander. — Mett?-e le doigt dessus, faire connaître clairement. — Montrer du doigt, marque d'infamie. — Etre unis comme les doigts de la main, grands amis. — Ne pas mettre son doigt au feu, avancer une chose. — Se mordre les doigts, regretter une action. — Se mordre les quatre doigts et le poîicc, être très en colère. Doigte, n. m. — Doigt. Ex. J'ai mal au petit doigte. Doler, V. a. Dégrossir un morceau de bois avec une hache ou un couteau. Doleur, n. m. Celui qui dégrossit les troncs d'arbres avec une hache. Dolures, n. f. pi. Tout ce qui est enlevé par un instrument tranchant en dolant du bois, menus copeaux. * Dollar, (m. a.) — Piastre. Dommage (beau), loc. Certainement, sans aucun doute, pourquoi pas? Ex. Penses- tu que les fêtes du tricentenaire produiront un bon effet à l'étranger ? — Bcatc dommage ! * Dompleines, n. f. pi. (Angl.) Pâtisserie faite de pommes entourées de pâte et cuite au bain-marie. Don, adv. Donc. Ex. Donne-lui doyi une claque pour moi, je te la rendrai. Donaison, n. f. Donation. Ex. Va chercher le notaire Chambalon, je veux faire une doyiaison. 254 LE PARLER POPUI,A.IRE Dondaine, n. f . — Grosse fille ou femme. Dondine, n. f. Femme ou fille qui a de l'embonpoint. Ex. Une grosse dondine. Donner, v. a. — Prendre. Ex. Il est temps que j'aille domier ma leçon de musique. — Faire. Ex. C'est un pauvre diable, do7ine-\M\ la charité. — Abonder. Ex. Le poisson donne beaucoup cette année. Donner (se), v. pron. — Faire la donation de ses biens. Ex. Je commence à être vieux, je vais me dominer à l'aîné de mes garçons. — Se vendre à très bas prix. Ex. Les fraises se donnent, au marché. — Etre contagieux. Ex. Prends garde d'attraper la picote, car ça se do7ine. — Se procurer. Ex. C'est un mesquin, il n'est seulement pas capable de se dominer un chapeau qui a du bon sens. Doré, n. m. Poisson très recherché pour la délicatesse de sa chair. Dans le monde des savants, on l' appelle saiiger. Doré est féminin . Dor et en avant, adv. — Dorénavant. Dormants, n. m. pi. Pièces de bois qui servent d'appui et auxquelles sont fixés les rails des chemins de fer, les traverses. Dormette, n. f. Somme. Ex. Fais une petite dormette, mou enfant. Dormeux, euse, adj. Dormeur. Ex. Moi, je ne suis pas un gros dormeux. Dormeux (faire le). — Faire semblant de dormir. Dormir, v. n. — Dormir tm som7?ie, faire un somme. Dos, n. m. — Epine dorsale du dos, épine dorsale. — Et?'e renvoyé dos à dos, comme on était auparavant. — Dans le dos ! Non, ce n'est pas cela. * Dotche, n. f. (Angl.) — Ecart. Ex. Une pelote (balle) qui fait une dotche DES CANADIENS-FRANÇAIS 255 — Fugue contraire à la règle. Ex. Un écolier qui fait une spécialité de la dotche. * Dotcher, v. n. (Angl.) — Rebondir de travers. Ex. Cette pelote dotche trop, pre- nons-en une autre. — Prendre des libertés avec le règlement. Ex. Il y a parmi les élèves un certain nombre qui aiment à dotcher, c'est mal. — User de ruses pour s'échapper. * Dotcheur, n. m. et adj. (Angl.) — Elève qui dotche. Douaine, n. f. — Douane. Double, n. m. — Autant. Ex. Je vais te prêter cent piastres, tu m'en remettras deux fois le dozible dans deux ans, c'est-à-dire deux cents piastres et non quatre cents, comme le mot double semble l'indiquer. — Epaisseur. Ex. Ee docteur a recommandé de mettre sur sa blessure une serviette pliée en quatre doubles. Double (en), loc. Courbé en deux. Ex. Marcher en double, quand ou a la colique. Double=châssis, n. m. Châssis extérieur pour la saison d'hiver seulement. Double (lit), n. m. — Grand lit large. * Double sole, sole, (m. a.) Double semelle. Ex. Porter des bottes à double sole. Douce, adj. f. Se la couler douce, vivre sans travailler. Douceur (en), loc. adv. Lentement et avec précaution. Ex. Vas-y en douceur avec cet homme-là. Douceurs, n. f. pi. Mets très délicats. Ex. Ce malade ne peut se nourrir que de douceurs. Doucine, n. f. Cuir à rasoir. Ex. Prête-moi ta doucine, que je repasse mon rasoir. En bon français, la doucine est un rabot de menui- 256 LE PARLER POPULAIRE sjer servant à faire des moulures concaves par le haut et convexes par le bas. Douille, n. f. Sorte de chandeliers accrochés au mur. Douleureux, adj.— Douloureux. Doutable, adj. — Douteux. Doutance, n. f- Doute, soupçon. Ex. J 'ai une forte û'f??*;/^;^^^ de cette affaire- là. Doute, n. f. s. Doute, m. s. Ex. Je n'ai pas la moindre doute. Doute (en), loc. Demi intention. Ex. Je suis en doute si je ferai vendre ma maison. Doux, adj. Veyidre dans les prix doux, vendre à bon marché. Douzaine, adj . — La douzaine du boulanger, treize pains. Doyon, n. m. — Doigt de gant. V. Catiche, catin. D'partir, v. n. Venir de partir. Ex. As-tu été à ton bureau ce matin ? — Mais oui, j'en d'pars. * Drab, (m. a.) — Gris brun. Ex. Une robe ^ra*^. * Draft, drafte, (m. a.) — Traite, devis, dessin. Drague, n. f. Mélange de déchets de cuisine, de lait et d'eau, donné comme mangeaille aux porcs. Draguer, v. a. — Donner de la drague. Dragueur, n. ni. — Celui qui drague. Drame, n. m. Cage de bois préparé pour la descente des rivières. Drap de pilote, n. m. Gros drap épais dont on confectionne les paletots d'hiver. Drave, n. f. Dérive. Descente d'un train ou cage de bois dans nos rivières, lorsque les eaux sont grosses. Draver, v. n. — Faire la drave. Draveur, u, m. — Celui qui fait la drave. DES CANADIENS-FRANÇAIS 257 * Drawback, (m. a.) Mécompte, inconvénient, désavantage. Ex. Dans toutes ces choses-là, il y a toujours un drawback. * Dredge, (m. a.) — Dragueur. Drégaille, n. m. Butin, effets. Ex. Cette famille est partie avec tout son dré- gaille. En Anjou, on dit drigal pour saint^frusquin, Drégaye, n. m. — V. Drégaille. Drès, prép. — Dès. Ex. Je partirai û?r^^ demain. Dressir, v. a. — Dresser. Drette, adj. Droit. Ex. Il est là planté drette comme un as de pique. Drette (à), loc. adv. A droit. Ex. Passe à drette. Drette (tout), loc. Tout droit. Ex. Le train est passé toutdrette sans s'arrêter. Drettier, ère, adj. Droitier, opposé à gaucher, Ex. Une personne drettïère. Drigail, n. m. — V. Drégaille. * Drill, u. m. et f., (m. a.) — Coutil. Ex. Achète deux verges de drill pour doubler les manches de ton habit. — Foret, mèche. — Exercice militaire. Ex. Mon garçon est parti pour la drill. Drille, n. m. — Bon compagnon. * Driller, v. a. et n. (Angl.) — Faire l'exercice militaire. Ex. Nous allons driller^ ce soir, au manège. — Commander sévèrement. Ex. Je me suis fait driller par mon père. — Forer, percer la pierre. — Dresser, former. Ex. Nous avons un maître qui sait driller ses élèves. * Drill shed, (m. a.) Manège. Ex. Il y aura, ce soir, une grande soirée musicale au drill shed. 17 258 LE PARLER POPULAIRE * Drink, 11. m., ( m. a.) Boisson. Vient du vieux mot français drinc. Driver, v. n. Aller eu tous seus sur un chemin glacé. Ex. Prenons garde de verser, la voiture drive terriblement. Drogue, n. f. Substances diverses employées par les chasseurs pour attirer les animaux des bois. Droguer, v. a. — Donner de la drogue aux bêtes des forêts. — Faire prendre un remède. Droguet, n. m. Etoffe fabriquée à la campagne. Adrien Chabot écrivait, en 1886, dans la Revue des Deux-Mo7ides : <f Droguet, sorte de tissu fabriqué par les tisserands des campagnes, avec la laine des bergers et le chanvre des jardins. » Exactement comme ici, mais en substituant la laine des moutons à la laine des bei'gers. Drôle, adj — Intéressant. Ex. Cet homme n'est pas drôle. — C'est un rien de drôle, sa conduite est blâmable. — Cest pas drôle, la situation est bien triste. — Un drôle de pistolet, un homme singulier. Drôîe, drôlesse, n. — Expressions employées par les Acadiens pour désigner le cavalier et sa blonde. — Petit garçon. Ex. As-tu vu passer mon petit drôle f Drôle (faire), loc. Eprouver une sensation curieuse et inaccoutumée. Ex. De- puis que j'ai pris ce remède, ça me/azV drôle dans le corps. Drôleté, n. f.— Drôlerie. * Dross, n. f., (m. a.) — Ecume qui se forme à la surface d'un métal fondu. Drosser, v. a. — Donner une dégelée, rosser. Dru, adv. Rapidement, avec vitesse. — Ex. Votre cheval file û?r?^, cocher. D'sour, prép. — Dessous. DES CANADIENS-FRANÇAIS 259 D'sur, prép. — Dessus. Dû, part, passé de devoir. Devoir arriver. Ex. Le train est dû à dix heures. * Dude, doiide, (m. a.) Homme élégant, fashionable, synonyme de petit crevé, en France. * DuH, dol, (m. a.) — Sombre. Ex. Le temps est diill. — Calme. Ex. Le commerce est diill. * Dumb=ben, dofnm-bel, (m. a.) — Haltère. * Dumpling, derim - pling, (m. a.) — Chausson, pâtisserie. V. Dompleines. D'un sens, loc. Sous certains rapports. Ex. J'ai manqué mon voyage d'Europe, d'un sens je n'en suis pas trop fâché. Dur, n. et adj. — Foie d'un animal. Ex. Nous allons manger du du?- de forçiire. — Difficile, Ex. Les temps sont du7-s. — Etre dur à son corps, ne pas regarder à ses peines. — Un dur à cuhr, énergique. — Dur à la détente, parcimonieux. — Dîir de gueule, cheval difficile à contrôler par les rênes. — Entendre dur, être presque sourd. — Dormir dur, profondément. — Coucher sur le dur, sur la dure. — Taper dur, taper fort. — Manger dur, manger beaucoup. — Le vent sotiffle dur, violemment — Etre dur à so?i mal, être peu sensible à la douleur. Durante, prép. — Durant. Ex. SQ.\iQ:dura7ite. Durceur, n. f. — Dureté. Durcir, v. n. Devenir sourd. Ex. Les oreilles lui durcissoit, il devient sourd. Durçon, n. m. — Homme sévère, qui tape fort. * Duster, dosseteur, (m. a.) — Cache-poussière. 26o LE PARLER POPULAIRE Eau, n. f. — Faire Veau, faire! eau. Kx. Notre chaloupe fait Veau, vite gagnons terre. — Faire de Veau, faire eau. Ex. Le toit de ma maison /a// de Veau. — Aller faire de Veau, aller puiser de l'eau dans un tonneau, une barrique, pour abreuver le bétail. — Etre tout en eau, avoir très chaud. — S'en aller à Veau, courir à la ruine. — Tomber de Veau, uriner. Eau d'endormitoire, n. f. Opium, ou tout médicament qui a l'effet de produire le som- meil. Eau de piaume, u. f.— Opium. Eau d'érable, u. f. Sève de l'érable recueillie au printemps, que l'on fait bouil- lir pour fabriquer le sucre du pays ou d'érable. Eau de vaisselle, n. f. Tourner e?i eaîi de vaisselle, tourner à rien. Eau salée, n. f. Campagnes le long du fleuve Saint-Laurent où l'eau est salée. Ex. Nous irons passer l'été à Veau salée. Eau (place d'), n- f- Station balnéaire. Ex. Cacouna et Malbaie sont deux pla- ces d'eau toujours populaires. Eaux, n. m. pi- Urines. Ex. Etre gêné de ses eaux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 261 Ebaroui, e, adj. — Cuve, tonneau, tinette dont les douves, contractées par la chaleur, laissent filtrer les liquides. Ex. La tinette au beurre est ébarouie. — Courbaturé par un coup ou une chute. Ebasourdir, v. a. — Abasourdir, étourdir par le bruit. Ex. Ebasourdi par un fort coup de canon. — Consterné. Ex. La nouvelle de cette mort n\'^ébasoiirdi. Ebergiver, v. a. (Cl). — Héberger. Ebouillanter, v. a. — Infuser, échauder. Ex. Marie, éboidllante le thé. — Arroser par une évacuation d'urine. Ex. Ce bougre d'enfant m'a encore ébouillantée. — Nettoyer un baril avec de l'eau bouillante. — Brûler avec un liquide bouillant. Eboulis, n. m. Eboulement. Ex. Il y a eu, cette nuit, un éboidis d'une partie du cap Diamant. Ebourifflant, e, adj. Ebouriffant, extraordinaire, incroyable. Ex. Une nouvelle éboicrifflante . Ebouriffler, v. a. Ebouriffer. Ex. Tu as les cheveux ébourifflés, tu as l'air d' un sarpida. Ebraillé, e, adj. — Déboutonné. Ex. Avoir la gorge /^raz7//^. Ebrassem*nt, n. m. (Cl.) — Embrassem*nt. Ebrèché, adj. Brèche dans un râtelier. Ex. Cet enfant a la bouche ébrechée. Ebrècher (s'), v. pron. Se faire rouler. Ex. Cette affaire est trop difl&cile à régler pour lui, il va certainement s^ébrecher. Ebriter, v. a. — Ebruiter. Ebruter, v. a. — Ebruiter. Ecale, n f. — Coquille. Ex. Cet œuf a Fécale bien tendre, il doit être frais pondu. 202 LK PARLER POPULAIRE — Ecaille. Ex. Va jeter les êcales d'huîtres dans la cour. Ecaler, v. a. — Ecosser. Ex. jÇra/^r des pois, des fèves. Ecarde, n. f. — Carde, brosse garnie de pointes métalliques. Ecardée, n. f. Cardée, quantité de textile qu'on prend à la fois entre deux cardes. Ecarder, v. a. . — Carder, peigner, démêler la laine avec des cardes. — Battre, frapper à la tête, au sens figuré. De Gaspé a écrit êcardit pour êcarda. Ecardeur, euse, n. m. et f. Cardeur, une personne qui carde. Ex. Une écardeuse de matelas. Ecartade, n. f. — Incartade, folie, extravagance. Ecartant, e, adj. Endroit où l'on s'écarte facilement. Ex. Montréal n'est pas une ville aussi écartante que Québec. Ecarter, v. a. Egarer, perdre. Ex. J'ai /rar// mon parapluie. Ecarter (s'), v. pron. — S'égarer, se perdre dans une forêt, dans une ville. — Se fourvoyer. Ex. Pierre vieillit, il lui arrive parfois de s 'écarter. Ecartiller, v. a. — Ecarquiller, écarter. Ex. Cesse donc A' ecartiller les jambes. — Ouvrir grand. Ex. Ecartille donc les j-eux, si tu veux bien voir. Ecartillement et ecartiller étaient autrefois en usage, en France. Ecartiller (s'), v. pron. S'ouvrir, s'écarter. Ex. S'écartillcr\e.&yç.\xx, les jambes, les bras. Echaffourée, n- f. Echaufïourée, esclandre. Ee véritable sens du mot est une réunion où l'on se dispute beaucoup, sans grands résul- tats. DES CANADIENS-FRANÇAIS - 263 Echalote, n. f. — Partir e7i baie d'échalote, partir à la course, — Passer en baie d'échalote, passer rapidemenl^ Echange, n. f. Echange, n. m. Ex. J'ai fait là une bonne échange. Echangeage, n. m. — Essangeage, action d'essanger. Echanger, v. a. Essanger, passer à l'eau du linge sale avant de le mettre à la lessive. Echantillion, n. m. — Echantillon. Echantion, n. m. — Echantillon. Echappe, n. f. — Echarde, petit fragment d'un corps quelconque qui est entré dans la chair. — Déversoir, endroit par où s'épanche l'excédent de l'eau d'un marais, d'un étang. Echappée, n. f. Moment d'abandon. Ex. Cet écolier a fait un mauvais coup, mais ce n'est qu'une échappée. Echapper, v. a. — Laisser échapper. Ex. Il a échappé le cheval en le menant à l'écurie. — Laisser tomber. Ex. J'ai échappé mou chapeau au vent. Echardronner, v. a. Echardonner, arracher les chardons d'un jardin, d'un champ. Echarogner, v. a. — Briser à la surface. Ex. Le pain est tout écharogné. — Couper mal. Ex. Echarogner un rosbif, la barbe, les cheveux. Echarognure, n. f. — Déchirure, écorchure. Echarpe, u. f. — Echarde. V. Echappe. Echarpe (en), loc. adv. — Qui dépérit. Ex. Cet enfant est en echarpe. — En pièces, en loques. Ex. J'ai mis mon habit en echarpe. Echarpiller, v. a. — Echarper, mettre en charpie. Ex. Echarpiller à.ç.\2i\2i\nQ^. — Maltraiter. 264 LE PARLER POPULAIRE Echarpir, v, a. — Echarper. Bx. Aujourd'hui, nous allons écharpir ce qui nous reste de laine. — Battre. Ex. Cet enfant est si incommode, que j'ai envie de l 'écharpir. Echauder, v. a. et n. — Attraper. Ex. Je me suis fait échaiider de la belle façon. — Infuser. Ex. Marie, tu échauderas du thé pour le souper, — Brûler au soleil. Ex. Le blé a échaudé àjfçms, la dernière pluie. Echauffaison, n. f. Pleurésie grave provenant d'un refroidissem*nt, du chaud et du frette ; le chaud-refroidi dans le langage berrichon et angevin. Echauffé, e, adj. Avoir la peau irritée par une légère inflammation, dans les aisselles, dans les plis du cou. Ex. Un enfant échauffé au cou, dans l'aîne. Echelle, n. f. Echelette. Ex. Nous allons commencer nos foins, prépare la charrette et n'oublie pas les échelles. Echeniller, v. a. Critiquer à outrance un ouvrage, un livre. Echerpïller, v. a. Echarpiller, echarper, mettre en charpie. D'après Borel, ce mot aurait signifié voler sur le grand chemin. Echevinat, n. m. — Echevinage, fonction d'échevin. Echiffe, n. f. — Chiffe, mauvaise étoffe que l'on met au rebut, bouts de laine hors d'usage. — Chiffons, en général, vieux morceaux de toile et de coton qui entrent dans la fabricatioîi du papier de luxe. Echiffer, v. a. — Effiler, défaire un tissu fil à fil. Ex. Echiffer une étoffe. — Echarper. Ex. Echiffer de la laine, du crin. Echiffoir, n. m. Peigne dont se servent les cardeurs pour echiffer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 265 Echigné, e, n. et adj. Personne malingre, souffreteuse. Ex. Ho ! la grande êchi- gnée, là-bas, tu te meurs ! Echigner (s'), v. pron. Travailler au delà de ses forces. Ex. Il faut s'êchigner pour faire certains ouvrages. Echiquette (à V), loc. Mesquinement. Ex. Payer ses comptes à V echiquette. Echiquette (en), loc. En échiquier. Ex. Corder le bois en echiquette, faire un plancher en echiquette. V. Achiquette. Echo, adj. — Sonore. Ex. Le temps est écho aujourd'hui. Echouer (s'), v. pron. — Atterrir, en parlant des loups-marins qui viennent au rivage. — Prendre pied. Ex. Comment se fait-il que tu es venu V échouer chez nous ? Echoueries, n. f. Roches que la mer ne recouvre pas, et où les loups-marins viennent se reposer. Echousser, v. a. Enlever les souches qui sont restées dans un terrain après qu'on a abattu les aibres. Eci, écitte, adv. Ici. Ex. Passe par écitte. — Par écitt^ nous sommes tous rouges. Eclater, v. n. Fondre en larmes. Ex. Quand il apprit la mort de sa mère, il éclata. Eclater, pris absolument, veut dire éclater de rire. Eclater (s'), v. pron. — Eclater. Ex. Il s'est /r/a// de rire. Eclipe, n. f. — Eclipse. Eclôre, V. n. et a. — Eclore. Ecluse, n. f. Lâcher récluse, ne vouloir plus se taire. Ecocher, v. a. Détacher les débris de la partie ligneuse du chanvre ou du lin. 266 LE PARLER POPULAIRE Le vieux mot êcocher signifiait écraser. Ecochoir, n. m. Instrument dont on se sert pour broj^er le lin, le chanvre. Ecochoué, n. m. — Instrument qui sert à écocher. Ecœuranterie, n. f. Ecœurement. Ex. Quelle ecœuranterie que ce cirque ? Ecole (montrer, faire I'), loc. — Enseigner. Ex. Nous avons une bonne maîtresse, elle montre bien Vécole. — Mettre u?i eyifant aux écoles, l'envoyer à l'école primaire, aux petites écoles. Ecolleter, v. a. — Décolleter. Ex. Vno. roht écolletée. Ecolleter (s')> "v. prou. — Se décolleter. Econome, n. et adj. — Econome. Ex. L" économe du séminaire. — Ménager. Un homme éco7iôme. Ecopeau, n. m. Copeau. Ex. Ramasser des écopeaux pour allumer le poêle. Ecore, n. f. et adj. — Accore, berge. Ex. Nous pécherons à la rivière en nous tenant sur Vécot-e. Monet cite le mot escore pour signifier une côte à pic, taillée à plomb. — Incliné. Ex. Les bords de cette rivière sont écores. Ecorner, v. a. — Blesser. Ex. En voilà toujours bien un à!' écorné. — Donner des coups en général. Ecornifler, v. a. Espionner. Ex. Qu'est-ce que tu viens ecornifler ici ? Il n'}"^ a rien pour toi. En France se dit pour voler, rafler à droite et à gauche. Ecornifleux, se, adj. — Ecornifleur, qui fait métier d'espion, — Fureteur. Ecosse, n. f . — Cosse. Ecôsser, v. a. — Ecosser. Ecossois, n. et adj. — Ecossais. Ecot, n. m. — Parti. Ex. Un écot de tire. DES CANADIENS- FRANÇAIS 267 Ecourté, e, adj. — Trop court. Ex. Une robe êcourtêe. — Etre affublé d'un habit trop court. Ex. Une personne êcourtêe. Ecourtiché, e, adj. Porter un habit trop court. Ex. Une petite fille êcoiirtichêe. Ecourtiller, v. a. — Ecourter. Ex. Avoir une mine /ri?z^r/z7//é'. Ecoute, n. f. Filer grande écoute, aller un train d'enfer. Ecouter dire, loc. — Ecouter patiemment. Ex. Il m'a parlé pendant une grosse heure, et je l'ai éco^itê dire tout le temps sans dire un mot. — Entendre dire. Ex. Je l'ai écouté dire des choses insen- sées. Ecouter (s'), v. pron. Soigner sa santé, en se croyant plus malade qu'on ne l'est. Ex. Tu f écoutes trop, tu n'est pas aussi malade que tu penses. Ecquêt, n. m. Acquêt. Ex. Tu as plus d 'ecquêt ai' ^W^x te coucher, il est tard. Ecrabouiller, v. a. Ecraser, mettre en bouillie. Forme du vieux français cscra- bouiller, acrabiller. Ecrapoutir, v. a. — Faire succomber dans la lutte. Ex. S'est-il fait ecrapoutir, ce vilain menteur ? Il a enfin trouvé son maître. — Aplatir et déformer un corps par un choc violent ou une pression. Ex. J'ai reçu un coup de poing qui m'a écra- Pozcti le nez. En Anjou, ecrapoutir comporte la même signification. Ecrapoutir (s'), v. pron. — S'écraser par terre en prenant le moins d'espace possible. — S'effacer devant quelqu'un au point de faire disparaître sa personnalité. — Se déformer. 268 I.E PARLER POPULAIRE Ecriancher (s'), v, pron. — V. Egriancher. Ecrire, v. a. Ecrire une bonne main, avoir une belle écriture. Ecrit, n. m. Un papier, un assignation comme témoin, comme juré. Ecrit (mot d'), n. m. Courte lettre. Ex. Je vous adresse un petit viot d'écrit pour vous faire assavoir de mes nouvelles, qui sont bonnes, Dieu viarci. Ecrivain, n. m. — Copiste. Ecrivisse, n. f. — Ecrevisse. Ecro, n. m. Ecrou de vis. Autrefois écro se disait. Ecroît, n. m. Croît, augmentation d'un troupeau par la naissance de petit*. Ecruelles, n. f. pi. — Ecrouelles, scrofules. Ecu, n. m. — Tji as perdu ion êcu, cours après ta piastre, tu as manqué ton coup, eh bien ! reprends-toi et fais mieux. — Voilà bien le resta7it des écus, il ne manquait plus que cela. Furetière, Scarron et Molière ont employé cette expression. Ecuelles, n. f. — Ecrouelles. Ecui, n. m. — Etui. Ecuisser, v. a. Enlever les cuisses d'un animal. Ecuisser est français, et signifie faire éclater le tronc d'un arbre en l'abattant. Ecuisser (s'), v. pron. Se briser les cuisses en tombant. Ex. J'ai rasé m" ecuisser en tombant. Ecume, n. f. Blatic d'écume, couvert d'écume. Ex. Un cheval blanc d'éctcme. Ecumer, v. n. Se fâcher noir. Ex. y écume rien qu'à penser à cette sale affaire. DES CANADIENS-FRANÇAIS 269 Ecumoire, n. f. Avoir la figure comme une ecumoire^ avoir la figure marquée par des pustules varioliques. Ecurer (s'), v. pron. S'éclaircir. Ex. Le temps commence à s' écurer. Ecureu, n. m. Ecureuil. Ex. Ma foi à' écureu ! Ecureuil volant, n. m. — Polatouche du Canada. Ecuyer, n. m. Ce mot était usité dans le pays avant que nous l'eussions traduit de l'anglais. Cugnet et Berthelot, avocats, por- taient le titre d'écuj-er avant la cession du Canada à l'An- gleterre par la France. Cugnet le prend dans son livre/un des premiers imprimés à Québec. Il est vrai que c'était sous le régime anglais. Nous lisons sur le Traité des Hy- pothèques de Basnage « Heur\^ Basnage, Ecuyer, Avocat au Parlement de Normandie ». Les raisons que l'on donne pour abandonner ce titre, n'ont rien à faire avec la gram- maire et l'étymologie. Elles s'adressent au bon goût seulement ; du reste, comme pour le mot Orateur. La question se trouve réglée par la dernière édition lu Dic- tionnaire de l'Académie. Dans les Registres du Conseil Souverain, plusieurs de ses membres et des parties qui comparaissaient devant lui, sont qualifiés d'écuyers. Le titre n'est donc pas de provenance anglaise. Au contraire, il est très probable que ce sont les Anglais qui l'ont em- prunté aux Normands. Eduquer, v. a. Instruire. Ex. Mon enfant est bien éduqîiê. Efface, n. f. Gomme élastique qui sert à enlever les marques du crayon ou de l'encre. Effaçoir, n. m. — Gomme élastique. Effalé, e, adj. — Qui a la gorge découverte, \2l folle à Pair. Effardocher, v. a. Enlever \&s,fardoches, les broussailles, les jeunes pousses des arbres vivants ou morts, essarter. 270 LE PARLER POPULAIRE Effet, n. m. — Faire effet, produire de l'effet. Ex. Tu me diras si mes remèdes ont/«zV effet. — Faire de r effet, produire de l' impression , — En effet de, en fait de. Ex. Ce que je préfère en effet de sucreries, c'est le chocolat. — Si c'est lin effet de votre bonté, si vous avez la bouté. Effet que (à 1'), loc. prép. — Clause statuant telle ou telle chose. — A savoir, c'est-à-dire. Effette (en), loc. adv. —En effet. Effeuiller, v. a. Feuilleter, tourner les feuillets. Effieîler (s') v. pron. Se rendre malade. Ex. Cet enfant s'est effiellé en jouant, (comme si le fiel était eu cause). Effilandre, n. f. Filandre, fibrille qui se rencontre dans une viande coriace. Effilandrer, v. a. Enlever les filandres. Effleurer, v. a. Affieurer. Ex. Vois là-bas cette roche qui effleitre l'eau. Effrayable, adj. Effro3^able. Ex. Il fait une tempête effrayable. Effrayamment, adv. — Effroyablement. Effrayant, adj. part. Cest beau, effrayayit, c'est extraordinairement beau, telle- ment beau que je suis stupéfié. Effuser, v. a. Infuser. Ex. Effusez le thé, Marie, et assurez-vous que l'eau bouille à gros bouillons. Egail, n. m. Rosée. Mot employé par les Acadiens pour désigner la rosée du matin qui se dépose en gouttelettes sur les feuilles. Egail est cité par Monet dans le même sens. Egaler, va. Enlever les gales qui se forment sur une plaie, un ulcère. DES CANADIENS-FRANÇAIS 27 1 Egard dé (en), loc. adv. Par rapport à. Ex. En égard de ce que vous m'avez dit, j'y repenserai. Egarouiller, v. a. Egaré, troublé. Ex. Il a les yeux égaroiiillês, comme s'il devenait fou. Egermer, v. a. Enlever le germe des pommes de terre. Egoïsse, adj. Egoïste. Ex. M'en parle pas, c'est un égo'isse. Egousiller (s'), v. pron. S'égosiller. Ex. Voilà un quart d'heure que je 7n'égoiisille à t' appeler. Egousser, v. a. — Ecosser. Ex. Egousser Aq.s-çq>\s, des fèves. Egoutté, e, adj. Lait égoutté, fromage égoutté, lait caillé dont on laisse égout- ter le petit lait. Egraffigner, v. a. Egratigner. Ex. Il a le visage tout égraffigné, couvert de blessures occasionnées par des égratignures. Dans l'an- cien français, ce mot signifiait écrire mal. Egraffignure, n. f. — Egratignure. Egrandir, v. n — Agrandir. Egrandissem*nt, n. m. — Agrandissem*nt. Egrémiller, v. a. — Egrener. Ex. Egrémiller des épis. — Emietter. Ex. Egrémiller du pain. Egrener (s'), v. pron. Se disperser, s'en aller les uns après les autres. Egriancher (s'), v. pron. Faire un grand effort, se briser le corps en lui donnant des positions forcées. Ex. Si tu continues à forcer comme cela, tu vas f egriancher. Eguenillé, e, adj. — Déguenillé. Ehancher, v. a. — Déhancher, déséquilibrer les hanches. Ehancher (s'), v- pr. Se déhancher, se luxer l'articulation de la cuisse. 272 LE PARLER POPULAIRE Eil, n. m. — CEil. Ex. J'ai manqué me crever un eil: Ein, eine, art. et. adj. num. Un, une. Ex. Ein bon homme, eiyie bonne personne, il y en avait rien o^' eine de morte. Eïoù, adv. — Veux-tu me dire eïoii ce que tu vas ? Ejambée, n. f. — Enjambée. Ejamber, v. a. — Enjamber. Ejârer (s'), v. pron. S'écarter les jambes violemment, de façon à tomber par terre, Ex. Il s'est éjâré en patinant. Ejeveau, n. m. — Echeveau. Ex. Un ^'^z^^aw de laine, de soie. Eiagne, n. m. Instant. Ex. Attends- moi un élagne. Expression aca- dienne. Elaise, n. f . — Planche ajustée à une autre pour l'élargir. Elaite, n. f. — Eaite de poisson. Elaiter, va. Débarrasser le beurre du petit lait. Ex. Marie, cours elai- ter le beurre, il nous en faut pour déjeuner. Elan, n. m. Moment, instant. Ex. Attends-moi un petit élmi. Cette expression cadre bien avec V élagne des Acadiens. Electrique, n. m. Tramway- mû par l'électricité. Ex. Nous prendrons 1'//^^- triquc au bas de la côte du Palais. Elément, n. m. Manière. Ex. C'est son élément de parler mal du prochain. Français, mais familier. Eléphant, n. m. et f . — Personne très grosse et très lourde. Elévateur, n. m. Ascenseur. Ex. Prenons \ élévateur pour nous rendre à la haute- ville. Elévateur n'est pas un anglicisme ; se dit d'un appareil pour soulever les poids, les denrées, les navires. Elèves, n. m. pi. Veaux, gorets, poulets, canards. Ex. Il faut que j'aille donner de la nourriture à mes élèves. DES CANADIENS-FRANÇAIS 273 Eléxir, n, m. — Elixir, Elingué, e, n. m. et f. Personne grande et fluette. Ex. C'est un grand élingué. Une élingue est une corde pour soulever les fardeaux. Elisable, adj. — Qui peut être élu. Eloëze, n. m. Eclair. Expression acadienne. Borel cite le mot êlo~ese pour éclair. Vient du latin ehicere, éclairer. Elondation, n. f, — Inondation. Elonder, v. a. — Inonder. Ex. Le ruisseau est élondê. Elonger, v. a. — Porter. Ex. Elonger un coup de pied. Elonger (s'), v. pron. — S'étendre de tout son long. Ex. Il s'est êlongê sur la glace en patinant. — S'étirer, s'allonger en étendant ses membres. Ex. S' é- longer dans son lit. Elure, V. a. — Elire. Emagination, n. f. — Imagination. Emaginer, v. a. — Imaginer. Emanation, n. f. Emission. Ex. IS émanation d'un bref. Emaner, v. a. Lancer, émettre. Ex. Emaner un bref, un mandat. Embabouiner (s'), v. pron. S'envelopper la figure avec soin, de manière à ne laisser voir que le bout du nez. Embâclage, n. m. Embarras, obstacle. D'après Oudin, embâcle sç. disait jadis. Embâclage se dit encore d'un accoutrement singulier. Embâcler, v. a. Se faire prendre dans une mauvaise affaire. Ex. Nous voilà bien e7?ibâclés, avec cette affaire sur les bras. Embâcler (s'), v. pron. S'embarrasser. Ex. Je me suis embâcle dans une affaire qui menace de me ruiner. Embarcation, n. f. Affaire. Ex. J'ai acheté des actions de la Compagnie 2 74 LE PARLER POPULAIRE minière de la Baie de Chaleur, c'est une bien triste embar- cation que j'ai faite. Embardée, n. f. — Emballement. Ex. En voilà un qui n'est bon qu'à prendre des embardées. — Ecart brusque. Ex. Notre carriole prend des embardées, pourvu que nous ne versions pas. Embarder, v. a. — Faire des écarts brusques. Embarder (s'), v. pron. — Se laisser emporter trop loin dans une affaire. — Se mettre de travers, en parlant d'un canot. Embardeux, se, adj. — Oui s'emballe facilement. Embargo, n. m. Embarras. Ex. S'il continue à mal se conduire, je lui créerai des embargo de façon à ce qu'il se corrige. Embarlificoter, v. a. — V. Emberlificoter. Embarîîficoter (s'), v. pron — V. Emberlificoter (s'). Embarquement, n. m. — Embarcadère. Embarquer, v. a. et n. — Mettre, déposer. Ex. Embarque-vaoi ces deux piastres dans ton porte-monnaie. — Entrer, faire entrer. Ex. Embarque dans mes bras, dans le tramway. — Sauter. Ex. Embarque sur le dos du cheval. — Embarquer sicr le dos de quelqu'icn, l'ennuj^er par des dis- cours, des plaintes, des doléances interminables. Ex. Quand celui-là vi' embarque sur le dos, il ne débarque plus. Embarras (clôture d'), n. f. Clôture grossière faite avec des branchages et du bois de rebut. Embârrer, v. a. Mettre sous clef ou sous verrou. Ex. Embârre pas la porte sur moi. Embârrer (s'), v. pron. Fermer la porte sur soi avec une clef, un verrou, une barre. Embas (en), En bas. Ex. Ee thermomètre marque six eji embas de zéro. DES CANADIENS-FRANÇAIS 275 Emberlicoter (s'), v. pron. S'embarrasser. V. le mot suivant. Emberlificoter, v. a. — Embarrasser, empêtrer. Ex. ]eVemâer///îco^era/ au pre- mier jour, s'il cherche encore à me blaguer. — Enjôler. Ex. Il m'a conté un tas d'histoires, tellement qu'il a fini par vx' emberlificoter, et je lui ai prêté cinq pias- tres. Le vieux français disait cmburclicoquer. La langue a conservé le mot emberlificoter dans le style familier, et l'on trouve en patois embcrlander, embcrlbier et cmber- lofier, toujours pour exprimer la même idée. Emberlificoter (s'), v. pron. S'empêtrer. Ex. S'e7nberlificotcr les jambes dans les brari- ches. S' emberlificoter dans son discours. Emberné, adj. — Dans l'embarras de mauvaises affaires. Embêter, v. a. Aveugler quelqu'un en affaires. Ex. Il l'a embêté propre- ment. Embiber, v. a. — Imbiber. Embich'ter, v. a. — Avaler vite. Ex. J'ai embicJi'té ce verre de vin avec un grand plaisir. — Mettre, déposer. Ex. E^nbich Hc-m.o\ ce cinq piastres dans ton porte-monnaie. Embobiner, v. a. Vêtir chaudement. Ex. Cette femme est bien e7?ibobi?iée. Embobiner (s'), v. pron. S'envelopper avec soin pour se garantir du froid. Emboîter, v. a. — Mettre en boîte. Embotter (s'), v. pron. — Mettre ses bottes, Embouchage, n. f. Embouchure. Ex. Le jeune Dumais joue bien de la flûte, il a une belle embouchage. Embouffetage, n. m. — Action d'embouffeter, Embouffeter, v. a. Travailler les planches de manière à ce qu'elles puissent être assemblées au moyen de rainures et de languettes. 276 LE PARLER POPULAIRE Embouffeteur, n. m. — Qui embouffette. Embourber, v. a. — Engager dans la neige. Ex. Mon cheval est etnbourbê^ detelons-le. — Engager dans un travail de longue haleine et rempli de diflScultés. Embourber (s'), ^ • pron. — S'engager dans un ba7ic de neige. — Se livrer à des travaux multiples dont on ne peut pré- voir l'issue. Embourrer, v. a. Envelopper. Ex. Emboiwre-vsxoÀ ce paquet de linge ? Embouveter, v. a. — V. Erabouffeter. Embrassem*nt, n. m. Embrasem*nt, action d'élargir de dehors en dedans la baie d'une porte pour donner du jeu aux battants. Embrelicotage, n. m, — Confusion, brouillamini. Embrelicoter, v. a. — Embrouiller. Embreunir, v. pron. S'embrunir, se couvrir. Ex. Le temps s'cmbreimit. Embrocher, v. a. Mettre du poisson en broche, pour former une brochetée. V. Broche et Brochetée. Embrouille, n. f. Embarras, confusion. Imbroglio des Italiens. Eméché, adj. Pris de vin. Ex. Mon garçon, tu commences à être pas mal êméchê. Emécher, v. a. — Moucher. Ex. Emécher la chandelle. Emérillon, n. m. — Eper^'ier brun, ou faucon des marais. Emiocher, v. a. — Emietter. Emitation, n. f. Imitation. Ex. Ces meubles ne sont pas en chêne solide, mais en emitation. Emite, n. f. Limite. Ex. Il y a des émîtes à tout. Il fait beau sans é mites. DES CANADIENS-FRANÇAIS 277- Emiter, v. a. — Imiter. Emmaigrir, v. a. et n. — Amaigrir. Emmalicer, v. a. — Rendre malin. Emmaler, v. a. — Mettre dans une malle. Emmancher, v. a. — Etre pris dans une mauvaise affaire. Ex. S'est-il fait emmancher un peu ? — Habiller, vêtir. Ex. Ne va pas sortir emmanché comme cela. Emmanchure, n. f. — Affaire mal conduite. Ex. Je suis pris dans une triste emmanch2ire. — Manière dont un outil est emmanché. — Habit mal fait. Ex. Quelle emmanchure as-tu sur le dos ? Emméliorer, v. a. — Améliorer. Emmenable, adj. Qui peut être emmené. Ex. Habillé comme tu es, mon petit, tu n'es pas emmenable. Emménager, v. a. Mettre aux bons endroits les collets, les trappes destinées à prendre les animaux à fourrures. (Terme de vénerie.) Emmener, v. a. Amener. Ex. Cet hiver, il neige tous les jours que le Bon Dieu emmené. Emmerdement, n. m. — Ennui profond. Emmerder, v. a. — Tromper grossièrement. Emmerder (s'), v. pron. — S'ennuyer beaucoup. Emmiâler, v. a. Tromper comme un chat, chercher à séduire par des avis doucereux, leurrer. Emmitainer, v. a. — Mettre des mitaines. Emmitainer s', v. pron. — Se mettre des mitaines. Emmitoner (s'), v. pron. — Mettre ses mitons. V. Miton. Emmouracher (s'), v. pron. — S'amouracher. Emmurailler, v. a. Emmurer, enfermer entre des murailles. Emouchettes, n. f. pi. — Mouchettes. 278 LE PARLER POPULAIRE Emoustillé, ée, adj. part. Agité, remuant. Ex. Cet enfant est passablement emous- tillé, il faudra le calmer. Emouver, v. a. — Emouvoir. Emouver (s'), v. pron. — S'émouvoir. Emoyer (s'), v. pron. S'enquérir, s'informer. Expression acadienne. Empaffé, e, adj. — Enivré. Empaffer (s'), v. pron. Se bourrer de nourriture ou se gorger de vin. Empaillure, n. m. Empaillage, action d'empailler. Ex. \,' eitipaillure d'une chaise. Empanner (s'), v. pron. — S'en faire accroire. Emparer (s'), v. pron. S'empresser, Ex. Je me suis emparé de lui faire savoir ma façon de penser. (Cl.) Empas, n. m. pi. Gonflement inflammatoire du palais des chevaux. Empâter, v. a, — V. Ampâter. * Emphase, n. f. Conviction, énergie. Ex. Parle-t-il avec emphase cet ora- teur là ? (Angl.) * Emphatiquement, adv. Catégoriquement. Ex. ^Q.vi\^ (x\.2ie7nphatique'ment. {hn^.') Empiétation, n. f. — Empiétement. Empîffer, v. a. — Empiffrer. V. Empaffer. Empigeonner, v. a. Etre sous l'influence d'un être supérieur. Ex. Je ne sais ce qui se passe, mais depuis quelque temps je ne puis rien faire de bien, mes animaux meurent les uns après les autres, je crois vraiment que je suis empigeo7inê. Empilage, n. m. — Empilement, action de mettre en pile. Empille, n. f. Empile, ligne, fil qui s'ajoute au bout des lignes latérales. (Terme de pêcheur.) Emplâte, n. f . — Emplâtre. DES CANADIENS-FRANÇAIS 279 Emplâtre, n. m. et f. — Personne gauche et un peu niaise. Ex. Quel e^nplâtre que j'ai là à mon service. — Emplâtre, n. m. Ex. Une bonne emplâtre de moutarde. Emplayer, v. a. Employer. Ex. yioif emplaye Qmc\yiz.n\& mains. Emplette (faire), loc. Devenir père d'un nouvel enfant. Ex. Me dirais- tu qui ce qui vient de faire emplette ? Entends- tu les cloches qui sonnent le baptême ? Empleyer, v. a — Employer. Emplir, v. a. — Ne pas tarir en racontars. Ex. Ne viens pas m' emplir comme tu as déjà fait. Emplois, n. m. — Empois. Empocher, v. a. — Blouser. (Terme de billard). — Mettre en poche, en sac. Ex. Empocher des patates, des carottes, des navets. Empocheter, v. a. Empocher, mettre dans sa poche. Ex. Empocheter à&sxxxox- bres. Empoélure, n. f. Substance charbonneuse qui se dépose à la surface extérieure des chaudrons exposés au feu. Empoisonner, v. a. Sentir mauvais. Ex. Sauve-toi, mon petit salaud, tu e7}i- poiso7i7ies tout le monde. * Emporter, v. a. — Adopter. Ex. Cette motion sera-t-elle adoptée? Empor- tée, carried, (Angl.) — Enflammer. Ex. Cet enfant a toute une joue emportée. — Emporter le morceau, réussir d'emblée. Emprêter, v. a. Emprunter, Empunaisé, e, adj. part. Infesté de punaises. 28o LE PARLER POPULAIRE En, adv. — Passer e7i belette, filer dru. — Marcher en bedeau, marcher avec ordre. — Passer en souris, fuir honteux. — Voir tout en soleil, avoir des éblouissem*nts. En aiguillettes. — V. Aiguillettes. En approbation. — V. Approbation. En arracher. — V. Arracher. Enarvement, n. m. — Enervement. Enarver, v. a. — Enerver, En bas de, loc. adv. Au-dessous. Ex. Le thermomètre marque 5** en bas de zéro. Emu, e, adj. part. Sous l'effet des spiritueux, Ex. Je commence à être légè- rement ému, je m'en aperçois. Encabaner (s'), v. pron. — Se réfugier dans sa cabane, dans sa maison, pour y séjourner. — Se couvrir la figure d'une manière presque complète, Encache, n, f . — Enveloppe de lettres. Encadrage, n. m, — Encadrement. Encager, v. a. — Mettre en prison, Encalifourchonner, v. a. — Mettre à califourchon. Encalifourchonner (s'), v. pron. Se mettre à califourchon. Encalmé, e, adj. — Vaisseau pris dans une accalmie. Encan, n. m. — Par encatt, à l'encan, Ex. Fais-tu vendre ton ménage par encan ? Oui, par encan. — Faire enca^i, vendre à l'encan, Encanter, v, a, — Vendre à l'encan. V. Ancanter, Encanteur, n. m. Commissaire-priseur, Ex. Le meilleur encanteur de Qué- bec, c'est M, Maxime. Encapoter, v. a. Mettre un capot sur le dos d'un autre. Ex, Je vais \.' eyi ca- poter, afin de ménager ton rhumatisme. DES CANADIENS- FRANÇAIS 28 1 Encapoter (s'), v. pron. S'habiller soi-même pour sortir. Ex. Encapote-toi comme il faut, car il fait une tempête. Encarcaner, v. a. — Mettre un animal au carcan. — Réduire une personne à l'impuissance. Ex. Si tu ne te retires tout de suite, je vais \' eticarcaner. Encaver, v. a. — Faire une entaille dans le bois. — Enfoncer un objet dans un autre ou dans le sol. Encenser, v. a. Remuer la tête de haut en bas. Se dit du cheval. Enchâsser, v. a. — Encenser. Enchensoir, n. m. — Encensoir. Enchiforné, adj. — Enchifrené. En ci, loc. D'ici à. Ex. Nous avons le temps de nous voir en ci et le jour de l'An. Enclaquer (s'), v. pron. — Mettre ses claques. Enclaver, v. a. — Anneler. Enclope, n. f. Abot, entrave au pied d'un cheval. Enclos, n. m. Fourrière. Ex. Mettre un cheval à V enclos. Encombrance, n. f . — Encombrement, embarras. Encombrer, v. a. Mettre plus que la mesure. Ex. Tu vas me donner un minot d'avoine, mais tu mettras la mesure enconibi-êe, et je te paierai en éqiiipollent. Encontre (à I'), — Aller à Veyicontrc, aller au contraire. Encornailler (s'), v. pron. Encorner. Ex. La noire et la grise passent leur temps à s' eyicornailler . Encorner, v. a. Frapper avec les cornes, sans blesser. Ex. Je me suis fait encorner par une vache, elle ne m'a pas fait mal. Encre de perle, n. f . — Nacre de perle. V. Ancre. 282 LE PARLER POPULAIRE Encrotté, e, adj. Rempli de crottes. Ex. Avoir le nez encrotté. Encrucher, v. a. — Mettre eu cruche. En deci, loc. adv. D'ici à. Ex. Je te paierai en deci Noël. Endécis, adj. — ludécis. En dedans de, loc. adv. Eu moius de. Ex. Mon cheval fait sou mille en dedans de trois minutes. Endéhorer, v. a. Sortir. Ex. Eridéhore-moi la porte au plus vite, ou je vais me fâcher. Endémené, ée, adj. Espiègle, turbulent, évaporé. Ex. Cet enfant est e7idé- viené. Expression très en vogue autrefois en France. (Lac. de S. P.) En démon, loc. — Furieux. En dessous, loc. adv. Hypocrite, sournois. Ex. Cette fille me paraît en dessous. Endëver, v. a. Impatienter. Ex. Je l'ai fait endèvc7- de mon mieux. Du français diable, de l'italien diavolo, de l'anglais devil. En devoir, loc. — V. Devoir. En diable, loc. — En furie. Endormable, adj. Qui peut être endormi. Ex. Des enfants qui ne sont pas C7idormablcs. Endormir (s'), v. pron. — Se rebuter, se lasser. Ex. C'est un paresseux, il s'en- dort sur son ouvrage. Endormitoire, n. f. Sommeil. Ex. Tu ne dors pas, prends de l'eau à.' endormi- toire. Vers dix heures, Vcndonnitoire me prend, et je me flanque au lit. Endos, n. m. Endosse, trouble, peine, ennui. Ex. C'est toujours le pau- vre qui a Vetidos. DES CANADIENS-FRANÇAIS 283 Endreit, n. m. — Endroit. — Pays natal. Ex. Nous sommes tous les deux du même endreit. Endreitte (à I'), loc. Côté par lequel une chose doit être regardée. Ex. Regarde à Vendrette plutôt qu'à l'envers. En France on dit à Vendrette pour envers, vis-à-vis. Endurer, v, a. — Tolérer. Ex. Je Vendzire, celui-là, mais ça force. — Avoir besoin. Ex. Il fait froid, f etidiirerais bien un manteau pesant. Endurer (s')f v. pron. Supporter la douleur. Ex. J'ai un si gros mal de tête, que je ne suis plus capable de m ^endîirer. En échiquette. — V. Echiquette. Enfaîter, v. a. Emplir jusqu'au faîte. Ex. Nos foins sont terminés, la grange est etifaîtée. Enfaller, v. a. Se dit des volailles qui n'ont pas pu digérer les aliments contenus dans leur falle (jabot) Enfaller (s'}, v. pron. — S'engouer. Enfance, n. f. Sénilité. Ex. Ce vieillard est en e?ifance, c'est certain, il a des paroles écartées. Enfant de chienne, n. m. Expression grossière à l'adresse d'une personne tarée. Enfant du diable, n. m. — Bête puante, putois. Enfarges, n. f. pi. Entraves mises aux chevaux ou aux bœufs pour les empê- cher de sauter les clôtures. Enfarger, v. a. — Mettre les enfarges à un cheval. — Réduire quelqu'un à l'impuissance. Enfarger (s'), v. pron. — Se fourrer dedans. 284 LE PARLER POPULAIRE — S'empêtrer. Ex. Ce charretier s'est enfargê les jambes dans ses cordeaux. En fête, loc. — Sous l'influence des liqueurs fortes. En fifre, loc. — De très mauvaise humeur. Enfifreouâper, v. a. Berner outre mesure. Ex. Je l'ai enfifreouâpé de la belle façon, il ne s'est aperçu de rien. Enfifreouâpeur, n. m. — Qui fait l'action de tromper. Enfilée, n. f . — Enfilade. Enfiler, v. a. — Accompagner. — Enfiler des perles, flâner, s'amuser. D'après Oudin, enfi- ler des perles se disait autrefois pour être U7i grand discou- reîir. enfiler (s'), v. pron. Manger. Ex. Je me suis enfilé une tranche de rosbif sai- gnant. Enfioler, v. a. — Avaler avec rapidité. Enflammable, adj. — Inflammable. Enflammation, n. f. — Inflammation. Enflammatoire, adj. Inflammatoire. Ex. Je souffre d'un rhumatisme enflamma- toire. Enfle, n. f . — Enflure. Ex. Ce garçon a une enfle au visage. Enflé, e, n. m. et f. Enflé, adj. Individu bouffi d'orgueil. Ex. Un grot enflé. Enfoncer, v. a. — Réfuter, réduire à quia. Ex. Monsieur Ladue a enfoncé son adversaire sur tous les hustings. — Perdre son argent. Ex. Il s'est fait ejifoncer dans sa récente spéculation à la Bourse. Enfouir (s'), v. pron. —S'enfuir. Enfourner, v. a. Avaler. Ex. Enfourne-vaox ça dans dans ton gosier. Enfrédir, v. n. — Refroidir. Enfrédir (s'), v. pron. — Se refroidir. Ex. he temps s' en/rédit. Enfroidir, v. n. — Refroidir. DES CANADIENS- FRANÇAIS 285 Enfroidir (s'), v. pron. — Se refroidir. En fusil, loc. — D'une humeur massacrante. Engagé, e, adj. Serviteur, domestique. Ex. J'ai deux filles engagées \ mon service. Engagement, n. m. — Fiançailles, Ex. Mademoiselle, voici votre bague d'en- gagement. — Rendez-vous. Ex. J'ai un engagement avec le rédacteur de Y Action Sociale pour dix heures. * Engager, v. a. — Se fiancer. Ex. Pierre et Lucette se marieront aux jours gras, voilà déjà plus d'un an qu'ils sont etigagés. (Angi.) — Occupé. Ex. Hello ! voulez-vous me mettre en commu- nication avec le numéro 1828? — La ligne est engagée. (Angl.) Engager, ère, adj. Domestique. Ex. J'ai une bonne fille engagere que je paie dix piastres par mois. Enganter, v. a. — Mettre des gants. Enganter (s'), v. pron. Mettre soi-même ses gants. Engearber, v. a. — Engerber. Engencement, n. m. —Agencement. Engenouiller (s'), v. pron. —S'agenouiller. Engin, n. m. — Locomotive. * English, Inn-glishe, (m. a.) — Saint- Augustin, 14 points. (T. d'impr.) — Double english, palestine, 28 points. Engouer (s'), v. pron. S'étouffer en mangeant. Borel écrit : Engouer, se sufi'oquer en mangeant. En grand. — Servir la messe en grand, remplir les fonctions de thuri- féraire ou de cérémoniaire. — D'une façon extraordinaire. Ex. En voilà un qui s'est fait blaguer eii grajid. 286 LE PARLER POPULAIRE Engrandir, v. a. — Agrandir. Engrener, v. a. S'enraciner. Kx. Il ne faut pas laisser eng7-ener le mal avant qu'il soit trop tard. Engrener (s'), v, pron. — Accoutumer. Ex. Je suis tellement eiig^-ené dans cette affaire, que je me crois indispensable à ceux qui l'ont entreprise. — Persister. Ex. Pourquoi s' engrener dans cette mauvaise habitude de trop boire de vin ? En gribouille. — En difficulté, en chicane. Enguenilié, e, adj — Déguenillé. Engueulade, n. f. — Action d'engueuler. Engueulement, n. m. — Action d'engueuler. Engueuleur, n. m. Celui qui engueule, qui dit de grossières injures aux autres. Engueuler, v. a. — Dire de grosses injures. Engaiabler, v. a. — Endiabler. Enhuiler, v. a. — Oindre d'huile. En j'iiaut, prép. — En haut. Enjôleux, euse, n. et adj, — Enjôleur. En l'air, loc. — Evaporé. Ex. Une jeune fille en Pair. — Dans un endroit élevé. Ex. Monter en Pair, sauter e7i Pair, grimper en Pair. — Gai, joyeux. Ex. Comme tu es eti /'azV aujourd'hui, sur quelle herbe as-tu pilé ? Enlargir, v. a. — Elargir. Enlever (s'), v. pron. — S'en aller. Enlourdir, v. n. — Alourdir. En mains, loc. — En caisse. Enmialer, v. a. — V. Amiauler. Enmoyenné, e, adj. En moyen. Ex. Quand je serai plus enmoyenné, je te paierai. Enneiger, v. a. Couvrir de neige. Ex. Si tu veux conserver tes viandes durant l'hiver, mets-les dans un baril et emieige-l^s. DES CANADIENS-FRANÇAIS 287 Enneiger (s'), v. pron. Etre couvert de neige. Ex. Il fait une tempête épouvanta- ble, me voilà tout enneigé. Ennicher, v. a. — Mettre dans une niche. En nuit. — Durant la nuit. Ennuyant, adj. Ennuyeux. Ex. Dieu, que c'est ^w;zz<!>'a;z/ .^ Ennuyer (s') de quelqu'un. Eprouver de l'ennui de son absence. Ennuyeux (être), loc. S'ennuyer d'habitude. Ex. Je suis incapable de m' absenter de chez moi pour plus d' une semaine, je suis trop en7uiyeîix. Enondation, n. f. — Inondation. Enonder, v. a. — Inonder. * En opération, loc. En vigueur. Ex. Cette loi sera mise e?i opération, aussitôt qu'elle aura été sanctionnée par le lieutenant-gouver- neur. (Angl.) En outre, loc. adv. Outre. Ex. Qu'est-ce que tu veux en outre de ce que je t'ai déjà donné ? En par (d'), loc. adv. — Dès le moment même. Ex. C'est fini </'<?« /ar /à. — A partir de. Ex. D' eyi par aujourd'hui, je ne reconnaî- trai plus tes dettes. En petit, loc. Servir la messe en petit, remplir les fonction d'acolythe. En plein. — Beaucoup. Enque, n. f. — Encre. En quelque part, loc. adv. Quelque part. Ex. WfsX bSXÔ. en quelque part. Enrager, v. n. Etre tourmenté d'un désir violent. Ex. J'enrage d'aller me promener aux Etats. En rapport avec, loc. Au sujet de. Ex. M. l'avocat est venu à Québec, en rap- port avec l'affaire de la banque de St- Pierre. 288 LE PARLER POPULAIRE Enrefreidir (s'), v. pron. Se refroidir. Ex. Le temps s'est enrefreidi depuis le matin. Enrefroidir (s',) v. pron. — Se refroidir. Enregistrer, v. a. — Recommander. Ex. Je viens de recevoir une lettre pleine d'argent, heureusem*nt qu'elle était enregistrée^ (Angl.) — Enregistrer, porter sur un registre. Enrelaidir (s'), v. p. S'enlaidir. Ex. Mademoiselle L,arivière 5' ^;«r(?/azfl?z/ tous les jours. En relation avec, loc. —En rapport avec. Enretourner (s'), v. pron, Retourner. Ex. Nous nous e^ireiournerons chez nous demain matin. Enrevenir (s',) v. pron. Revenir. Ex. Je suis enreve7iu avec mon petit bonheur. Enrhumé, e, adj. — Enroué. Ex. Il a le parlé enrhumé. Enroser, v. a. — Arroser. Oudin et Cotgrave citent ejtroser. Enrouillé, e, adj. —Enrhumé. Enroutiner, v. a. — V. Aroutiner. Enroutiner (s'), v. pron. — V. S' aroutiner. Enseigner, v. a. Donner une prescription. Ex. L,e docteur m'a enseigné un bon remède pour le rhumatisme. Ensemble (se mettre), loc. Se dit d'un homme et d'une femme qui se marient. Breton et sa femme se sont mariés, Se sont mis ensemble, c'est pour faire des paniers. Ensembler, v. a. — Assembler. En snette, loc. — En boisson depuis plusieurs jours. En sorcier, loc. — En furie. * En style, stdilc (Angl.) — Bien habillé, bien mis. — Bien disposé, en joie. Ensumencer, v. a. — Ensem*ncer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 289 Entaille, n. f. lucisiou faite à l'érable pour permettre à la sève de s'écouler. Entailler, v. a. — Faire une incision à l'écorce de l'érable pour permettre à la sève de s'écouler. — Fabriquer du sucre d'érable. Ex. Ejitaillez-vons, ce printemps? — vSans doute, je vais commencer demain. Entarder (s'), v. pron. — S'attarder. En temps, loc. — A l'heure fixée d'avance. Ex. Le train est-il en temps f — A temps. Ex. Tu tâcheras d'arriver en temps. Entendement, n. m. — Ouïe. Ex. Il est un peu dur d '(f;^/^7^<fé'w^;^/. — Entente. Ex. Il n'y a pas d V«/^«rf^;7Z(?;;/ possible avec un être comme ça. Entendre, v. a. — Entendre dur, avoir l'oreille dure. — Etre sourd d^tcne oreille et ne pas entendre de l 'autre, être complètement sourd. — Ne pas e?itendrc de cette oreille-là, ne pas l'entendre de cette façon. Enterfaite, n. f. — Entrefaite. Enterprenant, adj. — Entreprenant. Enterprendre, v. a. — Entreprendre. Enterprise, n. f. — Entreprise. Enterrable, adj. — Oui peut être enterré. Enterrement, n. m. Ereintement. Ex. Ce beau parleur n'a pas été heureux ; son adversaire lui a servi un enterrement de première classe, tout en le couvrant de fleurs. Enterrer, v. a. Couvrir. Ex. Va voir dans la cour si ton traîneau n'est pas enterj'é dans la neige. — Fêter. Ex. Nous allons, ce soir, enterrer le mardi gras. Enterrer (s')» v. pron. Etre surchargé. Ex. Je suis d';^/^?/-/ dans l'ouvrage depuis un mois. 19 290 LE PARLER POPULAIRE * Entertainement, (m. a.) — Divertissem*nt. Entertiendre, v. a. — Entretenir. Entêter, v. a. Causer des maux de tête. Ex. Ce parfum-là entête. Enteur, prép. Entre. Ex. Tu passeras enteur deux. Enteurse, n. f. Entorse. Ex. Je me suis fait une enteîirse à la jambe. Entièrement, adv. — Entièrement. Entôlage, n. m. — Action d'entôler. Entôler, v. a. Poser de la tôle. Ex. Eyitoler un poêle. Entome, n. f. Entame. Ex. jLV«/^w^ d'un pain. Rabelais a écrit entomme. Entomer, v. a. — Entamer. Entonne, n. f . — Entonnoir. Entonnoir, n. m. Buveur. Ex. Quel ^«/^;z;zi7z> que cet ivrogne ! Entonnoué, n. m. — Entonnoir. Entortiller, v. a. — Circonvenir, tromper. Entortiller (s'), v. pron. Se vêtir chaudement. Entour, adv. Autour. Ex. Je l'ai toujours entour de moi. En tous les jours, loc. En habit de semaine. Ex. Je suis dans mon en tous les jours, je n'irai pas à l'église comme cela. Entrage, n. f. Ouverture donnée à un hameçon pour former la courbe voulue. En train (se mettre), loc. —vS' enivrer. Entre ci, adv. D'ici à Ex. Entre ci Pâques, il y a quarante jours. Entre=cloison, n. f. Cloison en bois lattée, et préparée pour recevoir le crépi. Entre=deux, n. m. Séparation entre deux stalles (barrures) d'écurie. DES CANADIENS- FRANÇAIS 29 1 Entregarder (s'), v. pron. Se regarder réciproquement. Ex. Ils s' entregardent zommo^ deux chiens de faïence. Entregeler, v. a. A moitié gelé. Ex. De la viande eiitregelêe. Entre=manger (s'), v. pron. Se dire des injures mutuellement. Ex. A quoi bon vous entre?nanger tous deux ? accordez-vous. Entrée, n. f. — Vestibule. Ex. Essuyez vos pieds dans Ve^itrée. — Inscription. Ex. Tu auras la précaution de faire cette entrée dans le journal. Entremi, adv. A travers. Ex. Le pommes ne sont pas bien grosses, cette année, mais il y en a de fameuses entremi. Entremordre (s'), v. pron. Médire l'un de l'autre. Ex. S' entremordre entre voisins, ce n'est pas édifiant. Entre=plancher, n. m. Entrevous, intervalle entre deux solives dans un plancher. Ex. Vous mettrez du mortier dans V eiitre-plancher. Entreprendre, v. a. — User jusqu'à la corde. Ex. Mon propriétaire ne fait pas de trop bonnes affaires, je crois qu'il en a grand à! en- trepris. — Réduire, mettre à la raison. Ex. Si tu veux dire comme moi, nous allons V entreprendre , celui-là. Entrequien, n. m. Entretien. Ex. Une maison à! entrequieyi. Entrequien (dur d'). loc. Difficile à soigner. Ex. Mon cheval est dur d' entrequien. Entrer, v. n. — Enregistrer, inscrire. Ex. Veuille donc ér/z/r^r ce compte au grand-livre. — Faire entrer. Ex. Entre le cheval dans l'écurie. Entrer=sortir, v. n. Entrer et sortir. Ex. Il n'a fait qyi' entrer-sortir. 292 LE PARLER POPULAIRE Entresembler (s'), v, pron. Se ressembler. Ex. Ils s' entresemblent comme deux gouttes d'eau. * Entretenir, v. a, — Recevoir. Ex. Nous avons passé deux jours chez lui, il nous a entretenus princièrement. (Angl.) — Concevoir. Ex. Y entretiens des doutes sur son compte. (Angl.) Entretint, part, passé. Entretenu. Ex. J'ai entreti7it mon homme pendant une grosse heure. Entreverdir, v. n. Commencer à verdoyer. Ex. Les arbres etitreverdisseni à vue d'oeil. Envaler, v. a. Avaler. Ex. Envale-moi ça, mou vieux, ça va te guérir. Enutile, adj. — Inutile. Envaliser, v. a. — Emballer, empaqueter. Envarié, e, adj. — Avarié. Envelime, adj. En furie. Ex. Ne me parle pas ce matin, je suis envelime. Envelimer, v. a. Envenimer. Vieux français. Un ancien proverbe disait : Paroles rapportées Sont enveliniées. Envelimure, n. f. Plaie ou coupure infectée par le contact d'un insecte veni- meux. Envers (à 1'), loc. adv. — Bouleversé. Ex. Qu'as-tu? tu me parais tout à/ V/7Z'^r.y. — Tourjier son capot à V envers, changer de parti politique. En veux=tu en v'ià, loc. En grande abondance. Ex. Des noisettes, cette année, il y en a en veux-tn en v'ià. Envieux, n. m. Envie, petite pellicule qui se détache de la peau autour des DES CANADIENS-FRANÇAIS 293 ongles. Ex. J'ai un envieux au pouce. Envieux se dit en France, mais au féminin : une envieux. En v'Iime, loc. — V. Envelime. Environs (aux), loc. Environ. Ex. J'ai aiix environs de quinze piastres dans ma poche. Environs (dans les), loc. A peu près, environ. Ex. Il y a bien dans les environs de deux lieues pour aller au saut Montmorency. Envoi, n. m. — Facture. (Angl.) — Note. Envoirai (J'). futur du verbe envoyer. J'enverrai. Ancienne forme française. Nous disons aussi j'envoirais au conditionnel. Envolée, n. f. Elan. Ex. J'ai pris mou envolée et j'ai sauté par-dessus la clôture. Envoyable, adj. Qui est à euvoj^er. Ex. Ce paquet n'est pas envoyable, arran- gé comme il est là. Envoyer, v. a. — // s'est fait envoyer cela, compter avec des expressions dures. — Ça, c'est envoyé, c'est bien dit. — Envoyer faire foîite, chasser. — Envoyer soîis le four, chasser. — Envoyer à la gonune, chasser. — Eyivoyer le torchon, dire des mots durs. — Envoyer aji diable, envoyer au sucre, envoyer au sacre, envoyer paître, toutes expressions qui signifient à peu près la même idée : celle de chasser quelqu'un de sa pré- sence. Envoyer (s'), v. pron. Se mettre à l'œuvre avec une grande vigueur. Envrâler, v. a. Aller de droite et de gauche dans le but de voir ou de faire 294 LE PARLER POPULAIRE des recherches. Ex. Qu'as-tu à vouloir ainsi envrâler tout le quartier. — Faire table rase, s'emparer de tout ce qui se présente. Envrâleux, se, n. et adj. — Qui rôde ci et là avec ou sans but particulier. — Qui s'empare de tout ce qui lui tombe sous la main. Envriller, v. a. — Vriller. Epailler, v. a. — Disperser. Epailler (s'), v. pron. — Se disperser. Epais, se, adj. — En quantité. Ex. A force de dépenser son argent, à la fin il ne lui en restera pas épais. — Chargée, en parlant de la langue. Ex. Avoir la langue épaisse. — Saint- Epais, individu lourd, grossier. — Ne pas €71 avoir épais S2ir le brochet, être très maigre. — Etre épais dans le phis mince, être très lourd d'esprit. Epanouir (s')» v. pron. Fromage qui prend la consistance de la crème. Ex. Un fromage raffiné qui s ^épanouit. Epargne, n. f. — Surtout de table. Eparpailler, v. a. Eparpiller, répandre sans ordre. Ex. \,ç. ioxu ^s\. éparpaillé dans la grange. Eparpillage, n. m. Eparpillement, action d'éparpiller. Epatant, adj. — Etonnant. Ex. Ce gas-là est épatant. Epaté, e, adj. Abasourdi, dans un grand étonnement. Ex. Je suis allé voir les pageants, et j'ai été épaté. Epatement, n. m. — Action d'épater. Epater, v. a. — Etonner. Epater (s'), v. pron. — S'étonner. Epatrouillant, adj. — Epatant, étonnant. Epatrouiller, v. a. — Etonner outre mesure. Epaule, n. f. — Avoir les épaîcles larges, pouvoir endurer beaucoup. DES CANADIENS-FRANÇAIS 295 — En avoir par- dessus les épaules, ne pouvoir endurer davan- tage. Epée, n. f. — Brave comme Vépêe du roi, très brave. Epées, n. f. pi. Ridelles placées en avant et à l'arrière d'une charrette pour permettre une plus grosse charge de foin ou de gerbes. Epelan, n. m. — Eperlan. Epargne, n. f . — Surtout. Epervier des pigeons, n. m. —Faucon des pigeons. Epeurer, v. a. Effrayer. Ex. Epeiire-mox point, je suis trop nerveux. « On peut être épeuré sans être effrayé ». — (Jaubert.) Epiceries, n. f. pi. Epicerie. Ex. Où achètes-tu tes épiceries f — Chez l'épicier du coin. Epine, n. i, — Aubépine. Ex. V no. \i2i\Q à' épines. Epine du dos, n. f. — Epine dorsale. Epine dorsale du dos. —Epine dorsale. Epinette (petite), n. f. — Epinette blanche. Epinette rouge, n. f. — Mélèse d'Amérique. Epingle de bois, n. f. Petit instrument en bois, avec ouverture dans le sens de la longueur, qui sert à tenir en place le linge suspendu sur une corde pour le faire sécher. Epinglette, n. f.— Broche, épingle. Epingue, u. f. — Epingle. — Jouer aux épingues, jouer à la poussette. Epître, n. f. Chanter une épître, faire des remontrances. Eplucher, v. a. Peler. Ex. Marie, épluche les patates pour le dîner, tu éplu- cheras aussi un peu de blé d'Inde et des pommes. Epluchette, n. f. Réunion de parents et d'amis où on enlève au blé d'Inde en épi ses feuilles. Eplucheux, euse, n. m. et f. - Eplucheur. 296 LE PARLER POPULAIRE Eplure, n. f. Pelure. Ex. Des ^/z^r^5 de patates, d'oignons. Epoiler, v. a. — Enlever le poil. — Battre, rosser. Epoitrailler (s'), v. pron. Laisser sa poitrine découverte. Epoitriner (s'), v. pron. — Se forcer les poumons à crier. Ex. Je me suis êpoitrinê à force de crier après lui. — Menacé de phtisie. Epaumoner (s'), v. pron. S'époumoner, crier à pleins poumons Eponge, n. f. Buveur invétéré. Ex. C'est une vraie éponge, il boit depuis des années et ne dérougit point. Epongeage, n. f. — Action d'éponger. Eponger, v. a. Enlever avec un linge humide le lustre des draps, afin d'évi- ter les taches que la pluie 5' ferait sans cette précaution. Epouffer (s'). ^'- pron. Pouffer. Ex. En entendant cette drôle d'histoire, il s'est épouffé de rire. Epoussetoir, n. m. — Epoussette. Epoussettouer, n. m. — Epoussette. Epoussièrer, v. a. — Epousseter. Epouvante, n. f. — Grande hâte. Ex. Il fait tout à V épouvante, ça devient fatigant. — Allure vertigineuse. Ex. Mou cheval a pris 1 '</>c'z<z'a«/^, nous avons manqué nous tuer. Equarri, e, adj. Bien planté. Ex. Voici un gas qui est bien êquai-ri. Equarriture, n. f. vStature, carrure. Ex. Le garçon de mon frère a une belle equarriture. Equerre, n. f. — Tiré à Véquerre, bien tiré. DES CANADIENS-FRANÇAIS 297 Equeuter, v. a. Enlever la queue. Ex. Equeiitcr des pommes, des cerises. Equilatéral, adj. Indifférent. Ex. Cela m'est pas mal equilatéral. Equilibre (sur T). loc. Indécis. Ex. Je suis sii7- Véquilibre pour pouvoir dire si je partirai. Equiôlé, e, adj. — Etiolé. Equipage, n. f. Dégât. Ex. Les enfants ont étendu toutes leurs bêbelles au beau milieu de \z place, c'est pas qu'une petite éqidpagc. Molière a employé ce mot pour désigner costmne, et La Fontaine pour meubles. Equiper, v. a. — Salir. Ex. Comme je passais au coin, je me suis étendu tout de mon long, et j'ai équipé va^^ pantalons. — Dans une situation pénible. Ex. En voilà un qui en a grand à! équipé. — Malade, blessé. Ex. Je me suis fait mal à la main en tombant, regarde comme j 'ai le pouce équipé. Equiper (s'), v. pron. — Se salir. Ex. S'équiper les pieds en marchant dans la boue. — Se blesser. Ex. Je me suis équipé la jambe sur une pierre. Equipet, n. f. Petit compartiment dans un grand coffre, où l'on dépose les menus objets. Probablement du nio\. éclipèque, qui, en France, veut aussi dire tiroir latéral d'iin coffre. Equipollent (en), loc. adv. A r equipollent, équivalant. Ex. Tu me donneras ce que tu voudras, mais en équipolleyit de ce que je t'ai donné. Erable bâtarde, n. f. — Erable à épis. Erable sirop (d'), n. m. Sirop fabriqué avec l'eau ou la sève extraite de l'érable. Erablière, n. f. — Forêt d'érables. Erailler, v. a. — Ecorcher légèrement, effleurer la peau. 298 LE PARLER POPULAIRE Erailler (s'), v. pron. — S'érafler. Erbière, n. f. Estomac des ruminants. Ex. Je lui arraché V erbière. La- curne de Sainte- Pallaye cite ce mot. Ereinte (à toute), loc. De toutes ses forces. Ex. Je l'ai poursuivi à toute éreinte, et je n'ai pu l'attraper. Erer, v. n. Errer. Ex. Si tu laisses èrer tes animaux, tu seras pour- suivi par la municipalité. Erésipèle, n. m. — Erj^sipèle. Eridelle, n. f. Ridelle. Ex. Mets les éridellcs à la charrette à foin. Erien, adv. — Rien. Ex. Je travaille presque pour erien, Erifler, v. a. — Effleurer la peau. Eriflure, n. f. — Eraflure, légère écorchure. Eripiaux, n. m. pi. —Oreillons. Erlevée, n. f. — Relevée, l'après-midi. Erocher, v. a. Enlever les roches, les pierres d'un champ. Eronce, n. f. — Ronce. Eronde, n. f. Aronde. Ex. Ma maison de campagne est bâtie à queue d 'éronde. Erre, n. f. — Arrhe. Ex. Donner une piastre d '^rr<?. V. Air. Erusser, v. a. — Détacher les feuilles d'une plante en faisant glisser dans la main, de bas en haut, la tige qui les porte. L'origine de ce mot vient du fait qu'on cueillait les feuilles du lierre (^éru) au moyen de ce procédé. — User. Ex. Tu as érussé tes culottes au genoux. Erysipère, n. m. — Erysipèle. Escabeau, n. m. — Tabouret, petit meuble qu'on met sous ses pieds. — Echelle double, échelle de peintre, de tapissier, de libraire. Escafignon, n. m. Cafignon, chausson. Ex. Quelle odeur abominable ! ça sent DES CANADIENS-FRANÇAIS 299 Vescafignon. Rabelais s'est servi de la même expression pour dire la même chose. Escalier, n. f. „ ,• Escalier, n. m. Ex. Crois-tu, quelle belle escalier. Escandale, n. m. — Scandale. Escandaleux, se, adj. —Scandaleux. Escapulaire, n. m. — Scapulaire. Escarres, n. m. pi. Etalage. Ex. Madame fait ses escâres. Escarrer (s'), v. pron. Affecter de grands airs. Ex. Madame Pépin ne s^ escarre pas qu'un peu, elle fait sa grande dame. Escarreux, se, adj. Personne affectée, vaniteuse. Esclande, n. f. —Esclandre. Esclipe, n. f . — Eclipse. Esclopé, e, adj. , • „ Eclopé. Ex. Ils se sont battus et t'^r^^^ a coups de poing, et ils sont revenus pas mal esclopés. Escogriffe, n. m. . ,, ^ a^ Homme mal bâti et de haute taille. Vient à^ escroc et de gripon. (Oudin et Cotg.) Escouer, v. a. ., . *. ^^ — Secouer. Ex. Escoue mon pardessus, il est couvert de neige. — Corriger, battre, Escouer (s'), v. pron. _ — Se donner du mal. Ex. Ce garçon arrivera, il s escoue gros. — S'agiter brusquement pour se débarrasser d une chose. Ex Va r escouer, ton habit est plein de poussière. _ Sortir, s'en aller au grand air. Ex. Cours f escouer, tu sens mauvais. Escousse, n. f. Espace de temps. Ex. Je t'ai attendu une bonne escousse. Se disait autrefois pour mouvement, action, course qui sert à mieux sauter. (Mad. de Sévigné.) 300 LE PARLER POPULAIRE Escousses (par), loc. adv. Par intervalles, à diverses reprises. Ex. Docteur, j'ai des douleurs à l'estomac, mais seulement _^a?' escousses. Escrofuleux, se, adj. — Scrofuleux. Escrupuleux, se, adj. —Scrupuleux, se. Escuse, n. f. Excuse. Ex. Je vous demande escuse. Escuser, v. a. Excuser. Ex. Escusez, Monsieur, si je vous coupe la parole. Espace, n. f. — Espace, n. m. — Inter\'alle. Espèce de . . . Locution pour exprimer toute espèce d'injures. Ex. Espèce d'imbécile ! Espèce de bon à rien ! Espèce de iraîneux ! Tout simplement Espèce. Espérer, v. a. et n. — Attendre. Ex. Espérez-vaoï, je serai à vous dans cinq minutes. — Aimer à croire. Ex. J'espère bien que vous ne me trom- perez point. * Espérette, n. f. Spiritueux, Ex. Allons prendre un verre d'^^/Zr.?//^. (Angl) spirit. Espication, n. f . — Explication. Espiègue, n. m. et f. — Espiègle. Espionneux, se, adj. — Espion. Esplicable, adj. Explicable. Ex. Une pareille conduite n'est pas esplicable. Esplication, n. f. — Explication. Espliquer, v. a. — Expliquer. Es près, adv. — Exprès. Espress, n. m. — Express. Esprit d'épinette. Finesse risquée. Ex. Cet homme, qui en a pourtant pas trop à vendre, se mêle de vouloir faire de l'esprit, mais c'est de V esprit d 'épinette. DES CANADIENS-FRANÇAIS 30r Esquelette, n. m. Squelette. Ex. Etre maigre comme un esquelette. Esquis, e, adj. — Exquis, se. Essaye, u. m. Essai. Ex. J'ai pris cet homme-là à V essaye. Esseau, u. m. Ouverture ménagée dans une digue, pour laisser couler l'excès de l'eau. Esseil, n. m. — V. Essaye. Esseu, n. m. — Essieu. Essiver, v. a. — Lessiver. Essue^mains, n. m. — Essuie-mains. Essuer, v. a. Essu5'er. Ex. Essuc la table avant de mettre la nappe. Essuifer, v. a. — Enlever le suif. Estampille, n. f. Timbre-poste. L'estampille est un timbre employé pour at- tester l'authenticité, la provenance ou la propriété d'un livre, d'un brevet. Estampiller, v. a. Poser un timbre-poste sur une enveloppe de lettre. Estampine, n. f. — Estampille. Estâtue, n. f. Statue. Ex. Pourquoi restes-tu là planté comme une estâ- tue ? Est=ce pas ? — N'est-ce pas ? Estèque, n. m. — Fin. Ex. Nous avons fini de construire cette maison, mettons-y le bouquet, ce sera V estèque. — Dernière levée, au jeu de cartes. Ex. J'ai fait V estèque. — Plan, action. Ex. Ne fais pas à! estèques pour te casser le cou. Estèqueux, euse, adj. — Personne ingénieuse. Estime, n. f. Estimation. Ex. Dans mon estime^ je crois qu'il va mou- rir aujourd'hui. * Estimebotte, n. m. (Angl.) — Steamboat. 302 LE PARLER POPULAIRE Estimer, v. a. Croire, juger. Ex. y estime que cela peut bien valoir une piastre. * Estimés, n. m. pi. Etat estimatif des dépenses. Ex. Les ^^/zw/y seront soumis à la Chambre, demain. (Angl.) Estomac, n. m, — Poitrine. Ex. Etre pris de V esto7nac ; cacher quelque chose dans son estomac. — Avoir V estomac ouvert, avoir une mauvaise digestion. — Avoir V estomac dans les talotis, avoir une grande faim. Estra, n. m. — Extra. Ex. Je paierai tous les estras. Estradinaire, adj . — Extraordinaire. Estravagance, n. f. — Extravagance. Estravagant, e, adj. — Extravagant, e. Estravaguer, v. n. — Extravaguer. Estrémité, n. f. Extrémité. Ex. Notre malade est à V estrémité. Estremeonction, n. f. — Extrême onction. Estropié, adj. Hernie. Ex. Je me suis estropié en voulant lever le poids d'un quintal. Estropier (s'), v. pron. Se blesser. Ex. Je me suis estropié au doigt. Estropique, adj. et n. — Hydropique. Etabli, n. f. — Etabli, n. m. Etage, n. m. — Phase. Ex. Nous ne sommes encore qu'au premier étage de la procédure. (Angl. ) — Etage, n. f. Ex. Monte à la seconde étage. Etain, n. f. — Etain, n. m. Ex. Une cuiller d'é tain Jine. Etaler, v. a. Laisser porter. Ex. Nous ne sommes pas beaucoup habil- lés contre le froid, n'importe, étalons. Etamper, v. a. — Dire à quelqu'un son fait. Ex. Je l'ai êtampê de la belle façon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 303 — Frapper, battre. Etamper (s'), v. pron. S'étendre de tout son long. Ex. Il est tombé dans une mare de boue, il ^ 'est êtanipê comme il faut. Etamperche, n. f. — V. Etemperche. Etancher, v. a. Sécher. Ex. Etanche ton papier avec du papier buvard. Etang, n. m. Pièce d'eau artificielle. Ex. Nous avons jeté des poissons vivants dans notre étang. Etanies, n. f. pi. Litanies. Ex. Maintenant, mes enfants, nous allons dire les cta7iies, c'est-à-dire les litanies de la sainte Vierge. Etarnité, n. f. — Eternité. Etarnuer, v. n. — Eternuer. Etats, n. m. pi. Etats-Unis. Ex, Je pars pour les Etats, je m'en vas tra- vailler dans les facteries. Etau, n. m. — Etal. Etaye, n. m. — Etai. appui, support. Eté des sauvages. Intervalle de doux temps vers la fin de l'automne, qui laisse croire que l'été va renaître. Nos sauvages profitent de ce temps pour faire leurs chasses et leurs pêches en vue de l'hiver qui va s'ouvrir. Eteil, n. m. — V. Etaye. Eteindu, e, adj. part. Eteint. Ex. As-tu éteindu la chandelle ? Etemperche, n. f. — Tendoir, écoperche. Etenderie, n. f. — Etendage, assemblage de cordes tendues sur lesquelles on étend des choses qu'on veut faire sécher. — Assemblage de choses étendues sur les meubles ou sur le plancher. Etendre, v. a. . Etendre le linge. Ex. Aujourd'hui, il fait beau, nous allons étendre. 304 LE PARLER POPULAIRE Eternité de temps, n. f. Long intervalle. Ex. Crois-tu que je vais t' attendre une éternité de temps f Etiré, e, adj. part. — Abattu, fatigué. Ex. Qu'as-tu donc, ce matin, tu es tout étiré f — Tiré, allongé. Ex. Avoir la figure étirée. Etoc, n. m. — Etau. Etoffe du pays, n. f. — Etoffe fabriquée chez les cultivateurs avec la laine de leurs moutons. — Whiskey blanc. Ex. Entrons prendre un coup à^ étoffe du pays. Etoile à grand' queue, n. f . — Comète. Etou, adv. — Aussi. Ex. Moé étou, toé étoti. Etouffer, v. a. — La dévotion V étouffe pas y il n'est pas dévot. Etoupe de France, n. f. Etoupe très soyeuse employée par les rebouteurs dans les cas de fracture. Et pis, loc. Et puis. Ex. Tu iras au bureau de poste, et pis à l'église. Etrange, adj. Etranger. Ex. Quel est celui-là qui passe? — C'est un étrange, ben sûr. Etranger, v. a. — Etrangler, vendre cher. Etre bien, loc. — V. Bien. Etre bon, loc. Bien disposé. Ex. Peux-tu m' aider à scier une corde de bois ? — Je suis bon. Etre bon pour, loc. — V. Bon pour. Etre en cherche, loc. Etre à la recherche. Ex. Je suis en cherche d'un bon domes- tique. Etre pour, loc. Etre sur le point de. Ex. Je suis pour me marier la se- maine prochaine. Etreit, e, adj. — Etroit, étroite. DES CANADIENS-FRANÇAIS 305 Etreitement, adv. — Etroitement. Etriper, v. a. Tuer de coups. Ex. J'ai manqué me faire étriper. Etriqué, e, adj. Vêtu. Ex. Cet homme est bien mal //rz^?^/. On peut dire étriquer tin habita étriquer U7i discours. Etrivant, e, adj. part. Contrariant. Ex. Que c'est éirivant de se voir condamné à entendre de pareils discours ! Etrivard, n. et adj — Qui aime à étriver. Etrivation, n. f. — Action d'étriver. Etriver, v. a. Gouailler, taquiner. Ce mot semble venir de l'islandais strid, qui signifie guerre, attaque, ou mieux de l'anglais to strive, disputer, gourmander. Etriver (s'), v. pron. — Se plaisanter mutuellement. Etriveux, se, n. et adj. Qui est dans l'habitude d'étriver. E cetera, loc. Et cetera. Jeu de mots très involontaire chez celui qui le commet. Eturgeon, n. m. — Esturgeon. Eu, U. Se prononce le plus souvent u. Tradition du vieux français. On dit bien : y eus, tu etis, il eut, gageure, avec la son îi. Tout ce qui parle bien en France, écrivait Théodore de Bèze, au XVI* siècle, prononce hureux. * Euchre, you-keiir, (m. a.) Jeu de cartes où le valet d'atout joue un grand rôle. Eune, adj. f. — Une. Ex. Je vous souhaite <f«7Zf bonne année. * Evaluateur, n. m. — Estimateur. (Angl.) Evangile, n. f. Evangile, n. m. Ex. Partir de l'église avant la dernière évajigile. Eveiller, n. m. Réveiller, Ex. Demain, tu m.' éveilleras à six heures. Eventaire, n. m. — Inventaire. 20 306 LE PARLER POPULAIRE Eventé, e, adj. — Evaporé, léger. Ex. Une personne éveyitêe. — Goût particulier que prend le lard avancé. Ex. Du porc frais qui a pris le goût à! éventé. Eventer, v. a. — Pousser. Ex. Evc?iicr les cris. Eventilateur, n. m. — Ventilateur. Eventiler, v. a. — Ventiler, renouveler l'air dans un lieu clos. Eventouffle, n. f. — Ventouse. E ventouse, n. f. — Ventouse. Eviander, v. a. — Enlever la viande sur un os. Exactitude, n. f. Ce mot n'est pas encore reconnu par l'Académie. On l'a vu naître avec peine, et se conserver malgré tous les efforts contraires des puristes. Au XV!!!" siècle, on a mis en circulation, pour eu finir, les mots exadeté et exadesse. Ils ont tous deux disparu. Exaditiide est resté, et restera, parce que la langue en a besoin et ne peut le remplacer. Exarcer, v. a. — Exercer. Excès (d'j, adv. A l'excès. Ex. Y avait-il bien du monde à l'assemblée d'hier soir ? — Non, il n'}' en avait pas d'excès. Excitement, n, m. — Excitation. Exciter (s'), v. pron. Perdre son sang-froid. Ex. Ne vous excitez pas, l'ami, prenez vos sens. Excrimer (s'), v. pron. S'escrimer, se remuer en tous sens. Excuse, n. f. — Dcjnander excuse, demander pardon. — Faire excuse, s'excuser. Ex. Faites excuse, monsieur, ce n'est pas cela que j'ai voulu dire. Excusez I v. a. Pris à l'impératif et sans régime, par voie d'exclamation ironique. Ex. Quelle belle toilette, excusez ! excusez du peu ! Exemple, n. f. Exemple, n. m. Ex. Une belle exejtiple à suivre. DES CANADIENS-FRANÇAIS 307 Exemple (par) ! loc. — Exclamation pour exprimer l'étounemeut, comme si on disait : je vous en prie, vous tn" étowicz . Ex. Qu'est-ce que tu me racontes là, par exemple ! — En retour. Ex. Je vais te donner cent piastres pour le loyer de ta maison, mais_/^ar exemple, tu en feras réparer tout l'intérieur. Exercer, v. a. — Répéter. Ex. Exercer un drame. — Entraîner. Ex. Exercer un cheval. Exhibit, n. m. — Document. Exhibition, n. f. Exposition. Ex. Vas-tu q.Y exhibition du comté de Québec-? Exil, n. m. — Pénitencier. Ex. Partir pour V exil. Exiler, v. a. Condamner au pénitencier. Ex. Un tel va être exilé pour sa vie. Existence (en), loc. Qui existe. Ex. C'est le meilleur remède en existence. * Exposé financier. — Etat budgétaire. (Angl.) Exprès, adv. C'est fait exprès, c'est cotnme tin fait exprès, c'est une action accomplie expressément dans un but particulier. Exprès (faire un). Aller expressément. Ex. Y 2i\ àvi faire tut expr'ès 'çomx i2i\rQ. votre commission. Exprès (par), loc. Avec intention. Ex. Monsieur, je ne l'ai pas fait /a;- ^;i:/r^.y. * Express, n. f., (m. a.) — Petite voiture à l'usage des enfants, pour simuler les grosses voitures dont se servent les épiciers, les bouchers pour distribuer leurs provisions aux chalands. — Voiture de déménagement, voiture de factage, camion. Extra, n. m. — Supplément. Ex. Extra de journal. — Excellent. Ex. Ce vin est extra. — Compte additionnel. Ex. Ce qui me coûte le plus cher 308 LE PARLER POPULAIRE dans cette maison que je viens de faire construire, ce sont les extras. Extradinaire, adj. — Extraordinaire. Extrait d'âge, n. m. — Acte de naissance, baptistaire. Extra superfin. Supérieur. Ex. Nous vendons de la fleur extra siiperfine pour faire de bons gâteaux. Face, u. f. — Fendre la face à qiieîqii'un, lui déplaire beaucoup. — Face de peau de nanne, figure désagréable. — Face de carême, figure blême et maladive. — Se marier e?i face de cheval, contracter un mariage en- dehors de toutes lois civiles et religieuses. — Se marier ejî face de r Fglise , contracter un mariage sui- vant les règles de l'Eglise. Fâche, u. f. Fâcherie, brouille. Ex, Allons, les enfants, pas à^ fâche entre vous. Fâchette, n. f. Fâcherie. Ex. Fais doue une ^(tûio. fâchette, ma chère. Façon, n. f. — Politesse, usage du monde. Ex. Cet homme a une grande façon, il a de la façon comme pas un. — Cérémonie. Ex. Ne faites pas de façon, acceptez sans cérémonie, c'est de grand cœur. DES CANADIENS- FRANÇAIS 309 — Chaudrounée. Ex. Une façoyi de savon, une façon de sucre. Façonneux, euse, adj. — Cérémonieux. * Facterie, n. f. (Angl.) — Manufacture, fabrique. Ex. Travailler dans nne/acterie d'allumettes. — Usine. — Ateliers en général. Fadir, v. n. Affadir, rendre défaillant. Ex. Le cœur vuefadit, rien qu'à l'idée de prendre de l'huile de castor. Faffigner, v. n. — V. Faffiner. Faffiner, v. n. Hésiter, tergiverser. Ex. Fais ce que je te dis, ne faffiyie pas. Faffinerie, n. f. — Hésitation, tergiversation. Faffineux, euse, adj. — Qui fafl&ne. fa*got, n. m. Carte qui ne compte pas pour faire un point, parce qu'elle se trouve seule au lieu d'être accouplée à deux autres similaires, au jeu dit du 4'z<a/r(?-.y^//'. Ex. Nous avons six points et àçM-s. fa*gots . fa*gulté, n. f. Faculté. Ex. l^o. fa*gîdté àç: droit, de médecine, des arts. Faible, adj. — En faiblesse. Ex. Tomber y à //^/<?. Faîgnander, v. n. — Fainéanter. Faigniant, e, adj. — Fainéant, paresseux. Faignantise, n. f . — Fainéantise, paresse. Faillance, n. f. Défaillance. Ex. Il est tombé en faillance. Ce mot .se disait jadis. Faillette, n. f. — Faiblesse, moment de découragement. Ex. Avoir une petite /iïzV/i?//^. — Intervalle de relâche, de répit. Ex. Le capelan remonte le fleuve, la morue va cesser de mordre, alors nous aurons une faillette. 3IO LE PARLER POLULAIRE Faillir, v. n. Manquer, rater. Ex. Cette affaire ^'-X faillie. Expression acadienue. Faillot, fayot, n. m. Haricot, fève. Mot français, employé surtout par les Aca- diens. Faim, n. m. — Avoir une faim de loup, de chien, une vieille faim, une faim d'e?i?-agé, avoir beaucoup faim. — Avoir faim dans le ventre, même sens. Fainéander, v. n. — Ne rien faire. Faintise, n. f. — Fainéantise. * Fair, (m. a.) — Correct. Ex. C'est pas /az> ce que tu dis là. — Raisonnable. Ex. Pourquoi m'injurier sansraison? c'est pas/azV. * Fair play, fér plé, n. m,, (m, a.) Franc jeu. Ex. Je lui ai àonné fair play . Faire, v. a. — Proposer un prix dans une vente. Ex. Sais-tu qu'il m'a fait sa maison, six mille piastres. — Suffire. Ex. Je te donnerai deux piastres, ça va-t-y faire ? — Cultiver. Ex. J'ai un jardin qui est long à /azV^. — Donner les cartes. Ex. A qui h. faire f — Habiller. Ex. Je t'assure que cet habit te fait bien. — Simuler. Ex. Ne/aw donc pas l'innocent, la bête. — Embrasser une carrière. Ex. Faire un médecin, faire un 2iwoc2L\., faire un prêtre. Ex. Mon garçon est décidé à faire un prêtre. — Faire soleil, faire du soleil. — Faire so?i homme, faire l'important. — Faire une fin, se marier. — Faire le gros dos, faire l'homme important. — Faire de la terre, défricher. — Faire son pouvoir, faire son possible. — Faire de la toile^ tomber en syncope. DES CANADIENS-FRANÇAIS 3II — Faire ni ime ni deux, aller vite en besogne. — Faire ses chotix gras, se plaire. — Faire la phiie et le beau temps, tout régler. — Ne pas faire 2171 pli, ne pas soulever d'obstacles. — Faire des chotix et des 7-aves, disposer d'une chose comme bon nous semble. — Faire du sa7ig de piuiaise, faire du mauvais sang. — Faire danser Panse du pa7iier, faire des profits illicites. — E7ivoyer fai7'e foute, envoj'er au large. — Cela ne fera pas, cela n'est pas acceptable. — Faire les demandes et les rép07ises, s'emparer de la conver- sation, et ne rien omettre de ce que l'on sait. — Faire la gra7ide de77iande, demander une jeune fille^ en mariage. — Faire laid, avoir mauvaise mine. — Faire dic fla-fla, parler d'une manière prétentieuse, arro- gante. — Faire f. Au 710771 du P'ère «, se signer. — Faire les ce7it coups, mener mauvaise vie. — Faire la vie, mener joyeuse vie. — Se faire vieux, paraître vieux. — Faire sa 7'eligio7i, pratiquer sa religion. — Faire la 7ieuvai7ie, suivre les exercices de la neuvaine. — U7ie chose 7ii faite 7ii à faire, une chose très mal faite, qui n'a ni rime, ni sens. * Faiseur, n. m. Prometteur. Ex. Nous avons ensemble un billet promis- soire, tu n'oublieras pas que c'est toi qui en es le faiseur. (Angl.) Faiseux, n. m. — Faiseur. Ex. Un /aw<?z^;ir d'embarras. Fait, n. m. — Vérités. Ex. Dire à quelqu'un son fait. — Cela est du au fait que, cela est dû à ce que. (Angl.) — Cot7i77ie de fait, en effet. Faite, n. m. Fait. Ex. Comme à& faite, par le faite, sut le faite. Je l'ai pris sur le faite. 312 LE PARLER POPULAIRE Falbana, falbéna, u. m. Falbala, garniture dans la robe des femmes. Falle, n. f. — Jabot. Ex, La falle de l'oie, du pigeon. — Avoir la falle basse, avoir une grosse faim. — Avoir la falle à l ^air, avoir la gorge découverte. Fameuse, n. f, — Pomme fameuse, dite reinette du Canada. Fameusem*nt, adv. — Extrêmement. Pas académique. Fameux, euse, adj. — Fameux. Fanal, n. m. — lyanterne, lanterne sourde. — Individu très élancé. Ex. Où vas-tu, gxdinà fatial f de ce train-là. — Attendre quelgiCun avec U7ie briqiic et u?i fanal, l'attendre de pied ferme, pour lui donner une raclée. Fanau, n. m. — Fanal. Fanfarluche, n. f. Fanfreluche, colifichets propres aux femmes. Fanil, n. m. — Fenil, grenier à foin. Fantasse, adj. — Fantasque. Faraud, e, adj. et n. — Personne bien mise. Ex. Comme tu ^s faraud, aujour- d'hui, pour un jour de semaine ! - — Celui qui courtise une jeune fille. Ex. Mademoiselle a Mn faraud. Comme celui qui courtise une jeune fille ne doit se présenter devant elle qu'avec une mise soignée, on lui a appliqué le qualificatif /«ra?^^ pour le désigner. Dans le Jura, un /ara?^^ est un jeune homme de classe inférieure qui se pare comme les banquiers et les nobles ou qui singe leur ton. Ee mot s'y écrit farot. En Bourgogne, c'est faro. Larousse écntfaratid, recherché dans sa mise. Farauder, v. n. — Faire le faraud. Farbala, n. m. — Falbala. Farbena, n. m. — Falbala. Farce, n. f. — Plaisanterie. Ex. Entendre la /«r^:^. Farcin, n. m. Saloperie, crasse. Ex. C'est un salaud, il est couvert à&farci7i. DES CANADIENS-FRANÇAIS 313 Farcineux, euse, adj. — Qui fait des farces peu drôles. Farda, n. m. — Fardeau. Fardalne, u. f. — Fredaine. Fardassem*nt, n. m. — Frelassem*nt. Fardasser, v. n. — V. Farlasser. Fardé, e, adj. — Hardé. Ex. Uu œvA fardé. Fardoches, n. f. pi. — Ecrues ou bois de croissance récente. * Fare (bi!l of), fére, (m. a.) Menu. Ex. Garçon, apportez-moi le bill offare. Farine, n. f. Farine de diable tourne toujours en son, le bien mal acquis ne profite à personne. Farinier, n. m. Farinière. Le farinier est celui qui fait moudre le blé ^ou fait le commerce de farine. Farlassem*nt, n. m. — Froissem*nt de la soie. Farlasser, v. a. Faire un bruit de papier froissé. Ex. Cette femme porte beaucoup de soie, (;Q./arlasse. Farme, n. f. — Ferme. Ex. Les /arwr^ du Séminaire. Ferluquet, n. m. Freluquet. Jeune homme léger et sans mérite. * Faro, n. m. (m. a.) — Pharaon. (Jeu de cartes ) Farouche, adj. Peureux, craintif, ombrageux. Ex. Mou cheval osX farouche, tu ne pourras pas le prendre dans le clos. Faroucher, v. a. — Effaroucher. Fars, n. m. Farce, herbes hachées pour les préparations culinaires. Fascine, n. f. Branchage ou harts entrelacées qui servent à tendre les pêches, et forment une barrière au poisson. Ou en fabri- que aussi des claies qui sont utilisables pendant plusieurs années. Fatiquant, e, adj. — Fatigant. Fatique, n. f. — Fatigue. Fatiquer, v. a. — Fatiguer. 314 LE PARLER POPULAIRE Faubourg, n. m. Village, endroit où les maisons sont groupées près de l'église paroissiale. Fauchable, adj. Oui peut être fauché. Ex. Ce foin n'est ^^2^^ fauchable. Fauchaille, n. f. — Fauchage. Faucher, v. a. Faucher dans le chavip du voisin, s'emparer du bien des autres. Faucheux, adj. — Faucheur. Faucille, n. f. Une boniie faucille, un homme habile à manier la faucille, comme on dit 2ine bo?me foîirchette, pour désigner un homme qui mange beaucoup. Faufilage, n. m. Faufilure, couture provisoire, à points espacés. Fauloir, v. imp. Falloir. Bx. Il f aidait bien se décider à faire quelque chose. * Fausse arrestation. (Angl.) — Arrestation illégale. Fausse=couche, n. f. Personne mal bâtie et de très petite taille. Fausse=porte, n. f . — Contre-porte. Fautif, adj. Coupable. Ex. Tous ces enfants sont faiitifs, la pénitence sera générale. Faut=y ! Exclamation qui exprime l'étonnement, l'horreur, la pitié, le regret. Ex. Faut-y que je sois malheureux ! Y en avait-il de ce monde aux pageaîiis, faut-y voir ? Fégond, e, adj. — Fécond. Feignant, adj. — Fainéant. V. Faigniant. Feillard, n. m. — Feuillard de fer. Fêle, n. f. — Fêlure. Feluette, adj. — Fluet. Ex. Une enfant /^/?^(?//^ pour son âge. Femme (bonne), n. f. Femme âgée. «Parmi les femmes, la qualité de bonne ne s'ac- DES CANADIENS-FRANÇAIS 315 quiert ordinairement que par la perte de la qualité de belle, et, parmi les hommes, depuis qu'on est bo7iho7nme, on ne doit plus guère prétendre à la bonne mine.» (Costar, Apolog.) Femme (la), n. f. Ma femme. Ex. Qu'est-ce que t'en penses, la femme ? Pendable, adj. Qui peut être fendu. Ex. Voilà du bois qui n'est pas /^«^«(5/é'. Fendre, v. n. — Se fendre. Ex. Cet arbre a /e?id2i. Fendre (se), v. pron. Dépenser contre son habitude. Ex. Fe7ids-toi d'une piastre, allons, sois généreux pour une fois. Fenêtre, n. f. Jeter son argent par les portes et par les fenêtres, dissiper son bien follement. Fénil, n. m. — Fanil. Fénir, v. n. — Finir. Ex. Je ne sais point quand cela fénira. Fer, n. m. — Cet homme 716 vaut pas les quatre fers d'un chien, il ne vaut rien. — U7ie i7iai7i de fer, un homme qui brise tout ce qu'il touche. — Avoir trop de fer au feu, entreprendre plus qu'on est capable d'exécuter. Ferblanquier, n. m. — Ferblantier. Ferblanterie, n. f. Objets en fer-blanc. Ex. Acheter de la ferblanterie pour monter son ménage. Ferdaine, n. f. — Fredaine. Ferdassem*nt, n. m. — V. Farlassem*nt. Ferdasser, v. n. — V. Farlasser. Ferdoche, n. f. — V. Fardoche. Fergâiiler, v. a. — Fourgonner, exciter le feu dans un poêle avec le fourgon, — Fouiller, fureter. Fermer (se), v. pron. Se taire. Ex. Veux-tu te fermer, oui ou non? bavard que tu es. 3l6 LE PARLER POPULAIRE Ferrée, n. f. — Bêche. Ferrée (bière), n. f. Bière dans laquelle on introduit une barre de fer rougie au feu pour la tiédir. Ferreur, n. m. — Maréchal-ferrant. * Ferry, ferré, (m. a.) Bateau traversier. Ex. Il faut prendre \ç. ferry pour traver- ser le fleuve de Québec à Lé vis. Fertiller, v. n. — Frétiller. V. Fortiller. Fertilleux, euse, adj.— V. Fortilleux. Fertiîlon, n. m. — V. Fortillon. Fesser, v. a. — Mordre à l'hameçon. Ex. Le poisson ne fesse pas au- jourd'hui. — Frapper, battre. Ex. Mon maître de classe m'a fessé dans les mains. Fesser dans le dos, fesser sur la tête. Fesser dessus (se), loc. Prendre son parti. Ex. Tu peux te. fesser dessus, tu n'ob- tiendras rien. Fétailler, v. u. Faire la fête de temps à autre. Ex. Il n'y a pas à compter sur celui-là, c'est un homme (^m. fêtaille. Fêtailleux, n. m.— Qui fêtaille. Fête, n. m. — Etre en fête, se nuttre eiifête, être ivre, s'enivrer. — Faire une fête, se griser. Fêtes (les), u. f. pi. L'intervalle qui s'écoule entre Noël et les Rois. Ex. Vous descendrez nous voir aux Fêtes. Fêter, v. n. — Faire un abus des liqueurs fortes. Fêteux, n. m. Homme qui est dans l'habitude de fêter. Feton, n. m. Cheville qui retient les traits du collier aux limons de la charrette. Feu, n. m. — Sonner le feu, sonner l'alarme. DES CANADIENS-FRANÇAIS 3^7 — Passer au feu, incendier, avoir un nouveau-né. — Jeter son feu, décharger sa colère. — Mettre le feu aux étoupes, allumer la chicane. — Station du feu, poste des pompiers. — Assurance contre le feu, contre l'incendie. — Brigade du feu, corps des pompiers. — Aller au feu, être témoin d'un incendie. Feu chalain, n. m. — Eclair de chaleur. Feu des dents, u. m. Eczéma qui se produit autour delà bouche et du nez, à l'époque de la dentition, chez les scrofuleux. Feu des Roussi. Flamme bleuâtre qui s'élève parfois au sein de la mer, à mi-distance entre Caraquet (N. B.) et Paspébiac, sur la rive de la Baie de Chaleur. D'après une tradition, ces feux marqueraient l'endroit ou périt une barge conduite par de hardis marins du nom de Roussi. Feu sauvage, n. m. Variété d'eczéma au bord des lèvres. En France on dit/<f?^ volage. Feuble, adj. — Faible. Feublement, adv. — Faiblement. Feublesse, n. f . — Faiblesse. Feuillard, u. m. — Fer feuillard. Feuille de chou, n. f. — Gazette éphémère et insignifiante. Feuiller, v. a. — Feuilleter. Feuilloter, v. a. — Feuilleter. Feuvrier, n. m. — Février. Fève, n. f. Haricot. Ce que nous appelons gourgaue est la vraie fève. En France, la gourgane est une fève de marais. Fève rameuse, n. f. — Haricot commun. Fève (tirer la). Tirer le gâteau des Rois. Celle à qui la fève échoit, est pro- clamée reine. Fève d'odeur, n. f. Coumarou, employé pour aromatiser le tabac à priser. 3l8 LE PARLER POPULAIRE Fève en cosse, u. f. Haricot vert. Févérier, n. m. — Février. Fiable, adj. Digne de croj'ance. Ex. Cet homme n'est -pas _^aô le, défions- nous ! Fiacre I interj . Marque rétonnement, l'admiration. Ex. /^/acr^, quel beau temps ! Fiarté, n. f. — Fierté. Fiat, n. m. Foi, confiance. Ex. C'est un homme qui n'a pas de paro- le, il n'}' a pas àejiat à faire sur lui. Nous prononçons Jiate. Dans le cas présent, on joue sur le passage de l'O- raison dominicale, fiai vohintas tua: il n'y a pas de fiai dans son Pater. Fichant, adj. — Très contrariant. Ex. C'est-y -pas fichant ! Fiche (aller se faire), loc. Envo3-er promener. Ex. Va te faire fiche, tu m'ennuies. Ficher, v. a, — Mettre. Ex. défiche plus les pieds ici. — Ficher le camp, décamper, déguerpir. — Ficher la paix, donner la tranquillité. — Aller ficher les pieds ailleurs, s'en aller. — Ficher le fen, mettre le feu. Ficher (se), v. pron. — Laisser entrer, mettre. Ex. Il s'esifiché cette idée dans le coco. — Se moquer de. Ex. Je me fiche de toi comme de ma première chemise. Fichtre, interj. Juron, amalgame défiche et de foutre, pour exprimer l'éton- nemeut, l'admiration, la douleur. Fichtre n'a rien de grossier, quoiqu'en dise Dunu dans son Glossaire. Fichu, n. m. et adj. — Cravate portée par les hommes. Ex. Mets ton fichic, mon vieux, pour aller à la messe. DES CANADIENS-FRANÇAIS 3r9 — Perdu. Ex. J'ai laissé mes gants dans les chars, ils sont bien ficims. — Coulé, ruiné. Ex. Pierre est Jiclm pour le reste de ses jours, car il y a trop longtemps qu'il abuse du public. — Mourant. Ex. Jean est /îc/izi, le docteur me l'a dit. — Etre mal fichu, être mal vêtu, être dans une situation critique. Fichument, adv. Beaucoup. Ex. Ces poires sont ficlmment bonnes. Fictivement, adv. — Effectivement, réellement. Fiel, n. m. — Se ronger le fiel, ronger son frein. Fielleux, euse, adj . — Rancunier. Fier, ère, adj. — Heureux, content. Ex. Que je suis fier d'aller me pro- mener à la campagne ! — Vaniteux. Ex. Que cette femme est fi'ère! elle est tou- jours habillée comme une reine. Fier=à=bras, n. m. Individu toujours prêt à faire le coup de poing, surtout en temps d'élection. Ex. A l'assemblée politique de diman- che, à la halle du marché Jacques-Cartier, il y avait une gagne Ao. fiers-à-bras soudoyés par les partisans de M. X. Fiéraud, fiérot, adj. — Fier, vaniteux. Fiéret, ète, adj. Fier. Diminutif. Cotgrave et Oudin citent fiéret. Fierpet, te, n. m. et f. Personne toujours bien mise. Ex. C'est un fierpet, une fierpette. Fièvre, n. f. — Inflammation. Ex. J'ai la fièvre dans ce doigt-là, je souffre d'un panaris. — Peur. Ex. Rien qu'à y penser d'avance, j'en ai X^Si fièvre. — Seyitir la fièvre, se dit d'un malade retenu au lit par une fièvre quelconque. Fièvres typhoïdes, n. f. pi. Fièvre typhoïde. Ex. Le docteur a déclaré que mon frèi e avait les fièvres typhoïdes. 320 LE PARLER POPULAIRE Fifille, n. f. — Fille. Fifollet, n. m. — Feu-follet. Fifre, n. m. Diable. Ex. Je l'ai envoyé d.M fifre, ce misérable qui m'en- nuyait. Fifre (en), n. m. D'une humeur terrible. Ex. Je suis e7i fifre depuis deux jours, tu sais pourquoi. Figer, v. n. Cesser de remuer, devenir immobilisé comme de l'eau con- gelée ou du suif figé. Ex. Nous sommes restés y?^/^ sur nos chaises, à la vue de ce spectacle étrange. Fignoler, v. n. — Faire le fin. — Arranger avec beaucoup de soin. Fignoleux, euse, adj. Un élégant, le coq du village. Fignon, ne, adj. — Pimpant, personne qui fignole. Figuration, n. f. Idée, conception. Ex. J'ai comme nno. figuration que vous réussirez à l'avenir. Figure, n. f. — Feuillure, entaille dans laquelle les portes et les fenêtres sont encadrées pour fermer juste. — Au jeu de cartes, le roi, la dame et le valet. Ex. Joue nnQ.figîcre, n'importe laquelle. Fil, n. m. — Fait dans le fil, très bien fait. — De fil en aiguille, peu à peu, de propos en propos. — Finesses cousues de fil blanc, finesses qui ne sont pas drô- les et faciles à découvrir. Filasse, u. f. — Cheveux trop clairs. — Filasses de tire, filaments ténus formés par la tire. * File, n. f. (Angl.) Liasse, dossier, série de journaux. Ex. Apportez-moi la file de la Vigie et celle des journaux du Conseil législatif. DES CANADIENS-FRANÇAIS 32 1 File (de), loc. adv. — D'affilée, de suite. Ex. J'ai marché deux heures défile. — A la file. Ex. Vous ferez attention de marcher de file durant la procession. Filée, n. f. Rangée de personnes ou de choses disposées à la file. Ex. As-tu vu le triomphe des bleus, y en avait-il une filée de voitures ? Filer, v. a. — Produire. Ex. Filer un rapport, un plaidoyer, une opposition. (Angl.) — Marcher vite. Ex. File dehors, tu m'embêtes ! — Filer un mauvais coton, passer un mauvais quart-d'heure. — Filer doux, baisser le ton. — Tenir en langueur. Ex. Rien ne presse, au contraire, il faut que nous fassions filer cette affaire aussi longtemps qu'il y aura moyen. — Filer sa corde, se conduire de manière à arriver sûrement à la potence. Fine n. f. — Servante. — Grande fille, jeune fille parvenue à l'âge de puberté. — Fille d'enfant, bonne. — Fille générale, servante bonne à tout faire. — Aller voir les filles, fréquenter la société des jeunes filles avec des intentions matrimoniales. F-illeu, n. m. — Filleul. Fillol, e, n. m. et f. Filleul, e. Autrefois on disait filole. Molière a àiX. fillol, après Brantôme. Filoseille, n. f. — Filoselle. Filou, adj. — Trompeur et flagorneur. Fin (à sa), — Fini, achevé. Ex. Cet homme est bête à sa fin. Fin (au), loc. Très bien. Ex. J'ai réussi au fin. Il travaille au fin. Fin (tout), loc. Absolument. Ex. J'étais tout fin seul quand il est venu. 21 ■122 LE PARLER POPUI •^ .A.IRE Fin (faire le), loc. Dissimuler, ne pas procéder franchet^^^^ ^^ Ne>w pas le un avec moi, je connais ces histo . ' •' ires-ia. Fin (un pas), n. m. Un homme inhabile et peu sensé. Fin cœur, loc — Milieu. Ex. 1,^ fin cœur a^^ l'hiver, de Tété. Fin des fins (à la), loc. — Finalement. Finfinale. — Fin définitive. Fin fond (le). Le tréfonds. Ex. Je verrai le fin fond de cette ai,cfj^-j.g ^^ il en décotisera. 1 Financer, v. n. Arranger son affaire de façon à paj-er tous ses bille ^^^ ^^ ^ les renouveler à échéance. Ex. C'est une grosse j^ ^^j-^^e de billets, il va falloir 7?7zarz<:^r pour arriver juste. Finasser, v. n. — User de subterfuges. —(Familier.) Finasserie, n. f. — Finesse cousue de fil blanc. Finasseux, euse, adj. Individu qui a recours à des subterfuges pour trompe j. ^^^ monde. Finement, adv. D'une manière claire et distincte. Ex. Jacques ne voit ^^ n'entend pas finement. ^. Fine mouche (une). — Un homme rusé, très fin. Finfin, n. m. Tq Fin, pris en mauvaise part. Ex. C'est un beau fi-nfin, ^ mourra jeune. Finfoin, n. m.— Sainfoin, herbe fourragère. Fini, part. pass. Très, complètement. Ex. Cette femme est belle yïwzV. Finiment, adv. — Parfaitement, très bien fini. Finir, v. n. fen ai fini avec vous, je ne veux pas avoir de rapports avec vous. Finisseux, euse, adj. — Qui donne le dernier fini à un ouvrage. Finition, n. f. Fin, terme. Ex. Il doit 3' avoir une /î«zV/i?«^à ces histoires-là. DES CANADIENS-FRANÇAIS 323 * Finnan haddie, /ïn?iaji?i addé {m. a.) — Morue fumée. Fiole, n. f. Sécrétion nasale, Ex. Cet enfant a d&s Jioles au nez. Fion, n. m. — Fini. Ex. Donner le /lo?i à un ouvrage. — Chic. Ex. Cette demoiselle a du /ïon. — Homme agité, remuant. Ex. C'est un vrai /îo?i que ce gaillard-là. — Traits de plume que le calli graphe ajoute aux lettres majuscules. — Dessins. Ex. Ce patineur fait toute espèce de yzo;/5 avec ses patins, il va même jusqu'à écrire son nom sur la glace. — Notes d'agrément. Ex. Nous avons un curé nouveau qui chante très bien, il fait de heau-^ /îo?is. Le mot /io7i ne se trouve pas dans le Dict. de l'Académie. Fionner, v. n. — Ecrire en agrémentant ses lettres de beaucoup de fions. — Chanter en intercalant des notes d'agrément. — Patiner en tous sens. — Jouer du violon, de la flûte, en faisant des fions. Fionner (se), v. pron. Se vêtir richement. Ex. Je pars pour le bal, je vais me fionner. Fionneux, euse, adj. Celui qui fionne en chantant, en jouant du violon, de la flûte, en patinant, en écrivant. Fioper, v. n. Faire un certain bruit avec sa bouche lorsqu'on mange avec un grand appétit. Fisque, adj. —Fixe. Fisquer, v. a. —Fixer. Fissure, n. f. Apparence. Ex. Je viens de tomber du toit du hangar, et je n'ai pas attrappé muç: fissure de mal. Fiston, n. m. Fils. Ex. Ecoute, mon fiston, ne va pas au théâtre, tu es bien trop jeune. 324 LE PARLER POPULAIRE Fixer, v. a. Regarder en face, avec attention. Ex. Fixe-moi pas comme ça. * Fixtures, fixtietire, (m. a.) Comptoir, ra^^ons, meubles, aménagement. Flac ! Interjection pour imiter le bruit d'un corps tombant dans l'eau ou tout liquide. Flacotage, n. m. — Action de flacoter, de clapoter. Flacoter, v. n. — Clapoter. Ex. L'eau entre dans mes bottes, c'est beau de voir ça, aussi les pieds -m^ flacotent. — Flotter. Ex. Comme tu es maigre, tu flacotes dans tes bardes. Flacoteux, euse, ad j. — Qui fiacote, clapote. Flagoter, v. n. — V. Flacoter. Flague douce, n. f. Sans caractère. Ex. Pour te dire ce que je pense de cet homme, ce n'est ni plus ni moins qu'uney?a^/^^ douce. Flairer, v. a. Flairer de la douceur, manger du sirop. Acadianisme. Flamaçon, u. m, — Franc- maçon. Flambaison, n. f. — Flambée, feu clair de menus bois. Flambant neuf, loc. Battant neuf, absolument neuf, Ex. J'ai mis ce matin un habillement flambant neuf. Flambe, n. f. — Flamme. Rabelais a écrit. //?aw^^. Flambé, e, part. pass. — Perdu. Ex. Mon chapeau ^sX flambé, on me l'a changé pour un autre. — Ruiné. Ex. La banque du Peuple a fermé ses portes, je s,\x\s flambé. Flamber, v. a. — Lancer des éclairs. Ex. Les yeux \wi flambent. — Flamber qnelgu'iin des yeux, dévisager quelqu'un d'un regard passionné, ou rendu flamboyant par la colère. — Flamber le poisson, le fumer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 325 Flamber (se), v. pron. Se flamber la cervelle, sç:\iXVi\QX la cerv^elle, se tuer avec un pistolet. Flamboter, v. n. Faire la pêche de nuit, dans un canot qui porte un "flambeau d'écorce ou de bois résineux à son avant. (Cl.) Flamme, n. f. Flegme, crachat, pituite. Ex. Ce malade tousse beaucoup, il renvoie souvent àes flammes. Flamme, n. f. — Flamme. Flanc, n. m. — U71 flanc mou, sans énergie, qui a de la misère à se remuer. — Se battre les flancs, se remuer, s'agiter. Flancher, v. n. Céder, fléchir. Ex. ^ç. flanche ■çzs, ou nous sommes perdus. Flancheux, n. m. — Poltron. Flanc=maçon, n. m. — Franc-maçon. Flancon, n. m. — Flacon. Ex. \^Vi flancoyi ^o. gin, de brandy. Flandrin, n. m. Individu de taille élancée, peu alerte, et le plus souvent paresseux . Flanquer, v. a. — Donner. Ex. Je lui oi flanqué une maîtresse tape. — Envoyer. Ex. Je V aX flanqué à la porte de mon bureau. — Mettre. Ex. Fla7iqrie-rao\ ça là ? — Laisser. Ex. Je Vox flanqué là sans cérémonie. Flanquette (à la bonne). A la bonne franquette, sans cérémonie. Flaquer, v. n. — Voltiger en ondo3'ant. Ex. Ses pantalons sont bien trop larges, ils \\x\ flaquent sur les jambes. — Bruit produit par l'eau comprimée et remuée. Ex. \^' Q.Q.Vi flaque dans mes bottes. Flaquet, te, adj. Qui flotte dans ses vêtements. Ex. Ne va pas te montrer flaqîiette comme tu es ? 326 I,E PARLER POPULAIRE * Flâse, n. f. (Augl.) — Soie plate, T)eV anglais y^oss. * Flâser, v. a. (Angl.) — Coudre avec de la y?dz^^. * Flask, flassque, (m. a.) Gourde, flacon. Ex, Vnjiask de braiidy. * Flasque, n, m. (Angl.) — Gourde en verre. Flasque, adj. Estomac vide. Ex. Je svasjlasque, je n'ai pas mangé depuis douze heures. Fiasse, adj . — Flasque. * ¥\at, flatte, (m. a.) — Bateau plat, bachot, Flau, n. m. — Fléau à battre le grain. Ex. Battre au flati, Flaubage, n. m. — Action de battre. Flauber, v. a. — Battre, rosser. Ex. Ce misérable s'est fait flauber en grand. — Voler, soustraire. Ex. Je me suis fait flauber mon para- pluie. En Anjou, on dit flaiiper pour battre. Flaubeur, n. m. — Celui qui flaube. Flèche, n. f. — Se dit pour l'arc lui-même qui sert à lancer la flèche, Ex. La corde de ma flèche est trop tendue. — Passer flèche, sans obstacle. Ex. J'ai passé floche mon examen de terme. — Envoyer taie chose flèche, envoyer directement, comme avec une flèche. Fléchée (ceinture). Ceinture fabriquée avec des fils de diverses couleurs. D'ori- gine indienne. Flème, n. f. — Phlegme. V. Flamme. Fleume, n. f. — V. Flamme. * Fleur, n. f. (Angl.) Farine. Ex. J'aurais besoin de dix livres de fleur pour les Fêtes. On peut dire de la fleur de f arme. Fleur de la Passion, n. f. — Passiflore bleue. * Flinn'cher, v. n. (Angl.) — V. Flancher. * Flinn'cheux, (Angl.) — V. Flancheux, DES CANADIENS-FRANÇAIS 327 Flique, n. f. — Bande de lard. Ex. Mets les /liques dans le chaudron pour faire de l 'huile. — Sécrétion nasale. Ex. Mon enfant, tu as toujours la flique au nez, Flôbage, n. m. — V. Flaubage. Flôber, v. a. — V. Flauber. Flôbeur, euse, adj. — V. Flaubeur. Flomentation, n. f. Fomentation, application d'un médicament chaud sur une partie du corps, pour l'adoucir. Flomenter, v. a. Fomenter, appliquer un médicament chaud pour fortifier, adoucir. Flon=flon, n. m. — Fla-fla, étalage, ostentation. Flottan, n. m. — Flétan, gros poisson propre aux mers froides. Flotter, V. a. — Conduire une cage de bois sur lesrivières. Flotteur, n. m. — Celui qui dirige la cage ou le cageu. Flouer, v. a. — Voler. Ex. Il rai! 2i floué pour une grosse somme. Flotier est probablement une contraction ^^ filouter . I,emot est français, mais il est peu usité eu France. * Flouque, (Angl.) Coup inattendu. (Terme de billard). De ranglaisy^w^^. * FIoux, n. m. (Angl.) Coup de hasard. Ex. Il est parvenu à réussir à la suite d'un fioux. * ¥\vks\i, fleuche, (m. a.) — Bien pourvu d'argent. — Prodigue, généreux. Ex. Comme tu es t?/*;.^/^, maintenant ! Flûte, n. f. — Grive des bois, appelée flûte parce que son chant tient un peu de la flûte. — Jambes. Ex Prépare tes flûtes pour partir. Flûter, V. n. — Avoir la diarrhée. Flûteux, euse, adj. — Qui a la diarrhée chronique. 328 LE PARLER POPULAIRE — Flûtiste, qui joue de la flûte. Foi, n. f. — Ma foi du Bon-Dieu ! en vérité. — Ma foi de piqtiette ! — Ma foi ! — Ma grand' foi de Dieu, même sens. Foies, n. f. pi. Poumons, Ex. Docteur, je crois que je suis pris des foies, je tousse à cœur de nuit et de jour. Foin, n. m. Avoir dujoin da7is ses bottes, être dans une excellente posi- tion de fortune. Foin de caribou, n. m. Mousse qui croît dans les savanes, aussi les jeunes pousses d'arbustes et d'arbrisseaux. Foin d'odeur, n. m. Houque boréale, genre de graminées voisin des avoines. Foins (les,) n. m. pi. — Epoque de la fenaison. — Travailler aux foi^is , faire la fenaison. Foirer, v. n. — Se briser, s'écraser. Ex. Cet œuf, en se cassant, m'a foiré dans la main. — Renoncer à une affaire après avoir donné à croire qu'on la transigerait. Foireux, euse, adj. — Qui change d'idée sans raison valable. Fois, n. f. — Moment. Ex. Il y a des fois que je suis plus frileux que d'autres. — La fois des grandes fois, dans une circonstance exception- nelle, connue de tout le monde. — Quelquefois. Ex. Vas-tu souvent à l' auditorium ? — Des fois. Folâtreux, euse, adj. — Qui aime à badiner. FoHe=avoine, n. f. — Riz du Canada. — Nom donné autrefois à une tribu outaouaise. DES CANADIENS-FRANÇAIS 329 Foncé, n, et adj. — Habit d'une couleur foncée. Ex. Moi, j'ai l'habitude de porter Am foncé. — Homme qui possède des fonds. Ex. Tu peux lui vendre ta terre, c'est un homme bien foncé. Foncer, v. a. Mettre un fond à une chaise, à un plat de ferblanc, à une chaudière en tôle. Foncière, n. f. Fond. Ex. La/^;;mv-é' d'un pantalon. (De Gaspé, Méin.') Fonctionner, v. n. — Soulager la nature. Fonçure, n. f. — Fond. Ex. La jonçure d'un traîneau, d'une carriole, d'un chapeau, d'une culotte. — Culotte. Ex. Je l'ai pris par la fonçure et je l'ai fait pirouetter sur lui-même. Fond, n. m. — Avoir le fond noir, être très méchant. Fond de Fenouil, n. m. Fin malheureuse d'une entreprise. Ex. Laisse faire, mon vieux, avec le temps tu finiras comme les autres par arri- ver un jour dans le Fond de Fenouil . Langage des pê- cheurs de Gaspé qui entre eux se confient leurs contre- temps. Fe?iouil veut dire péninsule. Fondé, e, adj. — Riche fondé, très riche. Fondement, n. m. — Rectum. Fondeux de cuillers, n. m. Ouvrier en l'art de fondre le plomb pour fab'riquer des cuil- lers, qui parcourait jadis les campagnes en y exerçant son métier. Fondre, v. a. Perdre contenance. Ex. Il fond devant moi. Fondu, part. pas. de fondre. Dissipé, perdu. Ex. L'argent que tu avais à la banque est- il fondu f Fontaine, n. f. — Puits. Ex. Va chercher de l'eau à Xzfontaiiie. — Plume-fontaine. V. ce mot. 330 LE PARLER POPULAIRE Fontange, n. f. Nœud de ruban que les femmes mettent sur le devant de la tête pour attacher la coiffure. * Fooiscap, /<??^/^, (m. a.) Papier écolier, papier ministre. * Football, foute bail, (m. a.) — Ballon en caoutchouc qui se gonfle et se dégonfle à volonté. — Jouer au football, ballon au pied. Forban, n. m. et f. — Personne très évaporée. Forbu, e, adj. — Fourbu. Forçaille (au), loc adv. Au forçaille, au g?'a?id forçaille, je le ferai, quoi qu'il en soit, malgré l'effort qu'il faudra déployer, je me mettrai à l'œuvre. Forçant, e, adj. verb. Pénible, très fatigant. Ex. Cet ouvrage est trop forçant pour toi. Forçaye, n. m. — V. Forçaille. Force, n. f. — Vigueur. Ex. Cette loi entrera Q.n force aussitôt après la session. (Angl.) — Fort. Ex. Nous sommes dans la force de la chaleur. Forcer, v. a. — Plier. Ex. J'ai forcé la clef en voulant ouvrir la porte. — Gâter. Ex. J'ai /^rr/ la serrure avec une mauvaise clef . — Mettre en abondance. Ex. Il faudra y^r^^r sur le beurre si tu veux faire un bon gâteau. — Jouer une carte plus forte que celle qu'il y a sur le tapis, ou encore lorsqu'on joue d'une couleur dont l'un des autres joueurs n'a pas, afin de l'obliger à couper. — Ça force, ce n'est pas brillant. Ex. As-tu une bonne santé de ce temps-ci ? — Plus ou moins, ça force. — Ça ue force pas, ce n'est pas abondant. Ex. Ta récolte de légumes est-elle bonne? — Ça 7ie force pas f Forcer (se), v. pron. — Attraper un effort, un tour de reins. — S'efforcer. Ex. J'ai beau vnç. forcer, j'aboutis point. DES CANADIENS-FRANÇAIS 33 1 — Se luxer. Ex. Je me suis forcé la jatnbe. Forçure, n. f. Fresssure, foie de veau, de mouton. Ex. Acheter du dur ^Q. forçure sur le marché. * Foreman, u. m., (m. a.) — Prête, dans un atelier d'imprimerie. — Contre-maître, dans un atelier ou un chantier. — Chef, dans une boutique, dans un jury. — Inspecteur, surveillant des travaux. Forestier, n. m. Homme de chantier, chasseur, coureur des bois. M. le D' J.-C, Taché s'est servi de ce mot pour intituler un de ses ouvrages : Forestiers et Voyageurs. En France, ce mot s'emploie pour désigner celui qui a un emploi dans l'^ad- ministration forestière. Forgeon, n. m. — Forgeron. Forger, v. a. Forger dans sa tête, ruminer longuement une affaire. * Forget me not, forghett, (m. a.) Myosotis, souvenez-vous-de-moi. Formage, n. m. — Fromage. Formance, n. f. Forme, apparence. Ex. Il n'a ^2iS formajice d'homme. Forme, n. f. Cahier, en terme d'imprimerie. La forme est le châssis de fer où sont rangées les pages composées typographique- ment. Fort, n. m. — Village. L'origine de ce mot vient de ce qu'autrefois il y avait dans certaines paroisses plus exposées que les autres aux attaques des sauvages, un petit fort que l'on élevait en plein village, là où la population était plus dense. — Liqueur forte. Ex. Prenez- vous du fort quelque fois ? — Rance. Ex. Du beurre qui a goût àe/ort. Fort, e, adj . — Habile. Ex. Il 5^ en a qui sont forts sur le violon, d'au- 332 LE PARLER POPULAIRE très sur le piano, moi, mon fort c'est de rire du monde. — Friand. Ex. Es-tu ybr/" sur le sel ? — U7ifort temps, une tempête. — Envoyer fo7-t, travailler ferme. — Parler fort, parler d'autorité. Fort=à=bras, n. m. — Fier-à-bras. V. ce mot. Fortiller, v. a. Remuer. Ex. '^ç.fortille pas tant des jambes. Fortilleux, euse, adj. — Qui fortille. Portillon, n. m. — Enfant qui est sans cesse en mouvement. Fortuné, e, adj. Riche. L'Académie a admis yort2i?ié pour signifier être heu- reux. Riche et heitreux sont deux expressions qui ne vont pas toujours de pair. Fosse, n. f. — Etang ou pièce d'eau dormante. — Fosse à part, fosse particulière dans un cimetière. Fossé, n. m. — • Fossé. Ex. La rue des Fosses. Fossette, n. m. Fossé. Ex. Ma vache est tombée dans le fossette. Fosseyer, v. a. — Fossoyer. Fosseyeur, n. et adj. — Fossoj-eur. Fou, n. m. — Avoir du fou, être un peu fou. — Un fou de P asile, fou interné dans un asile d'aliénés. — Fou à lier, fou furieux. — Fou à mettre aux loges, à interner dans un asile d'aliénés. Fou de rire. Fou rire. Ex. J'ai été pris d'un waxfou de ri^-e en aperce- vant sa binette. Fouailler, v. a. — Expédier promptement la besogne. Ex. J'ai vite ter- miné mon ouvrage, mais <^difojcaillait dur. — Frapper, fouetter. Fouaillon, n. m. Individu qui ne porte que des loques, et plus ou moins vicieux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 333 Foudre, e, adj. — Versé. Ex. "Nos blés sont /oicdrés. Foué, n, f. — Foi, croyance. — Fois, expression de quantité, Fouer, v. a. Donner, accorder. Ex. Foiie-moi la paix, la patience. Fouer (se), v. pron. — Se moquer. Ex, Je me /oue du monde. Fouiller (se), v. pron. Chercher inutilement une échappatoire. Ex. Tu peux te joidller, tu n'auras pas ce que tu demandes. Fouillouse, n. f. Poche, escarcelle. Ex. Va chercher mes ciseaux dans le sac 2MyLfoiiilloiises. D'après Lacurne de Sainte-Pallaye, yb/<z7- louse veut dSxQ. poche, escarcelle. Fouine, n. f. Fureteur et malin. Ex. Défie-toi de cet homme, c'est une fouine. Fouiner, v. n. Se sauver comme une fouine au premier signe de danger. Fouler, v. a. — Aplanir. Ex. Va passer le rouleau dans l'avenue, et foule le chemin. — Maltraiter. — Foulé de monde. Ex. Je suis allé au théâtre, c'était joulé. — Foulé d'ouvrage, accablé de besogne. Foulon, n. m. — Fouloire. Foulons, n. m. pi. Suite de petites anses entre Québec et Sillery, qui ser\-aient jadis de refuge aux radeaux de bois descendus des rivières. Foulure, n. f. Phlegmon du tissu cellulaire qui se loge le plus souvent dans la main. V. Fourchette. Four, n. m. — Envoyer sous lefoîir, envoyer promener. — Avoir la clef du four S7ir la figure, avoir des taches noires .sur la figure. 334 LE PARLER POPULAIRE — Chauffer le four, boire des spiritueux. — Faire un foiir, subir un échec. Fourche, n. f. — Soigner au bout de la fourche, sans précaution. — Branche. Ex. La rivière Saint-Charles a des fourches. Fourchemise, n. f. Fausse chemise, plastron. Fourcher, v. n. — La langue m'a fourché, j'ai dit un mot pour un autre. Français familier. Fourchetée, n. f. Fourchée. Quantité de paille ou de foin qu'on enlève avec une fourche. Fourchette, n. f. — La fourchette du père Adam, les doigts. — Maladie inflammatoire des doigts de la main. — Une bonne fourchette, un homme de grand appétit. Fourchon, n. m. Enfourchure. Entre-deux des jambes d'un pantalon. Fourgâiller, v. a. — Fouiller, fureter. Ex. Fourgâiller dans un coffre, un tiroir. — Agiter, remuer. Ex. Fourgâiller le feu dans un poêle, fourgâiller des bûches de bois. Fourgoter, v. a. Fureter, déplacer les objets sans soin et sans nécessité. Fournaise, n. f. Calorifère à eau, à air, à vapeur. Ex. Une fournaise à air chaud, VLneJoîirnaiseà. vapeur. Fourneau, n. m. — Gros fumeur. Fournée, n, f. — Réserver à quelqu 'un un pain de sa fou7-née, lui réserver une surprise désagréable. — Perdre U7i pain de safourtiée, être dans la tristesse, paraî- tre embêté. •Fournil, n. m. — Cave à légumes. .Fourniment, u. m. — Fourniture, provisions. DES CAXADIENS-FRANÇAIS 335 Fournir, v. a. — Arriver. Ex, J'ai tellement d'ouvrage que je no. fournis point. — Jouer une carte de même couleur. Ex. Joue une carte Q.X. fournis. V. Adonner. — Aller assez vite. Ex. Je ne puis te fouryiir à ramasser des pommes. Fourniture, n. f. — Avoir de la fourniture, fournir, aux cartes. Fourreau, n, m. — Etui. Fourrer, v. a. — Donner. Ex. Je lui zi fourré un bon coup de pied. — Fourrer deda7is, tromper. — Foxcrrer son nez partout, se mêler d 'une affaire qui ne nous regarde pas. Fourrer (se), v. pron. — Se fourrer deda7is, se tromper. — Se fourrer le doigt dans V œil jusqu' aii coude, se tromper grossièrement. Fourrole, n. f. — Coiffure d'homme, ou tuque de laine bleue. Foutant, adj. verb. C est-y pas foutant ! expression pour marquer l'ennui, l'em- bêtement. Foutée (une), n. f. Beaucoup. Ex. Il y avait une foutée plus de monde que tu penses. Fouter, v. a. — Donner. Ex. Foute-vao\ la paix. — Jeter. Ex. Foute ce gas-\2t. dehors. — Fonter le camp, se sauver. Fouter (se), v. pron. — Se moquer. Ex. Je va^ foute du monde. — vS' entredonner. Ex. Ils se sont foutes chacun une bonne claque. Foutre, n. m. — Envoyer faire foutre, congédier. — Ni foutre ni braiilc, personne. — Un f eau Foutre. V. Jean Foutre. 336 LE PARLER POPULAIRE Foutu, e, adj. et v. a, — Fini, ruiué. Ex. Cet homme est foutu. — Donner. Ex. Il m'a foutu un coup de poing sur le nez. — Ignorant. Ex. \}x\ foutu notaire. Foutument, adv. Extrêmement. Ex. Cet individu est foutument bête. Fouyer, n. m. Foyer, dalle scellée devant la cheminée pour isoler le feu du parquet. Fraîche, n. f. — Frais. Ex. Sortir pour prendre \2. fraîche. Fraîcheur, n. f. Chaud et froid. Ex. Attraper àts fraîchezcrs aux pieds. Frais, îche, adj. et adv. — Se mettre en frais, se disposer. Ex. Il faut se mettre en frais de partir demain. — Etre en frais, être entrain. Ex. Quand j'ai reçu votre lettre, j'étais &n frais de vous écrire. — Nouvellement. Ex. Des cèmîs frais pondus. * Fralic, frali, n. m. (Angl.) — Banquet, festin, fête de famille. Ex. Nous allons avoir des noces chez les Eapierre, et nous sommes invités à un grand yVa/zV. — Désordre, tapage dans une réunion. Ex. Au pique- nique d'hier, on s'est amusé, il y a eu un gros frali. Franc=foin, n. m. — Agrostis commun. Framacie, n. f . — Pharmacie. Framacien, n. m. — Pharmacien. Franc, che, adj. — Un cheval franc, franc du collier. — Bois franc, bois dur. — Frayic comjue V épée du roi, loyal. Français (souliers). Souliers à boucles importés de France sous le régime fran- çais. Ce soulier ne se fabrique plus ici, mais le mot est resté pour distinguer le soulier de la botte sauvage. Française, n. f. Au jeu de balle, frapper la pelote ou balle au bout du bras, DES CANADIENS-FRANÇAIS 337 c'est frapper à la française. Ex. Cet écolier a une bonne française. Francheté, n, f. — Franchise. * Franchise, n. f. (Angl.) — Immunité, liberté politique. Franchitude, n. f. — Franchise. Franger, v. a. — Effranger. Ex. Sa robe est tonte frangée du bas Frappe=d'abord, n. m. Hanneton qui pique en se posant sur la peau. Frapper, v. a. — Frapper un coicp, faire un effort. — Ne pas frapper coup, ne pas travailler. Frasil, n. m. Menus morceaux de glace qui se rencontrent à la surface des rivières, l'automne et le printemps. Ce mot'semble tirer son origine de fraisil, menues parcelles de charbon qui restent sur la place oii le bois a été carbonisé. En France, on dit phasil pour de la braise. Frayant, e, adj. Effrayant. Ex. Il fait mauvais aujourd'hui, frayant. Fredasser, v. u. — Froufrouter. Frédir, v. a. et n. — Froidir. Fredoche, n. f. — V. Fardoche. * Freezeur, yW, n. m. (Angl.) — Glacière. Frégade, n. f. — Frégate. Freidir, v. a. et n. — Froidir. Freite, n. m. et adj. — V. Fret. Frelasser, v. n. Faire entendre un bruit semblable à des feuilles sèches que l'on remue. Ex. Cette femme a une robe de soie qui frétasse beaucoup. Frémille, n. f. — Fourmi. Frémillement, n. m. — Fourmillement. Frémiller, v. n. — Fourmiller. Frémillière, n. f. — - Fourmilière, nid de fourmis. Frêne blanc, n. m. — Frêne d'Amérique. 22 338 LE PARLER POPULAIRE Frêne gras, n. m. — Frêue à feuilles de sureau. Frêne rouge, n. m. — Frêne pubescent. Frênière, n. f. Frênaie, terrain planté de frênes. Fréquentation, n. m. Action de fréquenter une jeune fille en vue du mariage. Fréquenter, v. a. — Courtiser une jeune fille. Frérot, u. m. Doubles cousins, ou enfants des deux frères mariés aux deux sœurs. Littré dit : « Frérot, diminutif de frère, familier. Dans le Glossaire du Nord de la France, frê- reux, cousins germains, ou enfants de deux frères. » Dans l'ancien français nous \xownow% frêreus, cousin fréreux, cousin germain, ^Xfréreicr, avec la même signification. — En Auvergne, on àitfrarot. « La frarot et lai seurotte se ressounent bien», c'est-à-dire, se ressemblent. Fret, n. m. — Colis, marchandises, fret, cargaison. — Convoi de marchandises. Ex. Vo5'ager par \ç.fi-et. — Char à marchandises. — Agent de fret y commissionnaire de transport. Fret, te, adj. — Froid. Ex. J' ai /r^/ aux mains. Fri (ma). — Ma foi. Fricasser (se), v. pron. Se laver les mains comme Ponce-Pilate. Ex. Qu'il dise ce qu'il voudra, je m'en fricasse. D'après l'Académie, /rz- casser signifie, figurement et populairement, dissiper son bien en débauches et en bonne chère. Friche, u. m. Friche, u. f., terre neuve ou vierge. Ex. Cette année, nous allons semer du grain dans lo. friche. Frichnou, n. m. Fricot qui donne une odeur plus ou moins nauséuse. Ex. Qu'ça sent le frichnou ! Fricot, n. m. — Mets particuliers aux cuisinières canadiennes, et dont le xaoi fricot, pris généralement, couvre la variété. DES CANADIENS-FRANÇAIS 339 — Festin, dîner où sont conviés les parents et amis à l'oc- casion d'une fête de famille, d'une noce, etc. — Confusion, désordre, pêle-mêle. En France, fricot signifie bombance ; c'est le plat qui résulte de l'action de fricoter. Fricotage, n. m. Action de préparer les mets pour un repas ordinaire ou de gala. Fricoter, v. n. — Préparer des ragoûts, etc. — Tenir des propos oiseux. Ex. Qu'est-ce que tn fricotes encore, avec tes discours qui n'ont ni queue ni tête? Fricoteux, euse, n. m. — Qui prépare les fricots. — Qui perd son temps à tenir des discours frivoles. Frîgousse, n. f. — Ragoût de viande, de pommes de terre. — Tout plat mal apprêté. Friler, v. n. — Grelotter. "^ Frille, n. m. (Angl.) — Petit collet tuj-auté ou craqué porté par les petit* garçons. — Morceau de fer-blanc arrondi et craqué qui entoure le tuyau de poêle à l'endroit même où il communique avec la cheminée. * Frilling, n. m., (m. a.) — Fraise, ornement d'un jabot. Frimasser, v. n. Se couvrir de frimas. Ex. Ce matin, les arbres sont tous frimasses. Frine (ma). — Ma foi. Juron déguisé. Fringaleux, euse, adj. — Sujet à avoir la fringale. Fringue, n. f. — Joie. Ex. As-tu vu l'ami Gaspard? je te dis qu'il est en friîigue, ce matin. — Crise, excès. Ex. J'ai eu une dure fring-tie de mal de dents, depuis deux jours. Fripe, n. f. Tomber sur la fripe de quelqu'un, lui donner des coups ou lui dire de grosses vérités. 340 LE PARLER POPULAIRE Fripé, adj. verb. Avoir triste mine. Ex. Comme te voilà /;7))/, as- tu fait une fête ? Fripouille, n. f. Gredin, homme saus valeur ni considération. Frique, n. f. — Plaine de sable. Friser, v. n. — Rejaillir, en parlant des liquides. Frisette, n. f. Papillotte, chiffon de papier autour duquel on enroule les cheveux pour les tenir frisés. Frisonner, v. a. Poser des frisons sur la jupe ou sur le corsage d'une robe de femme. Frisons, n. m. pi. — Moutons, écume blanche qui se forme à la crête des va- gues quand l'eau de la mer est très agitée. — Bandes d'étoffes de laine, de coton ou de soie plissées et qui servent à garnir les bas de robes de femmes. Frisson, n. m. Enfant émoustillé. Ex. Un ipetit /risso?i. Frissonneux, euse, adj. Fris de frisson. Ex. Je suis friss07vuiix ce matin. Frit, n. m. — Fruit. Fritage, n. m. — Fruitage. Fritier, n. et adj.^ — Fruitier. Fri volent, e, adj. — Coquet. Ex. Une i^mme frivolaitc. . — Vif et sec. Ex. Un v&oXfrivolent. Frivolité, n. f. — Sorte de dentelle, broderie. Froc, n. f. — Vêtement de dessous, en laine ou eu coton. Ex. Mets la. froc si tu ne veux pas prendre le rhume. — Blouse avec ceinture à la taille. — Frockcoaiy redingote, appelée aussi Prince Albert. Froid, n. m. — Jeter tin froid, produire une impression qui glace les es- prits. DES CANADIENS-FRANÇAIS 34I — Preyidre froid, avoir froid. — Un froid noir, temps obscur et très froid. — Prendre dit chaud et du froid, contracter une inflammation. — N'avoir pas froid {frette ) aux yeux, avoir un certain toupet, n'être pas engourdi. Froidir, v. n. — Ne pas froidir eyi place , remuer sans cesse. Frôler (se), v. pron. Se coller au flanc des autres sans invitation. Frôleux, euse, adj . — Personne qui se frôle. * Frolic, n. m. (Angl.) V. Fralic. Fromage, n. m. — Tête en fromage, fromage de cochon. Fromage raffiné, n. m. Petit fromage à la crème, que les seuls cultivateurs de l'île d'Orléans savent bien fabriquer. Fromage, e, adj. Tête froniagée , fromage de cochon. Fro7nagé n'est pas fran- çais. Fromagier, n. m. — Fromager, qui fabrique le fromage. Fromentation, n. f. — Fermentation. Fromenter, v. n. — Fermenter. Fronde, n. f. Furoncle. Ex. J'ai le cou couvert ô.Qfro7ides. Fronder, v. a. — Lancer avec la fronde ou avec la main. Front, n. m. Avoir tm front de bœuf, être audacieux à l'excès. Fronteau, n. m. lyimite extrême d'une pièce de terre, prise sur sa plus grande longueur. Frontière, n. f. Frontail ou frontal, partie de la têtière du cheval qui passe en avant de la tête et au-dessus des yeux. Frotter, v. a. — Cirer. Ex. Garçon, frotte mes bottes. — Nett03'er. Ex. Marguerite, frotte le poêle, il est très malpropre. Frotteur, n. m. — Cireur de bottes. Frou=frou, n. m. — Personne agitée. 342 LE PARLER POPULAIRE Fruit, adj. — Vieux. Ex. Un code civil tro^ fruit. Fruitage, n. m. • — Fruits. Ex. Courir \&sf?' uitage s. — Fruits, en général. Ex. Il ne fait pas bon manger du fruitage quand il fait bien chaud. Fruster, v. n. — Fouiller partout, fureter. Frusteux, euse, adj. — Qui fouille partout. Frutage, n. m. Fruitage. Ex. Il \ a beaucoup à.& frutages cette année. Fugère, n. f. — Fougère. * Full dress, fonle, (m. a.) Grande tenue, bien habillé. Ex. Je .suis en fuîl dress ce matin. * Full speed, spîdc, (m. a.) A toutes jambes, à bride abattue. Ex. Un train qui va full spced. * Fui! steam, sthnc, (m. a.) — A toute vapeur. Fumelle, n. f. — Femelle. Froissart a écrit fumelle. Fumer, v. n. — Se-reposer en causant. Ex. Entre donc fumer un peu, nous allons jaser. — Faire preuve d'ignorance dans un examen oral. Ex. Un écolier qmfuvie en classe, quand son maître lui fait réciter ses leçons. Fumeux, adj. — Fumeur. Ex. Un gros fumeux. — Ecolier qui ne sait pas ses leçons. * Fun, fo?i}ie, (m. a.) — Divertissem*nt, amusem*nt. Ex. C'est une personne de fu7i. Faire un voyage à^fun. Prendre un parti à&fun. Funérailles, n. f. pi. Objets divers. Ex. Va chercher la boîte aux fîmérailles , j'en ai besoin pour avoir des clous et des vis. Fur et à mesure (à), loc. adv. An fur et à mesure. Ex. Vous viendrez à fur et à mesure que votre nom sera appelé. Fureteux, euse, adj. — Fureteur. DES CANADIENS-FRANÇAIS 243 Furir, v. n. — Entrer en fureur. Furnonche, n. f. •, r Espèce de confiture faite avec du sirop et un peu de tanne, auxquels on ajoute du raisin. * Fuse, fio^lse, (m. a.) — Mèche. — Coupe-circuit. Fuseau, n. m. Bobine. Ex. Donne-moi donc mon /z^^^aw de fil. Fusée, n. f. Etre au bout de sa fusée, ne savoir plus que faire, que dire. Fusil, n. m. , • j ' — Estomac, ventre. Ex. Fourre-toi ce verre de vm dans le fusil. — Fusil sans plaque, un bon à rien. — Partir com^ne un fusil sans plaque, subitement. Fusil à air, n. m. — Fusil à vent. Fusil (en), loc. — En diable, irrité. Ex. Personne n'a su ses leçons, notre maître était en fusil. — Avoir les yeux en fusil, avoir l'air très fâché. Futaille, n. f. . . . ,, ^ . // Ivrogne invétéré. Ex. Sors d'ici, vieiW^ futaille. 344 I<B PARI.ER POPUI.AIRE Qa, Qas, n. m. Gars, petit garçon. S'applique aussi aux personnes d'un certain âge. Ex. Tu es un beau gas, toi ; pourquoi n'es- tu pas venu me chercher pour aller au club ? Gaban, n. m. — Mauvais sujet, vagabond. Qabander, v. n. Vagabonder, errer. Ex. Au sortir de la classe, ne gabande pas par les rues. Qabandeux, euse, adj. — Qui gabande. Gabare, n. m. Maison, machine quelconque mal construite et d'apparence grossière. Ex. Est-ce une boîte que tu as voulu faire ? Quel gabare ? Un gabare de maison, un gabare de voi- ture. Gabarot, n. m. Un bon à rien, querelleur et dissipé. Ex. En voilà un beau gabarot. Gabion, n. m. Petite cabane oii s'installe le chasseur en attendant le gibier près d'une mare. Gabionner, v. a. Envelopper quelqu'un de vêtements chauds, de fourrures. Gabionner (se), v. pron. — S'emmitouffler. Ex. Gabiounons-nous comme il faut, car il fait un froid noir. — Se cacher aux regards du gibier en s' installant dans un gabion. DES CANADIENS-FRANÇAIS 345 Gabotter, v. u. — Aller et venir sans trop savoir où s'arrêter. Dans le Perche, gabotter veut dire se balancer en da7isant. — Exécuter des ouvrages sans importance. Qabotteux, euse, adj. — Qui gabotte. Gâcher, v. a. — Travailler grossièrement. Gâcheux, euse, adj. — Qui gâche, travaille grossièrement. — Gâteux, personne à l'intelligence affaiblie. Gâchillage, n. m. Gâchage, action de gâcher. Qâchiller, v. a. (Cl.) Gâcher. Ex. Il a gâchillê cette besogne. Se dit dans le centre de la France. Gadelle, n. f. Groseille à grappes. Nous avons la gadelle rouge, la gadelle noire et la gadelle sauvage. — Avoir les yeux à la gadelle, faire les 3'eux en coulisse. Gadelle noire, n. f. — Cassis. Gadelle sauvage, n. f. Groseille sauvage dont le fruit est rouge et recouvert d' un léger duvet. Gadellier, n. m. — Groseillier à grappes. Gadousier, n. m. — V. Galousier. Gaffe, n. f. ^ Maladresse. Ex. Faire une gaffe. Français populaire et familier, dit Larousse. Gaffer, v. a. — Saisir avec la gueule. Se dit d'un chien qui saisit rapi- dement l'aliment qu'on lui jette. — Empoigner. Ex. Je l'ai gaffé ^2,x le bras et l'ai sorti de l'eau. Gaffer, en France, se dit pour manger en glouton, comme un chien. Gaffer (se), v. pron. — Se prendre à bras-le-corps. Ex. Ils se sont gaffés tous les deux pour se colletaillcr. — S'emporter outre mesure. 346 LE PARLER POLULAIRK Gaffeux, euse, adj. Qui saisit avec sa gueule ou avec ses mains. Qafre, adj. — Glouton, safre. Qage, n. m. — Anneau de fiançailles. Gage que, loc. Employé adverbialement par une sorte d' ellipse de : je gage que. Ex. Gage que tu n'es pas capable de te lever à cinq heures du matin. Gager, v. a. Mettre au doigt d'une jeune fille l'anneau des fiançailles. Gages, n. f. pi. Gages, n. m. pi. Ex. Les servantes exigent de grosses gages, par le temps qui court. Gagnage, n. m. — Gain, salaire. * Gagne, n. f. (Angl.) — V. Gang. Gagne, n. m. Gain, salaire. Ex. Tout ouvrier a droit à son gâgyie. Gagné (vieux), loc. Economies. Ex. Je n'ai plus rien à faire, je suis obligé de vivre sur le vieux gagné. Qâgne=pain, n. m — V. Gangne-pain. Gagner, v. a. — Convaincre. Ex. Il hésitait à me suivre, j'ai fini par le gagner. — Aller, s'en aller, fuir. Ex. Gagne le bois, je t'j' rencon- trerai. Gagne la porte, ou je t'assomme. — Gagner de V avance, prendre le devant. Gagouette, n. m. Gorge. Ex. Je lui ai serré le gagouette, au point que j'ai cru qu'il allait étouffer. Gaillard, adj. et u. m. — Qui a une légère pointe de vin. Ex. Nous avons pris quelque cho.se ensemble, et nous étions tous gaillards. — Botte .sans semelle, appelée soulier de beu (bœuf.) * Gaiters, guéteurses, n. f. pi., (m. a.) Chaussures montantes, à boutons ou à élastiques. ûalafre, adj. — Gourmand. Ex. Un enfant ^a/«/r^. DES CANADIENS-FRANÇAIS 347 Qalafrée (à la), loc. A la dérobée, sans faim, pour le plaisir de satisfaire une gourmandise exagérée. Galancine, n. f. — Balançoire. Galanter, v. a. — Galantiser, faire le galant, courtiser. Qalantise, n. f. Galanterie, politesse. Ex. Ce jeune homme est plein de galantises pour tout le monde. Qu'il est donc poli ! Galapiat, n. m. Rustre, homme sans valeur. Dans le Berry, on dit galapiat pour mauvais sujet. Dans l'Anjou, c'est un vagabond, un chemineau. Gaie, n. f. — Croûte, squame formée à la surface des plaies. Ex. Je ne sais pas ce que ça veut dire, j'ai le dos couvert de gales, — Se carrer comme un pou sur une gale, être heureux dans sa position. — Avoir la gale aux dents. V. Dent. Galendard, n. m. — Godendard. Galer, v. n. Couvrir de gales. Ex. Ton bobo est mieux, il commence à galer. Galère, n. f. — Grande varlope à l'usage des menuisiers. Galerie, n. f. Sorte de balcon qui fait le tour d'une maison, ou seulement longe sa façade. Ex. Allons nous promener sur la ^a/^r/<?. Galetas, n. m. — Mauvais lit, paillasse dure. — Grenier à foin. En France, le galetas est un logement misérable ou un loge- ment sous les combles. Galette, n. f. — Crêpe. Ex. As-tu jamais mangé des ^a/?//« de sarrasin à la station de London ? ça ne se bat pas. — Terre humide ou neige amoncelée sous forme de galette. Galfétagë, n. m. — Calfatage, action de calfater. 348 LE PARLER POPULAIRE Qalféter, v. a. Calfater, calfeutrer, garnir d'étoupe. de goudron, les fentes de la coque d'un vaisseau, ou les interstices entre les madriers ou les pièces de bois dans la construction des maisons. Gaiféteur, n, m. — Calfateur, calfat. Galibardi, n. m. — Garibaldi. V. ce mot. Galimafrée (à la), loc. Manger à la gali?na/rée, prendre une bouchée à la dérobée. En France la galimafrée est un ragoût copieux de toutes sortes de viandes. Galipote, n. f. Prétentaine. Ex. Courir la galipote, rôder à droite et à gauche sans but arrêté. Galoche, n. f. Jouer à la galoche, au foot bail. * Galogne. — Corruption de l'anglais ^^ along. V. Cologne. Galon, n. m. Roulette, qui sert à prendre les mesures de superficie et qui s'enroule dans un boîtier circulaire en bois ou en cuir. On l'appelle ^a/(7« de mesure. Galop, n. m. — Do7i7ier un galop, semoncer. Galoper, v, n. — Courir les chemins. Galopeux, euse, adj. — Individu qui court les chemins. Galousier, n. m. — Méchant garnement. Galureau, n. m. — Godelureau, désœuvré, vaurien. Galvauder, v. a. et n. — Flâner. Ex. Pierre passe son temps à galvaîidcr ici et là. — Tripoter. Ex. Qu'est-ce que tu ^a^a2<û?<?.y dans la com- mode ? — Ennuyer, incommoder. Ex. J'ai une puce qui me ^a/- vaude. Galvauderie, n. f. — Action de galvauder. Galvaudeux, euse, adj. — Celui qui furette partout et met le désordre. — Celui qui parcourt les chemins avec toutes les allures d'un voleur. DES CANADIENS- FRANÇAIS 349 Gamache, n. m. Raide comme les culottes à Gamache, vêtement raidi par la gelée ou par la boue séchée. * Gambler, bleiir, (m. a.) — Joueur. * Game, ghème, (m. a.) — Brave. Ex. Cet homme-là est bien smart, c'est nngame. — Généreux. Ex. Es-tu assez gamc pour payer la voiture ? * Gamer, ghêmer, v. a. (Angl.) Empoigner avec adresse en jouant. Gamme, n. f. Chanter une gamme, admonester, dire de rudes vérités. Ganache, n. f. Personne peu intelligente. Ex. Une vieille ^a^ia^r/;^. Gandolle (en), loc. En mauvais ordre. Ex. Mes vêtements s'en vont en gan- dolle. Gandoler, en Normandie, signifie balancer, remuer ; le provençal gancillar signifie chanceler. * Gang, ganngne, (m. a.) Bande, troupe, clique, escouade. Ex. l.^ gang du clos, une ga7ig àe voleurs, nn^ gang d'écoliers. Gangne, n. m. — Gagne. V. ce mot. Gangne=pain, n. m. Gagne-pain. Ex. Laisse lui au moins sa hache, c'est son seul gang7ie-pain. Gangner, v. a. Gagner. Ex. Quand tu seras capable à^gaiigiicr ton tabac, tu fumeras. Ganif, n. m. Canif. Ménage dit : « Il faut écrire et prononcer gannif ^\. non pas cannif. » Ce mot doit venir de knife, couteau. * Gangway, gaying'oué, (m. a.) Passavant, passerelle. Ex. Embarquez, Monsieur, nous allons enlever le gangway. Ganse, n. f. Tirant. Ex. Je viens d'arracher une ^aw^^ à mes bottes. Gants de la Vierge, n. m. pi. Ancolie du Canada. 350 LE PARLER POPULAIRE Garanti, n. m. Garant. Ex. Mets un châle, ce sera un ^araw/z contre le froid. Garcette, n. f. Cordes ou lanières de cuir dont on se sert pour corriger les enfants vicieux. Ex. Manger de la garcette n'est pas agréable. Garçon (vieux), n. m. —V. Vieux garçon. Garde, n. f. Se donner de garde, se garder. Ex. Je me donnerai bien de garde de sortir sans votre permission. Qarde=chien, n. m. — Suisse. Garde=robe, n. m. Garde-robe, u. f. Ex. J'ai un hQ.2M garde-robe en acajou. Garde=soleil, n. m. — Parasol, ombrelle. — Store, rideau ou toile placée dans une fenêtre pour tami- ser ou obscurcir les rayons du soleil. Garde=vase, n. m. Bande de cuir fixée en avant d'une voiture pour garantir de la boue. Garde=z=yeux, n. m. — CEillère. * Garden party, (m. a) Fête mondaine donnée dans un jardin, dans un parc. Garder, v. a. — Veiller et prier. Ex. Garder un mort. — Regarder. Ex. Garde ce que tu fais là. Garder, v. a. — Regarder. Ex. Gârde-mox pas, misérable ! Gardeux, euse, adj. Gardien, gardienne, qui prend soin de la maison, quand toute la fumille s'absente. Gargancua, n. m. — Gargantua, gros mangeur. Gargaton, n. m. — Gorge. Gargote, n. f. Cuisine. Ex. Nous irons au lac à la Galette, et c'e-t moi qui se charge de la gargote. En France, une gargote est un lieu oii l'on manp^e malpro- prement. DES CANADIENS-FRANÇAIS 35 1 Gargoter, v. n. — Faire im bruit semblable à celui qui se produit lorsqu'on se gargarise. Ex. Ça me ^ar^c»/*? dans la gorge. — Faire de la cuisine plus ou moins grossière. Qargoton, n. m. Gosier. Ex. Me voilà incapable de parler, j'ai \^ gargoton au vif. Qargouche, n. f. Gros pain de sucre d'érable. Ex. Hacher du sucre amont la gargoiiche. Gargousser, v. n. — Gargouiller. Garguienne, n. f. — Fille d'honneur. — Gardienne. Garlbaldi, n. m. — Corsage de laine. Garni, n. m. — Pierres concassées destinées à remplir les vides d'une maçonnerie. — Morceau de toile ou de coton plié en plusieurs doubles et piqué qui fait partie de la lingerie particulière au sexe. Garnouille, u. f. — Grenouille. Garocher, v. a. — Lancer des roches, des pierres. Garocher (se), v. pron. S'envoyer des pierres. Ex. Des enfants qui se garochent. Garouage, n. m. Vagabondage, flânerie. Ex. Mon mari est parti ç.n garoua- ge, cherche où. Ce mot vient probablement de l'expres- sion courir le loiip-garou. En France, aller en garoiiage, c'est se dissiper, courir la prétentaine. — Ici, l'expression ne veut rien dire de plus que flâner, courir d'une maison à l'autre. Garuage, n. m. - V. Garouage. Gars, n. m. — Garçon. V. Ga. Gaspareau, n. m. — Alose tj'ran. Gaspillard, e, adj. — Gaspilleux, euse. Gaspille, u. m. Gaspillage. En Normandie, jeter à la gaspille veut dire 352 LE PARLER POPULAIRE jeter des drngées ou des sous à une troupe d'enfants qui se battent pour les ramasser. Gaspilleux, euse, adj. —Gaspilleur. Qâte=sauce, n. m. et f. Qui gâte tout ce qu'il touche. Ex. Tu n'es qu'un gâte- sauce, ne te mêle de rien. Gas, u. m. — Gars. V. Ga. Gaton, n. m. Bâtonnet qui sert à assujettir les 7né7ioires 2m traîneau. Dans le Perche, gaton signifie bâton ; le gaton s'emploie pour serrer la corde qui tient la charge d'une voiture. En Normandie, on dit gâto7i. Gaudrier, n. m. Baudrier. Ex. Des semelles de bottes en bon gaudrier. Gaudriole, n. f. Mélange de son et d'eau pour l'alimentation du bétail. En France, 'la gaudriole est une p aisanterie un peu libre. Gaupe, n. f. — Femme sans ordre. (De Gaspé, Mémoires.^ Gavache, n. m. — Lâche. Gavagner, v. a. — Détériorer. Ex. Mes vêtements sont pas mal gavagnés. — Troubler. Ex. J'ai une idée qui me ^az'ûi^wd^. En France, ce mot signifie gaspiller, gâter. * Gazelîer, n. m. (Angl.) — Lustre à gaz, candélabre. Gazette, n. f. — Personne bavarde. * Gazetter, v. a. (Angl.) Publier un avis, une annonce dans la Gazette Officielle. Gazon, n. m. Bloc de neige durcie. Ex. Nous allons faire une cabane de neige, coupe des gazons à force. Geangar, n. m. Hangar. Ex. Va porter le Aarwow dans le ^^aw^ar. Gearbe, n. f. Gerbe de blé. Ex. La fête de la grosse gearbe semble être disparue de nos coutumes religieuses. Gearce, n. f. — Gerce, crevasse. ' Geargaude, n. f. — V. Gergaude. DES CANADIENS-FRANÇAIS 353 Qeargeau, n. m. Gesse, légumineuse cultivée comme fourrage et même com- me alimeut. Gearmain, e, adj. — Germain. Ex. Mon cousin gearmain. Gégnièvre, n. f , — Genièvre. Qeigneux, euse, adj. — Geignard, plaignard. Geint, n. m. Plainte, lamentation, Ex. Avant de mourir, il a envoyé un geint. Qelasser, v. n. — Geler légèrement. Gelaudé, e, adj. — Un peu gelé. Geler, v. n. — Couvrir de givre. Ex, Les vitres sont ^<f/^^^. — Etre timide à l'excès, Ex. Un enfant ^^//, — S'éloigner de l'objet cherché. Ex, Tu ^^/^5, c'est-à-dire, tu t'éloignes de l'objet caché et qu'il s'agit de trouver. (Terme de jeu.) Gendarme, n. m. Virago, Ex, Quel gendarme que cette femme ! Gêner, v, a. Etre gêjié de ses eaux, souffrir d'une rétention d'urine. Génie, n, m. Se prend dans un sens tout différent du sens véritable. Nous disons : c'est nn petit génie, c'est-à-dire un homme de peu d'esprit. Ex, Je ne suis pas un grand esprit, mais je ne suis pas non plus un petit génie. Il faut connaître nos cultivateurs pour bien comprendre le vrai sens de cette phrase, Geniève, n. m. — Genièvre. Gens, n. f. pi. — Personnes de la même famille. Ex. Allons, nos gens, préparez-vous à partir pour la messe. — Personnes de la même paroisse. Ex. Les gens à& par chez 71021S sont pas aussi bêtes qu'on croit. — Les bonnes gens, les maîtres d'une maison, les chefs de la famille. Ex. Je m'en vais consulter les bomus gens, et je vous donnerai une réponse, oui ou non. 23 354 LE PARLER POPULAIRE — Les gens des noces, les invités à une noce. — Les gens de nos gens, les amis de nos amis. Gentilhomme, n. m. Homme droit, honorable, bien élevé, de bonne compagnie. Qentilhommerie, n. f. — Qualité de gentilhomme. Gentillesse, n. f. — Droiture, loyauté. * Gentleman, n. m., (m. a.) Gentilhomme, un galant homme. Georges, n- f- pl- Oro-es. Ex. La semaine qui vient, nous ferons nos georges. Qérémium, n. m. —Géranium. Gergaude, u. f. Fillette qui aime à folâtrer avec les petit* garçons de son âge, une garçonnière. Gergauder, v. n. — Faire la gergaude. Gergauderie, n. f. — Action de gergauder. Germage, n. m. — Action de germer. Germe, n. m. Bourbillon. Ex. Aussitôt que ton clou (fronde) sera mûr, tu feras sortir le germe. Germine, adj. f. Germaine. Ex. Celle-là, c'est ma cousine ^<?rwz«<r. * Gerry mander, n. m., (m. a.) Redistribution de la carte des districts électoraux de manière à ne pas nuire au parti qui en est l'auteur. Ce nom vient de Gerry, gouverneur du Massachusetts, qui, le premier, s'avisa d'avoir secours à ce procédé pour favoriser le parti démocratique. Gester, v. n. Faire des gestes, afficher des prétentions ridicules. Gestes, n. m. pi. — Cérémonies. Ex. Allons donc, ne fais pas tant de gestes^ tu as pourtant envie d'aller te promener. — Grimaces, contorsions. Ex. Ménage tes gestes, tu te brises la figure. — Prétentions ridicules. Gesteux, euse, adj. — Personne affectée, maniérée. DES CANADIENS-FRANÇAIS 355 Qevaux, n. m. pi. — Chevaux. Ex. Une course degevazix. Giant, n. m. Géant. Ex. Conte-moi le conte où il y a à^s giants. Qibbar, n. m. — Cétacé très gros, appelé orque épaulard. Gibelotte, n. f. — Toute sorte de ragoûts de volaille. Gibier, n. m. — Enfant difficile, dur à cuir, espiègle. Ex. Quel gibier que ce garçon ! — Gibier d* eau douce, même sens. — Gibier de malheur, homme de malchance. Gîboire, n. f. Chasser à la giboire, au moyen d'un piège ou lacet suspendu au bout d'une perche. Giffe, n. f. Coup avec la main ouverte sur la joue. Ex. Donner, rece- voir une giffe. Giffer, v. a. — Souffleter, donner une giflfe. Gifler, v. a. — Voler, dérober. Ex. Il m.' a. g iflé mz plume- fontaine. — Donner une gifle. Gigailler, v. n. — S'agiter, se remuer beaucoup. Gigier, n. m. — Gésier. — Poumons. Ex. Cet orateur peut parler trois heures en plein air sans se fatiguer, il faut qu'il ait un hon gigier, c'est-à-dire, de bons poumons, une forte poitrine. Gignoler, v. n. — Ne pas être sûr de ses jambes. Ex. C^i liomm^ gignole, il a les jambes molles. — Se disloquer. Ex. La patte de la table gigiiole, elle me- nace de tomber. Gigotage, n. m. Action de gigoter. Ex. Cesse donc tes ^ï^^/a^<fj. Gigotement, n. m. — V. Gigotage. Gigoter, v. n. Se remuer, se donner beaucoup de mal pour arriver au suc- cès. 356 LK PARLER POPUI^AIRE Qigoteux, euse, adj. — Oui gigote beaucoup. Gigue, n. f. Faire danser une gigiic, battre, rosser d'importance. Gigues, n. f. pi. Jambes grêles. Ex. Cache tes grandes gigues, mon petit gas, tu vas te geler. Gilet, n. m. Veste ou veston. Ex. Mets ton gilet, mon vieux, il fait encore trop froid pour sortir en veste. Eu France, le gilet correspond à ce que nous appelons la veste, Gingen, n. m. — Gingembre. Gingeolent, e, adj. — Gai, folâtre. * Qinger bread, djijui djciir bi-ede, (m. a.) Pain d'épice. Gingue (en), loc. — Gaieté. Ex. Comme tu es en gingue, ce matin, tu vas nous faire passer une triste journée. — Vif d'allure. Notre poulain est terriblement en gingue depuis que nous le mettons au clos. Ginguer, v. n. Courir en sautant. Ex. Mes enfants, vous pouvez aller dans la cour, Q.t ginguez-y tant que vous voudrez. Dans le Yer- che, gi?iguer c'est jouer en montrant son adresse ou sa force. * Ginnerabette. (Angl.) Caoutchouc. Ex. J'ai une grosse pelote en ginnerabette pour jouer à la palette. Ce mot est une corruption de hidian rubber, caoutchouc. Giole, n. f. — Trébuchet. — Geôle, prison. Giolier, u. m. — Geôlier. Girafe, n. f. Femme au cou long et élancé. Glacé (être). Avoir froid par tout le corps. Ex. J'arrive du froid, je suis glacé d'un bout à l'autre. DES CANADIENS-FRANÇAIS 357 Glaine, n. f. Graine. Ex. Allons acycr des glaines sur la montagne à Coton. Glaine serait synonyme de petit fruit sauvage. Glainer, v. a. — Glaner. Autrefois o-/az;;^r se disait. Glainure. n. f. — Glanure. Glajeul, n. m. — Glaïeul, V. Clajeul. Glandes, n. f. pi. Ganglions hypertrophiés. Ex. Mon enfant a la gorge cou- verte de glandes. Glas, n. m. Sonner les glas , soviM^x X'i ^zs, funèbre. Ex. Nous avons une servante qui casse toutes nos assiettes, elle ne son7ie pas les glas chaque fois qu'il lui arrive de ces sortes d'accidents. (Figur.) Glissée, n. f. Piste formée par le passage des animaux des grands bois. Ex. Une glissée de loutres, une glissée de visons. Glissette, n. f. — Glissade. Glissoire, n. f. Auge de forte dimension par où l'on fait glisser les cribes d'un cageu. Globe, n. m. — Cheminée. Ex. Un globe de lampe. Gloire, n. f. Partir pour la gloire, être sur le chemin de l'ivresse. Glouglouter, v. n. Imiter le bruit d'un liquide qui s'échappe d'une bouteille. Gnasse, n. m. et f. Niais. Ex. C'est un ^«a^^^. En Normandie, ^;z?i?/, et dans le Berry, gniogniot, ont le même sens. Gniangnian, n. m. — Homme sans énergie, lambin. Gniasse, n. m. et f. — V. Gnasse. Gniochon, n. m. — Homme peu intelligent. Gniole, n. f. Taloche. Ex. Si tu ne t'arrêtes pas, je vais te flanquer une bonne gniole. En Normandie, gniole signifie niaiserie. Gnognote, n. f. — Bagatelle, chose de peu de valeur. 358 LE PARLER POPULAIRE — Meusonge. Gnochon, n. m. — V. Gnioclion. Qnole, n. f. — =-V. Gniole. Go, n. m. Gosier. Ex. Fourre- toi ce bonbon dans le go, gourmand que tu es. * Go ahead, go éhedde, (m. a.) — Etre entreprenant. Ex. J'ai un enfant qui a An go ahead. — Aller de l'avant. Ex. Fouette ton cheval un peu, char- retier, go ahead. * Go along, go éloimg, (m. a.) Avance, poursuis ta route. V. Galogne et Gologne. Gobe, n. f. — Coup de vin. Ex. Nous allons prendre une gobe. — Grosse bouchée. — Gobe d'imprimeur. Dans l'ancien français gobe voulait dire vaniteux, vain, délicat. Gobette, n. f. Histoire pour rire, chose que l'on fait gober aux gens. Ex. Nous en avons dit des gobettes, c'est-à-dire, nous nous sommes amusés à conter des histoires en l'air. Expression fort en vogue autrefois dans les campagnes autour de Montréal. Goce, n. f. Entaille dans le bois faite avec un couteau. Gocer, v. a. Travailler le bois avec un couteau. Ex. Dans les collèges, les élèves aiment beaucoup à ^c7<:^r leurs pupitres, \\sgoce7it aussi pendant les récréations, les arbres, des bouts de bois. Goceur, n. m. — Celui qui goce. Godd, n. m. — Pingouin commun. * Goddem, n. m. (Angl.) Sobriquet donné aux Anglais, à cause du juron qui leur est propre. * Goddémer, v. a. (Angl.) Jurer en langue anglaise. Ex. Cesse donc ào. goddémer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 359 Qodendard, n. m. — Grande scie qui sert à tronçonner ou à fendre le bois dans le sens de sa longueur. — Homme très ennuyeux. Depuis que l'on dit: c'est tcne scie, pour une homme ennuyeux, on a trouvé pour quali- fier un homme très ennuyeux l'expression : c'est un goden- dard. Ce n'est pas du vieux langage canadien, c'est un néologisme populaire greffé sur une importation française. Dans le Perche on dit godendardes. En Normandie, le gode?ida est une scie de maçon. Godille, u. f . — Aviron servant à godiller. Godiller, v. n. Faire avancer une embarcation à l'aide d'une godille. Godron, u. m. — Goudron. Godronner, v. a. — Goudronner. Goglu, n. m. — Oiseau appelé Ricebird par les anglais. Appartient au genre Dalichonyx. Il sififle admirablement. — Mauvais plaisant, hâbleur. Goinfre, n. m. Goinfre, n. f. — Ex. Quel mangeur terrible, c'est 2in vrai goinfre ! Goitte, n. f. Goitre, n. f. — Ex. As-tu remarqué comme j'ai la gorge enflée, je crois que j'ai une goitte. * Gologne. Corruption de l'anglaisât? along, va-t-en, poursuis ton che- min. Ex. Gologtie sauve toi au plus vite. Il n'y a pas à't gologne, c'est-à-dire ce n'est pas tout ci, tout ça, je reste où je suis. Gomme, u. f. — Aller à la gomme, s'en aller loin. Ex. Va à la g07?i?}ie, tu m'achales. — Envoyer à la gomme, envoyer promener. Gomme arabique, u- f- Mucilage. Ex. Prête-moi ta gomme arabique pour coller du papier. 360 LE PARLER POPULAIRE Gommé, e, adj. Pris de boisson. Ex. As-tu rencontré Sem, il est encore gomniê^ ce soir. Qommeux, euse, adj. Boueux, vaseux, gluant. Ex. Les chemins sont gommeux dans les concessions de Saint-Pancrace. Qonce, n. m. Faire le gonce, pleurnicher pour obtenir quelque faveur. Ex. Ne fais pas le gonce comme cela, tu m 'ennuies à la fin . Gonfle, n. m. Gonflement, action de ce qui est gonflé. Gonze, m. m. — V. Gonce. Gordiche, n. m. — Petit goujon. Gordon, u. m. — Goujon. Gorec, n. m. — Goret. Goret (petit), — Goret. Gorge (grosse), n. f . — Goitre. Gorgerette, n. f.— Bride. Gorgette, n. f, — Bride, attache de chapeau de femme. — Sous-gorge, dans l'attelage des chevaux. Gorgoter, v. n. — V. Gargoter. Gdrgoton, n. m. — Gosier. Goriot, n. m. — Grelot Ex. Des ^^r/^/^ de patates. Gorlotter, v. u. — Grelotter. Gornaille, n. f . — Gens de peu de valeur. Gorton, u. m. — Creton. Gosse, n. m. — Jeune garçon. Gosser, v. a. — V. Gocer. Gouaiche (à la), loc. A gogo, à satiété. De Gaspé a écrit à goiiéche dans ses Mé- moires (p. 417). Gouâiller, v. a. — Railler, plaisanter. Gouâillerie, n. f. — Raillerie. Gouailleur, adj. et n.— Qui gouaille. Goudille, n. f. — Godille, aviron placé à l'arrière d'un canot et auquel on DES CANADIENS-FRANÇAIS 36 1 imprime des mouvemeuts qui imitent ceux d'une hélice. — Goudrelle. V. ce mot. Qoudiller, v. n. Godiller, faire avancer une embarcation en se servant de la godille. Goudrelle, n. f. Chalumeau fixé aux érables qui permet de recueillir la sève des érables en vue de la fabrication du sucre. Coudrier, n. m. — Baudrier. Goudrille, n. f. — Goudrelle. V. ce mot. Qoudriole, n. f . — Gaudriole. V. ce mot. Gouffre, n. et adj. — Gros mangeur, Ex. C'est nn gouj^re, il mange comme quatre. — Obtus, émoussé. Ex. Le taillant de ce couteau est goîij^'re. Gouine, n. f. — Femme de réputation perdue. Goujon, n. m. Mot piquant, sarcasme, lardon. Ex. Faire avalemn goujon. Goule, n. f. Bouche. Ex. Ferme ta. goide. Corruption de gneu/e, gala. Goulée, n, f. Le contenu de la bouche remplie de solide et de liquide. Ex. Il me vient des goidées de bile quand je digère mal. Gouleron, n, m. — Goulot. Ex. Le ^^z^/(?r^?/ d'une bouteille. Gouliaffre, adj. — Glouton. Gouliat, n. m. — Glouton. Goulon, n. m. —Goulot. Gourde, n. f. Calebasse commune, dont il y a plusieurs variétés, suivant la forme. Gourgane, n. t. — Fève. — Bajoue de porc fumé. Gourgousser, v. n. — Glousser. Ex. Nos poules gourgoussent fort. — Grogner, murmurer tout bas. 362 LE PARLER POPULAIRE Gournaille, n. f. Gournable, cheville de bois dur employée dans la construc- tion des navires, Ex. A l'assemblée politique d'hier soir, les chauds partisans de X étaient armés de gournailles. Goût, n. m. — Faire passer le goût du pain, tuer. * Goûter, V. a. Avoir le goût. Ex. Cette viande ^c?^/^ le rance. (Angl.) Gouterelle, n. f . — Goudrelle. Goutte, n. f. Spiritueux. Ex. C'en est un qui aime la ^(?«//^. Grâce (en), loc. Par grâce. Ex. En grâce, laisse-moi tranquille. Gracieusem*nt, adv. — SufiBsamment, grassem*nt. Gracuit, ad j .— Gratuit. Graduer, v. n. Prendre ses degrés. Ex. Mademoiselle vient de graduer aux Ursulines. Graffigner, v. a. Egratigner. Vieux français qui vient du breton graffina, ou du provençal graffi.nar. Rabelais a dit : « Il leur mor- doit les aureilles ; ils lui graphinoient le nez. » Graffignure, n. f. — Egratignure. Graillon, n. m. — Odeur de graisse brûlée. — Cuisinière malpropre et peu entendue. Grain, u. m. — Cheminée d'un fusil sur laquelle on place la capsule. — Goutte. Ex. La pluie tombe à gros grains. — Serrer le grain, marcher les jambes serrées l'une contre l'autre, et au figuré, se tenir sur la réserve en faisant bien attention. — Fourrer son grain partout, fourrer son nez là où on n'a pas d'affaire. Grain d'orge, n. m. — Orgelet. Graine, n. f. — Menue monnaie. — Mauvaise graine, mauvais sujet. DES CANADIENS-FRANÇAIS 365 — Pas la graine, pas du tout. — N^ avoir plus une graine de quelque chose, n'avoir plusrien. Ex. Veux-tu me vendre un minot de pois? — Non, je n'en ai plus une graine. — Monter à graine, rester vieille fille. — Avoir de la graine dans la tête, être pouilleux. Qrainer, v. n. Donner du fruit. Ex. Eespois ne grai/teni pas, cette année. Graissages, n. m. pi. Substances grasses. Ex. Ramasse tous nos graissages pour le savon. Graisse, n. f. — Saindoux. — Graisse de mort. Ex. Les cierges sont-ils faits ayec de la graisse de mort f — Tache de graisse, personne qui semble vissée sur sa chaise et ne part plus. — Crever daiis sa graisse, être très gras. Graisser, v. a. — Donner de l'argent à quelqu'un pour l'amadouer. Ex. Je l'ai graissé comme il faut avant de partir, maintenant, je suis sûr de lui. — Graisser ses bottes, se préparer à partir ou à mourir. — Graisser la patte, donner un pot-de-vin. Graissou, adj. — Graisseux. Grâler, v. a. — Griller. Ex. Notre café est il bien ^r(5//f Grand, e, adj. — Bon. Ex. J'achète toujours à ^ra;2fl? marché. — Beaucoup. Ex. Cet habitant a ^ra;/^ de terre. — E71 avoir grand d'' entrepris , être bien à plaindie. — Se tirer du gra?id, avoir de fortes prétentions. — Dajis les graiids prix, d'une façon complète. Ex. II s'est fait blaguer dans les grands prix. Grand (en), loc. Beaucoup. Ex. Cet individu est bête en grand. Grand'biche, n. f. Jeune fille élancée. 364 LE PARLER POPULAIRE Grandement, adv. Bien logé, confortablement. Ex. licous sommes g-rattdement dans notre maison neuve. Grandet, ette, adj. Grandelet. Ex. Notre fille commence à être grandetfe. Grand'hache, n, f. Bûcheron qui dégrossit les arbres de nos forêts. Granmaire, n. f. — Grammaire. Grand'père, n. m. Pâte bouillie découpée en morceaux roulés ou carrés, qui s'apprête avec du sirop. Grande=grande=nière, n. f. Mère de l'aïeul ou de l'aïeule. Grand=grand=père, n. m. — Père de l'aïeul ou de l'aïeule. Granulé, n. m. —Sucre granulé. Grappe, e, adj. Bien fourni de grappes. Ex. J'ai, dans mon champ, de l'avoine qui est bien grappée. Grappigner, V. a. —Agripper. Grappin, n. m. — Crampons. Ex. Les chemins sont couverts de glace, mettons nos grappins. — Main. Ex. Mettre le grappin sur quelqu'un. Graquia, n. m. — Bardane. — Enfant intelligent. Gras, se, adj. — Gras à lard, très gras. — Eaux grasses, eau de vaisselle. — Gras à fendre avec Voiigle, très gras. — Gras à pleine peau, très gras. Gras=cuit, adj. Mal cuit. Ex. Du pain gras-cuit, c'est-à-dire, gluant et graisseux en apparence. Gras=de=jambe, n. m. Chose profitable. Ex. Cette affaire va m' apporter un beau gras-de-j'ambe. DES CANADlENS-FRANÇAIvS 367 Grati, n. m. Gratis. Ex. Aujourd'hui j'ai travaillé pour du grati. Gratigner, v. a. Egratigner. Ce mot était usité autrefois. — (Du Bellay, Palsgrave.) Gratignure, n. f . — Egratignure. Gratte, n. f. — Dégelée. Ex. J'ai attrappé une ^r^/Zd? en règle. — Petite houe, binette. Ex. Va chercher la gratte pour renchausser les patates. — Instrument qui sert à gratter les chemins d'hiver en enle- vant un excès de neige. Grattelle, n. f. , ,. Maladie de la peau qui occasionne une vive démangeaison. Gratter, v. u. — Lésiner. Ex. A force de gratter, il s'est enrichi. — Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu grattes ici ? — Gratter quelqiCtin où ça hd démange, toucher au point souhaité, flatter la passion dominante. — Gratter à la bonne place, même sens. Gratter (se), v. pron. Renoncer. Ex. Tu peux te gratter, tu n'obtiendras pas ce que tu désires. Gratte=pieds, n. m. Décrottoir, lame de fer ou boîte garnie de brosses à l'entrée d'un appartement ou d'une maison, pour ôter la boue des chaussures. Gratteux, euse, adj. — Mesquin, qui ménage ou gratte sur tout. — Gratteur. Grattures, u. f- pl- Mucosités intestinales. Ex. Des ^r^/^wré-.? de tripes, de boyaux. Grave, u- f Etablissem*nt de pêche à la morue. Ce mot signifiait d'abord une certaine étendue de terre près du rivage, pré- parée pour faire sécher la morue ; ce nom a été ensuite donné à l'établissem*nt tout entier. 364 LE PARLER POPULAIRE Grandeme o^i». w,- .1. m. Chemin macadamisé. Ex. De Québec à Sainte-Anne, c'est du gravé tout le temps. Oraver, v. a. Macadamiser. Ex. La compagnie des chemins à barrières est obligée de graver nos chemins autour de la ville. Qravois, n. m. Pierres concassées avec lesquelles on recouvre les routes. Qravouiller, v. a. — Gratter, Ex. Le dentiste m'a gravouillé une dent avec ses outils. — Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu gravouilles là ? Qréau, n. m. — Gruau. Orébiche, n. f. — Femme acariâtre. Gredin, e, adj. — Avare, ladre. Grediner, v. n. — Lésiner sur tout. * Green, grine, (m. a.) Inexpérimenté. Ex. C'est un green que ce garçon, il au- rait besoin d'être déniaisé. "^ Green=back, (m. a.) Billet de banque américain émis au cours de la guerre de sécession. C'est la couleur verte (green) à son verso (back), qui l'a fait ainsi nommer. * Green goods, (m. a.) Greenback contrefait. Gréier, v. a, — V. Gréyer. Grêle, n. f. Personne méchante. Ex, Cette femme-là, c'est la ^r^/<?. Grêlon, n. m. Misérable, mal vêtu. Ex. Ce quêteux a-t-il Vdxr grêlon un peu? Grelot, u. m. — Langue. Ex. Retiens ton grelot, achève de faire sonner ton grelot, on n'entend que ton grelot. — Fruit de la pomme de terre, Ex. Des grelots de patates. Grêlou, n. m, — V, Grêlon. Greluchon, n. m. — Enfant à mine grêle. DKS CANADIENS-FRANÇAIvS 367 Qrèmeleux, euse, adj. Grumeleux. Ex. Cette ■poire est g-rème/cu se. Qrément, n. m. — Ajustement. Rx. Voilà une personne qui a un drôle de grênient. — Habillement. Ex. Quand tu viendras chez nous, tu pourras mettre ton grémeyit de tous les jours. — Ensemble de choses qui constituent un tout complet, Ex. Si nous allons à l'île, tu emporteras ton ^r<f/;z^7^/ de pêche et de chasse. Qrémiller, v. a. Emietter, réduire en petit* grains comme du grémil. Grémilleux, euse. Grumeaux qui se posent à la surface des liquides. Qrémillons, n. m. pi. — Grumeaux de glace. Qrémir, v. a. Ecraser, réduire à rien. Ex. Si tu ne te tais point, je vais te grêmir. Grenaille, n. f. Menue monnaie. Ex. T'aurais pas de la grenaille de reste ? Grenier à foin, n. m. — Fenil. Grenouilles, n. f. pi. Grenouillettes, tumeur qui se forme sous la langue par la dilatation du canal de Wharton ou conduit excréteur de la glande sous-maxillaire. Greton, n. m. — Creton. (De Gaspé, Méinoh-es, p. 167.) Gréviste, n. m. — Celui qui se met en grève. Greyer, v. a. — Habiller. Ex. Ma femme, greyc le petit pour aller chez le beau-père. — Meubler. Ex. Si je fais un peu d'argent, je vais greyer ma maison. — Disposer, mettre en ordre. Ex. Marie, greye la table pour le dîner. Gréyçr (se), v. prou. — S'habiller. Ex. Grêyons-VLOWS pour aller à la messe. — S'approvisionner, se donner du luxe. Ex. Je vais me 368 LE PARLER POPULAIRE gréycr comme il faut et mieux qu'auparavant, pourvu que je trouve à vendre mes vieux meubles. Gribouille, n. f. Chicane. Ex. Nos deux voisins sont en gribouille. Grlche=dents, n. m. — Grince-dents. Griche=poiI, n. m. — Enfant malin, difficile. Griche=poil (à), loc. A rebrousse-poil. Ex. Il y a des gens qu'il faut toujours reprendre à griche-poil. Gricher, v. a. Grincer. Ex. Cet enfant a des vers, \\ g riche des dents. Gricheux, euse, adj. — Qui grince des dents. Grichoux, n. m. — Diable. — Personne incommode, d'une humeur acariâtre. Ex, C'est un vieux grichoux. Grichu, e, adj. — De mauvaise humeur, grincheux. Grignard, n. m. — Grognon, pleurnicheur. Grigne, u. f. — Croûte de pain. Grigner, v. n. — Grincer, serrer les dents. Grignier, n. m. Grenier. Ex. Ee grignier est plein de souris. Griguenaude, n. f. Gringuenaude, petite ordure qui s'attache aux émonctoires, par malpropreté. Grillade, n. f. Morceau de peau. Ex. Je me suis fait enlever une grillade sur la jambe. Griller, v. a. — Hâler, brunir le teint. Ex. J'ai les mains et le cou grillés. — Fumer la cigarette. Ex. Es-tu bon pour en griller une ? Grimaceux, euse, adj. — Qui fait des grimaces. Grimoner, v. a. — Gronder, murmurer. Grimpigner, v. a. Grimper, gravir, en s' aidant des mains et des pieds. Grincher, v. n. — Grincer. Ex. Grijicher des dents. DES CANADIENS-FRANÇAIvS 369 Grinchu, e, adj. — Grincheux, Gringalet, n. in. — Petit homme maigre et chétif. Gringueux, se, adj. — Misérable, sans le sou. — Ladre, mesquin. Grippé, e, adj. Avoir la grippe. Ex. Me voilà grippé pour au moins huit jours. Gripper, v. n. — Grimper. Gripper (se), v. pron. — Monter. Ex. Je vais vsx^ gripper sur cet arbre-là. — Se ratatiner, en parlant d'une étoffe. Grippette, n. m. Diable. Ex. Si tu ne cesses pas de faire du bruit, je vais euvo3'er chercher le grippette. Grises, n. f. pi. — En voir de grises, subir des malheurs. Grive, n. f. — So7il comme une grive, en état d'ébriété. * Grocerie, n. f. (Angl.) — Epicerie. * Groceries, n. f. pi. (Angl.) — Articles d'épicerie. * Groceur, n. m. (Angl.) — Epicier. Grogneux, euse, adj. Qui grogne à tout propos. Ex. Ne t'occupe pas de ce vieux grogneîix . Groiselle, n. f. — Groseille. Champlain a écrit groiselle. Groiseliier, n. m. — Groseillier épineux. Grôler, v. a. — Griller. V. Grâler. Gros, se, adj. — Beaucoup. Ex. Il y a gros de charbon dans ma cave. — Riche. Ex. Ce monsieur est bien riche, il en a gros. — Gros casque, homme important. — Gros cot7ime p'ère et mère, gros enfant. Groseillier sauvage, n. m. — Groseillier ronce de chien. Grosse=tête, u. f. Grande capeline fourrée portée autrefois par nos grand' - mères pour affronter les rigueurs de l'hiver. Grot, adj. m. s. Gros. Ex. Voilà un j^r^/ homme, un o-A-t)/ arbre. 24 370 LE PARLER POPULAIRE Grouillant, e, part — Couvert, infesté. Ex. Cet enfant est tout grouillant de poux. — Vivant. Ex. J'ai cinq enfants tous ^r^7<///aw/5. Grouiller, v. n. Remuer. Ex. Ne ^rt^wî'//^ pas d'ici, je vais revenir bientôt. Group, u. m. — Croup. Gru, n. m. Farine d'avoine détrempée dans l'eau pour la mangeailledes animaux de ferme. Grucher, v. n. — Monter. Expr. acadienne. Grue, n f. — Héron blanc. Guénif, n. m. — V. Gannif. Guenille, n. f. — Butin, attirail de ménage, saint frusquin. Ex. Prends tes guenilles et fiche ton camp au plus vite. — Homme sans caractère, mou. Guénilloux, n. m. — Qui porte des guenilles, loqueteux. Guère (pas), loc— Très peu, pas beaucoup. Guerlotter, v. a. — Grelotter. Guernier, n. m. — Grenier. Guernouille, n. f. — Grenouille, Guernu, adj.— Grenu. Guérouage, n. m. - Garouage. V. ce mot. Guesse. Prendre le bord de guesse, se sauver bien loin, de manière à ne pas être retrouvé, assez loin qu'on ne devine pas l'en- droit où l'on court se réfugier. Ex. Notre voleur a /r/j le bord de gnesse. * Guesser, v. a. (Angl.) Gager. Ex. Je gnesse que tu vas perdre tout ton argent à la Bourse. Guetter (se), v. pron. — Se tenir sur ses gardes. Gueulard, n. m. — Qui parle haut et souvent. — Ramas de gens soudoyés pour faire du tapage dans les assemblées politiques. DES CANADIENS-FRANÇAIS 371 Gueule, n. f. — Bouche. — Ma belle giieide ! Expression très familière emploj'ée en manière de compliment à l'égard d'une jolie personne. — Se battre la gueule, faire de vains efferts de parole. — Avoir bien de la gueule, parler beaucoup et très fort. Gueule de fer=blanc, n. f . — Bavard intarissable. Gueule noire, n. f. Fruits du myrtille, lesquels noircissent la bouche. Gueulée, n. f . — Goulée. V. ce mot. Gueuler, v. n. — Parler haut et fort, crier. Gueurdin, e, adj. — Gredin. Gueurlot, n. m. — Grelot. Gueurlotter, v. n. — Grelotter. Gueurnasse, n. f. — Grenasse, petite bourrasque en mer. Gueurnouille, n. f. — Grenouille. Gueurton, n. m. — Creton. Gueuserie, n. f . — Bagatelle. Guevale, n. f. — Cavale. Guia, iut. — Dia. V. ce mot. Guiâblant, adj. — Diablant. V. ce mot. Guiâble, n. m. Diable. Ex. Va chez le guiâble ! Que le guiâble te char- rie ! V. Diable. Guiâblement, adv. — Excessivement. Guiâbler, v. — Diabler. V. ce mot. Guiàblesse, n. f. — Diablesse, femme méchante. Guiâblotin, n. ra. — Enfant vif et espiègle. Guiàrrhée, n. f. — Diarrhée. Guibou, n. m. — Hibou. Guiamant, n. m. Diamant. Ex. Un guia7?ia?ii pour couper la vitre. Guichet, n. m. — Vasistas. Guieu, n. m. — Dieu. Ex. Je dois à Guieu et à ses saints. Guignolée, n. f. Autrefois, dans notre pays, la guignolée se disait de ceux qui se réunissaient durant la nuit du 31 décembre pour aller 372 LE pari,e;r populaire souhaiter la boune année aux parents et aux amis. Au- jourd'hui, ce sont les agents de commerce qui, dans la nuit de Noël, font, de maison en maison, une collecte pour les pauvres de la ville. Guignoleux, n. m. — Les hommes qui courent la guiguolée. Guillaume, n. m. Guingamp, étoffe fine et lustrée fabriquée à Guiucamp, en France. Quillaume trop mince. — Delirium tremeus. Quinque, loc. adv. Rien que. Ex, Comment te trouves-tu, là-bas? — Je suis gtdnque bien. Guipée, n. f . — Corde de violon entourée de fil métallique. * Gum=drop, gomme, (m. a.) Bonbon composé de guimauve et de sucre. ^ AnA/AA)^ Habeçon, n. m. — Hameçon. Habiller, v. a. Couvrir d'invectives. Ex. Eu voilà un qui s'est fait habil- ler de la plus belle façon du monde. Habiller (s'), v. pron. Endosser ses habits extérieurs, comme un paletot, un par- dessus d'hiver. Ex. Il fait un froid de loup, habillo7is- nous chaudement pour sortir. Se déshabiller, dans notre parler, est l' antonyme de s'habiller, dans l'acception pré- sente. Habit à queue, n. m. Frac, habit de soirée, de cérémonie, ou simplement habit. DES CANADIENS-FRANÇAIS 373 Habitant, n. m. Cultivateur vivant à la campagne. Cette appellation remonte aux premiers temps de la colonie. Du temps de Chara- plain, il y avait deux espèces d'immigrants : les véritables, les sérieux, et les oiseaux de passage. On les di.stinguait en nommant les premiers, les habitants, et les seconds, les hivet-nants, c'est-à-dire qu'ils ne faisaient qu'hiverner dans la Nouvelle-France, avec l'intention de s'en retourner dans l'Ancienne, à la première occasion favorable. Les habitants sont restés attachés au sol, et les hivernants sont disparus les uns après les autres sans laisser de traces bien profondes. — Faire V habitant, ne pas faire V habitant, sont des expres- sions assez communément employées pour dire : être mes- quin en affaires, on ne pas Vêtre. — Un gros habitant, un habitant riche. — Un petit habitant, un habitant plus ou moins pauvre. — Un habitaiit à Vaise, qui vit dans l'aisance.- — Habitant dos blayic, terme de mépris d'usage assez fré- quent chez les jeunes gens. Hache, n. f. — Grand' hache. V. ce mot. — Avoir nn coup de hache, être un peu fou. Hache (à la), loc. — Dénué de tout, réduit à n'avoir qu'une hache pour gagner son pain. Ex. J'ai tout dépensé mon bien, je suis rendu à la hache. — Grossièrement. Ex. Un ouvrage fait à la hache. * Haddock, n. m., (m. a.) Aiglefin, morue de Saint- Pierre. D'aucuns disent haddeck. Haguissable, adj. — Haïssable. V. ce mot. Haguir, v. a. — Haïr. Ex. Je t'hagiiis, toi, comme la peste. Ha 1 Ha ! Interjection qui ne s'emploie que dans un sens négatif, comme suit : Ex. Ce docteur n'est pas lui docteur //a .^ ha ! Mon frère est seigneur, mais ce n'est pas un seigneur ha f ha ! il saigne les cochons. 374 LE PARLER POPULAIRE Haïr, V. a. Nous disons : je te hais, tu le hais, il va' hait, pour je te hais tu le hais, il me hait. Dans le vieux français, on pronon- çait haine et haineux. Haïssable, adj. Incommode, insupportable. Ex. Sors d'ici, petit haïssable que tu es, tu me fais damner. Halener, v. n. — Haleter, être essoufflé. Haler, v. a. et n. — Tirer à soi un objet quelconque. Ex. Hale-max d'ici, j'ai un pied pris dans le trottoir. — Tirer fort. Ex. La charrette est très chargée, ça haie, c'est-à-dire le cheval est obligé de tirer fort pour avancer dans sa marche. Les uns prononcent haler et les autres haler. (Terme de marine.) Halitre, n. f . — Gerçure causée par le froid ou le frottement. Halitré, e, adj. — Gercé par le froid. Ex. J'ai les mains halitrées. — Enflammé par le frottement. Ex. Cet enfant a les cuis- ses halitrées. Ce mot est usité en Normandie. * Hall, halle, n. f., (m. a.) — Salle publique. — City hall, hôtel-de-ville. — Market hall, halle. — Music hall, salle de musique. * Halloo, hallou, (m. a.) Holà ! holà ho ! Cri d'appel téléphonique. Halloter, v. n. — N'avoir plus que le souffle. Hangarage, n. m. Action de mettre dans un hangar. Ex. J'ai un lot de mar- chandises à mettre en hangarage. — Il vous faudra payer pour Y hangarage de vos meubles. Hangarer, v. a. — Mettre dans un hangar. * Hansard, n. m., (m. a.) Rapport des délibérations de la Chambre des Communes du DES CANADIENS-FRANÇAIS 375 Dominion. Ce nom provient d'un homme Hansard, auteur de ce système de rapporter Verbatim les discours des députés à la Chambre. Haquet, n. m. — Hoquet. — Traîneau ou sleigh dont se servent les sucriers en le pous- sant à bras. Harage, n. m. Race. Ex. C'est un cheval de bon garage. Vient du mot haras, établissem*nt où l'on garde des chevaux. Harbage, n. f. — Herbage. Harbe, n. f. Herbe. Ex. Cette soupe est douce comme de V harbe. Harbière, n. f . — Erbière. V. ce mot. Hardé, e, adj. (Euf sans coquille. Ex, Un œuf hardê. Du Cange écrit : « Les œufs hardelés n'ont pas de coquille ; ils sont pondus par des coqs et on les met dans du fumier de cheval, il en sort des serpents dont l'huile est excellente pour composer des philtres et transmuer les métaux, m Les coqs du Canada n'en sont pas encore rendus là. Cotgrave dit œuf hardré. Hardes faites, n. f. pi. Confection. Ex. M. Lépine tient un beau magasin de hardes faites . Hardi I Int. — Courage ! * Hard up, op, (m. a.) A bout de ressources. Ex. Je n'ai pas le sou, je suis hard up pas rien qu'un peu. * Hardware, were, n. m., (m. a.) Quincaillier. Ex. Va me chercher du clou chez le hard- ware. Harer, v. a. — Frapper avec une hart. — Attacher avec une hart. Harguesse, n. f. — Hardiesse. Harias, n. m. — V. Arias. 376 LE PARLER POPULAIRE Haricot, n. m. Tas de bois, de bûches. Expression plutôt acadienne. HarideUe, n. f . — Ridelles. Harié, ho ! Se dit ordinairement par ceux qui conduisent un cheval pour le faire arrêter ou reculer. Cette expression viendrait- elle à.' arrière f Elle pourrait peut-être provenir d'une interjection hippique qui aurait un sens tout contraire. On lit dans Ibères, Ibérie, par Adolphe Garrigan (p. iio), ouvrage dans lequel l'auteur prétend identifier les Bas- ques d'Afrique avec les Basques descendants des Ibères : « Un autre terme usité chez nos paysans de montagnes (Arriège), harri pour presser la marche trop lente d'une bête de somme, est aussi l'expression dont se servent les Berbères.» Le nom de l' Arriège lui-même donne à penser. Harnais, n. m. Embarras, attirail. Ex. Y a-t-il moyen de travailler avec un harnais d'enfants comme j'en ai un sur le dos ? Harnie, n. f. — Hernie. Harnois, n. m. — Harnais. Harpie, n. f. — Femme acariâtre et bavarde. — Une voix d'harpie, une voix criarde. Hârrier, n. m. Hallier, réunion de buissons serrés et touffus. Harse, n. f. — Herse. Harser, v. a. — Herser. Hart rouge, n. f. — Cornouiller blanc. Hasard (!'), ». m. — Le hasard. Haur, adj. Sale, malpropre. Se dit des chemins en mauvais ordre. Hausses, n. f. pi. Demi-guêtres d'un soulier de caribou ou mocassin. Haut, e, adj. adv. et n. m. — Hautain. Ex. C'est un fat, il est haut. — Appartement qui n'est pas au rez-de-chaussée. — Porter hant, être fier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 377 — E71 avoir haut, être écœuré. Ex. Ce garçon m'embête avec ses exigences, j'en ai haut. — Avoir d£s hauts et des bas, éprouver des succès et des revers. Haut du jour, n. m. — Temps où le soleil est le plus ardent. Haute, n. f. — Haute société. Ex. Appartenir à la haute. Hauteur, n. f. — Opulence. Ex. Ce garçon est d'une hauteur qui le rend inabordable. — Hautctir des tert-es, ligne de séparation des eaux. Héguissable, adj. — Haïssable. Hémorrhagie de sang, n. f. — Hémorrhagie. Hémorrhuites, n. f. pi. — Hémorrhoïdes. Herbailles, n. f. pi. — Herbes de rebut, sarclures. Herbe (à I'). loc. Au pré, au champ. Ex. Va mettre les vaches à V herbe. Herbe à barnèche, n. f . Herbe marine recueillie sur nos grèves ; séchée, elle est uti- lisée pour faire des matelas. Herbe à chat, n. f . — Chataire commune. Herbe à cochon, n. f. — Renouée des oiseaux, traînasse. Herbe à dinde, n. f. — Herbe à mille feuilles, achillée. Herbe à la clef, n. f. — Chimaphile en ombelle. Herbe à la puce, n. f. — Sumac vénéneux. Herbe aux écrouelles, n. f. — Scrofulaire aquatique. Herbe aux oies, n. f. — Potentille ansérine. Herbe aux teigneux, n. f. — Rapace, bardane cotonneuse. Herbe aux verrues, n. f. — Eclaire, chélidoine commune. Herbe aux vers, n. f. Tanaisie, aussi appelée herbe de S. Marc. Herbe de la Trinité, n. f. — Hépatique des jardins. Herbe du diable, n. f. — Stramoine. Herbe Saint=Jean, n. f. Millepertuis perforé, armoise commune. Herbe î,ainte, n. f. — Absinthe. — Auroue des jardins. 378 LE PARLER POPULAIRE Héridelle, n. f. — Ridelle. Hérisson, u. m. — Homme taré, vil, lâche. Hérondelle, n. f. — Hirondelle. Hersoir, adv. Hier au soir. Ex, Etes-vous venu chez moi, he?-soirf Heure, n. m. Heure, n. f. Ex. Vous viendrez à un heure de l'après-midi. Heure (à belle), loc. — V. A belle heure. Heure (à bonne), loc. De bonne heure. Ex. Viens à bonne heiire, s'il 3' a mo5^en. Heure (à la bonne), interj. — Tant mieux. Heure (à 1'), loc. A l'heure convenue ou fixée par un règlement. Ex. Il y a des fonctionnaires civils qui n'arrivent jamais à P heure. Heure d'horloge (une). — Une heure. Heure de temps (une). — Une heure. Heure des poules, loc. De très bonne heure. Ex. Se lever à V heure des poules. Heure des vaches, n. f. Sur le soir, à l'heure où, à la campagne, les cultivateurs traient les vaches. Heure de soleil (une), n. f. Une heure après le lever ou avant le coucher du soleil. Hibou blanc, n. m. Grande chouette blanche des régions boréales, le harfang. Higner, v. n. Crier par intervalles, à la manière des enfants gâtés, Himeur, n. f . — Humeur. * Hint, hinnt, n. m., (m. a.) Demi-mot, aperçu. Ex. Je vais lui donner un hint avant de commencer. Hirondelle des cheminées, n. f. Martinet des cheminées. Hirondelle bleue, n. f. — Hirondelle pourpre. Hirondelle à ventre blanc, n. f. — Hirondelle bicolore. Hirondelle des rochers, n. f. — Hirondelle à front blanc. Hirondelle rousse, n. f. — Hirondelle des granges. DES CANADIENS-FRANÇAIS 379 Histoire de, loc. conj. Pour, afin, dans le but. Ex. Je lui ai tordu le bout du nez,. histoire de rire. Histoires, n. f. Blagues, mensonges. Ex. Lâche-moi avec tes histoires qui n'ont ni queue ni tête. Hivernement, n. m. Hivernage. Ex. Nous allons mettre notre bateau en hiver- nement dans le bassin Louise. Hiverner, v. a. et. n. — Garder à l'abri durant l'hiver. Ex. Combien vas-tu hiverner d'animanx, cette année? — Passer l'hiver. Ex. J'ai juste assez de patates pour hiverner. — Etre à l'abri des coups. Ex. J'ai un maître dur, il me reproche toutes sortes de choses, je ne suis pas hiverné. * Hives, haïves, (m. a.) Varicelle pustuleuse. Ex. Mon enfant a des hives sur tout le corps. * Hockey, (m. a.) Jeu de balle à la crosse dont les règles rappellent celles du foot-ball. Homarderie, n. f. Etablissem*nt où l'on prépare le homard pour le mettre en conserv'es. * Home (at), n. m., (m. a.) Réception chez soi. Ex. Madame de la Gorgechaude don- nera un at home jeudi soir. Homme, n. m. — Mari. Ex. Tiens, voici mon homme qui arrive de la chasse. — Faire son homme, tirer du grand, avoir de la prétention. Ex. Ne fais pas tant ton homme, tu n'es, au fond, qu'un poltron. — Oest mon homme, voilà'celui qui va me tirer d'embarras. Homme à la neige, n. m. Celui qui enlève la neige accumulée sur les trottoirs et dans les cours. 380 LE PARLER POPULAIRE Homme au bois, 11. m. — Scieur de bois. Homme au lait, n. m. Laitier ou celui qui fait la distribution du lait chez ses clients. Homme au pain, n. m. Celui qui distribue le pain à domicile. Homme de cage, n. m. Homme qui travaille à la mise en flotte des billots et qui conduit les cages de bois sur nos rivières. Homme de cour, n. m. Homme qui prend soin des cours, des écuries, etc. Homme de paille, n. m. Homme sans valeur, qui ne compte pas, un mannequin. Honneur, n. m. — Ma foi d'honneur ! ma parole d'honneur ! j uron sur l'hon- neur. — Etre dans les honneurs, servir de parrain et de marraine au baptême d'un enfant. Honte, n. f. Timidité. Ex. Tu vas jouer ton petit morceau de piano, tu n'as pas besoin d'avoir honte. Honteux, adj. Timide, intimidé. Ex. Je suis hojiteux devant le monde. * Horehound, hôraoîmde, (m. a.) — Marrube blanc. Horlogier, n. m. — Horloger. * Hornepipe, Païpe, (m. a.) Danse écossaise. Hors d'âge, loc. Très vieux. Ex. Dans mon troupeau d'animaux, il y en a trois qui sont hors d'âge. * Horse=radisli, diche, (m. a.) — Raifort, rave à cheval. * Hose, hÔ3c, n. f., (m. a.) Boj'au, tuj'-au d'arrosage. Ex. Emporte ma hose, que j'ar- rose la rue. Hôtel, n. m. Auberge, estaminet. Ex. Courir les hôtels pour s'enivrer. Hôtelier, n. m. Celui qui tient un hôtel, une auberge, un débit de boissons. DES CANADIENS-FKANÇAIS 38 1 Hoter, V. n. Voter. De Gaspé donue ce mot dans ses Mémoires. Houananiche, n. m. Saumon particulier au lac Saint-Jean et au Labrador. Houille, e, adj. Ecœuré. Ex. J'ai mangé beaucoup de fruits, je commence à être houille. Autrefois, il y avait ohié : un homme ohiê de son corps, hom*o corporeaffecto^ maie affedus. (Rob. Est.) Houiner, v. n. Hennir. Se dit d'un cheval vicieux qui hennit de colère. Houmelon, n. m. — Houblon. Houpe! interj. Expression pour marquer un bond que l' on fait soi-même ou que l'on fait fait faire à un autre. Huart, n. m. — Plongeur à collier. Huche, n. f. Profiter comme pâte à la /mc/ie, se dit d'un enfant qui croît très vite en proportion de sa santé. Hucher, v. a. — Appeler de loin. Expression très usitée chez les Aca- diens. Ex. Monte sur le haricot pour hucher ton père. L'expression est commune à la Baie de Chaleur et à la Baie Saint-Paul. Ce mot vient de huchet, cornet qui sert à appeler les chiens à la chasse. — Frapper à la porte. Hue ! interj. Cri des charretiers pour engager les chevaux à aller à droite. Ex. Charretier, tirez à hzie. Huiler, v. a. — Donner l' extrême-onction. — Amadouer quelqu'un en lui donnant de l'argent, en lui graissant la patte. Huissier, n. m. Htdssier de la Verge Noire, huissier à verge noire. Autre- fois, l'on disait à Québec, huissier à la baguette noire.. A Québec, on dit l'huissier, mais à Montréal il fut un temps ou l'on disait le huissier, même à la cour. Alexandre ,382 LE PARLER POLULAIRE Dumas prononçait avec affectation les-huissiers en aspi- rant V h. Et quand on lui demandait sa raison, il répon- dait fièrement : Je ne veux avoir aucune espèce de liaison avec ces gens-là ! Huitre, n, f. — Imbécile. — Crachat épais et copieux. '* Humbug, heummbeughe, n. m., (m. a.) Hâblerie, charlatanerie. Ex. C'est un faiseur de humbug. Humeur, n. f. — Etre en htcmeur, être bien disposé. — Avoh- des humeurs, des moments de mauvaise humeur. — Avoir Vhumeur à l'envers, être de mauvaise humeur. Huppé, e, adj. — Bien habillé. — Jaseur du cèdre. Humucreté, n. f. — Humidité. Hureusem*nt, adv. — Heureusem*nt. Hureux, euse, adj. — Heureux, euse. Hurleau, hurlot, n. m. — Individu d'un caractère difficile. Hussier, n. m. — Huissier. * Husting, heustigne, n. m., (m. a.) Estrade pour haranguer les assemblées en plein air. Ex. Monte sur le husting, descends du hiistmg, un orateur de husting. * Hydrant, n. m., (m. a.) — Bouche d'incendie. Hyme, n. f . — Hymne. Hynpothèque, n. f. — Hypothèque. Hynpothéquer, v. a. — Hypothéquer. .Hynpothiquer, v. a. — Hypothéquer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 38; I, s'emploie très souvent pour il, ils, il y a, il y avait. Ex. I viendra, I viendront. — / avait beaucoup de monde. — / passe son temps à faire fâcher les autres. * Iceberg, n. m., aïce-beurghe, (m. a.) Banc de glace, glace flottante. * Ice=cream, crime, (m. a.) Glace, crème glacée. Ex. Allons manger de V ice-creavi chez mon oncle William. Ici, adv. — Ci. Ex. Ce village ici, cette église ici. Ici dedans, loc. adv.— Ici. Ex. Veux-tu venir ici dedans? Icite, adv. Ici. Ex. Je t'attendrai icite. — Je demeure tout proche à.' icite. — Veux-tu venir icite ? Idée, n. f. — Goût, penchant. Ex. J'ai pas à: idée pour l'étude de la médecine. — Intelligence. Ex. C'est un garçon qui a perdu Vidée, il ne se rappelle de rien. — Pressentiment. Ex. C'est pas mon idée que tu réussisses. — Avoir Vidée, supposer, s'imaginer. Ex. J'ai idée qu'il fera son chemin, qu'il fera méchant temps dans une demi-heure. — Passer par Vidée, ^Xx^o\M\h. Ex. C'est iine chose qui va! 2. passé par Vidée, je ne m'en rappelle plus. — N' avoir pas ses idées à soi, être un peu fou. — Avoir dans son idée, être décidé. 384 LE PARLER POPULAIRE lée, prou. — Lui. Ex. J//r promis d'aller le voir. lien que, loc. adv. Rien que. Ex. Je suis ien que ben ou je suis. leu, part. pass. du verbe être. Eu. Ex. Il a ieti raison, j'ai l'cu tort. Ignolée, 11. f. — V. Guignolée. Ignoleux, euse, adj. — V. Guignoleux. Ignorer, v. a. Ne pas sembler reconnaître. Ex. J'ai rencontré Madame Chose sur la rue Buade, elle m'a igyiorée. — Laisser de côté. Ex. As-tu été invité au bal des méde- cins ? moi, on m'a ignoré. Il, pron. pers. Ils. Ex. // ont dit ci, // ont dit ça. Ilet, n. m. — Ilôt, très petite île. Image, n. f. Récompense. Ex. Mériter d'avoir une image parce qu'on ne parle pas au cours d'une conversation plutôt bruj^ante. Imbaisable, adj. — Oui ne peut être attrapé en affaires. Ex. Il y a des ha- bitants qui sont rudes en affaires, ils sont imbaisables. — Impossible. Ex. Une histoire imbaisable. Imbarrable, adj. Qui ne peut être barré, fermé à clef, Ex. Une valise imbarrable. * Imbitable, adj. (Angl.) .-' Personne ou chose dont les qualités ne ^auraient être surpas- sées. Ex. Nos pommes fameuses, cette année, sont m^z- iables. Imbranlable, adj. — Qui ne peut être remué. — Ferme dans ses opinions. Imbûchable, adj. — Qui ne peut être bûché. Imite, n. f. Limite. Ex. Il y a toujours bien des imites à se faire bla- guer comme cela. Je l'aime sans imite. Imiteur, n. m. — Peintre qui fait des ouvrages d'imitation. DES CANADIENS- FRANÇAIS 385 Immortelle, n. f. Graphale polycéphale. Plante à fleur variable, très com- mune dans nos jardins. Imparfait, e, adj. Incommode. Ex. Est-il imparfait, cet enfant ? Impassable, adj. Qu'on ne peut passer, ni franchir sans de grands inconvé- nients. Ex. Des chemins impassables. Impayable, adj. Etonnant. Ex. Cet homme est impayable avec ses histoires drôles. * Impeacher, v. (Angl.) — Mettre en accusation. * Impeachment, (m. a.) — Mise en accusation. Imperméable, n. m. Manteau en tissu imperméable pour se protéger contre la pluie. Impitéyable, adj. — Impitoyable. Impliable, adj. — Qui ne peut être ployé. Imposer (en). Inspirer du respect. Ex. C'est un homme qui m'en a tou- jours imposé beaucoup. D'après Larousse, en imposer veut dire tromper, en faire accroire. Imposition, n. f. Charge. Ex. Ils sont venus chez moi dix de la campagne, durant les fêtes du Tricentenaire, c'est une véritable /;«/><?- sition. Impossible, adj. — Rempli de défauts. Ex. C'est un être impossible. — Bizarre, ridicule. Ex. Cette femme a un chapeau zw- possible. Impôt, n. m. Abcès interne en pleine efflorescence. Impothèque, n. f. — Hypothèque. Impothèquer, v. a. — Hj-pothéquer. Impothiquer, v. a. — Hypothéquer. Impourrissable, adj. Qualité de ce qui ne peut pas pourrir. 25 386 I<E PARLER POPULAIRE Impraticable, adj. Homme dont le commerce est très difi&cile. Ex. C'est un être impraticable. Imputable, adj. Ujie somme imputable au reve7m, au budget, sur le revenu, sur le budget. In, pronom. — En. Ex. AUons-nous-zVz, donnez-nous-/» . — Un. Ex. In homme fort. Inattention, n. f. Attention. Ex, Ce n'est rien, ce sont des fautes à! inat- tention ; on peut à\x^ par inattention. Incarculable, adj .— Incalculable. Incendiât, n. m. Fait d'un incendie. Ex. Cet homme s'est rendu coupable d' incendiât. Incendie, u. f. Incendie, n. m. Ex. Ça été une grosse incendie que celle du faubourg Saint- Jean, en 1881. Inc'modant, e, adj. Incommodant. Inc'mode, adj. Incommode. Incomprénable, adj. Incompréhensible. Ex. Cette affaire est i^icomprénable. Inconsistant, e, n. et adj. Inconséquent. Ex. C'est un i7iconsistant, il se contredit et dans sa conduite et dans ses discours. Incontrôlable, adj. — Indomptable. Ex. Ce cheval est i7icontrôlable. — Impossible à arrêter, à maîtriser. Ex, L'incendie d'hier au soir a été i?iconirôlable. * Incorporation, n. f. Action d'incorporer, de donner une vie civile. (Angl.) * Incorporer, v. a. Eriger en corps politique. Ex. L'Action Sociale vient de se faire hicotporer par la Chambre provinciale. (Angl.) DES CANADIENS-FRANÇAIS 387 Incorrigeable, adj. Incorrigible. Ex. Cet enfant est incorrigeable. Un devoir incorrigeable. Incoupable, adj. Qui ne peut être coupé. Ex. Du rosbif incoiipable. Incousable, adj. Qui ne saurait être cousu. Ex. Une étoffe incoîisable. Incréyable, adj . — Incroyable. Indécis (être sur I'), loc. Etre indécis. Ex. Je suis sur Vindécis^onx savoir si j'irai à confesse oui ou non. Indécrassable, adj. — Qui ne peut être nettoyé facilement. Indéfaisable, adj. Qui ne peut être défait, Ex. Voici un noeud qui est indé- faisable. Indenture, n. f. Acte passé entre l'officier d'élection et la personne élue, en présence de plusieurs électeurs, sous leurs seings et sceaux respectifs, dont une expédition est remise à chaque partie et l'autre annexée au writ d'élection pour être transmise au greffier de la Couronne en chancellerie. Autrefois on disait endenture. L'usage de couper en forme de dents les obligations sous seing privé, les fit appeler endeiitiwes . * Indictement, n. m. (Angl.) — Acte d'accusation. Indifférent, e, adj. Ordinaire, médiocre. Ex. Cette jeune fille n'est pas indif- férente. Ces poires ne sont pas indifférentes. Indigérable, adj. — Indigestible. Indigesse, adj . — Indigeste. Indigession, n. f. — Indigestion. Indigne, n. m. et f. Mauvais garnement. Ex. Sauve-toi, mon petit indigne. Indisable, adj. — Qui ne peut être dit, inénarrable. Indivisable, adj. — Indivisible. Indormable, adj. — Qu'on ne peut endormir. Inducation, n. f. — Education. Induquer, v. a. — Eduquer, instruire. 38S LE PARLER POPULAIRE Indulgencier, v. a. Bénir un chapelet, eu y attachaut les indulgences accordées par l 'Kglise catholique. Inendurable, adj. Oui ne saurait être enduré. Ex. Des enfants incndurables . Infatiquable, adj. —Infatigable. Infect, e, adj. Détestable. Ex. Ces propos-là sont infects. Infecter, v. n. Affecter de grands airs. Ex. Cette personne porte de belles toilettes, mais elle a un drôle de parler, elle infecte. Infendable, adj. Difficile ou même impossible à fendre. Ex. Une bûche de bois infendable. Inférieur, adj. — Indifférent. Ex. Cela m'est bien /;//d?;7Vz^r. Infliger, v. a. Donner. Ex, Je lui ai infligé un coup de poing terrible. Infliger (s'). ^'- pron- Se faire, se donner. Ex. Je me suis infligé une blessure en tombant sur une pierre. * Informalité, n. f. (Angl.) Manque de forme. Ex. L'action a été renvoyée par suite d ' u ne info rni a lité. * Informeur, n. m. (Angl.) — Dénonciateur. Infoucable, adj. — Maussade. Infraction, n. f. Faute. Ex. C'est une i7ifraciion à la langue française. Ingant, e, adj. — Ingambe, alerte, dispos. Ingardable, adj. — Qui ne peut être gardé. Ingeance, n. f. — Engeance. Ingen, n. m. — Engin. Ingénieur, n. m. Mécanicien. Ex. Dans toute locomotive, il y a le chauf- feur et V ingénieur. Ingénument, adv. Absolument, sans restriction. Ex. J'ai perdu toute ma récolte iyigénumetit. DES CANADIENS-FRANÇAIS 389 Ingérer, v. a. Gérer. Ex, Dans notre affaire, c'est le secrétaire qui va tout ingérer. Ingérer (s'), v. pron. — S'occuper. Ex. Va trouver le premier commis, c'est lui qui s'ingère de tout. — Faire en sorte, prendre les moyens. Ex. Ingérez-vous donc de savoir quelle espèce d'homme est celui-là ? Ingot, n. m. Cornet d'écorce de bouleau dans lequel ou verse le sucre d'érable au moment où il doit devenir solide. Ingréient, n. m. Ingrédient. Ex. Le docteur m'a donné une fiole de remè- des dans laquelle il a mis toute espèce dCiiigréicnts. Inguienne, n. f. Indienne Ex. Je viens d'acheter cinq verges ^'inguienne à meubles pour couvrir mon sofa de salon. Injurier, v. a. Gâter. Ex. Injurier son pantalon avec de l'encre. Inlabourable, adj. — Qui ne peut être labouré. Inlevable, adj. — Qui ne peut être soulevé facilement. Inusable, adj. — lUisible. Inlogeable, adj. — Où l'on ne peut pas loger. Inmâchable, adj. — Qu'on ne peut mâcher. Inmaginable, adj. — Imaginable. Inmangeable, adj. — Immangeable. Inmanœuvrable, adj. — Qu'on ne peut faire fonctionner. Inmanquable, adj. — Immanquable. Inmanquablement, adv. — Immanquablement. Inmarchable, adj. Où l'on marche péniblement. Ex. Des chemins iyimarcha- bles. Inmariable, adj. — Qu'on ne peut marier. Inmarquable, adj. — Qui ne peut être marqué. Inmastiquable, adj. — Qui ne peut être mastiqué. Inmédiatement, adv. — Immédiatement. Inmêlable, adj. — Qui ne peut être mêlé. 390 LE PARLER POPULAIRE Inmenable, adj. Difficile à conduire. Ex. Mon clieval est hwieiiable. Inmesurable, adj. — Qui ne peut être mesuré. Inmettable, adj. Qui n'est pas mettable. Ex. Cet habit est hwiettable. Inmontable, adj. Difficile à monter. Ex. Une côte inmontable. Inmense, adj. — Immense. Inmensément, adv. — Immensément. Inmontrable, adj. — Qu'on ne peut montrer. Inmouchable, adj. — Qui est difficile à moucher. Inmourable, adj. Qui a la vie très dure. Ex. Ce vieillard a sept vies, il est inmourable. Innayable, adj. — Qui ne peut être noyé. inné. Il en. Ex. Penses-tu qu'il a de l'argent à prêter ? — Inn'a ben sîcr. Inniable, adj. — Qui ne peut être nié. Innommable, adj. — Qui ne peut être nommé. Inôtable, adj. — Qui ne peut être facilement enlevé. Inquemode, adj . — Incommode. Inquemoder, v. a. — Incommoder. Inquemodité, n. f . — Incommodité. Inquiétudes, n. f. pi. Picotements nerveux de la peau. Ex. J'ai des inqriiétudes dans les jambes. Inquilibre, n. m. Equilibre. Ex. Peut-être que j'irai à la pêche, peut-être que je n'irai pas, je suis encore sur Vi)iquilibre. Inrachetable, adj. —Qui ne peut être racheté. Inraccommodable, adj. — Qui ne saurait être raccommodé. Inracontable, adj. — Qu'on ne peut raconter. Inraisonnable, adj. — Irraisonnable. Inrassaisiable, adj . — Insatiable. Inréalisable, adj. —Irréalisable. Inrebutable, adj. — Qui ne peut être rebuté. DES CANADIENS-FRANÇAIS ^g^ Inréconciliable, adj . — Irréconciliable. Inrecevable, adj. — Non recevable. Inrécitable, adj. - Qui ue peut être raconté. Inréconciliable, adj. — Irréconcialiable. Inreconnaissable, adj. —Pas reconnaissable. Inrecousable, adj . - adj . - Oui ue peut être cousu. Inrecouvrable, adj. -Qui ne peut être recouvert. ^ Inregardable, adj .- Qui ne peut être regardé sans répugnance. Inrémédiable, adj. —Irrémédiable. Inréfutable, adj. -Qui n'est pas refutable Inremuable. adj. -Qui ne peut être remue, change de place. Inréparable, adj. Irréparable. Ex. Tes bottes sont inréparables , mon petit ami, va t'en acheter un autre paire. Inrepréhensible. adj . — Irrépréhensible. Inreprenable, adj. , i^ r»^^ — Auquel on ne peut faire aucun reproche. bx. Ues agents inreprcnablcs. — Qui ne peut être uni après avoir été brisé. Ex. Une fracture de la cuisse inreprenable. Inréprochable, adj. Irréprochable. Ex. Tâche, mon enfant, d'avoir une con- duite iiiréprochable. Inrésistible, adj. — Irrésistible. Inrespirable, adj. — Irrespirable. Inresponsable, adj. Qui n'est pas responsable. Inrévocable, adj. —Irrévocable. Insécrable, adj. ,, , Exécrable. Ex. Quel tas d'enfants insécrables ! Insensible, adj. 1 ' -i Qui a perdu connaissance. Ex. Nous l'avons relevé, il était encore insensible. Insentiel, adj. , ,, • - Essentiel. Ex. V insentiel pour nous, c est d arriver a l'heure juste. Insertion, n. f. — Entre-deux. 390 LE PARLER POPULAIRE ;nservable, adj. Inserviable, insupportable. Ex. Des enfants inservables. Insinifiant, adj. —Insignifiant. Insolenter, v. a. Dire des insolences. Insoudable, adj. Qui ne peut être soudé. Insouff rable, adj . — Insupportable. Insoulable, adj. Qui ne peut être enivré facilement, à raison d'une longue habitude de boire. * Installement, n. m. (Angl.) — Versem*nt. Ex. Il nous faudra payer par histalle- vients. — Installation. Instant que (de 1'). loc. conj. Du moment que, alors que. Ex. De Viyistant que tu m'as dit cela, j'ai compris toute l'affaire, Instruiment, n. m. — Instrument. Intenable, adj. Qui n'est pas tenable. Ex. Une situation intenable. * Intention. Esprit. Ex. Dans V inieniiofi de la loi, il faudrait se sou- mettre à ne rien demander de plus. (Angl.) Interboliser, v. a. — Interdire. Ex. Après l'avoir entendu, je suis resté intcrbolisé. — Ennuyer. Ex. Ne viens pas m'm/<?r^(?//5^r de sitôt. — Déranger, distraire de ses occupations. Ex. Laisse-moi travailler, tu vcCinterbolises. Intérieur, n. m. For intérieur. Ex. J'ai dans mon intérknr qu'il vaut mieux payer cette réclamation. * Interview, ion, n. f.. (m. a). Conférence avec un personnage. Ex. Le rédacteur de V Evénement a eu une interview avec le Ministre des postes. (Néol.) DES CANADIENS-FRANÇAIS 393 Interviewer, (Néol.) Avoir une couférence avec un personnage pour l'interroger sur sa vie, ses actes, ses idées, etc. Intirable, adj. — Qu'on ne peut tirer à soi, — Qu'on ne peut traire. Ex. Une vache iyitirable. Intouchable, adj. — Qui ne peut être touché. Intraduisable, adj. — Intraduisible, Intrigant, adj. Homme habile, qui a du savoir-faire. Ex, C'est un intri- gant, il réussira, * Introduire, v. a. Soumettre, Ex, Introduire un projet de loi à la Chambre. (Angl.) Introduisable, adj. — Qui peut être introduit. Invectiver, v, a. Invectiver, v, n. Ex. Il m'a invectivé ào. bêtises. Inventer, v. a, N' avoir pas inventé la poudre., les boutons à quatre trous, les pelures d^ oignon, ce qui fait poiif, être très naïf. Inventionner, v. a. — Inventer, imaginer. Inventionner (s'), v. pron. — S'aviser. * Investir, v, a. Placer, faire un placement. Ex, Investir ses capitaux. (Angl.) * Investissem*nt. — Placement. (Angl.) Invictimer, v. a. Invectiver. Ex. Il m'a invictimé t.n paroles. Invitant, adj . — Qui aime à inviter. Invitimer, v. a. — Invectiver. Invocable, adj. — Que l'on peut invoquer. loù, adv. — Où. Ex, loh vas-tu, de ce train-là ? loùs que, loc, adv. Où est-ce que. Ex. lohs que tu restes, maintenant ? Irerions, cond, prés, du verbe aller. — Irions. Iroquois, n. m. — Parler iroquois, parler en termes baroques. * Isse, n, f, (Angl,) — Levure de bière. De l'anglais j^.?a5/. 394 LE PARLER POPULAIRE Itanies, n. f . pi. — Litanies. Item, n. m. Chose qui mérite considération. Kx. Je te l'avouerai fran- chement, il te faudra payer quatre cents piastres de frais à l'avocat, c'est un iiem. Itou, adv. — Aussi. Ex. Moi itou. Jacassage, n. m. Jacasserie, bavardage de personnes qui jacassent entre elles. Jacasse, n. m. et f. Homme ou femme qui bavarde. En France, ne s'emploie que pour les femmes. Jacasser, v. a. Bavarder. En pur français, ce mot ne s'emploie que pour la pie. Nous disons familièrement et par analogie d'une personne bavarde qu'elle jacasse comme une pie. Ce mot semble venir de l'islandais /«^^, qui signifie jargon, ou de l'italien ^a^'^-a, pie. * Jack, n. m., (m. a.) Jack of ail trades and master of noue, propre à tout et bon à rien. * Jackass, (m. a.) — Bête, imbécile. * Jack=in=the=box, (m. a.) — Boîte à surprise. Jaconette, n. m. Jaconas, étoffe de coton fin, intermédiaire entre la mousse- line et la percale. Jacoter, v. n. — Bavarder. DES CANADIENS-FRANÇAIS 395 Jalouserie, n- f- — Jalousie, ombrage que nous donne celui qui jouit d'un avantage que nous désirons pour nous-mêmes. — Treillis de bois, contrevent formé de planchettes parallè- les qu'on place derrière une fenêtre. Jamaïque, n. f. Rhum de la Jamaïque. Ex. Veux-tu prendre un coup de bonne Jamaïque. Jamais, adv. — Jamais de la vie, jamais. — Jam.ais, au grand Jamais , jamais. — Jamais de ma vie 7ii de 7?ies jours, même sens. Jambage, n. m. — Jambage de roues, montant d' une-roue. — Droit de javibage, droit de se mêler d'une affaire. Ex. Nous sommes en conciliabule secret, tu peux t'en aller, car tu n'as pas le droit de jambage. Jambe, n. f. — S' eu aller rie7i que sur icne^jaynbe, partir après avoir pris un unique verre de vin ou de spiritueux. — Jambe de botte, tige de botte. — U71 beau gras de jambe, une bonne aubaine. Jambette, n. f. Croc-en-jambe. Ex. Je lui ai donné une jambette, et l'ai couché par terre du coup. En Normandie, le mot ^â!W^<?/ s'emploie pour croc eu-janibe. On disait en vieux français jambet. * Jammer, djammer. (Angl.) Serrer, presser, fouler. Se dit bien des pièces de bois pres- sées les unes contre les autres dans une rivière et formant une digue. Jangar, n. m. — Hangar. Jappe, n. m. Jappement. Ex. Le chien de Chose a un ya/>/!»é:' terrible. En provençal, jap est employé pour aboiement, cri. Japper, v. n. Japper après quelqu' un, appeler quelqu'un à grand cris. 396 LE PARLER POPULAIRE Jaquette, n. f. Chemise de nuit pour hommes, femmes et enfants. La jaquette en France est un vêtement extérieur tant pour hommes que pour femmes et enfants. Jardes, n. f pi. — Hardes. Jardinages, n. m. pi. — Jardinage, n. s. Ex. J'ai fini mes jardinages, je vais m' occuper de ma terre. — Jardin potager. Ex. Viens voir mon jardinage, il est magnifique, cette année. Jardinier, n. m. Terme de dénigrement autrefois employé par les trappeurs et les coureurs de bois pour désigner le colon, le défri- cheur. (Cl.) Jargaude, n. f. Petite fille un tant soit peu légère, aimant le jeu et le plai- sir. V. Gc7gaude. Jargauder, v. n. Agir en jargaude. V. Gergaiider. Jargeau, n. m. Vesce à quatre graines. Jargonnage, n. m. — Baragouinage. Jargonner, v. n. Parler de manière à ne pas être compris, baragouiner. Jargonneux, adj. Qui baragouine, parle d'une manière inintelligible, prononce mal ses mots. Jarnicoton, n. m. Intelligence. Ex. Cet individu n'a pas de ya?7^^V^/t>7^. Jarnigoine, n. m. Esprit, intelligence. S'emploie dans le même sens que jartiicoton, et plus souvent. Ex. Ne pas avoir di^ jarni- goine, manquer de jarnigoine. Jareng, n. m. — Hareng. Jarrets noirs, n. m. pi. Habitants de la Beauce canadienne, les Beaucerons — Sobri- quet. DES CANADIENS- FRANÇAIS 397 Jâs, n. m. Jars. Nos habitants disent aussi un jâs d'oie, pour désigner le mâle de l'oie domestique. Jase, n. f. Causerie. Ex. Hé! l'ami, entre donc faire la /a5(?. Jasant, e, adj. Qui aime à causer. Ex. C'est un homme bien /«.ya;^/, nous avons du plaisir à le rencontrer. Jasem*nt, n. m. Jaserie. Ex. Ce sont des /a^^rw/^wA' à n'en plus finir. Jaser, v. n. — Médire. Ex. Jaser sur le compte de quelqu'un. — Causer. Ex. Nous avons du temps à nous, jasons. Jasette, n. f. Causette. Ex. Si nous faisions une petite /«.y^//^. Jaseux, euse, adj. Jaseur, causeur. Ex. C'est un \it.2i\x jaseux, il m'amuse. Jaspiller, v. n. — Parler à tort et à travers en murmurant. Jaspiner, v. n. — Bavarder. Forme extensive àt jaser. Jaunasse, adj. Jaunâtre, qui tire sur le jaune. Ex. Avoir les cheveux j aimasse s. Jaune, adj. Rance. Ex. Voilà du saindoux qui a goût de jaune. Jaunir, v. n. — Rancir. Ex. Du lard qui ya?<;;//. Jaun'zir, v. a. — Jaunir. Expression acadienne. Javasse, n. f. — Babil. Ex. En a-t-il de \ajavasse, ce bambin? Javasser, v. u. Bavarder, parler avec excès de choses frivoles. Javasserie, n. f. — Choses insignifiantes, dites ou écrites. Javelier, n. m. — Machine qui sert à javeler le blé. Javelle, n. f Réunion de choses qui peuvent être juxtaposées les unes aux autres. Ex. Une javelle de poissons. Je, pron. Nous. Ex. y ai'c>«.y réussi à merveille. /'a//<7;z^ commencer notre ouvrage. 398 LE PARLER POPULAIRE * Jean, djêjie, (m. a.) — Coutil satiné. Jean Foutre, n. m. Mauvais drôle. Ex. Tu n'es <y;^ \xn Jean Fo2itre. Jean l'évêque. Faire son petit Jean l ^évêque, faire l'important. Jenne, adj. Jeune. Ex. Un /,f;^7^^ homme. \^Q's, jennes . T'qs beji trop j'enne pour m'en montrer. Jennesse, n. f . — Jeunesse. Ex, Voilà une belle jennesse. Jeofflu, e, adj. Joufflu, e. Ex. Vn gros j'eojiu. Jergon, n. m. — Jargon. Jergonner, v. a. — Jargonner. * Jersey, djeursé, n. m., (m. a.) Veste de laine qui se moule sur le buste. Jet à brebis, n- m. — Bergerie. Expr. acadienne. Jet à gorets, n, m. — Porcherie. Acad. Jet à poules, n. m. — Poulailler. Acad. , Jetée, n. f. Endroit du bord d'une rivière où s'amassent les pièces de bois amenées des chantiers, pour être ensuite jetées à l'eau toutes ensemble lors de la fonte des glaces. (Cl.) Jeteux de sorts, n. m. — Sorcier. Jeu, n. m. — Etre en jeu, enjoué. — Etre vieux jeu, en retard sur le progrès moderne. — Tourner en jeu de chien, tourner mal. Jeu d'eau, n. m. —Jet d'eau. Jeudi, n. m. La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, époque qui n'arrive jamais. Jeun (à), loc. Sobre. Ex. Cet homme n'est pas souvent à jeun, mais quand il l'est, on peut en tirer quelque chose de bon. Jeun ( à cœur), loc. A jeun. Ex. !> docteur m'a dit de prendre son remède à cœur jeun. DES CANADIENS-FRANÇAIS 399 Jeune, adj. — Faire la jeune, une femme âgée qui fait la mignarde. — Etre trop jeune, manquer d'expérience. Jeûner, v. n. Faire jeûner quelqu'un, le priver d'une chose. Ex. Tu ne remets pas nos livres au temps dit, eh ! bien, tu n'en auras plus, tu \a.s jeiiner un bon bout de temps. Jeunesse, n. f. — Jeune homme ou jeune fille. Ex. Voilà une belle jeu- nesse qui s'en vient. — Petite jewiesse, enfance, Ex. Du temps de ma petite jetinesse. * Jib, djibe, n. m., (m. a.) ' Foc, voile triangulaire qui se place à l'avant, le long d'un cordage. Jignaque, n. m. — Idiot, timbré. * Jin, djiîme, n.m., (m. a.) Gingham (guingan), coton croisé. * Jingoe, (m. a.) — Homme qui fait plus de bruit que de besogne. — By Jingoe ! interjection qui exprime la surprise. *'Job, n. f. et m. (Angl.) — Entreprise véreuse. Ex. Monter un job. — Tâche. Ex. J'ai une dure/^(5 sur les bras. — Travaux d'impression, ouvrage de ville. — Petit* ouvrages faits à forfait ou à la pièce. — Travail, ouvrage. Ex. Je viens d'entreprendre une bonne /^(5. — Affaire. Ex. C'est une bonne /^^. — Entreprise. Ex. Entreprendre une /c'^^. * Jobbage, (Angl.) — Action de travailler à la job. * Jobbeur, (Angl.) — Entrepreneur. — Agioteur. — Intrigant politique. — Revendeur. Jobard, n. m. — Niais qui se laisse facilement duper. 400 LE PARLER POPULAIRE Joculot, n. m. Dernier garçon de la famille chez les Acadiens de Paspébiac. * Joindre, v. a. Devenir membre. Ex, Messieurs X et Z \o\\\ joindre notre sj-udicat, (Angl.) Jographie, n. f. — Géographie. Joint, n. m. Trouver le joint, la meilleure manière de prendre une affaire. * Joker, djokeiir, (m. a.) La plus forte carte au jeu de euchre. Joli, adj. — Singulier. Ex. Te voilà ; un yc?// garçon, toi ! Mais d'où viens-tu ? Jonction, n. f. — Au séminaire de Québec, c'est la participation, à certaines fêtes de l'année, à une table commune, des prêtres et des élèves du grand séminaire. — Point d'intersection d'une voie ferrée avec la voie publi- que. Jongler, v. n. — Rêver, songer creux. Ex. Qu'as-tu donc o. jojigler ? — Penser, réfléchir. Ex. Que penses-tu de notre affaire? Es-tu décidé? — J'y ai déjà beaucoup y^;/^//. Jonglerie, n. f. — Sorcellerie chez les sauvages. — Méditation profonde. Jongleur, n. m. — Sorcier sauvage. — Songeur. Jonte, u. f. — Honte. Jonteux, euse, adj. Honteux, euse. Jornée, n. f. Tournée. Ex. J'ai travaillé toute la y^r;;/^ belle et longue. Expression acadienne. Jette, n. f. Joue, grosse joue. Ex. Un enfant qui a de grosses yV?//«. DES CANADIENS-FRANÇAIS 4OI Jouai, u. m. — Cheval. Joue, n. m, — Juchoir, perchoir. — Pièce de bois eu forme d'arc, dont ou se sert à la campa- gne pour porter deux seaux à la fois. Jouer, V. n. — Jouer qttelgîihin, le tromper. — Jouer à V argeiit, jouer de l'argent. — Joîcer dît violon, déraisonner. — Jo7ier de V archet, même sens. — Jouer des tours, s'amuser aux dépens de quelqu'un. — Jouer un tour de crasse, tromper en affaire. — Jouer le tout potir le tout, jouer sou vatout. — Joïier des coudes, reculer les autres pour s'avancer. — Ne plus Jouer, se retirer d'une affaire. — Jouer des ja7nbes, s'enfuir. Jouir, V. n. — Maîtriser. Ex. Cet enfant est bien difficile à élever, on ne peut pas qm jouir. — Posséder. Ex. Jouir d'une mauvaise santé. Jouque, n. m. — V. Joue. Jouquer, v. a. —Jucher. Jouquoir, n. m. — Juchoir. Jouquoué, n. m. — Juchoir. Jour, n. m. — Jour pour jour, à la même date que l'année précédente, Ex. Il y aura un an demain, jour pour jour, que je suis entré au parlement. — Au joîcr d'ajijourd' hui. V. Aujourd'hui. — Jour du ciel, Joîir de Dieic, jour de la vie, jamais de la vie. — Au petit jour, de grand matin. — Le haut du jour, le matin. — Lo7ig comme un jour sans pain, fort long. Journalier, ère, adj, Irrégulier. Ex. Cet ouvrier est un peu journalier, son ouvrage s'en ressent. 26 402 LK PARLER POPULAIRE * Journalistique, adj. (Augl.) — Article de journal. — Carrière du journalisme. Journée, n. f. — Aller enjoicniée, aller travailler à la journée. — S'amuser toute la journée, belle et longue, s'en donner à cœur joie. — Interjection. Ex. Journée ! qu'il fait froid. Jousent, 3' P- Pl- i^^ic. prés, du Y^xh^ jouer. Jouent. Ex. Les ç.ni2:ù\.?y jousent tous ensemble. Jours (être en tous les), loc. Porter des vêtements dont on fait un usage journalier. Ex. Crois-tu que je vas aller à la messe en tojis les joiirs comme je suis là ? Jubé, n. m. Galerie qui longe les murs latéraux de nos églises. Juc, n. m. — V. Joue. Judas, n. m. — Qui crache dans le visage d'un autre. Juge à paix, n. m. — Juge de paix. Juge en chef, n. m. Président d'un tribunal, d'une cour de justice. Jugement, n. m. — Co)i/esser jugement, reconnaître un jugement. — Jugement renversé, réformé. Jugeotte, n. f. Jugement. Ex. Tu connais Salomon, il n'a pas une grosse jugeotte. Jugerie, n- f. Place de juge. Ex. Cet avocat arrivera sûrement à une jiigerie. Juif, ve, adj. — Avare. Juiffé, e, adv. Qui renferme un vice caché. Ex. Une marchandise /wz^^. Juille, n. f. — Cheville. Juiller, V. a. — Cheviller. Jument, u. f . — Couteau à ressort à grosses lames. * Jumper. (Angl.) — Sauter. DES CANADIENS-FRANÇAIS 4O3 Jun, n. m. — Juin. Junior, adj. Fils, cadet. Ex. On a célébré, ce matin, le mariage de François hehon, j'unwr, fils de François Lebon, senior. Jupe, n. f. — Se mettre sous la jupe de sa femme, se dérober en affaires, en substituant le nom de sa femme au sien propre. — Porter la jupe, jouer le second rôle dans le ménage, en parlant du mari. Juque, n. m. — V. Joue. Juquer, v. a. — Jucher. Juquoir, n. m. — Juchoir. Jura, n. m. — Juré. Ex. Un grand /wra, un petit ;V^rû!. Jury, n. m. — Grand jury , jury d'accusation. — Petit jury, jury de jugement. Jusse, adj. — Juste. Juste, adj . — Raison. Ex. Comme de juste. Juste et carré, loc. Très juste. Ex. Ce que vous dites est parfait, c'est juste et carré. Jûter, V. n. Eaisser couler du jus. Ex. Ma pipe jûte. Français, mais familier. Juyette, n. m. — Juillet. J'val, n. m. — Cheval. J'valet, n. m. — Chevalet. J'veu, n. m. — Cheveu. Ex. Fendre les/ W/^;»: en quatre. J'ville, n. f.— Cheville. J'viller, V. a. — Cheviller, 404 LE PARLER POLULAIRE Kaïac, 11. m- — Gaïac. Ex. Une toupie eu kaïac. Kakawi, n. m. — Cauard à lougue queue. * Ketsup, ketsop, n. m., (m. a.) — Catsup. * Kicker, v. a. (Angl.) — Tromper, tirer à côté. * Kickeur, n. m. (Angl.)— Qui kicke. * Kid, (m. a.) — Chevreau. Ex. Des gants de -^/û^. * Kiss, (m. a.) — Baiser. Ex. Donné-moi un kiss, mon petit. — Gâteau sucré et soufflé. — Contre, choc en double de deux billes qui reviennent par contre-coup l'une sur l'autre. (Terme de billard.) * Knickerbockers. — Guêtres qui emprisonnent toute la jambe. La, art. f. s. Article féminin employé pour désigner une femme mariée ou une fille de condition inférieure, pour remplacer Mada- me et Mademoiselle. Ex. La Brindamour, pour la femme de Brindamour ; la Rose, pour Rose. Quelquefois le nom propre lui-même est féminisé. Ex. La Bouchère, la fem- me Boucher ; la Gag7ion7ic, la femme Gagnon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 405 * Label, lêbbel, n. m., (m. a.) Etiquette, écriteau. Ex. Mettre un label sur une fiole de remèdes. Laboureux, n. m. — Laboureur. Lac, n. f. Petite quantité de liquide répandue sur le parquet. Ex. Un lac d'eau, un lac de café, de thé. Laçage, n. m. — Laçage. La celle, pron. dém. — Celle. Lacer, v. a. — Lacer. Ex. /.a^d- mes bottines. Lacet, n. m. — Lacet. Lâche (de), loc. D'arrêt, de repos, Ex. Avec cet ouvrier il n'y a pas de lâche. Lâcher, v. a. — Relâcher, cesser. Ex. Il y a bien huit jours que la pluie ne lâche pas. — Abandonner. Ex. Le rhumatisme ne me lâche pas. Se dit des choses fâcheuses seulement. Lâcher (se), v. pron. Se mettre à l'ouvrage avec ardeur. Ex. Lâche-toi, c'est le temps ou jamais d'arriver à faire quelque chose. * Lading, lê-digiie, (m. a.) — Bill of lading, connaissem*nt. * Lady's finger, n. m., lédese-fingheiir, (m. a.) Doigt de dame, biscuit à la cuiller. * Lager, n. m., lagheiir, (m. a.) Bière douce. Ex. Le lager est moins pesant que la bière ordinaire. Laidir, v. n. — Enlaidir. Lainu, adj. — Laineux. Laisser, v. a. — Quitter. Ex. Je vais laisser Québec pour un mois. — Partir de. Ex. Le train laisse Lévis à six heures précises. — Se laisser aller ^ se négliger, se décourager. — Se laisser /ai?'e, souffrir patiemment. — Se laisser mourir, mourir. — Laisser en arrière, négliger. 406 LE PARLER POPULAIRE Lait (au), loc. Au régime du lait. Ex. I,e docteur m'a m.is au lait. Lait de beurre (petit), n. m. Babeurre, lait qui reste dans la baratte quaud le beurre est pris. Laitte, u. m, et adj. ■ — Lait. Ex. Un vaisseau de laitte. — Laid, laide. Ex. Cette personne est laitte à faire peur au diable. Lait veriou, n. m. Lait que donnent les vaches les premiers jours après la déli- vrance. Laize, n. f. Catalogne. (Voir ce mot.) La laize est la largeur d'une étoffe entre deux lisières. Cotgrave a dit : « A la grande laize, c'est à la grande mesure.» Nous disons indifférem- ment laize et catalogue. Lambine, n. f. — V. Ambine. Lambineux, n. et adj. — Lambin. Lamblette, n. f. — V. Amblette. Lambre, n. m. — V. Ambre. Lambrer, v. n. — Aller l'amble. Lambreur, euse, adj. — Qui va l'amble. Lambreux, adj. — V. Ambreur. Lambriche, n. f. Morceau d'étoffe en lambeaux. (Cl. } Lancé, e, adj. Homme légèrement ivre. Ex. En voilà un qui est pas mal lancé, quand s'arrêtera-t il ? Lancement, n. m. Elancement, douleur lancinante. Ex. Mou panaris me cause des lancements insupportables. Lancer (se), v. pron. Faire un grand effort. Ex. Tu vas subir ton examen, tâche de te lancer. Lancette, n. f. Aiguillon de guêpe, de bourdon, d'abeille, de maringouin. DES CANADIENS-FRANÇAIS 407 Langages, ii. m. pi. Etre pris da7is les langages, faire parler mal de soi parles autres. Langue, n. f. — Tirer la langue, être dans la misère, attendre vainement. — N' avoir pas la langue dans sa poche, parler avec facilité. — Faire la langue à quelqu'un, le mettre au courant d'une affaire pour lui permettre de parler avec connaissance de cause. — Avaler sa langue, se taire, ne pas parler. Languette, n. f. Marcher sur la layiguette, marcher sans osciller. Ex. J'ai pris quelque chose, je l'avoue, mais je suis encore capa- ble de marcher sur la languette. Langueur, n. f. Longueur. Ex. Traîner une affaire en langueur. Lapin, n. m. Bougre. Ex. C 'est un rude /a/>^;^ que ce garçon-là. LaqueuUe, pron. Laquelle. Ex. Laqueidle de vous deux s'appelle Françoise? Lard, n. m. — Cochon gras. Ex. J'ai trois gros lards à vendre. — Faire du lard, ne rien faire, paresser. — Maigre de lard, partie maigre du porc. Lardon, n. m. Sarcasme, propos ironique. Ex. Manger des lardons, avaler un bon lardon. La rebours (à), loc. adv. Au rebours. Ex. Ne parle donc pas à /a r^^^z^r^ du bon sens. Largir, v. n. — S'élargir. Ex. Il /«r^// des épaules. Largue, n. f. Arrêt. Ex. L'ouvrage nous commande, il n'y a jamais de largue pour nous. Larguer, v. a. — Lâcher. Ex. Veux-tu me /a/-^/<<';- le bras ? Larme, n. f. Petit verre. Ex. En prends-tu? — Sans doute, mais seule- ment une larme. 408 LE PARLER POPULAIRE Laudalun, n. m. — Laudanum. Lasard, n. m. — Le hasard. * Lastine, u. m., (Angl.) De l'anglais lasting, étoffe légère de laine. Lastique, n. m. — Elastique. Latineux, adj. Oui cite beaucoup de latin, Ex. Notre nouveau curé est un bon latineux. Latineiir se disait autrefois dans le même sens. Latteur, n. m. Oui pose des lattes. Laudunum, n. m. — Laudanum. * Laundry, laun dré, (m. a.) Buanderie. Ex. Avez-vous du savon de la lawidry ? On dit beaucoup landri pour laundry. Lavage, n. m. — Blanchissage. Ex. Je paie deux piastres par semaine pour mon lavage. — Renvoi d'ffice. Ex. Le gouvernement est décidé à faire un lavage général. — Perte de sa mise de fonds à la Bourse. Lavasse, n. f. Thé ou café très faible, sans goût appréciable, tout breuvage insipide. Lave=niains, n. m. — Lavabo. Lavement, n. m. — Personne ennuyeuse. Laver, v. a. — Laver son linge sale en famille, ne pas révéler aux étran- gers ce qui la divise. — Se faire laver, en terme de bourse, être forcé de vendre à perte ses actions. Lavier, n. m. Evier. Lavier se dit dans le patois de Langres et de Reims. Laver (se), v. pron. — Se confesser. * Lawn, (m, a.) — Linon. — Laivn-icnnis , jeu très populaire. DES CANADIENS- FRANC Aïs 409 Lé, art. Le. Ex. Va m' acheter un dictionnaire anglais chez Gar- ueau, et apporte-// tout de suite. * Leader, lid'eur, (m. a.) Chef de parti. Ex. M. Bordeaux est le leader des bleus à Ottawa. Le celui, pron. dém. — Celui. * Lecture, n. f. (Angl.) — Conférence. Ex. M. Grand a donné une jolie lecture, hier soir, à l'Académie des Muses. — Délibération. Ex. Ce bill est rendu à sa deuxième lecture. * Lecturer, v. n, (Angl.) — Faire une conférence. * Lectureur, n. m. (Angl.) — Conférencier. * Ledger, ledfciir, n. m., (m. a.) Grand livre. Ex. Inscris- moi cela au ledger. Légal, e, adj. Profession légale, profession d'avocat, carrière du barreau. Légearte, adj. f. Légère. Ex. Voilà une chaise qui est légearte comme une plume. * Leghorn, (m. a.) Paille d'Italie. Ex. Je viens de m' acheter un chapeau de Leghorn. * Législater, v. n. (Angl.) — Légiférer. Lentine, n. f. — Lentille. Lenvers, n. m. Envers. Ex. Je t'assure que c'est le lenvers de l'étoffe. Lequeul, pron. — Lequel. Ex. Legueul prends-tu ? Les ceuses, pron. — Ceux-là, celles-là. Lés, art. pi. — Les. Ex. Ces gens-là, je lés aime point. Lessie, n. m, — Lessive. Lessiver, v. a. Monder. Ex, Lessiver An \Aé à' Inà^. Létanie, n. f. Litanie. Ex. Avec celui-là c'est toujours la même létanie qui revient. 4IO I,E PARLER POPULAIRE Lettre, n. f. — Lettre morte, lettre de rebut. — Bureau des lettres mortes, bureau des lettres de rebut. — La Ictti-e e)i est grosse, facile à compreudre. Leune, n f. Lune. Ex. Il fait un beau clair de leune, ce soir. Leux, adj. poss. — Leur. Ex. Vous leux direz que je suis bien. — Eux. Ex. A leux deux, ils doivent être capables de m' aider à me sortir d'embarras. Leux leurs, pron. Les leurs. Ex. Ces chevaux-là ne nous appartiennent pas, ce sont à nos deux voisins, je t'assure que ce sont letcx leurs. Levable, adj. — Qui peut être soulevé. Levage, u. m. Action de lever. Ex. 'LtÇ. levage d'une maison par corvée. Levain, n. m. Venin. Ex. Prends garde, le crapaud va nous jeter son levain. Levé, n. m. Levée, n. f,, main qu'on a levée au jeu de cartes. Ex. J'ai fait un levé. Levée, n. f. — Rebord. Ex. Marche sur la /^z'<?^ du fo.ssé. Lever, n. m. Réception. Ex. Le gouverneur donne ce soir un grand lever. Lever, v. a. — Nettoj'er. Ex. La corporation a donné l'ordre de lever les rues et les trottoirs. — Mettre la charpente. Ex. Aujourd'hui je levé ma nou- velle maison. — Lever le chemin, y passer le premier en temps de neige. — Lever le camp, s'en aller. — Lever le coude, boire. — Lever U7ie chappe, disputer. — Lever une prairie, la labourer pour la première fois. DES CAXADIENS-FRANÇAIS 4I I — Lever la peau d^uîi anijnal, l'écorcher. Levier, n. m. — Evier. Lèze, n. f. — V. Laize. Liane, n. f. — Bourdaine. Libarau, n. m. — Libéral. Ex. Je svàs libarau, moi 1 Libèche, n. f. — Bande de cuir, lisière de drap. Libéra, n. m. Chanter le libéra, considérer une chose comme perdue. Ex. J'ai perdu mon parapluie dans les chars, je peux bien chanter son libéra. Libéral, e, adj. Avantageux. Ex. Vendre à des conditions libérales. Libéraliser (se), v. pron. — Devenir libéral. Libérau, adj. Libéral. Ex. De quelle pohtique es-tu ? — Moi, je suis un libérait. Libore, n. f. — Hellébore. Licencié, e, adj. Autorisé à vendre. Ex. Licencié pour la vente des boissons fortes. Lichade, n. f. — Embrassade un peu longue. Liche=coquin, n. m. — Bâton destiner à frapper les voleurs. Liche=cul, n. m. — Flatteur de bas étage. Liche=frite, n. f. Lèchefrite. Lichefrite est cité par Cotgrave. Licheplats, n. m. Qui nettoie bien net les bourses aussi bien que les plats, Ex. On dit que les avocats sont des licheplats, m.ais c'est autant pour la rime que pour la frime. Licher, v. a — Flatter. Ex. Licher quelqu'un pour en obtenir une faveur. — Lisser. Ex. Tu as les cheveux lichés. — Licher U7i verre, boire. Licher (se), v. pron. — Se licher les quatre doigts et le poicce, s'en retourner avec un désappointement général. 412 LE PARLER POPULAIRE — Aller se licher, s'en aller sans avoir obtenu ce qu'on espé- rait avoir. Ex. Tu voudrais bien avoir ma montre, tu peux aller te licher, tu ne l'auras pas. Licherie, n. f. — Flatterie. Lichette, n. f. Petite quantité, valeur d'une petite langue. Ex. Donne- moi une lichette de pain. Licheux, euse, adj . — Flatteur, servile. Lieu de (en), loc. prép. — En position. Ex. Il est en lien de faire du mal aux autres. — Au lieu. Ex. En lien de dire la vérité, il m'a conté un tas de mensonges. Lieur de (au), loc. prép. Au lieu de. Ex. Il est allé se promener au lieur de tra- travailler. Lieux, n. m. pi. — Lieux d'aisance, latrines. Lièvre, n. m. — Peureux. * Life préserver, laife-preseurveur, (va. a.) Ceinture de sauvetage. Ligne, n. f. — Voie ferrée. Ex. Il y a trois cents ouvriers qui travail- lent sur la lig7ie du Pacifique. — Branche de commerce ou d'industrie. Ex. La meilleure lig7te à prendre, c'est celle des fourrures. — Frontière. Ex. Traverser les lignes, passer les lignes. Lignée, n. f. — File. Ex. Une //^w/^ d'arbres. Ligner, v. a. Donner de la ligne à un poisson. Lignette, n. f. Filet fait de lignettes, ficelle ou crin, pour prendre les oiseaux de neige au printemps. Ligneu, n. m. Ligneul, fil enduit de brai, à l'usage des cordonniers. Lime (à la), adj. et adv. — V. A la lime. * Linie=juice, laïme-djiouce, n. m., (m. a.) Jus de citron, eau de cédrat. DES CANADIENS-FRANÇAIS 413 Limer, v, u. Pleurer à demi, saus larmes, pour témoigner du méconteu- tement, Ex. Achève de limer, mon petit, c'est ennuyant à la fin. Lùncr s'entend pour p/earcr, dans l'arrondisse- ment de Pont-l'Evêque, en France. Peut être une corrup- tion de hiriier ou gimer, gémir, pleurer. Liméro, n. m. — Numéro. Limeux, euse, adj. — Enfant qui lime, qui pleurniche. Limité, e, adj. — Une société limitée, anonyme. Linceuil, n, m, — Linceul. Lindi, n. m, — Lundi. Ex. Qui a fait lindi a fait mardi. Lingot, n. m, — Somme d'argent considérable. Lino, n. m. — Linon, batiste très fine. Lippe, n. f. — Pc?idre la lippe, venir tout prêt de pleurer. Lis d'eau, n. m. — Nymphéa odorante. Lisable, adj. Lisible. Ex. Il nous arrive parfois des livres, parole d'hon- neur, qui ne sont pas lisables. Lisse, n. f. — Rail de chemin de fer. — Bande de fer fixée au-dessous des membres d'un traîneau ou des carrioles d'hiver. Lisser, v. a. Poser des lisses à un traîneau, à une carriole. Lite, n. m. — Lit. Livre, n. m. Lire dans les gros livres, être savant. * Lobby, (m. a.) Antichambre, couloir, salle d'attente, foyer. Local, e, adj. Provincial. Ex. La Chambre locale siège en ce moment. Te présentes-tu pour le local 9 Loche, n. f . — Lote maculée. * Lockjaw, dja, n. m., (m. a.) — Tétanos. Locre, n. m. Ocre. Ex. Tu mettras du locre dans la chaux pour lui donner de la couleur. 414 LE PARLER POPULAIRE * Lofer, V. a. (Angl.) — Vagabonder. Ex. En voici deux qui perdent leur temps à lofer. — Paresser. Ex. Travaille au lieu de lofer. — Vivre aux dépens des autres. Ex. Il y en a qui passent leur temps à lofer des coups ici et là. * Lôfeur, n. m. (Angl.) — Qui flâne, ne travaille pas. — Qui vit aux dépens d' autrui. — Qui court les rues, vagabonde. Logeable, adj. Eieu ou meuble propre à recevoir avec facilité divers objets, à les loger. Ex. Cette armoire est bien logeable. Logement, n, m. Espace. Ex. Il y a pas mal de logetneni dans ma nouvelle maison. Loger, V. a. — Construire. Ex. Je vais loger une maison dans le cou- rant de l'été. — Contenir. Ex. Cet hôtel loge trois cents personnes. — Déposer. Ex. Je logerai ma plainte à midi. Loges, n. f. pi. Asiles d'aliénés. Ex. Pitre Larive est allé aux loges, c'est un fou vrai. Loi, u. f. — Faire des lois, faire la loi, vouloir imposer ses volontés. — Il y a toujours beti de la loi, il faut que cela finisse, ça n'a pas le sens commun. Lolo, n. m. — Lait. Long, ue, adj. — Lent. Ex. Qu'il est lo7ig dans son travail, cet ouvrier- là ! — Au long de, le long de. Ex. Marchons au long de la rivière. — A son long, tout de son long. Ex. Il se couche parterre à s 071 long. Longée, n. f. — Une certaine longueur. DES CANADIENS-FRANÇAIS 415 Longitude, n. f. Langueur. Ex. Mon enfant est malade depuis six mois, je crois qu'il est en longitide. Longtemps, adv. — Avayit longtemps, sous peu. Longuebiche, n. f. Une chose plutôt longue et étroite. Ex. Veux-tu du pain ? — Oui, donne moi-z-en une bonne longiicbichc. Longuette, n. f. — V. Longuebiche, libèclie. * Loose, lou^se, adj. (m. a.) Ample. Ex. J'ai un habit qui est loose. * Loquer, v. a. (Angl.) — Serrer une forme. (T. d'impr.) Loquet, n. m. — Médaillon. Ex. JJn loçuel en or. — Hoquet. Ex. Avoir loq2iet. Lorgnon, n. m. Pince-nez, binocle qu'un ressort fait tenir sur le nez, Lot, n. m. Lopin de terre. Ex. J'ai un /t?/ dans le cimetière Belmont. Loucher, v. n. Faire loucher, tirer l'œil. Ex. Quand je lui ai montré mon rouleau de piastres, ça l'a fait loucher. Loucheux, euse, n. — Loucheur. Louise, n. f. — CEillet parfait. Appelé aussi bouquet parfait. Loups, n. m. — Les loups de la Baie Saint- Paul. Sobriquet. — Voir le loup, voir des choses extraordinaires, indescrip- tibles, le diable. — Ce n'est pas le loup, ce n'est rien de bien extraordinaire. Lourne, n. f. — Huard. Loup^marin, n. m. — Phoque commun. Loupe, n. f. — Kyste, tumeur arrondie. * Loyaliste, n. m. (Angl.) Personne attachée au gouvernement de son pays. Ex. Les loyalistes américains ont été bien accueillis par le gouver- nement du Canada. Loyer (à), loc. Locataire. Ex. Je suis à loyer sur la rue Champlain. 41 6 LE PARLER POPULAIRE * Luck, leuke, n. f., (m, a.) — Chance. Ex. C'est pour la liick. — Good luck, bonne chance, * Lucky, leuké, adj., (m. a.) — Heureux, chanceux. Luette, n. f. Se vi02iiller la luette, prendre un liquide plutôt alcoolique. Lui, adj. Le même. Ex. Ce n'est plus lui, depuis qu'il a été malade. Lumière, n. f. — Perdre huniere, perdre connaissance. — U71 bâtimejit de lumière, un phare. * Lunch, n. m., (m. a.) Collation, second déjeûner. Ex. Où vas- tu prendre ton lunch ? * Luncher, v. n. (Angl.) — Prendre le lunch. L'un portant l'autre, loc. En mo)'enne. Ex. J'ai vendu au marché quatre porcs, ils pesaient bien deux cents livres, V un portant Vautre. Lune, n. f. — Etre dans la lune, être distrait. — Voir la lune en plein jour, attraper un horion. — Face de hcne, figure ronde, joufflue. Lunette d'opéra, n. f. Jumelles, lunettes de spectacle, lorgnettes. Lurette (belle), loc. Longtemps. Ex. llyB. belle lurette que j'ai fini ma beso- gne. L'expression est usitée en France, mais familièrement. Lurette signifie en rouchi une chose sans durée, sans con- sistance. Lyre, n. f. Chanson ennuyeuse, langage répété. Ex. C'est toujours la même lyre qu'on entend, avec celui-là. Lyreux, euse, adj. Qui se perd en paroles pour arriver à ses fins. DES CANADIENS-FRANÇAIS 417 Mabre, u. m. Marbre. Au XVIP siècle, on prononçait 7nabre. Macadem, n. m. Macadam, système d'empierrement des chemins, d'après le nom de l'inventeur Mac Adam. Macadémiser, v. a. — Macadamiser. Macardi, n. m. —Mercredi. Machabée, n. m. Oiseau de mer très commun dans le bas du fleuve. Espèce de couac. Mâche, n. f. — Mâchement, action de mâcher. Mâche (en), loc. En appétit. Ex. Je t'avouerai ingénument que je ne suis pas eji Diâche, ce soir. * Mâche=mâIo, n. m. Corruption de l'anglais marsh-mcdlow ^ guimauve. Mâchée, n. f. Morceau de gomme. V. Bourrelet. Mâcher, v. a. Meurtrir. Ex. Des fruits mâchés, la peau de la main viachêe. Mâcher, v. a. — Dire crûment une chose. Ex. Je ne lui mâcherai ■cas ma manière de voir. — Réfléchir. Ex. Il est quelquefois plus prudent de 7nâ- cher ses mots avant de parler. — Mâchouiller. Ex. Mâcher de la gomme. 27 41 8 LE PARLER POPULAIRE Mâcheuse de gomme, n. f. — Femme commune et indolente. Machin, n. m. Objet dont on ne trouve pas tout de suite le nom propre. Ex. Quel est ce mac/tï?i-\si ? Machine, n. m. Nom familier donné à toute personne dont on a oublié le nom. Ex. Dis donc, Machine, qu'est-ce que tu fais là? Machinerie, n. f. — Machine d'un bateau, steamer. — Intrigue, conspiration, ensemble de mauvais desseins. MâchouiJler, v. a. Mâcliiller, mâcher lentement et sans broyer. Ex. Mâchouil- ler du tabac, de la gomme. Mâchouilleur, euse, adj. — Qui mâchouille constamment. Machure, n. f. — Meurtrissure, contusion. Ex. Des machures sur une jambe, sur le dessus du pied. — Tache causée sur un fruit par le froissem*nt. * Mackintosh, makinntoche, n. m., (m. a.) Imperméable. Ex. Mets ton mackintosh , il pleut à Dieu miséricorde. Maçonne, n. f. Maçonnerie. Ex. Voilà de la maçonne bien faite. Madame, n. f. Dame. Ex. Regarde donc la belle madame qui passe. Mâfflu, e, n. et adj. — Qui a les joues pleines, rebondies. Maganer, v. a. — Tourmenter, causer du chagrin. Ex. Ne magane pas ta vieille tante, bien qu'elle soit bien déplaisante. — Briser, détériorer. Ex. Les écoliers sont heureux quand ils ont magané leurs livres de classe. Magasin, n. m. Magasin de seconde mai7t, magasin de revendeur. Magasinage, n. m. — Action de magasiner, de faire des achats. Magasiner, v. n. Courir d'un magasin à l'autre pour y faire ses achats. Ex. Il n'y a rien qui m'ennuie plus que de magasiner. DES CANADIENS-FRANÇAIS 419 Magasineux, euse, adj. — Homme ou femme qui magasine. * Magazine, n. f., (m. a.) — Périodique. Magies, n. f. pi. — Tours de magicien. Ex. Faire des ma- gies. Magniable, adj. — Maniable. Magnier, v. a. Manier. Ex. Il faut que tu magyies cela avec tes mains. Magnieux, euse, adj. Manieur, euse, qui manie. Ex. Un magnieux d'argent. Magnière, n. f. — Manière. Ex. Pourquoi faire tant de magyiieres ? — Espèce, genre. Ex. C'est une viagniere d'homme qui est pas mal dur à cuire. Magniser, v. a. Magnétiser. Ex. T'es-tu fait magniser, l'autre jour? Magré, prép. — Malgré. Ex. Il est venu wa^/v? moi. * Mahogany, mâgjié, (m. a.) Acajou, bois d'acajou. Ex. Un set de chambre à coucher en mahoga?iy. Nous entendons ce mot prononcé mâgné, 7nag7ié, mangné. Mai, conj. Mais. Ex. Mai que tu viennes chez nous, tu me le feras assavoir. Maigrechine, n. m. et f. Maigre échine, personne maigre, chétive, échinée. Ex. Un petit maigrechifie. Maigre d'eau (à), loc. Petite quantité d'eau. Ex. Pêcher à maigre d'eau. Maigrichon, ne, n. m. et f. Enfant très maigre. Ex. Holà ! petit maigrichon, viens manger ta soupe. Maigrion, ne, n. m. et f. — Maigrelet, un peu trop maigre. Maigue, adj. — Maigre. Ex. i^/az^;^^ comme un cent de clous. Maille et à corde (à), loc. — V. A maille et à corde. Maillé, n. m. Jeune esturgeon appelé maille dans la région de Montréal. On l'appelle ailleurs escargot. 420 LE PARLER POPULAIRE Mailler, v. n. Se prendre dans les mailles d'un filet. Bx. Le poisson 7naille bien. Mailloche, n. f. Tête, crâne. Ex. Si tu ne cesses de crier, mon gas, je vais te cogner la mailloche. Main, n. f. — Ouvrier. Ex. J'emploie cent mains dans ma manufac- ture. (Angl.) — Etre mal à main, n'être pas obligeant. — Etre à 7nain, dans le voisinage. — De main à main, sans passer par un intermédiaire. — Avoir la mairi dure, ne pouvoir travailler sans tout briser. ■ — En un vire-main, en un instant. — Mains de beurre, mains qui ne savent rien retenir. — Passer sa main, passer son tour de jouer à un autre. — Acheter argent à la main, acheter comptant. — A main, commode. — Avoir en mains, tenir en magasin. — Se laver les mains dhine chose, comme Ponce-Pilate, décla- rer qu'on n'y a pas participé. — Mettre les clefs à la main, livrer à son propriétaire une maison de construction récente. — Etre à sa main, être placé de manière à agir librement, aisément de sa main droite, si l'on est drétier, de sa main gauche, si l 'ou est gaucher. — Tejiir quelqiî' un dans sa main, avoir beaucoup d'autorité sur lui. — Se payer de ses mains, par ses mains. — Ecrire une bonne main, avoir une bonne écriture. — Mettre sa maiji au feu, être sûr d'une affaire. Ex. Si tu joues à la Bourse, tu vas certainement perdre ton argent, j'en mettrais nia main au feu. — Avoir la main, avoir le droit de distribuer les cartes. — Acte fait par main de notaire, acte notarié. — Par sous-main, en sous-niain. — Rester dans les mains, tomber en ruine, se démantibuler. DES CANADIENS FRANÇAIS 42 I Ex. Ne touche pas à ce vieux meuble, car il va te rester dans les mains. Main chaude, n. f. Jouer à la maiyi chaude. Jeu d'eufants qui consiste à frapper dans la main d'un joueur qui se^cache les j-eux, et qui les ouvre pour découvrir celui qui l'a frappé. Main morte, n. f. Main molle. Ex. Main morte, main morte, tape le sot. Amusem*nt d'enfants. Mainette, n. f. et m. — Petite main d'enfant. — Homme efféminé qui s'occupe de travaux particuliers aux femmes, qui coud, tricote, etc. Mainquain, n. m. Partie du fléau que l'on tient dans la main. Dans le Perche on dit maintaiji, et en Normandie 77iaintint. Mainquien, n. m. Maintien. Ex. Tâche donc de t' asseoir comme il faut sur une chaise, tu as là un joli mainqicien ! Maintint, part. pass. Maintenu. Ex. Il s'est maintint solide sur ses jambes. Mainuit, n. m. Minuit. Ex. Nous partirons bientôt pour la messe de maitiîiit. Mairerie, n. f. Mairie. Cotgrave cite mairerie pour désigner l 'office et les fonctions de maire. Mairesse, n. f. Femme du maire. Dans le vieux français, mairesse se disait pour maîtresse de maison. Maison, n. f. — La maison du Bon Dieu, l'église. — La fille de la maison, la fille qui est à n.arier. Ex. Si tu ne te comportes pas mieux, tu n'auras pas la fille de la maison. — Maison de sticre, petite maison en sucre d'érable fabriquée par les sucriers à l'intention des enfants. 422 LE PARLER POPULAIRE Mais que, loc. adv. Lorsque, quaud, après que. Ex. Mais qiie\\x viennes, nous irons glisser sur les Buttes à Nepveu. Vaugelas rejetait cette locution. Maître, n. m. Mon.sieur. Ex. As-tu rencontré maître Pierre Latulippe? Maître canot, n. m. Canot principal dans une expédition de canotiers. * Maître de poste, n. m. Directeur de la poste. (Angl.) post-master. Majescule, n. f. et ad j. — Majuscule. Major, n. m. Jeu de cartes, dans lequel le roi d'atout joue un| grand rôle. Il y a le grand et le petit viajor. Mal, n. et adj. — Avoir du mal, être un peu avarié. — Eb'e mal avec qiielgu 'un, en brouille. — Tomber d'iui mal, être frappé d'épilepsie. Mal (beau), n. m. Maladie des organes abdominaux chez la femme. Mal (pas), loc. Assez, passablement. Ex. Il y avait /«^ mal àe. monde au concert. ]& suis pas ui al tvûhtté. Malachigan, n. m. Poisson doué d'une voix puissante ; d'où ses noms de thuîi- der pumper, groyidin, tambour des lacs. On attribue à ses os d'oreilles des propriétés curatives pour la maladie dont le nom commence par la lettre censée gravée sur ces os. Maladret, te, adj. —Maladroit. Maladrettement, adv. — Maladroitement. MaladroisGe, n. f . — Maladresse. Maîaucœureux, euse, adj. Sujet aux nausées sans cause appréciable. Malcommode, adj. — Incommode. Ex. Quel enfant malcommode ! — D'humeur acariâtre. Ex. Un vieux malcommode. DES CANADIENS-FRANÇAIS 423 Malcompris, n. m. Malentendu. Ex. Il doit y avoir du malcompris entre vous deux. Mâle (un), n. m. — Un homme. Ex. Un beau mâle. Malému, e, adj. — D'une humeur maussade. Malendurant, adj. Hargneux, prompt à se révolter, difficile à vivre. Ex. En voilà un qui est malendiirant, on n'est seulement pas'capa- ble de lui parler. Malengueulé, e, adj. — Mal embouché, qui parle pour dire des choses désobli- geantes ou malhonnêtes. — Monongahéla. Ex. Ea bataille de la Malengueidê. Mâlenquerre, adj. — Mâle entier, cheval étalon. Malentente, n. f. — Malentendu. Malentrain, loc. adv. Légèrement souffrant. Ex. Je ne sais pas ce que j'ai ce matin, je suis maleiitrain, Malfaicteur, n. m. — Malfaiteur. Malgré que, loc. adv. Quoique. Ex. J'irai vous voir, wa/^r/ ^'/^'il fasse mauvais. Malgré que ne se dit que dans l'expression malgré qu'il en ait, quoique ce soit de mauvais gré. Malheur, n. m. Faire tin malheur, se proposer de commettre une action cri- minelle, sans pouvoir préciser. Ex. Si vous ne me lais- sez pas tranquille, Referai un malheur. Malhureux, euse, adj. — Malheureux. Maihureusem*nt, adv. — Malheureusem*nt. Malicerie, n. f . — Malice. Ex. Faire des maliceries. Malin, adj. Difficile à faire. Ex. Sauter cette clôture-là, ce n'est pas malin. Maline, adj. f. — Maligne. Malle, n. f. — Courrier. Ex. Attends que j'aie dépouillé ma malle. — Poste. Ex. Tu vas aller à la rnalle chercher mes lettres. 424 LE PARLER POPULAIRE — La malle anglaise, le courrier d'Europe ou le traiu même qui transporte ce courrier des ports maritimes d'Europe ou d'Amérique. * Maller, v. a. (Angl.) — Jeter une lettre à la poste. Malmol, n. f. Espèce de linon partageant l'apparence du linon et de la mousseline commune. Malobligeant, e, adj. — Désobligeant. Malouines (bottes,) n. f. pi. — Bottes à l'écuyère. Malpèques, n. f. pi. Huîtres pêchées à Malpec, sur la côte de l'Ile du Prince- Edouard. Malvat, n. m. — Mauvais sujet. Malvenu, e, part. pass. Mal reçu, mal accueilli. Ex. Sûrement si vous allez à cette assemblée, vous serez vialvemcs. Marne, n. f. Madame. Ex. Ecoutez, Majne Chose, voulez-vous me ficher la paix ? Mameselle, u. f. — Mademoiselle. * Manager, vianedjeur^VL.vn., (m. a.) — Gérant, chef , directeur. Manche, n. m. — Etre gros manche avec qiielqic'îiyi, en très bon termes. — Avoir quelqu'un dans sa manche, pouvoir compter sur lui, ou l'avoir en son pouvoir. — Se mettre du coté du ?na?iche, du côté le plus fort. — Oest une autre paire de manches, c'est bien différent. Manche (gros,) u. m. — Homme important. Manche (petit,) n. m. — Homme qui ne compte guère. Manche de chemise, n. f. Bras de chemise. Ex. Se mettre en manche de chemise pour travailler. Manche de pipe, n. m. — Tu5'au de pipe. Manche de plume, u. m. — Porte-plume. Manchon, n. m. Manche. Ex. Le manchon de la charrue. Dans le vieux français on rencontre 7nachon, esniajichon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 425 Manchonnier, cm. Fourreur. Majichonriùr vient du fait que le fourreur fabri- que des manchous ; mais il fabrique aussi d'autres choses. Manchette, adj. N'être pas rnanchotte, ne pas manquer d'esprit, au con- traire. Mandat'^poste, n. m. — Mandat de poste. Mande, n. f. — ■ Menthe. * Manéger, v. a. (Angl.) Conduire, administrer. Ex. Manège cette affaire du mieux que tu pourras. Mangeaille, n. f. Action de manger. Ex. Avec ces enfants on n'entend par- ler que de mangeaille. Mangeard, n. m. — Dépensier, prodigue. — Fort mangeur. Mange=chrétien, n. m. Usurier. Ex. Ces juifs-là sont tous des mange- chrétiens . Manger, v. a. — Faire tomber. Ex. La chaleur va manger le vent. — Recevoir. Ex. Manger des coups. — Dépenser. Ex. Manger son bien. — Médire, calomnier. Ex. Manger le prochain, ??ia?iger du. prêtre, du jésuite. — Surcharger de taxes. Ex. Manger le peuple. — Prendre. Ex. Manger une dame. (Terme de jeu.) — Détruire. Ex. Un fruit mangé des vers. — Maiiger à fnême, plonger sa cuiller ou sa fourchette sans se servir d'assiette. — Manger le Bon- Dieu, être très dévot — Manger de la ?nisere, être pauvre. — Manger des pissenlits par la racine, être mort. — Manger de la vache e?iragée, rouler dans la misère. — Mayiger à totis les ?-atelie?-s, de tous côtés. — Manger qttelqu' icn. Ex. Je ne vous wa7z^^r«/ pas, c'est- à-dire, je ne suis pas aussi mauvais que vous pensez. 426 LE PARLER POPULAIRE Manger (se), v. pron. — Se manger Vicyi Vautre, se ruiner. — Se nia7iger le sang, s'impatienter, s'inquiéter outre mesure. Manger=aux=mouches. Arrêter en chemin. Ex. Laisser son cheval nianger-aux- moiiches. Mangeur de maringouins, u. m. Engoulevent d'Amérique. Mangeux, euse, n. m. et f. Mangeur, euse. Ex. Louis est un gros mangeux. * Mangler, (Angl.) Calandrer. V. Mingler. Manière de (comme), loc. Comme une espèce de. Ex. Il avait comme manière de chapeau sur la tête. Manière (d'une), loc. D'une certaine façon. Ex. D'ime manière., il peut avoir raison, mais pas de l'autre. Manière que (de), loc. En sorte que. Ex. Je lui ai donné toutes mes raisons, de ma?iière qu'il m'a paru comprendre. Manière comment que (la). Comment, la façon dont. Ex. Pourrais-tu me dire la ma- nière comment que tu t'y prends pour avoir de si beaux animaux ? Manière de (en), loc. Comme, pour ainsi dire. Ex. Il est venu me dire en ma7iière de compliment . . . Manifacture, n. f. Manufacture. Cotgrave dit que ifiatiifacture et manufacture sont synonymes. Manifactureur, n. m. — Manufacturier. Manifacturier, n. m. — Manufacturier. Manificat, n. m. Magnificat. Ex. Pourvu que nous arrivions au Manificat. Manifique, adj. — Magnifique. Manigance, n. f. Manœuvre secrète, mystérieuse. Français, mais familier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 427 Manigancer, v. a. — Tramer dans l'ombre. — Agir. Ex. Tu maniganceras cette affaire comme je te l'ai dit. Manitou, n. m. Divinité protectrice des Indiens, l'Etre suprême, le Grand Esprit. Manivelle, n. f. Charriot mû au moyen d'une bielle sur les voies ferrées, à l'usage des hommes de section (manœuvres). Hand-car des Anglais. Manivelle, n. f. Poussière très ténue provenant de la mouture des grains. Manne, n. f. Mouche qui abonde à la surface des rivières et dont les pois- sons font ample nourriture. Manquable, adj. Probable. Ex. Manqicable qu'il va venir comme il nous l'a promis. Manquablement, adv. Probablement. Ex. Il viendra ynanquablement sur le soir, à la brii7ia?iie. Manque, n. f. Faute. Ex. Vous avez fait cela, c'est une wû!7z^«^ sérieuse. Manque (ben,) loc. Beaucoup. Ex. Y avait-il du monde sur la terrasse hier soir ? — Il y en avait ben manque. Manqué, e, part. pass. — Très fatigué, épuisé. Ex. J'ai fait le tour du Cap-Rouge à pied, aussi je suis manqué, ce soir. — Sans valeur. N'achète pas ce cheval, il est manqué. Expression acadieune. * Manquer, v, a. — Faire défaut. Ex. Vous n'étiez pas chez rorateur, hier soir, on vous a manqué. (Angl.) — Etre dans la misère, manquer de tout. Ex. Depuis que j'ai été placé, je ne crains plus de inanqiier. 428 LE PARLER POPULAIRE * Manslaughter, manslâieur, u. m., (m. a.) Homicide involontaire. Mantelet, u. m. Costume d'intérieur fait sans trop de luxe et beaucoup porté par les femmes, à la campagne. Ex. Ma femme portait le grément complet, la jupe et le mantelet. On prononce plutôt maiitelette . Manthe, n. f. — Menthe. Mappe, n. f . — Carte géographique. Maquière, n. f. — Matière. V. ce mot. Maquièrer, v. n. — V. Matièrer. Maquièreux, euse, adj. — Qui sécrète du pus. V. Matièreux Mâr, n. m. — Mars. Ex. Notre-Dame de ma?-. Marabout, n. et adj. Homme d'une humeur insupportable. Ex. Quel marabout est ça ! Quelle humeur marabout ! Marander (se), v. pron. Se pavaner. Ex. En voilà une qui se maraude un peu fort. Marâtre, n. m. et f. Brutal pour les hommes et les animaux. Marbe, n. m. — Marbre. Marbre, n. m. — Bille. Ex. Jouons aux ^/^ari^r^j. Marcassin, n. m. Petit cochon. En France, ce mot s'applique au petit du sanglier. Marchable, adj. Ori l'on peut marcher. Ex. Passons par un chemin plus marchable. Marchage, n. m. — Action de marchâiller. Marchâiller, v. n. — Marcher péniblement. Marchance, n. f . — Malchance. Marchanceux, euse, adj. — Malchanceux, euse. Marchand, n. m. — Marchand en gros, de gros. — Marchand e7i détail, détailleur. — Marchand de h ardes faites, àç. confections. — Petit marchand, colporteur. DES CANADIENS-FRANÇAIS 429 — Marchand de seconde viain^ revendeur. Marchandises sèches, n. f. pi. Plusieurs sont sous l'impression que maîrhandjses sèches est la traduction de l'anglais dry goods. Nous trouvons mar- chandises sèches dans les Registres du Conseil Souverain. Donc l'expression était usitée dans la colonie avant l'arri- vée des Anglais à Québec. On veut lui substituer iioxi- veautés. Or, ce mot ne peut guère s'appliquer qu'à des articles de mode, et ne rend pas bien l'idée des marchan- dises sèches. A mon avis, mercerie vaudrait mieux. 1,'expression marchajidises sèches prête le flanc à des bizar- reries de langage assez originales. N'a-t-on pas vu des annonces conçues dans la forme suivante : Grande vente de marchandises sèches mouillées ! . . . Marchant (mal), loc. Chemin raboteux, vaseux, ou rempli de neige. Ex. Le chemin est mal marchant, aujourd'hui. Marche, n. f. — Promenade. Ex. Allons faire une marche vers le monu- ment des Braves. — Course. Ex. D'ici au Saut Montmorenc}', c'est une bonne marche. \ Marché, n. m. — Mettre le marché en mains, déclarer ne pouvoir faire une chose. — Grand marché, bon marché. Ex. Les œufs se vendent grand marché. Marchedon, n. m. — Botte sauvage. V. ce mot. — Cheval. Marcher, v. n. — Circuler. Ex. Les tramways ne marche?it pas, ce matin, il n'y a pas assez de pression. — Suivre les exercices. Ex. J'ai deux enfants qui vont marcher au catéchisme, ce printemps. — Fonctionner. Ex. J'ai un employé dans mon bureau qui marche tout de travers. 430 LE PARLER POPULAIRE — Se sauver. Ex. Marche à la maison, petit imparfait. — Se gâter, pourrir. Ex. Voici du fromage qui marche tout seul. — Marcher mal, le chemin est mauvais. Ex. Ça marche mal. — Marcher avec quelqu'un, être d'acord, aller au même but. — Marcher sur le chréquie?i. V. Chréquien. — Marcher sur, approcher de. Ex. Je marche sur la soi- xantaine. Marchette, n. f, — Pédale pour faire mouvoir la roue d' un rouet à filer. — Gros tuyau d'orgue ou basse d'un instrument, que l'on fait sonner à l'aide d'une touche que l'on baisse avec le pied. Marci, n. f. Merci. Ex. Marci be7i des fois, marci mille fois ! Marcou, n. m. Matou. Nos anciens, dit Eacurne, faisaient des noms d'ani- maux de noms de saints. Marcou viendrait de Marc, comme matou de Mathieu. Mardi gras, n. m. — Homme masqué. Ex. Avez-vous reçu à&s mardis gras chez vous, hier soir? — Enterrer le inardi gras, donner une soirée à l'occasion du mardi gras. Mardiilier, n. m. — Marguillier. Mare, n. f. — Mare. Marécager (se), v. pron. Se gâter. Ex. Le temps commence à se marécager. Marêche, n. f. Requin du Saint-Laurent. Marée, n. f. Le contenu d'une mare, une flaque d'eau, d'urine, etc. Ex. Un petit enfant qui fait des marées. Mârence, n. f. — Marelle. Marène, n. f. — Marelle. V. Barrène. Margau, n. m. — Fou de Bassan. DES CANADIENS-FRANÇAIS 43I Marge, n. f. Spéculation rendue plus facile par le paiement incomplet des actions achetées. Ex. Spéculer sur marge. Marginer, v. n. — Spéculer sur marge. Margot, n. m. Baie jaunâtre que l'on cueille dans les savanes. Appelée mûre de savane dans le comté de Kamouraska. Margouilles, u. f. pi. Margouillis, impasse, position embarrassante. Ce mot était très usité à Montréal, il y a cinquante ans. Margoulette, n. f. Mâchoire, bouche, bas du visage. Ex. Je lui ai cassé la margoulette. Le mot est français et populaire en France, et signifie la même chose qu'en Canada. Marguerite, n. f . — Pâquerette vivace. Marguerite jaune, n. f. Renoncule acre. Peste de nos campagnes. Marguillage, n. m. — Qui ressort de la charge de marguil- lier. Marguillière, n. f. Femme du marguillier. Ex. Voici madame la marguillière. Maréal, Mariai. — Montréal. Marier, v. a. Se marier avec. Ex. Je gage que Joseph va inarier la petite Lafieur. Marie Quat'Poches, n. f. — Femme mal vêtue. Marie Souillon, n. f. — Femme malpropre. Marie Torchon, n. f. — Femme laide et malpropre. Marieux, euse, adj. Homme qui a des dispositions pour le mariage. Ex. Ce garçon-là n'est pas un grand marieux. Marinier, n. m. — Marguillier. Marinades, n. f. pi. Conserves au vinaigre, oignons, choux-fleurs, concombres. Marine, n. f. — Inflammation des tissus de la main. Ex. Docteur, j 'ai 432 LE PARLER POPULAIRE été à l'eau salée, regardez ma main, je crois que j'ai la mari7ie. Marinos, n. m. Mérinos, étoflFe de laine. Ex. Une robe de mén?ios. Marinquin, n. m. — Maroquin. Marionnette, n. f. — Aurore boréale. * Market, markète, (m. a.) — Train du marché. Ex. Ce soirnous prendrons le market pour la Rivière-du-Loup. — Marché. Marie, n. m. —Merle. Marieau, mariot, n. m. Hypocrite et trompeur. Ex. Cet individu-là, c'est un niarleaii. Marmette, n. f. Guillemot ordinaire, appelé en anglais murre, à cause de son cri. Marmotte (croquer), loc prov. Croquer le marmot, attendre longtemps en vain. Marmousin, n. m. — Marmouset, petit garçon. Marque, n. f. — Croix. Ex, Vous ne savez pas signer, faites votre war- que ici. — Fah-e sa margtie, faire sou chemin dans le monde, fournir une belle carrière. Marquer, v. n. — Avoir bonne ou mauvaise apparence. Ex. Un homme qui marque mal. — Informer. Ex. Dans ta lettre, tu lui marqiieras que je suis toujours en bonne santé. — Graver. Ex. On voit bien qu'il a eu la picote, il est resté marqué. — Prendre note. Ex. Marque bien ce que je te dis. Marques, u. f. pi. Marques de coups. Ex. Tu vas porter longtemps de mes marques. Marron, n. m. — Marmiton de collège. DES CANADIENS-FRANÇAIS 433 * Marsh=manow, marche mâlo, n. m., (m. a.) — Guimauve. Marsouin, n. m. Les Marsotdns de l'Ile-aux-Coudres. Sobriquet. Martagon, n. m. — lyis des prairies. Martello (tour), n. f. Tour d'observation, de vigie. Ex. A Québec, il y a plu- sieurs tours Martello. Martrière, n. f . — Piège pour prendre les martres. Marveille, n. f. Merveille. Ex. Je me porte à marveille^ et toi ? Marveilleux, euse, adj. — Merveilleux. Mascouabina, n. m. Sorbier à fruits rouges en grappes. Origine sauvage. Si- gnifie grain que les ours aime?it à manger. Nous disons souvent inascoubina, mascoti, mascoua. Maskinongé, n. m. Espèce de brochet que l'on pêche dans nos rivières. Maskoutin, n. m. Sobriquet donné aux habitants de Saint-Hyacinthe. Vient du mot Yamaska, rivière qui traverse la ville. Massacre, n. m. — Diable. Ex. Va au massacre. — Massacre des hinocetit*^ rejet en bloc de tous les projets de loi qui n'ont pas encore été adoptés à une date fixée d'avance. Masse (en), loc. — Beaucoup, en quantité. Ex, Il pleut eji masse, il y avait du monde en masse. — Pas des masses, peu, guère. Masser, v. a. — Frapper. Massif, ive, adj. Pesant, lourd. Ex. Un enfant massif, un livre massif. Mastas, n. m. — Enfant gras et gros. Mastic, n. m. Une face de mastic, figure replète et d'un jaune pâle, Masticot, n. m. — Homme de police, sergent de ville. * Mat, matte, (m. a.) — Natte, paillasson. 28 434 I-E PARLER POPULAIRE Matador, n. m. — Homme prétentieux et batailleur. Matagon, n. m. — Quatre-temps, rouget. Mâtaine, u. f. — Mâtine, luronne. Matamore, n. m. — Brave à trois poils. Matapan, n. m. Homme fort, gros et bouffi. En Normandie, on dit nias- tapan. * Match, (m. a.) — Lutte, joute. Ex. Une match de crosse, de hockey. — Mariage. Ex. Pierre et Louise vont faire un match à mon goût. — Concours. Ex. Un match d'animaux dans une exposition. — Allumette. Ex. Donne-moi donc une match pour allu- mer ma pipe. * Matcher, (Angl.) — Tenir tête. Ex. Celui-là, je trouverai moyen de le mat- ch ci'. — Assortir. Ex. Matcher des couleurs, des chevaux. — Se marier. Ex. Jean et Pauline s'aiment, 7natchons-\es ensemble. — Apparier. Ex. Matcher des étoffes de couleur. — Se mesurer. Ex. Si tu veux, nous allons nous ynatcher ensemble. Matelas, n. m. — Quenouille. Mater (se), v. pron. — Se cabrer. Ex. Mon cheval se mate à tout propos. — S'irriter. Ex. Ne vous matez pas, l'ami, nous allons nous entendre. Matéreaux, n. m. pi. Matériaux. Ex. As-tu tous tes itiatéreaux de pêche ? Mathieusalé, n. propre. Matliusalem, patriarche aïeul de Noé. Ex. Vieux comme Mathieusalé, Magtieusalé. M'a=t=i ? — Est-ce que je vais ? Ex. M'a-t-i m'en aller ? Matière, u. f. Pus. Ex. Le docteur Aloès m'a lancé un abcès, il en est sorti beaucoup de matière. DES CANADIENS-FRANÇAIS 435 Matièrer, v. n. Qui donne du pus. Ex. J'ai une plaie qui matière toujours. Matièreux, euse, adj. Qui fournit du pus. Ex. Un ulcère matïèreux. Matillon, n. m. — Maquillon. Matin (à), loc. Ce matin. Ex. Comment êtes-vous, à matin f Est-ce du lait d'à matin ? Matin (du). — Ce matin. Ex. J'ai un enfant né du matin. — Un de ces quatre matins, un de ces jours. Ex. Nous irons vous voir îi?i de ces quatre matins. Matin (petit). Point du jour. Ex. Tu viendras me prendre au /^/zV wa/m. Mâtin I Interjection pour exprimer le dépit, l'étonnemeut. Ex. Mâtin, que c'est beau ! Matinée, n. f . — Corsage. Matou de grève, n. m. Rôdeur de nuit qui cherche à dérober le poisson pris dans les pêches. Mâts=cordes (à). — V. A maille et à corde. )* Matte, n. m. (Angl.) Paillasson, natte placée à la porte des appartements pour qu'on s'y essuie les pieds. Maturité (à), n. f. Echéance. Ex. Votre billet viendra à maturité dans quinze jours, voyez-y. Maucœureux, euse, adj. V. Malaucœureux. Cotgrave dit que ce mot signifie lâche. Maudissem*nts, n. m. pi. Jurons. Ex. Ce sont des 77iaudisseme7its à n'en plus finir. Maudit (du). — Terrible. Ex, J'ai eu une peur dic maudit. — Diable. Ex. Il y a û^m maudit là-dedans. Maudisseux, n. m. Qui maudit à tout propos. 436 LE PARLER POPULAIRE Mauditement, adv. — Terriblement. Maussade, adj. Déplaisant. Ex. Cet homme est bien maussade. Mauvais, e, n. m. et f. Méchant. Ex. C'est un ynauvais, une mauvaise. Mauvaisem*nt, adv. — Méchamment. Mauvaiseté, n. f. — Méchanceté, malice. Mauve, n. f. — Mouette. (Terme de vénerie.) Maxime, n. f . — Vaccine, Ex. Une bonne picote maxime. Maximer, v. a. Vacciner. Ex. Je vais faire maximer tous mes enfants. Mâzette ! Interjection pour marquer l'étonnement, l'admiration. Ex. Mâzette ! ce n'est pas le premier venu que ce gasA^i ! * Mean, vihie, (m. a.) Bas, vil, mesquin, avare, sans valeur. Mécanique, n. f. — Mécanicien. Mécardi, n. m. — Mercredi. Méchant, e, adj. Mauvais, en mauvais ordre. Ex. Les chemins sont mé- chants, le temps est méchant, le pain est méchayit. Mèche, u. f. — Coup de vin. Ex. Rentrons prendre une mèche chez Boissec. — Long espace de temps. Ex. Il en a pour une vièche avant d'avoir fini son livre. Mécredi, mécrédi, n. m. Mercredi. Autrefois mecredi se disait. Vaugelas préférait mecredi à me?-credi. Thomas Corneille était favorable aux deux, mais il disait que viecredi était plus doux. Médeciner, v. a. — Faire prendre des remèdes. Médeciner (se), v. pron. — Se soigner soi-même. Médi, 11. m. — Midi. — Su Vviédi, vers midi. — Sii r coup du médi, à l'heure du midi. * Meeting, mîtigne, (m. a.) — Assemblée, réunion. DES CANADIENS- FRANÇAIS 437 Mégard, n. m. Mégarde. Ex. J'ai pu me tromper, mais c'était par inêgard. Méguiocre, adj. — Médiocre. * Meilleur, adj. Au meilleur de ma connaissance , si je me rappelle bien. (Angl.) Meincredi, n. m. — Mercredi. Meinnuit, n. m. — Minuit. Ex. La messe de meimudt. Mékerdi, n. m. — Mercredi. Mêlâillage, n. m. — Action de mêler. Mélâiller, v^ a. — Mêler. Ex. Mon fil est tout mélâillé. Mélanges, n. m. pi. — Bonbons assortis. Mêle (en), loc. Au milieu. Expression acadienne. Ex. Il y avait dans le chemin trois femmes ; celle qui était au milieu était vieille. Elles sont vieilles e7i mêle, dit le conducteur, c'est- à-dire celle du milieu est vieille. Expression très an- cienne qui doit venir de i?i medio. Mêlis=mêlo, n. m. — Confusion, désordre. Membre, n. m. — Patin. Ex. Un 7nembre de carriole, de traîneau. — Député, représentant du peuple. Ex. Nous avons un bon viembre à la Chambre, mais il ne parle pas souvent. Membrer, v. a. Poser des patins à un traîneau, à une carriole. Même (de), loc. adv. — De semblable. Ex. Nos enfants sont tous gros et gras, mais le petit dernier bat tous les autres, on n'en voit pas souvent de même. — Ni bien ni mal. Ex. Comment est ta femme ? — Elle est de même. — De cette façon. Ex. Mens donc pas de même. Même (du). Ea même chose. Ex. C'est toujours du même et du pareil. En Anjou ou dit du pareil au même. Même chose (la). Tout de même. Ex. Je ne suis pas invité à la conférence du Père Antoine, j'irai la 7nême chose. 438 LE PARLER POPULAIRE Mémère, n. f. — Grand'mère. Menable, adj. Qui peut être mené, conduit. Ex. Un être comme cela, je te dis que ce n'est pas mettable. Ménage, n. m. Mobilier. Kx. J'ai acheté mon viénage chez Vallière. Ménagement, n. m. Economie. Ex. Dans cette maison, on n'entend parler que de 77iénageinent. Menasse, n. f. — Mélasse. Menchonge, n. m. — Mensonge. Mener, v. a. — Se promener. Ex. Veux-tu aller w^w^r, mon petit ? — Meiier quelqu^tm par le bout du nez, le dominer. — Meîier la vie, vivre avec luxe. — Mener du bruit, faire du tapage. — Ne pas mener grand bruit, être tranquille et silencieux, — Mener le sorcier, faire beaucoup de bruit. — Mener le diable, même sens. — Mener sur V air. — V. Mettre. — Conduire un cheval. Ex. Sais-tu mener f Ménoire, n. f. — Timon, A Québec on dit timo7i, à Montréal, travail. — Mémoire. Ex. Manquer de ménoire. Menon, n. m. — Melon. Menoque, n. f. Manoque, petite botte de tabac en feuilles. Menotte, n. f. — Demi-gant de femme qui ne couvre pas l'extrémité des doigts. — Petite main d'enfant. Menterie, n. f. Mensonge. Français familier. Ex. V'ià Chose, il a le corps plein de 77te?iteries, écoute-le. Menteux, euse, adj. Menteur. Ex. Faut-il être menteux pour dire cela ? Mentir, v. a. — Mentir, v. n. Ex. Tu mens cela, l'ami. DES CANADIENS-FRANÇAIS 439 Ménuit, u. m. Minuit. Ex. Tu viendras sur le coup de vtéfunt. Menuserie, n. f. — Menuiserie. Menusier, n. m. — Menuisier. Menutés n. f. pi. — Petites choses, bagatelles. * Mépris de cour, (Angl.) Injure au tribunal. Ex. Condamné à huit jours de prison pour mépris de coiir. Méquier, n. ni. Métier. Ex. Travailler au méquier, avoir un bon méquier ^ un corps de méqtiier. Mer, n. f. Fleuve Saint-Laurent, dans sa partie la plus large, là sur- tout où l'eau est toujours salée et donne une assez juste idée d'une mer. Mercier, v. a. Remercier. Ex. Mercie-lo. de t 'avoir donné de belles étrennes. Mère, n. f. — Femme. Ex. Holà ! la viere, veille au petit. Mère moutonne, n. f . — Brebis. Mère oie, n. f. — Oie. Mère ourse, n. f. — Ourse, Mère rangearde, n. f. Petite fille qui fait la pluie et le beau temps chez ses parents. Merise (petite), n. f. Cerise du Canada. Merisier blanc, n. m. — Bouleau élancé. Merisier rouge, n. m. — Bouleau merisier. ^ Mérite, n. m. Plaider au mérite, entrer dans le vif de la plaidoirie, plaider au fond, (Angl.) Merle, n. m. — Grive erratique. Merle chat, n. m. — Grive de la Californie. * Merry Christmas, mère, (m. a.) —Joyeux Noël ! Mes, adj. — Mes Ex. iW^ frères, 7?iés sœxxrs. Mesquinage, n. m. Mesquinerie. Mesquinage se disait jadis pour service, se mettre en mesquiyiage. 440 LE PARLER POLULAIRE Mesquiner, v. n. Etre chiche. Ex. C'est un vieux bonhomme qui mesquine sur tout. Mesquineux, euse, n. et adj. I^adre, sordide. Ex. Le bonhomme Richard est un vieux mesq7ii7ienx. Messe, n, f. Tourner en basse viesse, arriver à peu près à rien. Allusion au fait qu'il arrive quelquefois, à la campagne, qu'une grand' messe, pour des raisons exceptionnelles, se termine en basse messe. Messieurs, n, m. pi. — Les Messieurs du Séminaire, les prêtres du Séminaire de Québec. Ex. Cette après-midi, à cinq heures, il y aura un salut solennel à la chapelle des Messieurs du Sèm,inaire. — Les Messieurs de Saiîit-Sulpice, les prêtres de la Société des Sulpiciens. — Le fort des Messieurs (Montréal). — Extrait des Messieurs, ouvrage de loi publié à Londres en 1772, intitulé: A71 Abst?-act of those Parts 0/ the Cus- tom of the Viscounty and provotship of Paris, etc. Cette compilation fut faite parF.-J. Cugnet, Deschenaux, Pres- sard, Jacrau, et plusieurs autres Messieurs. Messire, n. m. — Monsieur l'abbé. * Mesure, n. f. — Projet de loi. (Angl.) Mesure que (à la), loc. A mesure que, au fur et à mesure. Mesurement, n. m. — Mesurage, action de mesurer. Mesure, u. f , — Mesure. Met, n. m. Pétrin, huche où l'on fait la pâte. Dans le patois de Berry, ce mot signifie huche au pain. Rabelais l'a employé dans son Gargantua : (( Et croissoit comme pâte dans le met. » Dans le Jura on écrit niaid, de l'italien madia. Cotgrave écrit viave. DES CANADIENS-FRANÇAIS 44 1 Métail, n. m. — Métal. * Meter, miteur, n. m., (m. a.) — Mesureur, compteur. Métier, n. m, — Faire du métier, travailler pour l'argent, et non pour l'art. — Faire un métier d^efi/er, faire un travail pénible. — Faire trente-six métiers, essaj^er de faire de tout. Métif, n. m. — Métis. Ex. Les Métifs du Nord-Ouest. Métiver, v. n. — Moissonner, couper le grain. Acadianisme. Métraisse, n. f. Prononciation renversée de maîtresse. Ex. Une mét?'aisse d'école. * Mètre, n. m. — Compteur. (Angl.) Mettre, v. a. — Mettre dedans, tromper. — Mettre la puce à V oreille, avertir. — Mettre de V eau daus so7i vi?t, se modérer. — Mettre da?is son sac, recevoir des injures. — Mettre dans de beaux draps, dans l'embarras. — Mettre les pieds dans les plats, faire une sottise. — Mettre les maiiis à la pâte, travailler soi-même. — Mettre tous ses œiifs dans le même panier, ne pas diviser ses risques. — Mettre sur les débits, fatiguer. — Mettre dayis sa poche, empocher un affront. — Mettre de V argent, en dépenser. — Mettre une chose à ne poiivoir s' en servir, la rendre inuti- lisable. — Mettre sur l'air, chanter justement et correctement d'après la musique. Ex. Si vous avez un tant soit peu d'oreille vous pourrez facilement mettre sur l'air la chanson Vive la Canadieniie ! — Mettre tout dehors, employer le vert et le sec. Meubelier, n. m. — Meublier, ébéniste. Meublerie, n. f . — Ameublement. Meublir, v. a. — Ameublir. Meurir, v. a. et n. — Mûrir. 442 LE PARLER POPULAIRE Mézamain (à), loc. adv. — Chose qui n'est pas à la mahi. Mézelle, n. f. — Mademoiselle. Miâlement, n. m. — Miaulement. Miâler, v. n. Miauler. Ex. Entendez- vous le chat qui niiâle f Miâleux, adj. — Miauleur. Micament, n. m. — Médicament. Mi=carême, n. f. Homme masqué. Ex. Les mi-carêmcs vont passer ce soir, préparons-nous à les recevoir. Autrefois, en France, il y avait les carême-prenants, c'est-à-dire ceux qui couraient eu masque, mal habillés, dans les rues, pendant les jours gras. Michetanflûte. — Mistanflûte. V. ce mot. Micmac, u. m. — Sortilège, maléfice, sort. Ex. Il y a du juicmac là-de- dans. Cotgrave cite ce mot pour signifier intrigue. — Eangage incompréhensible. Ex. Parles-tu niictnac, que je ne te comprends pas? — Menus objets mêlés pêle-mêle. Ex. Un tas de 7nicmacs. Micouanne, n. f. Grande cuiller. Mot sauvage. C'est la mouvetie des Nor- mands. Micouannée, n. f. — Le contenu de la micouanne. Micouenne, n. f. — V. Micouanne. Micouennée, n. f . — Micouannée. Miette, n. f. — Petite quantité. Ex. Veux-tu un verre de vin ? Oui, j'en prendrai une petite miette seulement. — Pas la miette, pas du tout. Ex. As-tu quelques sous à me prêter ? — J'en ai pas la miette. — Un peu. Ex. Il a une miette de bon sens. Mietton, n. m. Mélange de pain et de lait donné aux enfants. On dit aussi miton. Mieux (de), loc. De plus. Ex. Pour en finir, je mettrai dix -piastres de tnieux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 443 Mignonnette, n. f . — Réséda odorant Mil, n. m. — Fléole, graminée fourragère. * Milage, n. m. (Angl.) Allocation pour frais de voj-age. De l'anglais mileage. Mille gueux, n. m. Individu suspect. Ex. Mon mille gueux, si je te poigne t Milleur, adj. — Meilleur. Mimacament, n. m. — Médicament. Mi=mal (à), loc. — A demi-mal. Mimiographe, n. m. Machine à imprimer le manuscrit en le reproduisant à plu- sieurs copies. Mi-mot (à), loc. — A demi-mot. Mince, adj. En avoir épais dans le plus viince, être peu intelligent, * Mince=pie, /azV, (m. a.) Pâté de fruits et de viandes hachés. Mincir, u. a. — Amincir. Mincredi, n. m. — Mercredi. * Mind (never), maïnde, (m. a.) — N'importe, ça ne fait rien. Mine, n. m. — Chat. Ex. Donne à manger au petit mijie. Mine, n. f. Avoir mal à la mine, avoir une triste apparence. Miner, v. n. — Paraître. Ex. Cette femme miyie mal. — S'enfoncer. Ex, Un terrain qui mine. Minette, n. f. — Petite chatte. Ex. Donne ta patte, minette, Mingle, n. m. Grand châssis en bois pour faire sécher les rideaux. ^Mingler, v. a. (Angl.) Calandrer, faire passer à la machine pour hsser et lustrer les étoffes, glacer les papiers. Ex. Je ne porte pas d'au- tres cols que des cols minglés. * Minion, n. m. (m. a.) Mignonne, 7 points. (Terme d'imprimerie.) Meinkerdi, n. m. — Mercredi. 444 l'E PARI^ER POPULAIRE Minoter, v. n. Prendre de meilleures proportions. Ex. Ça commence à -minoter. Minou, n, m. — Chat. V. Mine. Minouche, n. f. Caresse. Ex. Fais crac, minouche. V. Crac. Minoucher, v. a. — Caresser, chercher à amadouer. Minoucherie, n. f. — Minauderie. Mînoucheux, euse, adj. — Minaudier. Meinpriser, v. a. — Mépriser. Mirobolant, adj. Etonnant, prodigieux. Ex. Une nouvelle mirobolante. Miret, n. m. Passem*nt, tissu plat et étroit de fil de soie dont on orne des meubles, des habits. Miroué, n. m. — Miroir. Miséricorde. Mot employé pour exprimer la douleur, la contrariété. Ex. Il pleut à Dieu miséricorde. Miséricorde, que le temps est mauvais ! * Missedile. (Angl.) — Maldone. Mise, n. f. Fouet. Ex. Cocher, donne de la mise, nous sommes pres- sés. Misérable, n. m. Petit verre qui contient la 32* partie d'un litre. Misère, n. m. — Difficulté. Ex. En avons-nous eu de la viiscre pour finir notre ouvrage ? — Faire des misères à quelqu'un, le tourmenter. — Misère d'un nom ! juron exprimant la douleur. Ex. Je me suis fait mal, inis'ère d'iui nom ! Misette, n. f. — Herbe des prairies, pâturage. Acadianisme. * Mistake, misstéke, (m. a.) — Erreur, faute. V. .Mistèque. Mistanflûte I Employé comme interjection, pour exprimer la surprise. En France, l'expression à la mistanflûte s'applique à une DES CANADIENS-FRANÇAIS 445 chose faite d'une façon extravagante. Vient de viiston, compagnon dont on fait peu de cas ; sa vue suflBt pour rebuter quelqu'un et lui fait dire zute ! flûte ! (Tim.) * Mistèque. (Angl.) Erreur. Ex. Il n'y a pas de misteqiie là-dedans. Misti, n. m. Le valet de trèfle. Misti est l'abrégé de viistigri, jeu de carte. * Mitaine, n. f. — Office religieux dans les églises protestantes. Ex. As- tu déjà été à la viitainef (Angl.) — Eglise protestante. Mitan, u. m. Milieu. Vieux mot français que l'on retrace dans Brantôme : « Le boufon qui vint, cela dit : Et moi je voudrais être au beauwzVaw. » Mitasse, n. f. Guêtre en peau ornée de rassade ou de poil d'orignal teint en diverses couleurs. Mité, adj. Rongé par les mites. Ex. Des fourrures mitées. Miton, n. m. — Onguent miton mitaine, qui ne fait ni bien ni mal. — Chaussure d'hiver en laine ou en feutre pour protéger contre le froid. Se met pardessus la chaussure ordinaire. * Mob, (m. a.) — Populace. Mocassin, n. m. Soulier de peau de caribou, d'orignal ou de chevreuil, la meilleure chaussure pour chausser la raquette. Moche, n. f . — Petit pain de beurre. Modeuse, n. f. — Modiste. Modisse, n. f. — Modiste. Mogniac, n. m. — V. Moniac, Mognon, n. m. Moignon. Ce qui reste d'un membre amputé. Mohair, n. m. — Poil de chèvre angora. 446 LE PARLER POPULAIRE * Moi pour un, loc. Quant à moi personnellement. (Angl.) Moindrement (le), loc. Un tant soit peu. Ex. Cet homme se tairait, s'il avait le 7tioindreme7it de bon sens. Hatzfeld dit que le moijidrement signifie le moins du monde, de la moiyidre manière. Ex. Je n'y suis pas le moindre- ment intéressé Moine, n. m. — Petit insecte employé pour la pêche des chevesnes. On l'appelle aussi 77iouche des haies. — Toupie d'Allemagne, toupie creuse et percée d'un côté, qui fait du bruit et même de la musique en tournant. Moins (à), loc. adv. De moins. Ex. C'est pas cher, tu l'auras poiirune piastre, mais pas un sou à jnohis. Moi=z=en. — M'en. Ex. Donne moi-s-en donc un morceau. Moisir, v. n. Rester longtemps. Ex. Je vais aller au Kent avec toi, mais nous n'y moisirons pas. Français, mais familier. Moitié, n. f. — Femme. Ex. C'est ta femme ? — Oui, c'est ma tendre moitié. Frs. fam. — Moitié de ligne, gens qui perçoivent la moitié des profits des pêcheurs ou maîtres de grave. Mollette, n. m. Mollet. Ex. J'ai des crampes dans le »«^//^//(?. Mollettement, adv. — Très mollement. Moilière, n. f. Terrain détrempé recouvert d'un gazon trompeur ; lieu marécageux et mou où l'on peut s'embourber. Cotgrave emploie ce mot ^onx fondrière, marais. Moment que (du), loc. conj. Alors que, dès lors que. Ex. Dic 7noment que tu me le dis, je le crois dur comme fer. Mon mien. Le mien. Ex. Je te dis que ce livre-là, c'est mon mien. DES CANADIENS-FRANÇAIS 447 Mondaine, adj. f. — Mondée. Ex. BeVorge mondame. * Monardeur. n. m. Mandat de poste.* Corruption de l'anglais moiiey-order. Monde, n. m. — Public. Ex. Cette soirée est-elle pour le mo7ide f — Gens. Ex. Voilà du bon monde. — Son monde, les membres de la famille. Ex. Vous invi- terez tout notre monde à la fête. — Un monde fou, beaucoup de personnes. — Un monde de choses, beaucoup de choses. — Comme dît monde. Ex. Je ne souffre pas comme du mo?ide, c'est-à-dire je souffre beaucoup. — N'être pas du monde. Ex. Ce n'est pas du monde que cet animal-là, c'est un diable. — Soulever m,er et monde, remuer ciel et terre. — Mettre quelqu'u7i au 7no7ide, le faire connaître, le pousser dans le chemin de la notoriété. — E71 monde. Ex. Il n'est pas bête en monde, très-bête. — Dans le motide, en vérité. Ex. Je vous demande, da7is le monde, s'il n'est pas surprenant que telle chose soit arrivée. Monde (grand), n. m. — Les grandes personnes. Monde (petit), n. m. — Les enfants. — Les petites gens, la classe moyenne. * Money order, vioné ordeur, (m. a.) — Mandat de poste. Moniac, n. m. Oiseau du genre canard qui se tient dans le golfe Saint Lau- rent et sur les côtes du Labrador. Monsieur, n. m, — U71 vrai monsieur, un gentilhomme. — Ce n'est pas 7no7isieur ce que tu fais là, ce n'est pas le fait d'un gentilhomme d'agir ainsi. — Faire son 77io7isieur, affecter des airs de gentilhomme. — Le mo7isieur de la 77iaiso7i, le maître. Monstresse, n. f. — Monstre femelle. Montaigne, n. f. — Montagne. 448 LE PARLER POPULAIRE Monté, adj. Un peu étourdi par les vapeurs de l'alcool. Montée, n. f. — Canot de rno7itêe, canot employé par les voyageurs, trap- peurs, gens de chantiers pour remonter le cours des rivières. — Police montée, gendarmerie à cheval. Monter, v. a. — Mo7iter une scie, mj'stifier. — Monter sur ses ergots, être fier. — Mo7iter à grai7ie, vieillir sans se marier. — Monter U7ie gamme, gronder. — Mo7iter sa maiso7i, la meubler. — Monter snr ses gra7ids chevaux, se fâcher, se montrer sévère afin de faire reconnaître son autorité. Monter (se), v. prou. — Prendre feu. Ex. Ne te mo7ite pas contre moi, tu n'as pas raison. — Se 7nonter le coup, s'illusionner. — Monter. Ex. A combien se mo7ite ma note d'hôtel? Montrance, n. f. — Apparence. Montrial, n. m. — Montréal. Montréaliste, n. m. et f. Montréalais ou Montréaliste, citoyen de Montréal. Lequel vaut mieux ? M. Chauveau a écrit dans son Charles Gîié- ri7i : « On devrait peut-être dire Montréalais ; mais Mon- tréaliste est le terme usité dans le pays. Québecquois a été reçu de tout temps et va très bien aux Iroquois et avec Canadois que l'on trouve dans les vieilles narrations. » On ne dit plus maintenant que Montréalais. Montrer, v. a. et n. — Paraître. Ex. Cette personne 7nontre bien. (Angl.) — Montrer l 'école, enseigner. Ex. J'ai une fille qui mo7itre V école aux Bois-Francs. * Mop, n. f. , (m. a.) — Balai à laver. * Mopper, V. a. (Angl.) Battre, frapper. DES CANADIENS-FRANÇAIS 449 Moquer (se), v. pron. Rester indifférent. Ex. De celui-là je me moque comme de l'an quarante. Moqueux, euse, adj. — Moqueur, euse. Moquié, n. f. — Moitié. V. ce mot. Morceau, n. m. Pièce de vaisselle. As-tu vu le set de vaisselle chez Thomas ? Il y a là deux beaux morceaux. Morciller, v. a. Couper en menus morceaux. Ex. Morciller du bois, du pain. Mordée, n. f. Bouchée. Ex. Passe-moi ta pomme, que je prenne une petite mordée. Mordre, v. n. Prendre. Ex. Ça ne m o?'d pas, inutile de vouloir me conter des blagues. Mordre (se), v. pr. — Se mordre les quatre doigts et le pouce, se repentir. — Se mordre le derrière de la tête, même sens. Mordu, part. pass. Féru d'amour. Ex. Je crois que cette jeune fille lui est tombée dans le goût, car il me paraît mordti. Mordure, u. f. — Morsure. Moréal, Morial, n. m. — Montréal. Moréginer, v. a. — Morigéner. Moret, u. m. Saleté accumulée dans les plis des aines, derrière les oreilles. Morfondre (se), v. pron. S'efforcer de faire quelque chose. Ex. Je me tnorfotids à l'ouvrage. Pourquoi se morfondre quand on a du temps devant soi ? Morfondu, e, adj. Fourbu, épuisé, à bout de force. Ex. Mou cheval est mor/o7idu, il a trop forcé. Morguienne I — Interjection pour exprimer l'étonnement. Morgueux I — Morgue ! juron. 29 450 LE PARLER POPULAIRE Moriginer, v. a. — Morigéner. Morné I Juron commun. Ex. Qxk.mornê! 2icré mornê ! sacré morné / Doit venir de mort-né. Mornifle, n. f. Soufflet appliqué sur le nez. Corruption du mot mourniffle employé dans le Jura. Vient de mour, muffle, et de nif- fle, nez. * Morning coat, (m. a.) Jaquette. Morpion, n, m. — Enfant plein de défauts et surtout importun. Ex. Mon petit morpion, sors d'ici, car je vais t'écraser comme un ver. — Gros pou de corps. Ce mot est dans Rabelais. Mort, part. pass. et n. — Lourd. Ex. Le temps est mort, nous allons avoir de la pluie. — Eteint. Ex. La chandelle est morte. — Ruine. Ex. Faire ces sortes de gâteaux, c'est la mort au beurre. — Se dit d' une personne très lente. Ex. Avance donc, la mort, remue-toi. — Faire un mort, faire jouer un absent. — Travailler à mort, travailler au point de compromettre gravement sa santé. — Corps mort, arbre tombé ou coupé qui pourrit sur place. — Faire le mort, ne plus rien dire, ne plus agir. Mort (à), loc. adv. — En grande abondance. — Pour en mourir. Ex. Travailler à mort. Mortalité, n. f. Mort, défunt. Ex. Il y a de la jnortalité chez nous. Morte=charge (à), loc. Maîtresse charge. Ex. Ma voiture est chargée à morte- charge. DES CANADIENS-FRANÇAIS 45 1 Mortel, le, adj. — Passionné. Ex. Ce ^a^-là est mortel pour prendre de la boisson. — Terrible. Ex. Je lui ai donné un jn o rie l coup de poing. Mortelle, n. f. Immortelle, fleur dont l'involucre ne change pas avec le temps. Morte=paye, n. f. — Saison où la paye se fait mal. — Personne qui paie mal ses dettes. * Mortgage, (m. a.) — Hypothèque. Mortir, v. a. — Amortir. Ex. Mortir les coups. Mortoise, n. f. — Mortaise. Mortaise se disait jadis. Mortoiser, v. a. — Mortaiser. Mortrir, v. a. — Meurtrir. Ex. J'ai les doigts wc'r/m. Mortrissure, n. f. Meurtrissure, contusion avec tache livide. Morts, n. m. pi. Chapelle des morts, chapelle où se fait la levée du corps. Morue, n. f. — Habit à queue de morue, ou simplement qiceue de morue, habit de cérémonie. — Interjection pour marquer la souffrance. Ex. Cré morue! que je me suis fait mal ! Morue (petite), n. f. Appelée loche dans le bas du fleuve, petit poisson aux Trois- Rivières, tom-cod aux Etats-Unis. Morvaillon, n. m. — Petit garçon morveux. Morvasson, n. m. Petit garçon incapable de se défendre ou de faire acte de valeur. Morver, v. n. Laisser échapper sa morve. Ex. Avoir un nez qui morve toujours. Morveux, n. m. — Jeune enfant. Morviat, n. m. — Humeur visqueuse qui sort des narines. Morvice ! — Juron annonçant un commencement de colère. 452 LE PARLER POPULAIRE Mot, u. m. — Avoir des viots avec giielgu'mi, se disputer. — Dire des gros mots, réprimander avec sévérité. — Dire le fin mot, donner la raison. — Preyidre quelqu 'tm an mot, accepter ses dires ou le marché qu'il propose. — Fourrer son mot, donner son avis. Mote, n. m. — Mot. Ex. II a dit mote. * Moteur. (Angl.)— Proposant. Motivé, n. m. — Motif. Ex. Le wt?/zt'(? d'un jugement. * Motorman, (m. a.) — Mécanicien. Mettant, e, adj. Prendre en motte, en boule. Ex. La neige est mottante. Motte, n. f. Boule de neige. Ex. Les enfants s'amusent beaucoup durant l'hiver en s'envoj-ant des mottes. Motter (se), v. pron. — S'envo3^er des boules de neige. Motto, n. m. — Papillote, bonbon enveloppé d'un papier frisé. — Devise. Motton, n. m. Toute substance susceptible de se prendre en boule, en motte, gruau, farine, laine, neige. Mottonné, n. m. Moutonné, tissu de coton à surface frisée. Mottonneux, euse, adj. Moutonneux. Qui se prend en boule. Mou, u. m. Poumon, par opposition au foie que l'on appelle dur. Mouche, n. f. — Preyidre la mouche, se piquer pour rien. — Mouche de la viande. — Punaise. — Bourdon. Mouche à feu, n. f. Luciole, ver luisant ailé et phosphorescent. Mouche à miel, n. f. — Bourdon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 453 Mouche à patates, u. f. — Punaise à patates. Mouche à vers, n. f. — Espèce de mouclie voisine de la mouche ordinaire. — Personne qui parle très bas et d'une manière incompré- hensible. Mouche de mai, n. f. — Hanneton employé pour la pêche. Moucher, v. a. — Pêcher au moyen de mouches. — Souffleter. — Corriger, remettre à sa place. — Moucher le sang, moucher du sang. Moucher (se), v. pron. — Ne pas se moticher avec des quartiers de terrine, avec. des pelures d' oignon, se tirer du grand. — Ne pas se moucher dti pied, ne pas se priver, se donner des compliments. — Donner le temps au curé de se moucher, demander du délai. Mouchoué, n. m. — Mouchoir. Mouchouet, n. m. — Mouchoir. Mouchouette, n. m. — Mouchoir. Moucle, n. f. Moule, mollusque comestible à coquille de forme oblougue. Moudre, v. a. — Moudre tm air, jouer de l'orgue de Barbarie. Moue, pron. pers. — Moi. Ex. C'est pas moue qi^\x\ ferai cela. Mouelle, n. f. Moelle. Ex. La mouelle d'un os, de la mouelle de bœuf. Mouette, n. f. — Goéland. Mouillasser, v. imp. — Pleuvoir légèrement. Mouiller, v. n. et a. — Pleuvoir. Ex. Il mouille à siaux depuis le matin. — Inaugurer une bonne affaire, un achat. Ex. Tu as acheté un beau castor, allons le mo^iiller tout de suite. Mouiller (se), v. pron. — Souffrir d'une incontinence d'urine. — Etre trempé par la pluie. Moulange, n. f. — Meule de moulin. MouIe=à=plomb, u. m. — Personne criblée de vérole. 454 LE PARLER POPULAIRE Moulé, e, adj. Bien fait, bien arrangé. Ex. Tu m'as fait un bel habit, c'est vioulé. Moulée, n. f. — Son pour les porcs. — Mouture. Moulée de scie, n. f , — Sciure de bois. Moulée de vers, n. f. Bois pulvérisé par des vers rongeurs. L,es mères de famille l'utilisent comme poudre asséchante et même curative dans l'intertrigo. Mouler, v. a. Mouler S071 écriture^ s'appliquer à bien écrire, calligraphier avec succès. Moulin, n. m. Etre dans le moulin, faire partie d'une combinaison, d'une association plutôt éphémère. Moulin à battre, n. m. Batteuse, machine pour égrener les céréales, par l'effet de chocs répétés. Moulin à beurre, n. m. Baratte, vaisseau de bois dans lequel on bat la crème pour en extraire le beurre. Moulin à coudre, n. m. Machine à coudre, qui remplace le travail manuel de la cou- ture. Moulin à écarde, n. m. Garderie, établissem*nt où l'on carde la laine. Moulin à paroles, n. m. Grand parleur, grand discoureur. Moulin à scie, n. m. Scierie, usine, où plusieurs scies mécaniques débitent le bois. Moulin de Chine, n. m. — Personne qui n'arrête pas de parler, comme le moulin de Chine ou de Lachine, qui marche toujours. — Personne qui fait beaucoup d'ouvrage dans un temps DES CANADIENS-FRANÇAIS 455 donné. Ex. Donne-moi le temps de finir mon ouvrage ; j'ai beau travailler, tu n'es jamais content, je ne suis pas le moidin de Chine. Moulinant, e, adj. — Qui mouline, se crevasse. Mouliner, v. n. Terre qui se crevasse durant la sécheresse. En Normandie, moiiliyier veut dire tourner sur soi-même, pirouetter. Moulure de scie, n. f. — Jrciure. Mouman, n. f. — Maman, Mouque, n. f. — Moucle. Mourant, adj. — Ennuyeux. Ex. Il fait un temps w(7?^raw/. Mouron, onne, n. m. et f. Peureux. Ex. Tu ne veux pas colleter avec ton petit cou- sin, tu es un mouron. En Normandie, c'est un terme d'injure. Mouron est le nom donné à la salamandre, petit animal inoffeusif, mais que l'on croit venimeux. Ea répulsion qu'il inspire a fait appliquer son nom à tout individu répugnant. Mourue, n. f. — Morue. Mouscaille, n. f. Objet sans valeur et malpropre. Ce mot signifie boue. Mouscaillon, n. m. — Enfant méprisable et peu estimé. Mousseline, n. f. — Fumier. Moussu, adj . — Mousseux. Moustache, e, adj. — Moucheté. Moutarde, n. f. — Sénevé des champs. Moute ! moute I — Cri d'appel aux moutons. Mouton, n. m. — Homme très doux et sans caractère. — Les Moutons des Eboulements. Sobriquet. Mouton de garde, n. m. — Bélier. Acadianisme. Moutonne, n. f. — Femme sans énergie et d'un tempérament très doux. — Mère moutonne. V. Mère. Moutonner (se), v. pron. Devenir floconneux. Ex. Le ciel se mouto7ine, c'est-à-dire, se couvre de gros nuages, de cumulus. 456 LE PARLER POPULAIRE Moutonneux, adj. Qui se couvre de nuages d'aspect floconueux. Se dit du ciel seulement. Mouvant, n. m. — Biens meubles. Mouve, h. f . — Mauve. Mouvée, n. f. Troupeau. Ex. Une -mouvée de marsouins. * Mou ver, v. a. (Angl.) Déménager. Ex. As-tu engagé le charretier pour niouver? * Mouver (se), v. pron. — Se hâter. (Angl.) Mouvette, n. f. Palette de bois pour brasser le sirop, le savon. Moyac, n. m. — Eider. V. Mogniac, mouiac. Moyen, n. m. — Ressources pécuniaires. Ex. Un homme de moyens. — Avoir les vtoyefis de faire une chose, être en état de la faire. — Il y a moyen, c'est possible. Moyennement, adv. Médiocrement. Ex. Il est vioye7inement instruit. Moyenner, v. n. Arriver à un arrangement. Ex. Il n'5" a pas moj-en de moyenner avec mon homme. Moyette, n. f. — Petite meule de gerbes. Mucre, adj. Humide. Ex. Le temps est mucre. Ce mot doit venir de mucidîis, comme acre âCacidîis, car on disait eu vieux français ramucrir pour rendre moite. * Muffin, viofine, (m. a.) — Espèce de brioche. Mule, n. f . — Meule. Ex. Une rnule de foin. Muleron, n. m. — Meulon. Mulon, n. m. — Meulon, petite meule de foin fané. Mulotter, v. n. — Aller lentement au travail. Munier, n. m. — Meunier. Mûr, e, adj. Usé jusqu'à la corde, en parlant d'un habit. Mûre, u. f. — Ronce. DES CANADIENS-FRANÇAIS 457 Muscade, n. f. Un melon 7?iuscade, un melon ressemblant à une muscade par sa forme et sa couleur. Muser, v. n. — S'attarder, perdre son temps. Musiau, n. m. — Museau. Ex. Prendre un chien par le musiau. — Visage. Ex. Viens ici que je te frotte le musiau. Musique, n. f. — Entendre la rmisique, comprendre une affaire. — Musique à bouche, harmonica. V. Ruine-babines. * Mutton chop, meuVn tshope (m. a.) — Côtelette de mouton. Nagane, n. f. Filet dans lequel les mères indiennes déposent leurs jeunes enfants pour les transporter d'un lieu à un autre. Nage, n. f. Nage. Ex. Je suis tout en nage, se jeter à la nage. Nager, v. n. Ramer, pagaj-er. Ex. Prends la rame et nage un peu. Nager, v. n. — Nager Nageur, n. m. — Rameur. Nageur, n. et adj. — Nageur. Naim, u. m. — Corruption de haim, hameçon. Naissance, n. f. Essence. Ex. Prends donc un peu de «amawf^ de /m/^r- mane pour ta colique, c'est souverain. Naître, v. a. Insinuer, prétexter. Ex. Il a fait naître qu'il s'ennuyait trop pour rester au collège. 458 LE PARLER POPULAIRE Nanane, n. m. — Nauan, bonbon en général. Nanne, n. f. — Chèvre. Naque, n. m. — Nacre de perle. Narcisse, n. f. Narcisse (fleur), n. m. Ex. Des narcisses blanches. Narrées, n. f. pi. Contes, récits. Ex. Finis tes narrées^ tu m'ennuies. Narf, n. m. — Nerf. Narveux, adj. — Nerveux. Nasonner, v. n. — Nasiller, parler avec le nez bouché, ou comme s'il l'était. — Parler un langage difficile à saisir. Nasonneux, euse, n. et adj. — Qui nasille, qui parle du nez. — Qui se fait comprendre difficilement. Nation, n. f. — Engeance. Ex. Quelle naiio7i détestable que les coque- relles ! — Espèce de jurement. Ex. Nation ! qu'il fait chaud ! National, n. et adj. — Partisan du nationalisme. Nationalisme, n. m. Préférence donnée à ce qui est propre à un parti formé pour sauvegarder les intérêts de la nation canadienne-française. Ex. Le nationalisme de Mercier. Nationaliste, n. m. Qui appartient au parti dit des Nationalistes, de récente for- mation dans la Province de Québec. Nations, n. f. pi. Sauvages en général. Ex. Les cinq Nations ou tribus iro- quoises. Naveau, n. m. — Navet. — Ecolier nouvellement entré au collège. Ex. Il y a beau- coup de 7iaveaiiXy cette année, nous allons les faire endiâ- bler. Navelure, n. f. Nervure sur la couture d'un habit, d'une robe. DES CANADIENS- FRANÇAIS 459- Navrer, v. n. Avoir la respiration gênée par un liquide qui provoque un commencement de suffocation. Ex. Tu vois bien que le petit est navré, cogne-lui dans le dos pour le faire revenir. Nayau, n. m. — Noyau. Nayer, v. a. — Noyer. Rabelais a dit nayer. Nayer (se), v. pron. Se noyer. Ex. Prends garde de te nayer, tu ne sais pas nager. Nécessaire, n. m. — Nécessaire de voyage, réticule. Nécessités, n. f. pi. — Besoins naturels. — Latrines. Nègre, n. m. Un plan de nègre, un plan qui n'a ni queue ni tête, irréali- sable. Neiche, n. f. Neichc de fenêtre, allège, petit mur d'appui sous la baie d'une fenêtre. Neige, n. f. — Homme à la neige, charretier qui enlève la neige des rues, des trottoirs et des cours. — Premi'ères neiges, commencement de l'hiver. — Battre les neiges, marcher à travers une forte couche dé- neige. — Les neiges, le temps des neiges. — La 7ieige totnbe à pelletées, avec une grande abondance. Neigeasser, v. n. Neiger modérément. Né=natif, adj. Originaire. Ex. Je suis né-natif de la paroisse de Saint- Denis de la Bouteillerie. Nèr, n. m. — Nerf. Ex. Un ;i^r de bœuf . Nerfé, adj. Avoir du nerf. Ex. Cet homme est résistable, il est surtout bien nerfé. * Net, n. f., (m. a.) — Résille. 460 LE PARLER POPULAIRE Net (à), loc. adv. En entier. Ex. Se faire couper un doigt à net par une scie ronde. Net comme torchette, loc. Très propre. Ex. J'ai fini de manger ma soupe, regarde mon assiette, elle est nette comme torchette, c'est-à-dire, comme si elle avait été essuyée. Nettéyer, v. a. — Nettoj^er. Nettoyer, v. a. — Ruiner. Ex. Monsieur Ruel s'est fait nettoyer à la Bourse. — Dévaliser. Ex. Les voleurs ont nettoyé les troncs de l'église, la nuit dernière. — Condamner. Neu, adj. — Neuf. Ex. Si tu es sage, mon Chariot, je te donnerai un beau petit rien tout neu entre deux plats. — Tout fla)?ibant 7ieu, tout neuf. Neune, adj. Nulle. Ex. Toi, tu n'es bien w^aw<? part. Neuvaine. n. f. Veine. Ex. Si cela continue, nous allons avoir une ?/<?«z^az«<; de beau temps. Néyau, n. m. — Noyau. Néyé, n. m. — Noyé. Néyer, v. a. — Noyer. Nez, n. m. — Museau. Ex. Un 7ie2 de chien. — Se piquer le 7iez, prendre un coup de trop. — Le bout du Jiez hii tremble, il a menti. — Nez en tro^npette, nez en l'air. — Avoir du nez, avoir du flair. — Se casser le nez, avoir une déception. — Avoir quelqu'ic7i da7is le nez, éprouver de l'aversion pour lui. — Ce 71' est pas pour to7i 7iez, ce n'est pas pour toi. — A vue de 7iez, au jugé. Ex. Mesurer à vue de 7iez. DES CANADIENS-FRANÇAIS 461 Niaiseux, euse, adj. — Qui s'amuse à des riens. Nie, n. m. Nid. Ex. Un nie de poule. Nie est le radical de nichée, nieher. Nie à proeès, n. m. — Affaire embrouillée. Nie à rats, n. m. Maison abandonnée oii les rats semblent avoir élu domicile. Nieher, v. n. Loger. Ex. Où niehes-tu par le temps qui court ? Nichetée, n. f. Nichée. Ex. Une nielietée de merles, une nichetée d'œufs. Nichoué, n. m. — Nichoir. Niehouè, n. m. — Nichoir. Niger, v. n. — Nager. Acadianisme. * Niglit eap, naite, n. m., (m. a.) — V. Cap. Nigog, n. f. Dard pour saisir l'anguille dans la vase des grèves. Nielle, n. f. — V. Gniolle. Nippe, n. f. Consommation. Ex. J'ai pris une bonne nippe, me voilà tout réconforté. Ce mot est resté chez les Anglais : « Will 5'ou take a nip f w Nippe vient probablement de kneipe, nom des restaurants fréquentés par les étudiants en Alle- magne. C'est la partie prise pour le tout. Nipper (se), v. pron. Habillé. Ex. Aujourd'hui c'est la fête du travail, je me suis nippé de mon mieux. Niqse, adv. Pas du tout, non pas. Ex. Il a voulu me blaguer, mais niqse ! En Anjou, on dit nisco ! pour exprimer la même idée. Nique, n. m. Nid. Ex. Un nique de guêpes, un nique d'hirondelles. Nique, e, adj . — Niqueté. Nivelasser, v. n. — Faire un ouvrage de longue haleine. Niveleux, euse, adj. Difficile, long à faire. Ex. L'ouvrage que je viens d'entre- prendre est niveleux. 462 LE PARLER POPULAIRE En Normandie, niveler veut dire perdre son temps à des riens, et niveleries, minuties, bagatelles. >Ii vu ni connu, loc. Inutile de rechercher l'objet ou la personne disparus. Ex. As-tu vu passer cet homme qui porte une grande barbe, ax-^ec un gros porte-manteau sur le dos ? — Non, ni vu ni connu. J^Jo, n. m. Entrailles d'une morue. Nous trouvons dans Godefroy : « No, les entrailles, le foie et la langue d'une morue. » * No bill, (m. a.) — Déclaration de non lieu. Noce, n. f. Faire des noces, faire un mariage. Ex. Est-ce vrai que nous allons y«zV<f des 7ioces ? Noceux, adj. — Noceur, qui aime à faire la fête. JSoir, adj. Couvert, rempli. Ex. As-tu vu défiler la procession, les rues étaient noires de monde. ;Noir (à), loc. adv. — Complètement. Ex. Nous avons vidé la maison à noir. — En nombre complet. Ex. Les électeurs des Remparts ont voté à noir pour Malo. Noir à souliers, n. m. Cirage. Nous disons également 7ioirà chaussures. Noirceur, n. f. Obscurité. Ex. Nous allons arriver à la «f7z><r(?Mr. Vannée de la grande noirceur. Noircir, v. a. — Devenir obscur. Ex. Le temps commence à 7ioircir de bonne heure. - — Cirer. Ex. Faire noircir ses chaussures. Noiret, te, adj. — Un peu noir. Noiron, n. et adj. — Noiraud. Ex. Un petit w^zVwi d'enfant. Noisettier, n. m. — Coudrier. Noix blanche, n. f . — Caryer tomenteux. Nom, n. m. — Sobriquet. Ex. Donuer des ^loins, appeler des noyns. DES CANADIENS-FRANÇAIS 463 — Aussi vrai que je m' appelle par mon nom, affirmation solennelle. — Nom de nom, ! Nom d'un nom ! Nom d'un chien ! Nom d'une pipe! Nom d'un petit bonhomme! Nom de Dieu! Cté mille noms, jurements d'un caractère bénin. Nombre, n. m. Pour la plupart, pour le grand nombre. Ex. Il y avait là nojjibre d'individus suspects. * Nombrer, v. a. (Angl.) Etre au nombre de. Ex. Les Canadiens-Français doivent nombrer aujourd'hui trois millions d'âmes. Nombril, n. m. N'e pas avoir le nombril sec, être trop jeune pour réussir en quelque chose. Nommabie, adj. — Qui peut être désigné par son nom. Nonpareil, n. m. — Nonpareille, 6 points. (T. d'impr.) Non sens, n. m. Absurdité. Ex. Tout ce que cet orateur vient de dire est un nofi se7is. Noque, adj. Semble venir de nouque, impair. Ex. Pique ou noque, comme si l'on disait /azV ou impair. Voir Pique. Nordet, n. m. — Nord-est. Autrefois on écrivait nordeth. Normaux, n. m. pi. — Elèves de l'Ecole normale. Norouet, n. m. — Nord-ouest. Nortureau, n. m. — Cochon de lait. En France, on dit nourturiau et notù- reati, avec la même signification. — Enfant espiègle. Ex. Sauve-toi, mon petit nortureau. Nos deux (à), loc. Nous deux. Ex. Nous allons faire cela à nos deux. * Nose (blue), blou, (m. a.) — V. Blue. Note, adj . poss. — Notre. * Notice, n. f., (m. a.) — Avis. * Notifier, v. a. (Angl.) Avertir. Ex. Vous me 7iotifierez par lettre, quand le temps sera venu. 464 1-E PARI,ER POPUI^AIRE Notre, adj. pass. Nôtre. Ex. Tu as un joli cheval, mais le notre est encore plus beau. Notre=Dame de mars. L'Annonciation de la Sainte Vierge. Ex. Vous me paierez à la Notre-Dame de mars. Nourolle, n. f. Brioche. En anglais 7iew 7-oll, petit pain frais. En Picar- die, on dit norolle, et dans la Haute- Normandie, nourolle comme ici. Nourreture, u. f. — Nourriture. Nourrir, v. n. — Allaiter. Nous (par chez), loc. — Dans notre localité. Ex. Si vous venez par chez nous, vous irez visiter notre église. — Chpz uons, à domicile. Ex. Quand vous passerez par chez 710US, arrêtez donc me voir. Noyer (se), v. pron. — Boire avidement. Ex. Ne te noie pas dans le lait, on t'en gardera. — Se ruiner de fortune. Ex. Ce marchand fait de mau- vaises affaires, il est évident qu'il se noie. Noyer dur, n. m. — Caryer amer. Noyer tendre, n. m. — Noyer cendré. Nuage, n. m. Tour de cou en laine tricotée pour se protéger en hiver contre le froid et les tempêtes de neige. Nu bas. Marcher nu-bas, marcher sans chaussures. Nu= pattes. Nu-pieds. Ex. Prenez garde de vous montrer nu-pattes devant le monde. Nuisance, n. f. Dommage, préjudice. Vieux mot français, repris aux Anglais, qui l'avaient retenu des Normands. Nuisant, n. m. Envieux, pellicule qui se détache à la base de l'ongle. DES CANADIENS- FRANÇAIS 465 Nuit (en), loc. De nuit. Ex. J'ai été obligé de vo^^ager eyi nuit. Nuit (à la), loc. Durant la nuit. Ex. Nous arriverons à la nuit noire. Nuit (grand). Durant la nuit. Ex. Il faisait grand nuit quand nous sommes arrivés. Nuit (la). — Durant la nuit. Ex. Aller se promener la nuit. Nuite, n. f. Nuit. Autrefois nuite se disait, et s'écrivait ainsi. Numéro, n. m. — Individu avec qui il faut compter. Numéro un. De premier ordre. Ex. J'ai un tailleur qui m'habille numéro un. * Nun's veiling, nonne'' s, (m. a.) Voile, étoffe analogue à celle dont se font les voiles der religieuses. Ex. Une robe de voile, acheter du voile. Nunne part. — Nulle part. * Nurse, ncursc, (m. a.) Bonne d'enfant, garde-malade, infirmière. * Nursery, neurse?-é, (m. a.) — Chambre des enfants. Oâ. Oi. Ex. Moâ, toâ, soâ. L,es Acadiens et les habitants de la Baie Saint-Paul prononcent ainsi. Obéir, V. n. Plier, céder. Ex. Un plancher qui obéit sous les pieds. Obituaire, n. m. Annonce d'un décès avec biographie. Obituaire se dit du 30 466 LE PARLER POPULAIRE registre renfermaut les noms des morts, le jour de la sépul- ture, la fondation des obits, etc. Objecter, v. n. Refuser, s'opposer. Ex. J'' objecte à ce que tu ailles au théâtre. Objecter (s'), v. pron. S'opposer, se prononcer contre. Ex. Je nVobjede à ce que tu viens de dire. Obli, n. m. et f. — Oubli, action d'oublier. — Oublie, pain à cacheter. Oblier, v. a. — Oublier. Obsarvâtion, n. f. — Observation. Obsarver, v. a. — Obser\'er. Obstination, n. f. — Dispute, discussion à n'en plus finir. Obstiné, e, adj. — Têtu, discutant sur tout. Obstiner, v. n. — Soutenir quelque chose avec obstination. Ex. Il m'a obstiné Q^' 'A faisait beau hier. — Nier, refuser de croire. Ex. Je te dis que c'est la pure vérité ! Obstine pas. Obstineux, euse, adj. Oui obstine sur tout, pour le plaisir de la discussion. Obtiendre, v. a. — Obtenir. Obtint, part, passé. — Obtenu. Occasion, n. f. — Circonstance. Ex. Je pense que cela pourra te serv'ir dans d'autres occasions. — Motif, sujet. Ex. Pour quelle occasion lui as-tu parlé comme ça ? — Commission. Ex. Envoyer un paquet par une bonne occasion. Occasionner, v. a. Induire, pousser. Ex. Je ne voudrais pas V occasio7iner à faire une si grosse dépense. Occupation, n. f. Inquiétude. Ex. J'ai beaucoup (V occupatioyi de ce temps-ci. DES CANADIENS-FRANÇAIS 467 Occupant, adj. verb. Inquiétant. Ex. Il y a des affaires qui sont bien occupantes. Occuper, v. a. Inquiéter. Ex. Je suis occupé du résultat de cette affaire d'héritage. Occuper (s'), v. pron. S'inquiéter, se tourmenter. Ex. Je t'assure que nous réus- sirons, ne V occupe pas. Ocrer, v. a. — Peinturer avec de l'ocre. Octroyer, v. a. Voter une somme d'argent, accorder en général. Odeur, n. f. Senteur. Ex. Des pois d'odeur. Œil, n. m. — ■ Avoir rœil, surveiller. — Ouvrir l'œil, faire attention. — Ne pas fermer l'œil, ne pas dormir. — Taper de Vœil, s'endormir. — Tirer Vœil, attirer la curiosité. — Faire de Vœil, regarder avec amour. — Tomber dans Vœil, plaire. — Ne dormir que d'un œil, veiller. — Se fourrer le doigt dans V œil, s'illusionner. — Risquer U7i œil, ne pas trop risquer. — Avoir le compas dans l'œil, juger juste. — Avoir un œil à Paris et l'autre à Versailles, loucher. — Avoir les yeux plus grands que l'espace, manger sans faim. — Faire les yeux en coulisse, les 3'eux doux. Œillet d'Inde, n. m. — Tacète étalé et dressé. Œu, n. m. CEuf. Ex. Je prendrai un œu pour mon déjeûner. Œuf de coq, n. m. CËuf de poule. CEuf sans jaune, bien conformé du reste, avec ses cordons en spirale aux extrémités. Offartoire, n. m — Offertoire. Offense, n. f. — Enfance. Ex. Ce bon vieux est en offense. 468 LE PARLER POPULAIRE — Faute. Kx. Excusez, monsieur, je ne vous voj'ais pas. — Pas à^ offense. — Délit, contravention à la loi. (Angl.) Office, n. m. — Place. Ex. Pierre est entré en office depuis huit jours. — Etude. Ex. 'Li' office du notaire. — Cabinet de travail. Ex. \J office d'un avocat. — Bureau. Ex. ^l' office d'un médecin. Officier, n. m. — Directeur. Ex. Les officiers de la Banque de Québec sont MM. . . — Officier-rapporte7ir, président d'élection. — Sous- officier-rapporteur, président du scrutin. Oie sauvage, n. f. — Oie du nord, oie blanche. Oignon, n. m. — Grosse montre. — Oignon à patate, oigupn très fort|et de moyenne grosseur. — Une affaire arrangée aux petit* oignions, avec beaucoup de soin. — Ne pas se moucher avec des pebires cfoiquo^i, se tirer du grand. — Espèce de callosité douloureuse qui vient aux pieds. Oignonnet, n. m. Petit oignon. On trouve oig7ionner dans les vieux diction- naires. Oir, V. a. — Voir. Oise, n. f. — Oie femelle. Oiseau, n. m. Etre aux oiseaux, être confortable, avoir bonne santé, jouir de la vie. Oiseau à mouciie, n. m. — Oiseau-mouche. Oiseau blanc, n. m. — Bruant, excellent à manger. Oiseau bleu, n. m. — Pinson indigo. Oiseau bleu et roux, n. m. — Rouge-gorge bleu. Oiseau de misère, n. m. — Oiseau blanc. Oiseau de neige, n. m. — Oiseau blanc. Oiseau de nuit, n. m. — Rôdeur de nuit. DES CANADIENS-FRANÇAIS 469 Oiseau de tempête, u. m. — Pétrel et puffin. Oiseau gris, n. m. — Pinson à couronne rousse. Oiseau moqueur, n. m. — Grive polyglotte. Oiseau mouche, n. m. — Colibri à gorge rubis. Oiseau rouge, n. m. — Pinson pourpré. Oka, n. m. Fromage fabriqué à Oka par les RR. PP. Trappistes de l'Ordre de Citeaux. Olivette, n.f.— Godet. Ombrageux, euse, adj. — Ombreux. Ex. Ce petit bois est très omh-agcvx. Omelette, n. f. Faire une omelette, renverser un panier d'œufs ou d'autres objets qui se cassent en tombant. On, pron. Nous. Ex. Si tu veux m'en croire, mon ami, on va rester ici, 071 est bien. Oncle Sam, n. m. — Le peuple des Etats-Unis. Ondain, n. m. Andain, rangée de foin, de trèfle, coupée avec la faux et disposée en ligne. Ongue, n. m. Ongle. Ex. Avoir de l'esprit jusqu'au bout des oiigues. Onguent, n. m. Dans les petit* pots so7it les bons 07igtients, une personne petite, une chose de faible dimension peut avoir d'excellentes qualités. Onguent du pauvre homme. — Onguent de rose. Onguenter, v. a. Appliquer de l'onguent sur une plaie, un ulcère. Onque, n. m. — Oncle. Opérateur, n. m. — Télégraphiste. Opération (en), loc. En vigueur, en force. Ex. La loi des mines va entrer en opération le premier jour de juillet. Opération (sous T). loc. — En vertu, durant l'exercice. Opignion, n. f . — Opinion. 470 LE PARLER POPULAIRE Opinion (dans V), loc. De l'avis. Ex. Le discours de M. Bois est absolument dans V opinion de la majorité des députés. Opinion (être d*), loc. D'avis. Ex. Je suis d'' opinion qu'il vaut mieux ne rien dire dans le moment. Opposer, V. a. — Combattre, faire de l'opposition, Ex. Pierre va opposer Paul aux prochaines élections. — Empêcher. Ex. Je V opposerai bien de faire la lutte contre mon ami. Opposition, n. f. Concurrence. Ex. Il 3- a quatre épiciers collés l'un sur l'autre, V opposHioii va être rude. Opulent, e, n. et adj. Fat, orgueilleux, prétentieux. Ex. Nous avons un échevin qui s'en fait accroire, c'est un optde^it. Or, n. m. — Or de poigjiée de porte, cuivre. Orage, n. f. Orage, n. m. Ex. Nous allons avoir une grosse orag-e, le temps est noir, effrayant. Orateur, n. m. Président de nos Chambres basses et hautes. " Le Dict. de l'Ac. dit au mot Orateur : « En Angleterre, l'Orateur, le Président de la Chambre des Communes. » Nous ne devons donc avoir aucun scrupule à employer ce terme que nos pères, avec beaucoup de bon sens, ont adopté pour traduire le mot speaker, qui n'a pas le même sens q\\Q président, et désigne une fonction toute spéciale, celle de parler au chef de l'Etat pour la Chambre. Mirabeau était deux fois Orateiir lorsqu'il dit à M. de Dreux- Brézé : « Nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. » Orde, n. f. — Ordre. Ex. Un cochon de la grande orde. Ordilleux, n. m. et adj. — Orgelet. — Orgueilleux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 47 1 Ordinaire, n. f. — Ordinaire, n. m. Ex. J'ai une cuisinière qui fait de la bonne ordmaire. — Habitude. Ex. J'ai ordinaire de faire cela. Ordo, n. m. Liste des élèves des classes du Séminaire de Québec, dressée par le professeur d'après le rang que chacun d'eux occupe à la fin d'un semestre. Ex. Etre le premier sur Vordo, lire Vordo devant toute une classe. * Ordonner, v. a. — Donner l'ordre, commander. Ex. J'ai ordoiuiè un habit chez le tailleur. (Angl.) — Faire l'atout. (T. de jeu). Ordre, n. m. — Commande. Ex. Je viens de donner mou ordre pour mes épiceries. (Angl, ) • — Poursuite. Ex. J'ai reçu un ordre de mon tailleur, à qui je dois vingt piastres. — Commandement. Ex. J'ai reçu ordre de me tenir prêt à partir. — Etat. Ex. Mes effets sont en ordre, en bon ordre. Ordre (être d'), loc. Avoir de l'ordre. Ex. Cette femme n'est pas dC ordre, sa maison est très mal tenue. Ordre=en=conseil, n, m. Décret, arrêté. Ex. J'ai été nommé bibliothécaire par un ordre-en- conseil di\x 29 septembre 1892. Ordres du jour, n. m. pi. Ordre du jour. Ex. Va consulter les ordres du Jour, afin de voir si notre bill va être appelé. Oreille, n. f. — Versoir. Ex. Une o?-eille de charrue. — Avoir r oreille de quelqu'un, être dans son intimité. — En avoir par dessus les oreilles, être très ennuyé d'une affaire. — Entrer par une oreille et sortir par V autre, ne pas demeu- rer en la mémoire. 4/2 LE PARLER POPULAIRE — Avoir les oreilles da7is le crin, être sur ses gardes, — Avoir les oreilles 7Holles, être paresseux. — Ne pas entendre de cette oreille-là, ne pas vouloir com- prendre. Oreille d'ours, n. f, — Primevère. Oreilles de casque, n. f . pi. — Garde- oreilles. Oreiller, n. m. Coussin. Ex. Un oreiller de voiture, de sofa. Oreillette, n. f. — Oreiller. Oreries, n. f. pi. Ors. Ex. Pour cette occasion, Madame la présidente a sorti toutes ses oreries. Orfèvre, n. m. Horloger. Ex. Faire réparer une montre chez un bon orfèvre. Orgnée, n. f. Araignée. Ex. Des toiles d' orgnée. Orgueil, u. m. Mo7iter en orgueil, pousser trop haut. Se dit des plantes. Orgueilleux, n. m. Orgelet. Autrefois on disait 07'gueiiil (Cotgr.) et orgueillir, se couvrir d'orgelets, de furoncles. Orguilleux, n. m. — Orgueilleux. — Orgelet. Orier, n. m. — Oreiller. Originer, v. n. Tirer origine. Ex. Ce mot origitie du sauvage. Orillier, n. m. — Oreiller. Oripiaux, — V. Auripiaux. Orme blanc, n. m. — Orme d'Amérique. Orme rouge, n. m. — Orme roux. Ormière, n. f. I,ieu planté d'ormes. Ex. Allons à la Jeune Lorette, nous passerons par l' Ormière. Ormoire, n. f. Armoire. On disait ormoire autrefois (Oudin). DES CANADIENS-FRANÇAIS 473 Orogane, n. f. — Organe. Ex. Un orateur qui porte une belle orogane. — Ouragan, V. ce mot. Orteil, n. f. Orteil, n. m. Ex. J'ai un cor sur la grosse orteil. Ortolan, n. m. Alouette de Virginie, alouette ordinaire. Orypiaux, n. m. pi. Oreillons, inflammation de la glande parotide située près des oreilles. Os, n. m. — Cliquette. Ex. Jouer aux os. — Etre aux os, très maigre. Os gras, n. m. — Exostose. Osé, adj. Effronté, audacieux. Ex. Il faut être osé pour venir me raconter de pareilles histoires. Oseille, n. f. La faire à V oseille y essa5'er d'en faire accroire. Ex. Tu me la fais à V oseille, mais l'histoire est trop forte (acide) pour que je la gobe. Os mignon, n. m. Coccyx, petit os qui termine la colonne vertébrale, à l'extré- mité du sacrum. Ossailles, n. m. pi. — Très petit* os de rebut. Ostination, n. f. — Obstination. Ostiné, e, part. pass. — V. Obstiné. Ostiner, v. a. — Contredire, contrarier. Ostiner (s'). ^'- pron. — S'obstiner. Ostineux, euse, adj.— V. Obstineux. Ouac, n. m. Cri de surprise ou de douleur. Ex. Je me suis fait écraser la main dans la porte, je te dis que j'ai lâché un oïiac ! Ouananiche, n. m. Saumon du lac Saint- Jean et de ses tributaires. Ouaouaron, n. m. — Gros crapaud. Oubliable, adj. — Qui peut être oublié. 474 LE PARLER POPULAIRE Oublie, n. f. — Pain à cacheter. Oubligation, u. f. — Obligation. Oubliger, v. a. —Obliger. Où ce que, loc. Où. Ex. Peux-tu me dire oh ce que tu vas ? Ouette, n. f . — Ouate. Ouetter, n. m. — Ouater. — Voter. Ex. Moi j'ai oiietié pour le docteur Blancbet. Ouiche, u. f. — Cabane de sauvages. Ouida ! Oui ! — Exclamation exprimant l'incrédulité. Ouïe, n. f. — Cou, gorge. Ex. Se faire serrer les oines. Ouigouam, u. m. — Cabane de sauvage. Wigwavi. Ouillé, e, adj. — V. Houille. Où que, loc. — Où. Ex. Oîi que tu vas, mon cher ? Our, n. m. — Ours. Ex. As-tu peur des oiir f Ouragan, n. m. Panier d'écorces de bouleau solidement liées, pour l' usage des cuisinières. Ourdissoir, n. m. Instrument qui sert à ourdir les pièces de toile. Ours, n. m. — Travailler conune ti7i ours, travailler ferme. Ourson, n. m. — Homme qui fuit la société. Outarde, n. f. — Bernache du Canada. Outre de cela (en), loc. Outre cela. Ex. Qu'est-ce que tu as à me dire en outre de cela f Ouvarte, part. pass. f. — Ouverte. Ouvarture, u. f. — Ouverture. Ouvrage, n. f. Ouvrage, n. m. Ex. C'est un peintre qui fait de la belle ouvrage. Ouvrir, v. a. Entrer. Ex. Quelqu'un frappe à la porte. Ouvrez ! Ouvrier, n. m. — Menuisier. — Ouvrable. Ex. Demain est un jour ouvrier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 475 * Overalls, âls, (m. a.) — Pantalon de travail, salopette. * Overcoat, côte, (m. a.) — Pardessus. * Overshoes, choûze, (m. a.) — Claques, galoches. * Oyer and terminer, (m. a.) — Audition de jugement. Pacager, v. a. S'installer chez les autres. Ex. Quand le petit Philippe vient chez nous, il ne part plus, comme s'il venait y paca- ger. Pacan, n. m. Paresseux, lourd, grossier. Ce mot semble dérivé de />aga- nus, villageois romain, d'oii a été \\xé. païen, l^es pagani s'étaient faits chrétiens plus lentement que les gens des villes. De pagamis vient peut-être aussi le mot péki7i dont se servent les troupiers français pour parler des bons gars. On connaît la réponse de M. de Talleyrand à un militaire à qui il avait demandé ce que voulait dire ce mot de pêkin. « Nous appelons pékin tous ceux qui ne sont pas militaires. « « C'est comme nous, aurait dit Tallej^rand, nous appelons- militaires tous ceux qui ne sont pas civils. » On trouve dans Godefroy le mot pacant, homme du pays. Pacaner, v. n. Parler ou agir grossièrement, comme nn pacan . Ex. Voilà un individu qui pacane sans bon sens. Pacotille, n. f. — Ensemble de menus objets que l'on peut emporter avec soi. 476 LE PARLER POPULAIRE — Groupe de petit* enfants conduits par leur mère de porte en porte. — Ensemble de marchandises offertes en vente par un col- porteur. * Pad, (m. a.) Bloc-notes, paquet de feuillets faciles à détacher, sur lesquels on prend des notes. * Pad=away, êwê, (m. a.) — Jeu de la mère Garuche. * Paddy, (m. a.) Irlandais. Ex. C ^st nn Paddy front Cork. Sobriquet. * Padlock, (m. a.) — Cadenas. Paf ! Interjection qui représente le bruit d'un corps qui tombe, d'un coup. Ex. Ça fait/z/, paf, pouf! Pagée, n. f. Travée. Ex. /^^/^ de clôture. Quelqu'un demandait à un nommé Page quel était son nom, «Je m' appelle Page, dit- il. — Oh ! alors vous êtes de la noblesse et vous avez droit à la particule. — Comment cela, dit l'autre étonné. — Vous ne savez donc pas qu'ici, au Canada, nous n'avons que des Pagées de clôture ! « Pagnier, n. m. — Panier. Ex. Un /a^wzVr percé. Pagniérée, n. f. Le contenu d'un panier. Ex. TJne pagniérée de toma.tes. Pagote, n. f. Pagode, manche étroite jusqu'au coude, large vers le poi- gnet. Paillasse, n. f. — Paillasse à spring, sommier. — Traîne-paillasse, homme qui porte des guenilles. — Chasse-paillasse. V. ce mot. Paillassée, n. f. — Le contenu d'une paillasse. Paille, n. f, — Pre7idre U7i repas qui n'' est pas de paille, un repas soigné. — Tirer à la courte-pâille, tirer au moyen de pailles de lon- gueur inégale. — Avoir le derri'ère sur la paille, être dans la misère. DES CANADIENS-FRANÇAIS 477 Paille<en=queue, n. m. — Canard Pilet. Pain, n. m. — Demander S07i pain, mendier. — Avoir du pai^i de cuit, être rentier. — Perdre iin pain de sa fournée, avoir une déception. — Se prendre en pain, en une masse. — S' ôter le pain de la bouche, se priver pour d'autres. — Avoir du pai?i sur la pla7iche, avoir de quoi vivre, du bien acquis, sans être obligé de travailler. — Passer en p ai 71 bé7iit, aller d'une maison à l'autre, s'y faire héberger pendant des jours et des semaines. Se dit des mendiants à la campagne. — G7-ossier com7ne 7i7i pai7i d'orge, très grossier. Pain à chanter, n. m. — Pain à cacheter. Pain de boulanger, n. m. Pain acheté chez les fournisseurs ou chez le boulanger. Pain de couleuvre, n. m. Actée rouge, très beau fruit par l'apparence, [quia empoi- sonné beaucoup d'enfants. Pain de ménage, n. m. Pain fabriqué à la maison avec le blé récolté par le cultiva- teur. Pain de perdrix, n. m. Baie rouge dont les perdrix sont très friandes. Pain de sucre, n. m. Morceau de sucre de forme carrée, fabriqué avec la sève de nos érables, et dont le poids varie de deux à dix livres. Ex. Je ne voudrais pas aller à ce concert pour un pai7i de sucre. Pain=de=suif, n. m. — Homme lourd de corps et d'intelligence. Pair, n. m. — Pis. Kx. L,e/«z> d'une vache. — Député qui s'entend avec un autre député pour ne point voter sur une question. Kx. Il va falloir trouver quatre pairs pour le reste de la session. (Angl.) Paire, n, f. Uiie paire de pa7italo7is, un pantalon. 47S LE PARI^ER POPULAIRE * Pairer, v. n. (Angl.) Expression pour désigner que deux députés, de partis oppo- sés, se sont entendus pour ne point voter sur une question ou durant un certain espace de temps. Paître, v. n. — Envoyer paître, envoyer promener. Paix, n. f. — Ficher la paix, laisser en paix. Palanter, v. a. Hisser un objet au moyen d'un palan, palanguer. On dit palanquer en Anjou. Palette, n. f. — Tablette. Ex. \J no. palette de chocolat. — Visière. Ex. Une palette de casque. — Garde-vue. Ex. Le docteur me recommande de me servir d'une /«/(?//<? pour me protéger les yeux contre la lumière. — Cosse. Ex. Des fèves &n palette. — La palette d'7i7i poêle, la partie saillante du fourneau. — La palette du genou, la rotule. — La palette de Vépaule, l'omoplate. — Se faire prendre la palette, se faire tancer d'importance. Pallot, te, adj. — Qui a une démarche pesante et très lente. Pampadour, n. f. Pompadour. Ex. Elle est fière comme la Pampadour. Pamphlet, n. m. Brochure. Ex. M. le curé de Saint-Samuel vient d'écrire un pamphlet sur le modernisme. Panage, n. m. Panache. Ex. Un />awa^^ de caribou, d'orignal. Panagérique, n. m. — Panégyrique. Pancarte, n. f. Tableau des élèves d'une classe, dressé d'après le succès obtenu à un concours. Ex. Cette semaine, je suis le premier de ma classe, et c'es't moi qui vais porter la pan- ca?-te chez M. le Directeur. Pandore, n. m. — Pandour, homme brutal, pillard. * Panel, (m. a.) — Tableau du jur}-. Paniérée, n. f. — Ee contenu d'un panier. \At\.récï\.epan7ierée. /: DES CANADIENS-FRANÇAIS 479 Panneau, n. m. — Partie mobile d'une table, abattant. Rallonge est le mot pour la partie détachée qui s'ajoute au besoin. — Bavaloise. V. ce mot. Panse, n. f. Avoir les yeux plus grands giie la pa7ise, prendre d'un plat plus qu'on en peut manger. Panser (se), v. pron. — Manger beaucoup. Pantalons, n. m. pi. — Pantalon, n. m. s. Ex. Tailleur, faites-moi des pantalons pour samedi soir. — Culottes qui descendent jusqu'au genou seulement. Pantomine, n. f. — Pantomime. Pantoute. Pas du tout. Autrefois on disait pas en tout, à' où pas ett toute, expantojitc. * Pantry, panntré, (m. a.) — Garde-manger, office, dépense. * Paper (blotting), (m. a.) — V. Blotting. Papier, n. m. — Papier sablé, papier de verre. Pâques, n. f. Faire des pâgîies de renard, faire ses pâques après le temps défini par l'Eglise. Pâques bis. Le dimanche de la Passion, quinze jours avant Pâques. Paquet, n. m. — Plier son paquet, s'en aller, fuir. — Faire son paquet, être moribond. — Avoir son paquet, être ivre. — Recevoir son paqiiet, être congédié. — Porter des paquets, dénoncer les autres. — Lâcher le paquet, abandonner. — Soîdever le paquet, apostropher vivement. — Faire des paquets sur toîit le monde, médire. Paqueter, v. a. — Serrer, presser. V. D'jammer. Par, prép. Pour. Ex. Mes actions à la banque me rapportent cinq/ar cent. 480 LE PARLER POPULAIRE — Du côté de. Ex, Je vais par là-bas, — Au milieu, Ex. Cet enfant jette tout par les places et par les fenêtres. Par ailleurs, prép. Ailleurs. Ex, Tu peux t'en aller /«r ailleurs. Par après, prép. Après, ensuite. Ex, Vous viendrez tous les uns par après les autres. Par contre, loc. Au contraire, Ex. J'ai fait cent piastres dans une affaire, mais, par contre^ j'en ai perdu deux cents dans une autre. Par devant. — Devant, Ex, Il est passé />ar devant moi. Par exemple, loc. A mon sens. Ex. Il fait beau, mais, par exemple, ça ne durera pas, V. Exemple. Par exprès, loc. Exprès. Ex, Pardonnez-moi, car je ne l'ai pas fait par exprès. , Par ici, loc. Ici. Ex. Par ici il n'y a pas d'hommes de profession. Par places, loc, Par-ci par-là. Ex. Les pois ont bien germé, mais il en manque par places. Paradis, n. m. — Paradis des Anglais, paradis à part. — Paradis des oies, qui n'existe pas. — Ne pas porter une chose e?i paradis, paj^er avant sa mort. Paragon, n. m. — Gros romain, 72 points. — Double parag07i, trismégiste, 144 points. Paragraphe, n. m, — Alinéa, en terme d'imprimerie. Paraître, v, n. — Echapper, Ex, Je l'ai /»arz^ belle, — Bien paraître, Ex. Mettre tout en œuvre -pour pai aitre dans le monde. Paralatif, n m. — Préparatif. Paralésie, n. f. ~ Paralysie. DES CANADIENS-FRANÇAIS 48 1 Paralétique, n. m. et f. — Paralytique. Paramment, adv. — Apparemment. Paraneige, n. m. Construction en bois pour prévenir l'amoncellement de la neige sur les voies ferrées. Parapel, n. m. Trottoir. Champlain emploie le mot parapel pour parapet^ muraille. Parapuie, n. m. — Parapluie. Parasol, n. m. — Champignon. Parc, n. m. — Porcherie. Ex. Le />«/-<: (/ar) aux cochons. — Enclos où le gibier semble se donner rendez-vous. Parcevance, n. f. — Apercevance. Parchaude, n. f. — Perchaude. Parche, n. f. — Perche. Parcher, v. n. Sangler une charretée de foin avec une corde. Ex. I^a charrette est pleine de foin, parchons. Parcourement, n. m. Terme d'imprimeur pour exprimer le fait qu'il lui faut déranger plusieurs lignes s'il se trouve en face d'épreuves remplies de corrections. Par=dessus, n. m. pi. Chaussures à semelles en caoutchouc, portées en hiver. Pardonner, v. a. Demander pardon. Ex. Pardonnez, Monsieur, est-ce que je vous ai fait mal ? Pardre, v. a. — Perdre. Pardrix, n. f. — Perdrix. Pardu, e, n. m. et f. — Perdu, égaré. Ex. Je sais pas ce qu'il a, mais il crie comme un pardu. Paré, e, adj. — Prêt. Ex. Etes-vous prêt à partir ? — Oui, je svàs paré. — A l'abri d'un danger. Ex. J'ai été bien malade, me voWq. paré maintenant. 31 482 LE PARLER POLULAIRE Pareil, le, adj. et adv. — Semblable. Ex. Voilà deux enfants quis'entressemblent, ils sont presque pareils. — Pareillement. Ex. Bien qu'il fasse une tempête, nous partirons pareil. Parent, n. m. Etre parent avec quelqii'uyi, être parent de quelqu'un. Parer belle (la). — L'échapper belle. Parfait, e, adj. Parfaitement. Ex. Un pa^-fait honnête homme, un homme parfaitement honnête. Parfait (au), loc. Parfaitement. Ex. Cette blouse est faite au parfait. Parlas, n. m. — Prélart. Parlant, e, adj. Affable, de commerce agréable. Ex. Crois-tu que ce gar- çon ^st parlant f Parle, n. f.— Perle. Parlement, n. m. Assemblée où il se prononce beaucoup de discours. Ex. Viens-tu à Beauport, nous allons avoir un beau /(ar/^w^w/. En France, on dit d'un bavard qu'il est wn parlement sans vacance. Parlementaire, adj. — Les bâtisses parlevieiitaires, les édifices du parlement, le palais législatif. Parler, v. n. — Entendre parler, entendre dire. — Parler français , parler librement. — Parler à tâtons, sans science. — Parler du bout de la langue, zézayer. — Trouver à qui parler, trouver son maître. — Oest bien parler à vous, vous dites bien. — Ça parle toiU seul, c'est évident. Parler (se), v. pron. Discuter ensemble. Ex. Pourquoi t'emportes-tu si vite? attends, nous allons nous parler. DKS CANADIENS-FRANÇAIS 483 Parlette, n. f. Babillage. Ex. Cet homme a une gxosso: parlette. Cotgrave cite paro/ette , petite parole. Parlotte, n. f. — V. Parlette. Parmettre, v. a. — Permettre. Parmi, prép. Employé quelquefois en sous-entendant sou régime. Ex, Ces pommes sont mauvaises, il y en a cependant de bon- nes parmi. Paroisse, n. f. — Eglise de la paroisse de N.-D. de Québec. Ex. Moi, je me suis marié en 1824, à la paroisse. — N'être pas de la pa?-oisse, être étranger. Paroissien, n. m. Individu quelconque. Ex. En voilà un drôle à& paroissie?i f Parole, n. f. — Perdre la parole, ne pas vouloir se résoudre quand on de- mande quelque chose. — La parole n'en pue point, il faut moins s'attacher aux mots qu'à ce qu'ils expriment. — Parole écartée, insensée, — Paroles en V air, paroles pour ne rien dire. Paroles, n. f. pi. — Débat, discussion. Ex. Avoir à^s paroles ensemble. Parolette, n. f. — Parlette. Paroii, n. m. — Conversation. Ex. Cet homme a du paroli. — Flot de paroles. Ex. Quel paroli est cela ! on ne peut se comprendre. ParpaiUer, v. a. — Eparpiller. Parrainer, v. n. — Etre parrain. Par rapport que, loc. conj. Par la raison que. Ex. Mon imprimeur n'avance pas vite en besogne, par rapport çîi'il a trop d'ouvrage sur le métier. Par=sour, prép. Par-dessous. Ex. Les rats passent par-sour le sciage de la maison. 484 LE PARLER POPULAIRE Par=sur, prép. — Par-dessus. Ex. Passe par-sur la clôture. Part, n. f. — Parti. Ex. Si tu as le front de l' attaquer, je vais pren- dre sa part. — Action de banque. Ex. J'ai cent parts à la banque Nationale. — En quelque part, quelque part. — A part de lui, à part lui. — A part de cela, à part cela. — Faire des à part, partager en gardant des parts pour d'autres. Partable, adj. Action de partir. Ex. Il fait un temps à ne pas mettre les chiens dehors, ce n'est ^"à^ partable. Partenaire, n. m. — Celui ou celle avec qui l'on fait vis-à-vis à d'autres dan- seurs. — Associé dans le commerce. (Angl.) Parti, n. m. etpart.pass. — Partie. Ex. Un />«?-// de plaisir. — Pris de boisson. Ex. Celui-là est encore parti ; quel ivrogne ! Particulier, ère, adj. Minutieux, soigneux. Ex, Je le connais, il est iro-p partic7i- lier pour accepter un tel cadeau. Partir, v. n. et a. — Commanditer. Ex. P^ir/zV-un jeune homme dans le com- merce. (Angl.) — Fonder. Ex. Si tu veux m'en croire, nous aWons partir un journal, nous l'appellerons «Le Québecquois». (Angl). — Ouvrir. Ex. Partir un magasin. — Partir pour la gloire, faire la fête. — Se faire partir, se faire enlever. Ex. Il s'est idâi partir un ongle du doigt. Partir (en), v. n. Venir de faire quelque chose. Ex. As-tu fini ton ouvrage ? J'en pars. DES CANADIENS-FRANÇAIS 485 Partisannerie, n. f. Ksprit de parti. Ex. Moi, je vote sz.w?, jiartisannerie . * Partner, neur, (m. a.) — Partenaire, associé. Parvint, part. pass. — Parvenu. Pas, n. m. Faire le pas, entrer dans les ordres majeurs, en parlant d'un séminariste. Pas de rien. Grosse affaire. Ex. Ce que tu dis là, ce n'est ;^a^ de rîeîi. Pas fin (un). Un homme peu sensé. Ex. Veux-tu que je te le dise carré- ment ? tn QS Î171 pas fin. Pasfinerie, n. f. Simplicité. Ex. Cesse donc Xes pasfiyieries , mauvais drôle. Pas grand'chose (un), loc. Un homme de peu de valeur. Pas guère, loc. — Guère, peu. Pas mal, loc. — En assez grande quantité. Ex. Y a-t-il beaucoup de cerises dans le jardin ? — Il y en a pas mal. Pas que (pour), loc. Pour que. . ne., pas. Ex. Je t'ai raconté cela eu secret, pour pas que ça soit connu. Pas rien. — Rien. * Pass, (m. a.) Billet gratuit. Ex. Voyager avec une pass sur le chemin de fer. Pas un (comme), loc. Mieux que qui que ce soit. Ex. Je suis capable de faire cet ouvrage cointne pas un. Passable, adj. Praticable. Ex. Les chemins sont bien passables cet automne. Passablement, adv. En nombre assez considérable. Ex. Il y a.\a.\t passablement d'invités à la soirée des Latour. Passage, n. m. — Adoption. Ex. Ee passage de la loi. 486 LE PARLER POPULAIRE — Vestibule. Ex. Accroche ton chapeau dans le passage. — Peausserie, préparation des peaux. Passager, n. m. — Passant. Ex. Ce chemin est très passager. — Voyageur en chemin de fer, eu bateau, en tramway. — Train de voyageurs. — Maison où on loge les cultivateurs de passage. Ex. As- tu mis ton cheval chez Bolduc le passager ? Passe, n. f. — Etat, situation. Ex. Il nous a mis dans une hoil&pâsse ! — Permis de circulation sur les voies ferrées, les bateaux, les tramways. Ex. Je voyage à bon marché, j'ai des passes tant que je veux. Passe=fleur, n. f. — Lychnide coquelourde. Passe=galon, n. m. — Passe-lacet. Passe= partout, n. m. — Scie à chantourner. Passe petit passe gros. Locution pour dire qu'une chose est faite sans aucun soin. Passe-pierre, n- f. — Pierre-ponce, P3Sse=port, n. m. Passe-passe. Ex. Jouer des tours de />a^5^-/>(?r/. Passé, part. pass. Passé, et au delà. Ex. Ala maison a quarante -çi^às passés . Passée, n. f. Inter\'alle de courte durée. Ex. Le bonhomme est enragé, mais ce ne sera qn' muq passée . Passer, v. a. — Adopter. Ex. Les députés vont en chambre ^onx passer des lois. — Faire. Ex. 'Repasse pas de remarques sur son compte. — Souscrire. Ex. Tu me dois cent piastres, passe-moi ton billet. — Mourir. Ex. Notre malade est passé hier soir. — Morigéner. Ex. Tu vas te faire />a.y5<fr par le directeur. — Passer au feu, incendier. — Passer chemin, avancer. — Passer par les mains, avoir affaire. DES CANADIENS-FRANÇAIS 487 — Passer par-dessus mie chose, la considérer légèrement. — Il faut en passer par là 021 par la fenêtre, se soumettre. — Nous avo7is passé par là, nous avons fait l'expérience. — // faiit que le médecin oti le prêtre y passe, il faut le secours du médecin ou du prêtre. — // veut passer pour quelque chose de bon, se faire une bonne réputation. — Passer e?i belette, fuir rapidement. — Passer eii souris, s'évader furtivement. — Passer au bob, se faire tancer d'importance. — Il passe U7ie heure, il est une heure passée. — En faire passer, tromper un confident peu défiant. — Passer bien ou mal da?is le mo7ide, passer pour honnête ou malhonnête. — Passer la porte, sortir. Ex. Passe la porte, mon petit in- solent, je te chasse de la classe. — Passer en pain bénit. V. Pain. Passer et rapasser. Passer et repasser. Ex. En voilà un qui cherche quelque chose depuis une heure, il ne fait (\nQ passer et rapasser. Passion, n. f. Pension. Ex. Une bonne maison de ^a^^t?». Passionner, v. a. — Pensionner. Pas vrai ? — N'est ce pas vrai ? Pataclan, n. m. — V. Bataclan. Patacle, n. f. — Mauvaise montre. V. Patate. Patafioler, v. a. Qtie le diable te patafiole ! t'emporte. Le verbe ne s'emploie pas dans d'autres sens. Pataplouf, patapouf, n. m. — Homme gros et lourd, un pataud et un bouffi. — Se dit aussi d'un enfant. Ex. Vin %xos patapouf . Pataque, n. f. — Patate. Patarafe, n. f. Semonce par écrit. Ex. Je vais lui envoyer une patarafe dont il se souviendra longtemps. — Balafre, tache à la figure. 488 LE PARLER POPULAIRE Patate, n. f. — Mauvaise montre. Ex. Combien demandes-tu pour ta patate 9 — Pomme de terre. Cependant le mot patate semble admis. C 'est la morelle tubéreuse. — Patate d'ai'a?ice, qui, semée plus à bonne heure, mûrit beaucoup plus tôt. — Patate de quarante jours, patate qui prend quarante jours pour sa production, depuis la semaille jusqu'à la récolte. — Etre dayis les patates, dans l'erreur, faute de compréhen- sion. Patati, patata I Onomatopée employée pour rendre des bavardages, des bruits qui s'entrecroisent. (Lar.) Pataud, n. m. — Lourdaud. — // n'y a pas qu'un chiefi qui s'appelle Pataiid, il y a plu- sieurs manières de désigner une chose ou une personne. Pâte, n. f. — Trop de mains à la pâte, ça la gâte, les entremetteurs sont souvent de trop, — Une bon7ie pâte d'honune, un homme d'un bon caractère. * Patente, n. f. (Augl.) — Brevet d'inventeur. — Cuir à patente , cuir verni. — Bureau des patentes, des brevets. Patenté, e, adj. — Breveté. (Angl.) — Eu règle. Ex. Je t'assure que tu as fait là une bêtise patentée. * Patenter, v. a. (Augl.) Prendre un brevet. Ex. As-tu fait patenter ta dernière invention ? Adresse- toi au bureau des patentes. Pâté, n. m. — Enfant gros et gras. — Caractères d'imprimerie mêlés. — Tache d'encre sur une feuille écrite. DES CANADIENS-FRANÇAIS 489 Patience, n. f. — Jeu de patieyice, jeu du solitaire. — Plante à racine antiscorbutique, très commune. Patinade, n. f. — Action de patiner. Patiner, v. a. — Manier malproprement. Patiner (se), v. pron. Se dépêcher, se hâter. Ex. Nous avons besoin de nous patiner si nous voulons terminer notre ouvrage pour la fin du mois. Patinoir, n. m. Pavillon des patineurs, en France. Le mot /«/m(7zV pour- rait être accepté par tout le monde. Pâtir, V. u. Pâtisser. Ex. J'ai une bonne cuisinière, elle SQxtpàtit. Patirat, n. m. Souffre-douleur. Ex. C'est un vrai />a/zVa/. Patliache, n. m. — Patriarche. Patoche, n. m. — Grosse main. — Pied d'enfant. Patriotage, n. m. — Faux patriotisme. Patronage, n. m. Pratique d'un chaland, clientèle. Ex. J'ouvre un magasin, vous me donnerez votre patronage. Patronniser, v. a. — Patronner, recommander, appuyer. Patte, n. f. — Pied. Ex, Ees/'â/Zd'.y de la table. Un ragoût à.Q pattes de cochon. — Main. Ex. Ote \.q.s pattes dessus ton visage. — Aller à pattes, marcher à pied. — Coup de patte, coup de langue. — Patte de poêle, Irlandais. — Patte d'oie, ride. — Homme à pattes, homéopathe. — Marcher à quatre pattes, s'aplatir. — Marcher sur une patte, à cloche-pied. — Pattes de mouche, écriture maigre et peu lisible. 490 I,E PARLER POPULAIRE Patte, e, adj. Pattu, qui a des plumes sur les pattes. Ex. Un pigeon patte. Pattots, n. m. pi. — Petit* pieds. Paumon, n. m. — Poumon. Paumonique, n. et adj. — Pulmonique. Pau p'tit. Pauvre petit. Ex. Pau p'tit enfant, que tu es à plaindre ! Paupiller, v. n. — Agiter les pupilles Pauve, n. et adj. — Pauvre. Pauverté, n. f . — Pauvreté. Pavé, n. m. — Gratter le pavé ^ être dans la misère. Paver, v. a. — Joncher. Ex, I,es rues sont pavées de fleurs. Pavillon, n. m. — Couche. Expression acadieune, * Pawnbroker, pân' -bj-ôkeitr, (m. a.) — Prêteur sur gages. Payant, e, part. prés. Qui donne de bons profits. Ex. Une spéculation /ajvaw/i?, un aowvsxiçxzQ. paya7it. Paye, n. f. — Jour où se payent les salaires. Ex. C'est demain qu'on fait \2ipaye. — Dur de Paye, mauvais paj'eur. — Une bonne paye, un homme qui paie bien. — Une mativaise paye, qui paj^e mal. Payer, v. a. — Rendre. Ex. Je te paierai ta visite au premier jour. (Angl.) — Adresser. Ex. Payer un compliment. — Réjouir. Ex. Il fait beau! — Oui, ça. paye, un temps comme ça. — Rapporter du profit. Ex. Voilà une spéculation qui va payer. — Payer pour, être puni. Ex. Tu veux absolument te conduire mal, je t'avertis en ami que tn paieras pour. Payer (se), v. pron. S'offrir. Ex. Je viens de faire un peu d'argent, je vais me payer un chapeau neuf. DES CANADIENS-FRANÇAIS 49I Payeux, n. m. Payeur. Ex. Crédit est mort, les mauvais payeux l'ont tué, * Pay=list, (m. a.) — Bordereau de salaire. * Pay-master, //wa5/.??^;-, (m. a.) — Payeur, agent comptable. Pays, n. m. — Les pays d'en haut, région occidentale du Canada, jus- qu'au lac Huron, — Les vieux pays, l'Europe. * Pea=nut, pi-note, (m, a.) — Pistache de terre. ■* Pearl, peurle, (m. a.) — Perle, 5 points (T. d'impr.) Peau, n. f. — Une peau, un homme qui n'a plus que la peau et les oâ. — Faire peau neuve, changer de conduite, d'opinions ou de vêtements. — Traîner sa peau , flâner. — Etre dans la peau d\in autre, à sa place. — Ne savoir que faire de sa peau, paresser. — Avoir la peaic dure, être insensible à tout. — Etre plus attaché à sa peau qu 'à sa chemise, soigner ses propres intérêts plutôt que ceux des autres. — A fleur de peau, sur l'épiderme. — Avoir de la peau de reste, être très maigre. — Sauver sa peau, se tirer d'embarras. — Trahier quelqu'un en peaîi de chien, l'amener à agir malgré lui. Pécane, n. f. Amande oblongue. Au XVIP siècle, nos ancêtres avaient la pacane, Pécaud, n. m. — Cheval usé. — Pingre. Péco, n. m. — Petit ours rusé, difficile à saisir. Pêche, n. f. Bordigue, enceinte de claies sur le bord du fleuve pour pren- dre du poisson. Ex. \Jne pêche à anguilles. Pêcher, v. a. — Pêcher dans le sac, saisir à la dérobée. 492 LE PARLER POPULAIRE — Pêcher dans le tas, saisir à peu près. Pêches, n. f. pi. — Filets, sennes. Pêcheux, n. m. — Pêcheur. * Peddier, v. a. — Vendre à domicile. (Angl.) * Peddieur, n. m. (Angl.) — Colporteur. * Pedigree, pedigri, (m. a.) — Généalogie. Peigne, n. m. Pingre. Ex. Tu as affaire à un beau peigne, je t'en sou- haite ! Peigne=cul, n. m. — Paresseux, usurier. Peigner, v a. — Battre, maltraiter. Ex. Je l' ai /«^/z/ avec soin. — Mal peigné, homme de mauvaise mine. — Peigner du lin, du chayivre, Sérancer. Peigner (se), v. pron. — Se battre. Peine, n. f. — Cri en peine, appel au secours. Peinture, n. f. — Fait en peinture, très bien fait, comme si tout ouvrage de peinture était parfait. — Peinture à l'eau, aquarelle. — Peinture à V huile, toile. Peinturer, v. a. —Peindre. Pèlerinage, n. m. — Pèlerinage. Pelle, n. f. — Dominer la pelle, vouer un amoureux à un échec. — Recevoir la pelle, amoureux éconduit par sa blonde. Pelle=à=feu, n. f. — Sage-femme. Pelote, n. f. — Boule. Ex. Une /(?/(7/^ de neige. Peloter, v. a. Se prendre en boule. Ex. La nçxgo. pelote bien, les enfants vont s'amuser à faire des bonhommes de neige, des cabanes, etc. Peloter (se), v. pron. — S'envoyer des pelotes de neige. Pelotonner, v. a. — Pelotonner un peloton de laine, pléonasme. Pendants, n. m. pi. Pendants d'oreilles de dame, fuchsia écarlate. DES CANADIENS- FRANÇAIS 493 Pendard, n. m. Homme dangereux, qui cependant n'a pas mérité la corde. Ex. Mon petit pendard, tu te feras pincer à quelque détoiir. Pend'oreilles, n. m. pi. — Pendants d'oreilles. Pendriloque, n. f. — Pendeloque. Pendrioche, n. f. — Etat de ce qui pend. — Loques qui pendent d'un vêtement, d'un rideau usés. — Echafaud. Ex. Je serais bien surpris si ce criminel va pouvoir se sauver de la pendrioche. Pénican, n. m. — Pélican, ancien instrument de dentiste. Penilie, n. f. Lisières de laine ou de coton qui entrent dans la confection des catalogues. Pénitentiaire, n. m. — Pénitencier, maison pénitentiaire. Penouil. — V. Fond de Penonil. Penoute. — Nom donné à un paysan naïf. Penser, v. n. — Venir sur le point. Ex. Y 'èS. pensé -axovirvc . Pension, n. f. — Maison de pension privée. Pensoire, n. f. — Compréhension, jugement. Pente, n. f. Ornière particulière aux chemins encombrés par la neige. Pépelier, péplier, n. m. — Peuplier. Pépère, n. m. — Grand'père. Pepi. — V. Pipi. Pépite, n. m.— Pupitre. * Peppermint, niinnte, (m. a.) — Tablette de menthe poivrée. Pèque, n. f. — Visière de casquette. * Percentage, n. m. (Angl.) Pourcentage, commission, remise, taux d'intérêt. Percer (se), v. pron. Creuser uue fosse dans la vase, d'environ trois à quatre pieds de profondeur, oii le chasseur se blottit pour surprendre le gibier méfiant, comme l'outarde et l'oie sauvage. (De Gaspé, Ajiciens Ca7iadie7is .) Percet, n. m. — Camarine à fruits noirs. 494 IvE PARL,ER POPUI.AIRE Perchaude, n. f. Perche jaune, 6.^ on perchaude par corruption. Perche, n. f. — Personne fluette et très grande. — Pieu qui entre dans une clôture. — Te7idre la perche, venir en aide. — Aller à la perche, conduire un canot avec une perche. — C est bon que la perche e?i l'ève, c'est très bon, succulent. Perche de ligne, n. f. — Ivigne à pêcher. Perdition, n. f. Avoir des yeux à la pet-dition de son âme, avoir des yeux extraordinairement beaux. Perdre, v. a. et n. — A. voir une hémorrhagie, chez la femme. — Perdre U7ie motio7i, la voir rejeter. — Perdre son nom, périr, disparaître. Ex. Tu tiens à ta pipe, serre-la, si tu ne veux pas qu'elle />^/'^<? son nom. — Perdre la carte, la boule, perdre la tête. Perdre (se), v. pron. Périr. Ex. Un steamer vient de sombrer, cinq matelots se sont perdus. Perdrix blanche, n. f. Lagopède des saules et lagopède des rochers. Perdrix de bois francs, n. f. Gelinotte fraisée. Aussi appelée perdrix de vi07itagne. Perdrix de savane, n. f. — Tétras du Canada. Père, n. m. — Homme d'un âge assez avancé. Ex. Ecoutez, le Phe Dutil, vous avez bien soixante ans, asteuj-e ? Pérentoine, n. m. Péritoine. Ex. Une e7ifla7n7)iatio7i du pérentoine. Perfection, n. f. Ouvrage fait à la pe7-fectio7i, en perfection, suivant l'Acadé- mie. Péri, n. m. — Péril. Ex. J'irai au />/r/ d^ ma vie. Péritieux, euse, adj. — Périlleux. * Périwinkie, périoui7i7ikl , (m. a.) — Bigorneau, DES CANADIENS-FKANÇAIS 495 Perlasse, n. f. — Potasse pure. Perlasserie, n. f. — Etablissem*nt où l'on fabrique la perlasse. Perlât, u m. — Prélart, Perle, n. f. — Enfile7' des perles, flâner. — La pe7-le de la famille, celui ou celle qui semble avoir le plus de qualités. Perroquet de mer, n. m. Macareux arctique et macareux à gros bec. Personne (grande), u. f. — Personne d'un certain âge. Personnelle, adj. — Intime. Ex. C'est vaon 2ivci\ pe^sonyiel. Persouhaiter, v. a. Assurer. Ex. ^ç.\o\\s pcr souhaite que c'est la pure vérité. Perte, n. f. — Hémorrhagie chez la femme. Pesant, e, adj. et n. m. — Lourd. Ex. Le temps q^\. pesant, nous allons avoir de la pluie. — Malaise durant le sommeil, particulier aux personnes qui dorment couchées sur le dos. Borel se sert du mot pesart. — Acheter pesayit, acheter beaucoup. Pesas, n. m. pi. — Tiges sèches de pois. Pesée, n. f. — Machine pour peser le foin, les animaux. Peser, v. a. — Hisser. Ex. Pesé la voile, voilà le bon vent qui arrive. — Peser son pesant d'or, avoir une grande valeur. — Peser le poids, avoir de l'importance. Pétaque, n. f. — Patate. Pétard, n. m. Claquet, digitale pourprée, dont les enfants s'amusent à faire claquer les fleurs. Pétasser, v. n. Fêler. Ex. Cette assiette est pétassée à trois places. Petau, n. m. — Pied d'enfant. Pet=en=gueule. — Exercice gj'muastique. Péter, V. n. — Fêler, fendre. Ex. Nous avons un poêle qui p'ète par- tout. 496 LE PARLER POPULAIRE — Eclater. Ex. Cet œuf -m'ai pété dans la main. — Avoir fi7ii de péter, mourir. — Que le diable me p'ète u?i si?ige ! juron. Pet su'l'trèfle, u. m. — Personne susceptible à l'excès. Péter sur le trèfle. Viser à la délicatesse par des manières doucereuses et affectées. Le trèfle est un végétal inférieur, à cause de ^^a petite lige. Il faut peu de vent et de secousse pour l'abattre. En France, ou dit grêler sur le persil, pour exercer une auto- rité contre des gens faibles et dans les affaires sans impor- tance. Péteux, euse, n. m. et f. — Lâche, timide. Pétillard, n. ni. et f. Pétillant, homme qui brille par son esprit, et dont le regard est pétillant. Petit, e, adj. — Les petit*, écoliers du séminaire qui sont dans les basses classes. — Au petit jotir, au point du jour. — Au petit matin, de grand matin. — Faire so7i petit, se faire petit, humble. Peti=peta. — A petit* pas. Ex. XWtr peti-peta. Petite=santé, n. f. Personne maladive. Ex. Ma femme, je t'assure, c'est une petite-sauté. Petitement, adv. A l'étroit. Ex. Nous sommes /^///^w^?^/ dans cette maison. Petit* pains, n. m. pi. — Calcéolaire très visqueux. Peton, n. m. — Pied d'enfant. « Mon ^(f/(?« «, a dit Rabelais. Pétot, n. m. pi. — Petit* pieds. Petun, n. m. — Tabac brésilien. Pétuner, v. n. — Fumer. Peu, n. m. — Exctisez du peu, ne vous gênez pas. — Un petit peu, très peu. Ex. Je prendrai un petit peu d'eau. DES CANADIENS-FRANÇAIS 497 Peupelier, n. m. — Peuplier. Peuplier argenté, n. m. — Peuplier blanc. Peuplier de Lombardie, n. m. — Peuplier pyramidal. Peuplier liard, n. m. — Peuplier à grandes dents. Peur, n. f. — Partir €71 peur, s'échapper. Ex. Mon cheval esi parti en peur. — Avoir peur à ^ x^à.o\xX.Q.x. y ai peur à mon cheval, il est vicieux. — Donner la peur, effrayer. Ex. I^e tonnerre me donne toujours \z.peur. — Une peur bleue, une forte peur. Peur, n. f. — Peur. Peureux, euse, adj. — Poltron. Philippina. Philippine. « Vous cassez une amande, elle est double : vous offrez une moitié à votre voisine de table. Le lende- main, à la première rencontre, elle ne manque pas de vous dire : Bonjour, Philippine. Vous êtes pris, vous avez perdu, vous devez un gage.» — (Rozan.) Phramacien, n. m. — Pharmacien. Physonomie, n. f. Physionomie. Ex. En voilà une qui a une \i^Vi& physo7io7me dans le visage. Pi, adv. — Puis. Piaillard, n. m. — Piailleur. Piailler, n. m. — Crier continuellement. Piailleur, euse, n. m. et f. — Qui piaille. Piam^piam, loc. Doucement. De l'italien /)za«i?. Ex. KW^r pia7n-piam. * Piano cottage, (m. a.) — Piano droit. Pianoter, v. n. Jouer du piano sans soin et sans talent, plutôt pour s'amuser. Pianoteux, euse, n. m. et f . — Qui pianote. Pian=pian, loc. V. Piam-Piam. Remy Belleau a dit : « Mais il me faut -pecr- \çx pia7i-pia7i. « 32 498 LE PARLER POPULAIRE Piasser, v. n. Se dit du cri des petit* poulets et des moineaux. Piastre, n. f. — Avoir les yeiix grayids co7mne des piastres françaises^ ne pas vouloir dormir. — Cherche ta piastre, ton écu est perdit. V. Ecu — Un baise-la-piastre, avare. — Cheval de quatre piastres, de valeur médiocre. Piaule, n. f. — Bouffée de vent. Piaume, n. m. — Pivoine. Pic, n. m. Outil dont se servent les débla5'eurs de trottoirs quand ils enlèvent la glace, et aussi les ouvriers qui font des tran- chées dans le sol pour les fins de l'aqueduc, du gaz, etc. Pic (à), loc. adv. — Escarpé. Ex. Une côte à /zV. — D'abord difiicile. Ex. Une femme à pic. * Pica, (m. a.) — Cicéron, 12 points. — Small pica, philosophie, 11 points. — Doicble small pica, petit paragon, 22 points — Five Unes pica, double canon, 60 points. — Eight Hues pica, triple canon, 96 points. Picâillon, n. m. Argent. Ex. Il en a, à&s picaillons. Picâillon était une monnaie savoyarde valant un demi- liard. Picasser, v. a. Marqueter, tacheter. Ex. Il est picassé comme un œuf de dinde. Picasse, n. f. — Vieux cheval usé. Piccolo, n. m. — Petite flûte. Pichegrue, n. f. Personne d'humeur acariâtre. Ex. Une vieille pichegrue. Pichenoque, n. f. Pichenette, chiquenaude. Nous disons aussi pichenolle, pichenelle et pichenette. DES CANADIENS-FRANÇAIS 499 Pichou, n. m. — Petite personne habillée d'une façon bizarre. * Pickle, pikl, (m. a.) — Marinade, conser\'es au vinaigre. * Pickpocket, /^/^<?//^, (m. a.) — Filou, coupeur de bourses. Picocher, v. a. — Becqueter, piquer avec le bec — Picoter, piquer légèrement et à plusieurs reprises. Picosser, v. a. — Becqueter. Picot, n. m. — Maladie éruptive de la peau qui occasionne une forte démangeaison. — Point. Ex. J'ai acheté une indienne couverte de petit* picots. Picote, n. f. Variole, petite vérole. Godefroy donne picote pour petite vérole. Ce mot nous vient de France. Un de ses princi- paux attributs est de bien dépeindre les effets de cette terrible maladie. Picote volante. Varicelle ou variolette, petite vérole volante qui a quelque ressemblance avec la variole. Picotin, n. m. Patronage gouvernemental accordé à un individu dans la mesure des services rendus. Picoté, n. m. Qui a la picote. Ex. Le cimetière ^^s picotés. Ce mot se trouve dans l'Histoire de l' Hôtel-Dieu de Québec, publiée en 1671 (p. 408). Picouille, n. f. — Animal décharné. Picra, n. m. Aloès. Ex. Si vous voulez vous purger, prenez une bonne dose àe picra. Picuite, n. f . — Pituite. Pie, n. f. — Geai du Canada. * Pie, paie, (m. a.) — Pâté. — Mutton pie, pâté au mouton. — Oyster pie, pâté aux huîtres. 500 LE PARLER POPULAIRE — Sea pie. — V. Cipaille. Pièce, n. f- — Etre près de ses pièces, être très intéressé. Pied, n. m. — Etre bête comme ses pieds, pataud. — Avoir les pieds attachés, avoir pieds et poings liés. . — Mettre les pieds dans les plats, agir inconsidérément. — Avoir bo7i pied bon œil, ne ressentir l'effet de l'âge ni dans les pieds ni dans la vue. — Prendre tout au pied de la lettre, juger du sens d'après une mesure uniforme. — Avoir les quatre pieds blancs, n'être pas coupable. — Oh que tu mets les pieds f De quoi te mêles-tu ? — Ne pas se moucher du pied, trancher du grand. — Prendre des pieds, s'imposer chez les autres. — Lever le pied, se sauver après avoir fait un mauvais coup. Pied (à), loc. Etre à pied, se trouver dans une mauvaise position par la faute d'un autre. Ex. Tu as engagé ce domestique, je t'assure que tu vas être à pied. Pied d'alouette, u. m. — Daupbinelle. Pied=de=roi, n. m Mesure de douze pouces à vingt-quatre pouces qui se replie sur elle-même. Roi se disait autrefois pour signifier règle, mesure. Pied=de=veau, n. m. — Calla d'Ethiopie. Pied=de=vent, n. m. Nuage étroit et très allongé. Effet du soleil qui se produit par un temps nuageux, lorsque l'astre est peu élevé au- dessus de l'horizon, ses rayons paraissant alors s'y ratta- cher. Signe de vent. Pierre à chaux, n. f . — Pierre calcaire. Pierre à faux, n. f. — Pierre pour aiguiser les faux. Pierre à feu, n. f. — Silex. Pierre à moulanges, n. f. —Pierre meulière. Pierre à tonnerre, n. f. — Pyrite de fer, Pierre bleue, n. f . — Indigo. Pierre d'épongé, n. f . — Pierre-ponce. DES CANADIENS -FRANÇAIS 5OI Pierre de rang, n. f. Pierre calcaire extraite des carrières de Beauport, du Châ- teau-Richer. Pierre de sable, n. f. — Grès. Pierroter, v. a. — Empierrer, macadamiser. Piéter, v. a. Bien habiller. Ex. Nous allons X.^ piéter, mon enfant, pour aller à l'église. Piéter (se), v. pron. — Se tenir sur ses gardes. Ex. Si tu veux réussir, tu as besoin de te piéter. — S'habiller avec luxe. Piétonner, v. n, — Piétiner. Pigatoire, n. m. — Purgatoire. Pigeon, n. m. — Jaloux. Pigeon de mer, n. m. — Guillemot noir. * Pigeon=hole, pidjoyuie-hôle, (m. a.) Trou-madame, bagatelle. Pigeonne, n. f. — Maléfice, tour. Ex. Je te dis que c'est wa.^ pigeonne que ce vieux mendiant lui a donnée, — Femelle du pigeon. — Femme jalouse. Piger, V. a. Prendre une carte dans le jeu. Ex. J'ai /z^/ l'as de pique. Pignoclie, n. f. — Chiquenaude. — Morceau de sucre du paj^s ayant la forme d'un cornet. Pignoche veut dire cheville, en France. Pignocher, v. a. — Donner une dégelée. Pignonner, v. a. — Mettre le pignon. Pignouf, n. m. — Rustre, grossier, mal élevé, etc. Pigras, pigrat, n. m. Dégât. Ex. Qui a renversé le crachoir sur notre beau tapis ? — En voilà un pigras ! Dans le Perche, ce mot est pris dans le sens de bourbier. Pigrasser, v. n. — Patauger dans la boue. 502 LE PARLER POPULAIRE Piguerie, n. f. — Porcherie. Pilasse, n. f. — Traces d'un pied humide ou boueux. Pilasser, v. a. — Piétiner sur place. Pile, n. f. Pilier. Ex. Les /z7^^ du pont Dorchester. Pileau, n. m. — Tas. Piler, V. a. et n. — Ecraser avec le pied. Ex. Piler sur les pieds de son voisin. — Mettre en pile. Ex. Piler du bois, des madriers. Pilot, n. m, — Pilote. — Conducteur. V. le mot suivant. Pilot de bœuf, n. m. Conducteur. En Normandie, on se sert des mots cacheux et cabreiix pour exprimer la même idée. Pilote, u. m. — Pilote branché, pilote Eamaneur. — Drap de pilote, gros drap pour la confection des pale- tots. X Piloter, V. a. — Fouler avec ses pieds. Ex. Il a dû venir quelqu'un dans la cour, la neiçe est tOMte. pilotée. — Conduire, ser\'ir de cicérone. Ex. Piloiez-vaoi donc à tra- vers la ville, je suis toujours écarté. Pilune, n. f. — Pilule. Pimbina, n. m. — Viorne obier. * Pimpermanne, n. f. — Peppermint. (Angl). * Pimpermenne, n. f. — Peppermint. (Angl). * Pin, pinjie, (m. a.) — Epingle. Pin blanc, n. m. — Peuplier du Canada. Pin gris=cyprès, n. m. — Pin des rochers. Pin jaune, n. m. — Pin doux. Pin résineux, n. m. — Pin rouge. Pince, n. f. — Doigts. Ex. Je vais te serrer \2i pince. — Pinces de ca?iot, les deux extrémités du canot. DES CANADIENS-FRANÇAIS 503 Pinceau, n. m. Barbiche. Ex. Champlain, fondateur de Québec, portait le pinceau, tout comme beaucoup de Canadiens. Pincée, n. f . — Femme maniérée. Ex. Une pincée. Pincer, v. a. Se faire pincer, se faire prendre à la suite d'une mauvaise affaire. Pincette, n. f. Etre d'u7te humeur à prendre avec des pincettes, être de très mauvaise humeur. Pincette (à la), loc. S' embrasser à la pincette, en se pinçant légèrement les joues. * Pinch, (m. a.) Pincée, prise de tabac. Ex. Prends donc une petite /zVic/z. Pintocher, v. a. — Bambocher, boire des liqueurs spiritueuses. Pintocheux, euse, n. m. et f. — Qui pintoche. Pinule, n. f. — Pilule. Pioche, n. f. — Houe, béchoir. — Tête de pioche, tête dure, peu intelligente. Piocher, v. a. — Piaffer. Ex. Mon cheval pioche quand il veut s'en aller. — Prendre des cartes au talon. Ex. Fais attention ! c'est ton tour de jouer, pioche donc. Piôles, n. f. pi. Heures favorables à la pêche, le matin, au lever du soleil, le midi, et le soir au soleil couchant. (De Gaspé, Mémoires). Pioneer, v. n. — Dormir. Piou=piou, n. m. — Grive de Wilson. Pipée, n. f. Le contenu d'une pipe. Ex. Donne-moi donc une pipée de tabac ? Pipet, n. m. — Qui fume sans cesse. Pipi, n. m. Urine, pisse. Ex. Fais pipi, mon enfant, pour faire plaisir à ta grand' mère. Pipite, n. m. — Pupitre. 504 I.E PARLER POPULAIRE Pique, n, f. — Chicane, altercation. Ex. Je viens d'avoir une pique avec lui. — As de pique, personne qui ne bouge pas de l'endroit où elle s'est placée d'elle-même. Pique=bois, n. m. — Pivert. Pique ou noque. Jeu enfantin au moyen d'épingles. Piqtie est la pointe, et noque la tête. L'un des joueurs cache une épingle entre le pouce et l'index, de façon à ce que la tête ou la pointe soit à l'extrémité des phalanges. V. Noque. Piqué, n. m. Garniture de lit confectionnée avec plusieurs doubles de coton cousus et piqués, qui servent à garantir les matelas contre les accidents nocturnes particuliers aux enfants. Piquée, n. f. — Entrure du soc de la charrue dans le sol. Pique=ni, n. m. — Pique-nique. Pique=niquer, v. n. — Assister à un pique-nique. Piquer, v. a. — Pousser des pointes acérées. — Piquer au plus court, marcher sans prendre de voies détournées, en finir, passer à travers. — N'être pas piqué des vers, être soigné. Piquer (se), v. pron. — S'irriter. Ex. 1l,\x\, \\ se pique ^onr x\e.n. — Se piquer le nez, s'enivrer. Piquet, piquette, n. m. — Pieu. — Pla7iter le piquette, s'arrêter, s'installer. — Planter des piquets, dormir assis, par exemple pendant les sermons à l'église. — Ma foi de piquette, juron commun. Piqueur, n. m. Bûcheron qui dégrossit les abatis dans un chantier. Pire, adj. — Pis. Ex. Tant /ïV^ pour toi. Notre malade va de/ï>^ en pire. DES CANADIENS-FRANÇAIS S^S — Mauvais. Ex. C'est bien plus pire que tu pensais. Pire aller (au), loc. adv. Au pis aller, en supposant les choses au plus mal. Pire (du), loc. Etre du pire, être très méchant. Pirgatoire, n. m. — Purgatoire. PiroH, n. m. Pilori. Se disait ici du temps oii les voleurs étaient con- damnés à subir ce châtiment. Pirouche, n. f. Oie. En France, on trouve le mot piroyi, pirotte, pour dési- gner l'oie femelle. Pirouette, n. f. — Planter la piroiœtte, pirouetter. Pirouys, n. m. Appelé aussi chevalier. Pirouys est l'imitation du cri de ce gibier bien connu. Pis, conj. — Puis. Pissat, n. m. Urine de toute nature. En France, ne se dit que des ani- maux. Pisse, n. f . — Piste. Pisse=vinaigre, n. m. — Homme atrabilaire. Pissenlit, n. f. Aller manger des pissenlits par la racine, mourir. Pisser, v. a. — Dégoutter. Ex. Mes habits /m^Tz/ l'eau. — Cheniquer. V. ce mot. — Pisser dayis ses culottes, faiblir. — Pisser dans le violo7i, manquer de courage, se retirer de la lutte. — Pisser fin, filer doux. Pisseux, n. m. — Poltron, lâche. Pissou (petit), n. m. — î:izerin à tête rouge. Voyage au printemps avec les oiseau blancs. — Enfant qui urine dans ses pantalons. Pistolette, n. m. — Un drôle de pistolette, un singulier homme. 506 LE PARLER POPULAIRE Pistrine, n. f. — Mauvaise boisson. * Pit, pitte, (m. a.) — Paradis des théâtres français. Pitéyable, adj. — Pitoyable. Pitié, n. m. — Piqué. Piton, n. m. — Monnaie de carte très en vogue autrefois dans la région du Saguenay parmi les bûcherons. — La Banque à Piton, une banque imaginaire. Pituche. — L,e fond de Pituche. V. Penouil. Pitrau, n. m. — Jeu de carte. Pivart, n. m. — Pivert, pic doré, poule de bois. Pivelé, e, adj. Tacheté, moucheté, marqué de taches de rousseurs. Ex. Tu as la isice. pivelée comme un oeuf de dinde. Placage, n. m. Armoire fixe dans l'encoignure d'une pièce. Placard, n. m. — Flaque d'eau ou d'un liquide quelconque renversé sur une table ou sur le parquet. Ex. Un placard d'eau, de graisse. Placarder, v. a. — Couvrir de placards, de taches. Ex. Un tSi^is placardé d'huile, de peinture. — Produire des marques sous l'effet d'un coup. Ex. Pla- carder la figure avec le poing. Place, n. f. — Parquet, plancher. Ex. Balie \z place, Marioche. — Endroit. Ex. Le lac Saint- Joseph est une belle place pour passer l'été. Les gens de la place sont pas mal chê- rants. — Place d' eau, station balnéaire. — ToiU jeter par les places et les fenêtres, tout mettre en désordre. — Par places, par endroits. — E71 place, en service. Placotage, u. m — Racontars ridicules. DES CANADIENS-FRANÇAIS 507 — Action de placoter, de piétiner dans l'eau ou dans la boue. — Action de s'immiscer dans certaines affaires sans obtenir de résultat. Placoter, v. n. — Parler à tort et à travers. — Piétiner sur place, faire plus de bruit que de besogne. — Jouer dans l'eau avec ses pieds ou ses mains au risque d'éclabousser les passants. Placoteux, n. et adj. — Qui jase à tort et à travers sans souci de la vérité et même des convenances. — Qui joue dans l'eau. — Qui parle inconsidérément. Plafond, n. m. Cerveau. Ex. Avoir une araignée zm plafond. * Plaid, pléde, (m. a.) — Etoffe écossaise. Plaider, v. a. — Plaider cozipable, s'avouer coupable. — Plaider 7ion coupable, protester de son innocence. — Plaider les circo7istances attéfiua7iies, invoquer. — Plaider au mérite, au fond. Plaiderie, n. f. — Plaidoirie. Plaideux, n. m. — Plaideur, qui aime la discussion. Plaie, n. f . — Personne insupportable. Plaignard, e, n. m. et f. — Qui se plaint pour des causes futiles. Plaigneux, euse, n. m. et f . — V. Plaignard. Plain, n. m. Rivage, endroit où le flot vient expirer. Ex. Ce matin, il y a une quantité de billots qui ont terri qm plain Plaine, n. f. — Savane. — Erable rouge. — Plane, instrument pour polir le bois. On trouve plenne dans les vieux auteurs. Plainer, v. a. Planer. Plenner se disait dans le vieux langage français. 508 LE PARLER POPULAIRE Plaint, n. m. Plainte, gémissem*nt occasionné par la souffrance. Ex. Il est mort sans faire entendre un plaint. Plaisant, e, adj. Agréable, qui plaît. Ex. Cette personne est plaisante^ elle me va. Plaisir (au), loc. Au revoir, c'est-à-dire, au plaisir de se revoir. Plaît=il ? Se dit pour faire répéter ce qu'on n'a pas bien entendu, comme si l'on disait : Vous plaît-il de répéter ce que vous venez de dire ? Plâmusse, n. m. Verte semonce. Doit provenir de blamuse, ancien mot fran- çais cité par Lacurne de Sainte-Pallaye, signifiant coups de la paume de la 7nai7i. Plan, n. m. Expédient. Ex. Ce gars est pleins de plans pour se tirer d'affaire. — Plaii de nègre, plan irréalisable. — Pla7i sans queue ni tête, même sens. — Pla7i-brouillon, plan minute. Planche, n. f. et adj. — Plan, à surface unie. Ex. Ees côtes sont terminées, nous allons nous promener sur un terrain planche. — Tableau noir. Ex. Va à la planche, et fais-nous le pro- blême demandé. — Planche de couchette, goberge, fonçaille. — Avoir du paiyi sur la pla^iche. — Faire la planche, nager sur le dos. — Etre sur les planches, sur un lit de mort. — Voiture faite d'une planche élastique suspendue sur qua- tre roues. Plancher, n. m. — Plancher de haut, plafond. — Plancher de bas, parquet. — Plancher en pierre, dallage. DES CANADIENS-FRANÇAIS 509 — Plancher en briques, carrelage. — Plancher en bois, parquet. — Plancher des vaches, le sol. Plancher, v. a. — Planchéier, garnir de planches. Planir, v. a. — Aplanir, égaliser. Plant, n. m. — Plant la racine en V air, une chose impossible. Planter, v. a. — Piailler le poireau, faire la culbute. — Arrive qui pla^ite, advienne qui pourra. — Planter des clous, dormir. — Piailler la pirouette, faire une pirouette. — Planter le piquet. V. Piquet. Planter (se), v. pron. Se poser. Ex. Se planter au beau milieu du chemin. Planteur, n. m. — Chasseur de loups-marins. Plaque ! Onomatopée pour exprimer un changement de condition, Ex. J'étais plein de sauté hier soir, quand, tout-à-coup. plaque ! me voilà malade comme un pauvre chien. Plaque, n. f. — Platine. Ex. Vno. plaque de fusil. — Tablette. Ex. Les />/ay?<f .y commémoratives de l'histoire de la ville de Québec. — Marque pratiquée sur les arbres avec une hache pour guider le chasseur à travers les bois. — Tache, marque. Ex. '[JnQ plaque d'encre sur les doigts. Plaque=bande, n. f. — Plate-bande. Plaquer, v. a. — Tacher, salir. Ex. Avoir le YisSig^ plaqué de boue. — Plaquer zin arbre, lui donner des coups de hache afin de reconnaître son chemin dans les bois de haute futaie. — Abandonner, lâcher. Ex. Plaqîie-mo\ ça ailleurs. Je l'ai plaqué là sans cérémonie. Plaquer (se), v. pron. — S'installer confortablement. Ex. Ee voici qui s'estplaquê sur ma chaise, comme si elle lui appartenait. 5IO LE PARLER POPULAIRE — Se tacher, se salir. Ex. Je me suis plaqué la main avec de l'encre. Plârine, n. f. — Praline. — Saucisse plate, crépinette. — Sucrerie faite de sucre et d'amandes. Ce mot vient du maréchal du Plessis-Praslin, qui, le premier, s'est avisé de faire cuire des amandes dans du sucre. On disait d'abord a^nandes à la praline ; nous en avons fait plâ?'ine. * Plaster, plass-teiir, (m. a.) — Diachylon sparadrap. Plat, n. m. — Etre assis à plat tet're, à plate terre, sans siège. — Faire des plats, amasser un tas d'histoires sur le compte de quelqu'un, de manière à ce que le tout soit complet. — Nettoyer les plats, tout manger. — Tomber à plat ventre par terre, tomber à plat ventre. Plat de l'épaule, n. m. — Omoplate. * Plate=forme, u. f. (Angl.) — Terrasse. Ex, Viens-tu faire une marche sur la plate- forme. — Plate-forme politique, projets sur lesquels un candidat s'appuie pour solliciter les suffrages des électeurs. Platin, n. m. — Plateau. Platine, n. f. — Platine de tabac, torquette. Plâtrage, n. m. — Action de plâtrer, de flatter. Plâtrer, v. a. Chercher à amadouer quelqu'un par des paroles mielleuses, collantes comme du plâtre. Ex. C'est bien inutile de me plâtrer, je serai inflexible. Plâtreux, euse, n. m. et f . — Flatteur. * Play, plé, (m. a.) Jeu, recréation. Ex. Nous avons eu une petite play en- semble. * Pledge, (m. a.) Engagement, vœu de tempérance. Ex. J'ai ^x\s,\ç. pledge, je ne boirai plus. DES CANADIENS-FRANÇAIS 511 Plée, n. f . — Savane. Plein, e, adj. — Ivre. Ex. Tu vois bien qu'il est plein. — Couvert. Ex. J'ai les vagins pleines d'encre. — Grouillant de. Ex. Cet enfant a la tête pleine de pous, — Plat. Ex. Tomber à //^m ventre. — Pleiii comme un œuf, ivre-mort. — En plein midi, au milieu du jour. — Etre plein de vie, se bien porter. — En avoir plein le dos, être très ennu3-é. — En avoir plein so7i sac, être ivre. Plein (à), loc. — Beaucoup. Ex. Aimes-tu les oranges? — A plein. Plein (tout), loc. Beaucoup. Ex. Avez-vous des pommes à vendre ? — Nous en avons tout plein. Plein bord (à), loc. Jusqu'au bord. Ex. Verse de l'eau dans le pot à plein bord. Pleine=tête (à), loc. — A tue-tête. Ex. ^x\qx à pleine tête. Pleumage, n. m. — Plumage. Pleumas, n. m. — Plumas. Ailes d'oie ou de dinde, dont on se sert pour enlever la poussière. Vient de plu7)iasseau ou ào. plumean. — Garçon qui courtise une fille. Pleume, n. f . — Plume. Pleumer, v. a. — Plumer. Ex. Pleianer une volaille, une oie, une dinde. — Cueillir. Ex. Pleumer de la gomme sur les arbres. — Ecorcer, peler. Ex. Pleumer un arbre, un bouleau. — Ecorcher. Ex. Pleumer une anguille, un lièvre. Au figuré, pleumer un client. — Rôtir,, chauffer trop fort. Ex. Veux-tu cesser de chauf- fer le poêle, tu vas nous faire pleumer. — Se faire pleumer le casque, se faire attraper dans une affaire d'argent. Pleumet, n. m. — Plumet. 512 LE PARLER POPULAIRE — Avoir U7i joli pleumet, être pris de vin. Pleumeur, n. m. — Qui plume une volaille. — Qui pèle un arbre. — Qui écorche une anguille. — Qui cueille de la gomme sur les arbres. Pleurer, v. n. — Suinter. Ex. Une pierre qui //«<r^. Pleureuse, n. f. — Long voile noir porté par les veuves Pleureux, n. m. — Qui pleure à tout propos. Pleurnicheux, euse, adj. Qui pleurniche, s'efforce de pleurer. Pleuvasser, v. n. — Pleuvoir légèrement. Pleuvier, n. m. — Pluvier. Pli, n. m. — Habitude. Ex. Maintenant qu'il a pris cq pli-Xo., ce sera difficile de le faire changer d'idée. — Levée. Ex. J'ai fait cinq plis, et toi deux seulement. (T. de jeu de cartes.) — Cela ne fait pas 7in pli, cela ne souffrira aucune difficulté. — Cela ne nie fait pas im pli, cela ne m'embarrasse pas. Plie, n. f . — Pluie. Pliguer, V. a. — Plier. Plissé, e, adj. — Ridé. Ex. Tu vieillis, mon vieux, tu as les tempes toutes plissées. — Mourir la peau plissêe, mourir d'apoplexie. Plissonner, v. a. — Plisser légèrement. Plissoter, v. a. — Faire beaucoup de plis. Pliyer, v. a. — Plier. Pliyeur, euse, adj. Plieur, plieuse. Ex. Une />//y(?«^^ de journaux. Plocl interj. Bruit produit par un corps qui tombe dans l'eau. Ex. Ça fait ploc. Plomb, n. m. — Moule à plomb, personne qui a la figure criblée de trous par la variole. DES CANADIENS-FRANÇAIS 5^3 — Crayon de plomb, de plombagine. — Prendre du plomb, acquérir de l'expérience. — Mettre du plomb dans la tête de quelquUin, lui montrer à vivre. — Vendre du plomb, ne pas se prononcer. — Etre d'aplomb, à plomb, verticalement. Plombé, e, adj. — Marqué par la variole. Plomber, v. a. — Tomber à plomb. Ex. Le soleil //^w^^ fort. — Taper fort. Ex. Il s'est fait plomber comme il faut. — Recevoir un diplôme. Ex. Notre maîtresse d'école a été plombée à l'Ecole normale. — Fouler la terre avec ses pieds. Plombeur, n. m. Plombier. On s'est servi autrefois du mot plo77ibeur. — U71 plombeur de dents, un dentiste. Plonge, n. f. Plongeon. De la première plonge à la mer s'est jeté. Plongeon, n. m. Faire le ployigeon, mourir ou tomber dans la misère, après avoir connu l'aisance. * Plucky, pleucké, (m. a.) — Courageux, brave. * Plug, plogue, (m. a.) — Torquette de tabac. — Femme commune. — Candidat de paille dans une élection. Pluie, n. f. Faire la pluie et le beau temps, être maître de la situation. Plume, n. f. — Fille courtisée. — Mayuhe de plume, porte-plume. Plume-fontaine, n. f . — Porte-plume à réservoir. Plurésie, n. f . — Pleurésie. Plurier, n. m. — Pluriel. Marot a icùtpluriers. Pochard, n. m. Ivrogne. Mot non académique, Pocharder, v. n. — Faire le pochard, 33 514 LE PARLER POPULAIRE Poche, n. f. — Blouse. Ex. \5nQ poche de billard. — Etre à la poche, à la mendicité. — La poche sent toujours le hare^ig, on garde toujours quel- que chose de ceux parmi lesquels on a vécu. — Payer de sa poche, à ses frais. — Au phis fort la poche, c'est le plus fort qui l'emportera. — Marie Quat' Poches. V. Marie. — Mettre son quat poches, son habit qui est censé avoir qua- tre poches. — Aller à la poche, s'en aller vers l'infortune. — Acheter chat en poche, sans connaître l'objet qu'on achète. — Tirer quelque chose de sa poche, de sa tête. — Un couteazi de poche, canif, petit couteau. — Une poche molle, un homme sans énergie. — Un coup de poche, une action traîtresse. — Tomber comme une poche, dormir coimne une poche, tomber, dormir lourdement. Pocher, v. n. Faire de faux plis, des poches. Ex. Porter des habits qui pochent. Pochetée, n. f. Le contenu d'une poche, d'un sac. Ex. Une pochetée de farine, de patates. Pocheton, n. m. — Homme mou, sans courage, sans valeur. * Pocket=book, bouk, (m. a.) — Porte-feuille, carnet. * Pocket=money, — né, (m. a.) A-rgent de poche, pour les menus plaisirs. Pocque, n. f. — V. Poque. Pocquer, v. a. — V. Poquer. Poêle, n. f. Tenir la queue de la polie, être chargé du soin principal d'une affaire. Poêle, n. m. — Fourneau. Ex. Un /»^^/^ de cuisine, nn poêle à gaz, un poêle à charbon. — Un poêle à deux ponts, à deux étages. DES CANADIENS-FRANÇAIS 515 — Po?'ter les coins du poêle, les cordons. Poêle sourd, n. m. Boîte carrée ou cylindrique, en tôle, chauffée par un poêle placé dans une autre pièce. Poêlon, n. m. — Queue de poêlon. V. ce mot. Poids, n. m. Ne pas peser le poids, ne pas compter pour grand' chose. Poignasser, v. a. — Empoigner, manier avec ses mains. Poigne, n. f. — Main. — Avoir de la poigne, une bonne poigne, avoir la main ferme. — Serrer la poigne', être très économe. Poignée, n. f. — Poignée de bêtises, une abondance d'injures. Ex. Je lui ai fait manger une poigyiêe de bêtises. — Prendre le beurre à poigyiêe, aller trop vite en besogne. Poignet, n. m. — Poignet de chemise, manchette. — Tirer azc poignette, jeu de mains. Poil, n. m. — Querelle, bisbille. Ex. Il y aura demain une assemblée politique à Saint-Roch, il y aura du poil. — Fourrure. Ex. Un capot à^poil. — Fripe. Ex. Tomber sur \q poil de quelqu'un. — Semonce. Ex. Eever un poil. — Inflammation de la glande mammaire. — Avoir du poil ajix pattes, être brave. — Monter à poils, sans selle. — Ne pas avoir un poil de sec, avoir peur. — Cela se vend comme du poil, en grande quantité. — Avoir le poil raide, de mauvaise humeur. — Un brave à trois poils, un faux brave. — Prendre quelqu'un sur le sens du poil, ne pas le contredire. — Avoir le poil luisant, être gras. — Prendre du poil de la bête, boire le jour d'après qu'on a fait la noce. — Poil f 021, poil follet. 51 6 LE PARLER POPULAIRE Poil de chèvre, n. m. — Cordonnet. Poiler, V. n. Couvrir de poil. Ex. Un oiseau qui commence 2. poiler. Poino", n. m. — Joicer dît poings se battre à coups de poing. Point fin, n. m. — Nigaud. Pointe, n. f. — Insinuation malicieuse. Ex. Pousser des pointes. — Pointe de bois, bocage. Pointer, v. a. — Pousser des pointes. — Se tenir en faction pour examiner les passants. * Pointer, pohinteur, (m. a.) — Chien d'arrêt. — Baguette pour montrer les lieux sur une carte géographi- que. * Pointeur, n. m. (Angl.) Qui fait la revue des passants comme un chien d'arrêt. Pointu, e, adj. — Susceptible. Ex. Une femme />oz«^z^^. Poiras, n. m. — Gueule noire. V. ce mot. Poire (petite), n. f. — Amelanchier du Canada. Poireau, n. m. — Playiter le poireau, faire la culbute. — Ve7-t comme poireau, très pâle. Pois d'odeur, n. m, — Gesse odorante. Poison, n. f. — Poison, n. m. Ex. Cet enfant a pris de la poison, il pourrait bien en mourir. — Peste. Ex. Cette personne est une vxsXo. poison. Dans l'ancien français, poiso7i au féminin, signifiait bois- so?i, breuvage, philtre magique, et au masculin, cmpoisoîi- 7ievient. Poisson, n. m. — Un petit poisson, homme sans valeur. — Finir en queue de poisson, arriver à un résultat nul. Poisson armé, u. m. Lépisdosté osseux, redouté des pêcheurs, parce qu'il met tous les autres en fuite. DES CANADIENS-FRANÇAIS 517 Poisson castor, n. m. Poisson chien de la famille des Amiadées, appelé encore poisson de vase. Poisson rouge, n, m. — Dorade, poisson de Chine. Poivrer, v. a. Vendre cher. Ex. Le marchand du coin, chez qui j'achète rarement, ne manque pas de me poivrer quand j'ai le malheur de me fourrer dans ses pattes. — Couvrir de coups. Poivreux, euse, adj. — Qui aime à poivrer ses aliments. * Poker, pô-keur, (m. a. — Tisonnier, fourgon, jeu. * Pôle, pôle, (m. a.) Timon, bâton, flèche, barre, baguette à rideaux. Police, n. f. — Policier. Ex. Regarde donc la hello. police qui passe. — Poste de police, des gardiens de la paix. — Police riveraine, gendarmerie militaire. — Police montée, gendarmerie à cheval. * Policeman, (m. a.) — Sergent de ville, policier. Polisson, n. m. Bande d'étoffe, garnie de baleines ou de ouate, dont se servent les femmes pour faire bouffer leurs robes. Politicien, n. m. Homme politique. Politicien ne se prend pas en mauvaise part. Politiquer, v. n. — Faire de la politique. Politiquerie, n. f. Politique de bas étage. Ex. Il y a de ces hommes qui ne sont bons qu'à faire de \2, politiquerie. Politiqueur, n. m. — Un homme qui fait de la politique. Polka, n. f. — Jersey ou gilet de laine faisant justaucorps. * Poil, (m. a.) Bureau de votation. Ex. Dans Québec, il 3- a au moins cinquante poils. * Pôller, V. a. (Angl.) Enregistrer son vote. Ex. Aller pôller son vote pour un candidat. 5l8 LE PARLER POLULAIRE Pomme, n. f. — Paume. Ex. ^,2, pomme de la main. — Tête. Ex. Une /»^;«W(f de choux. Pomme d'Adam, n. f. Saillie qui se trouve à la partie antérieure du cou de l'homme, et qui est formée par le cartilage thyroïde. Pomme d'amour, n. f. Pomme d'api, petite pomme rouge et blanche, ferme et sucrée. Pomme de chou, n. f. — Chou pommé. Pomme de terre, n. f. Variété d'airelle ou atoca, pain de perdrix. Pomme pourrie, n. f. — Engoulevent criard. Pommé, e, adj. — Complet, parfait. Ex. Une bêtise />^ww/(?. Pommettier blanc, n. m. — Aubépine ponctuée. Pommettier rouge, n. m. — Aubépine écarlate. Pomon, n. m. — Poumon. Ex. Une inflammation de /<7w^^w. Pomonique, n. m. et f ^ — Pulmonique. Pomper, v. a. Tirer les vers du nez. Ex. J'ai pu le pomper à mon goût, j'en ai appris long. En France, po7nper, c'est manger des yeux. Pompette, adj. — Un peu ivre. Pompeur, u. m. Qui essaie de faire parler. Autrefois, pompeur voulait dire qui aime l'ostentation. Pompon, n. m. Houppe de couleur dont on orne la tête des chevaux en signe de réjouissance. Ponce, n. f. Punch. Boisson faite de vin ou de liqueur forte, addition- née de sucre et d'eau chaude. Ex. Veux-tu prendre une ponce chaude ? Pond, part. pass. Pondu. Ex. Ma poule caille a pond ce matin pour la pre- mière fois. C'est la poule qui cacasse qui a po7id. Poney, n. m. — Petit verre. Ex. Un /<?;/^j' de cognac. DES CANADIENS-FRANÇAIS 5 19 Ponger, v. a. Eponger. Nous trouvons ponger, en France, "^oVii presser, exprimer. Pongeux, euse, adj. — Spongieux, euse, qui s'imbibe comme une éponge. Ex. Un sol pongeux. — De la nature de l'éponge. Ex. Un tissu, une étoffe Pongeuse. Ponneuse, adj. f. Pondeuse. Ex. Mes poules sont toutes des hormes ponneuses. Ponner, v. a. Pondre. Ex. Mes poules ponnent régulièrement depuis un mois. Pont de glace, n. m. Glace épaisse qui se forme à la surface des rivières et suffi- samment forte pour permettre aux voitures de passer d'une rive à l'autre. Pontage, n. m. — Pavage en bois d'un chemin, d'une étable. — Tablier d'un pont, d'un enfant. Pontifier, v. n. Poser, essayer de faire croire qu'on dirige tout, quand en réalité on ne fait rien, et qu'on laisse faire la besogne par les autres. Ex. Maître François passe pour être le rédac- teur du Vingtième Siècle, mais, en réalité, il ne fait qu'y pontifier. * Pop, n, m,, (m. a.) Eau gazeuse sucrée. * Pop=corn, (m. a.) — Maïs grillé. Pope, n. f. — Pulpe. Popote, n. f. — Mauvaise cuisine, — Rien qui vaille. Ex. Tout cela, c'est de \a. popote, ça ne vaut rien. Populacerie, n. f. — Démagogie. Populaciei", adj. Qui berne le peuple pour se faire une popularité. 520 LE PARLER POPULAIRE Poque, n. f. — Trou, enfoncement. Ex. Nous venons de jouer à la toupie, nous en avons fait, des poques. — Marque d'un coup. Ex. Je viens de me battre avec le petit David, il m'a fait trois grosses poques dans la figure. Dans l'ancien français, poque signifiait petite vérole. En Saintonge, ce nom est donné au trou dans la terre où les enfants jettent leurs billes dans le jeu de ce nom. * Poque=chèvre. (Angl.) Plane allemande. Corruption de l'anglais spoke-shave. Poquer, v. a. Appliquer des coups, des poques. Ex. Je l'ai poquê à la figure, sur les jambes, dans le dos. Perçage, n. m. — Pacage. Porcager, v. a. — Pacager. Porceîine, n. f. — Porcelaine. Porc=épi, n. m. — Porc-épic. Porchelet, n. m. — Porcelet, jeune porc. Porchette, n. m. — Porcelet. Porcupie, n. m. — Porc-épic. Poreau, n. m. — Poireau. Porichineîle, n. m. — Polichinelle. Porquière, n. f. — Matrice chez les vaches. * Porridge, redje, (m. a.) — Bouillie d'avoine. Portage, u. m. Endroit d'une rivière où les rapides forcent les voyageurs à transporter leur canot sur leurs épaules. Portager, v. a. — Faire le transport du canot. Portant, v. a. et adj. — L'u7i p07-tant Vautre, en moyenne. Ex. J'ai vendu quatre poules cinquante cents, Vu7ie portant Vautre. — U71 homme portafit, bien portant. Ex. Comment êtes- vous ce matin ? — Je suis \.o\\]oViXS portant. Porte, n. f. — Porto. Ex. Nous avions autrefois, au Canada, un excel- lent vin de Porte. — Aller aux portes, mendier. DES CANADIENS-FRANÇAIS 521 — Passer la porte, sortir de la maison. — N'avoir pas de porte de derrière, ne pas avoir d'arrière- pensées. — Petite porte du poêle, tirette. — Porte de carosse, portière. — Porte de prison, homme inabordable à cause de son humeur acariâtre. Porte=champagn!er, n. m. — Dénonciateur, délateur. Porte=cassette, n, m. — Colporteur. Porte=chapeau, n. m. — Patère. Porte=crottes, n. m. Bas du dos, là où il perd son nom. Ex. Si cet animal vient encore me bâdrer, je lui soulèverai \e porte-crottes. Porte=faix, n. m. Anses de la dossière, dans lesquelles on fait entrer les timons de la voiture. Porte=feu, n. m. Espèce de casserolle en tôle avec couvercle pour transporter des tisons enflammés. Porte=feuille, n. m. — Porte-monnaie. Porte=nouveIles, n. m. — Rapporteur. Porte=ordures, n. m. Pelle à main pour ramasser les balayures. Porte=panier, n. m. — Rapporteur, cancanier. Porte=paquets, n. m. Bavard, rapporteur, dénonciateur. Porte=paroles, n. m. pi. Celui qui porte la parole au nom des autres. Porte=queue, n. m. — Croupière. Porte=voix, n. m. — Tuyau acoustique. Porter, v. a. — Porter la boisson, s'enivrer difficilement. — Porter au cœur. V. Cœur. — // 7ie la portera pas loin, je me vengerai bientôt. — Porter bien son bois, avoir une belle prestance. — Porter à la tête, attaquer le cer\'eau. — Porter le six sous, être maniéré. 522 LE PARLER POPULAIRE — Porter haut, avoir une allure afEectée. * Porteur, n. m. (Angl.) Porter, bière brune plus alcoolique que la bière ordinaire. Porteux, adj. — Porteur. * Portfolio, (m. a.) — Portefeuille. Portion, n. f. Mangeaille des bêtes : foin, avoine. Ex. Nous arrêterons à l'hôtel Sauvageau, et nous ferons donner une portion à notre cheval. Portrait, n. m. Faire tirer son portrait, faire faire son portrait. Poser, V. n. — Attendre. Ex. J'espère que tu ne me feras pas poser trop longtemps. — Se faire photographier. Ex. Viens- tu poser avec moi chez Livernois ? Positif, tive, adj. Certain. Ex. Je suis positif que Québec a été fondé, en 1608, par Champlain, enfant de la Saintonge. Possédé, e, adj. Diable. Ex. Sauve-toi, mon 'ç&'àt possédé ; si je t'attrape encore à venir voler mes pommes, c'est moi qui te donne- rai une rince. Possible (au), loc. Au superlatif. Ex. Une personne bête au possible. Possible (si), loc. S'il y a possibilité, si c'est possible. Ex. Je te paierai demain, si possible. Possible que, loc. Il est possible que, Ex. Possible que nous irons ce soir veiller au Château. * Postage, (m. a.) Frais de timbres-poste, d'affranchissem*nt. Ex. Cela va nous coûter cher pour Xo. postage de 1500 circulaires. * Post=card, poste, (m. a.) — Carte postale. Poste, n. f. — Petite balle de plomb à l'usage des chasseurs d'outarde. DES CANADIENS-FRANÇAIS 523 — Poste aux paquets, département des colis postaux. — Courir à poste de cheval, courir très rapidement, même à pied. Poster, V. a. — Mettre une lettre à la poste. (Angl.) — Etre au courant. Ex, En voici un qui est bien posté sur la question des licences. Postérieur, n. m. — Fessier. Postillon, n. m. — Flottes qui retiennent à la surface de l'eau la ligne de pêche. — Facteur, qui distribue les lettres et les journaux à domi- cile. — Courrier sur les chemins de fer. * Post=master, pôste-masteur, (m. a.) Directeur local des postes. * Post=office, (m. a.) — Bureau de poste. Postume, n. f. — Pus provenant d'un abcès ou d'un ulcère. Postumé, part. pass. Crevé (en parlant d'un abcès). Ex. Docteur, je crains que mon abcès ait postumé durant la nuit. Pot, n. m. — Tourner autour du pot, hésiter. — Sourd comme un pot, très sourd. Pot à brai, n. m. Ornière remplie de boue semi-liquide, où les roues de voi- tures restent prises comme dans du brai. Potagère, n. f. — Cuiller à pot. Potasserie, n. f. — Etablissem*nt où l'on fabrique la potasse. Potée, n. f. — Petite potée, mélange de peu de valeur. — Potée de lard, morceau de lard qui sert, chez les cultiva- teurs, à préparer le pot-au-feu. Potence, n. f. — Moyiter sur la poteiice, subir la peine de la potence, mon- ter sur l'échafaud. — Potence ! exclamation ayant toute l'allure d'un juron. 524 LE PARLER POPULAIRE Pottine, n. f. — Pouding. Pou de poussière, n. m. Petit insecte qu'on voit courir sur les livres, les meubles, appelé atrope par les savants. Poudre, n. f. — Poutre. — Neige soulevée par le vent. — Jeter de la poudre aux yeux, endormir la méfiance. — N'avoir pas mve^ité la poudre, être bête. Poudrer, v. n. Effet de la neige soulevée par le vent sous forme de poudre. Poudrerie, n. f. Se dit pour désigner la neige soufiQée par le vent sous forme de poussière en tourbillonnant. En France, poudrerie est une fabrique de poudre. A l'île Miquelon, on emploie le mot poudrin dans le même sens c^^ poudrerie en Canada. Poudreux, euse, adj. — Rempli de neige. Ex. Le temps est poudreux. — Volage, léger. Ex. Avoir les pieds poudreux. Pouf, n. m. — N'avoir pas inventé ce qiii fait poitf, n'être pas futé. — Pouffer de rire, pouffer. Pouillasse, n. f. — Chose de nulle valeur. Pouillasserie, n. f . — Pingrerie. Pouillerie, n. f . — Misère profonde. Pouilleux, n. m. — Misérable qui n'a pas le sou. Poulain, n. m. — Phlegmon de l'aine. — Etre à cheval sur le poidaiyi, être haut monté. — Débarquer de dessus le poulain, tomber de haut pour arriver bas. Poule, n. f. — Bleu comme la poule à Simo7i, perdu, ruiné. — Poule mouillée, lâche. — Cela se fera quand les poules auro?it des dents, jamais. — Avoir le cœur oh les poules o?it Vœuf. V. Cœur. Poule d'eau, n. f. — Foulque d'Amérique. DES CANADIENS-FRANÇAIS 525 Poule de bois, n. f . — Pic à huppe écarlate. Poule de mer, n. f . — Ltimp des Anglais. Poulémon, n. m. Petite morue, loche. Ce poisson abonde à la Baie de Cha- leur. Il a quelque ressemblance avec la morue et semble une morue en miniature. On en trouve partout dans le fleuve St-L,aurent, surtout à Québec et dans le voisinage des Trois-Rivières. La pêche à la petite morue, dans des cabanes que l'on élève sur la glace en hiver, est une insti- tution québécoise. Poulémon vient de la Baie de Cha- leur. Poulette grasse, n. f. Ansérine blanche. Appelée aussi chou gras. Poume, n. f . — Pomme. Expr. acadienne, Poupa, n. m. — Papa. Poupe, n. f. — Peur. Ex. Avoir eu une honuç. poupe. Pour, prép. — Durant. Ex. Il s'est absenté /oz^r deux heures. — Envers. Ex. Il est cruel poîir les animaux. — Aller pour voir, aller voir. — Pour ça, quant à cela. — Etre po7ir, sur le point de. Pour de bon, loc. adv. — Sérieusem*nt. Pour de vrai, loc. adv. — C'est la vérité. Pour erien, loc. adv. — Pour rien. Pour le sûr, loc. adv. — Assurément. Pour or ni pour argent. — A aucun prix. Pourceau, n. m. — Ivrogne. Pourceline, n. f. Porcelaine. Autrefois pourceline se disait pour nacre de perle. Pourcha, n. m. — Habileté, adresse. Pourcil, n. f. — Marsouin commun. Pourillon, n. m. — Mauvais cheval. Pourlicher (se), v. pron. Se pourlécher. Ex. Se potirlicher \qs babines. Pourpier, n. m. — Pourpier potager, portulaca. 526 LE PARLER POPULAIRE Pourquoi (la raison). Pourquoi. Ex. Je voudrais bien savoir la raison pourquoi tu m'en veux tant. Pourri, e, adj. — Sali. Ex. Des mains /(77/rrzV5. — Malade. Ex. Un homme pourri de rhumatismes. — Couvert. Ex. Une -personne pourrie de dettes. Pourrir, v. n. Rester longtemps en place. Ex. Je ne pourrirai pas à la crèche du gouvernement. Pourrite, adj. f. — Pourrie. Ex, Vine pomme pour rite. Poursui, part. pass. — Poursuivi. Poursuire, v. a. — Poursuivre. * Pourvoir, v. a. Statuer, régler. Ex. Il a été Pourvîi par la loi. (Angl.) Pousculer, v. . — Pousser, bousculer. Pousculer (se), v. pron. — Se bousculer. Poussâiller (se), v. pron. Se presser, se bousculer en jouant des coudes. Pousser, v. a. — Dire, proférer. Ex. Je lui dS. poussé une bonne blague. — Ça va comme je te pousse, comme ça peut. — Pousser du pain, produire le blé qui sert à faire le pain. — Pousser tin somme, dormir. Poutine, n. f. — Pudding. — Personne grosse et grasse. Ex. Une grosse poutine. Pouvoir, n. m. — Courant électrique. Ex. Le pouvoir fait défait, les tram- waj's vont mal. — Pouvoir d'eau, force hydraulique. M. H. de Lamothe trouve cette expression très juste et conseille de l'accepter. Praticien, n. m. Homme habile au travail. Se disait, autrefois, de celui qui pratiquait la médecine, et de celui qui connaissait la manière de procéder en justice. DES CANADIENS-FRANÇAIS 527 Pratiquer, v. a. — Se former par l'étude. Ex. Je pratique le piano depuis deux ans, je commence à jouer passablement. — Pratiquer sa religion. Ex. Il ne va plus à l'église, il a cessé ào. pratiqîier. Prébytère, n. m. — Presbytère. Précautieux, euse, adj. Qui se précautionne avec soin. Précaution, n. f. Etre de précaution, se précautionner. Précautionneux, euse, adj. — Qui se précautionne. Prêche, n. m. — Prédication, sermon. — Réprimande. Prêchement, n. m. Réunion de personnes où il se fait beaucoup de discours. Prêcheux, adj. Prédicateur. Ex. Notre curé est un gros prêcheux. Précipite, n. m. — Précipice. * Préférentiel, le, adj. (Angl.) Privilégié. Ex. Un tarif prêféreyitiel. Prélat, n. m. Prélart ou prélat, grosse toile peinte dont on recouvre les parquets. Prélèvement, n. m. Eevée. Ex. Le /r/Z^i'^w^w/ d'une taxe, d'un impôt. Prélever, v. a. — Lever. Premier, n. m. — Premier Ministre. — Premier 7tom, prénom. Premier (en), loc. Tout d'abord. Ex. J'ai appris en premier que cette nou- velle était fausse. Premièrement, adv. — Avant. Prémices, n. m. pi. Habitation, logement. Ex. Il faudra quitter les prémices au premier jour de mai. 528 LE PARLER POPULAIRE Prendre, v. a. — Ouvrir. Ex. Je prendrai un magasin de fruits à l'au- tomne. — S'embarquer. Ex. Dépêchons-nous, il faut prendre les chars à huit heures précises. — Venir. Ex. L'idée m'a /rz^ de venir te voir. — Survenir. Ex. Le mauvais temps nous a pris en route. — Manger, boire. Ex. Notre malade va mieux de sa gorge, il commence à preyidre. — Prendre racine. Ex. Les petit* pommiers que nous avons plantés sont tous pris. — Epouser. Ex. Quand il a pris cette fille-là, il ne savait pas ce qu'il faisait. — Causer du chagrin. Ex. J'ai perdu tout mon argent au jeu, ça m' a pris. — Prêter. Ex. Un homme qui /'rtvzû^ le serment, un homme pris à son serment. — Cailler. Ex. Dn lait pris. — Prendre quelque chose, prendre un verre de liqueurs fortes ou de vin. — Pre7idre ses degrés, prendre ses grades. — Prendre une marche, faire une promenade. — Prendre V époiivanie, prendre peur. — Prendre une brosse, s'enivrer. — P?-e7idre en considération, examiner. — Pre7idre des gants, des mitaines, y aller avec douceur. — Prendre en feu, prendre feu. — Prendre sur le fait, pincer. — Prendre la part de qtielqu^wi, son parti, sa défense. — Pre7idre ses précaîdions, se précautionner. — Pre7idre e7i mal, en mauvaise part. — Prendre pour quelqxi'jai, son parti. Prendre (se), v. pron. — S'assurer la possession. Ex. Je me suis pris une terre dans le cinquième rang de Saint-Morissette. — Se chicaner. Ex. Je me suis^m avec le maître d'école^ et je lui ai chanté pouilles. DES CANADIENS-FRANÇAIS 529 — Savoir se prendre, savoir comment travailler. Près, n. f. Proie. Ex. Il y a un oiseau de près qui rôde par ici depuis deux ou trois jours. Présent, n. m. Petite tache blanche qui vient sur les ongles, et l'on prétend, dans le peuple, que chaque tache représente un présent à venir. Chez nos compatriotes d'origine anglaise, l'horos- cope est un peu différente. Une tache sous l'ongle du pouce annonce aussi un cadeau. Mais sous l'ongle de l'index, c'est un ami qui va se déclarer ; sous celui du médius, un monsieur ou une demoiselle à marier ; sous celui de l'annulaire, un ennemi ; et enfin la tache sous l'ongle de l'auriculaire, fait présager une jolie promenade. En France, cette tache blanche s'appelle un meyisoyige. Présentation, n. f. Mise en nomination. Ex. Quand a lieu \2i présentation ? Il paraît qu'il y a trois candidats sur les rangs : un bleu, un rouge et un nationaliste. Présenter (se), v. pron. Poser sa candidature. Ex. Je me présente aux prochaines élections, et je serai élu. * Préserves, (m. a.) — Confitures. Presquement, adv. — Presque. Presse, n. f. — Activité. Ex. Dans la presse des affaires, comme nous sommes, il est difficile de s'amuser. — Précipitation. Ex. Dans \q. presse, j'ai oublié mon para- pluie. Presser, v. n. Avoir besoin. Ex. Tu me donneras cela plus tard, je n'en presse pas maintenant. Preune, n. f. Prunes. Ex. Ce sont des bonnes />r(?^^?^(f.y que vous avez là. Prête, n. m. — Prêtre. Prêteux, adj. — Qui aime à prêter. Preunier, n. m. — Prunier. 34 530 LE PARLER POPULAIRE Preuve, u. f. — Etre en preuve y prouvé. — A preuve, comme preuve. — Preuve que, ce qui prouve que. Prévaloir, Se faire prévaloir, se flatter. Ex. S'il parle ainsi comme ça, c'est pour se iaix^ prévaloir. Prévenir, v. a. Provenir. Ex. Si ça va mal, ça prévient de ce que tu ne t'en mêles pas. Prévint, part. Prévenu. Ex. Je t'en avais ^onr\.2Lni prévint. Prier, "v. a. — Inviter. Ex. Je snis prié des noces. Prime, adj. — Très sensible. Ex. Je suis ordinairement prime au froid. — Intelligent. Ex. Ce garçon-là est assez prime, il com- prend vite. Primer, v. a. — Obtenir un prix. Ex. Tous mes animaux ont été primés à l'exposition de Sherbrooke. — Préparer. (Angl.) — Imprimer. (Angl.) * Primer, (m. a.) — Great p7'imer, gros texte, i8 points. — Double great primer, petit canon, 36 points. — Long primer, petit romain, 10 points. Primitif, ve, adj. Arriéré. Ex. Cet être me paraît pas vndl primitif , il n'est pas encore dégrossi. Primo d'abord. Premièrement. Ex. Primo d'abord, ma femme, nous irons acheter des étrennes pour les enfants. Prise, n. f. Mauvaise odeur. Ex. J'arrive de la salle de dissection, j'en ai pris une prise ! Priser, v. a. Priser du tabac. Ex. Prisez-vous, la mère ? — Oui, mon enfant. DES CAXADIENS-FRANÇAIS 53 1 Priseux, n. m. — Priseur de tabac. Prison, n. f. — Ujie porte de prison, un individu inabordable. Prisure, n. f. — Présure. Privé, e, adj. — Particulier. Ex. L,e secrétaire /rzW du Lieutenant-Gou- verneur est un brave cœur, — Personnel. Ex. l^çXXxç. privée. — Maison privée, chez soi, domicile. Privilégier, ère, adj. Privilégié, e. Ex. \]nç.à.€i\.Q. privilégière. Prix, n. m. — Au prix de, en comparaison de. — Prix de départ, mise à prix. Ex. Messieurs, l'encan va commencer, le prix de départ pour cette table est de cinq piastres. — Dans les grands prix, d'une manière sérieuse. Ex. Je me suis fait jouer dans les gra^ids prix. Probable, adj. Probablement. Ex. Probable que j 'irai avec toi à la pêche aux bars. Probytère, n. m. — Presbytère. Procédé, n. m. — Procédure, délibération. Proche (au), loc. Auprès. Ex. Il reste tout au proche de chez nous. Profession, n. f. Profession libérale. Ex. Moi, je ne raffole pas des hommes de professioji, surtout des médecins. Profit, n. m. Porter profit, être profitable. Ex. Ce que tu fais là ne te portera pas profit. Profiter, v. n. — Prendre de l'embonpoint. Ex. Mon enfant profite tou- jours. — Croître. Ex. Le blé uç: profite pas, manque de pluie. * Progrès, n. m. Rapporter progrès, avancer d'un pas. (Angl.) Prolongation, n. f. — Prolongement. 532 I,E PARI^ER POPULAIRE Promener (se), v. pron. S'en aller. Ex. Va tepromejier, laisse-moi tranquille. * Prometteur, n. m. — Souscripteur à un billet. (Angl.) Prometteux, n. m. — Prometteur. Promettre, v. a. — Assurer, certifier. Ex. Je vous promets que je suis un peu embêté. — Promettre plus de beurre que de pain, faire des promesses exagérées, que l'on ne tiendra pas. * Promissoire, adj. (Angl.) Billet promissoire, billet à ordre, à échéance. Prom,issoire n'est pas français. * Promoteur, n. m. (Angl.) Auteur, proposeur d'une motion. * Promouvoir, v. a. Favoriser, seconder, développer. Ex. Promouvoir les inté- rêts d'une société commerciale. (Angl.) Prononcé, adj. — Réglé, statué, ordonné. Prope, adj.— Propre. Properté, n. f. —Propreté. Propice, adj. — Propre à. Propet, te, adj. Propre. Ex. Une petite fille bien propette. Propiétaire, n. m. — Propriétaire. Propiété, n. f. — Propriété. * Proposeur, n. m. (Angl.) Proposant. Ex. (^mç\^s\.\ç. proposeur ào^o.^ billf Propre, n. m. Voici du propre, voici une affaire qui n'est pas nette. Proprement^ adv. Vertement, rudement. Ex. ^t. ioXx^ habiller propremeiit, ^t. faire traiter rudement. * Prospecter, v. a. (Angl.) Chercher des métaux précieux dans les terrains miniers. * Prospecteur, n. m. (Angl.) Orpailleur, homme qui recherche des traces de mines dans certains terrains ou dans le lit des rivières. DES CANADIENS-FRANÇAIS 533 Protester, v. a. Protester U7ie personne, protester un billet consenti par cette personne. Protêt, n. m. — Protestation, Prout, n. m. — Bruit insolite. Prouter. v. n. — Lâcher un vent avec bruit. Provint, part. pass. — Provenu. * Provisions, n. f. pi. (Angl.) Dispositions. (Terme juridique). Ex. \,çs, provisio7is à.' yxx^^ loi. Pruce, n. f. — Epinette, dans le langage acadien. Pruche, n. f . — Pruche du Canada. Prunes (aux), loc. A l'époque où les prunes mûrissent. Ex. Ce consoviptif vivra bien \msq^ aux prunes . P'têtre, adv. — Peut-être. Pu, adv. — Plus. Public, adj, — Notaire piib lie, notaire. Publier, v. n. Publier les bans. Ex. Pierre et Marie publieront, dimanche prochain. Puce, n. f. — Secouer les puces à quelqu'un, le gourmander. Puceux, euse, adj. Qui a des puces. Ex. yzxviXiç}cà^rs. puceux. Puer, V. n. Puer au nez, répugner, être odieux. Ex. Cette personne me Pîie au nez ; c'est un travail qui rao. picc ati nez. * Puff, poffe, (m. a.) Réclame. Ex. A quoi bon faire tant de pufff * Puffer, — fetir, (m. a.) — Faiseur de réclames. — Petit vaisseau toueur. * Pug, pog, (m. a.) — Roquet, carlin. Puissance, n. f. La Puissance du Canada, le Dominion, le Canada confédéré. * Pullman, (m. a.) — Wagon de luxe. Ex. Voyager en />?^//- mayi. 534 LE PARLER POPULAIRE Punaise, n. f. Faire du sang de punaise, faire du mauvais sang. * Punch, (m. a.) — Poinçon, emporte-pièce. — Punch a7id Judy show, théâtre de Guignol. — Ponce, V. ce mot. * Puncher, v. a. (Angl.) Poinçonner. Ex. Puncher un billet de chemin de fer. Puret, n. m. Bouton qui vient sur la peau. En France, on àxtpuron. Purgade, n. f. — Purgation. (De Gaspé, Mémoires, 406.) Purger, v. a. Extraire le suc, le jus, l'eau d'une chose en la pressant. Ex. Purger une éponge, purger un citron. Purification, n. f. — Purgation. Purésie, n. f. — Pleurésie. Purisie, n. f. — Pleurésie. Brantôme a écrit purisy. Purjuter, v. n. Suinter, transsuder. Ex. Un fruit qui purjute. Purjuteux, adj. — Qui purjute. Puron, n. m. — Petit abcès, pustule. * Purser, peur-seiir, (m. a.) — Agent comptable. Pusque, prép. — Puisque. Putôt, adv.— Plutôt, plus tôt. DES CANADIENS-FRANÇAIS 535 Quac, n. m. — Héron de nuit. V. Couac. Quai, n. m. Construction en bois de plus ou moins grande longueur, suivant la profondeur de l'eau, et contre laquelle accostent les navires, les goélettes, les bateaux, les chaloupes. * Qualification, n. f. (Angl.) Cens électoral, cens d'éligibilité. * Qualifier, v. a. (Angl.) Procurer à quelqu'un les moyens d'acquérir le cens d'éligi- bilité, en lui fournissant des fonds. * Qualifier (se), v. pron. (Angl.) Se pourvoir des ressources propres à acquérir le cens élec- toral. Quand c'est que, loc conj. Quand. Ex. Quand c'est que vous serez prêts à partir ? Quand que, loc. Lorsque. Ex. J'irai chez vous, ^z^a«ûf ^7^ 'on se comprendra mieux. Quanquième, n. m. Quantième. Ex. Quel est le quanqidhtie, aujourd'hui ? Quant est de, loc. Quant à. Ex. Quant est de moi, tu peux y compter sûrement. Quant et, loc. En même temps, Ex. Viendras-tu quaiit et moi ? Montai- gne a écrit dans ses Essais : « Combien treuve je plus naturel et plus vraysemblable que deux hommes mentent, que je ne fois qv'un homme en douze heures passe quant 536 LE PARLER POPULAIRE et les vents d'Orient ou d'Occident ». En Vendée, quant et se dit pour à côté, auprès de. Quant et quant, loc. — En même temps, ensemble. Quarante Grecs. Calendes grecques. Ex. Je n'ai pas pris de temps à le renvoyer aux Quarante Grecs. Quarquier, n. m. Quartier, Ex. Le premier quarquier de la lune, un quar- quier de bœuf. Quart, n. m. Baril. Ex. Un quart de farine, de sirop, de bière, de lard, etc. Quartiers, n. m. pi. Jambes. Ex. Ecarte tes quartiers, pour que je puisse te chausser. Quart=pensionnaire. Elève du collège qui suit les classes et les études, couche au collège, mais se nourrit en dehors. Quarteron, n. m. — Quatrième partie de la livre. — // 7ie faut pas tant de beurre pour faire toi quarteron, pourquoi faire tant d'efforts pour arriver à un aussi maigre résultat. Quartette, n. m. — Petit quatuor. Quate, adj. — Quatre. Ex. Marcher à ^z^a/^ pattes. Quatre, adj. — Battre qîiatre as. V. Battre. — Faire le diable à quatre. V. Diable. — Se fendre en quatre, faire un grand effort. Autrefois, l'on écartelait les coupables pour certains crimes, et cela s'ap- pelait les mettre en quatre quartiers. Par suite d'une ellipse qui a porté sur le mot quartier précédé de quatre, on est arrivé à dire se mettre en qtiatre. — Un de ces quatre viatins, un bon matin. — Cela ne vaut pas les quatre fers d\in chien, cela ne vaut rien. — Ne pas y aller par quatre chemiiis, aller droit au but. DES CANADIENS-FRANÇAIS 537 — Faire le diable à quatre, mettre tout à l'envers, se déme- ner comme un furieux. — Cela ne se trouve pas dayis les quatre fers d' un cheval, cela ne se trouve pas partout. — Fendre les cheveux en quatre, se perdre en des considéra- tions inutiles. — De pied en quatre, de pied en cap. Quat' poches, n. m. — Vêtement extérieur sensé être fourni de quatre poches. — Marie OuaV poches, femme mal vêtue, peut-être même du quat' poches de son mari, comme cela se pratique assez souvent à la campagne. Quat' roues, n. m. Voiture légère à quatre roues, à un ou deux sièges. Ex. Embarquez dans mon quaV roues. Monsieur, il y a de la place pour quatre. Quatre^saisons, n. m. Hortensia des jardins, appelé aussi Rose du Japon. Quat' sept, n. m. Jeu de carte, où le joueur qui a les quatre sept dans son jeu gagne la partie. Quat' sous (de). De rien, de nulle valeur. Ex. Un marchand de quaVsous, un magasin de quaVsous. Quatre=temps, n. m. Rougets, matagons, cornouiller du Canada, pain de perdrix, pain d'oiseau. Que, conj. — Où. Ex. Au moment ^z^'il est mort. — Au point que. Ex. Nous avons ri que les j-eux nous en pleuraient. — Puisque. Ex. Tu, es donc paresseux que tu ne te remues pas. — Où que tu vas ? Où vas-tu ? — A qui que c'est cette canyie f à qui est-ce ? — Qui-ce que c'est f qui est-ce ? — Quand qtie tu iras f quand iras-tu? 538 LE PARLER POPULAIRE — Pourquoi que tu me blagues ? pourquoi me blagues-tu ? — Quoi ce que tu veux f que veux-tu ? Que, pron. rel. — Auquel. Ex. Il m'a raconté un tas d'histoire que je n'ai rien compris. — Dont. Ex. Les livres que j'ai besoin. Que, conj. — Qu'est-ce, Ex. Que qu'on fera demain ? Québecquois, e, n. m. et f. Citoj'en de Québec. Doit -on écrire Québecquois ou Qué- bécois f Comme ce mot vient du sauvage, il est bon de rappeler que képak est un temps du verbe képao. On en a fait kébecq, kébeck, kébek. Il semblerait donc que l'on dût s'en tenir au préfixe kébek, y ajouter ensuite la ter- minaison ois, comme on a fait Anversois de Anvers, et écrire Québécois. Mais d'un autre côté, il y a tant d'ex- emples où le caprice plutôt qu'une règle a prévalu, qu'il serait téméraire de vouloir blâmer ceux qui tiennent à Québecquois. Donc, à mon sens, l'une ou l'autre ortho- graphe peut s'écrire sans inconvénient. In dubiis libertas. Quenotte, n. f. Dent d'enfant. Le vieux français avait quennes. Ce mot semble venir de l'islandais kenni, mâchoires. Quenouille, n. f. Massette à larges feuilles, appelée aussi roseau des étangs, canne de jonc. Queque, adj. Quelque. Ex. Nous aurons qûequcs amis à dîner. Quequefois, adv. — Quelquefois. Quequ'un, une, pron. ind. Quelqu'un, e. Ex, Cet homme-là, c'est ^z^^^z^'z^?/. Querelleux, euse, adj. — Querelleur. Question, n. f. Comme question de fait, au reste, du reste, de fait. Quéteux, euse, n, m. et f. — Mendiant, e. — Quêteur, qui mendie pour les autres, pour une œuvre de charité, soit à domicile, soit dans les églises. DES CANADIENS-FRANÇAIS 539 — I^es quête7ix de Saint-Gervais. Sobriquet. La race en est éteinte. Queu. — Qucu ! Queu ! vache ! Queu ! Cri d'appel à la vache. Queue, n. f. — Finir en qiieue de morue, venir à rien. — Je n'en ai pas vu la queue, le moindre bout. ■ — Une affaire qui n' a ni queue, ni tête, une affaire incompré- hensible. Queue d'anguille, n. f. Appelée loche à Montréal, et queue d'anguille ailleurs. Son vrai nom est lote commune ou comprimée. Queue de morue, n. f. — Habit de cérémonie. Queue de poêlon, n. m. — Têtard, petit du crapaud. Queue de renard, n. f. Mélampyre des prés. Appelée encore blé de vache, parce qu'on croit qu'il augmente la sécrétion du lait chez les vaches. Plante nuisible. Queue d'éronde, n. f. — Queue d'aronde, sorte de tenon. Queue de veau, n. f. Personne agitée, sans cesse en mouvement. Queue=du=Ioup, n. f. — Jeu qui consiste à marcher à la file. Queul, adj. — Quel. Ex. ^z^i??^/ être est cela ? Queuque, adj. — Quelque. Ex. h\\çx ^n queuqtie "^^xX.. Queuqu'un, une, pron. — Quelqu'un, une. Queuq'zuns, pron. pi. — Quelques-uns. Quevalle, n. f . — Cavale. Quiaulée, n. f. Suite, file. En Normandie c'est aquiaulée, pour exprimer la même idée. Ex. Une quiaulée d'enfants. Quibus, u. m. pi. — Argent. Ex. As-tu des quibusf Qui ce que, — Que. Qui ce que tu dis ? Qui ce qui. — Qui est-ce. Ex. Qui ce qui me dira cela ? Qui c'est qui, loc. Qui, qui est-ce? Ex. Qui c'est qui a fait cela ? Quien, adj. Tien. Ex. Ce livre est à moi, mais cet autre est le quien. Quienbendu, part. pass. — Tenu. 540 LE PARLER POPULAIRE Quienbondu, part. pass. — Tenu, Quiendre, v. a. — Tenir. Quiens, v. a. impér. de tenir. Tiens. Ex, Quieris bon, quiens fort, si la corde casse, t'es mort. Cette année, j'ai pu attacher les deux bouts ensem- ble, mais ça été die ! qine?is ben, c'est-à-dire ça été juste. Quiers=point, n. m, — Tiers-point. V. ce mot. Qui fait que, loc. — Ce qui fait que. Quiier, v. a. — Cueillir. Ex. Allons ^z^z'zVr des pommes. Quilles, n. f. pi, — Jambes grêles. Quintaux, n, m, pi. Mettre en quintaux, mettre des gerbes de blé en tas, et les disposer de telle façon que la pluie ne puisse endommager le grain. Qui perd gagne, loc, A qui perd gagne. Ex. Maintenant jouons ^«z/!»^r^^a^;z<». Qui qui, pron. Qui, qui est-ce qui. Ex. Qui qui t'a fait pleurer ? Quitte, n, f. — Avantage, E. J'ai plus de quitte de le lâcher. Quitte à, loc, prép. Sauf à. Ex. La pluie vient de cesser, quitte à recommencer. Quitte pour quitte, loc. Jouer quitte pour quitte, jouer une dernière partie oii tout ce qu'un des joueurs a perdu est acquitté s'il gagne. Quitter, v. a. Laisser. Ex. Quitte-moi faire, je vais f arranger cela. Quoi, pron, — Avoir de quoi, des moyens d'existence, — // n'y a pas de quoi, il n'y a pas sujet de se fâcher ou de remercier, — Il y a bie7i de quoi, voilà un sujet de s'offenser ou d'ad- mirer. Quoi ce que. — Que. Ex. Quoi ce que tu veux ? Quoi que. — Que. Ex. Quoi que tu veux, dis? Quoique ça, adv. Néanmoins. Ex. Tu as bien réussi, quoique çà, tu aurais pu faire encore mieux. DES CANADIENS- FRANÇAIS 54 1 Quoi faire que, loc. Pourquoi. Ex. Quoi faire que tu me lâches ainsi à la der- nière minute? * Quotation, n. f. (Angl.) — Citation, passage tiré d'un auteur. Quouette, n. f . — Queue, tresse de cheveux. V. Couette. Qu'ri, V. a. — Chercher. Ex. Va gu 'rima, canne dans le salon. Rabâchage, n. m. Action de rabâcher, discours, écrit où l'on rabâche. Rabâcher, v. n. — Redire fastidieusem*nt la même chose. Rabâcherie, n. f. — V. Rabâchage. Rabâcheur, euse, n. m. et f . — Celui, celle qui rabâche. Rabâter, v. a. — Corriger sévèrement, Ex. Tu vas te faire rabâter de la belle façon. — Rabâcher. Ex. Qu'est-ce que tu ra^i^/w là? Rabâtée, n. f. — Correction manuelle. — Réprimande. Râbe, n. m. Râble, colonne vertébrale chez les animaux, depuis le bas des épaules jusqu'à la queue. Rabituer (se), v. pron. — S'habituer davantage. Rabonner, v. a. Réabonner quelqu'un à un journal. Rabonner (se), v. pron. S'abonner de nouveau à un journal. 542 LE PARLER POPULAIRE Raboudinage, n. m. — Récit incompréhensible. Ex. Quel raboudinage est ça ? — Ouvrage mal fait. Raboudiner, v. a. — Raconter des sornettes. Ex. Qu'est-ce que tu raboudines là? — Travailler mal. Ex. Tu raboudines tout ce que tu tou- ches, travaille donc à faire de meilleur ouvrage. Raboudiner (se), v. pron. — Se contracter, se retirer. Ex. J'ai les mains toutes râ!^<7«- dinées. — Se recoquiller. Ex. Regarde-le donc, il est tout rabou- diné dans son lit. Rabourer, v. a. — Labourer de nouveau. Rabouter, v. a. Rajuster, rapprocher les deux extrémités d'un morceau de bois pour en former une seule pièce. Rabrier, v. a. — Mettre de nouveau à l'abri. Rabrier (se), v. prou. Se couvrir de nouveau. Raccord, n. m. — Réconciliation, accord. Raccordable, adj. — Réconciliable. Raccordage, n. m. — Réconciliation. Raccordement, n. m. — Réconciliation. Raccorder, v. a. Réconcilier. Ex. Nos deux amoureux sont mieux disposés, je vais essayer de les raccorder ensemble. Raccorder (se), v. pron. Se mettre d'accord. Ex. Raccordez-vous, les enfants, il y a assez longtemps que vous vous battez ensemble. Raccourci, n. m. Clienmi de raccoiirci, chemin qui sert à abréger la longueur de la course. Ex. Si vous prenez le chemi?i de raccourci, vous arriverez plus vite. Race, n. f. Mauvaise engeance, racaille. Ex. Quelle triste race que cette famille où il n'y a que des voleurs. DES CANADIENS-FRANÇAIS 543 Racroc, u. m. — Détour, coude. Ex. La rivière Saint-Charles fait un grand racroc vers Lorette. — Grand repas après les noces. En Normandie on dit racrot, recrot. Lalleman a écrit : « C'est la noce aujourd'hui, c'est demain le récrot. « — Chemin de traverse qui raccourcit les distances. Raccueil, n. m. Accueil, réception. Ex. Notre curé a un bon raccueil, il est plaisant. Râche, n. f. Impuretés qui se déposent au fond des plats provenant de l'eau ou de toute boisson, Rachétique, n. et adj. — Rachitique. Râcheux, euse, adj. — Rude. Ex. J'ai les mains radieuses. Rachever, v. a. — Achever. Ex. C'est une beauté rachevée. Ràchu, e, adj. — Acariâtre. Ex. Quelle humeur râchue f Racinages, u. m. pi. Racine. Ex. Ce charlatan guérit toute sorte de maladies avec des racinages. Racler, v. a. — Râteler, ramasser avec le râteau. — Maltraiter, rosser. Raclée, n. f. — Coups multipliés donnés à quelqu'un. Râcleur, euse, n. — Personne qui râtelle le foin. Raclure, n. f. — Ce qu'on ramasse avec le râteau. — Mucosités intestinales rejetées à la suite de l'inflamma- tion des glandes et de l'épithéhum. Ex. Des râclut-es de bo3'aux. Rac'modage, n. m. — Raccommodage. Rac'modement, n. m. — Raccommodement. Rac'moder, v. a. — Raccommoder. Rac'modeux, euse, adj. — Qui rac'mode. Racoin, n. n. Recoin. Ex. Dans cette maison, il y a un tas de coins et de racoins, on s'y perd. 544 LE PARLER POPULAIRE RacoIIer, v. a. — Réuuir, joindre. Racoller (se), v. pron. S'unir ensemble, se bien accorder. Racoquiller, v. a. Recoquiller, replier sur soi-même. Ex. Cet homme a les jambes racoguillées. Racoquiller (se), v. pron. Se recoquiller. Ex. Racoqiiille-toi un peu, nous pourrons te transporter plus à l'aise. Racotiller, v. a. — Recoquiller. Racotiller (se), v. pron. — Se recoquiller. Raculer, v. a. — Reculer. Raculons (de), loc. adv. A reculons. Ex. Marcher de raculons. V. Reculons. Radotte, n. f. Racine fusiforme et dont le goût est très piquant. Une de ses nombreuses propriétés consiste à rajeunir ceux qui en font usage. On l'appelle encore pour cette raison, herbe qui rajeunit. Radouer, v. a. — Radouber. Rafale, adj. Descendu bas, ravalé. V. Ravalé. Rafaler, v. n. — Venter par rafale. Râfe, n. f. — Rafle. Râfer, v. a. — Rafler. Raffiler, v. a. — Affiler de nouveau. Raffiné, n. m. Fromage rajffiîié, fromage préparé par les cultivateurs de l'Ile d'Orléans. Raffiner, v. a. Procurer des connaissances, essayer d'instruire. Ex. S'il y a m03"en, je le raffinerai. Raffiner (se), v. pron. — Se raviser. Ex. Tâche de te raffitier, la prochaine fois, tu réussiras. — Acquérir de l'intelligence. Ex. Celui-là ne se raffinera jamais. DES CANADIENS-FRANÇAIS 545 Raffutage, n. m. Action de raffuter, de raccommoder des vieilleries, des vieux linges, des vieux meubles. Raffuter, v. a. — Raccommoder, mettre en état. Rafistolage, n. m. Raccommodage fait sans soin et avec précipitation. Rafistoler, v. a. Raccommoder grossièrement. Corruption du mot afistoler, parer, endimancher. Rafistoler (se), v. pron. -^- Se mettre en meilleur état, s'habiller mieux que de cou- tume. — Refaire sa fortune. Râfle, n. f. Tirage au sort d'un objet quelconque au moyen de dés, ou de numéros distribués d'avance. Rafler, v. a. Vendre des billets numérotés qui donnent droit de tirer au sort un objet. Ex. Je vais faire râfier ma montre. * Raftman, n. m., (m. a.) Homme qui travaille sur les cages de bois. Rage, n. f. — Un mal de dents de rage, une rage de dents. — Action forte, violente. Ex. Une rage de vent, de pluie, de tonnerre. Ragoton, n. m. — Rogaton, débris de mets, objet de rebut, bribe. Ex. Quand j'arrive tard à table d'hôte, on ne me sert que des ragotons. — Personne infirme, mal faite. Ex. Le bonhomme Petrus n'est plus qu'un ragoton. Ragripper (se), v. pron. — S'accrocher. — Se refaire. Ex. Il m'a soutiré de l'argent, mais je me ragripperai quelqu'un de ces jours. * Raid, n. m., (m. a.) — Incursion. Ex. Le raid des Féniens en 1866. 35 546 I,E PARLER POPULAIRE Raide, adj. — Difificile. Ex. C'est raide à croire, ce que tu dis là. — Extrêmement. Ex. En voici un qui est raide pauvre. — Raide comme balle, rapide. — En avoir tout son raide, avoir beaucoup de difficultés. Raidement, adv. — Beaucoup. Raie, n. f. — Sillon. * Rail, rele, n. f., (m. a.) — Rail, (raille). Ex. Marcher sur les rails du chemin de fer. — Raie, ligne tracée sur une surface. Faire des rails sur du papier avec un craj^on, faire des rails avec un cou- teau sur un meuble, faire des rails sur une glace avec un diamant. * Railer, v. a. (Angl.) Rayer, marquer d'une ou de plusieurs raies. Ex. Railer une vitre. * Raiiroad, rapide, (m. a.) — Voie ferrée. — Gâteau roulé, dont l'intérieur contient des confitures. Railure, n. f. Rayure. Ne fais pas de railures sur ton ardoise, * Railway, oué, n. m., (m. a.) Chemin de fer, voie ferrée. Rainse, n. f. — V. Rince. Rainser, v. a. — V. Rincer. Raisin de couleuvre, n. m. — Ménisperme du Canada. Raisin d'ours, n. m. — Uva nrsi, busserole. Raisin sauvage, n. m. Vigne des rivages. Les premiers missionnaires fabriquaient leur vin de messe avec ce raisin. Raison, n. f. — Comme de raiso7i, certainement. Ex. N'est-ce pas que j'ai bien agi? — Comme de raison. — Se faire une raison, se calmer, se résigner. — En droit et en raison, raisonnablement. — Hors de raison, avec excès. DES CANADIENS-FRANÇAIS 547 Raisonner, v. n. Répliquer sur tout, essayer d'avoir le dernier mot. Raisonneux, n. m. Raisonneur, pris en mauvaise part, qui réplique sans cesse. Raisons, n. f. pi. Chercher des raisons, essaj-er d'engendrer chicane. Raj'ter, v. a. Racheter. Ex. Je peux VaJ'ter et le raj' ter trois fois. Rajeun'zir, v. n. — Rajeunir. Acadianisme. Rajouter, v. a. — Ajouter. Rajuster, v. a. Remanier. Ex. Rajuster le tarif des douanes. Raj'ver, v. a. — Achever. Râleux, n. m. — Paresseux. Rallonge, n. f. — V. Allonge. Rallonger, v. a. Devenir plus long. Ex. Ees jours rallongent. Rallonger (se), v. pron. Rallonger son chemin. Ex. Nous allons nous rallonger, si nous passons par ce chemin. Ramancher, v. a. — Reboîter, replacer. Ex. Il s'est fait ramayicher le poi- gnet qu'il avait démanché. — Tenir un singulier langage. Ex. Qu'est-ce que tu ramanches là ? Ramancheur, n. m. Rebouteur, dont la spécialité est de mettre à leur place les os luxés ou fracturés. Ramancheux, n. m. — Ramancheur. Ramanchure, n. f. Action de ramancher. Ex. C'est une mauvaise rawa^/r/zz^r^, je crois que le docteur s'est trompé, allons chercher un ra7nancheur. Ramârrer, v. a. — Amarrer de nouveau. Ramasse, n. f. Volée de coups. Ex. Je lui ai donné une ramasse qui s^ ap- pelle. 548 LE PARLER POPULAIRE Ramâsse=poussière, n. m. Objet ou endroit où la poussière s'accumule facilement. Ex. Ce vieux fauteuil n 'est plus qu'un ramasse-poussière. Ramasser, v. a. — Battre. — Serrer. Ex. Ramasser le foin, les patates. — Arrêter et mettre au clou. Ex. I^a police a ramassé àen^ voleurs, la nuit dernière. — Ramasser 77ier et vionde, ramasser beaucoup, faire de beaux profits. Ramâsseries, n. f. pi. Tas de choses réunies ensemble et qui deviennent encom- brantes plutôt qu'utiles. Ramâsseux, adj. — Ramasseur. Rambourde, n. f. — I^ambourde. Rambris, n. m. — Lambris. Rambrissage, n. m. — Lambrissage. Rambrisser, v. a. —Lambrisser. Ramenable, adj. Que l'on peut ramener. Ramender, v. n. Devenir à meilleur marché. Ex. C'est le temps d'acheter du blé, il ramende. Ramender (se), v. pron. vS' améliorer. Ex. Cet enfant se rametide à vue d'oeil, nous allons en faire quelque chose. Ramender voulait dire autrefois raccommoder. Ramener, v. a. — Remettre quelqu'un à sa place. Rameuil, n. m. — Pis de la vache. Acadianisme. Raminer, v. a. — Ruminer. Ramoindrir, v. a. — Amoindrir. Ramonage, n. m. — Réprimande. — Confession générale à un prêtre. Ramoner, v. a. — Corriger durement, réprimander. — Se faire ramo?ier la conscience, se confesser. DES CANADIENS-FRANÇAIS 549 — Ramoner la cheminée, se purger. Vient de ramo7i, sorte de balai. Ramoneur, n. m. — Hirondelle de cheminée. Ramachage, n. m. — Action de raccommoder le linge. Ramuche, n. m. Reprise d'un bas, raccommodage d'un vêtement fait à la diable. Ramucher, v. a. Raccommoder le linge d'une façon très imparfaite. Ramucheries, u. f. pi, — Ensemble d'objets mal réparés. Ramucrir, v. a. — Ramollir par l'humidité. Ramussier, n. m. — Rat-musqué. Rance, n. f. — Levier. — Pre?idre en l'ancc, lever un objet pesant au moyen d'une pièce de bois ou d'un levier. Rancer, v. a. — Prendre en rance. * Ranch, n. m., (m. a.) Ranche, établissem*nt consacré à l'élève du bétail dans le Xord-Ouest canadien. Rancuneux, n. et adj. Rancunier. L'Académie n'admet pas ranciuieux. Girault Duvivier dit que c'est un barbarisme. Nous lisons dans le Courrier de Vaugclas : « Le suffixe eux est plus fré- quent que le suffixe ier pour la raison qu'en latin us, d'où vient eux, est surtout réservé à l'adjectif, tandis que arius, d'où vient ier, est un suffixe particulièrement adopté pour les noms.» Rang, n. m. Disposition des maisons, à la campagne, sur une même ligne. Chaque paroisse comprend de un à dix et même douze rangs. Ex. Pierre Latour demeure au quatrième rang. Rangaillardir, v. a. — Ragaillardir. Rangaillardir (se), v. pron. — Se ragaillardir. Rangearde, adj. fém. Petite 7nere rangearde, jeune fille qui fait la pluie et le beau temps dans la maison. 550 LE PARLER POPULAIRE Ranger, v. a. — Se déplacer. Ex. Rafige-toi à.' ici. — Placer. Ex. Range les assiettes dans 1" armoire. Rangrandir, v. a. — Ragrandir, Ranjeunir, v. a. et n. — Rajeunir. Ranjuster, v. a. — Rajuster. Ranlentir, v. a. — Ralentir. Ranlonger, v. a. — Rallonger. Ranmasser, v. a. — Ramasser. RanmoIIir, v. a. — Ramollir. Ranmonner, v. a. — Ramoner. Ranqueune, n. f. — Rancune. Ranqueuneux, n. et adj. — Rancunier. Ransembler, v. a. — Ensembler. Ranvaler, v. a. — Ravaler. Rapace, n. f. — Bardane commune. — Individu avide de gain. Ex. Ce monsieur Bigot, c'était une vraie rapace. Rapâillage, n. m. — Restes d'un repas. — Action de grouper des gens sans considération que l'on recueille de droite et de gauche pour travailler ensemble. Rapâiller, v. a. Réunir ensemble des choses ou des personnes de peu de valeur. Rapâilleux, n. et adj. — Qui rapâille. Rapapilloter, v. a. — Réconcilier. Rapapilloter (se), v. pron. Se réconcilier. Dans le Perche, ce mot signifie, a77iéliorer SQ.S affaires. RapareiUer, v. a. — Appareiller, assortir, trouver le pareil. Rapasser. v. — Repasser. Ex. Il ne fait que passer et rapasser. Râper, v. a. — User. Ex. Des pantalons râpés. — Erafler. Ex. Je me suis râpé une jambe en sortant du tramway. DES CANADIENS-FRANÇAIS 551 Rapièceter, v. a. Rapiécer, mettre des pièces. Ex. Des culottes toutes rapiè- ce tée s. Rap'tisser, v. a. — Rapetisser. — Rabaisser. Ex. Tu tiens une conduite qui finira par te rapHisser aux yeux des gens. * Rappel, n. m. Abrogation, révocation. Ex. Ee ra//é'/ d'une loi. (Angl.) Rappeler, v. a. — Appeler d'une décision judiciaire à un tribunal supérieur. Ex. Je vais en rappeler du jugement de la cour de révi- sion. — Abroger. Ex. Rappeler une loi. — Révoquer. Ex. Ees députés travaillent à faire rappeler ce bill. Rappeler (se), v. pron. Se rappeler de quelque chose, rappeler quelque chose. Ex. Je me rappelle de cela comme si c'était hier. Rapport, n. m. — Compte-rendu, procès- verbal de délibérations. Ex. M. le secrétaire, voulez -vous lire votre rapport. — Atterrissem*nt. Ex. Je viens de trouver un beau gros morceau de chêne sur le bord du rivage, c'est le dernier rapport qui m'a valu cela. — Renvoi. Ex. J'ai des rapports de jambon qui me fati- guent. Rapport à, loc. prép. — A cause de. Ex. Prenez votre parapluie, rapport au mau- vais temps. — En considération de, par égard pour. Ex. Je ne pourrai pas aller au théâtre ce soir, rapport à ma femme qui n'est pas bien. Rapport avec (en), loc. prép. Relativement à, par suite, à la suite de. Ex. Si je pouvais dire franchement ma façon de penser en rapport avec ce que l'honorable député vient de déclarer. . . 552 LE PARLER POLULAIRE Rapport que, loc. couj. Pour la raison que, parce que. Ex. Je ne suis pas allé aux Pageants, rapport que ça coûtait trop cher. Rapportable, adj. Devenir échu. Ex. Cette ordonnance est rapportable, le 3 juillet prochain. Rapporté, e, part. pass. Entré par alliance dans la famille. Ex. Dans notre famille, tout le monde est respectable, il n'y a que ce cousin-là, mais c'est un rapporté. Rapporter, v. a. — Reporter, communiquer des nouvelles aux journaux. — Atterrir. Ex. La mer rapporte de ce temps-ci, il faut surveiller la grève. — Engendrer. Ex. vSi ton casque rapporte, tu sais, j'en retiens un. Rapporteur, n. m. — Reporter, (m. a.) — Dénonciateur. Rapporteux, adj. Rapporteur, dénonciateur. Ex. Cet écolier est un rappor- teux. Raquetteur, n. m. Qui marche à la raquette. Ex. Les clubs de raqiietteiirs vont parader ce soir. Rare, adj. — Etroit. Ex. La place est rare, tâssons-nous ? — Peu, pas beaucoup. Ex. Le nommé Jacques est borné comme rare de créature. Rarranger, v. a. — Remettre une chose en place. Rarriver, v. n. — Revenir. Ras, e, adj. — Au niveau de. Ex. Tu couperas le foin ras terre. — A ras le bord, près du bord. Ex. J'ai été à ras le bord de l'eau. — A ras terre, à fleur de terre. — A ras la tête, à fleur de tête. DES CANADIENS-FRANÇAIS 553 — Près. Ex. J'ai été à ras d'arriver trop tard. — A ras Je foi prie. Ex. J'ai coupé la queue de mon chien tout à ras Je t'c7i prie. * Rascal, ras-cal, n. m., (m. a.) — Coquin, polisson, drôle. Ras-cul, n. m. Vêtement court, qui ne dépasse pas la hauteur des reins. Rase, n. f. — Racloire. Raser, v. n. — Remplir jusqu'au bord. — Approcher. Ex. Je rase soixante ans. — Rasé bel, échappé bel. Ex. J'ai rasé bel de me casser le cou. Rasoir, n. m. — Homme ennuyeux. Rasoué, u. m. — Rasoir. Rassaisier, v. n. — Rassasier. Rassayer, v. a. — Essaj-er de nouveau. Rassir, v. a. — Rasseoir. — Devenir rassis, plus ferme. Ex. Ee pain commence à rassir. Rassis, e, adj. Sage, tranquille. Ex. Mon enfant est plus rassis depuis quelque temps. Ratapias, n. m. — Galimatias, bavardages. Rat, n. m. — Sentir le rat. flairer le mystérieux d'une affaire. * Ratan, tanne, (m. a.) Rotin, rotang. Ex. Une chaise en raiaii. Ratatouille, n. f. Personne vicieuse, qui ne vaut rien. En France, c'est un ragoût grossier, ordinaire du soldat. Le cuisinier ratisse le fond pour qu'il ne brûle pas, et le touille (mêle, agite) pour que les ingrédients soient bien mélangés. * Rate, rete, (m. a.) — First rate, de première classe. * Râtelle, n. f. (Angl.) Mèche de mineur. Corruption de l'anglais rat-tail. Ratour, n. m. Tour. Ex. C'est un joueur de tours et de ratours. 554 LE PARLER POPULAIRE — Détour, chemin qui oblige à se retourner. Ratoureur, n. et adj. Qui joue des tours, qui est rusé dans les petites choses. Ratoureux, n. et adj. — Ratoureur. Ratteler, v. a. — Atteler de nouveau. Rattiser, v. a. — Attiser de nouveau. Rattraper (se), v. pron. Se reprendre, se refaire. Ex. J'ai perdu, cette fois ; mais je me rattrapperai bientôt. Raugmenter, v, n. Renchérir. Ex, La vie devient de plus en plus chère, tout ratigviente. Ravage, n. m. Traces du passage des gros animaux des bois, qui servent à guider les chasseurs dans leurs chasses d'hiver. Ex. Un ravage d'orignal. Ravalement, n. m. Petit grenier qui sert de décharge. Ex. Va coucher sur les ravalefnents. Ravaler, v. a. Descendre. Ex. Mes bas sont ravalés jusqu'aux talons. Ravaud, n. m. Faire le ravaud, se dit d'un chat qui vagabonde durant la nuit, et d'une personne qui met tout à l'envers dans sa maison eu furetant dans tous les coins. Ravauder, v. n. — Faire le ravaud. Ravauderies, n. f. — Petit* travaux manuels. — Furetage fait sans but particulier. — Objets de rebut. Ravaudeur, n. et adj. Qui vagabonde à droite et à gauche, avec toute la mine d'un voleur ou d'un malfaiteur. Ravaudeux, n. et adj. — Ravaudeur. Ravauger, v. a. — Réparer. Rave, n. f. — Radis cultivé. Rave noire, n. f. — Raifort. DES CANADIENS-FRANÇAIS 555 Raveindre, v. a. Atteindre de nouveau, prendre de nouveau. Ravenir, v. n. — Arriver. Ex. Que cela ne vous ravienne plus ! — Faire. Ex. Voilà un habit qui lui ravient plus. — Coûter. Ex. Ce surtout me ravient à vingt piastres. — Plaire. Ex. Cette figure-là ne me ravient pas. Ravisé (de), loc. Risqué. Ex. C'est bien de ravisé qu'il vienne ce soir. Rayé, e, adj. Réglé. Ex. Je n'écris jamais autrement que sur du papier rayé. Razzia, n. f. Faire une razzia, faire main basse sur tout ce que l'on désire emporter. Ré. — Abréviation de cré, acre, sacré. Ex. i?/ bête ! Ré îou. ! * Ready, rèdé, (m. a.) — Prêt. — Semi-ready, magasin de confection où l'on se procure des habits à quelques heures d'avis. Ex. Se faire habiller au Semi-ready. * Réaliser, v. a. Se rendre compte. Ex. Je ne sais pas si vraiment il réalise bien sa position. (Angl.) Rebarrer, v. a. — Fermer à clef de nouveau. — Parer un coup. Rebattre (se), v. pron. Se corriger. Ex. Inutile d'insister, il ne se rebattra jamais. Rébicheter (se), v. pr. Regimber, ne pas vouloir. Ex. Tu as beau te rébicheter, tu n 'obtiendras rien. Rebondir, v. a. Envoyer rebondir q7iclgu''7in, lui refuser sa demande en lui montrant la porte. Rebours (à la), loc. Au rebours. Ex. Il fait tout à la rebours du bon sens. 556 LE PARLER POPULAIRE Rebrasser, v. a. Brasser de nouveau. Ex. Rebrasse les cartes. Rebuffer, v. a. — Faire essuyer une rebuffade. Recauser, v. n. Causer de nouveau. Ex. Nous en recaîiserons . Réchappe, n. f. Possibilité d'échapper. Ex. Notre voisin est très malade, le docteur a dit qu'il n'j- avait pas de 7-êchappe possible. Réchapper (en). Réchapper. Ex. Penses-tu que notre malade va en réchapper. Rechausser (se), v. pron. Remettre de nouveau ses chaussures. * Recherche (en). A la recherche. Ex. Je suis e7i recherche d'un scieur de bois. (Angl.) Rechigner, v. n. — Rechigner à l'ouvrage, devant la besogne. Rechigneux, euse, adj. — Qui rechigne. Rechuter, v. n. — Redevenir malade. Récidiver, v. n. Retourner au plat. Ex. C'est excellent, n'est-ce pas, veux- tu récidiver f Réclaircir (se), v. pron. — S'éclaircir, Réclisse, n. f. — Réglisse. Redore, v. a. — Clore de nouveau. Reçois=feu, n. m. Casserole placée devant la porte d'un poêle pour recevoir les cendres et les tisons. Récollet, n. m. — Mangeur de cerises, oiseau huppé. Ce nom vient de ce que la huppe de cet oiseau ressemble au capuchon des Récollets. — Tuyau en tôle ou en grès que l'on place au sommet des cheminées pour activer la tire. Recollouer, v. a. — Reclouer. Recommande (de), loc. Sur commande. Ex. Ces chaussures ont été faites de re- commayide . DES CANADIENS-FRANÇAIS 557 Recomptage, n. m. Action de compter de nouveau devant un juge les votes don- nés dans une élection politique. Recompte, n. m. Faire le recompte, compter de nouveau les votes donnés dans une élection politique. * Réconsidérer, v. a. — Considérer de nouveau. (Angl). Reconsoler, v. a. — Consoler de nouveau. Reconsoler (se), v. pron. — Se consoler de nouveau. Reconter, v. a. — Conter de nouveau. Recopié, e, adj. Ressemblant. Ex. C est sa mère toute r<?^(3/z/^. En France on dit recopi, du verbe recopir, recracher. * Record, n. m. (Angl). — Registre, archives, dossier. — Demeure r'_de record, enregistrer aux archives, au dossier. — Avocat de record, procureur en titre. — Mettre de record, placer dans le registre. * Recorder, deur, n. m., (m. a.) Magistrat de la ville. Ex. Un délinquant qui comparaît devant le Recorder. Recorté, e, adj. Propret, bien mis. Ex. Cette femme que tu vois là est recortée. Vient à.' acort, acorte, il a l'humeur acortc. Recoucher, v. a. — Coucher de nouveau. Recoucher (se), v. pron. — Se coucher de nouveau. Recoude, n. m. -Angle d'un tuyau de poêle. Recoupure, n. f. Débris, morceaux d'étoffe qui tombent quand on taille un vêtement. Recouru, part. Achalandé, recherché. Ex. Je suis pas mal recouru de ce temps-ci, les gens (savent que j'ai fait de l'argent et ils veulent m'en emprunter. Recousse, n. f. Rescousse. Procurer forcément la liberté, en contravention à la loi, à une personne appréhendée suivant la procédure 558 LE PARLER POPULAIRE et le cours de la loi. (Perrault, Droit criminel). Ce mot était très usité autrefois. Recouvrir, V. a. — Recouvrer, entrer en possession de son bien. Recracher, v. a. Restituer. Ex. Je lui ferai bien recracher ce qu'il me doit. Recrépissage, n. m. — Réparation d'un crépissage, Recrochir, v. a. — Plier de nouveau. * Rectifier, v. a. Rectifier, employé sans régime, est un anglicisme. Ex. Vous avez tort de parler ainsi, veuillez, s 'il-vous-plaît, 7-ectifi.er. ( Angl . ) Reculons. — Aller en reculons, à reculons. — Marcher de reculotiSy à reculons. Redévirer (se), v. pron. Se retourner complètement. Même sens que se revirer. Redéviron, n. m. — V. Reviron. Rédicule, adj. — Ridicule. — Réticule. Redire, v. a. Trouver à redire, regretter, être sensible à la perte d'une chose, en remarquer la privation. Ex. Depuis que ma femme est morte, je la trouve bien à redire. * Redistribuer, v. a. (Angl.) — Distribuer de nouveau. * Redistribution, n. f. (Angl.) — Nouvelle distribution. Redouble, n. m. Double. Ex. Il a fait beaucoup d'ouvrage, c'est vrai, mais j'en ai fait au moins le redouble de lui. Redouble voulait dire, autrefois, la doublure d'un vêtement. Redouter, v. a. Si l'on rencontre un prétendu sorcier, un jeteur de sorts, il faut dire tout bas : Je te redoute, pour se mettre à l'abri de ses maléfices. Redresser, v. a. Dresser. Ex. Les cheveux m'en redressent sur la tête. Redressir, v. a. — Redresser. DES CANADIENS-FRANÇAIS 559 Réduit, n. m. Châssis à pièces mobiles dont se servent les menuisiers pour prendre leurs mesures. * Réel, rîle, (m. a.) Moulinet, dévidoir, bobine, danse à deux. Refaufiler, v. a. — Faufiler de nouveau. Refaufiler (se), v. pron. — Se faufiler de nouveau. Réfection, n. f . — Manger à sa rêjedion, manger sa réfection. Refente, n. f. — Refend. Ex. Xjn va.\xx ôa refaite . Refoncer, v. a. — Foncer de nouveau. Réforcer, v. a. — Supplier. Ex. Il m'a tant rêforcê, que j'ai fini par dire oui. — Exciter à manger. Ex. C'est inutile de me réforcer, j'ai pas faim. Refoul, n. m. — Reflux des grandes marées. Acadianisme. Refoulis, n. m. Mouvement de recul sous l'effort d'une grande pression. Refoulure, n. f. — Foulure, contusion. Refreidir, v. a. — Refroidir. Refreidir (se), v. pron. — Se refroidir. Refreidissem*nt, n. m. — Refroidissem*nt. Réfrigérateur, n. m. — Garde-manger ou armoire à glace. Refus, n. m. N'être pas de refus, ne pouvoir être refusé. Ex. Voulez- vous accepter un verre de bonne Jamaïque ? — Oui, certaine- ment, ce n' est pas de refus. Regagner, v. a. Regagner. Ex. Ea faim me regagne. Regangner, v. a. Regagner. Ex. Notre malade en regangne. Regard, n. m. Au regard de, quant à, relativement. Ex. Au regard de ce que vous m'avez dit, j'y songerai encore. Regardable, adj. Qui peut être regardé. Ex. Voilà une personne qui n'est pas regardable, elle est laide à faire peur aux chiens. 560 LE PARLER POPULAIRE * Regarder, v. a. Paraître. Ex. Cela regarde vial, cet homme regarde mal, (Angl.) Régencer, v. a, — Remettre quelqu'un à sa place. Régenter, v. a. et n. Faire la leçon sévère, Ex. Je m'en vais le rége7iter, car il est coupable. Regingler, v. a. — Envoyer au large. Reginguer, v. n. Sauter. Ex. Je vous l'ai renvoyé reginguer en l'air. Régistraire, u. m. Ofi&cier chargé d'enregistrer les documents ofiSciels de la lyégislature provinciale de Québec. Régistrateur, n. m. Officier qui est à la tête du bureau d'enregistrement des do- cuments des cours de justice. Régitre, n. m.— Registre. Règle, n. f. Férule. Ex. J'ai mangé vingt coups de règle pour avoir badiné pendant la classe. Règlement, n. m. Règlement, d'une manière réglée. Réglementaire, n. m. Collégien chargé de sonner la cloche qui annonce le lever des élèves, l'heure de l'étude, de la classe, du coucher, etc. Régler, v. a. Aller régler, aller régler un compte. Ex. Il y a longtemps que je traîne mon compte, il est bien juste que je vietme régler. Règne, n. m. — Faire un bon r^gne, durer plus ou moins longtemps. Ex. Un habit qui a fait un bon r'ègne. — Faire son règne, durer aussi longtemps qu'on peut l'espé- rer. Ex. Tu peux jeter ce chapeau, il a/azV son rlgiic. Régner, v. n. — Habiter. Ex. Il y a dix ans que je règne dans cette maison avec ma famille. DES CANADIENS-FRANÇAIS 56 1 — Administrer. Ex. Voilà cinquante ans que M. de la Pagerie règne au département des terres. — Durer. Ex. Mes habits de noce ont régné au moins vingt ans. Régnier, v. a. — Renier. Régrandir, v. a. — Agrandir. Regreyer, v. a. — Habiller de nouveau. Regreyer (se), v. pron. — Se rhabiller. Regriche=poil (à), loc. adv. A rebrousse-poil. Ex. Prendre quelqu'un à regriche-poil. Regricher, v. a. Relever sans ordre. Ex. Tu as les cheveux bien rcgrichés,' ce matin. Regricher (se), v. pron. Se crisper, se retirer. Autrefois, on disait regrigner. Regrimper, v. a. — Grimper de nouveau. Regripper, v. n. Contracter de nouveau la grippe. Ex. Me voilà y-egrippé, c'est ma deuxième grippe depuis les neiges. Reinche, n. m. Rumination. Ex. Ee bonhomme Chose a toujours son reinche. On trouve riaige, dans le Perche, et rzmger, rzjigeroX. roinje pour signifier ruminer. Reine=Marguerite, n. f. — Akène de la Chine. Reinquier, n. m. La partie du rein. Ex. J'ai mal au rei?iquier, je crois que c'est du rhumatisme. Reintier, n. m. — Région rénale. Rejetoir, n. m. — Piège à prendre les lièvres. V. Ripousse. Relâcher, v. a. Souffrir de diarrhée chronique. Ex. Docteur, mes intestins sont toujours relâchés. Relais, n. m. — Sans relais, sans relâche. — De relais, de reste. Ex. As-tu quelques sous de ?elais f Relance, n. f. — Renvi, action de mettre au-dessus de l'enjeu. 36 562 LE PARLER POPULAIRE Relancer, v. a. Renvier, mettre au-dessus de l'enjeu (T. de jeu.) Relargue, u.f.— Largue. Relarguer, v. a. —Larguer. Relentir, v. a. — Ralentir. Relève, n. f. — Jour à la relevé, en se remplaçant, la partie finie. — Travailler à la rel'ève, en se remplaçant par groupe ou par série. Relever, v. a. Remplacer. Ex. Celui-là, il va certainement ?r/^z'<?r le père. Relever un acte. Se faire délivrer une copie authentique d'un acte de nais- sance, d 'un contrat de mariage, d' un testament. Reliable, adj. Oui peut être relié. Ex. Voici un tas de livres qui ne sont pas reliables. Relingue, n. f. Ralingue, cordage cousu autour des bords d'une voile, d'un filet, pour les renforcer. Reliquas, n. m. Suites. Ex. Les reliquas d'une fièvre, être malade des reli- guas de la rougeole. Reluiser, v. n. Reluire. Ex. Les yeux lui ?eluisirent quand il aperçut ce tas d'argent. Reluqueux, euse, n. m. et f. Individu qui regarde avec curiosité. Remâcher, v. a. — Répéter à satiété. Remailler, v. n. Refaire les mailles dans les parties usées d'un tissu tricoté. Remaître, v. a. Cousin remaitre germai7i, remué de germain. Rembarrer, v. a. — Mettre sous clef. Rembellir, v. a. — Devenir plus beau. Rembotter, v. a. — Botter de nouveau. Rembotter (se), v. pr. — Remettre ses bottes. DES CANADIEXS-FRANÇAIS 563 Rembreunir, v. a. — Rembrunir. * Remercier, v. a. Remercier pour, remercier de. Ex. Je vous remercie pour votre joli cadeau. (Angl.) Remettre, v. a. Vomir, restituer. Ex. Donne-moi pas ce remède-là, car je vais le remettre, c'est sûr et certain. Remettre (se), v. pron. Se remettre de quelqu'un, se remettre quelqu'un. Ex. Je me remets parfaitement de cet homme ; toi, V en remets-tn ? Reminer, v. a. — Ruminer, songer. Rempiècetage, n. m. Rapiècetage, action de rapièceter. Rempièceter, v. a. Rapièceter, raccommoder en mettant de petites pièces. Rempiéter, v. a. — Refaire le pied d'un bas. Rempîrer, v. n. Aller de mal en pis. Ex. Notre malade, docteur, rempire toujours. Rempironner, v. n. Rempirer. Ex. Dieu, que ça va mal, ça rempîronne tou- jours. Rempleumer, v. a. — Remplumer. Rempleumer (se), v. pron. Refaire sa santé, rétablir ses affaires. Rempleyer, v. a. Remployer, employer de nouveau, remplir. Remployer, v. a. — Remplier, faire un rempli. Remuable, adj. — Qui peut être remué. Remué de germain (cousin). Cousin issu de cousin germain. Renâflement, n. m. Action de renâcler, renifler bruyamment. Renâfler, v. n. — Renâcler. Renard, n. m. — Un homme qui fait ses pâques après le temps consacré par l'Eglise. 564 I,E PARLER POPULAIRE — Tirer an renard. Jeu enfantin, où deux enfants, affublés d'un mouchoir noué autour du cou, tirent en sens inverse pour faire valoir leur force. — Faire le 7-enard, faire l'école buissonnière. — Pâques de renard, pâques faites après le temps fixé, — Plumer 2in renard, grand dérangement d'estomac à la suite d'une soùlade. — Queue de rejiard. V. Queue. Renâré, e, adj. — Rusé, fin comme le renard. Rencercler, v. a. — Cercler de nouveau (un baril.) Renchaussage, n. m. Rechaussem*nt, action de rechausser. Renchausser, v. a. Rechausser, remettre de la terre au pied d'un arbre, d'une plante. Ex. C'est une belle journée pour renchausser les patates. Renclaircir, v. a. — Eclaircir de nouveau, Renclaircir (se), v. pron. — S' eclaircir. Rengaillardir (se), v. pr. Devenir plus gai. Renclore, v, a. Enclore de nouveau. Ex, Reyiclore un jardin, un champ. Rencios, n. m. — Enclos. Rencîouer, v. a. — Clouer de nouveau. Rencontre, n. f. — Payement. Ex. Faire la rencontre d'un billet, d'une dette échue, (Angl.) — Réponse, Ex. Faire la rif^ccw/r*? d'une objection. (Angl.) — Mariage. Ex. Ce jeune homme a fait la rcncojitre d'une jolie personne. — Aller à la re?icontre, à l' encontre. — Faire la rencontre d'un déficit, le combler. — Faire la rencontre d'une approbation, recevoir. Rencontrer, v. a. — Payer. Ex. ^^w<:(7?z/r^r un billet à son échéance. (Angl.) — Remplir. Ex. /?d?;/Cd?«/r^r ses engagements. (Angl.) — Obtenir. Ex. Reiicojitrer l'approbation, (Angl,) DES CANADIENS-FRANÇAIS 565 — Se conformer à. Ex. Roicontrer une disposition de la loi. (Angl.) — Venir au-devant. Ex. ^^;^ro;^/r^r les désirs. (Angl.) — Se marier. Ex. Cette jeune fille a mal rencontré. Rendable, adj. — Qui peut être rendu. Rendoubler, v. a. Mettre une nouvelle doublure. Ex. Rendoubler un capot d'hiver. Rendre, v. a. et n. — Chanter. Ex. Le chœur de l'orgue a bien rendu la messe de Gounod. — Percer, OTivrir. Ex. Rendre un chemin. — Suppurer. Ex. Docteur, mon abcès est crevé enfin, je vous dis qu'il a rendu. Rendu. — Attendu. Ex. Reyidu qu'il devra venir. Renduit, n. m. Enduit, couche de mortier, de plâtre. Rendint se disait jadis, et renduire est français. Renfermé, e, adj. Silencieux. Ex. C'est un homme renfermé, il ne parle point. Renfiler, v. a. — Enfiler de nouveau. — Affiler, donner le fil à un instrument tranchant. Renfler, v. n. Gonfler, éprouver de la peine. Ex. As-tu du chagrin, tu es tout renflé ? Renforcir, v. a. — Renforcer, fortifier. Renforcir (se), v. pron. — Se fortifier. Renfort, n. m. Contre-fort, morceau de cuir qui donne plus de force à la chaussure, au-dessus du talon. Renfourner, v. a. — Remettre au four. Renfraîchir, v. a. — Rafraîchir. Renf raidir, v. n. — Refroidir. Renfreidir (se), v. pron. — Se refroidir. Renfroidir, v. a. — Refroidir. 566 L,E PARLER POPULAIRE Renfroidir (se), v. prou. Se refroidir. Ex. Le temps se renfroidit à vue d'œil, c'est l'hiver. Rengainer, v. a. Arrêter. Ex. Re7igaîne, mou ami, tu as été trop loin. Renhardir, v. a. Douner de l'assurauce, plus de hardiesse. Renifler, v. a. — Saisir au passage. Ex. Où as-tu reniflé cette uouvelle- là? — Deviner. Ex. Je viens de renifler une bonne affaire. Renifleux, euse, n. m. et f. Reuifleur, qui a l'habitude de renifler. Renipper, v. a. — S'habiller de neuf. Ex. Te voilà tout renippê, as-tu trouvé un trésor ? — Préparer avec soin. Ex. J'ai renippé m2i maison du haut en bas. — Meubler. Ex. Retiipper un salon, une chambre à cou- cher. Renjeunir, v. a. — Rajeunir. Renlaidir (se), v. pron. Devenir de plus en plus laid. Renlargir, v. a. — Rélargir, élargir de nouveau. Renotage, n. m. — Redite. Renoter, v. n. Répétailler, redire les mêmes choses. Ex. Cesse donc de renoier, tu m 'ennuies. Renoter se disait, autrefois, pour chanter e7i refrain. Renoteux, euse, n. m. et f. Qui renote sans cesse. Ex. C'est un vieux re^ioteux, il chante toujours la même chanson. Renouveau, n. m. Le re7iouveau de la lune, la nouvelle lune. Rensemblement, n. m. — Assemblement. Rensemblage, n. m. — Assemblage. Rensembler, v. a. — Ensembler. DES CANADIENS-FRANÇAIS 567 Renterrer, v. a. — Couvrir de terre. Rentourer, v. a. — Entourer. Rentourner (se), v. pron. — S'en retourner. Rentrait, n. m. Retrait, pièce de bois qui ne touche au bord de l'eau que par l'une de ses extrémités. Rentrer, v. a. Entrer. Ex. Rentres-\\x ? on ne t'a pas vu depuis six mois. Renvaler, v. a. — Avaler. Renverdir, v. n. — Reverdir. Renvers, n. m. — Envers. Renverser, v. a. — Casser. Ex. ^^«z^^r^^r un jugement. Renvoi, n. m. Pente. Ex. Un cbemin plein de renvois. Renvoi d'eau, n. m. — Larmier. Renvoyer, v. a. Vomir. Ex. Cet enfant renvoie tous ses aliments. Réparage, n. m. — Réparation, raccommodage. Réparer, v. a. — Rapiécer. Ex. Réparer un habit. — Orner. Ex. La nouvelle maison du maire répare tout le village. Réparer (se), v. pron. S'éclaircir. Ex. Voilà le temps qui se répare. Repasser, v. a. Donner du lustre. Ex. As-tu fait repasser ta peau de vache ? Repatrier, v. a. — Rapatrier. Repenti, n. m. — Repentir. Repentu, part. pass. — Repenti. Répétable, adj. Qui peut être répété. Ex. Ces histoires ne sont pas répé- table s. Replaider, v. a. — Plaider de nouveau. Repimper (se), v. pron. — Se parer avec plus de soin. Repleumer (se), v. pron. — Se remplumer. Réplique, n. f. Un homme sans réplique^ qui a toutes les qualités désirables. 568 LE PARLER POPULAIRE Replomber, v. a. Plomber de nouveau. Ex. Replomber une dent. Réponant, part. prés. Répondant. Ex. Je suis réponant pour un tel qui est à la gêne dans le moment. Répondre, v. n. — Donner sa parole. Ex. Je paierai mon compte demain, je vous en réponds. — Offrir sa marchandise à un chaland. Ex. Commis, ré- ponds donc à Madame. Réponé, part. pas. Répondu. Ex. Madame, voms 2,-\.-or^ réponé f Hé! le com- mis, là-bas, rép07iez à Madame. Réponses, n. f. pi. Répons. Ex. Tu vas servir la messe, mon enfant, sais-tu tes réponses f Reposade, n. f. Se dit des chevaux qui montent une côte, en traînant un lourd fardeau, et sont obligés de se reposer. (Taché, For. et Voy.) Repose, n. f . — Repos. Reposer, v. a. Poser de nouveau. Ex. Je retourne chez Beaudrj^ pour faire reposer mon portrait. Répousse, n. f . — Bourrasque. Repoussis, n. m. pi. Ecrues, bois récemment poussés dans des terres labourables. Repoussoir, n. m. — Tige qui repousse sur un arbre abattu. Repousson, n. m. — Pousse. Reprenable, adj. — Qui peut être repris. — Répréhensible, blâmable. Reprendre, v. a. Reprendre du poil de la bête, retourner à ses habitudes. Reprendre (se), v. pron. Prendre sa revanche. Ex. Tu t'es fait battre, mon gail- lard ; eh bien ! tu te repretidras plus tard. DES CANADIENS-FRANÇAIS 569 Reprêter, v. a. — Prêter de nouveau. * Reprint, (m. a.) — Réimpression. Reprisable, adj. Qui peut être reprisé. Ex. Une étoffe qui n'est pas repri- sable, un bas reprisable. Reprocher, v. a. Se dit de certains aliments qui causent des renvois. Ex. L'oignon me reproche souvent. Je ne mange pas d'ali- ments apprêtés à l'ail, parce que ça me reproche à chaque fois. République, n. f. Vivre en répiibliqzie , se dit des familles dont les membres semblent vivre indépendants les uns des autres, vont et viennent, ne se réunissent qu'à l'heure des repas, et se parlent le moins possible. Requemandation, n. f. — Recommandation. Requemander, v. a. — Recommander. . Requemencer, v. a. — Recommencer. Requien=ben, loc. Fermeté, sang-froid. Ex. J'ai pas mal de requien-beii , sans cela, je me serais fâché dur comme fer. Requiendre, v. a. — Retenir. Requinquer (se), v. pron. Revenir à la santé, rétablir sa fortune. Requis, adj. Chose de jequise, recherchée. Réquisition, n. f. Requête, demande. Ex. Je désire avoir une place à la Chambre, ce serait mieux d'avoir une réquisition. Requitter, v. a. — Quitter de nouveau. Resaler, v. a. — Saler de nouveau. Réserve, loc. A la réserve. Ex. Mon chien, réserve le baptême, a beau- coup d'intelligence. Réserve, n. f. Etendue de terre réservée aux sauvages. Ex. La réserve des Hurous à la Jeune-Lorette. 570 LE PARLER POPULAIRE Réservé, part. Billet de siège réservé, billet de location. Résidence, n. f. Domicile. Ex. Ma résidence est au numéro 29, rue Couillard, à Québec. * Résident, e, n. f. — Qui habite, réside, résidant. (Angl. ) Résolu, e, adj. Gros et gras. Ex. Cet enfant est résolu, il doit avoir bonne santé. Resonger, v. n. — Songer de nouveau. Résolution, n. f. Projet de loi soumis à la Chambre. Ex, La Chambre a déjà voté cinq ou six résolutions. Resortir, v. n. — Sortir de nouveau. Resoudure, n. f. — Soudure. Résous, part. pas. Décidé. Ex. Je suis bien résous, cette fois, j'irai jusqu'au bout. Respec (sous vot'). — Sauf le respect que je vous dois. Respir, n. m. Respiration. Ex. Arrêtons-nous ici, cette course me coupe le respir. Marot a emplo\'é respir pour signifier souffle. Respirer, v. a. Attendre, différer. Ex. Pourquoi exiger que je te paie tout de suite? donne-moi toujours le temps de respirer. Responsabilité, n. f. — Solvabilité. Responsable, adj. — Solvable. Resse, n. f . — Reste. Ressorer, v. a. — Essorer. Ressort, n. m. — Maléfice. Ex. Jeter un ressort. — Casser le grand resso?-t, se décourager. Ressource, n. f. — Source. Ressoudre, v. n. — Se tirer d'embarras. Ex. Ce marchand a une grosse machine sur les bras, mais il en ressotidra. — Rebondir. Ex, Ta pelotte rfw<7z^/-elle bien ? DES CANADIENS- FRANÇAIS 571 — Arriver. Ex. Quand je te le dis qu'il va ressoudre tantôt. Restant, n. m. — Le restant des écîis, le dernier attendu. Ex. Voici le restant des écus. — Cest bien le restant, il ne manquait plus que cela. Reste, n. m. — A disposer. Ex. As-tu de l'argent de reste f — A toute reste, à tout prix. Ex. Je veux mon argent à toute reste. — A l'origine, reste était féminin, d'où la locution féminine. Reste à savoir. Locution qui sert à exprimer un doute sur le succès d'une entreprise. Ex. Réussira-t-il ou ne réussira-t-il pas? reste à savoir. Rester, v. n. — Demeurer. Ex. Je reste à Québec depuis quarante-deux ans. — Très fatigué. Ex. Mon cheval est resté, il a fait une grosse journée. — /tester bête, devenir abasourdi, épaté. — Rester d' eii par là, rester là. Restituer, v. a. — Dégobiller, vomir. * Résumer, v. a. Reprendre, continuer. Ex. Le député de Laval a su r/^z^- 7;z^r le débat. (Angl.) Résypèle, n. m. — Erésypèle. Résypère, n. m. — Erésypèle. Ex. Avoir un résypere blanc. Retaper, v. a. — Tromper, abuser, embêter. — Se faire retaper, se faire rouler dans une transaction. Retaper (se), v. pron. — S'habiller mieux qu'à l'ordinaire. Retatiné, adj. — Ratatiné. Retéléphoner, v. n. Téléphoner de nouveau. Ex. Tu me retêléphoneras tantôt. Retenable, adj. — Qui retient, en parlant de la mémoire. 572 LE PARLER POPULAIRE — Qu'on peut arrêter, retenir. Reteurdre, v. a. Retordre. Ex. Cet enfant nous donne pas vial de fil à reteurdre. Reteurs, adj. — Retors. Ex. Vi\x^ reteurs. Réticent, adj . — Circonspect, prudent. Retiendra, v. a. — Retenir. Retint, part. pass. — Retenu. Ex. Je l'ai retint à souper. Retintoin, n. m. — Un reste, un peu. Ex. Un retintoin de fièvre. — Tiutoin, embarras, inquiétude. Ex. Voilà une affaire qui m'a donné beaucoup de retintouin. Retirance, n. f. — Demeure, logis. Retirer, v. a. Retirer le pain de la bouche, empêcher de vivre. Retirer (se), v. pron. — Logerv Ex. Je me reti?'e à l'hôtel Neptune. — Etre pâle, avoir l'air malade. Ex. Tu es tout retiré, es- tu malade ? Retombée, n. f. — Côte. Retentir, v. n. — Retentir. Ex. Le bruit du canon m'a retonti dans les oreilles. — Rebondir. Ex. Ma pelote retontit mieux que la tienne. Retour, n. m. Rapport, Ex. Connais-tu le retour des poils ? * Retournable, adj. (Angl.) Rapportable. Ex. Les writs sont retournables dans un mois jour pour jour. Retourner, v. n. — Renvoyer. Ex. Tu me retourneras mon canif quand tu en auras fini. (Angl.) — Retourner son capot, changer d'opinion une seconde fois. Retourner (s'en), v. pron. Vieillir. Ex. Me voilà rendu à soixante ans, je comprends que je m'en retourne. * Retracer, v. a. — Remonter à l'origine, à la source. (Angl.) DES CAXADIENS-FRANÇAIS 573 Retravailler, v. a. — Recommencer l'ouvrage. Rétréci, n. m. Endroit où le terrain se rétrécit, comme entre deux lacs. Rets, n. m. Rets. Ex. Tendre des rets pour prendre du poisson. Retumber, v. n. — Retomber. Réussi, n. m. et adj. — Succès. Ex, Bonjour, Monsieur, bien du réussi ! — Exécuté avec art. Ex. Un tableau bien réussi. L'Aca- démie a toujours condamné cette expression. Reuminer, v. a. — Ruminer, examiner. Revange, n. f. — Revanche. Revaucher, v. n. Se croiser. Ex. Les lunes revaucherU dans ce mois-ci. Revanger, v. a. — Revancher. Revanger (se), v. pron. — Se revancher, rendre la pareille. — Se dit d'une personne qui porte une toilette tellement bi- zarre, extravagante qu'on recule stupéfié. Se dit aussi, d'une partie de cette toilette. Ex. Une femme, un cha- peau qui se revange sur le nioyide. RéveiUe=matin, n. m. Variété d'euphorbe dont le suc, frotté sur l'épiderme, provo- que une inflammation assez sérieuse. Reveillé, e, adj. — Eveillé, espiègle. Réveillonner, v. n. Faire le réveillon au retour de la messe de minuit. Revelà, adv. — Revoilà. Ex. Tiens, te revelà ! Revenez=y. — Lieu de reprise. Ex. Pense bien à ton affaire, car une fois faite, il n'}- aura plus de revcncz-y. — Retour au même sentiment. Ex. Un revenez-y d'amour ou d'amitié. — Envie de se délecter de nouveau. Ex. Voilà un mets qui a un petit goût de revenez-y. Revenge, n. f. — Revanche. Revenger, v. a. — V. Revanger. 574 LE PARI^ER POPULAIRE Revenger, (se), v. pron. — V. Se revanger. Revenir, v. n. Revie?is-y / Reviens -y -v oir ! ne recommence pas, ou je te flanque une mornifle. Revenir de sans. Retourner sans avoir réussi à avoir ce qu'on attendait. Ex. Je suis allé à la gare chercher une boîte de marchandises, et je suis revenu de sans. Révéras, as, a, futur de réveiller, v. a. Réveillerai, as, a. Ex. Tu me rêveras à cinq heures. Révérend, n. m. et f. Monsieur l'abbé. Ex. Le 7-êvérend Monsieur Tranchemon- tagne vient d'être nommé curé de la paroisse de Saint- Gérard de Majella. Revire, u. f. — Retourne. (T. de jeu.) Ex. J'ai un brelan àe. revire. — Parler à la revire, tenir la main. (T. de jeu.) Revirer, v. n. — Changer de religion. Ils sont cinq dans la paroisse de Saint-Cloud qui ont reviré. — Malmener en paroles. Ex. Je te l'ai reviré Q.rs.\xo\s temps et quatre mouvements. — Retourner. Ex. Revire ta carte. — Changer de parti politique. La paroisse de Saint-Paul est toute revirée. Revirer (se), v. pron. Se retourner. Ex. Revire-loi, pour voir si ton habit te fait bien dans le dos. Reviron, n. m. — Détour. Revise, n. f. — Seconde épreuve, troisième épreuve. (Angl.) — Revision. Ex. Nous allons commencer aujourd'hui la revise de nos livres. Revoir (à), loc. — Au revoir, au plaisir de se revoir. Revoler, v. n. Lancer avec force, faire voler. Ex. Je te l'ai fait rèvoler à dix pieds de moi. DES CANADIENS-FRANÇAIS 575 En Normandie avoler signifie la même chose. Révolution, n. f. Révohdion de bile, dérangement du foie causé par un excès de bile. Revoyure (à la), loc. Au revoir. Ex. Bonsoir, les amis, à la revoyure ! Revue, n. f. Revoir. Ex. Nous allons nous dire bonsoir ; donc, à la revue ! Nous sommes des gens de revue. Réxaminer, v. a. — Examiner de nouveau. Rhumatisse, n. m. Rhumatisme. Ex. Ce pauvre diable est tout couvert de rJniviatisses. Ribote, n. f. Excès de table et de boisson. Ex. Un individu qui sort d'une ribote. Riboter, v. n. — Faire ribote. Riboteux, n. m. Riboteur, qui aime à riboter, à faire la noce. Ricanage, n. m. Ricanement. Ex. Hé ! là-bas, les petit* dissipés, cessez donc vos ricayiages. Ricaneux, euse, adj. — Ricaneur. Ric=à=rac, loc. Peu à peu. Ex. Il paie ses dettes ric-à-rac. Earousse dit ric-à-rac ou ric-à-ric, avec une exactitude rigoureuse. Ex. Payer tic-à-ric. Riche, adj. Extraordinaire. Ex. As-tu appris la nouvelle ? c'est riche, n'est-ce pas. Richement, adv. — Beaucoup. Ex. Paul est rzV^^w^n/ pauvre. Rideau, n. m. — Rideau eyi 7iet, rideau à filet, de dentelle. Ridicule, n. m. — Réticule, sac à mains de dames. Rien, n. et pron. — Rie7i que, à l'instant. Ex. Il fait rie7i que d'arriver. — Rie7i que, seulement. Ex. Il y a rien que lui qui soit capable d'arriver juste. 576 LE PARLER POPULAIRE — C est pas rien, vous m'en direz tant, c'est donc sérieux. — En un rie7i de temps, dans le temps de le dire. — Pour 2171 rie7i, si je ne me retenais pas. — Donner un petit rien tout 7ieu e7itre deux plats, ne rien donner. — Un rie7i qui vaille, un vaurien. Riflard, n. m. Grand parapluie. Riflard est le nom du héros de la pièce de Picard, intitulée Petite Ville, représentée à Paris pour la première fois, le i8 mai 1801. François Riflard, le héros, s'avisa, pour charger son rôle, de paraître armé d'un énorme et ridicule parapluie. De là le nom de riflard. Rifle, n. m. Eruption cutanée, qui se produit au premier âge des enfants. Ex. J'ai un enfant qui a le rifle de sept ans, nous allons avoir du trouble avec. Rifler, v. a. — Enlever prestement, voler. — Effleurer. Riflure, n. f. — Eraflure, légère écorchure. * Rigging, rigui7ie, (m. a.) Gréemeut, attifement. Ex. Une drôle de riggiiig. * Right, ra'ite, (m. a.) — AU right, c'est bien ! en route ! allez ! Rigoler, v. n. —Se divertir, s'amuser. Rigolet, n. m. — Tout petit ruisseau. Eu France, c'est un grand verre. On trouve rigolet pour signifier 'petit ruisseau, dans ^le patois normand. — Petite tranchée pour irriguer les prairies. Rigollot, n. m. Papier-RigoUot, synapisme. Rigouaiche, n. f. Premières voies digestives, depuis^la bouche jusqu'à l'esto- mac. Ex. Je me suis brûléjla rigouaiche |en buvant du café trop chaud. DES CANADIENS-FRANÇAIS 577 Rimette, n. f. Rime faite par amusem*nt et sans souci des règles ; de la prose où les vers se sont mis. Rimetteux, euse, adj, — Faiseur de rimettes. Rin de vent, n. m. — Rumb de vent. — Direction. Ex. Puisque rien ne vient de ce côté, je vais prendre un autre rin de vent. Dans le vieux français, rin se disait pour ruynb, quartier en général. Rince, n. f. Rincée. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, tu vas man- ger une rince. Rincer, v. a. Battre, frapper. On écrivait autrefois rainser pour dire donner une volée de coups de bâtons. Vient de rain (ramus) un bâton. Rincer (se), v. pron. — Se rincer la luette, boire. Rinsarde, n. f. — Rincée. (De Gaspé, Mémoires.) Rinviter, v. a. — Réinviter. Rion, n. m. — Rayon. Rip et de rap (de), loc. De peine et de misère. Ex. Gagner son pain de rip et de rap. Ripe, n. f. — Planure, copeau, raboture. Riper, v. a. Gagner. Ex. J'ai réussi à lui riper tous ses marbres. (T. de jeu.) Ripousse, n. f. — Eclair. Ex. Il est parti comme une ripousse, c'est-à-dire comme une chose qui apparaît et disparaît tout aussitôt. — Rejetoir, piège à prendre les lièvres. Rire, v. n. — Rire dam sa barbe, sous cape. — Rire jaune, se forcer à rire. — Rire au 7iez du ynonde, se moquer ouvertement. — Histoire de rire, pour rire. 37 578 I.E PARlvER POPULAIRE — Potcr rire, pour badiner. — Rire à belles dents, à gorge déployée. Rirerions, condit. de rire, — Ririons. Risée, n. f. Course, Ex, Mon cheval est bon pour prendre des risées. Risette, n, f. Rire d'enfant. Ex, Fais une petite risette, mon cher. Risquer, v. a. Risquer un œil, s'avancer prudemment dans une affaire, Risqueux, adj, — Qui risque facilement. Rivage, n, m. Traces d'aliments ou de liquides autour des lèvres. R'mette germain, Issu de germain. Ex. Un q.o\xs\\i r' mette germain . R'nouvlement, n, m. — Renouvellement. R'nouvier, v. a. Renouveler. Ex. Je r' «^7^z'/(? ma demande. * Road, rôde, (m. a.) — Chemin. Robe, n. f. Une robe de carriole, couverture de voyage en fourrure. Robinet, n. m. Mettre le robinet, ajouter à la mesure d'un liquide, afin de donner la juste mesure, Ex. Laitier, donnez-moi une pinte de lait, et mettez-y un bon robinet. Roche, n, f. Pierre, caillou. Ex. Allons, les enfants, cessez de vous tirer des roches. Rôdeux, euse, u. m. et f. — Dur à cuire. Ex. C'est un rôdeux d'individu, il n'est pas commode à mener. — Grand. Ex. J'ai eu une rôdeuse de peur, hier la nuit. Rôdeusem*nt, adv. — Beaucoup. Roger-Bontemps, Bon compagnon, gaillard et un peu insouciant. Pasquier dit que R. B. dénote l'homme de bonne chère, se dit aussi par abus au lieu de rouge bon temps. (L,. de S. P.) Rognable, adj. — Qu'on peut retrancher. DES CANADIENS-FRANÇAIS 579 Ro£^e, n. f. — Canaille, vaurien, trompeur. — Une Yog7ie à patente, un voyou. Rognon, n. m. Rein. Ex. Docteur, je crois que j 'ai une mdXzàS&à&rognons . Rognon de castor, n. m. Matière onctueuse et odorante contenue dans de grosses vésicules que les castors ont près de l'anus. Antispasmo- dique de peu de valeur. Rognon=de=coq, n. m. — Streptope rose. Rognon de peau, n. m. — Oreillon de peau, rognure de peau. Rognonner, v. n. — Murmurer entre les dents. Rois (les), n. m. pi. Le jour des Rois. Ex. Nous irons nous promener aux Rois. Rôlle, n. m. — U7i rôlle de tabac, tabac roulé en carotte. — Gâteau au beurre, sans sucre. * RolIy=poIly, rôlé-pôlê, (m. a.) — Gâteau roulé, railroad. Romaine, n. f. — Balance à ressort, dynamomètre. Roman, n. m. Mystère. Ex. Il y a un roman entre eux, vous savez cela? Romanesque, adj. Romantique. Ex. Un point de vue romanesque. Ronce, n. f. — Mûre sauvage. Rond, e, adj. — Sur le chemin de l'ivresse. Ex. Celui-là me paraît rojid. — Aquilin. Ex. Un nez rond. Rond de course, n. m. — Hippodrome. Ronde, n. f. Rouelle. Ex. Dites au boucker de prendre mon steak dans la ronde. Rond à patiner, n. m. Patinoir. Autrefois, ce que nous appelons aujourd'hui pati- noir, avait une forme arrondie. Rond de chien (en). — En rond, comme le chien. Ex. Se coucher en rond de chien. 58o LE PARLER POPULAIRE — En forme parfaitement arrondie. Ex. Un plat fait en rond de chien. Rondet, te, adj. Rondelet. Ex. Avoir une mine ro?idette, une personne rondette. Rondiner, v. a. Battre avec un rondin, ou un bâton quelconque. Rondir, v. a. — S'arrondir. * Rondouce, n. f. (Angl.) Dunette, partie d'un navire située à l'arrière, sur le pont, et plus élevée que le reste du pont. Ronge, n. m. Mémoire. Ex. Ce vieux-là a perdu son ronge, c'est-à-dire il n'est plus capable de ruminer, de songer à son affaire. Ronger, v. a. — Accabler. Ex. Etre ro7igê par les dettes. — Songer, faire un grand effort de mémoire. * Renne, n. f. et m. (Angl.) — Course. Ex. Il m'a fallu faire une bonne rc?«^^^ pour me rendre jusque-là. — Vente à réduction d'une marchandise pendant une période déterminée. Ex. Faire un ro7ine dans les cotons, dans les tweeds, dans les tapis. * Ronner, v. n. (Angl.) Courir. Ex. Charretier, roniie un peu plus vite. * Ronneur, n. m. (Angl.) Coureur, messager, courrier. Ex. Mon cheval est un bon ro7ineur. Ee roJi?ieur du Frontenac. Rosarié, e, adj. Chapelet rosarié, chapelet auquel sont attachées des indul- gences spéciales à la dévotion du rosaire. Rose sauvage, n. f . — Rose agréable. Rose simple, n. f . — Rose brillante. Rose de tous les mois, n. f, — Rosier des dames. Rosée, n. f. — Une rosée de mal. Ex. Je n'ai pas eu une rosée de mal, pas le moindre mal. DES CANADIENS- FRANÇAIS 58 1 — Tendre comme la rosée, léger, très tendre. Ex. Ce gâteau est tendre com.me la rosée. Rosine, n. f . — Résine. Rossignol, n. m. — Pinson chanteur. Rossignol des champs, n. m. — Pinson des guérets. Rossignot, n. m. — Rossignol. Rossignol S'^ à\s,^\X. autrefois. Rote, n. m. Rot. Gaz qui s'échappe de l'estomac avec bruit, éructation. Un bon curé s'était permis d'envoyer un rote en présence de son grand-vicaire. — (( M. le curé, dit celui-ci en sou- riant, feriez-vous, par hasard, partie de la Congrégation des Rotes. « Roter, v. n. — Faire un rot. Roteux, euse, n. m. et f. Qui rote par habitude comme par nécessité. Roter, V. a. — Reprendre ce que l'on a donné. Rôtir, V. a. — Geler. Ex. La gelée a rôti notre blé, la nuit dernière. — Avoir très chaud. Ex. Diable ! qu'il fait chaud ici, on rôtit, quoi ! Rouape, n. f. — Râble, instrument en fer, pelle. Rouche, n. f . — Foin de grève. Roue, n. f. Avoir le collet en roue, se dit d'un cheval qui se redresse le cou, d'un individu qui se monte. Roue d'erre, n. f. — Volant, régulateur. Roue de fortune, n. f. — Roulette. Rouelle, n. f. — Petite roue de charrue. Rouette, n. m. — Rouet. Rouge, n. et adj. Parti politique, adversaire du parti bleu. Rouget, n. m. — Un jeune rouge, libéral. — Quatre-temps. — Bai. * Rough, roffe, (m. a.) — Rustre. Ex. C'est un individu qui est rough. 582 LE PARLER POPULAIRE — Mauvais. Ex. Le temps est rt^z^^//. Rougir, V. n. — Devenir rouge, se libéraliser peu à peu. Rouille, u. m. Rouille, n. f. Ex. Il y a du rouille sur ton linge. Roulant, n. m. Matériel de ferme. Ex. J'ai acheté la terre de Jean Bart, avec son roularit. Roule^billots. Passer par le moulin de roule-billots^ se faire déniaiser. Rouleau, n. m. — Etre au bout de son rouleau^ être décavé. Rouler, v. a. — Marcher vite. Ex. Mon cheval roule grand train. — Vivre grand train, mener joyeuse vie. Ex. Depuis que Pierre a hérité, il roule gros. — Rouler ensemble^ aller de compagnie. — Rouler sa bosse, changer de place et de lieu. — Rouler avec les gros, aller en compagnie de gens riches. — Se faire rouler, se faire embêter. Rouler (se), v. pron. Se tordre de rire. Ex. Au théâtre, hier, on a joué une co- médie très drôle, on s'est roulé tout le temps. Roulette, n. f. — Rondelle. Roulière, n. f. — Chemin de voiture. Roulif, n. m. — Bois roulé. Roulis, n. m. — Petit hareng. * Round=house, raound-haouse, (m. a.) Dunette. V. Rondouce. * Round robin. (m. a.) Pétition en rond, couverte de signatures en rond. Roupie, n. f. — Ro7ipie de coq d' Inde, caroncule. Roupiller, v. n. Sommeiller. Dans le Perche, roupiller veut dire pleurer ^ répéter sans cesse la même chose. Rousée, n. f. — Rosée. Rousine, n. f . — Résine. Rousselé, e, adj . — Marqué de taches de rousseur. Rousseler, v. a. — Roussir, devenir roux. DES CANADIENS-FRANÇAIS 583 Rousselure, n. f. — Rousseur. Roussi. — V, Feu des Roussi. Roustaud, n. m. — Rustaud. Rouster, v. — Malmener. Route, n. f . — Cheval de route, de voyage. Router, v. n. — Aller son train. Routeur, n. m. — Cheval de route. Routi, n. m. — Rôti. Routir, V. a. — Rôtir. * Rover, rôveur, (m. a.) Corsaire, au jeu de croquet. Le joueur qui a fini le pre- mier, emploie ses coups à aider son partenaire, en roqu-ant ou croquant ses adversaires, de façon à les retarder. C'est ce qui s'appelle être corsaire ou rover. Royalement, adv. Très, beaucoup. Ex. Cet être-là est royalement bête. R'source, n. f. — Source, ressource. Ex. 'DeVeàViàer' source. R'ssouvint, par. pass. Ressouvenu. Ex. Je m'en suis r^souvint. R'suer, v. a. Suer. Ex. Durant les chaleurs, je ne cesse pas de r^sner. R'suinter, v. n. — Suinter. R'sumeler, v. a. — Semeler de nouveau. R'tige, n. f. — Tiges. Ex. Couper les r^ tiges d'une plante. R'tiger, v. n. — Pousser des tiges. Rubandelle, n. f. Petite bande d'un tissu quelconque, de papier, sous forme de ruban. Ex. Tailler des rubandelles de papier avec des ciseaux. Rude, adj. — Fort, vigoureux. Ex. C'est un riide individu. Rudement, adv. Très. Ex. Cette soupe aux huîtres est rudement bonne. Ruelle, n. f. — Rouelle. Ruer, V. a. — Regimber. Ex. Il va ruer, c'est sûr, si tu lui demandes ce service. — Ruer dans les timons, regimber. 584 I«E PARLER POPULAIRE Ruer (se), v. pron. S'envoyer. Ex. Ces gamins s'amusent à se ruer des mottes de neige. Ruette, n. f. — Ruelle. Se disait jadis. * Rug, rog, (m. a.) — Tapis. — Paillasson. — Moquette. — Descente de lit. — Tapis de foyer. — Carpette. Ruine°babines, n. m. — Petit instrument à bouche. * Ruier, rou-leur, (m. a.) Règle, instrument pour régler le papier. Rumeur, n. f. Etre rumeur, le bruit court. Ex. Il est ru7neur que nous allons avoir la guerre. * Rumpsteak, (m. a.) — Ronde de bœuf . * Run, ronne, (m. a. — V. Ronne. * Runner, (m. a.) — V. Ronneur. Rupture, n. f. — Hernie. * Rupturer, v. a. — Rompre, fracturer. (Angl.) Russeau, n. m. — Ruisseau. * Russet, reussette, (m. a.) — Pomme reinette grise. Russi. adj. part. Réussi. Ex. Je vous souhaite bien du russi. Rustique, n. et adj. — Difficile à vivre. * Rye, raïe, (m. a.) — Whiskey fait avec du seigle. DES CANADIENS-FRANÇAIS 585 Sable, n. m. , , — V homme au sable va passer, VVqmx^ du sommeil arme. Avoir du sable dayis les yeux, s'endormir. Sablier, n. m. — Sablière, ferme. Sabot de la Vierge, n. m. - Cyripède acaule. Sabotage, n. m. j. ^î Cabotage, oscillation produite par le mouvement dune voi- ture mal suspendue. Saboter, va. Cahoter, se faire secouer dans une voiture mal suspendue, ou dans des chemins raboteux. Saboteux, euse, adj. v » . Cahoteux. Ex. Les chemins d'automne sont très 5aô^/«^^, surtout après les gelées. Sabrer, v. a. — Battre. Sac G- ï*!' — Estomac. Ex. J'ai un bon dîner dans le sac. — Musette, sac qu'on suspend à la tête du cheval pour lui servir de mangeoire. — Avoir le sac plein, être ivre. — Vider son sac, dire tout ce que l'on sait. — Voir le fond du sac, voir ce qui en retourne. L'affaire est dans le sac, conclue. — Avoir dans son sac, posséder. — N'avoir rien dans le sac, être à jeun. — En avoir plein son sac de quelqu'tin, être dégoûté. Sac à feu, n. m. —Sac contenant tabac, pipe, batte-feu. 586 LE PARLER POPULAIRE Sac à flaubage, n. m. Sac à tout mettre. Ex. Où vas-tu, ce matin, avec ton sac à fiaubage f Sac à papier I — Juron familier. Sac à punaises, n. m. — V. Punaise. Sac à tabac, n. m. — Blague. Sac à vin, n. m. — Ivrogne. Saccacoumi, n. m. Raisin d'ours, uva ursi, plante que fumaient autrefois nos sauvages, faute de tabac. On entend souvent dire sacca- comi. Saccage, n. m. Grande quantité. Ex. Y a-t-il encore beaucoup de pom- mes dans le verger? — Oui, un saccage, il y en a pour les fous et les sages. * Sackcoat, cote, (m. a.) — Paletot sac. Sacrable, adj. Détestable. Ex. Un sacrable d'enfant, un sacrable de fou, une sacrable de bête. Sacrant, adj. Fâcheux, ennuyeux. Ex. Encore une mauvaise affaire, c'est-y pas sacrant f Sacre, n. n. — Diable. Ex. Veux-tu ben aller au sacre. — Avoir le sacre au corps, le diable. — Etre en sacre, en fureur. — Un temps du sacre, très mauvais. — Lâcher des sacres, sacrer. — Il y a du sacre là-dedans, du diable. — Il y en avait un sacre, une grande quantité. — Cest bon covime le sacre, très bon. Sacrement, adv. Très, beaucoup. Ex. Le temps est sacranent beau, aujour- d'hui. Sacré, e, adj. — Flambé, ruiné, perdu de réputation. Ex. C'est un homme sacré. DES CANADIENS-FRANÇAIS S^? Juron vulgaire. Ex. Sacré mâtin ! Sacrée bête ! Sacré chien ! Sacré tonnerre ! Sacrer, v. a. — Donner. Ex. Sacre-moi patience. Jeter, envoyer. Ex. Sacre-moi ce chien-là dehors. Sacre cette pipe-là à terre. — Sacrer le camp, déguerpir. Sacreur, euse, adj. — Qui jure, sacre. Sacraux, euse, adj. — Sacreur. Sacristi 1 — Juron sans conséquence. * Sale, sé/e, (m. a.) — Coffre-fort. Safre, adj. , Gourmand, glouton. L'Académie a rejeté sa/re, en 1877. Safrement, adv. Goulûment. Ex. Mange donc moins safremeiit. Safreté, n. f. Gloutonnerie, gourmandise. — Safreté se disait jadis. Sagamité, n. f. Pâte de maïs que mangeaient les sauvages. On dit, en plaisantant, sagamité ou de la sagamité, pour dire, au figuré, un mélange, comme une ollapodrida. Il paraît cependant, d'après l'abbé Cuoq, que ce mot n'a jamais été identique- ment un mot sauvage, et que celui qui s'y rapporte voulait dire autre chose. Sagamité serait une corruption de kijagamiie, qui signifie le potage est chaud. Il n'est pas surprenant que les voyageurs aient transféré la significa- tion au potage lui-même, comme les Anglais et les Américains, qui ont appelé nos calèches des ?narchedons. Sagamo, n. m. Chef de tribu indienne, et surtout de la tribu souriquoise ou micmacque. Ex. Le plus célèbre sagamo micmac s'ap- pelait Membertou. Il avait connu Jacques Cartier en 1535, vécut à côté de Champlain, en 1 605-1 606 et 1607, et mourut catholique en 1611. Saganer, v. a. Qui brise ses habits, les froisse à plaisir. Ex. Un enfant qui sagaîie ses hardes. Ce mot semble venir de sagon. 588 LE PARLER POPULAIRE dénomination primitive du sagouin, petit singe à longue queue. Sagant, e, adj. et n. m. Malpropre, peu soucieux de ses vêtements. En Normandie, on dit sagot. * Sage, sMj'e, (m. a.) — Sauge. Sagoter, v. a. Faire de mauvais ouvrage. D'après Cotg^rave, sagoter se disait dans le sens de heurter, secouer rudement. En France, sagoter veut dire mal travailler. En Normandie, un sagot est un homme malpropre. Sagoteux, euse, n. et adj. — Qui sagote, travaille mal. Sâguine, n. f. Sanguine, hématite, dont on fait les crayons rouges. Saignant, n. m. Morceau de bœuf saignant, peu cuit. Ex. Moi, j'aime mieux du saignant. Saincristie, n. f. — Sacristie. Sainsurin, n. m. — Périnée. Saint Epais, n. m. Homme grossier, ignorant, peu intelligent. Saint Jean, u. f. Chose sans valeur, popote. Ex. Ce n'est que de la Saint- Jean à côté de ce que je te vends. Saint Lambert, n. m. C'est aujourd'hm la Saint-Lambert, Qui quitte sa place, la perd. Excuse de ceux qui s'emparent de la place d'un autre. Saint Laurent, n. m. C'est aujourd'hui la Saint-Laurent, Qui quitte sa place la reprend. Réponse à ceux qui ont invoqué saint Lambert. Saint Pierre, n. m. Prendre S. Pierre Pour S. Paul, prendre une personne pour une autre. DES CANADIENS-FRANÇAIS 589 Sainte Accroupie, n. f. Femme qui fréquente beaucoup les églises, ou qui a l'habi- tude de s'asseoir sur ses talons. Sainte Bénite ! Invocation très usitée, comme nous disons : Mon Dieu ! Sainte Espérance, n. f. Patronne des emploj'és publics, la veille du jour oii ils reçoi- vent leur traitement mensuel. Sainte Nitouclie, n. f. Personne qui affecte des airs d'innocence. Sainte Touche, n. f. Patronne bien-aimée des ouvriers et des employés publics, le jour de la. paye, alors qu'ils touchent ou sont censés toucher leur salaire. Sainte vie. Employé pour afl5rmer ses dires. Kx. Jamais de sa sainte vie, il n'a dit la vérité. Saintuaire, n. m. — Sanctuaire. Saison, n. f. — Pièce de foin. Ex. J' ai une saison à faucher, d'ici à la fin de la semaine. — Une peaic de saison, peau d'animal tué durant la saison de chasse. Salaire, n. m. — Gages. Ex. Le salaire d'une servante. — Appointements, traitement. Ex. Le ^aAzzV*? des employés publics. — Solde. Ex. Le salaire des officiers. — Honoraires. Ex. Le la/azVé" des juges. — Vacation. Ex. Le salaire des avocats. — Pension. Ex. Le salaire des fonctionnaires retirés. — Courtage. Ex. Le salaire des courtiers. — Liste civile. Ex. Le salaire du roi. — Feux. Ex. Le Waï>f des acteurs. Salange, n. m. — Sel marin. Saler, v. a. — Frapper la balle de manière à ce qu'elle ne dépasse pas, à 5 go LE PARLER POPULAIRE son point d'arrivée sur le jeu, une hauteur d'environ un pied, marquée par un trait ou une barre horizontale. — Surcharger un client. Saleté, n. f. — Poussière de charbon ou autre. Ex. J'ai une salelé dans l'œil, ça me nuit pour voir. — Procédé grossier. Ex. Ce misérable m'a fait une saUtê. Saleux, n. m. et f. — Qui sale (T. de jeu). V. Saler. — Qui surcharge ses clients dans ses prix. — Qui sale beaucoup ses aliments. Salin, n. m. Mer ou eau salée du fleuve. Ex. Ça sent le salin^ le mau- vais temps n'est pas loin. Salir (se), v. pr. Faire ses besoins. Ex. Cet enfant s' est sali, qu'on y voie, au plus vite. Marie ! Marie ! Salissant, e, adj. Facile à salir. Ex. Une étoffe, une robe salissante. Salive, n. f. Paroles. Ex. Tu dépenses ta salive inutilement, parlons d'autre chose. Salle à dîner, n. f. — Salle à manger. * Saloon, lomie, (m. a.) — Salle de réception, salon, buvette. Salop, e, n. et adj. Homme immoral. N'est pas synonyme de salaud, homme malpropre. Saloperie, n. f. Corps étranger, poussière. Ex. J'ai les yeux pleins de saloperies. Salopin, n. m. — Enfant malpropre. Salouer, n. m. Saloir. Ménage a écrit qu'un salouer est un pot destiné à garder la viande salée. Salsepareille, n. f. — Aralie à tige nue. * Salve (lip), (m. a.) — Pommade pour les lèvres. * Sample, sammpl, (m. a.) — Echantillon. DES CANADIENS-FRANÇAIS 591 Sanctus (au), loc. Au centuple. Ex. Je te rendrai cela au sayictus. Sang, n. m. — Se faire du mauvais sang, se tourmenter. — Suivre au sang, poursuivre un animal blessé par les traces de son sang. — Mourir au bout de son sang, mourir d'hémorrhagie. — N'avoir plus une goutte de sang dans ses poches, avoir une grande peur. — Mon sang n'a fait qu^un tour, j'ai eu une grande surprise. — Tourner les sangs, affecter vivement au point de donner une maladie. — Hêmorrhagie de sang, hémorrhagie. Sang-de=dragon, n. m. — Sang-dragon. Sang=dragon, n. m. — Sanguinaire du Canada. Sang=gris, n. m. Mélange de vin ou d'eau-de-vie, de sucre et d'eau chaude. Sang=niêlé, n. m. — Métis. Sanriette, n. f. Sarriette, plante bien connue par l'usage qu'on en fait dans la préparation des mets. Sans cœur, n. m. Qui manque de gratitude. Ex. Tu es un sans cœur. Sangsue, n. f. Personne qui soutire de l'argent sous divers prétextes. Saouyane, n. f. — V. Savoyane. Saperlipopette! — Juron. Saperlottel — Juron. Sapin, n. m. — Etre rendu au sapin, arriver à la misère. Sapin blanc, n. m. — Sapin baumier. Sapin rouge, n. m. — Sapin d'Amérique. Sapi nages, n. m. pi. — Amas de branches de sapin. Sapinette, n. m. — Variété de sapin. Sapper, v. a. Faire claquer sa langue en buvant ou en mangeant. Sapré, e, adj. — Employé pour jarr/. Ex. Vinç^ saprée bête. Saprement, adv. — Beaucoup. Ex. Etre j(2^r<?W(?w/ intelligent. 592 LE PARLER POLULAIRE Saprer (se), v. pron. — Se moquer. Ex. Je me ^a^r^ de toi. Sapristi î — Juron familier. Saquerdié ! — Juron. Saquerdienne ! — Juron. Sarabande, n. f. Dégelée, volée de coups. Ex. Tu vas en attraper une sata- ba?idey mon petit sifiBeux. Sarabande était une danse très eu vogue aux XVII' et XVIir siècle. L'enfant qui reçoit des coups, danse, d'où l'expression. Sarabander, v. a. — Donner une sarabande. Sarcinette, n. f. Tissu de soie très léger et luisant comme la gaze, pour dou- bler les manches d'habit de cérémonie ou pour toute blouse de luxe. On disait autrefois sarcenet pour désigner une étoffe fabriquée chez les Sarrasins. Sardine, n. f. Mis en rang de sardines, disposé par rangées comme des sar- dines en boîte. Sarge, n. f . — Etoffe en laine croisée. Sargent, n. m. Sergent, serre-joint, instrument dont se servent les menui- siers pour tenir des planches serrées les unes contre les autres ou un encadrement de châssis. — Sergent, ofiûcier de l'armée. Sarpent, n. m. — Serpent. Sarpida, n. m. Bête inconnue. Ex. Avoir les cheveux ébourifflés comme un sarpida. — Enfant effronté. Sarsifis, n. m. — Salsifis. Sarvable, adj. — Utilisable. Sarvice, n. m. — Service funèbre. Sasaqua, n. m. Tapage, d'après Dunn, cri de guerre, d'après J.-G. Shea, et qui vive ! selon Hennepin. Celui-ci écrit sasacou^si. Sâsse, n. f. — Sas, tamis. * Sâssepanne, n. f. (Angl.) —Casserole. DES CANADIENS-FRANÇAIS 593 * Sassepinte, n. f. (Angl.) — Casserole. Sâsser, v. a. Cahoter, saboter, Ex. As-tu jamais été eu tombereau ? Si tu veux te faire sâsser, vas-y. Sâssure, n. f. — Ce qui a été sassé, passé au sas. Ex. Des sâss lires de charbon. * Satchel, n. ra., (m. a.) Sac de cuir ou d'étoffe, valise, porte-manteau. * Satine, n. f., (Angl.) Satinette, étoffe de coton offrant l'aspect du satin. Satinette, n. f. — Fiancée. * Satisfaire, v. a. Persuader, convaincre. Ex. Je suis satisfait que le journal de M. X. t'a rendu justice. (Angl.) Satré, e, adj. — Sacré. Sauce, n. f. Temps d'arrêt. Ex. Si tu veux m'en croire, nous arrête- rons chez Lavallé, nous avons le temps de prendre une petite sauce. Saucée, n. f. — Le fait de se faire mouiller par une forte averse. — Le fait de plonger sa plume dans l'encre, ou son pain dans la sauce. * Saucepan, sâce-pa7me , (m. a.) — Casserole. Saucer, v. a. — Plonger. Ex. 6aM<:^ ta plume dans l 'encre. — Tremper. Ex. Saucer son pain dans un liquide avant de le manger. — Echanger une carte de son jeu avec la carte qui retourne, au jeu de brisque. Saucer (se), v. pron. Se plonger. Ex. Vas-tu te baigner? — Oui, je vais me saucer bel et bien. Saucette, n. f. — Petite sauce, court temps d'arrêt. — Trempette. Saucier, n. m. — Saucière, pot à sauce. 38 594 LE PARLER POPULAIRE Saucisse, n. f. Ne pas attacher ses chiens avec de la saucisse, être économe de son argent. Saudit! — Juron équivalant à maudit. Saufre, prép. — Sauf. Ex. Je les ai tous pris, saufre deux. Saule, n. m. — Saule blanc. Sault, n. m. Saut. Ex. Le sault Montmorency, la rue ►Saw/Z-au- Matelot. La lettre / est de trop. Saut, n. m. — Faire le saut, mourir. — Faire le saut de la carpe, sauter très haut. — Un saut de crapatcd, fuir en sautant. * Saut=morissette, n. m., (Angl.) Corruption de l'anglais somerset, saut périlleux. Sauter, v. a. — Descendre. Ex. Nous avons jaw// les rapides de Lachine. — Sauter à pieds-joints, sauter les j ambes serrées l' une contre l'autre. Sautereau, n. m. — Vison. — Sauteux d'escalier. V. ce mot. Sauterelle, n. f . — Criquet. Sauteux d'escalier, n. m. Nom injurieux donné par les habitants aux jeunes citadins qui ne les insultaient que trop souvent dans les rues de Québec. (De Gaspé, Métnoires.) Sauvage, adj. — Timide. Ex. Mon enfant est sauvage, impossible de lui arracher un mot devant le monde. — Soulier sauvage, soulier non ressemelé. — Botte saiivage, botte non ressemelée, avec jambes longues. Sauvagine, n. f. Venaison. Ex. Donne-moi une tranche de sauvagine. (Cl.) Sauver, v. a. Epargner. Ex. y 2\ sauvé Q.Q.n\. piastres depuis deux mois. Savane, n. f . — Mûre de savayie. V. Mûre. DES CANADIENS-FRANÇAIS 595 Savaneux, euse, adj. —Marécageux. Savate, n. f. — Pantoufle, vieille ou neuve. — Réglisse en gros bâton. Savater, v. a. Saveter, gâter un habit, une robe, froisser. Savateux, euse, adj. — Qui savate ses habits. Savoie, n. f. — Pain de Savoie, gâteau de Savoie très riche en œufs et en sucre, qui se met sur la table d'honneur dans les grands dîners, plutôt comme ornement. — Pai7i de Savoie de 7ioce, gâteau très épicé, bien fourni de fruits confits, limon, etc. Savon, n. m. — Réprimande. Ex. Papa n'est pas content, j'ai peur d'at- trapper un savon. — Savon de France, savon fabriqué à l'étranger. — Savon du Pays, fabriqué chez les cultivateurs avec des graissages. Savonnade, n. f . — Réprimande sévère. Savonner, v. a. — Réprimander vertement. Savonnure, n. f. — Savon dissous dans l'eau. Savoyane, n. f. Coptide à trois feuilles, dont la racine sert à teindre en jaune, et la tige souterraine, appelée fil d'or, est recommandée pour la dyspepsie. Scabreux, euse, adj. — Volage. Ex. Une femme scabreuse. Scalper, v. a. — Détacher la peau d'un animal. * Scarf, (m. a.) — Grosse cravate. * Scarfer. (Angl.) Abouter deux pièces de bois par deux extrémités. Scène, n. f. — Décor. Ex. Une 5<:^;z^ de théâtre. * Scheme, skime, (m. a. Plan, projet. Ex. C'est un beau .îr^<?/«(? que tu me proposes, mais avant de l'entreprendre, je consulterai, j 'en parlerai à ma femme. * Schemer, — yneur, (m. a.) — Faiseur de projets. 596 LE PARLER POPULAIRE Sciable, adj. Qui peut être scié. Ex. Une bûche qui n'est pas sciable. Sciant, e, adj. Ennu^-eux, fatigant. Ex. Il me faut aller au comité des marchés tous les deux soirs, c'est sciayit. Scie, n. f. — Personne ennuyeuse à l'excès. Scie à raser, n. f. — Scie à araser. Scie=de=long, u. f. Scie qui sert à scier des billots en planches. Scie ronde, n. f . — Personne très ennuyeuse. Scier, v. a. — Ennuyer. Ex. En voilà un qui me scie à cœur de jour. — Railler. Ex. Je vais le scier, tu vas rire. — Scier le dos, ennu3'-er beaucoup. Scieux, n. m. — Scieur. * Scotch, (m. a.) — Whiskey écossais. — Hot scotch, un verre de whiskey chaud. — Scotch-reel, danse écossaise. V. Casserille. * Scotch=cap, (m. a.) — Bonnet écossais. * Scrap=book, (m. a.) Album à collection, à découpures de journaux. * Scrape, scrêpe, (m. a.) — Difficulté, guêpier, chicane. * Scraper, scrépeur, (m. a. ) — Grattoir. * Scréper, v. a. (Angl.) — Racler. * Screw, scrou, (m. a.) — Hélice, vis, écrou. * Scrip, (m. a.) — Titres, valeurs, inscription. Se, adj. poss. pi. — Ses. Ex. Se bottes, se hardes, se livres. — S'est. Ex. Il se fait tort. — Sept. — Sais. Ex. Je le se aussi bien que toi. * Seal, sîle, (m. a.) Manteau en loup-marin, piqué et teint. Sec, sèche, adj. — Froid. Ex. Ee temps est sec, ce matin, — Etre à sec, n'avoir plus d'argent. DES CANADIENS-FRANÇAIS 597 — Sec comme nord-est. Ex. Voilà du pain qui est sec comme nord-est, c'est-à-dire très sec. Sèche, adj. f. — Sec. Ex. Du pain sèche. — Tapé. Ex. Des pommes .y^r/i)?^. (Angl.) * Seconder, v. a. (Angl.) Appuyer. Ex. Veux-tu seconder ma motion ? * Secondeur, adj. (Angl.) Qui appuie une motion. Ex. Tu seras le ynoteur et moi le secondeur. Secouer, v. a. — Gourmander. — Secouer les puces, même sens. Secoupe, n. f. — Soucoupe. Secoupée, n. f. — Ee contenu d'une soucoupe. Secousse, n. f. Espace de temps. Ex. Ce système dure depuis une bonne secousse. V. Escousse. Secret, n. m. — Sorcellerie. Ex. Onénr an secret. Sectembre, n. m. — Septembre. * Section, n. f. — Article de loi. (Angl.) — Homme de section, homme qui travaille sur les voies fer- rées dans un parcours déterminé. Secundum, adj. Convenable. Ex. Ce que tu as fait là, ce n'est ^diS, seciaidum , c'est-à-dire, secundum regulam, suivant la règle. * Sécurités, n. f. pi. Garanties. Ex. La banque prête de l'argent, pourvu qu'elle ait des sécurités. (Angl.) Ségo, n. m. — Sagou. Segondement, adv. — Secondement. Segonder, v. a. — Seconder. Segret, n. m. — Secret. — Soigner du segret, avoir des remèdes secrets pour guérir toutes les maladies. Segré se disait. 598 LE PARLER POPULAIRE Segrétaire, n. m, — Secrétaire. Segrètement, adv. — Secrètement. Saigner, v. a. — Signer. Seigneurerie, n. f. — Seigneurie. Seillon, n. m. Sillon d'un champ de blé. Seillon et silloyi sont rapportés par Cotgrave. Seine, n. f . — Filet pour retenir les cheveux des femmes. Seleratusse, n. m. Poudre à pâte à base de bicarbonate de soude. Corruption de sal aeratus. * Self made man, (m. a.) Fils de ses œuvres, artisan de sa fortune. Selon, conj. Cest selon, cela dépend. Ex. Peut-être que nous irons nous promener, c'est selon. Cest selon comme tu en décideras. Semaine, n. f. La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, c'est-à- dire jamais. Semaine (sur). En semaine, un jour ouvrable. Ex. Célébrer une messe 57^r semaiyie. Semblance, n. f. — Ressemblance. — Apparence. Semblant, n. et adj. — A mo7i semblant, à ce qu'il me paraît. — Rieyi qu'un semblant, seulement pour dire. Sembler, v. n. — Ressembler. Ex. Baptiste semble plus à son père qu'à sa mère. — Me se7nble, il me semble. Ex. Tu devrais venir avec moi à la pêche, me semble. Sémedi, n. m. — Samedi. Semelle, n. f. — Semelle de bas, pied de bas. — Semelle de boite, mauvais bifteck, dur, trop cuit. DES CANADIENS-FRANÇAIS 599 sem*nces, n. f. pi. Semailles. Ex. Travailler aux sem*nces. Sèment, à s'ment. adv. Seulement. Ex. Je ne l'ai sèment pas vu. Il ne m a pas s'mejit regardé. Semer v. a. — Planter. Ex. Semer des patates. Séminariste (grand). -Ecclésiastique du grand séminaire. Séminariste (petit). -Elève du petit séminaire. Senellier, n. m. Aubépine ergot-de-coq. Appelé aussi culs-longs. Sénificatif, ive, adj. — Significatif. Sénifier, v. a. — Signifier. Senior, adj.— Père. Ex. Alexandre Tache, senior. Senoreau, n. m. — Individu plus ou moins vil. -^Dhmsens, à un certain point de vue. Ex. Ceci peut être vrai d'im sens, mais pas de l'autre. — Avoir du bon sens, être raisonnable. Ex. Ce que tu dis là, c'a du bon sens, c'est plein de bon sens. — Sans bon se7is, beaucoup. Ex. Boire sans bon sens. Sensibilité, n. f. j^„„:c Douleur. Ex. J'éprouve beaucoup de sensibilités, depuis que j'ai reçu un coup sur la jambe. Sensible, n. et adj. _ Côté sensible. Ex. Si tu sais le prendre par son sensible, tu réussiras avec lui. — Point douloureux. Ex. J'ai des sensibles par tout le corps. ... _ V^ui supporte mal la douleur. Ex. Cet enfant est sensible, il pleure pour un petit mal de rien. Sensud'sous, loc. Sens dessus dessous. Ex. Ne mets pas tout seiisud sous. Sentaine, n. f. , . j ci — Pli endroit. Ex. J'ai perdu la sentaine de mon fil. — Clef, explication. Ex. Je ne sais plus où j'en suis, j'ai perdu la sentaine de cette affaire. — Idée, mémoire. Ex. Perdre la sentaine en vieillissant. 6oo LE PARLER POPULAIRE Sent=bon, n. m. — Parfum. * Sentence, n. f. Recevoir sa sente7ice, entendre prononcer. (Angl.) Senteux, euse, n. m. et f. Fureteur, qui cherche à surprendre les secrets des autres. Sentiment, n. m. Odorat. Ex. J'ai un gros rhume, j'en ai perdu le senti- ment. Sentir, v. a. Endurer. Ex. C'est un homme impossible, je ne puis plus le sentir. — Sentir mauvais, devenir grave. — Ne pas sentir bon, même sens. — Annoncer. Ex. Chez vous ont fait boucherie, ça se7it les noces. Les coqs chantent, ça se7it le mauvais temps. Sept, adj. Sept a7is et sept carêmes, longtemps. Ex. Ça va être long, j'en ai pour sept a7is et sept carê77ies. En France, on dit sept ans pour un carême ; en Anjou, sept ans et U7i carême. Sépucre, n. m. — Sépulcre. Sèque, adj. f. Sèche. Ex. De l'herbe sèçiie, de la terre seque, de la morue seque. Baptiste Plourde demeure à la Pointe-.S"^^?^^. Sercher, v. a. — Chercher. Serein, n. m. Sur le serei7t, sur le soir. Sereine, n. f. Sirène. Ex. Cette femme chante comme une sereine. Sergent d'armes, n. m. — Massier. Seringle, n. f. — Seringue. Seringler, v. a. — Seringuer. Sermenter, v. a. — Assermenter. Seron, n. m. — Un homme peu intelligent. Serper, v. a. — Couper avec une serpe. Serre, n" f. Meuble pouvant servir à la fois de garde-robe et d'armoire à linge. DES CANADIENS-FRANÇAIS 6oi Serre (à), loc. Serré. Ex. Je te l'ai pris à serre ; monte l'horloge pas trop à serre ; bouche la bouteille à serre. Serre=Ia=poigne, n. m. — Econome à l'excès, très économe. Serré, e, adj . — Avare, très économe. Serrer, v. a. — Epargner, mettre à l'abri. Ex. Serrer le foin, les patates. — Serrer la poigne , économiser. — Serrer le grain, avoir peur. — Serrer les ouïes, serrer le cou, la gorge. — Serrer le screw, {scrou), se montrer sévère. Serrer (se), v. pron. Aller se serrer, partir. Ex. Va te serrer, c'est-à-dire va-t- en, et que je ne te revoie plus. Sersifis, n. m. — Salsifis. Cotgrave donne 5^r«)î. Servable, adj. Utile. Ex. Cet habit-là n'est pas servable. Servant, n. m. — Servant de messe, acolythe. * Servante, n. f. Servante générale, bonne à tout faire. (Angl.) Service, n. m. — Etre de service, prêt à rendre service. — N^être pas de service, incontrôlable, qui ne peut plus être utile. Ex. Un homme qui n'est pas de service, un meu- ble qui n'est plus de service. * Service civil, n. m. — Administration publique. (Angl.) * Servir, v. a. — Servir un viandat, signifier. — Servir zin te^-yne d' emprisonnement , purger une sentence. (Angl.) * Set, (m. a.) — Garniture. — Clique, parti. — Set de salon, ameublement de salon. — Set à coucher, ameublement. - Set de vaisselle, service de vaisselle. 6o2 LE PARLER POPULAIRE — Set de bijoux, parure. — Set d'afftis, association d'amis. — Set de coutemix, coutellerie. * Setter, — te7cr, (m. a.) — Chien d'arrêt. * Settler, v. a. (Angl.) Régler un compte. Ex. Si tu veux dire comme moi, nous allons settler. Seu, seux, adj. — Seuls. Ex. Restons tout ^^z^;i:. Seul, e, adj. — Peu communicatif, qui aime la solitude. Ex. Tu con- nais notre ami, tu sais qu'il est seul. — Par ses propres efforts. Ex. Cet enfant commence à marcher tout seul. — Ça parle tout seul, cela va sans dire. Seulement (en), loc. Seulement. Ex, C'est e7i seulement pour vous saluer, à la vôtre ! Seurment, adv. — Seulement. Seurouet, n. m. — Sud-ouest. Seurplis, n. m. — Surplis. Seurplus, n. m. — Surplus. Seurprendre, v. a. — Surprendre. Seurprise, n. f . — Surprise. Séverer, v. a. — Arpenter. Acadianisme. * Shabby, shabbé, (m. a.) Usé, râpé, fripé. Ex. Comme tu es shabby, as-tu perdu un pain de ta fournée ? * Shaft, (m. a.) — Arbre de couche, dans un bateau à vapeur. — Puits, dans une mine. — Arbre moteur, dans une usine. — Puisard d'un égoût. * Shake hand, cheqice han7i''de, (m. a.) Poignée de mains. * Shame, chême, (m. a. ) — Honte. * Shampoo, Poii, (m. a.) Massage, friction de la chevelure. DES CANADIENS-FRANÇAIS 603 * Shape, chépc, (m. a.) Forme, mine, carcasse. Ex. Une shape de chapeau. Cet individu a une drôle de shape. * Shaper, chéper. (Angl.) Habiller. Ex. Un individu drôlement shapé. * Sharp, (ni. a.) Précis, à la minute. Ex. Tu viendras à dix heures sharp. * Shave, chéve, (m. a.) — Se faire raser la barbe. Ex. Je viens de me faire shaver chez Drolet. — Se faire écorcher par un usurier. •* Shaver, veur, (m. a.)— Barbier, usurier. * Sheating, cheitiyi'ng, (m. a.) Doublure. Mot fréquemment usité chez les Acadiens. * Shed, n. f., (m. a.) — Appentis, hangar, remise. — Drill-shed, manège. * Shed à grains, n. f. (Angl.) Grenier. Acadianisme. * Shépe, chépe, (Angl.) Tournure, figure, forme. V. Shape. Shérif at, n. m. — Fonction de shérif. * Sherry, (m. a.) — Vin de Xérès. * Shine, chaîne, (m. a.) — Eclat, clarté, lustre. * Shiner, v. a., (Angl.) — Cirer les bottes. * Shineur, n. m., (Angl.) — Cireur de bottes. * Shipper, v. a., (Angl.) — Expédier. Ex. Nous allons shipper nos marchandises, cet après-midi. — Congédier. Ex. Shippe-mo\ au plus vite ce mauvais drôle. * Shire, (m. a.) —V. Chire. * Shirer, (Angl.)— V. Chirer. * Shireux, euse, adj. (Angl.) — V. Chireux. * Shirting, sheurtigne, (m. a.) Calicot, toile pour chemises. * Shocking, cho-ki7ig, (m. a.)— Fi ! quelle horreur ! 604 LE PARLER POPULAIRE * Shoe-claque, chou, n. m. (Angl.) Chaussure légère dont la semelle est en caoutchouc, et dont la forme est celle de la claque, V. ce mot. * Shop, chop, (m. a.) — Boutique, atelier. — Barber shop, boutique de barbier. * Short, chort, (m. a.) Court d'argent. Ex. Aujourd'hui je suis short, tu viendras me trouver demain. * Short bread, chorfbred, (m. a.) — Biscuit sec, très sucré. * Shut up, chût opp, (m. a ) — Taisez-vous ! Si, adv. — Si grand. Ex. Il n'a pas « tort qu'on le dit. — Aussi. Ex. Il ne fait pas si froid qu'on croit. Si. . . comme, loc. Aussi que. Ex. Il n'est pas si aimable comme son père. Siau, n. m. Seau. Ex. Il 7?iouille à siaux depuis le matin. * Side=board, saïde-bôrde, n. m., (m. a.) Garde-manger, armoire, buffet. * Siding, saïding, n. f., (m. a.) — Voie d'évitement. Siège, n. m. — Mandat. Ex. Notre membre a perdu son siège à la Chambre. (Angl.) — Siège de Québec. Ex. L'année du siège. (1759). Sièque, n. m. Siècle. Ex. Voilà bientôt un si'èque que je t'ai vu. Si fait, loc. Oui. Ex. Vous n'avez pas mangé depuis le matin? — Si fait. Siffle, n. m. — Sifflement. Ex. Je l'ai fait venir à^MVi. siffle. Siffler, V. a. — Boire. Ex. Siffler un verre de vin. — Souffler, au jeu de dames. — Dérober. Ex. Il m'a sifflé mon parapluie. Sifflet, n. m. Parole. Ex. Je lui ai coupé le sifflet. DES CANADIENS-FRANÇAIS 605 Siffleux, euse, n. m. et f . — Personne sans parole, sans cœur. — Pinson à gorge blanche. Silement, n. ra. Râle, provenant des bronches. Ex. ] 'ai des si/emenfs dans la gorge. Siler, V. n. — Râler. Ex. Ça me «7<? dans l'estomac depuis mon rhume. — Tinter. Ex. Les oreilles me ^zV^^z/. — Siffler. Ex. La balle est venue si/er à mes oreilles. Silon, n. m. — Sz/o?i d'une battetise, tambour batteur. Simple, n. m. et adj. — Echantillon. (Angl.) Sajuple. — Simple comme bonjour, très simple, très facile à com- prendre. — Simple comme ses pieds, comme un bonnet de nuit, très simple. Sin, n. m. — Signe, tache naturelle sur la peau. Sinature, n. f. — Signature. Sinaux, n. m. pi. — Signaux. Sine, n. m. — Signe. Siner, v. a. — Signer. Ex. Sais-tu siner ? Singe botté, n. m. — Laid et méchant. Singeard, e, adj. — Singeur, euse. Singeresse, n. f . — Femme maniérée, mijaurée. Singeux, adj. — Singeur. * Sink, n. m., (m. a.) — Evier. Ex. Verse l'eau dans le .îZ7/^. Sirer, v. a. Recevoir des titres honorifiques du roi d'Angleterre. Ex. Le maire de Québec a été sire à l'occasion du Tricente- naire. * Sirloin, seurloïn, n. f., (m. a.) — Surlonge. Sirop, n. m. — Sirop d^ érable, sirop fabriqué avec la sève de l'érable. — Sirop de mêlasse, de canne à sucre. Siroter, v. n. — Pleurer à tout propos. 6o6 LE PARLER POPULAIRE — Boire en dégustant, avec gourmandise. — Suinter, en parlant d'une pipe saturée de jus de tabac. Siroteux, euse, adj. — Ciroteux. — Sirupeux, qui a la consistance du sirop. Sirotte, n. m. — Sirop. Sirouenne, n. f. — Surlonge. — Emplâtre de gomme qu'on applique sur la partie malade. Sirurgien, n. m. Chirurgien. Sirurgien, rêsination, viecredi, se sont répandus dans le peuple un peu par la faute de Madame de Sévigné, qui, paraît -il, avait la tendance d'écrire comme l'on pro- nonçait de son temps. Site, n. m. Emplacement, terrain. Ex. Québec a des sites historiques remarquables. Sitôt comme, loc. — Sitôt que, dès que. Situation, n. f. Position, emploi. Ex. Le gouvernement a plusieurs situa- tions à donner, faisons application tout de suite. * Skating rink, skêting, n. m., (m. a.) Patinoir, rond à patiner, pavillon des patineurs. * Sketch, n. f., (m. a.) Esquisse, ébauche, croquis, plan, aperçu. * Sky=light, skaï-laite, n. m., (m, a.) Lucarne en tabatière, écoutille vitrée. * Slab, n. f., (m. a.) Dosse, planche que l'on enlève la première ou la dernière dans le sciage des arbres, et qui conserve son écorce. On prononce le plus souvent slap. * Slaque, adj. et n. m. (Angl.) — Diminué, en baisse. Ex. Les affaires sont slaqîies depuis quelque temps, — Relâché, faibli. Ex. Tire sur la corde, elle est trop slaque. — Lâcher le slaque, larguer l' amarre susceptible à^étr^ s laquée. * Slaquer, v. a. (Angl.) — Larguer. Ex. Slaque cette amarre, elle est trop tendue. DES CANADIENS-FRANÇAIS 607 — Lâcher, mollir. Ex. Il finira bien par slaquer si nous le serrons de près. * SIeepers, slipeursse, (m. a.) —Traverses de chemins de fer. * Sleeping=car, n. m., (m. a.) — Coupé-lit. * Sleigh, slê, n. f., (m. a.)— Traîneau. * Slice, slaïce, n. f., (m. a.) Tranche de pain, de viande, tartine de beurre. * Slide, slaïde, n. f., (m. a.) — Voiture formée d'une planche sur quatre roues. — Glissade. * Sling, n. f., (m. a.) —Ceinture. * Slip, n. f., (m. a.) — Cale, placard. * SHppers, n. f. pi., (m. a.) — Pantoufles. * Slush, sloche, n. f., (m. a.) Neige fondante. Ex. Marcher dans la slush quand le prin- temps arrive. * Smart, adj., (m. a.) Adroit, intelligent. Ex. Un garçon smari. S'mitière, n. m. — Cimetière. * Smoggler, v. a. (Angl.) — Frauder la douane. — Filouter. * Smoggleur, n. m., (Angl.) — Qui filoute. * Smoking, (m. a.) — Smoking-cap, bonnet grec, fez, toque. — Smoking room, fumoir. — Svioking, même sens. ■^ Snap, (m. a.) — Ginger snap, biscuit au gingembre. * Snaque, n. m. (Angl.) Excellent repas. Ex. Faire un bon snaque. * Snaquer, (Angl.) — Faire un 5?za^z^^. S'nelle, n. f. — Senelle, fruit du senellier. Snette (en), loc. — Dans les brindezingues. * Snock, sjioque, n. f., (m. a.) Tapette. Ex. Jouer à la snoque. Le colonel John Sewell prétendait que c'était un jeu français. De Gaspé dit que c'est un jeu anglais. 6o8 LE PARLER POPULAIRE S'noreau. — V. Senoreau. * Snug, s7iog, (m. a.) — Gentil, agréable, sûr en affaires. Soc, n. m. — Echinée. Ex. Un 5(?c de porc. * Socket, n. m., (m. a.) — Emboîture. * Soda, n. m., (m. a.) — Eau de Seltz. — Soda à pâte, carbonate de soude. — Soda à laver, carbonate de potase. — Soda-water , eau de soude. Soé, n. f. — Soif. Soie, n. f. Personne intelligente et très aimable, Ex. Holà ! la soie ! viens ici que je te parle ! Soignable, adj. Difficile à soigner. Ex. Il y a des personnes qui ne sont pas soignables. Soigneux, euse, n. m. et f. — Charlatan, guérisseur. Soin, n. m. Ne pas y avoir de soin, ne pas être inquiet. Ex. Y a pas de soin, tu sais, tu peux te servir de mon nom auprès du ministre. Soir, n. f. — Hier soir, hier au soir. — A soir, ce soir, à ce soir. Solage, n. m. Fondation. Ex. Construire des solages, par le temps qui court, ça coûte cher. Soldart, n. m. — Soldat. ^t^/ûTc??- se disait jadis. * Sole, sole, (m. a.) — Double sole, double semelle. Soleil, n. m. — Hélianthe annuelle dont la graine fournit une huile comestible. — Entre les deux soleils, entre le lever et le coucher du soleil. Solide, adj. Massif. Ex. Toutes mes argenteries sont en argent solide. Solider, v. a. Solidifier, consolider. Ex. Ce mur a besoin d'être solide. DES CANADIENS-FRANÇAIS 609 Solier, n. m. — Grenier, étage supérieur. Solitude, n. f. — Solidité. Soliveau, n, m. — Solive, petite solive. Sombrir, v. n. — S'assombrir. * Somerset, n. m. — De Vanglsiis somersazdi, culbute. * Somme, n. f. Problème d'arithmétique. Ex. La maîtresse m'a donné cinq sommes à faire. (Angl.) Son, n. m. Pisser dans le son, reculer par peur, renoncer à une entre- prise par crainte de l'insuccès. Sonder, v. a. — Ausculter. Ex. Le docteur m'a sondé, il m'a dit que mes poumons étaient bons. — Plonger au fond de l'eau pour en retirer des objets per- dus. — Sonder la charge, examiner si la charge est en bon ordre. Sondeur, n. m. — Vidangeur. — Plongeur. Songeard, e, adj. -Songeur, pensif, rêveur. Sonnable, adj. — Qui peut être sonné. Sonner, v. a. — Battre, maltraiter. Ex. Je vais te sonner, si tu ne te tais pas. Sonner (se), v. pron. Se faire mal en tombant. Ex. Je me suis sowié en culbu- tant sur la glace. Sonneux, n. m. — Sonneur. Sorcier, n. m. — Diable. Ex. Que le sorcier te charrie! J'ai un mal de dents du sorcier. Il y a du sorcier là-dedans. — Les sorciers de V Ile d' Orléans, les habitants. Sobriquet. — Mener le sorcier, faire le diable, tapager. Sorcière, n. f . — Trombe, C5'clone, bourrasque. Sorcilège, n. m. — Sortilège. Sorieusem*nt, adv. — Sérieusem*nt. 39 6lO LE PARLER POPULAIRE Sorieux, adj. Sérieux. Ex. Est-ce bien sorieux, ce que tu dis-là ? Sort, n. m. — Sorcier, diable. Ex. Il y a du sort là-dedans. — Malheur, mauvaise chance. Ex. Un homme qui jette des sorts. Sortable, adj. Possibilité de sortir. Ex. Il fait un temps de chien, ce n'est pas sortable. Sortant de, loc. — Immédiatement après. Ex. Je partirai sortant de souper. — En sortant. Ex. Nous partirons sorta?it de table. Sorte, n. f. Faire en sorte, tâcher. Ex. Fais en sorte de l'amener avec toi. Sorteux, euse, adj. Qui sort souvent. Ex. Moi, je ne suis pas sorteux, j'aime la tranquillité. Sortie, n. f. Discours inconsidéré. Ex. Ne fais plus de sorties comme ça, tu te fais tort. Sortir, v. n. — Publier. Ex. E'ami Romain va sortir un journal, la semaine qui vient. — Aller en soirée. Ex. Je ne sortirai pas, cet hiver, ça m'ennuie. — S'affubler, mettre. Ex. Je vais sortir mon castor, voilà le printemps. — Laisser sortir. Ex. Sortez-\o\xs, les livres de la biblio- thèque du parlement? — Non, mais nous les laissons sortir. — Venir de. Ex. Veux-tu un verre de vin ? — Merci, je sors d'en prendre. Il sort de sortir. — Faire sortir. Ex. Sortons nos chevaux de l'écurie. — Lancer, émaner. Ex. Sortir une lettre. — Sortir les pieds devant, être porté au tombeau. — Un 'j' a pas à sortir de là, il est certain. Sottereau, n. m. — Petit sot. DES CANADIENS-FRANÇAIS 6X1 Sottiseux, euse, adj. — Qui dit des sottises à tout propos. Sou, n. m. — Le sou de chance, le seul qui reste dans le gousset et dont on ne se départ pas. Sou, n. f. — Souille, loge à porc. Souberquet, n. m. — Sobriquet. Soubriquet, n. m. — Sobriquet. Souccer, v. a. — V. Chouler. Souci, n. m. — Sourcil. Soucisse, n. f. — Saucisse. — Sourcil. Soucisson, n. m. — Saucisson. Soucoupée, n. f. — Le contenu d'une soucoupe. Soudrille, n. m. — Mauvais soldat. — Tempête de neige subite. Soue, n. f . — Porcherie. Soué, n. f. — Soif. Souffle, n. m. Pousse. Ex, J'ai un de mes chevaux qui a le souffle. Souffler, V. a. — Souffler la chandelle, l'éteindre. — Souffler da7is le fusil, épreuve par où l'on fait passer les enfants, afin de trouver celui d'entre eux qui a commis un vol. Le coupable refuse de souffler dans le canon. Souff rable, adj . — Supportable. Souffrant, adj. — Endurant, patient. Ex. Cet homme n'est gnhre. souffrant, — Douloureux. Ex. J'ai eu la grippe, c'est une maladie soîiffrante . Soufré, e, adj. Phosphore. Ex. Des allumettes soufrées. Souhaite (àj, — A souhait. Ex. Il est heureux, lui, il a tout à souhaite. Souillonne, n. f. — Femme malpropre. Souincer, v. a. — Morigéner, réprimander. 6l2 LE PARLER POPULAIRE Soûl, adj. — Soûl mort-ivre, profondément ivre. — Soûl covinie dans les bo7ines années, même sens. — Manger à so7i chien de soûl, manger beaucoup. Soulade, n. f. Action de se soûler. Ex. Je te dis qu'au dîner d'hier soir, chez les Latreille, c'a été une soulade en règle. Soulager, v. a. Voler l'argent d'un autre. Ex. Pendant que je dormais, on m'a soulagé des cinq piastres que j'avais dans mon [porte- monnaie. Soûlerie, n. f . — V. Soulade. Souleur, n. f. Frayeur subite. Ce mot se disait autrefois pour solitude. R. Belleau. Soulever, v. a. — Soulever le cassotte, réprimander. — Soulever le train ^ même sens. Soulier, n. m. — Souliers de bœuf, bottes sauvages. — Souliers 7notcs, souliers fabriqués par les sauvages avec de la peau de caribou ou d'orignal. — Souliers à Viroquoise, bottes sauvages a3'ant la forme de souliers mous. Soûlon, n. m. — Soulard, ivrogne. Soûlot, n. m. — Soulard. Soupanne, n. f. — Bouillie de blé d'Inde. Soupe, n. f. — Soupe au lait, individu qui s'emporte facilement et se calme aussi vite. — Soupe à V ivrogne, soupe à l'oignon. — Manger la soupe chattde, se faire vertement réprimander. Soupirau, n. m. — Soupirail. Souple, adj. Moite, légèrement humide. Ex. L,e temps est souple. Souplir, V. a. — Assouplir. Soupoudrer, v. a. — Saupoudrer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 613 Souquer, v, a. — V. Chouler. Souqu'ser, v. a, — V. Chouler. Sour, prép. Sous. Ex. Castor, marche sozir la table. Sourain, n. m, — Un peu sourd. Souranner, v. a. — Suranner. Ex. \]n 'porc so2ira?i?ié. Sourceux, adj. — Rempli de sources. 'Eis.. Un terrain sourceiix. Sourd, n. et adj. Une personne sourde d'iaie oreille et qui n'' entend pas de l autre, un sourd complet. Sourd et muet, n. m. — Sourd-muet. Souricière, n. f. Fente pratiquée sur le devant du pantalon d'homme. Souris=chaude, n. f. Chauve souris. La Fontaine a dit souris-chauve. A Bayeux, on dit souris-gaiiguc. En Anjou, souris-chaude, comme en Canada. Sourlendemain, n. m, — Surlendemain. Sourlinguer, v. a. — Frapper avec des cordes. — Soîcrliyiguer le cassotte, morigéner. Sourouet, n. m. — Sorouet, sud-ouest. Sous, prép. — En. Ex. Je prendrai cette affaire sous considération. (Angl.) — Sauf. Ex. Sous votre respect. Monsieur. — Dans. Ex. 6bz« les circonstances, je dois dire oui. (Angl.) — En vertu de. Ex. Sous l'opération de cette loi. (Angl.) — Sous un jour d' avis, à un jour d'avis. (Angl.) Sous (par), loc. prép. Sous. Ex. Je lui ai donné un coup de fouet par sous le ventre . Sous=inain (en), loc. adv. Par des moyens secrets, détournés. Sous=veste, n. f. — Vêtement de dessous, espèce de veste. Sous=vêtements, n. m. pi. Vêtements de dessous, froc, caleçon. 6l4 LE PARLER POPULAIRE Soutenir, v. a. Soutenir la vue de quelqttc chose, pouvoir regarder quelque chose. Soutiendra, v. a. — Soutenir. Soutint, part. pass. Soutenu. Ex. Cet orateur ne s'est pas southit jusqu'à la fin de son discours. Souvent, adv. — Ne pas venir souveJit, tarder à venir. Souventefois, loc. adv. — Souvent. Vieilli, mais encore usité. Souvint, part. pass. Souvenu. Ex. Je m'en suis souviyit, comme si c'était d'hier. Souyer, n. m. — Soulier. * Span, span, n. m. et f. , (m. a.) — Paire de chevaux, travée, arche de pont. — Groupe de deux personnes. Spas ? — N'est-ce pas? Ex. Vous viendrez, 5/^5 .^ * Spécification, n. f., — Devis. (Angl ) Spéciau, adj. Train spécial. Ex. Je vais prendre le spéciau qui part à cinq heures tous les soirs pour Rimouski. * Spéculation, n. f. (m. a.) Exagération. (De Gaspé, A^iciens Canadiens, p. 267.) * Speech, n. m., (m. a.) Discours quelconque, harangue, remontrance. Ex. Notre professeur nous a fait un grand speech ce matin en classe. * Speecher, v. a. (Angl.) Discourir, haranguer. Ex. Le directeur nous a ^7J^^<;/i/^, hier soir, à propos de chatterie. * Speecheur, n. m. (Angl.) — Qui fait un speech. * Speed, n. f. (m. a.) — Fidl speed. V. Full. * Spencer, spenceur, n. m., (m. a.) — Corsage sans jupe. * Spère (de). (Angl.) De reste, de trop. Ex. N'aurais-tu pas une couple de piastres de spère f * Spînner, neur, n. m., (m. a.) — Ouvrier dans les filatures. * Spoke=shave, spôke-chéve, n. m., (m. a.) Plane allemande, outil de menuisier. DES CANADIKSS-FRAKÇAIS 615 * Sponge-cake, n. m., (m. a.) - Gâteau de Savoie. Sportique, adj. . ^ .- ^r Qui a rapport au sport. Ex. Des jeux sportzgues. * Spot, spoiïe, n. m., (m. a.) — Lieu. Ex. Je l'ai pris sur le s^ot. — Mouclie, au billard. * Spree, spri, n. m., (m. a.) Fête, noce. Ex. Prendre un spree. * Spring, n. m., (m. a.) , . . • Ressort, élastique. Ex. Une couchette a sprtng. * Snunk sèonk, n. m., (m. a.) . Coumge Ex. C'est un jeune Homme qui fera son chemin, il a du spunk. * Squall. n. m., (m. a.)- Coup de vent, grain. * Square, n. m., (m. a.) -Carré, place publique. ^"^Premlër 'de'riTheur dans des régions nouvellement colonisées. * Squaw, n. f. (m. a.) -Femme sauvage. * Staff, n. m., (m. a.) — Rédaction. Ex. Le 5/a#de la Pm5^. — Etat major. — Personnel. * Stase, slédie, n. m., (m. a.) . ^ • . -c> Omnibus. Ex. Allons prendre le 5/a^. à la barrière Samte-Foy ^ Stamo n. m. et f., (m. a.)-Timbre. timbre-poste. * Stand n. m. et f., (m. a.) -Poste de cocher, huiher, hippo- drome. . * Starch, n. f., (m. 2..-) -Corn siarch, amidon. * States, stéte, n. f. pi., (m. a.) Etats-Unis. Ex. Aller se promener dans les States. * State=room, n. f.,(m.a.)-Cabine. * Station, n. f., (Angl.)-Gare de chemin de fer. * Steady, steddy, adj., (m. a.)-Ferme, assure. * Steak, stéke, n. m., (m. a.) — Bifteck. * Steam, stîme n. f., (m. a.) — Vapeur. _ Steam-boat, n. m., bateau à vapeur. 6l6 LE PARLER POPULAIRE * Stèke, n. m. — Moyen, expédient. V. Estèke. * Step, n. m., (m. a.) — Saut. * Stew, stioii, n. f. (m. a.) Ragoût, gibelotte, matelote, étuvée. * Steward, n. m., (m. a.) Maître d'hôtel, commis aux vivres. * Stewardess, n. f., (m. a.) — Femme de chambre. * Stick, n. m., (m. a.) — Canne, bâton. — Composteur. * Stiff, adj., (m. a.) — Raide, inflexible, opiniâtre. * Stimer, v. a. (Angl.) Passer à la vapeur. Ex. Nous avons fait ^/zw*?;- notre linge. * Stimuleux, adj. m. — Stimulant. * Stock, n. m., (m. a.) — Faux col. Ex. Mon vieux, va à la grand' messe, et n'oublie pas de mettre ton stock. — Action de bourse. Ex. Je spécule sur les stocks de bourse. * Stocker, v. a. (Angl.) Assortir. Ex. Nous venons d'ouvrir un magasin, nous sommes bien stockés. * Stopper, V. a. (Angl.) Arrêter. Ex. Stoppe, l'ami, tu vois bien que ton chev^al est tout dételé. * Stoppeur, n. m. (Angl.) Bouchon. Ex. Si tu ne te fermes pas le bec, je vais te mettre un bon stoppetir. * Store, n. m., (m. a.) — Magasin, boutique. — Back-store, arrière-boutique. ' * Strappe, n. f. (Angl.) Lanière, mî^onuière, tirant, cordon, attache, cuir à rasoir, oreille de soulier, sous-pieds, courroie de transmission, Ex. De mon temps, à l'école, le maître jouait de la strappe. * Strapper, v. a. (Angl.) — Mettre une ^/ro/)/^. DES CANADIENS-FRANÇAIS 617 * Strike, straïke, n. m., (m. a.) — Grève ouvrière. * Strippeur, n. m. (Angl.) — Tilleur. * Strop, n. f., (m. a.) — Cuir à rasoir, à repasser. Strordinaire, adj. — Extraordinaire. Strordinairement, adv. — Extraordinairement. * Stud, steudde, n. m., (m. a.) — Bouton à manchettes. * Stuff, n. m., (m. a.) — Etoffe, matériaux. * Style, staïle, n. m., (m. a.) — Etre en style, être bien mis. * Stylish, adj., (m. a.) — Elégant. Su, prép. — Chez. Ex. Je vais aller su le voisin. — Sur. Ex. Il pleut su le toit du hangar. Subir, V. a. — Essuyer. Ex. Subir un refus. — Adopter. Ex. Projet de loi qTii subit une première lecture. Subpœna, n. m. Assignation, citation d'un témoin devant un tribunal de justice. Subriquet, n. m. — Sobriquet. Suce, n. f . — Biberon. Sucée, n. f. — Action de sucer. Sucer, v. a. — Soutirer de l'argent. Ex. Prends garde de te faire siccer ? — Sucer son pouce, se retirer d'une affaire sans avoir obtenu de profit. Sucette, n. f. — Petite suce. Suceux, euse, adj. — Suceur. Sucrage, n. m. Choses sucrées, dragées, confitures, sucrerie. Ex. J'aime ça, les S2icrages ! Sucrée, n. f . — Personne affectée. Sucrer (se), v. pron. Mettre du sucre dans son breuvage. Ex. Sucrez-vous, mon- sieur ? Sucrerie, n. f. Bois d'érables, érablière où se fabrique le sucre. 6l8 LE PARLER POPULAIRE Sucres, n. m. pi. — Le temps des suc?-es, la saison propre à la fabrication du sucre. — Aller aux sucres, prendre part à un parti de tire. — Travailler aiix sicc?-es, travailler à sa fabrication. Sucrier, n, m. — Fabricant de sucre d'érable. Suée, n. f. Corvée. Ex. Je viens de prendre une dure suée à travailler au delà de mes forces. Dans le Perche, le mot sîicée se dit pour suée. Suer, V. a. Essuyer. Ex. Quand j'étais jeune, tous mes frères et sœurs ont sîié la picote. Suerie, n. f. — Bain chaud suivi de transpiration. Suète, n. f. Suède, petit bois entre les paroisses de Sainte-Fo^^ et de l'Ancienne Eorette, traversé par un chemin dit route de la Suete, parce que la terre y est toujours humide. Suggérer, v. a. — Proposer, conseiller. Ex. On m'a suggéré de m' adresser au docteur D. Suggestion, n. f. Conseil, proposition. Ex. C'est à ma suggeslw?iqu.'i] a fait cela. Suggestion ne s'emploie qu'en mauvaise part, comme dans l'exemple suivant : Ne vous laissez pas influencer par les suggestions du démon. Suif, n. m. Sîiif de chandelle, graisse dont on fait la chandelle. Suiffé, e, adj.— Soigné. Suillier, n. m. — Soulier. Suir, V. a. Suivre. Ex. Nous l'avons fait suir par la police. Suisse, n. m. — Tamias rayé. Suisse barré, n. m. Collégien dont la capote est en drap bleu avec nervures blanches. * Suit, sioiUe, n. m., (m. a.) — Habillement complet. DES CANADIENS-FRANÇAIS 619 Suivant, prép. Selon. Ex. C'est sicivant ce qu'il me dira que j 'agirai. Suivez=moi, n. m. lyong ruban de soie ou de velours attaché au cou avec de longs pendants en arrière, dans la toilette féminine. Sujet, n, m. Cadavre. Ex. Aurez -vous bientôt des stijets pour disséquer ? * Sulky, solké, n. m., (m. a.) Voiture légère à deux roues, qui sert aux courses de chevaux. Sumeler, v. a, — Ressemeler. Stcmeler se disait jadis. Sumelle, n. f. Semelle. Ex. Je ne reculerai ^SiS à' \xn& sumelle, c'est-à-dire je demeurerai ferme. Sumelle est dans Cotgrave. Sumences, n. f. pi. — sem*nces, semailles. Sumer, v. a. — Semer. * Sundries, sonn'dréze, (m. a.) Diverses choses, divers, faux frais. * Sundry, somi'dré, (m. a.) — Divers. Suparbe, adj. Superbe. Ex. CrZ-tu qu'il fait beau! — Oui, un temps stiparbe. Supartitieux, euse, adj. — Superstitieux, euse. Supartition, n. f. — Superstition. Supéna, n. m. — V. Subpœna. Supartitieux, euse, adj. — Superstitieux. Supartition, n. f. — Superstition. Supaser, v. a. — Soupeser. Support, n. m. — Partisan. Supporter, v. a. — Subvenir aux dépenses. — Appuj-er le son influence. Ex. Je me présente pour les élections, vas-tu me supporter f Supposé, n. m. — Uii supposé que, en supposant que. Sur, prép. — Dans. Ex. J'ai lu5«rle journal du soir ; je demeure sur la rue du Roi. ,620 LE PARLER POPULAIRE — Sous. Ex. Agir sicr sa propre responsabilité. — X. Ex. J'ai deux chevaux ^z^r ma voiture. — Vers. Ex. Nous étions là sur les dix heures. — Dans le courant. Ex. Chanter des grand' messes sur semaine. Sur (par), loc. prép. Par-dessus. Ex. Passer par sur la clôture. Sûr, e, adj. et adv. — Certainement. Ex. Ils viendront sûr. — Pour le s2Îr, sûrement. Ex. Je te rejoindrai /^z^r le sûr. — Sîl-r et ce?-tain, très sûr. * Sure (to be), (m. a.) — A coup sûr. Sureau blanc, n. m. — Sureau du Canada. Surette, n. f. — Oseille. En France on dit surelle, surielle et suret. — Bonbon acide. Surfiler, v. a. Passer un fil à dos de cheval. Mode particulière de faufiler. Surjette, n, m. Surjet, point de couture qui sert à assembler deux lisières d'étoffe. Ex. Coudre en surjette. Surmonter, v. a. Se consoler. Ex. Pierre a un gros chagrin d'avoir perdu sa femme, il ne pourra pas surmonter ça. * Surprise party, n. m., (m. a.) Soirée imprévue, faite sans invitation. Ex. Nous organi- sons un surprise party pour Pâques chez madame Ixe. Surtout, n. m. — Habit des dimanches, redingote. Survenant, n. m. Personne qui arrive au milieu d'un banquet ou d'une réu- nion d'amis, sans y avoir été invitée, et qui dans nos campagnes, est toujours bien reçue. Survenu, part. pass. — Parent par alliance. V. Rapporté. Suscomber, v. n. — Succomber. Suse, susent, ind. prés, du verbe suer. Sue, suent. Ex. Les chevaux susent avec une si lourde charge à traîner. DES CANADIENS-FRANÇAIS 621 Suspec, adj. Suspect. Ex. C'est un gas qui est mal suspec, il faudra le surveiller de près. Sustance, n. f. — Substance. Suvenir, v. a. — Subvenir. * Sweater, soidteur, n. m., (m, a.) Gilet en laine tricotée, porté par les petit* garçons. * Sweep, souipe, n. f., (m. a.) Faire 7ine cleayi sweep, faire table rase. * Sweepeur, n. m. (Angl.) — Bala5-euse. * Sweet=briar, n. m., (m. a.) — Eglantier odorant. * Sweet=heart, n. m. et f., (m. a.) — Amoureux, amoureuse. * Swell, n. et adj., (m. a.) Fashionable, élégamment mis. Ex. Comme tu es swell, ce matin, vas-tu aux noces ? * Switch, n. f., (m. a.) — Aiguilles de chemin de fer. * Switcher, v. a. (Angl.) — Aiguiller. * Switchman, n. m., (m. a.) — Aiguilleur. Sycomore, n. m. — Erable sycomore. Système, n. m. — Constitution. Ex. Une maladie comme celle-là pourrait bien lui affecter le système. — Idée. Ex. Rafraîchir le sysûme. — Institution. Ex. Nous avons dans la province le système de jury. 622 LE FARINER POPULAIRE Tabac du diable, n. m. Jusquiame noire. Dans le comté de Kamouraska, on dit du tabac-diable. * Tabaconiste, n. m. (Angl.) Marchand de tabac. Un de nos plus détestables anglicismes, Tabagan, n. f . — V. Tobogan. Tabaquière, n. f. — Tabatière. Tabaquiérée, n, f. — I^e contenu d'une tabatière. Tabatière, n. f. — Petite boîte en métal où l'on met le tabac à fumer. — Porter la tabatière, priser du tabac. Tabélier, n. m. — Tablier. Tabilier, n. m. — Tablier. Table, n. f. — Oter la table, enlever les plats. — Défaire la table, même sens. * Table du temps, n. f. (Angl.) Indicateur, brochure ou feuille imprimée qui sert de guide sur les chemins de fer. Traduction de l'anglais time-table. Table tournante, n. f. Plaque tournante. Terme de chemin de fer. Table (petite), n. f. — Console, table de salon. — Guéridon, table ronde à pied central unique. Tablée, n. f. — Ensemble de personnes qui prennent un repas à la même table. 1 DES CANADIENS-FRANÇAIS 623 — Ensemble de personnes qui s'approchent de la sainte Table. Ex. Ce matin, à la messe de sept heures, il y a eu cinq tablées de communiants. Tac, n. m. — Tact. Ex. Avoir beaucoup de /a^r. Tachant, adj. v. Qui est facile à tacher. Ex. Ne mets pas cette robe au mauvais temps, tu devrais savoir qu'elle est bien trop tachante. Tache, n. f. — Tache de graisse, personne qui s'installe. — Tache d'huile, même sens. * Tack, n. f. , (m. a.) — Broquette. Tagne, n. f. — Teigne. Tague, n. f. Jouer à la tague, au chat. A ce jeu, l'un des joueurs pour- suit tous les autres, et aussitôt qu'il en a touché un, il s'écrie chat. Celui qui est chat poursuit les autres à son tour. V. Chatte, attaque. Taillage, n. m. Taille, action de tailler des habits, des arbres. Taille de robe, n. f. Corsage de robe, qui recouvre la partie supérieure du corps, des épaules à la ceinture. Tailler, v. a. — Couper. Ex. Je viens de me faire tailler un habit chez le tailleur. Tailler du pain. — Se faire tailler, recevoir une forte réprimande. Taire, v. a. Taire son bec, taire sa gueule, se taire, garder un secret. Tairir, v. n. — Tarir, mettre à sec. Ex. Ea sécheresse a fait tairir les ruisseaux. — Atterrir, prendre terre. Ex. Des pièces de bois qui viennent tairir au rivage. Talent, n. n. Aptitudes spéciales. Ex. IMes enfants ont beaucoup de talent. 624 LE PARLER POLULAIRE Talet, n. m. Tolet, fiche en bois ou en fer, fixée dans le plat-bord, et qui sert à recevoir l'erseau d'un aviron. T'a l'heure, adv. — Tout à l'heure. * Talk, tâke, n. f., (m. a.) Conversation, causerie. Ex. Avoir une talk avec un ami. Talle, n. f. Amas, certaine quantité. Kx. Une talle de bluets, de fraises, de framboises. Talon, n. m. — Avoir Vestomac dans les talo7is, avoir grande faim. — Montrer les talons, porter des bas percés aux talons. Talonnière, n. f. — Talon de bas. Tamarac, n. m. Mélèze d'Amérique. Nous l'appelons encore épiyiette rouge. Tambour, n. m. — Petite construction en bois qui sert d'abri avant d'entrer dans les maisons. — Mener tambour battant, mèche allumée, mener rudement. — Tambour basque, tambour de basque. Tambouret, n. m. —Tabouret. Tambourinage, n. m. — Action de battre. Tambourine, n. f . — Tambour de basque. Tambouriner, v. a. — Battre. * Tam=0'Shanter, (m. a.) — Calotte ronde, sorte de béret. Tamponne, n. f. — Grosse femme. * Tandem, n. m., (m. a.) — Attelage en flèche. Tandis, adv. — Tandis ce temps-là, pendant ce temps-là. * Tank, n. f., (m. a.) Réservoir, espèce de cuve carrée ou ronde pour garder de l'eau en réserve. Ex. I^es tanks à l'usage des locomotives, le long des voies ferrées. Tannant, n. et adj. Ennuyeux, importun. Ex. Un homme tannant, une affaire tan7iante. Tanne (à la), loc. Sans relâche. Ex. Je l'ai averti à la tanne, rien n'y fait. DES CANADIENS-FRANÇAIS 625 Tanner, v. a. — Ennuyer. Ex. Va-t-en, tu me taimes. Tannerie, n. f. Ennui. Ex. Quelle tannerie que de vivre ainsi à travers un monde insupportable ! Tanque, adv. Tant. Ex. M y ■3iX2i\\. Avi Viiouàs. tanque et plus . * Tansy, ta7i7i'zy, (m. a.) Tanaisie, plante à fleurs jaunes, d'odeur forte, et dont on confectionne un bonbon recommandé contre le rhume. Tant, adv. — Si. Ex, De ta7it loin que je l'ai aperçu. Tant (jusqu'à), loc. Jusqu'à ce que. Ex. Je l'attendrai j'usquà tant qu 'il vienne. Tant comme, loc. Autant que. Ex. J'ai de l'ouvrage tant comme je peux en faire. Tant pire, loc. adv. Tant pis. Ex. Tant pire pour toi, l'ami, si tu veux absolu- ment t' enfoncer. Tant qu'à, loc. — Quant à. Ex. Tant qu'à moi, j'j- consens. Tant que, loc. adv. Jusqu'à ce que. Ex. Ne parle pas tant que je te dise d'ou- vrir la bouche. Tant seulement, loc. adv. Seulement. Ex. Je vais prendre un verre tayit seickment pour vous saluer. Tantonnement, n. m. — Tâtonnement. Tantonner, v. n. — Tâtonner. V. ce mot. Tantons (à), loc. adv. — A tâtons. V. Tâtons. Taon, n. m. Grosse mouche qui suce le sang des gros mammifères. Tape=cul, n. m. Instrument de corroyeur, de tonnelier, de maréchal- ferrant. Tapé, part. pass. Bien fait, bien dit. Ex. Voilà un beau surtout, de l'ou- vrage comme ça, c'est tapé ! Tapée, n. f. Grand nombre. Ex. Une tapée d'enfants. 40 626 LE PARLER POPULAIRE Taper, v. a. — Taper dayis le tas, prendre au hasard. — Tape?- dans la main, avoir la même idée. — Taper dans les yeux, plaire, éblouir. — Taper là, l'affaire est réglée. — Taper de\r œil, dormir. — Taper sur le nez, confondre. Tapin, n. m. — Coup de la main. (De Gaspé, Mémoires.^ Tapis, n. m. — Tapis de piano, couverture de piano. — Tapis de vioquette, en moquette. — Tapis de tapisserie. (Angl.) Vient de l'anglais tapestry. Tapisserie, n. f. Papier de couleur couvert de dessins variés, que le tapisseur pose sur les murs et les plafonds des pièces d'une maison. Tapisseur, n. m. — Tapissier, qui pose la tapisserie. Tapoclier, v. a. — Taper en bousculant. Tapon, n. m. Paquet. Ex. Un tapo7i de laine, un tapon de guenilles. Taponer, v. a. — Prendre dans ses mains une chose pour la mettre en tapons. Ex. Taponer du mastic. — Mettre en paquet du linge sans aucun soin. Ex. Taponer une robe, une chemise, pour la mettre dans un tiroir de commode. * Tap=room, — roume, (m. a.) Estaminet, buvette de bas étage. Taque, n. f.— V. Tague. Taquinard, n. m. — Taquin. Taquineux, euse, n. m. et f. — Taquin, qui aime à taquiner. Tarabusquer, v. a. — Tarabuster, fatiguer, importuner. Tard, adv. — Pas tard, de bonne heure. Ex. Nous irons veiller chez vous ce soir, mais attendez-nous pas tard. — Stir le tard, dans la soirée, un peu tard. Ex. Tu viens un peu S7cr le tard, dix minutes plus tôt, tu aurais rencon- tré notre ami des Etats. DES CANADIENS-FRANÇAIS 627 Tarder, v. n. — Ne tarder que Vheure, être sur le point de. Ex. Il ne tarde que V heure d'arriver. — Tarder P heure, même sens. Tarèse, n. f, — V. Thérèse. Targetter, v. a. — Pousser la targette d'une croisée. Tarteau, n. m. — Petite tarte aux pommes. Tartine, n. f. Article de journal. Ex. Un journaliste qui sert des tarti- 7ies à ses lecteurs. Taruelle, n. f. — Truelle. Tas, n. m. Talon, au jeu de cartes. Ex. Pige dans le tas, ramasse le tas et brasse les cartes. Tasque, n. f. — Taxe. Tasquer, v. a. — Taxer. Tasqueux, n. m. — Taxeux. Tassage, n. m. — Action de tasser. Ex. Le tassage du foin Tasse, n. f. — La grande tasse, la mer. — Boire à la grande tasse, se noyer. Tassée, n. f. Contenu d'une tasse. Ex. Une /a^^/i? d'eau, de lait. Tassée est un vieux mot. Tasser, v. a. Serrer de près au cours d'un débat, d'une discussion. Tasser (se), v. pron. Se presser, se serrer les uns contre les autres. Ex. Allons, tassez-vous, les enfants, l'espace est étroit, il n'y a pas beaucoup à.' arce. Tasserie, n. f. Compartiment dans une grange où l'on tasse le foin qui )' a été déposé. Tàte=minette, n. m. Homme efféminé, qui fait des ouvrages de femme. Tatiller, v a. Tatillonner, s'occuper avec minutie des moindres détails. 628 LE PARLER POPULAIRE Tâtiner, v. a. — Tâter, manier très doucement. Tâtonner, v. n. — Hésiter à faire une chose. — Travailler comme un paresseux, ne pas avancer à l'ou- vrage. Tâtonneux, euse, n. m. et f. — Tâtonneur, qui hésite à entreprendre une besogne. — Oui travaille en paresseux, quitte son ouvrage, le recom- mence, et le quitte encore. Tâtons (à), loc. adv. Dans l'obscurité. Ex. Marcher à tâtons durant la nuit. * Tatting, n. m., (m. a.) Frivolité, espèce de dentelle, de broderie. Taupin, n. m. — Homme d'apparence dure et de forte stature, un lourdaud. — Il y a plus d'un bœuf qui s'appelle Taupin, il y a plus d'une personne qui porte le même nom. Tauraille, n. f. — Petite taure. Taux, u. m. Chiffre. Ex. Avez-vous calculé le tatix de la mortalité pour Tannée 1907 ? Tavelle, n. f. Lisière de coton o\\ de laine qui sert à border les robes. Tchèque, n. m. — Chèque. Té, adj. poss. pi. — Tes. Ex. Té pommes, té livres. — Tais. Ex. 7>'-toi. * Team, iime, n. m., (m. a.) — Attelage. Te Deum (chanter un). Remercier Dieu. Ex. Tu as réussi à obtenir un emploi du (gouvernement, tu peux faire chanter un beau Te Deum. * Teetotaler, ti-tô-té-leur, (m. a.) — Buveur d'eau, abstème. Teigne, n. f. Personne qui ne lâche pas d'un pouce, se colle aux flancs comme une teigne. — Personne très méchante. Ex. Ce gaillard-là est mauvais comme la teigne. \ DES CANADIENS-FRANÇAIS 629 Teindu, e, part. Teint, e. Ex. Je me suis teindu les cheveux. Télégraphe, n. m. Personne qui vote sous le nom d'une autre, la personnifie. Télégrapher, v. a. et n. — Télégraphier. Télescope, n. m. — Lunette d'arpenteur. Temps, n. m. — Ouvrage. Ex. Je vous donnerai une piastre pour votre temps. — Salaire. Ex. Votre teinps commencera à courir depuis ce matin. — Heures ou jours de travail. Ex. Oui est-ce qui va tenir le temps des hommes ? — En temps que, dans le temps que. — Faire tous les temps, tempêter. — En un rien de temps, dans le temps de le dire. — Avoir du bon temps, avoir des loisirs. — Il y a de la pluie da?is le temps, la pluie est menaçante. — Le temps est écho, il y a beaucoup d'écho. — La dureté des temps, affaires mauvaises. — En temps, à l'heure. Ex. Le train est-il en temps ? — Gfos temps, tempête. (Casgrain, Jongleuse.) — Teiiir le temps, ne rien négliger. — Un coup de temps, une tempête subite et forte. — Un bout de temps, un certain temps. — De temps en temps, de distance en distance. Ex. Com- mis, avez-vous de l'indienne à fond bleu, avec des petit* picots noirs de temps en temps '^ — U71 temps mort, lourd. — Un temps bas, couvert. — Le petit temps, la prime jeunesse. — // est grayid temps, il est urgent. — Le temps d^aller, de se retourner. — Jusqu'à temps que, jusqu'à ce que. — A temps, un temps convenable. — Un temps fut, autrefois. — Il y a beau temps, il y a longtemps. 630 LE PARLER POPULAIRE — Prendre le iefnps comine il vient, savoir se plier aux cir- constances. Tendre, adj. Sensible. Ex. Tu ne sais pas ce que je suis tendre 2M froid. Tendre, v. a. — Tendre une pêche. Tendresse, n. f. Tendreté ; qualité de ce qui est tendre, en parlant des viandes. Ténèbres, n. f. pi. Office des ténèbres. Ex. J 'ai assisté aux Té7iebres, hier, à la Basilique de Notre-Dame. Tenir, v. n. S'y tenir sans relâche. Ex. Voilà un bon travaillant, il tiejit à son ouvrage. * Tennis, n. m., (m. a.) — Jeu de paume. Tentatif, adj. Tentant. Ex. Aller se faire battre au jeu, ce n'est pas tentatif. Tenture, n. f. Disposition des pièges destinés à capturer les animaux des bois. Téribe, adj. — Terrible. Térif, n. m. — Tarif. Térir, v. a. Tarir. Ex. Nos vaches //rmf;z/ d'une journée à l'autre. Terme, n. m. — Session. Ex. Sais-tu quand commence le tenue de la cour supérieure ? (Angl.) — Durée d'office. Ex. Le gouverneur finira son terme l'an prochain. (Angl.) — Parler e7i termes, tenir un langage maniéré, à la façon des Précieuses. Ternuche, n. f . — Eternuement. Terra cotta, n. f. — Terre cuite. Ex. Un buste en terra coita. Terrain, n. m. — Terrain des vaches, sol. — Etre sur les terrains, sur les lieux. (Angl.) DES CANADIENS-FRANÇAIS 63 1 Terre, n. f. — Plancher, parquet. Ex. Baise la terre, méchant enfant. — Terre neuve, terre non défrichée. — Faire de la terre, défricher. — Terre noire, terreau. — En terre, sur terre. Ex. Il n'y a pas d'homme plus malheureux en terre que lui. — Il fait noir comme terre, l'obscurité est très profonde, on n'y voit absolument rien. — Trojiver terre, atteindre le fond de l'eau avec une rame. Terrir, v. a. — Atterrir. Ex. Du fumier /é'rr/. V. Tairir. Terroué, n. m. Terreau. Ex. Si tu veux avoir de belles fleurs, ajoute du tcrroîié. Teruelle, n. f. — Truelle. Tête, n. f. — Ne pas avoir de tête, manqzier de tète, manquer d'intelli- gence. — Perdre la tête, ne savoir plus que faire. — Se casser la tête, se fatiguer outre mesure. — La tête me fciid, j'ai un gros mal de tête. Tête de pioche, n. f. Personne entêtée, enfant têtu qui n 'écoute personne. Tête d'oreiller, n. f. Taie, sac de linge qui enveloppe un oreiller. Tête en fromage, n. f . — Hachis de porc frais, têtes et pattes. Têtes d'anguilles, n. f. pi. Sobriquet donné aux habitants de la petite rivière Saint- François. Teurdre, v. a. Tordre. Ex. Cela me teurd l'ambition ; cette colique me tenrd le ventre. Teurse, part. pass. f. Torse. Ex. Cette corde est trop teurse, déteias-lo.. * Thanks=giving, n. m., (m. a.) Actions de grâces. Ex. Le 26 octobre sera, cette année, le jour du thanks-giving. 632 LE PARLER POPULAIRE Thé, 11. m. — Petit thê, thé de Gaulthier. — Thê canadien, spirée à feuilles de saule. * Thébord, n. m. (Angl.) — Plateau. De l'anglais tea-bord. * Thépot, n. m. (Angl.) — Théière. De l'anglais /(?a-/(?A Théquière, n. f. — Théière. Thérèse, n. f. Coiffure fourrée pour l'hiver, à l'usage des femmes. Thétière, n. f. — Théière. * Thrash, n. m., (m. a.) — Moulin à battre. — ■ Ouvrage mal fait. — Marchandises non vendables. Ti. Vo2cs avez-ti été là-bas f Est-ce que vous avez été là-bas ? Tiaude, n. f. Mets composé d'un rang de morue fraîche, d'un rang de tranches de lard, superposés alternativement, et qu'on fait étuver. (De Gaspé, Anciens Canadiens.) * Ticket, ti'ket, n. m. et f. , (m. a.) — Etiquette. Ex. Une ticket sur une bouteille. — Bulletin. Ex. I^e ticket d'un candidat. — Return ticket, billet d'aller et retour. — Ticket-office:, bureau de billets. * Tidy, taï-dé, n. m., (m. a.) — Dessus de fauteuil. * Tie, tai, n. m. et f., (m. a.) — Egalité de voix, partie égale. Ex. En 1878, un candi- dat brigua deux fois les suffrages des électeurs, et chaque fois il eut un tie. — Traverse en bois oii l'on pose les rails. Ex. Ça me fatigue beaucoup de sauter d'une tie à l'autre. Tienbendu, part. pass. — Tenu. Tienbondu, part. pass. — Tenu. Tiendre, v. a. — Tenir. Tiendu, part. pass. — Tenu. Tieue, n. f. Queue. Ex. Oui a pu couper la tieue de mon chien ? DES CANADIENS-FRANÇAIS 633 Tiger, v. a. — Pousser des tiges. * Tight, tai-te, (m. a.) Serré, gris, à moitié ivre, raidi, tendu, justaucorps. Tignasse, n. f. — Laine, filasse mêlée. — Chevelure en désordre et emmêlée. Tigue, n. f. — Doloire à l'usage des tonneliers. Tille, n. f. Petite hache dont se servent les couvreurs en bardeaux. Timber, v. n. — Tomber. Ex. Prends garde de iiniber'. * Time=keeper, taïme-kipeur, n. m., (m. a.) Surveillant, contrôleur. * Time=table, tébl, n. m., (m. a.) Indicateur, tableau des heures. Timeur, n. f. — Tumeur. Tinette, n. f. — Cuvette où l'on met le beurre, le poisson en provision. Ex. Une tinette de sardines. — Ne pas preiidre goût de tmette, ne pas prendre de temps à se faire. — La recette, c'est la tinette, secret du succès dans l'art culi- naire. Tinettée, n. f. — Plein une tinette. -f Tinque, n. f. (Angl.) — Réservoir. V. Tank. Tint, part. pass. Tenu. Ex. J'ai ti7it le cheval par la bride. Tinton, n. m. — Tintement. Ex. Nous partirons pour la grand' messe au dernier tititon. — Tintouin. Tipsy, se, adj., (m, a.) — Gris, ivre. * Tip top, adj., (m. a.) — Excellent, de premier ordre TTiquette, n. m. (Angl.) — V. Ticket. * Tiqueter, v. a. (Angl.) — Etiqueter. Tirage, n. m. — Action de traire la vache. Tiraille, n. f. Tirant, nerf dans la viande de boucherie. 634 I.E FARINER POPUI,AIRE Tirant, n. m. — Aurore boréale. — Trait, longe de cuir, avec laquelle les chevaux tirent. Tire, n. f. — Tirage. Ex. La tire de la cheminée. — Trait, action de tirer. Ex. Il 3- a de la tire pour monter la côte. — Bonbon fait avec du sucre ou du sirop, avec consistance plus ou moins molle. S'appelle rhumqici-ii aux îles de Saint-Pierre et Miquelon. Maurice Caperon, dans Chasses et Pêches aux îles Saint-Pier7-e et Miquelon, dit : « Vers le milieu, l'isthme se rétrécit et s'amincit comme un bâton àe. rhiimquin. ^^ En note : ('Espèce de bonbon que les ménagères Saint- Pierraises font avec de la mélasse. •» La mélasse étant proche parente du rhum, le mot rhtnnquiii s'explique facilement. Tire=polnt, n, m. — Tiers-point, petite lime triangulaire. Tire=poîS, n. m. Sarbacane, long tuyau qui sert à lancer, en soufûant, des pois oti autres petit* projectiles. Tirer, v. a. — Se diriger. Ex. Tire sur la droite ! Tire à hue ! Tire à dia! — Traire. Ex. Marie, va tirer la vache. — Lancer, ruer. Ex. Ne tire pas de pierres comme ça. — Faire. Ex. Nous allons tirer une course tous les deux. — Tirer du grand, trancher du grand. — Tiixr aux ca7'tes, tirer l'horoscope. — Tirer la langue, être pauvre. — Tirer le diable par la queue, vivre misérablement. — Tirer une carotte, carotter, escroquer. — Tirer la couverticre de son côté, accaparer. — Tirer qiiclqne chose de sa poche, inventer. — Tirer sur, avoir de la ressemblance. Ex. Cette couleur tire sur le bleu. — Tirer ati renard, jeu d'enfants. — Tirer au bout, tirer à la fin. DES CANADIENS-FRANÇAIS 635 — Tirer par les cheveux, exagérer. — Tirer à la loterie, tirer au sort. — Tirer aux poig7iets, jeu de mains. — Tirer un portrait, photographier. — Ça tire. Il y a des difficultés à résoudre des deux côtés. — Tirer de long, apporter du délai, retarder. Tiretaine, adj. Gêné dans ses vêtements. En France la tiretaine est le nom de plusieurs étoffes anciennes en laine ou mélajigée ou pure. Nous disons d'une personne que ses vêtements semblent étouffer, qu'elle est tiretaiyie. Tireur, n. m. — Tiretir de portraits, photographe. Tiribe,' adj. —Terrible. Ex. C'est-y pas tiribe f Tirif, n. m. — Tarif. Tirine, n. f. —Terrine. Tirinée, n. f . — Terrinée. Tiroué, n. m.— Tiroir. Tisonner, v. a. Agacer quelqu'un comme pour le faire fâcher, de même qu'on tisonne le feu pour l'activer. Tissure, n. f . — Fil de trame. Yit^ adj. — Petit. Ex. Un pauvre tit enfant. * Titfortat, loc, (m. a.) Un prêté pour un rendu, à bon chat bon rat. Titi, n. m. —Petit. Titite, n. f. — Petite. * Toast, n. f., (m. a.)— Tranche de pain rôti. * Tobogan, n. f., (m. a.) Traîneau pour glisser, de fabrication indienne. Tocson, ne, n. m. et f. — Grossier, vulgaire. — Bœuf ou vache qui n'a pas de cornes. * Toddy, n. m., (m. a.) — Grog. * Toffy, n. m., (m. a.) — Caramel au beurre. Togue, n. m. — V. Tuladi. Toile, n. f. Faire de la toile, perdre connaissance ou à peu près. 636 LE PARLER POPULAIRE Toilette, n. f, — Replis du péritoine qui tiennent les intestins en place. — Avoir la toilette décrochée, souffrir de douleurs intes- tinales. — Papier de toilette, papier de latrines. (Angl.) Toiletter, v. a. Habiller quelqu'un avec un grand luxe, l'affubler de ses plus beaux habits. Toiletter (se), v. pron. — Faire sa toilette. Toiletteux, euse, n. et adj. — Qui se toilette beaucoup. — Vaniteux, * Token, n. m,, (m. a.) — Jeton. Tôle, n. f. Sou. Il existait autrefois, à Québec, des sous taillés dans des feuilles de tôle. C'est avec ces sous que les habitants pa3-aient les barrières. D'où le mot ^//^a/^. Kx. Peux- tu me prêter une piastre ? — Impossible, je n'ai plus une tôle. Tôlée, n. f. Le contenu d'une lèchefrite en tôle, de dimensions variables. Tôler, V. a. Tôler 7171 poêle, l'entourer de tôle, afin de préserver l'enca- drement de la chaleur trop vive. Tôleur, n. m. Tôlier, qui travaille la tôle, qui tôle les poêles. * TolUgate, tôle-gaite, n. f., (m. a.) — Barrière de péage. Tombe, n. f. — Pièce de bois dans un piège à castor. Tomber, v. n. — Arriver juste. Ex. Tu ne pouvais pas mieux to77iber, j'ai un bon dîner à t' offrir. — Arriver. Ex. As-tu su la grande nouvelle ? le Mercredi des Cendres, cette année, to7)ibe le dimanche. — To77iber d' 1171 i7ial, être frappé d'épilepsie. — Tott^ber dessus, bien tomber. — To)7iber dessus qiielqîi 'u7i, le maltraiter. — To77iber daris r œil, plaire. DES CANADIENS- FRANÇAIS 637 — Tomber de Veau, uriner. Tomberée, n. f . — Plein un tombereau. * Tombleur, n. m. (Angl.) - Grand verre. Tonde, n. m. Amadou. Ex. Passe-moi du tonde pour allumer ma pipe. En France, tonde est féminin. De l'islandais tundr, allu- mer. Tondeur, n. m. — Tondeur d'œnfs, tracassier. Tondreux, euse, adj. , j ■ Qui a la consistance du tonde. Ex. Ce navet est tondreux. Tondrière, n. f. Endroit où le tonde est en abondance. Tondu!— Cr^' tondu ! Exclamation de surprise. Tonne, n. f.— Tonneau. Ex. Une ^7i«^ de vin. Tonnerre ! — Tonnerre d' un nom ! — Tonnerre de Brest ! — Cré tonnerre ! Espèce de juron pour exprimer l'étonne- ment. Ton quien. ,, . . , , Le tien. Ex. Ce canif-là, c'est-y ton qiaen? — Om, c est 7no7i 7nicn. Toque, n. f. Morceau. Ex. Une toque de tire. — Petit arbuste qui fournit une capitule garnie de piquants que les enfants se lancent par la tête. C'est la scutellaire en casque. Toquer, v. a. , . . , — Frapper de la tête. Ex. Un beher qui toque. — Cogner fort. Ex. Le cœur me toque. Toquer (se), v. pron. — S'enthousiasmer pour quelqu'un ou quelque chose. — Devenir pensif. Toquet, u. m. —Taquet. Torcher, v. a. — Torcher un plat, le nettoyer. — Torcher la gueule à quelqu'un, le frapper au visage. 638 LE PARLER POPULAIRE — Affaire bien ou mal torchée, bien ou mal faite. Torcher (se), v. pron. Se résigner, prendre son parti d'une perte, d'un échec, Ex. Tu pensais qu'il allait te payer, mais tu peux aller te tor- cher. Torchette, n. f. — Papier de latrines. — Net comme torchette, V. Net. Torchon, n. m. — Flocon. Ex. Des torchons de neige. — Personne malpropre, une Marie Torchon. — Torchon de vaisselle, de cuisine. — Se donner U7i coup de torcho?i, se battre. — Servir de torchoîi, faire une besogne que personne ne veut faire. Torchonner, v. a. Faire de la mauvaise besogne, sans soin et souvent malpro- prement. Tordeuse, n. f. Essoreuse, instrument pour tordre le linge après qu'il a été lavé. Tord=noni, n. m. — Cré tord-nom ! Juron. Tord=vice, n. m. — Juron. Torgnolle, n. f. Soufflet porté à la tête. Ex. Je lui ai allongé une torgnolle qui peut compter. Dans le Berr^', on dit également tor- g7iolle. Ailleurs, on dit torfiiolle pour soufflet qui fait tourner la tête ; en Normandie, iorgniole, soufflet. Torniole, n. f.— V. Torgnole. Torquette, n. f. Bloc de tabac pressé, à l'usage des chiqueurs. Ex. Passe- moi ta torquette que je prenne une chique. — Ficher la torquette, jeter un sort, un maléfice. (T. de chasse.) Torrieu ! Juron qui serait blasphématoire, si les mots qu'il renferme n'étaient pas défigurés. DES CANADIENS-FRANÇAIS 639 Tort, n. m. — Etre dans son tort, avoir tort. — Se 7?iettre dans S07i tort, même sens. Tortiller, v. a, — Tortiller dii derrière, marcher en tournant à droite, à gauche. — Il n^y a pas à tortiller avec lui, il n'y a pas de détours à prendre avec celui-là. Tortillon, n. m. — Gâteau en forme de couronne. Tortu=bossu, n. m. — Tortillé irrégulièrement. — Homme contrefait. * Touch, ierctsche, n. f., (m. a.) — Qualités éprouvées, trait, coup de pinceau. — Habileté. Ex. Je ferai faire cet ouvrage par Pierre, il a la touch pour cela. Touche, n. f. — Petite baguette en bois pour permettre aux enfants de suivre la ligne en lisant. — Tirer une touche, fumer la pipe. — La Sainte-Touche. — V. Sainte-Touche. Touche=à=tout, n. m. Personne qui met la main partout en furetant. Toucher, v. a. — Faire avancer un cheval attelé. Ex. Totiche un peu, cocher, je suis pressé. — Cela s'appelle touchez-y pas, inutile d'essayer d'obtenir une chose. — Touches-là ! il «V« sera rien, pour dire qu'on ne veut pas faire une chose, parce qu'on a coutume de retoucher dans la main pour conclure un marché ou en signe de bienveillance. (Fur.) Toucheux, n. m. Toucheur. Conducteur des chevaux ou des bœufs qui labourent ou hersent. Touée, n. f. Prendre de la touée, prendre de la liberté, de la latitude. 640 LE PARLER POPULAIRE * Tough, teiif, adj., (m. a.) — Epineux, diflficile. — Dur, grossier, Ex. Les gars des chantiers sont tous des toicgh. Toujours, adv. — Toujours est-il, toujours est-il vrai. Ex. Toîijours est-il que je suis arrivé à faire quelque chose. Cette forme est condamnée par Evan Martin, dans le Courrier de Vau- gelas. — En vérité. Ex. Je n'ai toujours jamais vu une chose pareille. Toujous, adv. Toujours. Ex. Tojijous est-il que j'ai fini par m'embêter dans ce voyage. Toupet, n. m. — Toupet fâché, cheveux en désordre. — Une partie de toupet, une chicane en règle. — Avoir U7i toupet d'eti/er, une audace peu commune. — Se prendre aîi toîipet, se battre. — Se faire arrajiger le toupet, se faire morigéner. Toupette, n. m. — Toupet. Toupetter, v. a. — Faire le toupet. Toupie, n. f. Femme agitée et hargneuse. Ex. Ne me parle pas de la mère Ango, c'est une vieille toupie. Toupinage, n. m. — Action de toupiner. Toupiner, v. n. Toupiller. Tourner sur soi-même comme une toupie, c'est- à-dire ne rien faire tout en ayant l'air de faire beaucoup. Le toupin, en France, est le sabot ou toupie que l'on fait tourner à coups de fouet. Toupineux, euse, adj. et n. — Oui toupine. Tour, n. m. — Occasion favorable. Ex. Peut-être trouverai-je le totir d'aller vous voir. Moyeu, manière. Ex. Oui connaîtrait les /f?i^r.y, ou prendrait ^ les loups. DES CANADIENS-FRANÇAIS 64I Tour=de=cou, n. m. Espèce de boa en fourrure, qui entoure le cou. Tour de crasse, n. m. Canaillerie. Ex. Jouer des tours de crasse. Tour de Jarnac, n. m. — Coup de Jarnac. Tour d'ongle, n. m. — Tourniole. Tour de reins, n. ni. Douleur forte dans la région des reins, occasionnée par un mouvement brusque et faux. Tour de soleil, n. m. — Tournesol. Tourbentine, n. f. Térébenthine. Tourbentine se disait autrefois. Tourlour, n. m. — Individu à allure bizarre. Tourloute, n. f. — Sorte de béret d'enfant. Tourmaline, n. f. — Toque ronde et plate. Tourmentine, n. f . — Térébenthine. Tournailler, v. n. Aller dans un sens et dans un autre. Toicrnaille signifiait courbe, d'après Cotgrave. Tournâilleux, euse, adj. Qui tournaille, va et vient à droite et à gauche. Tourne, n. f . — Retourne, aux cartes. Tourne=avis, n. m. — Tourne-vis. Tourne=clefs, n. m. — Guichetier. Tourne=soIeil, n. m. — Tournesol. Tournée, n. f. Quête, collecte. Ex. Les marguilliers vont faire une tournée pour les pauvres de la paroisse. — Promenade. Ex. Où est votre mari, madame? — Il est parti en tournée dans les paroisses voisines. Tourner, v. a. — Retourner. — Tourner et ratourner, user de nombreux détours avant de se décider. — Tourner autour^ hésiter, balancer. — Tourner autour du pot, même sens. Tournette, n. f. — Dévidoir. 41 642 LE PARLER POPULAIRE Tourniquet, 11. m. — Poteau vertical au sommet duquel sont fixées des cordes qui retombent à hauteur d'homme, que les gymnastes saisissent et au moyen desquelles ils tournent en sautant. — Vire-vire, remous, tournant où l'eau tourne continuel- lement. Tournure, n. f. — Tourniole, variété de panaris qui se développe autour de l'ongle. — Présure, matière acide extraite de la caillette des jeunes ruminants pour faire cailler le lait. Tours et ratours. — Détours, faux-fuyants. Tourquière, n. f. — V. Tourtière. Tourte, n. f. — Pigeon voyageur. Tourtière, n. f. — Pâté de viande de porc hachée menu. Toussâiller, v. n. Tousser légèrement, quand le rhume est à peu près guéri. Tousseux, euse, n. et adj. Tousseur, qui tousse, qui est enrhumé. Tout, adj., adv. et pron. — Tout plein, beaucoup. — Pas en tout, pantoute, pas du tout. — Tout dreite, sans se détourner. — Tout partout, partout. — Tout à clair, distinctement. — Tout à bon, tout de bon. — Tout probable, probable. — Tout comme, équivalent, la même chose. — Tout beau ! doucement ! — Tout de même, cependant, malgré tout. — Tout entour, autour. — Tout fin, tout à fait. — A toutes heures, à toute heure. — A tout le tnoins, au moins, tout au moins. Toutou, n. m. — Cochon de lait. — Petit enfant. DES CANADIENS-FRANÇAIS 643 — Préféré. Ex. C'est le toutou de la famille. Tout un chacun, loc. Tous. Ex. Que to2it un chacun passe à la file par la porte de la cour. Toutoune, n. f . — Petite fille lourde d'allure. * Township, n. m., (m. a.) Ce mot n'a pas d'équivalent en français. M. de Tocqueville dit que le township tient le milieu entre le canton et la commune de France. — Canton est le mot qui semble le mieux rendre l'idée. Conservons toumship. Tout=vice, n. m. — Homme habile à tout faire, mais nullement vicieux d'or- dinaire. Tracas, n. m. — Un petit nombre. (De Gaspé, Mémoires.) — Sorte de galette découpée au coupe-pâte et cuite dans l'huile de marsouin très épurée. Ce gâteau est particu- lier aux gens du comté de Kamouraska, où se fait la pêche du marsouin. * Track, n. f., (m. a.) — Voie ferrée. — Piste d'un champ de course. * Tract, n. f., (m. a.) —Opuscule, brochure. Traduisable, adj. — Traduisible. Trafiquage, n. m. — Trafic. Trafiquer, v. a. Echanger des objets. Ex. TV^yf^z/i?^^ nos montres, combien me donnes-tu de retour ? Train, n. m. — Ménage des étables. Ex. Voici l'heure du train, soigne les vaches comme il faut. — Etre en train, être ivre. — Se mettre eti traiyi, s'enivrer, — Le train des bœufs, train qui voyage de nuit. — Train de nuit, qui ne circule que la nuit. — Etre en train de, être occupé à. Ex. Je suis en train de déjeuner. 644 I-E PARLER POPULAIRE — Faire le train, faire du bruit, soigner les animaux dans récurie. — Un train de vie, conduite. Traînard, n. m. Homme qui manque d'ordre, met tout à la traîne. Traînasser, v. n. —Traîner, languir. Traînasseries, n. f. pi. Objets laissés à l'abandon, et mis hors de l'endroit désigné. Traîne, n. f. Tobogan. Planche de bois légèrement recourbée à sa partie antérieure, employée soit pour glisser, soit pour charroyer des fardeaux sur la neige. Même signification que traî- neau. Traîne (à la), loc. Hors de sa place. Ex. Laisse donc pas ton linge à la traîne. Traînée, n. f. — Chemin d'hiver à travers bois. — Le contenu d'un trameau. Ex. Une traînée d'enfants. Traîne=fesse, n. m. —Cul-de-jatte. Traîne=sauvage, u. f. — Tobogan. Traîner, v. a. et n. — Promener quelqu'un en traîneau. Ex. Va traîner ton petit frère dans le traîneau. — Vagabonder à la manière des ivrognes. Ex. Tous ces buveurs de whiskey finissent par traîner. — Traîîier la savate, tirer la jambe. Traînerie, n. f. Action de laisser traîner des choses. Ex. Les enfants passent leur temps à faire des traÎ7ieries dans la cour. Traineur, euse, n. etadj. — V. Traînard. Traîneux, euse, n. et adj. Ivrogne rendu au dernier échelon du vice. Traintrain, n. m. Train, vie ordinaire. Ex. Cet homme va son traintrai^i. Trait, n. m. Traite. Ex. J'ai lu le livre de Coppée tout d'un trait. Traitant, n. m. — V. Traiteur. DES CANADIENS-FRANÇAIS 645 Traite n. m, et f. . ,,, , • , "consommation. Ex. Payes-tu la traite, aujourd hm ? _ Echange. Ex. Faire la tra2te avec les sauvages. _ Lait donné par une vache le matin ou le soir. Ex. Ma vache m'a donné une bonne traite, ce matm. En x\njou, on dit traisse. Traiter, v. a. Payer une consommation. — Faire la traite. ^"du" quréchange des marchandises avec les sauvages pour des fourrures. Traître, adj. — Brutal. , .. ^ _ Prendre quelqic'un en traître, le frapper par derrière. _ Une chose qui n^ est pas traître, qui ne vaut guère, be dit aussi des personnes. _ Traître à son corps, dur pour soi-même. Traîtrement. adv. - Traîtreusem*nt, brutalement. '^ Wgue Ugne à laquelle on attache un grand nombre de gros hameçons placés à un pied d'intervalle Trâlée, n. f . - Longue suite. Ex. Une tràlee d enfants. Trâler, v. a. — Mettre la trâle à l'eau. Trame, n. m. — Tramp. ^Ta"—" . ° E. As-tu perdu la tran^niaine f c'est-à-dire divagues-tu? * Tramp, n. m., (m. a.) -Vagabond, chemmeau. Tranche n f. — Couteau pour couper la Viande. îrangw;rser, v. n. -Tergiverser, hésiter, prendre des détours. '^SmXanfeLt. Ex. Il m'a jeté par terre ......///.- 7nent. * Lrc^^'r Ex.- Les iransaai.. de la Société Royale du Canada. (Angl.) 646 LE PARLER POPULAIRE Transfert, n. m. — Billet de correspondance sur les tramways. — Traniwa}-. Ex. Nous allons prendre le transfert. Transiger, v. a. — Transiger nne affaire, transiger. Transmettable, adj. — Transmissible. Transportation, n. f — Transport. Transquestion, n. f. — Nouvel examen. Transquestionner, v. a. Poser de nouvelles questions. Transverser, v. a — Transvaser, transvider. Trapper, v. a. Chasser avec des trappes. Ex. Trapper l'ours, le castor. Trappeur, n. m. Celui qui fait la chasse au moyen de trappes. Trauler, v. a. Dévider la ligue de pêche et l'enrouler sur la traule. Trauler est un vieux mot français, d'où est sorti l'anglais troll, tourner, rouler. Travail, n. m. — Brancard, ménoires. Travaillant, n. m. et adj. — Ouvrier. Ex. Un bon travaillant. — Laborieux. Ex, Un ouvrier travaillant. Travailler, v. a et n. — Travailler des mâchoires, manger avec ardeur et précipi- tation. — Travailler ponr la gloire, gratuitement. — Travailler pour le roi de Prusse, pour rien. Travarse, n. f. — Traverse. Travarser, v. a. — Traverser. Travaux, n. m. pi. Récolte, moisson. Ex. Préparons-nous à travailler aux tra- vaux. Travers, n. m. et adv. — Partie d'un champ, d'un terrain. Ex. La terre est bonne dans le travers que tu vois là-bas. — Par, sur. Ex. Il m'a donné un coup de canne travcrs\2i tête. DES CANADIENS-FRANÇAIS 647 Travers (au), loc. prép. A travers, Ex. Regarde au travers la vitre. Travers (de), loc. adv. — Kn contradiction. Ex. Il y a des gens qui sont toujours de travers dans les timons. — Indiquer une fausse heure. Ex. I,' horloge du salon est tout de travers, depuis quelque temps. Travers (en), loc. prép. A travers. Ex. Ne va pas passer en travers le chemin, tu vas te faire écraser par les voitures. Traverse, n. f. Traverse de chemin de fer, pièce de bois qui sert d'appui aux rails. Traversier, n. m. Bateau passeur. Ex. Nous prendrons le traversier de Québec à Lévis. * Tray, trê, n. m., (m. a.) — Plateau. Trayage, n. m. — Triage, action de trier, de choisir. Trayer, v. a. — Trier, choisir parmi plusieurs. Trèfe, n. m. Trèfle. Ex. Un trefe à quatre feuilles, c'est rare, mais ça se trouve. Trèfle d'odeur, n. m. — Mélilot blanc. Trèfle à quatre feuilles, n. m. Ee trèfle ne porte ordinairement que trois feuilles ; le trèfle à quatre ou cinq feuilles est une anomalie. Celui qui le trouve est sûr d'éprouver quelque joie, le jour même. * Trémaine, n. f., (Angl.) — Passem*nterie. Tremblant, e, adj, — Fièvre trejnblayite^ intermittente. Tremble, n. m. — Peuplier baumier et peuplier faux-tremble. Tremblement (tout le), loc. Réunion des personnes qui, d'après l'usage ou l'étiquette, ont été invitées à une noce, à une fête de famille. Trembler, v. a. Trembler les fièvres, avoir la fièvre intermittente. Tremblette, n. f. Avoir la tremblette, grelotter, trembler de froid. 648 LE PARLER POPULAIRE Trembleux, euse, adj. — Trembleur. Trème, n. f. Bobine à l'usage des personnes qui font des catalogues, des couvertes, etc. Trémeau, n. m. — Trumeau. Trémer, v. a. — Enrouler du fil sur la trème. Trémontade, n. f. — Tramontane. (De Gaspé, Mémoires.^ Trémue, n. f. Trémie, sorte d'auge carrée, très étroite par le bas, d'où le blé tombe petit à petit entre les meules d'un moulin à farine. Trempe, n. f. Trempé, mouillé. Ex. Il est iretnpe comme une navette. Tremper, v. a. — Songer. Ex. Veuillez tremper jusqu'à lundi. — Servir. Ex. Trempe la soupe, Marie. Trempine, n. f. — Trempette. Trentain. n. m. Série de trente messes dites dans les trente jours qui suivent la mort d'une personnne. Trente=six, adj. Se mettre sur soii trente-six, se mettre en grande toilette. Nous disons aussi se mettre sur son troiie-et-îai, sur son soixante- quatorze . Tressaillement, n. m. —Lésion d'un nerf. Tressaillir, v. n. Rupturer d'une manière complète ou partielle un nerf ou un tendon. Ex. Avoir la cheville du pied tressaillie. Tresse, n. f. — Grappe. Ex. Une /'r^.y^(f d'oignons. Tresser, v. a. — Lier ensemble. Ex. Tresser des oignons. Tret, n. m. Excédent de poids ou de mesure au profit de celui qui achète. Ex. Laitier, donnez la mesure, et mettez le tret. Tret se dit aussi en Anjou. Treufle, n. m. — Trèfle. Triage, n. m. — Trayage. Trian (de), loc. adv. — De biais. Ex. Aller de trian. DES canadif:ns-fraxçais 649 Tribord à bâbord (de), loc. adv. — De droite à gauche. * Tributs floraux, n. m. pi. (Angl.) — Couroune funéraire. Tricentenaire, u. m. Troi.sième centenaire. Ex. Nous irons aux fêtes du Tri- ceiitenaire de la fondation de v^uébec. Le mot Tricentenaire ainsi emploj'é constitue-t-il réelle- ment une faute contre la grammaire ? L,es opinions sont partagées là-dessus. Si l'on peut dire trisannuel pour une période de trois ans, un triduiwi, pour trois jours, pour- quoi ne dirait-on pas un tj-icentenaire pour une période de trois cents ans ? Trichard, adj. — Tricheur. Tricheux, euse, n. et adj. —Tricheur, euse. * Trick, u. f., (m. a.). Supercherie, tour. Ex. Je vais lui jouer une trick. Tricoler, v. n. — Chanceler, tituber. Tricon, n. m. Brelan ; on a tricon quand on a dans sa main trois cartes de même espèce que la retourne. Trois as dans sa main avec l'as de la retourne, forment le tricon. Tricotage, n. m. Tricot. Ex. Serre ton tricotage dans la commode. Tricotage est l'action de tricoter. Tricoter, v. a. — Tricoter des jambes, danser, s'enfuir. Trictrac, n. m. — Crécelle. Trier, v. a. — Cueillir. Ex. T?-ier des pommes. Triller, v. a. — Trier. V. ce mot. Trillon, n. m. —V. Trion. Trimbalage, n. m. — Action de trimbaler. Trimbalement, n. m. — Même sens. Trimbaler, v. a. Transporter d'un lieu à un autre. Ex. Qu'as-tu besoin de tout trimbaler dans la maison? Est-ce que tout n'est pas à sa place ? Trimbaler (se), v. pron. — Se remuer beaucoup en tous sens. Trime, n. f. Etre en trime, mis à point, être d'humeur à faire quelque chose. 650 LE PARLER POPULAIRE Trimer, v. a. et u. — Parer. Ex, Cette jeune fille est bieu irimée. — Arranger. Ex. Cette affaire a été mal t?-imée. — Rafraîchir. Ex. Je me suis fait trimer les cheveux. — Travailler dur. Ex. J'ai dû trimer toute la journée. Trimousser, v. a. — Trémousser, secouer. Tringue, n. f. — Tringle. Trion, n. m. Pis de la vache. N'est pas une corruption de trayon, car le vieux français avait aussi trian, pour exprimer la même chose. Tripatouiller, v. a. — Tripoter. Tripâille, n. f. — L'ensemble des tripes, des boyaux. Tripe, n. f. — Entrailles de l'homme. — Renvoyer tripes et boyaux^ vomir beaucoup. Tripe de roche, n. f. — Mousse comestible. Tripied, u. m. — Trépied. Tripoter, v. n. S'occuper à de petit* détails, à des travaux peu importants. Tripoteux, n. et adj. — Qui tripote, qui mêle diverses choses d'une façon peu ra- goûtante. — Qui se fait l'écho de racontars plus ou moins absurdes. Tri=tri, n. m. — T3'ran de la Caroline. Troc à troc, loç. Troc pour troc, sans retour. Ex. J'ai changé de chaîne de montre avec mon cousin, mais j'ai changé troc à troc. Trognon, u. m. — Petit trog?ion, jolie petite fille. — Un trogno7i d' enfant, un petit enfant. Troisse, adj. Trois. Ex. Tu as reçu quatre piastres, moi j'en ai eu troisse. * Trôlle, n. f. (Angl.)— Cuiller. * Trôller, v. a. (Angl.) Pêcher avec une cuiller, à la cuiller. DES CANADIENS-FRANÇAIS 65 1 * Trolley, n. m., (m. a.) Organe formé d'une tige flexible munie d'une petite roulette ou d'un contact glissant, et qui sert à transmettre le cou- rant du câble conducteur au moteur de la voiture. (Lar.) Trompe, n. f. Erreur. Ex. Tu dis que tricentenaire n'est pas un mot acceptable, je crois que c'est une trompe. Trompeux, euse, adj. — Trompeur. * Tromship, n. m., (m. a.) — Township. Trompette, n. f. — Jo^ier de la trompette, se moucher fort. Tronc, n. m. — Tirelire. Trop, adv. — Trop nombreux. Ex. Ils sont trop contre moi. — Trop à co2(P, trop tôt. — Trop d'an, un de trop. Trotte, n. m. et f. — Trot. Ex. Un cheval qui va au trotte. — Faire iine trotte, une course. Trotteux, euse, n. et adj. — Trotteur. Trou, n. m. — Position. Ex. Il finira par se trouver un troic. — Lacune. Ex. Il y a des trous dans cette affaire. — Un trou de chambre, mauvaise chambre, peu confortable et mal située. — Auta7it de trous autant de chevilles, ne rien laisser passer. — Faire passer quelqu 'un par le troit de la se?-?-ure, le réduire à rien. * Trouble, n. m. (Augl.) — Peine. Ex. Je me suis donné beaucoup de trouble pour arriver oii j'en suis. — Ennui. I{x. J'ai eu bien du trouble avec ce ^^^-là. — Désagrément. Ex. Il m'a causé du trouble depuis que nous vivons ensemble. * Troubler, v. a. (Angl.) — Déranger. Ex. Je vous troublerai pour un morceau de pain. — Ennuyer. Ex. Cesse de me troubler avec tes histoires. 652 LE PARLER POPULAIRE Troufignon, n. ni. — Croupion de volaille. Troupe, n. f. Militaires. Ex. La troupe va sortir dans les rues.' Trousse, n. f. Aller en trousse, aller sur la croupe d'un cheval, derrière l'écuyer. Troussepet, n. m. — Toupet. Trouvable, adj. — Qui peut être trouvé. Trouvaille, n. f. Etre amanché comme une tro7ivaille, être habillé sans goût. * Truck, treuke, n. m. (m. a.) — Camion, brouette, plate- forme. * True=bill, n. m., (m. a.) —V. Bill. Truie, n. f. — Personne malpropre. — Jouer à la truie, jouer à la bille au pot. Trussequin, n. m. — Troussequin. * Trust (in), treuste, (m. a.) — Fidéi-commis. Trut, n. m. — Jeu de cartes. Tu, pron. pers. La lettre u s'élide devant une voyelle. Ex. T'es, fas, Varas, pour tu es, tu as, tu auras. — 7^'as ben fait de venir. — 7" 'aras bientôt de mes nouvelles. Tue=chrétien, n. m. —Ouvrage très dur. Tue=monde, n. m. Besogne tellement dure qu'elle est de nature à ruiner la santé. Tuer, V. a. — Eteindre. Ex. Ttie la chandelle, tue le feu. — Lasser. Ex. Cet ouvrage me tice le corps. — Tuer le temps, s'occuper. Tuladi, n. m. Truite des lacs, truite saumonée, appelée toguc par les bû- cherons et viorne de rivière par les sauvages. C'est le Namaycush. Tumber, v. n. — Tomber. * Tumbler, tombleur, n. m., (m. a.) — Grand verre à boire. DES CANADIENS-FRANÇAIS 653 * Tune, tioime, n. m., (m. a.) Air. Ex. Prends ta flûte et joue-nous une petite hc7ie. Tunique, n. f. Toge d'universitaire. Ex. Soyez avertis que personne ne pourra assister aux cours s'il n'est revêtu de la hinique. Tunne. Tu en. Ex. Tu dis que tu n'as pas d'argent, mais je saisque Tuque, n. f. Bonnet de laine. Cette coiffure était beaucoup portée autre- fois. Il 3' en avait des bleues, des rouges et des blanches. La rouge était portée dans la région de Québec, la bleue à Montréal, et la blanche aux Trois-Rivières. Turbentine, n. f. — Térébenthine. Turc, n. m. — Fumer comme un turc, beaucoup, — Fort comme uyi turc, très fort. Turé, n. m. Curé. Ex. C'est Monsieur le t^iré qui a donné le sermon, ce matin. Turlure, n. f. Refrain ennuyeux. Ex. Ce bougre-là chante toujours la même turlure. Turlutage, n. m. — Action de turluter. Turluter, v. a. — Fredonner un air. Tutéyer, v. a. — Tutoyer. Tutéyeux, n. m. Personne qui tutoie tout le monde, sans s'occuper de leur condition ni de leur âge. Tuyau, n. m. Chapeau haut de forme. Nous disons aussi /zo'^z^ de poêle. Ex. Tu as mis ton tuyau, es-tu parrain ? — Comment es- iu, y au de poêle f Tuyère, n. f. — Cuiller. * Tweed, touide, n. m., (m. a.) Espèce d'étoffe en laine ou mélangée de laine et coton, dont on se sert pour la confection des vêtements d'hommes. 654 LE PARLER POPULAIRE * Twist, n. f., (m. a.) — Cordonuet. — Avoir la twist, avoir l'habitude de bien faire quelque chose. — Jouer îuie twist, jouer un tour. Tympan, n. m. Défo7icer le tympan, parler trop fort. Ex. Ne crie pas si fort, tu me défonces le tympan. Type, n. m. Individu remarquable par quelque particularité. Ex. Ça c' est un type, que Pierre Lareau ! '* Type, taipe, n. m., (m. a.) Ecrire au type, au moj'en d'une machine. * Type=writer, raïteiir, n. m., (m. a.) — Machine à écrire. Typo, n. m. Typographe. Ex. Il \ a beaucoup de types parmi les types. Ucharistie, n. f. — Eucharistie. * Ulster, olsteur, n. m., (m. a.) Long pardessus en forme de robe de chambre. Un, adj. num. — Un chaciai, chacun. Ex. Qu'2^?^ chacun devons réponde quand j'appellerai son nom. — Comme pas 2in, comme personne. Ex. Je t'aime comme pas tin. DES CANADIENS-FRANÇAIS 655 — N'être qu'ime poussière, qii'icn glaçon, être recouvert de poussière, de glace. * \}vi\on SdL.c\i, y 0U7iieu7ie d'jake, n. m., (m. a.) — Pavillon anglais. * Up scotch, n. m., (m. a.) — Jeu de marelle. Urselines, n. f. pi. — Ursulines. Usance, n. f. — Usage établi. User, V. a. User ses bottes, faire de longues démarches. Ex. Crois-tu que je vas user mes bottes à quémander une place de messager. Usure, n. f. Etre d'usure, détériorer vite ses vêtements en général. Usufrit, n. m. — Usufruit. Usurfrit, n. m. — Usufruit. Usurfritier, ère, n. m. et f. — Usufruitier. Usurier, ère, n. et adj. Qui use beaucoup et vite. Ex. Des enfants 7is7iriers. Va, impér. du verbe aller. — Va-t-en voir s'ils viennent, Jean ! n'y comptez pas. — Va-t-et vient, va et vient. — Vavite. — V. ce mot. Vacabond, n. m. Vagabond. Vacabond est la plus ancienne forme française. Vacabonder, v. n. — Vagabonder. 656 LE PARLER POPULAIRE Vacance, 11. f. s. Vacances, n, f. pi. Ex. Les écoliers vont avoir nnevacafice au jour de l'an. Vacances, n. f. pi. Vacance, n. f . s. Ex. L,es tribunaux ne siégeront pas durant deux mois, c'est, pour eux, le temps des vacances. Vache, n. f. — Personne sans courage, lente au travail. Ex, Travaille donc, vache que tu es ! — Le saut Montmorency, à six milles de Québec. — Bette à vache, betterave champêtre. — Oest trop fort poicr ma vache, c'est trop fort pour moi qui suis un peu lâche. — Le diable est aux vaches. — V. Diable. Vache à lait, n. f. Personne à exploiter, dont on peut longtemps tirer du profit. Vache enragée, n. f. — Mauvaise viande, coriace. Vache espagnole, n. f. Basque espagnol. Ex. Tu parles français comme une z^a^/;^ espagiiole. Vache marine, n. f. — Morse de l'Atlantique. Vache morte, n. f. Tirer quelqii 'un à soi comme iine vache morte, tirer très fort et sans précaution. Vacher, v. n. Paresser, flâner. Ex. Pierre n'est bon qu'à vacher. Vacherie, n. f. Seigneurie appartenant aux Jésuites, et qui comprend une partie du faubourg de Saint-Roch de Québec, près de la rivière Saint- Charles. En Normandie, une vacherie est la réunion de vaches se trouvant sur une ferme. VagnoIIe, n. f. — Chose de nulle valeur. Ex. Quel tabac fumes-tu ? — C'est du canayen. — Oh ! de la vagnolle ! — Personne lâche. Ex. Cet ouvrier-là, c'est une vagtiolle^ je le connais. DES CANADIENS-FRANÇAIS 657 Vague, n. f. — Vague froide, couche d'eau froide. Vaillant, e, adj. - Travaillaut. Ex. Sur cette terre du Canada, il y a des paresseux et des vaillants, comme partout ailleurs. Vaillantise, n. f. Ostentation de force, de souplesse. Ex. Ne fais donc pas de vaillantises, tu es incapable de traverser la rivière à la nage. Vaille qui vaille, loc. —Vaille que vaille. Vaisselle, n. f. Tourner en eau de vaisselle, venir à rien. Vaissellerie, n. f. L'ensemble de la vaisselle. Ex. J'ai acheté à l'encan toute la vaissellerie du curé. Valant, part. prés. — Vaillant. Ex. Je n'ai pas un sou ta/aw/. Valentin, n. m. Lettre ou image en caricature envoyée le jour de la Saiut- Valentin à des personnes dont on recherche l'amitié ou que l'on veut mystifier. Le vieux français Valeîitin, signifiait amoureux , futur époux. Valeur (de), loc. Dommage. Ex. C'est bien de valeur, de voir que tu as perdu tant d'argent. La grêle a ruiné toute la récolte, c'est de valeicr. Valganiser, v. a. — Galvaniser. Ex. De la tôle valganisée. Valise, n. f. Malle. La valise est une petite malle de voyage qu'on peut porter à la main ; la malle est un coffre en bois ou en cuir. Valoir, v. n. Etre riche de. Ex. Ce marchand vaid un million. Valtrer, v. n. . Courir les chemins, vagabonder. En Normandie, on dit valter, dans le même sens. Valtreux, euse, n. m. et f. — Poltron, lâche, vaurien. — Orgueilleux. * Van, vanjie, n. f., (m. a.) — Fourgon. 42 658 LE PARLiSR POPULAIRE Vannures. n. f. pi. Débris de capsules servant d'enveloppe au grain, et eu géné- ral tous les résidus du vannage. Vant, n. m. Vantardise, jactance habituelle. Ex. Un homme plein de vants. Vanteur, ad j. — Vantard. Vapeur, n. m. Bateau à vapeur. Ex. Nous prendrons le 2/'«^^wr qui part à cinq heures pour Montréal. Vardaud, adj. — Verdâtre. Varder, v. n. — Courir çà et là sans but arrêté, vagabonder. Vardette, n. m. Lanière de cuir dont on se sert pour corriger les élèves des écoles. Vardir, v. a. et n. — Verdir, devenir vert, rendre vert. Vardon, n. m. — Enfant remuant, agité à l'excès. Vardure, n. f. — Verdure. Varette, n. m. — Varech. Varge, n. f . — Verge. Varger, n. m. — Verger, n. m. — Frapper avec une verge ou tout autre instrument. Varjeux, euse, adj. Savoureux, juteux. Ex. Cette poire est varjeitse. Nous allons avoir un va7-jeux de dîner. Varglas, n. m. —Verglas. Varjeusem*nt, adv. — Extrêmement. Varjuter, v. n. Etre dégouttant du jus d'un fruit, d'une liqueur quelconque. Ex. Une poire qui varjute. Varlopures, n. f. pi. Rubans de bois enlevés par la varlope. Varmifuge, n. m. — Vermifuge. Varmine, n. f. — Vermine. Varnir, v. a. — Vernir. Varnis, n. m. — Vernis. DES CANADIENS-FRANÇAIS 659 Varser, v. a. et n. — Verser. Varte, adj. fém. — Verte. Vartu, n. f. —Vertu. Varveau, n. m. — V. Verveau. Vaurienner, v. n. — Libertiner. Vas et de viens (de), loc. De droite à gauche, de tous les côtés. Ex. Courir de vas et de viens. Vâser (se), v. pron. — S'enfoncer dans la vase. Vauriennerie, n. f. — Action de vaurienner. Vaurienneté, n. f. —Même sens. Vauvert, A/ie/- au diable Vauvert, au diable au vert. Vauvert était l'endroit où le roi Robert avait, fait bâtir un palais ; mais comme il y avait beaucoup de carrières aux alentours et que le vent, s' 3' engouffrant, faisait un grand bruit, le peuple s'imagina que les diables y revenaient. S. Louis, pour les en chasser, donna le palais aux Chartreux. (Mé- nage, Dict. ) Depuis lors, le diable de Vauvert passa en proverbe. Ici, nous disons plutôt aller aii diable au vert. Vavite, s. f. Diarrhée, cours de ventre. Expression employée dans cer- tains couvents. Végniel, le, adj. — Véniel. Ex. l^ç.^ich.é vég7iiel. Veillée, n. f. Soirée. Ex. Les Boullé vont donner une grande veillée, demain. Es-tu invité ? Veiller, v. a. — Passer la soirée. Ex. Aller veiller chez le voisin. — Surveiller. Ex. Les poules sont constamment dans le jardin, il va falloir les veiller. Veilleux, euse, n. et adj. Veilleur, qui vient passer la soirée. Ex. Nous aurons des veilleux, ce soir. Veilloche, n. f. — Petite meule de foin. Veinard, adj . — Chanceux. V'iime, n. f. — Etre en v'iime, en furie. V. Envelime. 66o L.H PARLER POPULAIRE V'iimeux, euse, n. etadj. — Homme méchant, fourbe, calomniateur, intrigant. Ex. Sauve-toi, v' limeux que tu es ! — Venimeux. Ex. Une bête, un insecte v'iimeux. — Vénéneux. Ex. Un fruit vUimeux. Velours, n- m. Faire un velours, produire un effet agréable. Ex. Hier soir j'ai mangé quelques bonnes huîtres, ça m'a fait un petit velours. Velouteré, e, adj. Velouté. Ex. Une rose velouterée. Velvetine, n. m. — Velvantine. Venants, n. m. pi. Tenants. Ex. Les venants et les aboutissants. Venderdi, n. m. —Vendredi. Vendeux, n. m. —Vendeur. Vendre, v. a. — Vendre du plomb, ne dire ni oui ni non. Vendu, e, adj. part. Confus. Ex. Tu as l'air tout zw^^?^, qu'est-ce que tu as? Venette, n. f. — Peur. Ex. J'ai eu une dure venette. Venir, v. a. — Devenir. Ex. Viens-\.\x fou ? — Profiter, pousser. Ex. Voilà du blé qui vièyit bien. — Venir de V avant, être candidat dans une élection. — Venir à jusqu'à, venir jusqu'à. Vent, n. m. — Tuer le vent, le maîtriser. Ex. La lune va tuer le vent. — Fe7idre le vent, action d'une personne dont la démarche dénote la prétention. — Etre du ve?it gui vente, être du bon côté. — Du vent ! rien. — Avoir vent d'joie affaire, avoir des nouvelles. — Prendre so?i ve7it, respirer. — Reprendre son vent, respirer après une course. — N'' avoir ni vent ni nouvelles, n'avoir aucunes nouvelles. Venter, v. a. — Eventer. DES CANADIENS-FRANÇAIS 66l Ventre, n. m. — Cours de ventre, diarrhée. — Ventre de bœuf, vasière. — Se faire un ventre, faire un repas à tout manger. — Un coîiteaii qv.i coupe comme tin mal de ventre, qui ne coupe pas. Ventrèche, n. f. — Ventre de poisson. Venue, n. f. Juridiction. Ex. Dans le procès de Bigot, l'avocat va demander au juge un changement de ve7iue. (Angl.) — Etre tout d'tine venue, d'apparence simple, sans aucune élégance de forme. Vêpes, n. f. pi. — Vêpres. Vêpres, n. f. pi. — Aller aux vêpres, à vêpres. — Assister à vêpres, aux vêpres. Ver à choux, n. m. — Enfant pâle et malingre. Véreux, adj. — Véreux. Verge, n. f. Doigtier, ou dé sans fond, pour coudre. Verge d'or, n, f. Plante très commune à fleurs jaunes, et d'un usage vulgaire dans la dyspepsie. Solidago. Verger, n. et v. a, — V. Varger. Vergette, n. f. La grande vergette, nom donné au jésuite La Brosse. Ver- gette est une petite brosse pour épousseter les habits. Vèrine, n. f. — Mauvais tabac, trop vert. Verjeusem*nt, adv. — V. Varjeusem*nt. Verjeux, euse, adj. — V. Varjeux. Verjuter, v. n. — V. Varjuter. Vermine, n. f. — Individu qui se faufile partout. — Souris, rats qui habitent nos maisons. Vermée, n. f. — V. Vermette, Vermette, n. f. Pêcher à la vermette ou à la vennée, pêcher au moyen de 662 LE PARLER POLULAIRE saucissons que l'on fabrique avec un fil passé à l'intérieur de vers lombrics. (Montpetit, Les Poissons, p. 286.) Vernailler, v. n. — S'occuper à des riens. Verre, n. m. — Cristal. Ex. Du verre taillé. — Vendre au verre, débiter du vin, des liqueurs dans un restaurant. Verrette, n. m. — Varech. Verreuse, n. f. — Vareuse. Verrure, u. f. — Verrue. Vers, n. m. — Cela n'' est pas piqué des vers, cela est beau et bon. - — Moulée de vers. — V. Moulée. Versant, e, adj. Chavirant. Ex. Notre chaloupe est versatile. Verser, v. n. — Chavirer. (T. de niar.) Vertigo, n. m. — Vertige. Vertu, n. f. Force, courage, vigueur. Ex. Cet homme n'a pas de z'^r/z/. Verveau, n. m. Verveux, sorte de filet en entonnoir, pour prendre du pois- son. Vèse, n. f. — Cornemuse. Se disait jadis. Vesse=de=loup, n. f. Lycoperdon. Si on presse ce champignon, il s' en^^échappe une fumée brune. Vessie, n. f, — Sac à tabac fabriqué avec des vessies de cochon. Ex. Prête-moi ta vessie que je charge ma pipe. — Phlyctère produite sur la peau par le feu, la moutarde, les mouches cantharides. Veste, n. f. — Gilet. — Remporter une veste, ne pas obtenir de succès. Ex. Cet orateur a remporté une veste monumentale. Vêtes, n. f. pi. — Vétilles, bagatelles. Veuille, n. f. — Veille. Ex. Je suis à la veuille àQ m'en aller. DES CANADIENS-FRANÇAIS 663 Veuve, n. m. — Veuf. Ex. Il est veuve depuis uu an. Veûle, adj. Fatigué, mou, énervé. Ex. Je viens de me baigner, ça m'a rendu veûle. En Normandie, veûle signifie grêle, étiolé. Viandeux, viandu, adj. — Charnu, couvert de viande. Viande, n. f. Chair vive. Ex. Eu passant par-dessus la haie, je me suis enfoncé une épine dans la viande. Viandis, n. m. Pâture de cerf et autres bêtes des forêts. Viarge, n. f . — Vierge. Vice, n. m. Talent, adresse. Ex. Cet homme-là a tous les vices, il sait faire de tout ; il joue du piano, il est habile de ses dix doigts, il répare les horloges, les montres, etc. * Vicinité, n. f. (Angl.) — Voisinage. Victorine, n. f. Palatine, fourrure que les femmes portent sur le cou et les épaules, mise à la mode par la princesse Palatine eu 1676. Vidé, e, adj. part. Fini, ruiné. Ex. Ce joueur a perdu toute sa fortune, le voilà vidé à tout jamais. Vider (se), v. pron. — Dire tout ce qu'on a sur le cœur. — Se décharger le sj-stème digestif. Vie, n. f. — Avoir sept vies, avoir une très forte santé. — Etre en vie, être alerte. — Condamner pour la vie, condamner à la détention perpé- tuelle. — Faire la vie, mener joyeuse vie. — Vie de chien, vie malheureuse. Vieille, n. f. et adj. — Ma vieille, ma femme. Ex. Vite, ma vieille, prépare-toi à sortir. — Avoir U7ie vieille peur, une peur terrible. Vieil'zir, v. n. — Vieillir. Acadianisme. 664 LE PARLER POPULAIRE Vient, prép, — La semaine qtii vic7it, la semaine prochaine. Vieux, n. m. et adj. — Son vieux, mon mari. Ex. Es-tu content, S07i vieux f — Sentir le vieux, avoir mauvais goût. — Vieux comme le chemin du roi, très vieux. — Se faire vieux, se renfrogner. Vieux=garçon, n. m. — Romarin officinal. Vif (au), loc. — Enflammé. Ex. J'ai le nez ait vif. Vifement, adv. Vivement. Ex. Cet homme travaille vifement. Viv'argent, n. m. — Enfant déluré. Vigoureux, euse, adj. Alerte, fringant. Ex. Mon cheval est très vigoureux. Je ne me sens pas vigoureux , ce matin. Vilaine, n. f. — Faire une vilaine, ne faire qu'une ou deux levées dans lesquelles on ne peut former un seul point, au jeu dn (Quatre-Sept. Villégiaturer, v. u. — Aller en villégiature. Vinaigre, n. m. — Sirop de vinaigre, sirop de framboises. Vinaigrier, n. m. — Sumac amarante. * Vindication, n. f. (Angl.) Rancune. (De Gaspé, Anciejis Canadiens, p. 277.) Vinguienne ! Expression équivalante à bonguienne, pour marquer la sur- prise, etc. Violon, n. m. — Epinette rouge. Acadianisme. — Jouer du violon, tomber en enfance. — Pisser dans le violon. — V, Pisser. — Danser plus vite que le violon, aller trop vite. Viragauche, n. f. — Virago. Virâiller, v. n. Se tourner et retourner eu tous sens. Ex Qu 'as-tu à virâil- ler de tous bords et de tous côtés ? Vire, n. f. — Retourne, au jeu de cartes. Virebrequin, n. m. Vilebrequin. Cotgrave mentionne virebreqtiin. DES CANADIENS-FRANÇAIS 665 Viremain (dans un), loc. Dans le temps de le dire. Ex. Tout cet ouvrage, c'est moi qui l'ai fait dans un viy-emain. Virer, v. a. — Renverser. Ex. Nous nous sommes colletés pendant un gros quart-d'heure, et j'ai fini par virer mon homme. — Mal virer, mal tourner. — La corde à virer le vent, quelque chose qui n'existe pas. — Tourner de bord. Ex. Vire ta carte, que je la voie. Virer la voiture, virer des crêpes. — Rebrousser chemin. Ex. Tu vas aller au monument des Braves, et, rendu là, tu vireras pour t'en revenir en ville. — Virer de lotig, faire de longs détours pour arriver. — Aller virer loin, prendre beaucoup de temps. Ex. Le Père Michel te doit cinq cents piastres, mais ça va virer loin avant qu'il te paie. Virer (se), v. pron. Se retourner. Ex. Vire-toi, afin que je voie si ton habit te fait bien. Viretape, n. f. — Tape donnée avec le dos ou le revers de la main. Viron, n. m. et adv. — Tournée, ronde. — Environ, à peu près. Vironner, v. n. Tourner autour, faire le tour. Ce mot se trouve dans Froissart. Visage, n. m. — Trouver visage de bois, trouver porte fermée. — Uîi homme à deux visages, qui est d'humeur dissimulée. — Visage pâle, un blanc. Vis=à=vis, loc. prép. Envers. Ex. Il a eu de grands torts vis-à-vis moi. Viser, v. a. — Surveiller tout spécialement. Ex. Mon maître de classe m'a z'w pendant que je lisais ma leçon dans le livre de mon voisin. 666 LE PARLER POPULAIRE — Viser au trou, chercher le bon endroit. Viseux, n. m. — Qui vise. Visite, u. f. — Mantille de soie pour dames, devenue plus tard dolman et marquise. — Examen stéthoscopique des poumons. — Payer une visite, rendre une visite. (Angl.) Visiter, v. a. Examiner les organes du corps humain au moA-en du sté- thoscope. Vitam aeternam, loc. adv. Toujours. Ex. Il est planté là vitam œter7iat7i, et ne bou- gerait pas pour un canon. Vite, adj. — Vite et pis dru, à l'instant même. Vitiaire, n. m. Vicaire. Ex. Crois-tu que nous avons un bon petit z'zVzâ;zV(? .^ il prêche comme un ange. Vitrau, vitreau, n. m. — Vitrail. Ex. Notre église n'a qu'un seul beau vitreau. — Vitrine. Ex. As-tu examiné les vitreaux chez Paquet ? Vitre, n. f. Verre pilé, cassé. Ex. Prends garde de te fourrer de la vitre dans les pieds. Vitré, adj. — Vitreux. Ex. Avoir les 3'eux z7V;-<?.î. Vit=toujours, n. m. — Immortelle, joubarbe des toits. Vivant, adj. part. — Bo7i vivant, individu remuant et joj^eux. Vive=Ia=joie, n. m. — Homme joj-eux. Vivoclier, v. n. — Vivoter, vivre péniblement. Vivocheux, n. m. — Qui vivoche. Vivres, n. m. pi. Aliments. Ex. Je suis un peu porté à mal digérer mes vivres. V'Ià, prép. —Voilà. Vocation, n. f. Disposition, talent. Ex. Te sens-tu la vocation pour faire un livre sur l'Ange des Batailles ? Volier, n. m. — Volée. Ex. Un volier de canards, d'outardes. DES CANADIENS-FRANÇAIS 667 Voilier, n. m. — V. Volier. Voir, V. a. — Il paraît. Ex. Je vois bien qu'il a publié un livre, mais cela ne veut pas dire qu'il l'a vendu. — Lire. Ex. As-tu coutume de z'^zV r^z'/«^W(?«/.^ il y a, ce soir, un bel article signé « Champigny ». — Voyons voir, voyons cela. — Voir trente-six chandelles, être étourdi. — N'y voir quedtifeii, n'y rien comprendre. — T'as qu 'à voir, vas y voir. — Aller voir les filles, les courtiser. Voirai, fut. prés, de voir. Verrai. Ex. Je voirai bien à ton affaire. Voirie (à la), loc. — A la vue. Ex. vSi nous nous mettons à la voirie, nous allons nous faire poigner. — Au rebut. Ex. Tu peux jeter ces choses à la voirie, elles ne valent plus rien. — Hors de sa place, à la traîne. Ex. A force de laisser ta montre à la voirie, tu finiras par te la faire briser. Voisinage, n. m. Dans le voisinage de, environ. Ex. Je dois au Crédit Fon- cier dans le voisinage de cinq cents piastres. Voiturée, n. f. Une voiture remplie. Ex. Une z^tJzVz^r/^ d'enfants. Voiturier, n. f. — Charron. Voler, V. a. Rejaillir. Ex. Faire voler de l'eau avec un bâton, en frap- pant la surface d'une rivière, d'un étang. Volet, n. m. — Contrevent. Voleux, n. m. — Voleur. Volin, n. m. — Revolin, répercussion du vent, du courant. Volontaire, n. m. Qui n'a ni feu ni lieu. (De Gaspé, Mémoires.') Volonté, n. f. Faire ses cinq cents volontés, agir à sa guise. Voltaire, n. m. — Pot de chambre. 668 I.E PARLER POPULAIRE Vométif, 11. ni. — Vomitif. Vomi, u. m. — Matières vomies. Ex. Du vomi de chat. Vomissage, n. m. — Vomissem*nt. Vomissure, n. f, — Vomissem*nt. Vornusser, v. n. —Fureter. Votation, n. f. Scrutin, vote, Ex. C'est aujourd'hui le jour delà z'£?/a/z(?«, n'oublie pas d'aller voter pour moi. Vote, adj — Votre. Votre, pron. Vôtre. Ex. Ceci est mon bien, mais je crois que cela est le votre. * Voucher, vaoutsheiir^ n. m., (m. a.) Pièce justificative, garantie, titre. Vouderiez (vous), conditionnel de vouloir. — Vous voudriez. Voui. — Oui. Vouloir, V. a. — Accorder, admettre. Ex. Je veux bien que cela soit ainsi. — Annoncer. Ex. Voilà un individu qui est malade, sa figure le veut. Voyage, n. m. — Charge. Ex. Un voyage de foin, de bois. — c=r.,Çharretée. Ex. Un voyage de charbon. — Fois. Ex. Avez- vous commis ce péché bien souvent ? — Deux voyages, mon Père. — Expression attribuée à une certaine classe de pêcheurs de la Gaspésie. Voyagement, n. m. Transport d'un lieu à un autre sans trop de nécessité. Ex. Tu finis par être fatigant avec tous ces voyagements inu- tiles. Voyager, v. u. Aller à la garde-robe au cours d'une purgatiou sévère. Voyageur, n. m. Homme de chantier et de cage, à la solde des compagnies du Nord- Ouest et des traiteurs. Voyou, n. m. — Individu taré, vicieux, etc. DES CAXADIENS-FKANÇAIS 669 Voyoucratie, u. f. — La classe des voyous. Vrai (de), loc. Tout de bou. Ex. Dis-tu cela pour de vrai? Vrai (pas), loc. int. N'est-ce pas? Ex. As-tu entendu le discours du ministre? il parle bien, pas vrai f Vraisemblague, adj. — Vraisemblable. Vue, n. f. — Rencontre. Ex. A notre première vue, je te raconterai tout cela. — Pa3-sage. C'est un photographe habile pour prendre des vues. Vue de nez (à), loc. adv. Autant qu'on en peut juger. Ex. Je ne puis pas t'assurer si cette maison a quarante pieds de front, mais à vue de nez, je le crois bien. * Wafer, otiéfeur, n. m., (m. a.) Pain à cacheter, oublie, hostie. * \Vagon=sleigh, ouagorme-slé, n. f., (m. a.) Gros traîneau pour charroyer les billots ou bois de grume. Langage acadien. * Waguinne, n. f. (Angl.) Wagon, voiture à quatre roues, et à un ou deux sièges. * Waiter, ouéteur, n. m., (m. a.) — Garçon, domestique. ■* Waiting-room, ouaitiîing-routne, n. f., (m. a.) — Salle d'at- tente. 670 LE PARLER POPULAIRE * Warehouse, ivéreaouse, n. f., (m. a.) Entrepôt de douane, entrepôt. Warou, n. m. — Loup-garou. En France, varoïc et zva7'0îi. '* Warrant, n. m., (Angl.) Warranl de recherche, mandat de perquisition. ^ Washer, oiiasheur, n. m., (m. a.) — Rondelle. * Watcher, v. a. (Angl.) Veiller, observer, guetter, garder à vue. Ex. IVatche cet individu, il est à redouter; qui sait? c'est peut-être un voleur. * Watcheur, n. m. (Angl.) — Qui ivaiche, ob.serve, guette, épie. * Watchman, n. m., (m. a.) Homme de guet, sentinelle, gardien de nuit, veilleur. * Water=cIoset, clo2, n. f. , (m. a.) Cabinet d'aisance, lieux — W. C. * Waterproof, proiif, n m., (m. a.) — Manteau imperméable. * Waybil!, otiébil, n. m., (m. a.) — Feuille de route. * Welsh=rabbit, n. m., (m. a.) — Rôtie au fromage, ramequin. * Whip, n. m., (m. a.) — Chef de file. * Winch, u. f., (m. a.) — Cabestan, treuil. Wonwaron, n. m. — Rana pipiens de Linnée. ^ Wrench, n. m., (m. a.) — Clef anglaise. * \^ rit, n. m., (m. a.) — •Ordonnance, mandat. Y. — Lui. Ex. Prêtes-j' donc ton canif, pour une minute, Yankee, n. m. — Américain, habitant les Etats-Unis. Yankéfier (se), v. pron. — Devenir Yankee. * Yeast, yiste, n. f., (m. a.) Levure, levain. Ex. Faire du pain avec de la j'(?fl5/. DES CANADIENS-FRANÇAIS 67 1 Yeux, 11. m. pi. lyUnettes. Ex. Je vais mettre mes jir?^.r afiii d'y voir clair. V. Œil. * Yoke, yoke, n. m., (m. a.) — Joug. Terme de confection. Zarzais, n- m. — Jersiais, habitant de l'Ile de Jersey. Zelles, pron. pers. — Elles. Acadianisme. Zéro, n. m. — Homme sans aucune valeur. Zétanies, u. f. pi. — Litanies. Zigaillage, n. m. — V. Cigaillage. Zigailleur, n. m. —V. Cigailleur. Zigonner, v. a. — V. Cigouner. Zigonneur, n. m. — V. Cigonneur. Zigue, n. m. Bon compagnon, d'humeur accommodante. Ex. Louis est un bon zigîce, je m'accorde bien avec lui. * Zink, zi7i7i'qice, n. m., (m. a.) — Evier. Ziguezaguer, v. n. — Faire des zigzags. Ziguezonner, v. n. — Faire des zigzags en marchant. Zingue, n. m. — Zinc. Zoléventes, n. m. pi. Lods et ventes. Ex. Payer au seigneur les zoléventes. 'rsitv c Réseau de bibliothèques Library Network Université d'Ottawa University of Ottawa Échéance Date Due If-y 1 1 2001, «^g 2 6 201» 'i: 'Htt 2 2 2005 Vo ^ ^ ^^^'« "^ Ub ! L ^ ly^' ca % 
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